Réponses aux demandes d'information

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23 novembre 2010

SOM103613.EF

Somalie : information sur le clan des Ashraf, y compris leurs lieux d'origine, les clans affiliés et les risques auxquels ils peuvent être exposés en raison des autres tribus; information indiquant si les hommes reçoivent le nom de Sharif à la naissance
Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

Les Ashraf auraient pour ancêtre la fille du prophète Mohamed, Fatima; ils obtiennent un statut religieux sur ce fondement (ACCORD-Croix-Rouge autrichienne déc. 2008, 19-20; chercheuse indépendante 23 oct. 2010). Tous les Ashraf soutiennent faire partie de la descendance d’un des deux fils de Fatima, Hassan et Hussein (ibid.). Une anthropologue, qui travaille comme chercheuse indépendante et qui a publié un certain nombre d’articles savants ainsi qu’un livre sur la Somalie, a expliqué que les Ashraf (ou Asheraf) [traduction] « sont dispersés partout en Somalie (ainsi que dans l’ensemble du monde musulman) » (23 oct. 2010).

Sous-groupes des Ashraf

Les Ashraf sont généralement classés en divers sous-groupes selon les deux fils de Fatima (Danemark 2000, 41), et ce, de la façon suivante :

Hussein :

  • Reersharif Magbul (ou Reesharif Magbull [Danemark 2000, 41])
  • Sharif Ahmed
  • Sharif Balaaw (ou Sharif Baalawi [Danemark 2000, 41])

Hassan :

  • Mohamed Sharif (ou Mohammed Sharif [Danemark 2000, 41])
  • Sharif Ali
  • Sharif Ahmed
  • Ashraf Sarman (Abbink 2009, 37; Danemark 2000, 41)

Toutefois, la chercheuse indépendante souligne qu’il s’agit d’une liste qui n’est ni [traduction] « complète [ni] définitive » (chercheuse indépendante 23 oct. 2010). Elle mentionne notamment que les Maqbuul forment un sous-groupe du groupe Hassan des Ashraf (23 oct. 2010). Elle explique que les sous-groupes suivants ont soutenu avoir Hussein (ou Husayn) pour ancêtre : Ahmad, Jamal al-Leyl et Bah Alawi (ibid.). De plus, elle affirme aussi que les Umar et les Abdullah forment des sous-groupes des Ashraf Sarman, un des sous-groupes susmentionnés des Hassan (ibid.).

Lieux où se habitent les sous-groupes en Somalie

La chercheuse indépendante a également fourni les renseignements suivants :

[traduction]

D’après mes informateurs Ashraf, la branche Hussein des Ashraf de la Somalie vit dans les villes côtières comme Mogadiscio et fait partie du groupe minoritaire « benadiri ». Quelques-uns sont déménagés ailleurs pour faire du commerce ou après avoir acheté une terre […]

Les Ashraf Maqbull seraient originaires de Luuq et de la région située près de la frontière avec l’Éthiopie, mais ils habitent aussi Mogadiscio, et quelques-uns vivent à Kismaayo et possiblement dans d’autres endroits.

Les Ashraf de la branche Hassan vivent principalement à l’intérieur du pays (bien entendu, il se peut que certains d’entre eux se soient installés à Mogadiscio), et la plupart ne font pas partie du groupe benadiri. Or, les Ashraf al-Ahdali de Merka, qui sont des Benadiri, seraient des Hassan.

Les Ashraf Sarman forment l’un des groupes Hassan somaliens les plus connus; ils viennent d’une région appelée Sarman ou Saraman, près de Huddur dans la région de Bakool […] À cet endroit, ils sont associés avec les Leysan, qui font partie des Rahawiin. Leur dialecte autochtone est donc le « maay-maay », parlé par les Rahawiin. De nos jours, ils vivent également à Baydhabo et dans la région de Bay, à Mogadiscio, à Kismaayo, à Luuq, à Jalalaqsi, à Baardheere, ainsi qu’à Afgooye.

À Mogadiscio, ils ont été reconnus et, jusqu’à un certain point, adoptés par les Benadiri Ashraf (23 oct. 2010).

La chercheuse indépendante a expliqué que les Benadiri ne forment pas réellement un clan, mais plutôt [traduction] « une alliance de groupes aux ascendances variées fondée sur le fait qu'ils vivent dans une même ville » (30 oct. 2010). Les Benadiri ont aussi été décrits comme un groupe différent des clans somaliens traditionnels (Abbink 2009, 36) qui regroupe des personnes [traduction] « qui ont une culture urbaine en commun et qui sont d’origines variées (perse/portugaise/arabe/swahili/somalienne) » (Danemark 2000, 38).

Clans affiliés et risques auxquels ils peuvent être exposés en raison des autres tribus

D’après la chercheuse indépendante, les alliances entre tribus, les clans affiliés et les risques posés par les autres tribus varient selon les sous-groupes des Ashraf ainsi que l’endroit où ils se trouvent au pays (26 oct. 2010). Elle a précisé que les Ashraf ont tendance à s'allier au clan vivant avec eux (26 oct. 2010). Un rapport rédigé par le Centre autrichien de recherches et de documentation sur les pays d’origine et d’asile (Austrian Centre for Country of Origin and Asylum Research and Documentation - ACCORD) en collaboration avec la Croix-Rouge autrichienne donne lui aussi ces renseignements (déc. 2009, 20). Dans ce rapport, on peut lire que les Ashraf sont intégrés aux divers groupes ou clans somaliens parmi lesquels ils se sont installés (déc. 2009, 20). Un professeur agrégé d’histoire à l’Université du nord de l’Arizona dont les recherches portent sur l’Afrique islamique a expliqué, lors d’un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, que les alliances entre les clans et les groupes tribaux en Somalie étaient changeantes et contextuelles; il a aussi ajouté être d’avis que les connaissances dont on dispose à propos des alliances entre clans ne sont pas exhaustives (professeur agrégé 27 oct. 2010).

D’après le rapport de l’ACCORD et de la Croix-Rouge autrichienne, le statut religieux des Ashraf fait en sorte qu’ils sont [traduction] « habituellement protégés » par ceux avec qui ils vivent (déc. 2009, 20). Par ailleurs, le professeur agrégé a expliqué que, lors de recherches effectuées en Somalie dans les années 1990, il avait conclu que les Ashraf étaient [traduction] « plutôt respectés, du moins en principe » (27 oct. 2010). Il a ajouté que, même s’il arrive que des habitants des centres urbains se plaignent en privé d’un Ashraf en particulier, d’un point de vue religieux, étant donné leur ascendance, les Ashraf sont considérés comme supérieurs sur le plan moral (27 oct. 2010). La chercheuse indépendante a aussi dit que les Ashraf qui vivent parmi les Benadiri sont [traduction] « traditionnellement respectés pour des motifs religieux par leurs concitoyens » (23 oct. 2010).

Toutefois, d’après le rapport de l’ACCORD et de la Croix-Rouge autrichienne, les Ashraf pourraient éprouver les [traduction] « mêmes problèmes que leurs "clans hôtes" » (déc. 2009, 20). Le rapport fait notamment état du fait qu’il est possible que les Ashraf qui vivent avec les Benadiri aient été, tout comme ces derniers, [traduction] « pris pour cible » au début de la guerre civile (ACCORD-Croix-Rouge autrichienne déc. 2009, 20). D’après la chercheuse indépendante, les Ashraf qui vivent avec les Benadiri [traduction] « font [eux aussi] l’objet de brutalité et de persécution de la part de milices depuis l’effondrement du gouvernement » (23 oct. 2010). Qui plus est, elle a précisé que, même si [traduction] « la situation des Benadiri n’est certainement pas aussi mauvaise qu’elle l’était, comparativement à celle du reste de la population […], ceux-ci sont toujours particulièrement vulnérables » (26 oct. 2010).

Dans le rapport de l’ACCORD et de la Croix-Rouge autrichienne, on peut lire que les Ashraf [traduction] « ne sont pas pris pour cible à titre de minorité » (déc. 2009, 20). Le professeur agrégé a affirmé qu’au début des années 2000, les Ashraf n’étaient pas précisément [traduction] « visés » comme groupe (professeur agrégé 27 oct. 2010). Il a cependant ajouté que le conflit en Somalie a depuis évolué et que divers groupes islamistes sont apparus, comme Al-Shabaab (ibid.). Al-Shabaab a été classé parmi les groupes [version française du gouvernement du Canada] « terroristes » par le gouvernement du Canada (Canada 7 mars 2010).

Le professeur agrégé a expliqué qu’Al-Shabaab [traduction] « vise » les Ashraf pour des motifs idéologiques (27 oct. 2010). Plus particulièrement, il a affirmé qu’Al-Shabaab rejette tout type de hiérarchie morale établie d’après l'ascendance (professeur agrégé 27 oct. 2010). Il a mentionné qu’Al-Shabaab considérait les Ashraf comme une bid'ah, c’est-à-dire comme une [traduction] « hérésie » par rapport à l’Islam. D’après lui, les Ashraf sont exposés au risque d’être assassinés ou [traduction] « persécutés » par Al-Shabaab (ibid.).

De même, selon le rapport publié par l’ACCORD et la Croix-Rouge autrichienne, les Ashraf qui vivent avec les Digil-Mirifle [traduction] « pourraient être pris pour cible » par Al-Shabaab (déc. 2009). On peut y lire que c’est notamment parce qu’Al-Shabaab rejette le statut religieux des Ashraf et qu’il s’oppose à Sharif Hassan sur le plan politique (ACCORD-Croix-Rouge autrichienne déc. 2009, 20). Sharif Hassan est une personnalité politique de premier plan appartenant aux Ashraf qui a joué un rôle dans l’accord de paix signé en 2008 à Djibouti entre le gouvernement fédéral de transition et l’Alliance pour la relibération de la Somalie (Alliance for Re-liberation of Somalia), groupe de l’opposition (ibid., 6 et 20).

Les Digil-Mirifle sont principalement des [traduction] « agro-pasteurs qui vivent dans la région située entre le Djouba et le Chébéli dans le sud de la Somalie » (ibid., 11).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun autre renseignement sur le traitement réservé aux Ashraf par Al-Shabaab, ni aucun renseignement allant dans le même sens que ce qui est susmentionné.

Sharif

Pour ce qui est du nom Sharif, la chercheuse indépendante explique ceci :

[traduction]

Sharif (le mot Ashraf étant son superlatif) est un titre, tout comme le mot « père » peut désigner un prêtre. Il s’agit d’un mot arabe qui signifie « noble » ou « respecté ». Il peut être joint à l’un des noms d’une personne ou à plus d’un, et cette personne peut l’utiliser quand bon lui semble. Ce nom peut être utilisé par tous les Ashraf, mais il ne l’est pas nécessairement et, de nos jours, de nombreuses personnes préfèrent l’omettre. Comme il ne s’agit généralement pas d’un nom personnel, celui-ci ne paraît pas nécessairement sur les documents tels les cartes d’identité ou les passeports. (Ce nom est parfois utilisé comme nom personnel, et ce, pas seulement au sein des Ashraf.) (23 oct. 2010)

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Abbink, J. 2009. The Total Somali Clan Genealogy (Second Edition). Document de travail 84/2009. Leyde, Pays-Bas : African Studies Centre (ASC). <http://hdl.handle.net/1887/14007[Date de consultation : 3 nov. 2010]

Austrian Centre for Country of Origin and Asylum Research and Documentation (ACCORD) et Croix-Rouge autrichienne. Décembre 2009. Clans in Somalia: Report on a Lecture by Joakim Gundel, COI Workshop Vienna, 15 May 2009 (Revised Edition). (Nations Unies - Refworld) <http://www.unhcr.org/refworld/publisher,ACCORD,,,4b29f5e82,0.html> [Date de consultation : 3 nov. 2010)

Canada. 7 mars 2010. Sécurité publique Canada. « The Government of Canada Lists Al Shabaab as a Terrorist Organization ». <http://www.publicsafety.gc.ca/media/nr/2010/nr20100307-eng.aspx> [Date de consultation : 9 nov. 2010]

Chercheuse indépendante. Royaume-Uni. 30 octobre 2010. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

_____. 26 octobre 2010. Entretien téléphonique.

_____. 23 octobre 2010. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Danemark. 2000. Service danois de l'immigration. Report on Minority Groups in Somalia: Joint British, Danish and Dutch Fact-finding Mission to Nairobi, Kenya, 17-24 September 2000. (Somali Minority Rights and Aid Forum - SOMRAF) <http://www.somraf.org/research%20Matrerials/joint%20british%20danish%20dutch%20fact%20finding%20mission%20in%20Nairobi%20-%202001.pdf> [Date de consultation : 3 nov. 2010]

Professeur agrégé d’histoire, Northern Arizona University. 27 octobre 2010. Entretien téléphonique.

Autres sources consultées

Sources orales : Des chercheurs de la Columbia University, de l’Indiana University, de la University of London, de la University of Pennsylvania, de la University of South Africa, ainsi qu’un spécialiste du Brookings Institute n’ont pas pu fournir de renseignements dans les délais voulus.

Publications : Africa Research Bulletin, Africa Security Review, Current History, Ethnopolitics, Forced Migration Online, Human Rights Quarterly, Journal of Eastern African Studies, Journal of Peace Research, The Muslim World, Refugee Survey Quarterly.

Sites Internet, y compris : Academy for Peace and Development (APD), Banque mondiale, Chatham House, Center for Strategic and International Studies (CSIS), Centre for Research and Dialogue (CRD), Geneva Peacebuilding Platform (GPP), GlobalSecurity.org, Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Human Rights Watch, Institut d’études de sécurité (IES), International Centre for Political Violence and Terrorism Research, International Crisis Group, International Institute for Strategic Studies (IISS), IHS Jane's, Middle East Forum, The Middle East Quarterly, The New York Times, openDemocracy, Oxford House, Social Research and Development Institute (SORADI), Social Science Research Council (SSRC), University of Cambridge, University of London, Voix de l’Amérique (VOA), Yale University.



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