Réponses aux demandes d'information

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10 novembre 2021

NGA200797.EF

Nigéria : information sur la situation des femmes célibataires et des femmes chefs de ménage et le traitement qui leur est réservé, y compris leur capacité de vivre seule et d’accéder au logement, à un revenu, à l’éducation, à des soins de santé et à des services de soutien, en particulier à Port Harcourt, à Abuja, à Ibadan et à Lagos; les répercussions de la COVID-19 (2019-octobre 2021)

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada

1. Aperçu

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un chercheur de l’Université James Cook, au Queensland, en Australie, qui a fait des recherches sur l’éducation des femmes et les droits des veuves au Nigéria, a déclaré que les femmes chefs de ménage qui n’ont pas le soutien d’un homme ou de membres de la famille forment un groupe diversifié au Nigéria, lequel peut comprendre des veuves, des femmes qui sont [traduction] « divorcées, séparées [ou] abandonnées », « des femmes mariées dont l’époux (polygyne ou migrant) n’habite pas avec elle », ainsi que des femmes célibataires et des mères seules (chercheur 19 oct. 2021).

Selon la [plus récente (Nigéria s.d.)] Enquête démographique et de santé du Nigéria (Nigeria Demographic and Health Survey - NDHS), menée d’août à décembre 2018 par la Commission nationale de la population (National Population Commission - NPC) du Nigéria et ICF, l’organisation responsable du programme international d’enquêtes démographiques et de santé (Demographic Health Surveys - DHS) [1] de l’Agence des États-Unis pour le développement international (US Agency for International Development - USAID), 14,7 p. 100 des ménages ruraux et 21,8 p. 100 des ménages urbains étaient dirigés par des femmes (NPC du Nigéria et ICF oct. 2019, 1, 32). Dans un article au sujet des répercussions de la COVID-19 sur l’égalité entre les genres au Nigéria et en Éthiopie, Chie Aoyagi, une économiste au Département Afrique du Fonds monétaire international (FMI) (Aoyagi juill. 2021), cite l’Enquête générale de 2018-2019 auprès des ménages du Nigéria (2018/2019 Nigeria General Household Survey - GHS) selon laquelle 76 p. 100 des femmes interrogées qui se sont déclarées à la tête d’un ménage étaient veuves (Aoyagi juin 2021, 20-21).

D’après la NDHS de 2018, parmi les 10 678 femmes de 15 à 49 ans interrogées, 49 p. 100 des femmes divorcées, séparées ou veuves avaient subi de la violence physique, comparativement à 36 p. 100 des femmes jamais mariées et 28 p. 100 des femmes mariées (NPC du Nigéria et ICF oct. 2019, 428-429).

Des sources signalent que, [traduction] « généralement », les veuves perdent « tout ce que la famille possède - l’argent, les propriétés et les biens - » (Banque mondiale 2019, 14) ou que [traduction] « de nombreuses veuves se retrouveraient démunies » lorsque leur belle-famille reprend possession des biens de leur époux décédé (Australie 3 déc. 2020, paragr. 3.78).

Un rapport sur le Nigéria préparé par le ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas signale que les femmes non mariées qui dépassent [traduction] « un certain âge » et les femmes divorcées subissent de la réprobation sociale (Pays-Bas mars 2021, sect. 3.4.5). De même, un article paru dans Pulse.ng, une publication d’actualités en ligne du Nigéria, signale que les femmes non mariées de plus de 30 ans sont traitées comme des [traduction] « lépreuse[s] » (Pulse.ng 20 mars 2019).

Le rapport des Pays-Bas cite une source confidentielle selon laquelle les mères seules sont perçues comme [traduction] « socialement indésirables », et que leurs familles et leur collectivité sont réticentes à les soutenir; de nombreuses mères seules vivent dans la pauvreté en raison de l’absence de filet social (Pays-Bas mars 2021, sect. 3.4.5).

1.1 Répercussions de la COVID-19

Selon des sources, la pandémie de COVID-19 a eu des répercussions économiques disproportionnées sur les femmes au Nigéria (Nations Unies avr. 2020, 2; Aoyagi juill. 2021).

Selon la cinquième série d’enquêtes téléphoniques longitudinales nationales sur la COVID-19 au Nigéria (Nigeria COVID-19 National Longitudinal Phone Survey - NLPS) [2], menée en septembre 2020 par le Bureau national de la statistique (National Bureau of Statistics - NBS) avec l’appui de la Banque mondiale, parmi les personnes interrogées qui travaillaient avant le début de la pandémie, les femmes (13 p. 100) étaient presque deux fois plus susceptibles d’être devenues [traduction] « économiquement inactives » que les hommes (7 p. 100) (Nigéria sept. 2020, 1, 5). D’après un rapport publié par l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU Femmes), les mesures de confinement liées à la COVID-19 [traduction] « tendent à » alourdir les charges domestiques des femmes, ce qui réduit leurs possibilités de toucher un revenu (Nations Unies avr. 2020).

Chie Aoyagi, qui a comparé les données de la GHS de 2018 du Nigéria avec celles de la première série des NLPS sur la COVID-19 au Nigéria, affirme que les ménages dirigés par une femme étaient [en moyenne de 12 à 14 p. 100 (Aoyagi juill. 2021)] moins susceptibles que les ménages dirigés par un homme de poursuivre la scolarisation des enfants pendant la pandémie (Aoyagi juin 2021, 22, 31-32).

1.2 Capacité de réinstallation

Selon le chercheur, les femmes célibataires qui se réinstallent ailleurs peuvent vivre de la [traduction] « réprobation sociale [ou] de l’imposition d’étiquettes, de l’insécurité, des difficultés économiques, des problèmes familiaux, des traumatismes, entre [autres problèmes] », de sorte qu’il est « très difficile » pour elles de « réussir à s’établir ailleurs » (chercheur 19 oct. 2021).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur de l’Université du Nigéria, dont les travaux portent principalement sur les conflits sociaux et la sociologie politique du développement, a déclaré que, pour les femmes chefs de ménage, la réinstallation représente [traduction] « généralement un défi important de nos jours » et que

le succès de la réinstallation dépend habituellement des facteurs suivants (énumération non exhaustive) :compétence[s] de la femme en question; relations/réseaux sociaux; âge de la femme (les jeunes femmes sont [mieux] placées pour se réinstaller que les femmes âgées qui ont passé des années et du temps dans leur lieu de résidence antérieur); nombre d’enfants (les familles nombreuses rencontrent généralement plus d’obstacles en raison des exigences liées à la taille des logements, aux écoles pour les enfants, à l’accessibilité des établissements de santé, etc.). Le domaine d’emploi est aussi un facteur puisque les travailleuses qualifiées dans des secteurs en demande comme la [technologie de l’information et des communications], les services pétroliers, et peut-être le secteur banquier, pourraient trouver la réinstallation plus facile, car il se peut que les possibilités d’emploi ou les probabilités de trouver un emploi soient plus élevées dans leur nouveau lieu de résidence (professeur 5 nov. 2021).

Le professeur a également déclaré que les femmes chefs de ménage qui sont des [traduction] « travailleuses autonomes ou des femmes d’affaires jouissant d’un important soutien financier » peuvent se réinstaller dans une nouvelle ville « [plus] rapide[ment] et avec plus de succès que les autres » (professeur 5 nov. 2021).

1.3 Logement

Des sources soulignent que les femmes célibataires qui louent un logement subissent de la discrimination (Al Jazeera 2 juin 2019; Stears Business 1er févr. 2019).

Selon un rapport sur le logement au Nigéria préparé par la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur le droit à un logement convenable qui s’est rendue au Nigéria en septembre 2019, le secteur du logement traverse une [traduction] « crise totale » (Nations Unies 3 janv. 2020, paragr. 16). La même source cite une estimation d’octobre 2018 de la Banque fédérale de crédit hypothécaire du Nigéria (Federal Mortgage Bank of Nigeria) selon laquelle il manque au Nigéria quelque 22 millions d’unités d’habitation (Nations Unies 3 janv. 2020, 5). Cependant, on peut lire dans un article publié en juillet 2021 par This Day, un journal nigérian, que le ministre nigérian des Travaux et du Logement a déclaré qu’il n’y a [traduction] « "aucune donnée appuyant" » l’existence d’un déficit de 17 ou de 22 millions d’unités d’habitation au Nigéria, mais qu’il y a un problème de logement dans les régions urbaines (This Day 20 juill. 2021). Le rapport de la Rapporteuse spéciale des Nations Unies signale qu’il n’y a pas de stratégie ou de plan d’action national sur le logement et que [traduction] « [m]ême si le gouvernement honorait l’engagement irréaliste de construire un million d’unités d’habitation par année, compte tenu du taux de croissance actuel des besoins en logement, il faudrait 55 ans pour venir à bout du déficit de logements » (Nations Unies 3 janv. 2020, paragr. 16-17).

En outre, il a été signalé à la Rapporteuse spéciale des Nations Unies que des femmes séropositives ayant été expulsées se sont retrouvées à la rue en raison de l’accès insuffisant aux refuges et autres types d’hébergement (Nations Unies 3 janv. 2020, paragr. 61). La même source souligne également que les étudiantes séropositives qui ont fait part de leur diagnostic aux services de santé de leur université ont été expulsées des résidences universitaires (Nations Unies 3 janv. 2020, paragr. 61). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.

1.3.1 Accès à la propriété

Des sources soulignent que, selon les lois et les pratiques coutumières de [traduction] « certains » groupes ethniques, les femmes n’ont pas les mêmes droits que les hommes en matière d’héritage de propriétés (Freedom House 3 mars 2021, sect. G2) ou que les lois et les pratiques coutumières dans [traduction] « certains États » empêchent les femmes d’être propriétaires (Banque mondiale 2019, 14). Le rapport de la Banque mondiale souligne que, dans le Sud-Est du Nigéria, le droit des veuves de posséder des terres ou de les utiliser [traduction] « n’est pas garanti » et que des membres de leur parenté leur prennent « souvent » leurs propriétés (Banque mondiale 2019, 14).

1.4 Accès à l’emploi

La constitution du Nigéria prévoit ce qui suit :

[traduction]

15. […]

(2) […] l’intégration nationale est activement encouragée, tandis que la discrimination fondée sur le lieu d’origine, le sexe, la religion, le statut, les liens ou les attaches relatifs à l’ethnicité ou à la langue est interdite.

17. […]

(3) L’État oriente ses politiques de façon à s’assurer que 

[…]

(c) la santé, la sécurité et le bien-être de toutes les personnes qui occupent un emploi sont protégés et ne sont pas mis en danger ni compromis;

[…]

42. (1) Tout citoyen du Nigéria ne peut, du simple fait de sa communauté d’appartenance, de son groupe ethnique, de son lieu d’origine, de son sexe, de sa religion ou de ses opinions politiques 

(a) être soumis par toute loi en vigueur au Nigéria ou toute mesure exécutive ou administrative du gouvernement, que ce soit expressément ou par son application dans les faits, à des désavantages ou à des restrictions auxquels ne sont pas exposés les citoyens du Nigéria d’autres communautés, groupes ethniques, lieux d’origine, sexe ou religions ou les citoyens ayant d’autres opinions politiques;

(b) se voir accorder par toute loi en vigueur au Nigéria ou toute mesure exécutive ou administrative du gouvernement, que ce soit expressément ou par son application dans les faits, tout privilège ou avantage qui n’est pas accordé aux citoyens du Nigéria d’autres communautés, groupes ethniques, lieux d’origine, sexe ou religions ou aux citoyens ayant d’autres opinions politiques (Nigéria 1999).

Cependant, le rapport sur le Nigéria du ministère des Affaires étrangères et du Commerce (Department of Foreign Affairs and Trade - DFAT) de l’Australie souligne que la loi n’interdit pas la discrimination fondée sur le genre dans les pratiques d’embauche (Australie 3 déc. 2020, paragr. 3.76).

Des sources soulignent que les femmes forment la [traduction] « majorité » dans l’économie parallèle (Akpan 10 juill. 2020) ou que les femmes occupent des [traduction] « rôles actifs et vitaux » dans l’économie parallèle, en particulier dans les domaines de l’agriculture, de la transformation des produits alimentaires et de la vente de biens dans les marchés (Australie 3 déc. 2020, paragr. 3.7.6). Le professeur a affirmé que les femmes [traduction] « peuvent, en moyenne, trouver plus difficile que les hommes d’accéder à un emploi dans l’économie officielle », et que les femmes « peuvent être poussées vers le marché du travail non structuré, en particulier lorsqu’elles n’ont aucune compétence pertinente ou aucune instruction » (professeur 5 nov. 2021). La même source a ajouté [traduction] « [qu’]il y a des opportunités de formation professionnelle pour les femmes dans des domaines comme le design de mode, la coiffure, la pâtisserie, la production de savons et de détergents, etc., mais que les femmes intéressées doivent généralement payer la formation » (professeur 5 nov. 2021).

D’après le rapport publié par ONU Femmes, les restrictions liées à la COVID-19 ont eu des répercussions négatives sur [traduction] « le gagne-pain et la sécurité économique » des femmes travaillant dans le secteur non structuré (Nations Unies avr. 2020, 2). Dans un billet de blogue publié sur le site Internet de l’École d’études orientales et africaines (School of Oriental and African Studies - SOAS) de l’Université de Londres, Uduak Akpan, un doctorant en économie du développement à la SOAS, souligne que les restrictions liées à la COVID-19 qui ont mené à la fermeture des marchés ont eu une incidence [traduction] « importante » sur les femmes, qui « domin[ent] généralement » dans ce secteur non structuré (Akpan 10 juill. 2020).

1.4.1 Statistiques sur l’emploi

Selon la cinquième série des NLPS sur la COVID-19 au Nigéria, les femmes ont mis [traduction] « plus de temps à réintégrer » le marché du travail durant la pandémie : 83 p. 100 des hommes de 15 à 64 ans et 72 p. 100 des femmes du même âge travaillaient en juillet et en août 2018, comparativement à 78 p. 100 des hommes et 65 p. 100 des femmes en septembre 2020 (Nigéria sept. 2020, 1). Dans un rapport produit conjointement par Human Rights Watch (HRW) et Initiatives pour la justice et l’autonomisation (Justice & Empowerment Initiatives - JEI), un organisme de défense des droits de la personne du Nigéria qui vise à [traduction] « donner des moyens d’action aux personnes et aux communautés pauvres et marginalisées », il est souligné que le Nigéria n’a pas de « système de sécurité sociale qui fonctionne » et que les ménages touchés par le chômage et les pertes de revenu durant la pandémie n’ont pas accès à la sécurité sociale (HRW et JEI juill. 2021, 1, 2).

D’après la première série des NLPS sur la COVID-19 au Nigéria, menée par le NBS en avril et en mai 2020 auprès de 1 950 ménages, [traduction] « seulement » 7 p. 100 des personnes interrogées ont déclaré n’avoir subi aucune perturbation économique depuis le début de la pandémie de COVID-19, tandis que 85 p. 100 des ménages ont signalé avoir souffert de l’augmentation du prix des aliments (Nigéria 1er juin 2020, 2, 6). Il ressort de la même enquête que 51 p. 100 des ménages ont de ce fait réduit leur consommation de nourriture (Nigéria 1er juin 2020, 13). Dans le rapport publié par HRW et JEI, lequel repose sur l’analyse des données des NLPS sur la COVID-19 au Nigéria effectuée par HRW, on peut lire que, en novembre 2020, 48 p. 100 des ménages interrogés n’avaient pas les moyens d’acheter de la nourriture en raison d’un manque d’argent ou d’autres ressources et [traduction] « [qu’]au moins un membre du ménage passait une journée complète sans manger » (HRW et JEI juill. 2021, 2, 51).

1.4.2 Discrimination en matière d’emploi

Le chercheur a signalé que [traduction] « de nombreuses organisations au Nigéria utilisent fréquemment la politique, le favoritisme, le népotisme et l’ethnicité pour ce qui est des possibilités d’emploi ou de formation », de sorte qu’il est « très difficile » pour les femmes chefs de ménage d’accéder à l’emploi et à la formation (chercheur 19 oct. 2021). Selon la même source, il [traduction] « peut » s’avérer moins difficile d’accéder à l’emploi pour les femmes venant de familles riches ou les femmes ayant des relations avec « des politiciens puissants ou des membres de l’élite » (chercheur 19 oct. 2021). Des sources signalent que les femmes pourraient se voir demander des faveurs sexuelles en échange de possibilités d’emploi et de formation (chercheur 19 oct. 2021) ou que la pratique consistant à [traduction] « exiger des faveurs sexuelles en échange d’un emploi ou de notes universitaires demeurait courante au Nigéria » (É.-U. 30 mars 2021, 32).

Selon le rapport publié par le DFAT, [traduction] « [l]es femmes non mariées en particulier subissent de nombreuses formes de discrimination » dans le domaine de l’emploi (Australie 3 déc. 2020, paragr. 3.76). Le même rapport souligne que [traduction] « les femmes qui travaillent dans le secteur des affaires ne recevaient pas un salaire égal pour un travail égal et elles avaient souvent de la difficulté à obtenir un crédit commercial, des déductions fiscales ou des remboursements de taxe à titre de chef de ménage » (Australie 3 déc. 2020, paragr. 3.76).

2. Femmes chefs de famille à Port Harcourt, à Abuja, à Ibadan et à Lagos

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu de renseignements sur les femmes chefs de famille dans les villes de Port Harcourt, d’Abuja, d’Ibadan et de Lagos.

Le chercheur a déclaré qu’il serait difficile pour les femmes chefs de famille de se réinstaller à Lagos, à Ibadan, à Port Harcourt et à Abuja en raison des [traduction] « différentes formes de discrimination » auxquelles elles pourraient être exposées (chercheur 19 oct. 2021). Lorsqu’il lui a été demandé si des facteurs particuliers, notamment la langue parlée, l’identité autochtone, le niveau d’instruction et le domaine d’emploi, contribueraient au succès de la réinstallation des femmes chefs de ménage, la même source a répondu que de tels facteurs ne faciliteraient pas la réinstallation dans ces villes (chercheur 19 oct. 2021). La source en question a ajouté qu’il [traduction] « pourrait même être plus difficile » pour les femmes chefs de ménage se réinstallant à Abuja et à Port Harcourt d’assurer leur survie économique, et qu’il « sera très difficile » pour celles qui n’ont aucun soutien de survivre dans ces villes (chercheur 19 oct. 2021). Selon le professeur, [traduction] « certains propriétaires [dans ces villes] hésiteraient à conclure des baux avec des femmes, car celles-ci sont traditionnellement considérées comme inaptes à prendre directement part aux affaires foncières et immobilières », et la plupart des propriétaires « insisteraient, lorsqu’ils louent un logement à une femme, pour qu’un homme fournisse des références à son sujet ou se porte garant d’elle » (professeur 5 nov. 2021). Le professeur a aussi déclaré qu’il n’y a plus d’opprobre [traduction] « significatif » associé au fait de vivre seule, car il y désormais de très nombreuses femmes qui vivent seules avec leurs enfants dans les zones urbaines du Nigéria, mais il n’y a pas de « refuges ou de soutien à court terme offerts par le gouvernement » dans ces villes (professeur 5 nov. 2021).

2.1 Accès au logement à Port Harcourt, à Abuja, à Ibadan et à Lagos
2.1.1 Situation en matière de logement

Le chercheur a souligné qu’il est [traduction] « difficile » pour les femmes chefs de ménage d’accéder au logement à Abuja, à Lagos et à Port Harcourt (chercheur 19 oct. 2021). Le journal This Day cite les propos du ministre des Travaux et du Logement selon lesquels [traduction] « "un grand nombre" » de personnes ont de la difficulté à trouver un appartement à Lagos, à Port Harcourt et à Abuja, entre autres villes (This Day 20 juill. 2021). Le chercheur a aussi signalé que, bien que le logement soit relativement moins cher à Ibadan qu’à Abuja, à Port Harcourt et à Lagos, surtout dans les zones rurales, le fait d’y avoir [traduction] « "accès" ne signifie pas que [les femmes chefs de ménage] auraient "les moyens" » de payer un loyer (chercheur 19 oct. 2021). D’après la même source, [traduction] « [l]a plupart de ces femmes pourraient ne pas avoir la capacité de payer un loyer parce qu’il n’y a aucun soutien de la part du gouvernement » (chercheur 19 oct. 2021).

Des sources font état d’une pénurie de logements à Lagos (Al Jazeera 2 juin 2019) ou d’un marché immobilier [traduction] « notoirement encombré » (BBC 13 mai 2021). Les mêmes sources ajoutent que les femmes célibataires subissent de la discrimination lorsqu’elles cherchent un logement (Al Jazeera 2 juin 2019; BBC 13 mai 2021). Dans un article publié par la BBC, on peut lire qu’il y a [traduction] « quelques signes de changement » (BBC 13 mai 2021). Des sources signalent l’apparition de quelques jeunes entreprises dans le marché immobilier à Lagos qui consentent à louer aux femmes (Al Jazeera 2 juin 2019; BBC 13 mai 2021). Selon l’article publié par la BBC, certains propriétaires se montrent [traduction] « plus pragmatiques » à cet égard, mais le changement d’attitudes à l’endroit des femmes célibataires pour ce qui est de l’accès au logement à Lagos [traduction] « prend du temps » (BBC 13 mai 2021).

D’après une étude sur les femmes célibataires dans l’État de Rivers publiée dans la revue à comité de lecture EPRA International Journal of Research and Development (IJRD), laquelle est fondée sur une enquête menée auprès de 150 femmes célibataires habitant dans les zones de gouvernement local d’Obio-Akpor et de la ville de Port Harcourt, sur une liste de neuf forme de discrimination [3], la difficulté à louer un appartement arrivait au sixième rang des expériences les plus courantes (Nkechi et Umokoro janv. 2021, 157, 158).

2.2 Accès à l’emploi et à un revenu à Port Harcourt, à Abuja, à Ibadan et à Lagos

Le chercheur a déclaré que l’accès à l’emploi ou à la formation professionnelle à Abuja, à Ibadan, à Lagos et à Port Harcourt [traduction] « est une tâche ardue pour [les femmes chefs de ménage], sauf si elles ont un niveau d’instruction élevé ou des liens avec des politiciens ou des membres de l’élite pouvant exercer des pressions pour les aider à trouver des emplois et des opportunités de formation » (chercheur 19 oct. 2021). Invitée à préciser s’il y a des facteurs qui facilitent l’accès à l’emploi ou à la formation, cette même source a répondu, sans donner de détails supplémentaires, que [traduction] « l’ethnicité, la langue et la religion peuvent représenter un réel problème » (chercheur 19 oct. 2021). La même source a ajouté que [traduction] « quelques » ONG offrent des programmes d’autonomisation destinés aux veuves et aux autres femmes, mais qu’il n’est pas garanti que ces programmes demeurent « viables » (chercheur 19 oct. 2021).

L’étude parue dans l’IJRD souligne que, sur une liste de neuf formes de discrimination, la discrimination dans les domaines de l’emploi et des affaires se classe au quatrième rang des expériences les plus courantes vécues par les femmes célibataires qui vivent dans l’État de Rivers (Nkechi et Umokoro janv. 2021, 157, 158).

D’après le rapport publié par HRW et JEI, le gouvernement a adopté des mesures de stimulation - le plan de viabilité économique - en juin 2020 pour atténuer les répercussions de la COVID-19; ces mesures comprenaient notamment des programmes de création d’emploi, de la formation axée sur les compétences et des fonds de démarrage destinés aux jeunes et aux femmes (HRW et JEI juill. 2021, 53-54). La même source ajoute que les programmes de création d’emplois ciblent principalement le secteur structuré et ne profitent donc pas à la [traduction] « majorité des citadins pauvres » de l’État de Lagos, car ceux-ci travaillent dans le secteur non structuré (HRW et JEI juill. 2021, 55).

Le rapport publié par HRW et JEI fait état d’une rencontre entre des représentants de HRW et du gouvernement du Nigéria qui a eu lieu en avril 2021 et de laquelle il est ressorti que les transferts de fonds étaient une autre mesure utilisée par le gouvernement pour atténuer la pauvreté découlant de la pandémie de COVID-19 (HRW et JEI juill. 2021, 58). La même source ajoute que, en partie parce que le gouvernement de l’État de Lagos a tardé à mettre en œuvre le programme de transferts de fonds, les habitants de cet État, qui représentent plus de 10 p. 100 de la population totale du Nigéria, ont reçu [traduction] « moins de » 1 p. 100 du total des transferts (HRW et JEI juill. 2021, 60-61).

2.3 Accès aux services publics

Le chercheur a déclaré [traduction] « [qu’]il n’y a actuellement aucun système d’aide sociale ni aucune prestation » pour les femmes chefs de ménage (chercheur 19 oct. 2021). Le rapport publié par HRW et JEI souligne qu’il n’y a pas de lois touchant les prestations de chômage ou les prestations pour enfants au Nigéria (HRW et JEI juill. 2021, 2).

Le chercheur a ajouté que certaines femmes peuvent compter sur leurs amis ou leur famille, mais que [traduction] « [s]ouvent », elles n’ont personne pour les soutenir (chercheur 19 oct. 2021). De même, le professeur a déclaré que les femmes [traduction] « comptent habituellement sur elles-mêmes, les membres de leur famille ainsi que leurs liens et réseaux sociaux » et que « [l]a couverture sociale pour les personnes vulnérables et marginalisées est pratiquement inexistante au Nigéria » (professeur 5 nov. 2021). Selon la même source, bien que le gouvernement dispose de certaines politiques de soutien, [traduction] « celles-ci ne se sont pas concrétisées ou converties en actions et, même lorsque de telles formes de soutien existent, les liens politiques et le favoritisme sont parfois nécessaires pour [y] avoir accès » (professeur 5 nov. 2021).

Lorsqu’il lui a été demandé si les femmes chefs de ménage peuvent accéder aux services publics, y compris les soins de santé, l’éducation, les transports publics, les services de garde d’enfants et l’aide sociale, à Lagos, à Ibadan, à Port Harcourt ou à Abuja, le chercheur a répondu que c’est seulement le cas si [traduction] « elles sont en mesure de payer pour ces services », qui ne sont pas gratuits, ajoutant que ce groupe ne bénéficie d’aucune subvention (chercheur 19 oct. 2021). De même, le professeur a déclaré qu’il n’y a pas de programmes de soutien gouvernementaux [traduction] « officiellement établis » pour les femmes chefs de ménage et que « la disponibilité d’un revenu ou d’une source d’argent peut aider, car [les femmes chefs de ménage] devraient probablement s’adresser au privé pour obtenir des services de santé, d’éducation, de transport et même de garde d’enfants, puisque les services publics, lorsqu’ils sont offerts dans ces régions, sont largement inadéquats et peu fiables et que, bien souvent, ils ne sont pas particulièrement adaptés aux besoins des femmes et des membres marginalisés de la société » (professeur 5 nov. 2021).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Notes

[1] Le programme des enquêtes démographiques et de santé (Demographic and Health Surveys - DHS) est un projet financé par l’Agence des États-Unis pour le développement international (US Agency for International Development - USAID) visant à [traduction] « fournir un soutien et une aide technique pour la mise en œuvre d’enquêtes sur la population et la santé dans de nombreux pays du monde » (NPC du Nigéria et ICF oct. 2019, ii).

[2] L’enquête téléphonique longitudinale nationale sur la COVID-19 au Nigéria (Nigeria COVID-19 National Longitudinal Phone Survey - NLPS) consiste en une série de sondages mensuels visant à surveiller l’incidence socioéconomique de la pandémie de COVID-19 (Nigéria sept. 2020, 1). Au total, douze sondages sont prévus auprès d’un échantillon de référence de 1 950 ménages; la première série a eu lieu en avril et en mai 2020 (Nigéria sept. 2020, 1). Les résultats de la cinquième série sont fondés sur les entrevues réalisées auprès de 1 773 des 1 856 ménages qui ont été contactés (Nigéria sept. 2020, 7).

[3] Voici les résultats de l’enquête sur les formes de discrimination subies par les femmes célibataires dans l’État de Rivers, par ordre d’importance : [traduction] « perte d’amis/du réseau social », « insultes et injures », « manque de respect de la part de membres de la famille », « discrimination en emploi/affaires », « méfiance », « difficulté à louer un appartement », « humiliation publique et honte », « infidélité et duperie par le futur époux », et « menaces et violence » (Nkechi et Umokoro janv. 2021, 158).

Références

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Aoyagi, Chie. Juin 2021. « Effects of COVID-19 on Regional and Gender Equality in Sub-Saharan Africa: Evidence from Nigeria and Ethiopia ». Document de travail du Fonds monétaire international (FMI). (WP/21/169) [Date de consultation : 18 oct. 2021]

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Human Rights Watch (HRW) et Justice and Empowerment Initiatives (JEI). Juillet 2021. Anietie Ewang et Jim Wormington. Between Hunger and the Virus: The Impact of the COVID-19 Pandemic on People Living in Poverty in Lagos, Nigeria. [Date de consultation : 18 oct. 2021]

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Nigéria. 1999. Constitution of the Federal Republic of Nigeria. [Date de consultation : 18 oct. 2021]

Nigéria. S.d. National Population Commission (NPC). « FG Flags Off 2018 Demographic and Health Survey ». [Date de consultation : 2 nov. 2021]

Nkechi, Nzeshi et Coral Umokoro. Janvier 2021. « Singlehood Stigmatization: Experience of Single Women in Rivers State ». EPRA International Journal of Research and Development (IJRD). Vol. 6, no 1. [Date de consultation : 5 nov. 2021]

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Stears Business. 1er février 2019. « Single Women Cannot Rent Property in Nigeria ». [Date de consultation : 5 nov. 2021]

This Day. 20 juillet 2021. Bennett Oghifo. « No Data to Support 17M, 22 M Housing Deficit Claim, Says Fashola ». [Date de consultation : 2 nov. 2021]

Autres sources consultées

Sources orales : The African Research Academies for Women.

Sites Internet, y compris : African Women's Organization; Amnesty International; Bertelsmann Stiftung; BFA Global; Cooperative for Assistance and Relief Everywhere (CARE) International; ecoi.net; Factiva; Journal of Public Health and Epidemiology; Nations Unies – Conseil des droits de l’homme, Haut-Commissariat aux droits de l’homme, Refworld; Norvège – Landinfo; Organisation de coopération et de développement économiques; Premium Times; Royaume-Uni – Home Office; The Washington Post.



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