Réponses aux demandes d'information

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8 avril 2024

COD201847.EF

République démocratique du Congo : information sur la situation des membres de l’opposition politique et du clergé, ainsi que sur le traitement qui leur est réservé par les autorités, y compris pendant et depuis la campagne électorale de 2023 (2022-mars 2024)

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada

1. Élections de décembre 2023

D’après le rapport sur la liberté dans le monde pour 2023 (Freedom in the World 2023) de Freedom House, le [traduction] « cadre électoral » de la République démocratique du Congo (RDC) « ne garantit pas des élections transparentes dans la pratique »; de plus, la société civile et les membres de l’opposition « critiquent fréquemment » la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et la Cour constitutionnelle pour leur « manque d’indépendance » (2023-03-09, sect. A3). La même source fait observer que les choix politiques des citoyens et leur capacité de participer au processus politique sont [traduction] « entravés » par l’armée, les forces de sécurité et les groupes armés (Freedom House 2023-03-09, sect. B3).

Selon des sources, la CENI a annoncé que Félix Tshisekedi avait été réélu à la présidence lors des élections tenues le 20 décembre 2023 (É.-U. 2024-01-02; Al Jazeera 2024-01-18). L’agence Reuters signale que la CENCO-ECC [Conférence épiscopale nationale du Congo-Église du Christ au Congo], une mission conjointe indépendante formée de deux Églises congolaises, créée pour surveiller les élections, a constaté [traduction] « "de nombreuses irrégularités susceptibles de porter atteinte à l’intégrité des résultats" » (Reuters 2023-12-28). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un chercheur dans le domaine de la sécurité et de la paix pour un institut de recherche en RDC, qui s’intéresse particulièrement à la politique, à la gouvernance et à la violence, a déclaré que le scrutin du 20 décembre 2023, qui devait initialement se tenir en une seule journée, « s’est prolongé jusqu’à cinq jours dans certains sites de vote suite à des défis logistiques majeurs » (chercheur 2024-03-22).

Dans un article publié par le Centre d’études stratégiques de l’Afrique, [version française des É.-U.] « un organisme [universitaire] du Département de la défense des États-Unis, créé et financé par le Congrès américain, pour l’étude des problèmes de sécurité se rapportant à l’Afrique » (É.-U. s.d.), on peut lire que, au cours de la période qui a précédé les élections de 2023, les services de sécurité [version française des É.-U.] « ont réprimé les candidats de l’opposition » (É.-U. 2023-09-29). Toutefois, le chercheur a précisé que la « violence » durant la campagne électorale de 2023 n’avait pas atteint la même ampleur que dans les campagnes précédentes (2024-03-22).

2. Traitement réservé aux membres de l’opposition politique par les autorités

D’après Freedom House, bien que [traduction] « certains » dissidents politiques aient été libérés de prison et que « certains » politiciens exilés soient rentrés au pays sous le régime du président Tshisekedi, des membres de partis politiques « ont continué de subir des représailles pour avoir critiqué le gouvernement » (2023-03-09, sect. B1). Dans un rapport publié par le Centre mondial pour la responsabilité de protéger (Global Centre for the Responsibility to Protect - GCR2P), une organisation qui défend les populations qui risquent de subir des [traduction] « atrocités de masse » et qui mène des recherches sur des crises en particulier (GCR2P s.d.), on peut lire que des dirigeants de l’opposition, entre autres, ont été [traduction] « détenus arbitrairement et menacés » par les autorités congolaises, qui avaient aussi « violemment réprimé des manifestations pacifiques » (GCR2P 2023-11-30). De même, le Département d’État des États-Unis signale dans son rapport sur les droits de la personne pour 2022 (Country Reports on Human Rights Practices for 2022) que les [traduction] « services de sécurité » ont mis en détention des membres des partis de l’opposition, parfois « au mépris de l’application régulière de la loi » (É.-U. 2023-03-20, 10).

D’après les Country Reports 2022 publiés par les États-Unis, la constitution confère à la population le droit de réunion pacifique; toutefois, la loi exige que les autorités locales soient avisées à l’avance de tout événement public, et les autorités se servent parfois de cette [traduction] « obligation de préavis » pour « refuser d’autoriser des rassemblements publics ou des manifestations organisés par les partis de l’opposition ou des groupes de la société civile qui critiquent le gouvernement » (2023-03-20, 22). La même source précise que les forces de sécurité de l’État ont restreint les mouvements des dirigeants de l’opposition et ont [traduction] « eu recours à la force pour empêcher ou perturber la tenue d’événements organisés par l’opposition » (É.-U. 2023-03-20, 29).

D’après l’Indice de transformation de la Fondation Bertelsmann (Bertelsmann Stiftung's Transformation Index - BTI) de 2022, qui [traduction] « examine la transition vers la démocratie et l’économie de marché ainsi que la qualité de la gouvernance dans 137 pays », le système judiciaire en RDC est « très corrompu » et « sous l’emprise des détenteurs du pouvoir »; de plus, « [l]es affaires mettant en cause des gens qui sont proches du régime au pouvoir restent sans suite, alors que les affaires touchant les dirigeants de l’opposition et leurs sympathisants font l’objet de procédures arbitraires » (Bertelsmann Stiftung 2022, 10). De même, Freedom House signale que l’appareil judiciaire de la RDC est [traduction] « sujet à la manipulation politique » et « montre souvent un parti pris » contre les opposants politiques (2023-03-09, sect. F1).

2.1 Incidents

Le chercheur a déclaré que les autorités congolaises avaient pris des mesures qui restreignaient les libertés fondamentales des membres de l’opposition, « notamment les droits à la liberté d’expression, d’association, de réunion et de mouvement », et que « la période préélectorale était caractérisée par un climat de tension sur la scène politique congolaise » (2024-03-22). Toutefois, la même source a affirmé « [qu’]on n’a pas enregistré une chasse à l’homme de manière systématique contre les membres de l’opposition politique congolaise », et a fait observer qu’il y avait eu plus d’incidents ciblant des opposants ayant « un poids politique considérable », « car ils étaient susceptibles de peser sur les résultats des élections » (chercheur 2024-03-22). Dans une communication écrite de suivi, le chercheur a signalé qu’à son avis, ils sont également pris pour cibles parce qu’ils sont les partis d’opposition qui « ont organisé plus des activités pendant cette période électorale et post-électorale » (chercheur 2024-03-26). Quand la Direction des recherches lui a demandé qui étaient ces opposants perçus comme ayant « un poids politique considérable », le chercheur a dit que les partis de l’opposition suivants « ont connu un peu plus d’incidents que d’autres » :

  • Ensemble pour la République avec Moïse Katumbi;
  • Engagement pour la citoyenneté et le développement (ECIDE) avec Martin Fayulu;
  • Leadership et gouvernance pour le développement (LGD) avec Matata Ponyo (2024-03-26).

Selon des sources, Chérubin Okende, député et porte-parole du parti d’opposition [Ensemble pour la République (HRW 2023-07-14)], a été retrouvé mort dans sa voiture, tué par balles, en juillet 2023 à Kinshasa (É.-U. 2023-09-29; HRW 2023-07-14). Un cadre du parti de Chérubin Okende a déclaré à HRW que Chérubin Okende avait disparu après s’être rendu à la Cour constitutionnelle [version française de HRW] « au sujet de sa déclaration de patrimoine déposée lors de sa démission de son poste de ministre des Transports en décembre 2022 », et qu’il avait été trouvé abattu le lendemain (2023-07-14). D’après des sources, le 29 février 2024, le procureur général de la Cour de cassation à Kinshasa a retenu [traduction] « la thèse du suicide » pour expliquer la mort de Chérubin Okende, mais ce verdict a été rejeté par son parti (Reuters 2024-02-29; The EastAfrican 2024-03-02).

Le chercheur a déclaré que, le 21 décembre 2023, « les candidats de l’opposition à la présidentielle avaient appelé à l’annulation des élections du 20 décembre suite au dysfonctionnement dans les bureaux de vote » (2024-03-22). D’après un article de l’Associated Press (AP), pendant une manifestation tenue à Kinshasa le 27 décembre 2023 pour contester les résultats des élections, qui a été organisée par le candidat de l’opposition Martin Fayulu et quatre autres candidats, la police a utilisé du gaz lacrymogène et tiré des balles en caoutchouc, et les journalistes de l’AP ont vu des policiers [traduction] « agresser physiquement » des manifestants (2023-12-27). L’AP et Reuters signalent que la police avait interdit la manifestation (AP 2023-12-27; Reuters 2023-12-27). Selon l’AP, les manifestants lançaient des pierres et brûlaient des pneus, et certains s’étaient barricadés à l’intérieur du quartier général de Martin Fayulu pendant que la police faisait usage du gaz lacrymogène et tirait les balles en caoutchouc (AP 2023-12-27). D’après l’AP et Reuters, Martin Fayulu (Reuters) ou son adjoint (AP) a déclaré que 11 manifestants avaient subi des blessures pendant la manifestation (AP 2023-12-27; Reuters 2023-12-27).

Des sources signalent que, le 29 mai 2023, la police était sur les lieux d’une manifestation à Kinshasa organisée par les dirigeants de l’opposition (É.-U. 2023-09-29; Africanews 2023-05-21). Dans l’article du Centre d’études stratégiques de l’Afrique, on peut lire que [version française des É.-U.] « [p]lus de 30 personnes ont été gravement blessées » lorsque « la police a violemment dispersé » la manifestation organisée par le « principal candidat de l’opposition » Martin Fayulu, par l’ancien gouverneur Moïse Katumbi et par le député et ancien ministre Delly Sesanga Hipungu (É.-U. 2023-09-29). Selon Africanews, la police a reproché aux manifestants [version française d’Africanews] « de n’avoir pas respecté l’itinéraire établi par les autorités » (Africanews 2023-05-21). D’après le Centre d’études stratégiques de l’Afrique, le président Tshisekedi [version française des É.-U.] « a publiquement félicité » le chef de police qui avait supervisé la dispersion de la manifestation, « envoyant ainsi le message que de tels actes seraient tolérés » (É.-U. 2023-09-29).

L’article du Centre d’études stratégiques de l’Afrique signale que Salomon Kalonda, un des principaux conseillers du candidat présidentiel Moïse Katumbi, s’est fait arrêter par les services de renseignements militaires à l’aéroport après la manifestation du 29 mai 2023 (É.-U. 2023-09-29). Selon des sources, Salomon Kalonda a été arrêté pour des motifs liés à la sécurité de l’État, en raison de contacts présumés avec le groupe rebelle M23 (É.-U. 2023-09-29; Radio Okapi 2023-05-06). Le même article du Centre d’études stratégiques de l’Afrique souligne que l’arrestation est survenue [version française des É.-U.] « bien que les militaires ne disposent pas de pouvoirs d’arrestation en vertu de la loi congolaise et qu’il soit illégal de détenir des civils dans des installations militaires » (É.-U. 2023-09-29).

Des sources signalent que le candidat à la présidence et ancien allié de Félix Tshisekedi Jean-Marc Kabund a été arrêté et inculpé, notamment pour [version française des É.-U.] « insulte au président » (É.-U. 2023-09-29; Freedom House 2023-03-09, sect. B1), et condamné à sept ans d’emprisonnement (É.-U. 2023-09-29). Selon Freedom House, Jean-Marc Kabund avait lancé l’Alliance pour le changement, un nouveau parti d’opposition, un mois avant son arrestation (Freedom House 2023-03-09, sect. B1).

Des sources signalent que le chef de parti d’opposition Franck Diongo a été arrêté à Kinshasa le 20 juin 2023 par des agents de sécurité, puis libéré d’une prison militaire le 15 juillet 2023 (Radio Okapi 2023-07-15; HRW 2023-08-22). Selon des sources, Franck Diongo a été accusé de possession illégale d’arme (Radio Okapi 2023-07-15; HRW 2023-08-22); de plus, d’après Radio Okapi, il a aussi été accusé d’avoir pris part à une « rixe », aux côtés de son parti politique (Radio Okapi 2023-07-15).

Selon des sources, le 18 juin 2022, Jacky Ndala du parti d’opposition Ensemble pour la République s’est vu accorder une grâce présidentielle par Félix Tshisekedi (Politico 2022-06-18; É.-U. 2023-03-20, 13), après avoir été condamné à deux années d’emprisonnement [traduction] « pour incitation à la désobéissance civile parce qu’il aurait encouragé les membres du parti Ensemble à contester un projet de loi empêchant tout citoyen n’ayant qu’un parent congolais de briguer la présidence » (É.-U. 2023-03-20, 13).

3. Situation des membres du clergé en RDC

D’après un article de la BBC Afrique, bien que la RDC soit un État laïc, la religion est « omniprésente » dans ce pays où, selon les estimations du Vatican, environ 49 p. 100 de la population est catholique, et 35 p. 100 est protestante (BBC Afrique 2023-12-13). Des sources font observer que l’Église catholique joue un rôle important dans le système social du pays, notamment dans les domaines de l’éducation et de la santé (BBC Afrique 2023-12-13; Bertelsmann Stiftung 2022, 14;), où elle « se substitu[e] » à l’État ou est « le premier partenaire de l’État […], compensant le manque de services publics » (BBC Afrique 2023-12-13). Selon le BTI de 2022, l’Église catholique [traduction] « a joué un rôle de premier plan dans la contestation de l’ancien président Kabila » en 2016 pour son défaut de tenir des élections au terme de son mandat, et elle « continue de reprocher » à l’actuel président Tshisekedi de « ne pas en faire assez » pour remédier à la situation sociale du pays (Bertelsmann Stiftung 2022, 7). L’article de la BBC Afrique signale que la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) suit de près la situation sociopolitique locale depuis trois décennies et est « souvent » intervenue pour dénoncer des problèmes « tels que la corruption, la mauvaise gouvernance et les abus des autorités » (BBC Afrique 2023-12-13).

Le BTI de 2022 fait observer que, compte tenu de leur présence importante dans la société civile, les organisations religieuses occupent des sièges réservés à la société civile au sein des organisations d’État telles que la CENI (Bertelsmann Stiftung 2022, 7). D’après le rapport sur la liberté de religion dans le monde pour 2022 (International Religious Freedom Report for 2022) publié par le Département d’État des États-Unis, la loi congolaise confère à huit groupes religieux [traduction] « majeurs » la tâche de nommer le directeur de la CENI (2023-05-15). La même source précise que les huit groupes religieux sont [traduction] « l’Église catholique, les groupes protestants, la communauté musulmane, l’Armée du Salut, l’Église indépendante du Congo, les kimbanguistes, l’Église du Réveil et l’Église orthodoxe indépendante » (É.-U. 2023-05-15). Des sources font remarquer que l’Église catholique a participé à la coordination des élections nationales en envoyant ses propres observateurs suivre le déroulement du processus électoral (Vatican News 2023-01-26; Bertelsmann Stiftung 2022, 5).

Dans un article publié par Voice of America (VOA) Africa, un radiodiffuseur international aux États-Unis financé par le Congrès des États-Unis (VOA s.d.), on peut lire que, à la messe de Noël, l’archevêque de Kinshasa a qualifié les élections de décembre 2023 de [traduction] « gigantesque désordre organisé » (VOA Africa 2023-12-25).

Le 22 juin 2023, la CENCO a publié une lettre ouverte, signée par 45 membres du clergé catholique, dans laquelle elle énumérait ses inquiétudes concernant la situation sociopolitique du pays (CENCO 2023-06-22). Dans cette lettre, la CENCO reconnaît les efforts faits par le gouvernement et la CENI en vue d’organiser les élections de 2023; toutefois, elle souligne que « ces avancées ne suffisent pas pour l’organisation des élections réellement crédibles » (CENCO 2023-06-22). La lettre signale le « [c]limat politique tendu », marqué par « la répression violente des manifestations de l’[o]pposition, la restriction de la liberté de mouvement des opposants, des tentatives de projets de lois discriminatoires, l’instrumentalisation de la justice et les arrestations arbitraires » (CENCO 2023-06-22). La lettre fait aussi état « [d’]actes de violence et d’intimidation » envers des évêques membres de la CENCO durant une « visite pastorale à Kasumbalesa » le 18 juin 2023 (CENCO 2023-06-22). Selon un article de 7sur7.cd, un site d’actualités congolaises, la police a arrêté dix jeunes qui n’avaient pas encore été identifiés dans la ville de Kasumbalesa « pour avoir attaqué la paroisse de l’[É]glise catholique » lors d’une visite des évêques de la CENCO le 18 juin 2023 (2023-06-29). D’après la même source, le porte-parole de la police nationale congolaise dans le Haut-Katanga a déclaré que « quelques blessés ont été enregistrés dans le camp des éléments de la Police »; cependant, selon un vicaire, aucun archevêque n’a été blessé (7sur7.cd 2023-06-29).

Dans sa lettre ouverte, la CENCO a également fait part de ses inquiétudes concernant la BSU, soit la Brigade spéciale de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) [le parti du président Tshisekedi], appelée Force du progrès, en soutenant que la brigade spéciale « collabore parfois avec la police pour traquer les adversaires politiques et d’autres paisibles citoyens portant un regard critique sur la gouvernance actuelle du pays » (CENCO 2023-06-22). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.

Dans une déclaration aux fidèles à Mbuji-Mayi le 25 juin 2023, le président Tshisekedi a affirmé que l’Église catholique et l’État congolais doivent collaborer, mais que « "certains" » individus ont pris « "une tendance dangereuse qui pourrait […] diviser" » le pays et qu’il n’accepterait pas « "une telle dérive" » (RDC 2023-06-25). Questionné par Jeune Afrique au sujet des allégations de l’UDPS accusant l’Église catholique de « prendre fait et cause pour l’opposition », l’archevêque Fulgence Muteba Mugalu a répondu que « [l]a Cenco […] n’est ni un partenaire de l’opposition ni un ennemi du régime » et a ajouté que les accusations de l’UDPS sont « sans fondement » (Jeune Afrique 2023-06-28).

Selon le chercheur, « [l]es clergés ont continué à parler pour défendre la cause de leurs fidèles » et ont participé à des discussions avec des membres de l’opposition, et certains membres du clergé ont « appel[é] clairement leurs fidèles à voter pour les opposants » (2024-03-22). La même source a affirmé que, contrairement aux élections de 2018, on n’a pas assisté à « [l’]arrestation » ni à la « répression » de membres du clergé pendant les élections de décembre 2023 (chercheur 2024-03-22). Le chercheur a expliqué cette absence de répression par le fait que le Comité laïc de coordination (CLC), un groupe organisé par des membres « laïcs » de l’Église catholique, s’est peu mobilisé et était peu présent durant les élections de décembre 2023 (2024-03-26). Le chercheur a déclaré que, pendant les élections de 2018, le CLC avait mobilisé les fidèles et organisé des manifestations pour exiger la tenue d’élections, si bien que l’Église avait été prise pour cible et que, par ricochet, il y avait eu « des blessés » parmi les membres du clergé, alors que « d’autres subissaient des menaces » (2024-03-26). Pour des renseignements additionnels sur le CLC, les manifestations et la réponse des autorités, veuillez consulter la réponse à la demande d’information COD106273 publiée en avril 2019.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

7sur7.cd. 2023-06-29. Patient Lukusa. « Haut-Katanga : 10 jeunes aux arrêts pour avoir attaqué des évêques de la CENCO à Kasumbalesa ». [Date de consultation : 2024-03-28]

Africanews. 2023-05-21. Daniel Bellamy avec l’Agence France-Presse (AFP). « DRC: Police Clash with Opposition Protesters in Kinshasa ». [Date de consultation : 2024-03-19]

Al Jazeera. 2024-01-18. Tafi Mhaka. « DR Congo's Shambolic Election Should Be a Wake-up Call for the SADC ». [Date de consultation : 2024-03-13]

Associated Press (AP). 2023-12-27. Sam Mednick. « Opposition Candidate in Congo Alleges Police Fired Bullets as Protesters Seek Re-do of Election ». [Date de consultation : 2024-03-11]

Bertelsmann Stiftung. 2022. « Congo, DR ». Bertelsmann Stiftung's Transformation Index (BTI) 2022. [Date de consultation : 2024-02-28]

British Broadcasting Corporation Afrique (BBC Afrique). 2023-12-13. Ousmane Badiane & Pamela Bamanay. « Élections en RDC 2023 : "il ne faut pas que l’on pense que le travail des églises consiste à s’opposer au régime qui est en place" - Révérend Eric Senga ». [Date de consultation : 2024-03-13]

Chercheur, République démocratique du Congo (RDC). 2024-03-26. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Chercheur, République démocratique du Congo (RDC). 2024-03-22. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO). 2023-06-22. « Pour des élections crédibles peuple congolais, réveille-toi de ton sommeil! ». [Date de consultation : 2024-03-14]

The EastAfrican. 2024-03-02. « DRC Says Opposition Politician Died by Suicide ». [Date de consultation : 2024-03-19]

États-Unis (É.-U.). 2024-01-02. Department of State, Africa Center for Strategic Studies. « Elections in the Democratic Republic of the Congo: A Persistent Crisis of Legitimacy ». Par Paul Nantulya. [Date de consultation : 2024-01-02]

États-Unis (É.-U.). 2023-09-29. Department of State, Africa Center for Strategic Studies. « The Democratic Republic of the Congo's Quest for Democracy Faces a New Test ». Par Paul Nantulya. [Date de consultation : 2024-02-28]

États-Unis (É.-U.). 2023-05-15. Department of State. « Democratic Republic of the Congo ». International Religious Freedom Report for 2022. [Date de consultation : 2024-02-28]

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États-Unis (É.-U.). S.d. Africa Center for Strategic Studies. « Who We Are ». [Date de consultation : 2024-03-13]

Freedom House. 2023-03-09. « Democratic Republic of the Congo ». Freedom in the World 2023. [Date de consultation : 2024-03-14]

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Human Rights Watch (HRW). 2023-07-14. Thomas Fessy. « Opposition Politician's Murder Shakes Congo ». [Date de consultation : 2024-03-15]

Jeune Afrique. 2023-06-28. Stanis Bujakera Tshiamala. « Félix Tshisekedi doit se libérer des pasteurs et des charlatans assoiffés d’argent ». [Date de consultation : 2024-03-19]

Politico. 2022-06-18. Dominique Malala. « RDC : Beneficaire d’une grâce présidentielle, Jacky Ndala quitte la prison en homme libre ». [Date de consultation : 2024-03-18]

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Radio Okapi. 2023-05-06. « RDC : Salomon Idi Kalonda poursuivi notamment pour atteinte à la sûreté de l’Etat ». [Date de consultation : 2024-03-19]

République démocratique du Congo (RDC). 2023-06-25. « Le président Félix Tshisekedi rappelle que l’Etat et l’église catholique doivent collaborer pour la stabilité et l’unité du pays ». [Date de consultation : 2024-03-22]

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Voice of America (VOA). S.d. « Mission and Values ». [Date de consultation : 2024-03-19]

Autres sources consultées

Sources orales : ACI Afrique; analyste de l’International Crisis Group; Conférence épiscopale nationale du Congo; CSW; Église du Christ au Congo; Engagement pour la citoyenneté et le développement; Ensemble pour la République; International Christian Concern; La Voix des sans-voix pour les droits de l’homme; Observatoire congolais des droits de l’Homme; professeur adjoint dans une université canadienne dont les recherches portent sur la dynamique de la violence en RDC; professeur agrégé dans une université canadienne dont les recherches portent sur l’histoire de l’Afrique moderne; professeur dans une université américaine dont les recherches portent sur la consolidation de la paix en RDC; professeur dans une université américaine dont les recherches portent sur le développement politique et économique; professeur dans une université américaine dont les recherches portent sur la politique électorale africaine; professeur dans une université belge dont les recherches portent sur le conflit et le développement en Afrique; professeur dans une université congolaise dont les recherches portent sur la gouvernance urbaine en RDC.

Sites Internet, y compris : African Policy Research Institute; Agence congolaise de presse; All Africa; Allemagne – Federal Office for Migration and Refugees; Amnesty International; Atlantic Council; Austrian Red Cross – ecoi.net; Belgique – Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides; Catholic News Agency; Deutsche Welle; France – Office français de protection des réfugiés et apatrides; France 24; Jane's Intelligence Review; Kofi Annan Foundation; La Croix; La Libre Afrique; Le Monde; Open Doors; Radio France internationale; Royaume-Uni – Home Office; Sight Magazine; TV5 Monde.



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