Inde : information sur la Sangh Parivar [la famille du Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS); la famille du RSS] et les organisations qui la composent, y compris leurs objectifs, leur structure, leurs activités et leur but; les moyens de communication entre les organisations; les efforts de mobilisation; leur capacité de retrouver une personne partout en Inde (2022-janvier 2024)
1. Aperçu
Selon des sources, la Sangh Parivar est une confédération d’organisations [traduction] « nationalistes hindoues » (The Guardian 2022-09-20) ou de groupes « hindutva » (Hindutva Watch s.d). D’après l’Encyclopaedia Britannica, l’hindutva est une [traduction] « idéologie politique ethnonationaliste qui associe l’identité culturelle de l’Inde à l’hindouisme et qui souhaite faire de l’Inde un État-nation ouvertement hindou » (2024-04-17). Des sources signalent que la Sangh Parivar est constituée de [traduction] « dizaines » d’organisations (É.-U. 2023-12-08, 2; CNMC & WSO 2023-03-01, 10) qui partagent l’idéologie hindutva (CNMC & WSO 2023-03-01, 10). Au cours d’un entretien avec la Direction des recherches, prenant la parole au nom de son organisation, le directeur de la recherche et des campagnes de défense des droits chez Hindus for Human Rights, une organisation à but non lucratif aux États-Unis qui fait la promotion des droits de la personne et d’un [traduction] « hindouisme inclusif » en Asie du Sud et en Amérique du Nord (Hindus for Human Rights s.d.), a fait observer que la Sangh Parivar a une [traduction] « structure très complexe et très dense comptant des centaines » d’organisations (Hindus for Human Rights 2024-02-27).
Selon des sources, les organisations suivantes forment la Singh Parivar :
- le RSS (professeur émérite d’études internationales 2024-03-02; professeur émérite d’études sur le Commonwealth 2024-02-21; chargé de cours supérieur 2024-02-25; Hindus for Human Rights 2024-02-27; CNMC & WSO 2023-03-01; professeur d’anthropologie 2024-03-01; professeur de science politique 2024-03-09);
- le Bharatiya Janata Party (BJP) (professeur émérite d’études internationales 2024-03-02; chargé de cours supérieur 2024-02-25; Hindus for Human Rights 2024-02-27; CNMC & WSO 2023-03-01; professeur d’anthropologie 2024-03-01; professeur de science politique 2024-03-09);
- le Vishwa Hindu Parishad (VHP) (professeur émérite d’études internationales 2024-03-02; chargé de cours supérieur 2024-02-25; Hindus for Human Rights 2024-02-27; CNMC & WSO 2023-03-01; professeur d’anthropologie 2024-03-01; professeur de science politique 2024-03-09);
- l’Akhil Bharatiya Vidyarthi Parishad (ABVP) (professeur émérite d’études internationales 2024-03-02; chargé de cours supérieur 2024-02-25; Hindus for Human Rights 2024-02-27);
- le Bajrang Dal (professeur émérite d’études internationales 2024-03-02; chargé de cours supérieur 2024-02-25; Hindus for Human Rights 2024-02-27);
- le Sewa Bharati (Hindus for Human Rights 2024-02-27; CNMC & WSO 2023-03-01);
- le Bharatiya Mazdoor Sangh (BMS) (professeur émérite d’études internationales 2024-03-02);
- le Rashtra Sevika Samiti (professeur émérite d’études internationales 2024-03-02);
- le Hindu Swayamsevak Sangh (HSS) (Hindus for Human Rights 2024-02-27; CNMC & WSO 2023-03-01).
Des sources signalent que le RSS est la principale organisation de la Sangh Parivar (The Guardian 2022-09-20; CNMC & WSO 2023-03-01, 10; professeur d’anthropologie 2024-03-01). L’organisation Hindus for Human Rights fait observer que le RSS, le BJP, le Bajrang Dal, le réseau d’organisations caritatives Sewa Bharati et l’Akhil Bharatiya Vidyarthi Parishad (ABVP) font partie des [traduction] « principaux » membres de la Sangh Parivar (2024-02-27). Un article d’Al Jazeera souligne que le Vishwa Hindu Parishad (VHP) et son aile jeunesse, le Bajrang Dal, sont tous deux des groupes [traduction] « hindous d’extrême droite » qui font partie de la Sangh Parivar et qui sont « affiliés au » RSS (2023-06-13).
D’après Hindus for Human Rights, bien qu’il soit difficile de situer avec précision où la Sangh Parivar et ses organisations membres sont présentes, le mouvement hindutva est répandu partout en Inde; elle a une [traduction] « forte » présence dans les États du Nord et a gagné du terrain dans les États du Sud depuis que le premier ministre Narendra Modi est arrivé au pouvoir (2024-02-27). De même, d’autres sources orales contactées par la Direction des recherches ont déclaré que les diverses organisations qui forment la Sangh Parivar sont présentes partout en Inde (professeur d’études internationales 2024-03-02; professeur d’études sur le Commonwealth 2024-02-21; chargé de cours supérieur 2024-02-25), particulièrement dans le Nord et l’Ouest de l’Inde (professeur d’études internationales 2024-03-02; professeur émérite d’études sur le Commonwealth 2024-02-21). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur émérite d’études internationales à l’Université Simon Fraser, au Canada, qui se spécialise dans la politique indienne et la politique sociale, a ajouté que la Sangh Parivar est également présente dans le Centre du pays (professeur émérite d’études internationales 2024-03-02). Des sources orales ont déclaré que la Sangh Parivar est présente dans une moindre mesure dans l’Est et le Sud (professeur émérite d’études internationales 2024-03-02; professeur de science politique 2024-03-09) et qu’elle est [traduction] « relativement faible » dans le Tamil Nadu, l’Andhra Pradesh, le Telangana et le Kerala (professeur de science politique 2024-03-09).
En réponse à une question de la Direction des recherches au sujet de la taille de la Sangh Parivar, un professeur d’anthropologie à l’Université Stanford aux États-Unis qui se spécialise dans le nationalisme hindou et les conflits entre hindous et musulmans en Inde a signalé que la Sangh Parivar est présentement [traduction] « plus importante que jamais », mais a ajouté que le groupe ne tient pas de registre de ses membres et que le nombre de ses adhérents est « inconnu » (professeur d’anthropologie 2024-03-01). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur émérite d’études sur le Commonwealth à l’Université de Londres dont les recherches portent principalement sur la politique en Inde a déclaré que le RSS et ses organisations affiliées se sont développés [traduction] « considérablement » depuis 2014, avec l’arrivée au pouvoir du BJP et du premier ministre Modi (professeur émérite d’études sur le Commonwealth 2024-02-21). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un chargé de cours supérieur à l’Université de St Andrews en Écosse, dont les recherches portent principalement sur l’identité nationale, la sécurité et la politique interne en Chine et en Inde, a fait observer que chacune des organisations membres de la Sangh Parivar est [traduction] « hautement organisée » et compte des « millions » de membres (chargé de cours supérieur 2024-02-25).
Selon le professeur d’anthropologie, la Sangh Parivar recrute dans les quartiers défavorisés, dans les écoles et dans les réseaux de caste où les organisations apportent leur aide, par exemple en matière d’éducation pour les familles démunies (2024-03-01). De même, le chargé de cours supérieur a déclaré que la capacité du RSS de [traduction] « corriger les lacunes » des services publics dans des domaines tels que l’éducation et les soins de santé lui a conféré « une position plus importante sur le plan social » au cours des 10 dernières années (2024-02-25).
2. Activités et fonctionnement
D’après un rapport conjoint du Conseil national des musulmans canadiens (CNMC), une organisation à but non lucratif qui milite pour les droits de la personne et [traduction] « l’engagement civique des musulmans », et de l’Organisation mondiale des sikhs du Canada (World Sikh Organization of Canada – WSO), une organisation qui défend les intérêts des sikhs canadiens, la Sangh Parivar offre « des secours aux sinistrés, des services de réadaptation et des services sociaux aux défavorisés à l’intérieur et à l’extérieur de l’Inde », mais ces actions de la Sangh Parivar sont ancrées dans les « idéaux de l’hindutva » et réalisées par le Bharati, son aile humanitaire (2023-03-01, 17). Le Guardian signale que la Sangh Parivar [traduction] « a créé des écoles, des organismes caritatifs et des clubs » (2022-09-20).
Selon des sources, des organisations de la Sangh Parivar ont été liées à des [traduction] « violences communautaires » (The Guardian 2022-09-20; CNMC & WSO 2023-03-01, 15). L’organisation Hindus for Human Rights a signalé que, parce que le réseau de la Sangh Parivar est [traduction] « si dispersé », les dirigeants des organisations membres « à l’échelon supérieur » disposent d’un « démenti plausible » à l’égard de toute violence commise par les organisations sur le terrain (2024-02-27).
Le professeur d’anthropologie a déclaré que [traduction] « l’hindutva » n’est pas seulement l’apanage des membres de la Sangh Parivar et que des agressions passées contre des minorités, particulièrement les musulmans, n’avaient pas nécessairement été commises par des membres de la Sangh Parivar, mais par des adeptes de l’hindutva, ce qui a conféré aux organisations membres de la Sangh Parivar « la possibilité de nier entièrement toute connexion ou toute responsabilité » en lien avec ces agressions (2024-03-01).
Selon des sources, deux chrétiennes ont été [traduction] « agressées sexuellement » en public par des membres de la communauté meitei hindoue [dans le cadre de [traduction] « violences ethniques » (HRW 2023-07-21) ou [traduction] « [d’]affrontements ethniques » (Al Jazeera 2023-07-21)] dans l’État du Manipur (Al Jazeera 2023-07-21; HRW 2023-07-21). Des médias signalent que, en février 2020, plus de 50 personnes ont été [traduction] « tuées » lorsque « la violence » a éclaté à Delhi entre des partisans du BJP [ou des partisans du BJP et du RSS (The Caravan 2021-02-28)], d’une part, et des manifestants contre la loi portant modification de la loi sur la citoyenneté (Citizenship Amendment Act), d’autre part (The Caravan 2021-02-28; Al Jazeera 2021-01-08); Al Jazeera souligne que les victimes étaient [traduction] « pour la plupart musulmanes » (Al Jazeera 2021-01-08) et la Caravan note que 40 des victimes étaient musulmanes (The Caravan 2021-02-28).
Le professeur d’études internationales a fait observer que des personnes de confession musulmane et chrétienne sont [traduction] « de plus en plus » victimes de violence, « parfois » aux mains de groupes d’autodéfense organisés de façon informelle qui ne font pas partie de la Sangh Parivar, mais qui en sont proches (2024-03-02). La même source a ajouté que les différents membres de la Sangh Parivar partagent une idéologie, mais qu’ils disposent d’une autonomie considérable et ne sont pas sous le contrôle du RSS (professeur d’études internationales 2024-03-02).
3. Idéologie
D’après la foire aux questions du site Internet du RSS, l’organisation croit que l’Inde [traduction] « appartient aux hindous » depuis sa fondation et que le mot « hindou » ne désigne « pas une identité religieuse ou sectaire », mais représente « l’identité nationale des gens qui vivent dans ce pays » (RSS 2017-06-03). Selon la même source, quiconque a la conviction, compatible avec la [traduction] « vision du monde hindoue », que « la Vérité est une et peut être exprimée, racontée, décrite et atteinte, et peut être réalisée de différentes façons menant toutes à la Réalité suprême unique », et quiconque « accept[e] et respect[e] l’histoire du Bharat », « sout[ient] le pays grâce à ses valeurs sociales » et « fai[t] des sacrifices pour protéger ces systèmes de valeurs » sont « des hindous aux yeux du RSS », peu importe leurs « attaches et affiliations religieuses » (RSS 2017-06-03). Sur une autre page Internet, le RSS explique ce qui suit au sujet de sa vision : [traduction] « le champ politique doit lui aussi être assaini et réformé, à la lumière des valeurs et de la morale hindoues, mais la politique n’est qu’une des nombreuses facettes de la vie sociale » (2015-03-13). On peut lire sur la même page que [traduction] « [l]e but de la Sangh est d’organiser l’ensemble de la société hindoue, et pas seulement de se doter d’une organisation hindoue au sein de cette société » (RSS 2015-03-13).
Selon le Monde diplomatique, l’hindutva est un [version française du Monde diplomatique] « projet politique ethno-nationaliste » selon lequel il n’est pas question de religion, mais « de population et de territoire »; « pour ses adeptes, l’Inde est un pays hindou » (2023-02). D’après le professeur d’anthropologie, la Sangh Parivar se fonde sur les valeurs hindoues conservatrices des castes supérieures et sur des idéaux de [traduction] « masculinité » (2024-03-01).
Le professeur d’anthropologie a signalé que depuis 2014 [traduction] « à peu près », la Sangh Parivar entretient des liens étroits avec des institutions et des personnes du secteur public (professeur d’anthropologie 2024-03-01). D’après la même source, les personnes qui décrochent un emploi avec l’aide de la Sangh Parivar, que ces personnes soient membres ou non de l’organisation, deviennent redevables envers la Sangh Parivar, ce qui ouvre la porte [traduction] « au contrôle social et à la surveillance de ces personnes » (professeur d’anthropologie 2024-03-01).
4. Organisations membres
4.1 RSS
Selon des sources, le RSS a été fondé en 1925 (Australie 2023-09-29, paragr. 3.20; The Guardian 2022-09-20). Dans son rapport d’information sur l’Inde paru en 2023, le ministère des Affaires étrangères et du Commerce (Department of Foreign Affairs and Trade – DFAT) de l’Australie ajoute que l’adhésion au RSS est réservée aux hommes et que, traditionnellement, l’organisation est [traduction] « dominée par des hindous de caste supérieure » (Australie 2023-09-29, paragr. 3.20).
Des sources signalent que Mohan Bhagwat est le chef du RSS (RSS 2017-06-03; Le Monde diplomatique 2023-02; Mint 2024-04-28). Selon des médias, le RSS compte [traduction] « au moins » quatre millions de bénévoles (The Guardian 2020-02-20) ou [traduction] « plus de cinq millions [de membres] à travers le monde » (CBC 2023-03-01). D’après le site Internet du RSS, l’unité organisationnelle de base du RSS est la shakha, une assemblée quotidienne des membres appelés les swayamsevaks; ce rassemblement comprend [traduction] « des séances d’entraînement physique, des chants patriotiques, des discussions en groupe sur un éventail de sujets et une prière pour [l’Inde] » (2017-06-03). Selon l’Encyclopaedia Britannica, le RSS se présente comme une organisation culturelle qui est [traduction] « dotée d’une structure hiérarchique sous la direction d’un chef national » et les sections locales relèvent d’une direction régionale (2024-01-27).
Sur son site Internet, le RSS signale que, [traduction] « du point de vue de la Sangh », il y a 911 zilas, ou districts, en Inde et que l’organisation est active dans 901 de ces districts (2023-03-12). Dans un article publié en 2022 par le Times of India, un quotidien indien en anglais, on peut lire que le RSS s’est donné pour objectif d’être présent dans chaque village de l’Inde d’ici 2025 (2022-03-21). L’article ajoute que plus de 500 000 bénévoles se sont joints au RSS entre 2017 et 2022 (Times of India 2022-03-21).
Des sources font remarquer que le RSS a été interdit en 1948, après l’assassinat du mahatma Gandhi perpétré par un membre du RSS (The Guardian 2022-09-20; Le Monde diplomatique 2023-02), puis pendant une période d’état d’urgence de 1975 à 1977 sous le gouvernement d’Indira Gandhi (Le Monde diplomatique 2023-02).
4.2 BJP
Des sources signalent que le BJP est le parti au pouvoir en Inde et qu’il est dirigé par Narendra Modi (É.-U. 2023-12-08; Australie 2023-09-29, paragr. 2.5; The Guardian 2022-09-20). Selon l’Encyclopaedia Britannica, le BJP est un parti politique [traduction] « pro-hindou » qui « bénéficie d’un large soutien chez les membres des castes supérieures et dans le Nord de l’Inde » (2024-02-01). Des sources soulignent que le BJP est [traduction] « l’aile politique » du RSS (É.-U. 2023-12-08; The Guardian 2022-09-20; Australie 2023-09-29, paragr. 3.20) et qu’il est « de droite en matière de politique sociale » (É.-U. 2023-12-08). Des sources signalent que le BJP [traduction] « défend le nationalisme hindou » (É.-U. 2023-12-08) ou a un programme politique nationaliste hindou (The Guardian 2022-09-20; Australie 2023-09-29, paragr. 2.5).
D’après le site Internet du BJP, Jagat Prakash Nadda est le président national du parti et était le secrétaire national de l’ABVP en 1989 (BJP s.d.). Des sources font remarquer que le premier ministre Modi est [traduction] « un membre de longue date du RSS » (Le Monde diplomatique 2023-02) ou un membre [traduction] « à vie » du RSS (É.-U. 2023-12-08). Des sources soulignent aussi que le BJP compte 180 millions de membres, ce qui en fait le plus grand parti au monde (Reuters 2023-09-26; Times of India 2022-04-06).
4.3 Vishwa Hindu Parishad (VHP)
D’après le rapport sur la liberté de religion dans le monde en 2022 (International Religious Freedom Report for 2022) publié par le Département d’État des États-Unis, le VHP est une [traduction] « organisation nationaliste hindoue » (É.-U. 2023-05-13, 18).
Selon le rapport du DFAT de 2023, le VHP a été fondé en 1964 et est affilié au RSS (Australie 2023-09-29, paragr. 3.21). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur de science politique à l’Université McGill au Canada, dont les recherches portent sur la politique identitaire en Inde, a déclaré que le VHP avait été créé en tant qu’organisation [traduction] « transnationale » afin de « mobiliser un soutien pour le nationalisme hindou » à l’étranger (professeur de science politique 2024-03-09). La même source a ajouté que le VHP est également présent en Inde [traduction] « dans une mesure importante », qu’il « rivalise avec le RSS dans son extrémisme » et qu’il a pris part à des incidents de « violence nationaliste hindoue contre des musulmans » en 1992 et en 2002 (professeur de science politique 2024-03-09). Le rapport du DFAT ajoute que le VHP [traduction] « est engagé dans la rénovation et la construction de temples hindous, dans des campagnes contre le prosélytisme pratiqué par d’autres religions et dans le militantisme politique » (Australie 2023-09-29, paragr. 3.21).
4.4 Bajrang Dal
Selon le rapport du DFAT de 2023, le Bajrang Dal est [traduction] « l’aile jeunesse du VHP » (Australie 2023-09-29, paragr. 3.22). Le rapport ajoute que le Bajrang Dal [traduction] « a joué un rôle actif dans les campagnes contre l’abattage de vaches, le mariage entre musulmans et hindous, et le prosélytisme pratiqué par d’autres religions – y compris en recourant à la violence » (Australie 2023-09-29, paragr. 3.22).
Selon un article publié par Wired, un magazine américain axé sur la technologie (Wired s.d.), le Bajrang Dal est une [traduction] « milice radicale de jeunes hindous » créée par le RSS (Wired 2020-04-14). L’organe de presse en ligne de New Delhi ThePrint signale que le Bajrang Dal a été formé par le VHP le 1er octobre 1984 pour assurer la sécurité durant une procession religieuse, mais s’est depuis transformé en [traduction] « aile jeunesse » du VHP (ThePrint 2021-12-06). D’après ThePrint, le Bajrang Dal [traduction] « soutient » avoir « plus de » 4 millions de membres partout au pays, organisés en 52 000 unités distinctes (ThePrint 2021-12-06). Au cours d’un entretien avec la Direction des recherches, le directeur de la défense des droits et la directrice des politiques chez Hindus for Human Rights ont signalé que le Bajrang Dal dispose de groupes et de dirigeants dans chaque État (Hindus for Human Rights 2022-03-31). Dans l’article paru dans ThePrint, on peut aussi lire que [traduction] « [l’]influence [du Bajrang Dal] se ferait sentir le plus fortement dans le Madhya Pradesh, où il compte près de 15 000 unités », et qu’il compte également entre 5 000 et 7 000 unités au Rajasthan et au Gujarat (2021-12-06).
4.5 Hindu Swayamsevak Sangh (HSS)
D’après les sites Internet du HSS aux États-Unis et en Australie, leurs sections respectives du HSS sont des organisations [traduction] « indépendantes » « inspirées » du RSS (HSS USA s.d.; HSS Australia s.d.). Toutefois, des sources soutiennent que le HSS est une division du RSS à l’étranger (Truschke 2022-10-25; CNMC & WSO 2023-03-01) ou aux États-Unis (Hindus for Human Rights 2024-02-27). Des sources font observer que le HSS mène des activités dans une quarantaine de pays (Al Jazeera 2022-11-03; The Nation 2023-04-06).
Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, le professeur de science politique a déclaré que les organisations nationalistes hindoues transnationales et les ambassades indiennes [traduction] « ont développé des liens de plus en plus étroits » avec les organisations culturelles indiennes à l’étranger (professeur de science politique 2024-03-09). La même a ajouté que de cette façon, les groupes nationalistes hindous disposent d’une [traduction] « source organisée » d’information au sujet des personnes à l’étranger qui se livrent à des activités « allant à l’encontre de la vision nationaliste hindoue » (professeur de science politique 2024-03-09). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.
4.6 Akhil Bharatiya Vidyarthi Parishad (ABVP)
Selon des sources, l’ABVP a été créée en 1948 et est [[traduction] « probablement » (professeur d’études internationales 2024-03-02)] [traduction] « la plus grande » organisation étudiante au monde (Hindustan Times 2023-09-04; professeur d’études internationales 2024-03-02). Des sources signalent que l’ABVP est l’aile étudiante du RSS (professeur d’études internationales 2024-03-02; ThePrint 2023-12-26).
D’après un article paru en 2023 dans ThePrint, 23 des 70 ministres du BJP proviennent de l’ABVP (2023-12-26). Des sources signalent que l’ABVP exerce une [traduction] « influence » sur le monde universitaire (SCMP 2023-12-26; The Economic Times 2023-12-18) et sur la politique (SCMP 2023-12-26). Des sources soulignent que l’ABVP compte plus de cinq millions de membres (ThePrint 2023-12-26; SCMP 2023-12-26).
Dans le rapport de Freedom House de 2023, on peut lire que des membres de l’aile étudiante du RSS [traduction] « se sont livrés à des actes de violence sur des campus partout au pays » (Freedom House 2023-03-09, sect. D3).
5. Moyens de communication
Sur son site Internet, le RSS signale qu’une réunion de coordination de niveau national [Akhil Bharatiya Samanvay Baithak] rassemblant les [traduction] « principaux mandataires des diverses organisations s’inspirant du RSS » se tient une fois par année (RSS 2022-09-01). Selon des médias, 267 représentants de 36 organisations liées au RSS ont assisté à la réunion annuelle du comité de coordination en 2023 (The Indian Express 2023-09-14; Hindustan Times 2023-09-15; Times of India 2023-09-15). Le professeur d’anthropologie a affirmé que, en plus des réunions annuelles, les organisations membres de la Sangh Parivar disposent de moyens officiels et officieux de communiquer les unes avec les autres et de coordonner leurs actions (2024-02-01). Le professeur a ajouté que le RSS s’appuie sur un [traduction] « vaste réseau de pracharaks », des organisateurs à temps plein qui sont les « piliers » de la coordination et de la communication entre les diverses organisations de la Sangh Parivar (professeur d’anthropologie 2024-02-01). Le RSS définit un pracharak comme étant une personne qui s’engage à temps plein à [traduction] « l’accomplissement » de la mission et des objectifs de la Sangh (RSS 2017-06-03).
Des sources signalent que le BJP a créé un vaste réseau de groupes WhatsApp (Nizaruddin 2020-08-11, 3; Hindustan Times 2023-04-06), dont certains s’étendent [traduction] « des bureaux de vote aux blocs et des circonscriptions aux districts » (Hindustan Times 2023-04-06).
Selon Hindus for Human Rights, les organisations membres de la Sangh Parivar se servent des plateformes de communication WhatsApp et Telegram [traduction] « de façon très fréquente et stratégique » pour diffuser « de la désinformation et des discours haineux » (Hindus for Human Rights 2024-02-27).
6. Efforts de mobilisation
Dans un article du Réseau mondial sur l’extrémisme et la technologie (Global Network on Extremism and Technology – GNET) [1] publié en 2024, on peut lire qu’un point commun entre le BJP et la Sangh Parivar est [traduction] « leur intégration habile et rapide des technologies numériques pour faire avancer leur cause » (GNET 2024-01-05). Le Washington Post écrit que le BJP et des [traduction] « groupes nationalistes hindous affiliés » utilisent les médias sociaux pour « promouvoir leur idéologie » à des fins politiques (The Washington Post 2023-09-26). L’Indian Express signale que, aux dires d’un dirigeant principal du BJP, 42 000 groupes WhatsApp et 4 millions de travailleurs aux bureaux de scrutin ont été mis à contribution pour diffuser le message électoral du BJP dans l’État indien du Madhya Pradesh (The Indian Express 2023-12-04).
Des médias font état d’une campagne de porte-à-porte à l’échelle nationale planifiée par des membres de la Sangh et du VHP en janvier 2024 afin d’inviter les gens à se rassembler dans leurs temples pour marquer l’ouverture d’un temple à Ayodhya, dans l’Uttar Pradesh (India TV 2024-01-11; The Indian Express 2023-12-26).
L’organisation Hindus for Human Rights a souligné que les plateformes de communication WhatsApp et Telegram [traduction] « peuvent être utilisées » pour transmettre ou relayer des messages aux différentes organisations membres (2024-02-27). La même source a ajouté qu’il y a une infrastructure centrale coordonnée derrière les différents groupes de la Sangh Parivar, mais qu’elle reste [traduction] « dans l’ombre » (Hindus for Human Rights 2024-02-27).
Le chargé de cours supérieur a fait remarquer que toutes les organisations de la Sangh Parivar sont des organismes de mobilisation – le BJP dans le domaine politique, l’ABVP pour les affaires étudiantes, le VHP pour les questions touchant l’éducation et la religion, et le Bajrang Dal pendant les périodes [traduction] « de violence et d’agitation communautaires » (2024-02-25).
7. Capacité de retrouver des personnes
Dans un article publié en 2021 sur les relations interconfessionnelles dans le Nord de l’Inde, The Intercept, un organisme sans but lucratif qui se consacre au journalisme d’enquête (The Intercept s.d.), signale que les justiciers hindous dans l’État de l’Uttar Pradesh [traduction] « découvrent généralement l’existence d’une relation interconfessionnelle par l’entremise d’informateurs locaux, puis appellent la police pour demander que les cellulaires du couple en fuite soient placés sous surveillance » (The Intercept 2021-07-03). Le New York Times a écrit que [traduction] « [p]artout au pays, des groupes de justiciers ont créé un vaste réseau d’informateurs locaux, qui alertent la police lorsque des couples interconfessionnels prévoient se marier » (The New York Times 2021-07-20). Questionné au sujet du territoire couvert par les [traduction] « groupes de justiciers nationalistes hindous » au cours d’un entretien avec la Direction des recherches, un professeur de sociologie à l'Université Jawaharlal Nehru à New Delhi, dont les recherches portent sur les identités sociales, les castes et les minorités religieuses, a répondu qu’ils ne sont « pas présents dans tout le pays » et se trouvent « principalement » dans les régions où le BJP et « la mouvance politique hindoue de droite cherche[nt] à prendre de l’ampleur » et où ils tentent de trouver des enjeux aptes à « accentuer » « l’angoisse hindoue-musulmane », notamment dans des États tels que le Karnataka, le Rajasthan, l’Andhra Pradesh, l’Uttar Pradesh et le Madhya Pradesh (professeur de sociologie 2022-03-31).
Selon Hindus for Human Rights, bien que les membres de la Sangh Parivar soient des organisations non étatiques, dans les périodes marquées par la [traduction] « violence », il y a une « convergence » entre les acteurs de l’État et ces organisations en vue de retrouver des individus (2024-02-27). La même source a ajouté que, selon certaines informations, la police et des responsables locaux ont remis des listes électorales et d’autres listes de noms et d’adresses aux [traduction] « foules hindutva » pendant des incidents de « violence antimusulmane », par exemple durant les émeutes dans l’État du Gujarat en 2002 (Hindus for Human Rights 2024-02-27). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.
Le professeur émérite d’études sur le Commonwealth a fait observer que la Sangh Parivar est [traduction] « suffisamment organisée pour disposer de certains moyens de retrouver » des individus partout en Inde, mais elle bénéficie « grandement » de l’assistance du gouvernement du BJP (2024-02-21). La même source a ajouté que le BJP [traduction] « a utilisé de manière excessive, flagrante et souvent illégale » les moyens d’enquête de l’État pour retrouver et cibler des personnes et des organisations (professeur émérite d’études sur le Commonwealth 2024-02-21). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.
Le chargé de cours supérieur a déclaré que le gouvernement du BJP contrôle les services de police et de renseignement de l’État au niveau fédéral et à celui des États; par conséquent, il est [traduction] « logique de présumer » que le RSS est en mesure d’accéder aux renseignements permettant de retrouver des citoyens individuels, s’il le désire (chargé de cours supérieur 2024-02-25). De même, le professeur d’anthropologie a déclaré que le BJP contrôle la police et que, par conséquent, la Sangh Parivar la contrôle elle aussi (professeur d’anthropologie 2024-03-01).
Le professeur d’anthropologie a signalé que la Sangh Parivar a recours au [traduction] « renseignement non officiel » pour chercher et retrouver des personnes grâce à son « réseau étendu » de connexions maritales et sociales dans la communauté indienne (2024-03-01). La même source a ajouté que la police aide [traduction] « souvent » les efforts visant à retrouver les couples interconfessionnels, soit parce qu’il y a, de la part des policiers, un « partage possible des sentiments » de la Sangh Parivar ou parce qu’ils sont de la même caste que le conjoint hindou de la relation interconfessionnelle (professeur d’anthropologie 2024-03-01). De plus, la source a fait remarquer que le repérage de personnes est [traduction] « très courant et très efficace » dans le Nord et l’Ouest de l’Inde où la Sangh Parivar dispose d’un « réseau dense », mais il peut aussi se produire dans le Sud (professeur d’anthropologie 2024-03-01).
Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.
Note
[1] Le Réseau mondial sur l’extrémisme et la technologie (Global Network on Extremism and Technology – GNET) est [traduction] « une initiative de recherche universitaire soutenue par le Forum Internet mondial de lutte contre le terrorisme (Global Internet Forum to Counter Terrorism - GIFCT), une initiative indépendante, mais financée par l’industrie visant à mieux comprendre et à combattre l’utilisation de la technologie à des fins terroristes » (GNET s.d.). Le GIFCT regroupe des entreprises membres des secteurs des médias sociaux et du commerce électronique qui collaborent en vue de prévenir l’utilisation malveillante de leurs plateformes par [traduction] « des terroristes et des extrémistes violents » (GIFCT s.d.).
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Autres sources consultées
Sources orales : assistant de recherche dans une université singapourienne qui s’intéresse aux sociétés multiconfessionnelles; Carnegie Endowment for International Peace; défenseur des droits de la personne qui se spécialise dans les questions liées aux communautés marginalisées et aux droits des dalits; journaliste de New Delhi qui s’intéresse à la politique, à la religion et aux droits de la personne en Asie du Sud et du Sud-Est; professeur agrégé dans une université américaine qui se spécialise en études internationales; professeur agrégé dans une université canadienne qui se spécialise en politique et en postcolonialisme; professeur dans une université américaine qui se spécialise en science politique et dans la liberté religieuse; professeur dans une université britannique qui se spécialise en politique indienne et en sociologie; professeur dans une université canadienne qui se spécialise en gouvernance et en politique comparées; professeur dans une université indienne qui se spécialise dans les études sur les castes et les minorités religieuses; stagiaire postdoctoral dans une université américaine qui se spécialise dans le système des castes, les droits de la personne et la justice sociale.
Sites Internet, y compris : Agence France-Presse; Amnesty International; Asian News International; BBC; Bertelsmann Stiftung; Carnegie Endowment for International Peace; CNN; Council on Foreign Relations; The Diplomat; États-Unis – Commission on International Religious Freedom; Factiva; The Hindu; International Crisis Group; Minority Rights Group International; Nations Unies – Refworld; New Delhi Television Limited; Royaume-Uni – Home Office; Voice of America.