Réponses aux demandes d'information

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31 août 2023

MEX201603.EF

Mexique : information sur le cartel de Jalisco Nouvelle Génération (Cártel de Jalisco Nueva Generación - CJNG), ses activités, ses zones d’opération et son influence; la capacité du CJNG à retrouver des personnes qui se réinstallent ailleurs au Mexique et à exercer des représailles contre ces personnes; le profil des personnes que le CJNG voudrait retrouver et prendre pour cible (2021-août 2023)

Direction des recherches, Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada

1. Aperçu

Des sources signalent que le CJNG est issu du groupe Milenio et du cartel de Sinaloa (InSight Crime 2021-05-05; Justice in Mexico 2021-10, 48). D’après l’évaluation nationale de la menace posée par la drogue 2020 (2020 National Drug Threat Assessment - NDTA) publiée par l’Administration de la lutte antidrogue (Drug Enforcement Administration - DEA) des États-Unis, le CJNG figure parmi [traduction] « les cartels affichant la croissance la plus rapide » au Mexique (É.-U. 2021-03, 67). Selon d’autres sources, le CJNG et le cartel de Sinaloa sont les deux [traduction] « plus nombreux » (Felbab-Brown 2022-04-03) ou [traduction] « plus puissants » (IEP 2023-05-23, 2; Vice 2022-09-06) groupes criminels au Mexique (Felbab-Brown 2022-04-03; IEP 2023-05-23, 2; Vice 2022-09-06).

Des sources font observer que le CJNG est [traduction] « engagé dans différentes rivalités partout au pays » (Insight Crime 2020-06-11), ou [traduction] « est présent dans la plupart des États du Mexique » (Vice 2022-09-06). D’après un article d’opinion rédigé par Vanda Felbab-Brown, une chercheuse principale au programme de politique étrangère de l’Institut Brookings (Brookings Institution) qui a mené des [traduction] « travaux sur le terrain dans le Michoacán, le Guerrero et la Basse-Californie du Sud en octobre et novembre 2021 », « l’emprise et la gouvernance » du CJNG varient d’une période à l’autre et d’une région à l’autre, car elles dépendent « des conditions structurelles et de la culture politique locales » et de ses propres « dirigeants locaux » (Felbab-Brown 2022-04-03). Citant un [traduction] « expert sur le fonctionnement des groupes criminels rattaché à l’Université ibéro-américaine [Universidad Iberoamericana] du Mexique », Insight Crime, une organisation médiatique sans but lucratif et un groupe de réflexion sur la criminalité organisée en Amérique latine et dans les Caraïbes (Insight Crime s.d.), signale que le recours par le CJNG à une « violence disproportionnée peut aussi s’expliquer par sa structure interne », qui n’est pas « monolithique », mais qui est plutôt constituée d’un « vaste ensemble de cellules largement indépendantes qui mènent leurs activités sous l’appellation du CJNG » (Insight Crime 2023-05-31). Au cours d’un entretien avec la Direction des recherches, un professeur adjoint de criminologie dans une université canadienne, dont les recherches portent principalement sur les réseaux du crime organisé et les pratiques policières au Mexique, a expliqué que, dans les États où le CJNG est l’acteur [traduction] « prédominant », le CJNG agit comme un « organisme officiel », menant ses activités « ouvertertement » avec une « chaîne de commandement claire », alors que dans les États où sa position n’est pas dominante, le CJNG peut fonctionner « de manière plus informelle », menant ses activités en tant que « cellules individuelles » dans un contexte d’« alliances locales mouvantes » (professeur adjoint de criminologie 2023-08-15).

Selon des sources, le CJNG se distingue des autres groupes criminels importants par son [traduction] « usage extrême et public de la violence » (ACLED 2023-04-13) ou par son [traduction] « [i]nsolence, [sa] brutalité » et son recours aux « exécutions publiques » (Felbab-Brown 2022-05-29). Justice au Mexique (Justice in Mexico), un programme du Département de science politique et de relations internationales (Department of Political Science and International Relations) de l’Université de San Diego, signale que la [traduction] « disposition » du groupe à se livrer à des « affrontements violents et sanglants » s’étend à d’autres rivaux comme le gouvernement du Mexique (2021-10, 50).

2. Zones d’activités et d’influence

D’après la 2020 NDTA publiée par les États-Unis, le CJNG [traduction] « a une présence importante dans 23 des 32 États du Mexique » et poursuit son expansion dans « le Centre du Mexique et des endroits stratégiques le long de la frontière entre les États-Unis et le Mexique » (É.-U. 2021-03, 67). Selon une carte géographique publiée par le Service de recherche du Congrès (Congressional Research Service - CRS) des États-Unis, élaborée à partir de données provenant de sources ouvertes recueillies par une analyste de la région latino-américaine, la Basse-Californie du Sud, le Nayarit, le Jalisco, le Colima, l’Aguascalientes et le Querétaro de Arteaga sont dominés par le CJNG, alors que la Basse-Californie, le Sonora, le Zacatecas, le Quintana Roo, l’Oaxaca, le Michoacan de Ocampo, le Guanajuato, le Morelos, l’État de Mexico, le Veracruz et le Tabasco sont des zones contestées entre le CJNG et d’autres groupes criminels (É.-U. 2022-06-07, 10).

Au cours d’un entretien avec la Direction des recherches, une chercheuse à temps plein à l’Université autonome de Basse-Californie, dont les travaux portent principalement sur le crime organisé transnational et l’économie criminelle au Mexique, a déclaré que le CJNG a acquis une [traduction] « domination territoriale complète » du Sud au Nord du Mexique, soit du Quintana Roo à certaines régions du Chihuahua (chercheuse 2023-08-14). L’organisation Insight Crime signale que le CJNG est [traduction] « vraiment l’acteur criminel prédominant » dans les États de Jalisco, de Nayarit, de Colima, de Veracruz, de Guanajuato, de Puebla, de Querétaro et d’Hidalgo, ainsi qu’au port de Lázaro Cárdenas dans le Michoacán (2020-07-08). D’après Global Guardian, une entreprise de sécurité internationale dont le siège est aux États-Unis, qui est dirigée par d’anciens membres de l’armée américaine et des forces de sécurité fédérales ainsi que par des [traduction] « professionnels du monde des affaires », et qui offre des services de sécurité et d’analyse du renseignement à une clientèle dans « plus de 130 pays » (Global Guardian s.d.), le CJNG [traduction] « contrôle des territoires ou lutte pour des territoires » dans le Guanajuato, le Michoacán, la Basse-Californie, l’État de Mexico, le Jalisco, le Chihuahua et le Guerrero, « entre autres », et ces États comptent « plus de la moitié du total national des homicides commis au cours des six premiers mois » de 2022 (Global Guardian 2022-10-10). La chercheuse a déclaré que les États de Guanajuato, de Michoacán et de Jalisco ont subi une [traduction] « érosion sociale importante » en raison des gains territoriaux et de l’emprise du CJNG (2023-08-14).

Le professeur adjoint de criminologie a fait observer que les points d’entrée au Mexique, y compris les aéroports et les frontières terrestres, constituent des [traduction] « endroits stratégiques » pour le trafic de stupéfiants, de personnes et d’armes par le CJNG, et que le CJNG y place des vigies, par exemple des policiers, des soldats, des membres du cartel ou des employés du point d’entrée, qui font rapport au CJNG sur « les gens ou les biens qui arrivent au pays » (2023-08-15). La même source a ajouté que les groupes criminels, y compris le CJNG, contrôlent également [traduction] « beaucoup » de grands axes routiers au Mexique, où ils érigent des « barrages routiers et points de contrôle » pour « arrêter les personnes qui font la navette régulièrement, vérifier leurs papiers d’identité, repérer des rivaux potentiels » et extorquer de l’argent (professeur adjoint de criminologie 2023-08-15). D’après Justice in Mexico, le CJNG [traduction] « s’est infiltré dans l’aéroport international de Mexico » grâce à sa présence dans cette ville et à ses liens avec les « gangs locaux » (2021-10, 49). Selon la DEA des États-Unis, le CJNG exerce [traduction] « une influence sur » le port de Manzanillo, le « port le plus actif » du Mexique (É.-U. 2021-03, 67). Selon Justice in Mexico, le CJNG [traduction] « contrôle » le port de Veracruz dans l’État de Veracruz, celui de Manzanillo dans l’État de Colima et celui de Lázaro Cárdenas dans l’État de Michoacán (2021-10, 49).

D’après Insight Crime, la [traduction] « [d]ynamique criminelle fluctuante » au Mexique « signifie que rien ne garantit que les zones présentement considérées comme étant sûres le demeureront en toute probabilité » (2023-05-31). La même source signale, en citant un [traduction] « analyste » de l’International Crisis Group (Crisis Group), que dans des États historiquement plus stables comme le Chiapas, situés le long de la frontière sud bordant le Guatemala, « des affrontements entre groupes criminels organisés ont déplacé des milliers d’habitants » en 2023 (Insight Crime 2023-05-31). Des sources font état d’affrontements entre le CJNG et le cartel de Sinaloa dans le Chiapas (N+ 2023-06-28; Insight Crime 2023-06-02) pour le contrôle des itinéraires du trafic de drogues à la frontière avec le Guatemala (Insight Crime 2023-06-02). Selon N+, une source d’actualité numérique lancée en 2022 par l’entreprise de télécommunications mexicaine Televisa (Televisa 2022-03-28), les municipalités de Frontera Comalapa, de Mazapa de Madero, d’Amatenango de la Frontera et de Motozintla sont particulièrement des [traduction] « points chauds » de la violence liée aux cartels (N+ 2023-06-28). D’après des chiffres fournis par une église catholique dans une communauté près de Frontera Comalapa dans le Chiapas, et cités par Animal Político, une source d’actualité en ligne du Mexique (Animal Político s.d.), 3 000 résidents ont été déplacés par le conflit entre le CJNG et le cartel de Sinaloa (Animal Político 2023-05-29).

2.1 Présence internationale

Citant [traduction] « certains analystes », le CRS des États-Unis signale que le CJNG mène des activités « partout » dans les Amériques, en Asie et en Europe (É.-U. 2022-06-07, 33). Selon Insight Crime, le CJNG a [traduction] « des contacts en Colombie, au Pérou, en Bolivie, aux États-Unis, en Amérique centrale, au Canada, en Australie, en Chine et en Asie du Sud-Est », ce qui lui permet de « contrôler des parts importantes du trafic de la marijuana, de la cocaïne et des drogues synthétiques au Mexique » (2020-07-08). D’après un autre rapport du CRS des États-Unis, depuis 2019, la [traduction] « source principale du fentanyl illicite destiné aux États-Unis » n’est plus la Chine, mais plutôt les groupes criminels mexicains comme le CJNG et le cartel de Sinaloa, qui le distribuent par l’intermédiaire de groupes criminels affiliés situés aux États-Unis (É.-U. 2023-05-17, 15-16). De plus, Insight Crime signale que le CJNG achemine les drogues en empruntant les [traduction] « routes du Pacifique » et importe de la cocaïne de la Colombie et du fentanyl de la Chine « par le port de Manzanillo dans le Colima » (2022-08-07).

3. Activités du CJNG

Selon Global Guardian, les activités du CJNG comprennent [traduction] « le trafic de drogues (principalement des drogues synthétiques, y compris la méthamphétamine et le fentanyl), l’enlèvement, l’extorsion (particulièrement auprès des cultivateurs d’avocats et de limettes), le prélèvement de pétrole des oléoducs », entre autres (2022-10-10). De même, Insight Crime précise que le CJNG s’est accaparé de [traduction] « nombreuses économies criminelles » au Mexique, telles que le trafic « de cocaïne, de marijuana, de méthamphétamine et de fentanyl », et se livre à « l’extorsion, la production d’avocats, le trafic de cigarettes et la traite de personnes » (2022-08-07). La chercheuse a affirmé que l’extorsion de civils par le CJNG a augmenté au cours des deux dernières années, particulièrement dans les territoires sous son emprise dans le centre du Mexique (2023-08-14). Le quotidien mexicain El Universal écrit que l’Unité du renseignement financier (Unidad de Inteligencia Financiera - UIF), se fondant sur les données recueillies dans le cadre de son évaluation nationale des risques inhérents au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme (Evaluación Nacional de Riesgos de Lavado de Dinero y Financiamiento al Terrorismo - ENR), identifie le CJNG comme étant le groupe criminel disposant du plus grand nombre d’opérations de blanchiment d’argent au Mexique, ayant entrepris de telles activités dans 27 États (El Universal 2020-09-22). Vanda Felbab-Brown signale que l’activité stratégique principale du CJNG est [traduction] « d’agir comme autorité de taxation et, parfois, donneur de licence », ce qui inclut 

[traduction]

taxer toutes les entreprises locales sans, initialement du moins, chercher à exercer un contrôle complet sur la chaîne verticale entière d’une économie. Reproduisant ses politiques dans l’État de Jalisco, dans les nouveaux territoires dont il s’empare, le Cartel accorde des licences non seulement pour diverses activités criminelles, telles que le trafic de drogues et la prostitution, mais aussi pour le commerce de produits légaux, comme le tabac, l’alcool et même les tortillas (2022-05-29).

La même source ajoute que le CJNG s’est [traduction] « lentement et sporadiquement » engagé « dans un effort plus systématique visant à s’accaparer de la chaîne verticale entière » des industries et de l’économie en faisant usage d’une « violence éhontée », y compris le recours à des « armes d’assaut lourdes » qui « surclassent en grande partie les armes et le matériel que possèdent la police mexicaine et la garde nationale » (Felbab-Brown 2022-05-29). De même, la chercheuse a déclaré que l’armement du CJNG est « très puissant », dépassant celui des forces armées mexicaines (chercheuse 2023-08-14). Selon une auteure et professeure à l’Université George-Mason aux États-Unis, citée dans l’article d’Insight Crime, le CJNG utilise [traduction] « des tactiques militaires, des armes et des drones à titre d’armes » dans la poursuite de sa « "militarisation" » (2023-05-31).

Dans un article de l’Associated Press (AP) paru en juin 2023, il est signalé qu’une vidéo, publiée sur des médias sociaux et faisant l’objet d’une enquête par les autorités étatiques, montre des hommes armés portant des [traduction] « vestes tactiques » aux initiales du CJNG qui menacent l’hôtesse d’un bar avec une arme à feu, en exigeant un « paiement de protection » (2023-06-23). D’après le même article, les hommes armés ont déclaré qu’ils allaient distribuer des [traduction] « bracelets pour montrer qui a payé et qui n’a pas payé » parmi le personnel du bar, en mettant en garde que « [l]es personnes qui ne payent pas seront tuées » (AP 2023-06-23). Dans un autre cas rapporté par le Guardian, quatre policiers et deux civils ont été tués dans le Jalisco par des engins explosifs artisanaux [traduction] « posés sur une route » en juillet 2023, par un « cartel de la drogue anonyme »; toutefois, il est souligné dans l’article que le CJNG se livre à des combats dans cet État et qu’il a été « blâmé pour avoir précédemment eu recours à des engins explosifs artisanaux au Mexique » (The Guardian 2023-07-12).

Selon Global Guardian, [traduction] « une grande partie de la montée de la violence au cours des dernières années » au Mexique est attribuable aux activités d’expansion du CJNG (2022-10-10). L’organisation Insight Crime écrit que, [traduction] « dans l’esprit » de ses efforts de militarisation, le CJNG a « de nombreuses alliances » avec d’autres groupes criminels qui contribuent à son expansion; toutefois, en citant l’expert rattaché à l’Université ibéro-américaine, la même source fait remarquer qu’étant donné que ces alliances « "ne sont pas nécessairement maintenues" », de nouvelles « "possibilités [se présentent au CJNG] d’étendre son emprise, de semer la terreur et de s’approprier des territoires" » (2023-05-31). Par exemple, d’après SinEmbargo, un journal d’information en ligne du Mexique, le CJNG [traduction] « est à l’origine de la violence extrême » au Mexique et « certaines des scènes » de cette violence en 2021 incluaient « [d]es attaques au moyen de drones dans le Michoacán, des cadavres pendus à des ponts dans le Zacatecas, des attaques au moyen d’explosifs détonnés à distance dans le Guanajuato, des massacres dans le Jalisco et le Tamaulipas, ainsi que des corps dispersés dans les rues en la Basse-Californie » (2021-12-23). D’après les Country Reports on Human Rights Practices for 2022 publiés par le Département d’État des États-Unis, 3 000 personnes qui vivaient à Tepalcatepec dans le Michoacán [traduction] « ont été déplacées à la suite d’attaques présumées » du CJNG contre un autre groupe criminel, les Cartels unis, attaques qui incluaient l’utilisation d’engins explosifs (É.-U. 2023-03-20, 21-22). Dans un article publié en février 2022, la BBC écrit que l’armée mexicaine avait [traduction] « pr[is] le contrôle » de la ville natale du chef du CJNG, la municipalité d’Aguililla dans l’État de Michoacán, où des mines terrestres posées dans le cadre d’une lutte entre le CJNG et un cartel rival avaient récemment causé la mort d’un agriculteur et des blessures parmi les soldats (BBC 2022-02-19).

Dans son édition 2023 de l’index de paix au Mexique (Mexico Peace Index), l’Institut pour l’économie et la paix (Institute of Economics and Peace - IEP), un [traduction] « groupe de réflexion indépendant, non partisan et sans but lucratif » dont le siège est en Australie, qui mène des recherches sur l’impact économique de la violence et qui prépare des rapports visant à mesurer cet impact, signale que, d’après les données du Programme de collecte de données sur les conflits d’Uppsala (Uppsala Conflict Data Program - UCDP) [1], [traduction] « les affrontements entre les deux cartels les plus puissants », le CJNG et le cartel de Sinaloa, représentaient 42 p. 100 de tous les décès découlant de la violence des cartels au Mexique en 2015; en 2021, cette part était passée à 95 p. 100 (IEP 2023-05-23, ii, 38). D’après les données de l’UCDP, le conflit entre le CJNG et le cartel de Sinaloa a entraîné 19 603 décès depuis 2015, dont 4 890 ont été enregistrés en 2021, et le décompte partiel pour 2022 était de 3 726 décès (Uppsala University [2022a]). Selon la même source, 14 576 décès avaient été attribués au CJNG en 2020, 14 411 décès en 2021, et 10 549 décès pour une partie de 2022 (Uppsala University [2022b]).

Le journal SinEmbargo signale que, d’après des [traduction] « spécialistes en sécurité », le CJNG « prend rapidement de l’expansion » et est responsable de « l’escalade de la violence » dans le Zacatecas, le Michoacán, le Guanajuato, la Basse-Californie et le Chihuahua (SinEmbargo 2021-12-23). Selon le Projet de données sur les lieux et les incidents de conflits armés (Armed Conflict Location & Event Data Project - ACLED), une organisation sans but lucratif aux États-Unis qui recueille des données sur la violence et les manifestations politiques dans diverses régions à travers le monde (ACLED s.d.), les États de Guanajuato, de Michoacán et de Zacatecas affichent les [traduction] « niveaux d’activité les plus élevés du CJNG et de ses affiliés » depuis 2018 (2023-04-13). La même source ajoute que les États de Michoacán et de Zacatecas affichent les [traduction] « niveaux les plus élevés d’affrontements entre groupes armés » attribuables à la présence du CJNG, tandis que dans l’État de Guanajuato, la « prise pour cible de civils » est la « principale » forme des « affrontements indirects » entre le CJNG et ses rivaux (ACLED 2023-04-13). De plus, l’ACLED souligne que dans le Guanajuato, le CJNG a recours à des [traduction] « actes de violence localisés » visant « des entreprises, des oléoducs et des personnes impliquées dans le trafic de pétrole, et d’autres sources de revenus » (2023-04-13). D’après Vanda Felbab-Brown, le CJNG mise sur « le contrôle par la peur » et « l’intimidation » pour « neutraliser ou s’adjoindre les organisateurs communautaires locaux » et pour empêcher les communautés, y compris celles « soutenues par un autre groupe criminel ou une autre milice (il s’agit souvent d’une seule et même entité) », de « s’oppos[er] à la domination du CJNG » (2022-05-29). La même source ajoute que, dans les territoires sous son influence, le CJNG ne se livre pas à de [traduction] « l’ingérence sociale pour dicter ce que les enseignants ou les prêtres devraient prêcher »; au lieu, le CJNG s’efforce de veiller à ce que les acteurs communautaires « ne s’opposent pas au CJNG et ne s’organisent pas contre lui » (Felbab-Brown 2022-05-29).

D’après l’AP, en sus de ses activités [traduction] « traditionnelles » de « trafic de drogues, d’extorsion et d’enlèvement », le CJNG « exploite des centres téléphoniques » qui cherchent à escroquer « de l’argent à des Américains et à des Canadiens en leur faisant de fausses offres d’acheter leurs immeubles en multipropriété » (2023-06-06). Le journal de Madrid El País écrit que des sociétés fictives, [traduction] « présumément » liées au CJNG, « remet[taient] de faux documents aux touristes et exige[aient] qu’ils versent des taxes sur des propriétés qui n’existent pas », dans le cadre des activités immobilières illicites du CJNG (2023-06-11). Selon l’AP, [traduction] « [o]n a confirmé la mort de jusqu’à huit jeunes travailleurs » au début de juin 2023 après que ces derniers ont « apparemment » tenté de « quitter leurs emplois » dans un centre téléphonique de revente d’immeubles en multipropriété dirigé par le CJNG dans le Jalisco (2023-06-06).

Dans le cadre d’entrevues réalisées par Vanda Felbab-Brown, [traduction] « [d]es observateurs électoraux et des représentants de maisons de sondage » ont déclaré que dans les « jours » précédant les élections de mi-mandat en juin 2021, le CJNG a « enl[evé] » et « assassin[é] » des agents des partis politiques (2022-05-29).

De plus, d’après Vanda Felbab-Brown, le CJNG a [traduction] « peu à peu » accumulé « un certain capital politique » en offrant une « assistance sociale plus importante », notamment depuis 2020 (2022-05-29). D’après Justice in Mexico, le CJNG [traduction] « a tiré parti du vide laissé par le gouvernement fédéral » durant la pandémie de COVID-19 pour « venir en aide aux communautés touchées » (2021-10, 52). Dans un article publié par El Universal, on peut lire que le chef du CJNG, Nemesio Oseguera Cervantes, connu familièrement sous le nom de « "El Mencho" », a fait bâtir un hôpital dans la ville d’El Alcíhuatl, dans le Jalisco, pour que cet établissement assure des services médicaux [traduction] « à lui, à son équipe de sécurité et aux résidents locaux » (2020-07-20).

4. Capacité et motivation du CJNG à retrouver des personnes qui s’installent ailleurs et à exercer des représailles contre ces personnes

Selon la chercheuse, le CJNG a [traduction] « ce qu’il lui faut », en termes de capacités sur le plan de la technologie et des armes, « pour atteindre n’importe qui, n’importe où » au Mexique, « même s’il n’est pas l’acteur prédominant » dans l’État en question (2023-08-14). Le professeur adjoint de criminologie a déclaré que si le CJNG veut [traduction] « vraiment » retrouver quelqu’un, il a « de nombreuses ressources » à sa disposition pour le faire, « même à l’extérieur du Mexique » (2023-08-15). Au cours d’un entretien avec la Direction des recherches, un professeur adjoint à l’Université de New Jersey City, dont les recherches portent principalement sur le trafic de drogues, la criminalité organisée et la sécurité dans les pays de l’Amérique latine, y compris au Mexique, a fait observer que bien que le CJNG [traduction] « ne mène pas des activités dans l’ensemble du pays », il a des liens avec « suffisamment d’acteurs étatiques et non étatiques corrompus » pour lui permettre de « retrouver des personnes dans d’autres régions du Mexique » (professeur adjoint 2023-08-14). La même source a déclaré que si le CJNG [traduction] « souhaite tuer ou torturer quelqu’un », il a la « capacité de le faire » et « le simple fait de se réinstaller ailleurs » au Mexique « n’est pas une solution » pour une personne qui se veut se mettre hors de la portée du CJNG (professeur adjoint 2023-08-14).

Selon un [traduction] « journaliste ayant une connaissance spécialisée de la sécurité et de la criminalité organisée » au Mexique cité par SinEmbargo, la « fragmentation » et la « dissémination » des groupes criminels à travers le pays, jumelées à la réponse inadéquate à la « corruption policière et politique », ont entraîné une « violence persistante » (2021-12-23). Le même journaliste a déclaré que les groupes criminels [traduction] « "contrôlent" » la police et exercent un « "contrôle politique" » sur certaines municipalités, 85 p. 100 des municipalités au Mexique étant « "administrées par des maires financés par le crime organisé" » (SinEmbargo 2021-12-23). Cité par SinEmbargo, un professeur agrégé rattaché au programme des politiques antidrogues du Centre de recherches et d’études économiques (Centro de Investigación y Docencia Económicas - CIDE) du Mexique a affirmé que le problème des organisations criminelles 

[traduction]

a tellement dégénéré qu’un seul groupe, le CJNG, est parvenu en si peu de temps à acquérir cette immense force de frappe et cette puissance économique et politique dans les régions. Et il convient de garder à l’esprit que le CJNG n’est qu’une des organisations; […] l’État est dépassé par le crime organisé dans son ensemble depuis que la guerre contre le trafic de drogues a été déclarée (SinEmbargo 2021-12-23).

La chercheuse a déclaré que le CJNG cherche et trouve les personnes qui se réinstallent dans une autre région en faisant appel à ses propres agents de renseignement, ou au [traduction] « renseignement communautaire », à son personnel armé et, enfin, à ses contacts politiques (2023-08-14). De même, le professeur adjoint a souligné que le CJNG utilise son [traduction] « propre service de renseignement interne » et son « appareil d’armement avancé », qui comprennent des informateurs, des membres armés, des connexions avec des élus locaux, et des gangs alliés, pour suivre et trouver des personnes d’intérêt (2023-08-14). La même source a précisé que le CJNG mise sur des [traduction] « alliances criminelles de circonstance » avec des « centaines de groupes criminels menant des activités » à travers le pays, allant de « petits gangs de quartier à de grands groupes criminels organisés », avec qui le CJNG « coopère à différents moments et dans différentes situations » en vue de retrouver des personnes partout au Mexique (professeur adjoint 2023-08-14). De plus, le professeur adjoint de criminologie a fait remarquer que, à l’intérieur du Mexique, le CJNG peut [traduction] « externaliser » le dépistage et la localisation d’une personne à ses contacts dans la police ou les forces armées, à qui le CJNG verse de l’argent pour accéder à leurs ressources technologiques (2023-08-15). La même source a ajouté que [traduction] « l’infrastructure de surveillance » des groupes criminels au Mexique, y compris celle du CJNG, est « omniprésente » et « habituelle » sur les autoroutes, dans les ports de mer et dans les aéroports du pays (professeur adjoint de criminologie 2023-08-15). Le professeur adjoint de criminologie a aussi expliqué que, par conséquent, si une personne prise pour cible transite par cette infrastructure, le CJNG en sera avisé, pas nécessairement parce que le CJNG cherchait [traduction] « activement » à retrouver cette personne, mais parce qu’il dispose de capacités de surveillance qui lui permettent de repérer de telles « allées et venues » (2023-08-15). Le professeur adjoint a signalé que le CJNG est en mesure de [traduction] « faire une recherche à l’aide du numéro d’immatriculation » du véhicule de la personne que le CJNG souhaite retrouver, « particulièrement dans les petites municipalités ou les régions rurales » (2023-08-14). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.

La chercheuse a affirmé que le Campeche ou la Basse-Californie du Sud (cette dernière dans une [traduction] « moindre » mesure) pourrait s’avérer une possibilité de refuge temporaire pour échapper au CJNG, mais si ce dernier « veut retrouver quelqu’un » dans l’un ou l’autre de ces États, il « a les moyens » de le faire « en moins d’un an », car « il n’y a pas de refuge permanent au Mexique qui soit hors de la portée du CJNG » (2023-08-14). D’après le professeur adjoint de criminologie, même si des États comme le Campeche et le Yucatan ne sont peut-être pas aux prises avec [traduction] « une présence aussi imposante des cartels », il ne s’ensuit pas nécessairement qu’il y a une « absence », car les groupes criminels fonctionnent de façon différente d’un État à l’autre (2023-08-15). Par exemple, un ancien procureur général du Campeche a informé la même source qu’il arrivait parfois que des policiers de son État [traduction] « disparaissent pendant des périodes de trois semaines à la fois », sans se présenter au travail ou justifier leur absence, menant l’ancien procureur général à penser que ces policiers « recevaient de la formation ou des instructions » d’un cartel (professeur adjoint de criminologie 2023-08-15). De plus, le professeur adjoint de criminologie a expliqué que le Campeche est principalement composé de petits villages et sa capitale est [traduction] « très petite », si bien qu’il n’est pas facile de « s’y faire oublier » (2023-08-15).

Selon un rapport rédigé par l’analyste pour le Mexique du Crisis Group, qui s’est rendu dans le Michoacán en novembre 2021 pour interviewer des contacts et recueillir des informations sur la situation causée par la criminalité organisée dans cet État, [traduction] « les commandants et combattants de trois différents groupes armés illégaux » ont affirmé qu’il y avait divers degrés de collaboration entre les soldats mexicains et les « organisations armées non étatiques » qui luttent contre le CJNG; toutefois, « tous convenaient qu’il existe un front commun, fondé sur le but commun de refouler » le CJNG (Crisis Group 2022-04-26). D’après l’AP, dans le Michoacán, les autorités mexicaines [traduction] « repoussent les incursions » faites par le CJNG, « tout en faisant peu de choses pour freiner les autres gangs » (AP 2022-01-25). Pour des renseignements sur les profils des personnes que d’autres cartels et organisations criminelles voudraient retrouver et prendre pour cible, veuillez consulter la réponse à la demande d’information MEX201601 publiée en septembre 2023.

4.1 Profils des personnes prises pour cible en vue de les retrouver et d’exercer des représailles contre elles

La chercheuse a signalé que, aux yeux du CJNG, [traduction] « tout le monde est une cible », y compris les militaires, les civils et les groupes armés rivaux (2023-08-14). Toutefois, selon la même source, pour que le CJNG soit motivé à mobiliser les ressources nécessaires en vue de chercher et de trouver quelqu’un dans une autre région du Mexique, il faut que la personne prise pour cible [traduction] « soit quelqu’un qui se démarque » et les « cibles typiques » comprennent des personnes de « grande notoriété » comme un acteur criminel rival, une personnalité du monde des affaires ou un journaliste qui détient des informations privilégiées, des ressources financières ou des contacts importants que le CJNG « perçoit » comme une « menace » pour ses intérêts (chercheuse 2023-08-14). Le professeur adjoint de criminologie a fait observer que les dirigeants du CJNG sont motivés à chercher et à trouver une personne si cette dernière détient des informations [traduction] « importantes » ou « délicates », si elle les a trahis ou si les dirigeants ressentent une animosité personnelle envers elle, par exemple une ancienne amie de cœur, un dirigeant ou membre de haut rang d’un groupe criminel rival, un journaliste, un ancien fonctionnaire ou un ancien policier (2023-08-15). Selon le professeur adjoint, le CJNG prend pour cible [traduction] « des gens qu’il trouve utiles », ayant « divers degrés d’importance », comme des policiers, des juges, des avocats, d’autres acteurs criminels et de présumés informateurs; sur le plan personnel, le CJNG cible les gens qui « refusent leurs avances, y compris les femmes et les politiciens » (2023-08-14). La même source a ajouté que les personnes prises pour cible comprennent aussi les témoins de crimes commis par le CJNG, les présumés collaborateurs gouvernementaux, les personnes ayant témoigné contre le CJNG ou défié son régime, les rapatriés et, [traduction] « en particulier », les femmes et les proches; ces derniers sont « utilisés dans des attaques symboliques » ayant pour but « [d’]envoyer un message » aux rivaux ou aux communautés dans lesquelles le CJNG mène ses activités (professeur adjoint 2023-08-14). Enfin, des sources affirment que le CJNG est aussi motivé à prendre des gens pour cible pour des raisons [traduction] « économiques » (professeur adjoint 2023-08-14; chercheuse 2023-08-14).

D’après l’AP, le CJNG est connu pour [traduction] « le traitement impitoyable qu’il réserve aux présumés traîtres, informateurs et transfuges » et, pour les personnes ayant déjà travaillé pour le CJNG, « sciemment ou non », une « règle non écrite » dicte que « la mort ou la prison sont les seules façons de quitter le gang » (2023-06-06). La chercheuse a donné l’exemple de [traduction] « nombreux jeunes hommes victimes de disparitions forcées », qui « auraient été recrutés » dans des camps dirigés par le CJNG, notamment le camp de recrutement à Talpa de Allende dans le Jalisco (2023-08-14). Un article publié en 2019 par Noticias Telemundo, une source d’actualité de langue espagnole dont le siège est aux États-Unis (Noticias Telemundo s.d.), présente le témoignage de la [traduction] « seule » personne « jusqu’à présent » qui ait parlé de l’expérience d’avoir été, à son insu, embauché par le CJNG en 2018 pour « devenir un tueur à gages » (2019-05-23). L’individu interviewé par Noticias Telemundo a déclaré qu’il [traduction] « a appris que la seule façon de sortir du camp » à Talpa de Allende, dans le Jalisco, était de mourir; dans le camp, il a été entraîné à « manier une arme de poing et une arme d’épaule, à tendre des embuscades, à respecter les règles, à garder le silence » et à tuer (Noticias Telemundo 2019-05-23). On peut lire dans le même article que le Bureau du procureur général dans le Jalisco [traduction] « a découvert au moins cinq camps que le cartel utilisait comme centres d’entraînement et laboratoires de drogues clandestins », et que deux autres camps avaient été « démantelés » dans le Veracruz et le Tabasco (Noticias Telemundo 2019-05-23).

Selon le CRS des États-Unis, [traduction] « [d]es articles de presse » font état de la prise pour cible d’agents publics par le CJNG dans le Jalisco, ces attaques ayant entraîné « plus de » 100 assassinats contre des personnalités comme « des législateurs, des agents de la police fédérale, étatique et locale, des soldats et, présumément, le ministre du tourisme du Jalisco » (É.-U. 2022-06-07, 34). De plus, le Crisis Group signale que les résidents des villages situés sur les [traduction] « lignes de front mouvantes » des conflits entre cartels impliquant le CJNG dans le Michoacán « [s]ont les premiers à souffrir » de la violence (2022-04-26). D’après un prêtre catholique interviewé dans le cadre d’un article de l’AP sur les déplacements causés par le crime organisé au Mexique, [traduction] « au moins 35 000 personnes ont été obligées de fuir leurs maisons et leurs fermes au cours des dernières années » dans le Michoacán, alors que « les cartels de la drogue en guerre », y compris le CJNG, « extorquent de l’argent sur presque toutes les marchandises » qui circulent dans l’État (2022-01-25). Le Crisis Group fait état d’une autre cause à l’origine de ces déplacements : [traduction] « les résidents locaux qui restent sur place » sont soupçonnés de « transmettre de l’information aux ennemis » (2022-04-26). Citant les propos d’un [traduction] « homme dont le village a été saisi par le Cartel de Jalisco après des semaines de fusillades », le Crisis Group écrit que des membres du CJNG sont venus chez cet homme et

[traduction]

« ont exigé de vérifier nos téléphones ». Lorsque les hommes armés ont vu des messages prétendument compromettants sur le compte WhatsApp de sa fille – une simple affirmation que « les jaliscos » avaient érigé des barricades autour de la ville – ils ont tout de suite rendu une ordonnance d’expulsion. « Ils leur ont donné [à la fille et à son mari] deux heures pour faire leurs valises – sinon il y aurait des conséquences », a-t-il affirmé sur le ton impassible d’une personne habituée depuis longtemps à accepter les règles essentielles à la survie dans la Terre chaude (2022-04-26, crochets dans l’original).

Le professeur adjoint a signalé que dans les régions rurales où [traduction] « il y a de nombreuses zones non gouvernées » qui « passent inaperçues » auprès des autorités étatiques, par exemple dans les régions rurales du centre du Mexique sous l’emprise du CJNG, la prise pour cible d’individus « peut s’avérer plus dangereuse » étant donné que « tous les civils peuvent être pris pour cible, particulièrement les propriétaires » (2023-08-14). D’après le professeur adjoint de criminologie, le CJNG dispose [traduction] « d’une présence et d’un contrôle territorial beaucoup plus forts » dans les régions rurales comparativement aux régions urbaines, car le CJNG peut « exercer un contrôle littéralement complet » des villages où il mène ses activités et « fait sa loi », tandis que dans les villes la présence de diverses autorités et de forces de sécurité fait en sorte qu’il est plus difficile d’exercer un tel contrôle (2023-08-15). La même source a ajouté que, par conséquent, les habitants des régions rurales sont [traduction] « plus susceptibles » d’être pris pour cible (professeur adjoint de criminologie 2023-08-15).

Selon le professeur adjoint, les ressortissants mexicains expulsés vers le Mexique depuis le Canada ou les États-Unis, par exemple, sont [traduction] « susceptibles » d’être pris pour cible par le CJNG à leur retour (2023-08-15). D’après le professeur adjoint de criminologie, il est [traduction] « hautement » probable que les personnes renvoyées au Mexique soient « remarquées » par les vigies du CJNG aux points d’entrée du Mexique, et la probabilité qu’un individu qui est de retour soit pourchassé « dépend » de la question de savoir s’il est, par exemple, un « ancien membre d’un groupe armé rival, un rival personnel d’un membre haut placé du CJNG, un ancien politicien ou un journaliste qui détient des informations délicates » (2023-08-15).

La chercheuse a fait remarquer que s’il s’agit d’une personne qui s’installe ailleurs pour se soustraire aux paiements d’extorsion imposés par le CJNG, une activité qui prend des civils pour cible [traduction] « dans une large mesure », le CJNG va « probablement la laisser partir » (chercheuse 2023-08-14). Selon le professeur adjoint de criminologie, les personnes qui avaient précédemment été victimes d’extorsion de la part du CJNG pourraient subir des représailles si leur retour était porté à l’attention du CJNG, par exemple si elles passaient par un point d’entrée où il y a des vigies du CJNG; toutefois, le CJNG [traduction] « ne fera pas nécessairement tout ce qui est en son pouvoir pour pourchasser cette personne à des fins d’extorsion » (2023-08-15). La même source a ajouté que les personnes prises pour cible par des membres de bas rang du CJNG, comme des [traduction] « petits revendeurs de drogue », peuvent être poursuivies « de façon limitée », mais ne seront pas considérées comme une priorité aux yeux des dirigeants du CJNG, qui ne seront « même pas […] mis au courant » (professeur adjoint de criminologie 2023-08-15).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.

Note

[1] Le Programme de collecte de données sur les conflits d’Uppsala (Uppsala Conflict Data Program - UCDP) du Département de la recherche sur la paix et les conflits (Department of Peace and Conflict Research) de l’Université d’Uppsala en Suède est un programme qui fournit des données sur [traduction] « la violence organisée mortelle » en se fondant sur des sources médiatiques (Uppsala University 2023-04-12).

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Autres sources consultées

Sources orales : chargé de cours dans une université américaine dont les sujets de recherche comprennent les cartels de la drogue et les relations entre États au Mexique; consultant indépendant dont les travaux portent principalement sur la sécurité publique et la prévention de la criminalité au Mexique; professeur adjoint dans une université aux Émirats arabes unis dont les recherches portent principalement sur les cartels de la drogue et les organisations criminelles paramilitaires, notamment au Mexique.

Sites Internet, y compris : ACAPS; Al Jazeera; Amnesty International; Bertelsmann Stiftung; The Conversation; Council on Foreign Relations; Diario del Sur; El Financiero; El Informador; Fédération internationale pour les droits humains; France – Office français pour la protection des réfugiés et apatrides; France24; Freedom House; Grey Dynamics; Human Rights Watch; International Sociology; La Jornada; La Orquesta de Comunicaciones S.A. de C.V.; La Razón; Milenio; Nations Unies – Refworld, ReliefWeb; The New Humanitarian; REFORMA; Reuters; Royaume-Uni – Home Office; Small Wars Journal; Transparency International; Washington Office on Latin America; The Wilson Center; The Yucatan Times.



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