Réponses aux demandes d'information

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3 novembre 2021

NGA200796.EF

Nigéria : information sur la situation des opposants politiques, y compris le Parti démocratique populaire (People's Democratic Party – PDP), et le traitement qui leur est réservé par les autorités et la société; la protection offerte par l'État (2019–octobre 2021)

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada

1. Aperçu

Selon l'Indice de transformation de la Fondation Bertelsmann de 2020 (Bertelsmann Stiftung's Transformation Index 2020 – BTI 2020), qui [traduction] « évalue la transition vers la démocratie et l'économie de marché ainsi que la qualité de la gouvernance dans 137 pays », il y a deux partis politiques « socialement ancrés » au Nigéria : le PDP et le Congrès des progressistes (All Progressives Congress – APC) (Bertelsmann Stiftung 2020, 2, 11). D'après le rapport de 2021 de Freedom House, bien que les élections au Nigéria permettent aux partis d'opposition d'accéder au pouvoir, ce sont l'APC et le PDP qui détiennent [traduction] « la plupart » des mandats électifs (Freedom House 3 mars 2021, sect. B2). Le BTI 2020 signale également que les partis politiques enregistrés n'ont pas de [traduction] « fondement idéologique solide » et qu'il n'y a pas de divergences idéologiques majeures entre l'APC et le PDP (Bertelsmann Stiftung 2020, 12, 26).

D'après Freedom House, [traduction] « [l]es choix politiques des citoyens demeurent entravés ou compromis par l'achat de votes et l'intimidation, par l'influence de puissants intérêts économiques nationaux et internationaux, et par la domination locale de groupes militaires ou de groupes armés illégaux dans certaines régions du pays » (Freedom House 3 mars 2021, sect. B3). La même source ajoute que [traduction] « les politiciens et les partis misent souvent sur les allégeances ethniques des électeurs » (Freedom House 3 mars 2021, sect. B4). Selon le BTI 2020, l'APC et le PDP reposent [traduction] « sur des réseaux de longue date rattachés à la vieille classe politique » (Bertelsmann Stiftung 2020, 26). Freedom House signale que de [traduction] « [r]iches commanditaires politiques » ou des « "parrains" » soutiennent des candidats qui se serviront de leur poste politique pour « enrichir davantage leurs commanditaires » (Freedom House 3 mars 2021, sect. B3). Selon un article de la BBC, il est reconnu que les commanditaires politiques sont des [traduction] « parrains » qui se servent de leur fortune et de leur influence pour faire élire leurs « filleuls » (BBC 4 févr. 2019). La BBC ajoute que dans l'Akwa Ibom, l'État producteur de pétrole le plus important du pays, le [traduction] « parrain » de cet État a changé de camp pour se joindre à l'APC, et on s'attendait à ce que son changement d'allégeance rapporte « plus de 300 000 électeurs à l'APC », ce qui était perçu comme étant « crucial » pour les espoirs électoraux du parti dans cet État; l'article précise aussi que le parrain s'est servi de ressources de l'État pour s'assurer que son candidat préféré gagnerait, notamment en bloquant l'accès aux sites des élections primaires (BBC 4 févr. 2019). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un chercheur au département d'histoire militaire de l'Université de l'armée nigériane Biu a déclaré que les membres des partis de l'opposition politique au Nigéria se trouvent dans une [traduction] « position difficile », car elles ont un « accès réduit » au pouvoir (chercheur 30 sept. 2021).

Selon un rapport sur les élections générales de 2019 au Nigéria, préparé par la mission d'observation électorale de l'Union européenne (UE), il y avait 91 partis politiques enregistrés et [traduction] « 73 candidats à la présidence, 1 899 candidats aux 109 sièges du Sénat, et 4 680 candidats aux 360 sièges de la Chambre des représentants » et, pour ce qui est des élections d'État, « il y avait 1 046 candidats aux 29 postes de gouverneurs, et 14 609 candidats aux 991 sièges des assemblées d'État » (UE 2019, 19). D'après des sources, en février 2020, la Commission électorale nationale indépendante (Independent National Electoral Commission – INEC) a rayé 74 partis politiques des registres en raison [traduction] « de leur incapacité à gagner l'appui d'un nombre suffisant d'électeurs et de leur manque de représentation à l'échelle nationale » (Freedom House 3 mars 2021, sect. B1) ou de leur défaut de se conformer aux exigences prévues par la loi (É.-U. 30 mars 2021, 27; This Day 17 févr. 2020).

2. Élections de 2019

D'après la mission d'observation électorale, les élections générales de 2015 ont entraîné un changement démocratique du parti au pouvoir pour la première fois avec la victoire de l'APC sur le PDP, qui était au pouvoir depuis 16 ans (UE 2019, 10). Dans un rapport sur le Nigéria du Service de recherche du Congrès (Congressional Research Service) des États-Unis, on peut lire que [traduction] « [l]es élections déclenchent souvent des explosions de violence, car les mandats politiques à tous les niveaux de gouvernement donnent accès aux revenus pétroliers et à d'autres ressources de l'État » (É.-U. 18 sept. 2020, 3). Selon un rapport de 2018 préparé par la Banque mondiale en collaboration avec le Bureau national de la statistique (National Bureau of Statistics – NBS) du Nigéria, entre chacune des trois différentes zones géopolitiques visées par l'enquête, soit le Nord-Est, le Centre-Nord et le Sud-Sud, il y avait [traduction] « d'énormes différences dans les principales causes de conflit pour ce qui est du plus récent incident [conflictuel] » vécu par les ménages sondés, le Sud-Sud affichant les plus hauts pourcentages de violence attribuée à « l'ethnicité, la politique ou la religion », soit 9 p. 100 des incidents dans les ménages et 14 p. 100 des incidents dans la communauté (Banque mondiale et NBS du Nigéria 2018, 2, 31-32). D'après les Country Reports on Human Rights Practices for 2020 publiés par le Département d'État des États-Unis, les résultats de l'élection présidentielle de février 2019 étaient [traduction] « crédibles malgré les problèmes logistiques, les violences localisées et quelques irrégularités » (É.-U. 30 mars 2021, 1). Selon Freedom House, le président Buhari de l'APC a été réélu avec 53 p. 100 des voix, le candidat du PDP a reçu 39 p. 100 des voix, et les autres candidats ont recueilli les 8 p. 100 restants (Freedom House 3 mars 2021, sect. A1). La mission d'observation électorale a affirmé que, durant les élections de 2019, [traduction] « [d]ans l'ensemble, les partis et les candidats ont été en mesure de mener leurs campagnes, et les libertés de réunion, d'expression et de mouvement ont été généralement respectées » (UE 2019, 21).

Toutefois, la mission d'observation électorale a signalé que [traduction] « quelques » rassemblements de l'opposition n'avaient pas été autorisés : le PDP a « prétendu » que sa réservation d'une salle à Abuja pour la clôture de sa campagne présidentielle avait été annulée parce que la salle appartenait au gouvernement fédéral, et « l'APC dans l'Akwa Ibom et le PDP dans l'Ekiti et le Kano » ont subi des perturbations lorsque la tenue de leurs rassemblements a été refusée, puis autorisée plus tard (UE 2019, 21). La même source fait remarquer que la rhétorique électorale est devenue [traduction] « menaçante par moments » et que, lors d'un rassemblement tenu le 10 février 2019 à Zamfara, le président a déclaré : « "je veux que tous aient l'estomac plein, même si nous devons causer des dérangements ou passer à l'attaque" » (UE 2019, 23). Dans un article paru dans le Sun, un quotidien nigérian, on peut lire que, à la veille des élections de 2019, il y a eu de [traduction] « légers affrontements » entre le PDP et l'APC, notamment de « fréquents » « incidents de destruction d'affiches et de panneaux », ainsi que des actes de violence dans la zone de gouvernement local d'Ikwo le 23 février 2019 « lorsque des partisans du PDP et de l'APC se sont affrontés », faisant deux morts et trois blessés (The Sun 5 mars 2019). D'après un article publié dans le journal nigérian This Day, un représentant du Centre opérationnel stratégique de la société civile du Nigéria (Nigeria Civil Society Situation Room – Situation Room) [1] a signalé, sans identifier les acteurs à l'origine des incidents, que [traduction] « "les élections ont été entachées par des actes de violence, des défaillances en matière de sécurité et des cas d'excès de zèle" » (This Day 26 févr. 2019). Un rapport de Human Rights Watch (HRW) signale que, selon un témoin à Gama, lors des élections supplémentaires, des [traduction] « hommes de main » menaçaient les gens aux bureaux de scrutin s'ils votaient en faveur du PDP; des témoins ont aussi fait état de cas de violence à l'endroit de partisans du PDP à des bureaux de scrutin à Dala et à Gama, y compris un homme qui a reçu un coup de poing au visage, une femme qui a reçu une gifle, et un autre homme qui « dit avoir évité de justesse de se faire poignarder à son bureau de vote parce qu'il est un partisan connu du PDP » (HRW 10 juin 2019). Le rapport de HRW signale également que, [traduction] « [m]algré les affirmations de la police concernant les mesures de sécurité accrues mises en place pour assurer le déroulement pacifique du scrutin, la police ne semble pas avoir réagi, ou très peu, aux plaintes de menaces et d'actes de violence commis par des hommes de main politiques et des soldats contre des électeurs et du personnel électoral » (HRW 10 juin 2019). La même source fait aussi observer que, à Abonnema dans l'État de Rivers, après qu'un soldat eut été tué le jour des élections, les soldats se sont mis à arrêter et à détenir des résidents et à tirer sur eux (HRW 10 juin 2019).

Dans un article de Timothy Onimisi [2] et d'Omolegbe Leah Tinuola [3] publié dans le Malaysian Journal of Social Sciences and Humanities (MJSSH), on peut lire que [traduction] « les élections générales de 2019 au Nigéria ont débouché sur un des processus post-électoraux les plus violents jamais constatés au pays, car plus de 70 personnes ont perdu la vie pendant et après cet exercice » (Onimisi et Tinuola juin 2019, 107). La même source ajoute ceci :

[traduction]

les élections ont été marquées par des vols de boîtes de scrutin, des incendies de propriétés, dont les bureaux [de l'INEC] où étaient conservés des documents confidentiels et non confidentiels destinés aux élections, des incendies de maisons appartenant à des aspirants politiques importants, ainsi que des blessures de divers degrés de gravité (Onimisi et Tinuola juin 2019, 107).

D'après un rapport de l'Institut des États-Unis pour la paix (US Institute of Peace – USIP) [4], [traduction] « la rivalité entre l'APC et le PDP demeure intense » et, dans l'État de Rivers, qui est un des principaux producteurs de pétrole, cette concurrence « est à l'origine d'une violence persistante, notamment en période d'élections » (USIP 5 déc. 2018). Selon SBM Intelligence (SBM), une [traduction] « plateforme de renseignements géopolitiques » nigériane (SBM s.d.), du 16 novembre 2018 au 10 mars 2019, 55 personnes ont perdu la vie dans l'État de Rivers en raison de la violence liée aux élections (SBM 13 mars 2019). Le même rapport précise que l'élection présidentielle de 2019 a entraîné la mort de 54 personnes, et que l'État de Borno recensait le plus grand nombre de victimes, soit 17, suivi de l'État de Rivers, qui en comptait 16 (SBM 13 mars 2019).

3. Traitement réservé aux opposants politiques par les autorités

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu de renseignements sur le traitement réservé aux opposants politiques par les autorités.

D'après les Country Reports on Human Rights Practices for 2019 publiés par le Département d'État des États-Unis, la Commission contre les délits économiques et financiers (Economic and Financial Crimes Commission – EFCC) du Nigéria faisait l'objet [traduction] « [d']allégations de motivations partisanes » parce qu'elle avait arrêté des membres de l'opposition politique (É.-U. 11 mars 2020, 28). Selon un article du Vanguard, un quotidien nigérian, les administrateurs du PDP [traduction] « ont averti [l'EFCC] de ne pas harceler les partis d'opposition et leurs responsables » (Vanguard 25 mai 2021). En faisant référence à cet article du Vanguard, le chercheur a affirmé que les membres de l'opposition disent faire l'objet de [traduction] « mesures extrajudiciaires » (chercheur 30 sept. 2021).

3.1 Traitement réservé au PDP par les autorités

Selon le Political Handbook of the World 2018-2019, le PDP est né en 1998 du regroupement de plus de 60 organisations et dirigeants, y compris [traduction] « des chefs traditionnels, des gens d'affaires, des universitaires et un solide contingent de généraux à la retraite » (Political Handbook of the World 2019, 18). Le BTI 2020 précise que le PDP [traduction] « a dominé » les élections fédérales et étatiques à partir du début du processus de rétablissement de la démocratie en 1999 jusqu'à « la victoire écrasante » de l'APC en 2015 (Bertelsmann Stiftung 2020, 11).

On peut lire dans le Vanguard que, d'après le PDP, [traduction] « des hommes de main politiques prétendument recrutés par l'[APC] » ont agressé des partisans du PDP pendant l'élection du gouverneur de l'État d'Edo, entre autres lors d'un incident à Ekpe où, selon le secrétaire chargé de la publicité dans l'État d'Edo pour le PDP, des membres et des partisans du PDP ont été agressés; 11 personnes ont été blessées par des individus qui se trouvaient « apparemment dans l'escorte du candidat de l'APC au poste de gouverneur lorsque l'incident est survenu » (Vanguard 31 août 2020). Selon un article publié par Sahara Reporters, [traduction] « une communauté virtuelle de journalistes internationaux et de militants sociaux » qui présentent leurs reportages d'un point de vue nigérian et africain (Sahara Reporters s.d.), un employé de la Société de radiodiffusion de l'État de Bayelsa (Bayelsa State Broadcasting Corporation) et quatre partisans du PDP ont été tués à un rassemblement électoral du PDP à Nembe Ogolomabiri par des « hommes de main soupçonnés d'être associés à [l'APC] » (Sahara Reporters 13 nov. 2019). D'après un article paru dans le Premium Times, [traduction] « une organisation médiatique nigériane à Abuja qui a pour mission de contribuer au renforcement de la démocratie au Nigéria » (Premium Times s.d.), le gouverneur sortant de l'État de Bayelsa, affilié au PDP, [traduction] « a soutenu » que, durant l'élection du gouverneur de son État, 12 membres du PDP ont été assassinés et 10 autres résidents ont été tués aux bureaux de scrutin (Premium Times 3 déc. 2019). Au sujet du même incident, le Vanguard signale qu'il y a eu 21 morts et que, d'après le rapport d'une commission d'enquête sur cet incident, 195 personnes ont subi des blessures et il y a eu 350 plaintes de vandalisme (Vanguard 24 janv. 2020).

3.2 Autres partis d'opposition

Le Handbook explique que la Grande Alliance progressiste (All Progressive Grand Alliance - APGA) a été créée en 2002 et que, même si elle a initialement pris part aux négociations menant à la création de l'APC, elle a refusé de se joindre au regroupement (Political Handbook of the World 2019, 20–21). La même source précise que l'APGA a remporté cinq sièges à la Chambre aux élections de 2015 et que deux autres partis, le Parti travailliste (Labour Party) et le Parti social-démocrate (Social Democratic Party – SDP), ont chacun remporté un siège à ces élections (Political Handbook of the World 2019, 21). Selon Freedom House, l'APGA a obtenu 10 sièges aux élections législatives de 2019 (Freedom House 3 mars 2021, sect. A2). Selon un article publié en août 2021 par le Daily Post, un journal quotidien nigérian, environ 5 000 membres du PDP, de l'APGA et de l'Alliance pour l'action (Action Alliance – AA) ont abandonné leur parti pour se joindre à l'APC dans l'État d'Imo (Daily Post 1er août 2021). Des sources affirment que des hommes armés ont incendié la voiture d'un dirigeant de la campagne du candidat de l'APGA au poste de gouverneur de l'État d'Anambra (Vanguard 27 sept. 2021; The Punch 28 sept. 2021). D'après des sources, en octobre 2021, des hommes armés ont attaqué un local où on se préparait à tenir un rassemblement électoral de l'APGA dans l'État d'Anambra, et les forces de police et de sécurité ont défendu les membres de l'APGA (The Guardian 13 oct. 2021; Vanguard 13 oct. 2021); l'attaque a fait [traduction] « au moins six » morts et « plusieurs » blessés (Vanguard 13 oct. 2021).

4. Mouvement islamique du Nigéria (Islamic Movement in Nigeria – IMN)

Selon un rapport de renseignements sur le Nigéria préparé par le ministère des Affaires étrangères et du Commerce (Department of Foreign Affairs and Trade – DFAT) de l'Australie, l'IMN est [traduction] « une organisation politique musulmane chiite qui milite pour la création au Nigéria d'un État islamique similaire au régime iranien » et ne reconnaît pas le gouvernement nigérian; l'IMN reconnaît seulement le cheik Zakzaky comme source d'autorité « légitime » (Australie 3 déc. 2020, paragr. 3.36). Dans ce rapport, on peut aussi lire que le gouvernement a banni l'IMN en juillet 2019, interdisant les réunions et autres activités de l'IMN (Australie 3 déc. 2020, paragr. 3.41). D'après les Country Reports 2020, en 2015, l'armée nigériane a tué 347 membres de l'IMN et d'autres civils et, durant des [traduction] « affrontements » entre l'armée nigériane et des manifestants de l'IMN à Abuja en octobre et en décembre 2018, « au moins » 42 personnes ont été tuées (É.-U. 30 mars 2021, 3).

5. Protection offerte par l'État

Le chercheur a déclaré que la Force policière nigériane (Nigeria Police Force - NPF) reçoit de l'argent à la fois de l'APC et du PDP; toutefois, pendant les élections, [traduction] « l'échelon supérieur de la NPF pourrait dans certains cas être perçu comme un instrument d'intimidation [envers] l'opposition. Cela se produit principalement durant les élections. Il est connu que les administrations en place se servent des ressources de l'État pour payer la police et d'autres forces de sécurité pour qu'elles interviennent dans le déroulement des élections » (chercheur 30 sept. 2021). Selon un rapport de l'Institut d'études de sécurité (ISS), une organisation africaine à but non lucratif qui fournit des analyses, des formations et de l'assistance aux gouvernements et à la société civile (ISS s.d.), l'inspecteur général de la police, les chefs militaires et les autres chefs des forces de sécurité sont nommés par le président et [traduction] « peuvent être démis de leurs fonctions à volonté », les agents responsables de la sécurité et des forces de l'ordre étant perçus « comme fidèles au gouvernement en place, et comme des instruments pour intimider et harceler les adversaires » (ISS 4 mars 2019). D'après les Country Reports 2019, [traduction] « [l]es autorités n'ont pas toujours veillé à ce que les membres de la police, de l'armée et des autres forces de sécurité aient à rendre des comptes pour leur recours à la force excessive ou mortelle, ou pour la mort de personnes sous leur garde » (É.-U. 11 mars 2020, 2). Le même rapport signale également, au sujet des élections de 2019, [traduction] « [qu']il est établi que les forces militaires et les services de sécurité ont intimidé des électeurs, des responsables électoraux et des observateurs », et que la violence électorale dans « plusieurs » États confirme la conception que « l'armée est un instrument du parti au pouvoir dans de nombreuses régions du pays, particulièrement dans le Sud » (É.-U. 11 mars 2020, 26).

Selon le rapport du DFAT, même si la NPF est [traduction] « un des plus grands corps policiers au monde », il lui manque 155 000 agents pour répondre à la norme d'un policier par tranche de 400 résidents recommandée par les Nations Unies, et les « contraintes de capacité » font en sorte qu'il lui est difficile de lutter contre la violence (Australie 3 déc. 2020, paragr. 5.2, 5.9). On peut également lire dans le rapport du DFAT que les forces de l'ordre du Nigéria, y compris la NPF, les Forces armées nigérianes (Nigerian Armed Forces – NAF) et le ministère des Services publics (Department of State Services – DSS), sont administrées à l'échelon fédéral, et que, dans les zones affichant des taux de violence élevés, les services de police communautaires sont [traduction] « couramment » assurés par l'armée (Australie 3 déc. 2020, paragr. 5.1, 5.2). Le chercheur a affirmé que, peu importe leur parti politique, tous les politiciens reçoivent la protection de la NPF (chercheur 30 sept. 2021).

6. Liberté d'expression

Selon le rapport du DFAT, les administrations locales et les gouvernements d'État se servent de la loi sur la cybercriminalité (Cybercrimes Act), adoptée en 2015, pour [traduction] « arrêter des opposants et des détracteurs, y compris des journalistes »; en juin 2020, le créateur d'un site Internet de nouvelles a été arrêté et accusé au titre de cette loi en raison de ses reportages « sur le prétendu effondrement d'un centre d'isolement des personnes atteintes de la COVID-19 dans l'État de Kogi » et, s'il est déclaré coupable, il risque « jusqu'à trois ans d'emprisonnement et une amende maximale de sept millions de nairas » (NGN) [21 000 $ CAN] (Australie 3 déc. 2020, paragr. 3.71). D'après un article d'Amnesty International, les organismes des forces de l'ordre ne protègent pas le droit à la liberté d'expression, et les autorités ont répondu par la violence et les menaces [version française d'Amnesty International] « aux personnes et aux groupes qui exprimaient des opinions dissidentes », « mettant ainsi en danger les vies des personnes qui osent critiquer les autorités, les personnes au pouvoir ou les institutions » (Amnesty International 31 mai 2021). De plus, dans son rapport 2020-2021 sur la situation des droits humains dans le monde, Amnesty International signale que, en août 2020, le gouvernement fédéral a modifié le code de l'audiovisuel [Nigeria Broadcasting Code] de manière à augmenter les amendes encourues pour [version française d'Amnesty International] « "discours de haine" » et, en octobre 2020, la Commission nationale de régulation des médias (Nigerian Broadcasting Commission) a infligé des amendes à des chaînes de télévision pour leur couverture des manifestations du mouvement #EndSARS [5] (Amnesty International 7 avr. 2021, 271). Selon des sources, en 2019, le projet de loi de 2019 sur la protection contre le mensonge et la manipulation sur Internet (Internet Falsehood and Manipulation Bill, 2019) a été présenté (Al Jazeera 18 déc. 2019; HRW 26 nov. 2019; The Guardian 22 nov. 2019); le projet de loi prévoit des amendes ou des peines d'emprisonnement maximales de trois ans pour l'infraction consistant à faire des déclarations sur les réseaux sociaux [traduction] « "qui risquent de porter atteinte à la sécurité nationale" ou "qui pourraient affaiblir la confiance du public" à l'endroit du gouvernement du Nigéria » (Al Jazeera 18 déc. 2019; HRW 26 nov. 2019). Selon une analyse réalisée en novembre 2020 par le Centre de défense législative de la société civile (Civil Society Legislative Advocacy Centre – CISLAC), une ONG nigériane ayant pour mission de [traduction] « renforcer le lien entre la société civile et l'assemblée législative » grâce à la défense des intérêts et au renforcement des capacités (CISLAC s.d.), le projet de loi de 2019 sur la protection contre le mensonge et la manipulation sur Internet avait franchi l'étape de la deuxième lecture au Sénat en novembre 2019 et était [traduction] « [e]n attente du rapport du comité » (CISLAC 13 nov. 2020). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement additionnel sur l'adoption et la mise en œuvre de ce projet de loi. Dans un rapport de 2019, le Haut-Commissariat aux droits de l'homme (HCDH) signale que le gouvernement [version française des Nations Unies] « devrait […] garantir que […] la législation pénale, notamment les dispositions relatives aux discours de haine, ne soit pas utilisée abusivement contre les journalistes, les membres de l'opposition politique et les autres personnes critiques à l'égard du Gouvernement » (Nations Unies 29 août 2019, paragr. 47).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Notes

[1] La Salle d'opérations de la société civile du Nigéria (Nigeria Civil Society Situation Room – Situation Room) est composée de [traduction] « plus de 70 » organisations de la société civile et a pour but « d'améliorer la coordination au sein de la société civile et d'assurer une participation constructive et proactive au processus électoral » (Situation Room s.d.).

[2] Timothy Onimisi est chargé de cours au département de science politique à l'Université fédérale de Lokoja au Nigéria, et ses recherches portent notamment sur la politique publique, les élections, le gouvernement et la politique au Nigéria, ainsi que les relations internationales (Federal University Lokoja s.d.).

[3] Omolegbe Leah Tinuola est chargée de cours principale au département des arts et des sciences sociales de la Polytechnique de l'État de Kogi à Lokoja (Nigerian Tribune 24 sept. 2021).

[4] L'Institut des États-Unis pour la paix (United States Institute of Peace – USIP) est un [traduction] « institut national indépendant non partisan » fondé et financé par le Congrès des États-Unis, qui œuvre à l'étranger pour prévenir et faire cesser les conflits (USIP s.d.).

[5] Les manifestations du mouvement #EndSARS au Nigéria visaient à dénoncer la Brigade spéciale de répression des vols (Special Anti-Robbery Squad - SARS), [version française d'Amnesty International] « une unité de police tristement célèbre pour ses violations des droits humains »; ces manifestations ont fait 56 morts et ont abouti à la dissolution de la SARS (Amnesty International 7 avr. 2021, 21).

Références

Al Jazeera. 18 décembre 2019. Timileyin Omilana. « Nigerians Raise Alarm over Controversial Social Media Bill ». [Date de consultation : 29 sept. 2021]

Amnesty International. 31 mai 2021. « Nigeria: #TalkYourTruth - A Campaign to Secure the Right to Freedom of Expression ». [Date de consultation : 27 sept. 2021]

Amnesty International. 7 avril 2021. « Nigeria ». Amnesty International Report 2020/21: The State of the World's Human Rights. [Date de consultation : 17 sept. 2021]

Australie. 3 décembre 2020. Department of Foreign Affairs and Trade (DFAT). DFAT Country Information Report: Nigeria. [Date de consultation : 20 sept. 2021]

Banque mondiale et National Bureau of Statistics (NBS) of Nigeria. 2018. Abul Azad, Emily Crawford et Heidi Kaila. Conflict and Violence in Nigeria: Results from the North East, North Central, and South South Zones. [Date de consultation : 17 oct. 2021]

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Autres sources consultées

Sources orales : African Center for Conflict Transformation; analyste politique au Nigéria; Centre for Democracy and Development; Civil Liberties Organisation; Civil Resource Development and Documentation Centre Nigeria; Human Rights and Justice Group International; Ibadan School of Government and Public Policy; Policy and Legal Advocacy Centre; professeur de science politique dans une université nigériane.

Sites Internet, y compris : Allemagne – Federal Office for Migration and Refugees; All Progressives Congress; Belgique – Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides; Brookings Institution; Center for Strategic and International Studies; Commonwealth Local Government Forum; Danemark – Danish Immigration Service; ecoi.net; États-Unis – US Agency for International Development, CIA; Fédération internationale pour les droits humains; France – ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, Office français de protection des réfugiés et apatrides; Global Centre for the Responsibility to Protect; International Crisis Group; International Foundation for Electoral Systems; Jane's Country Risk Daily Report; Journal of Culture, Society and Development; Metro Times Nigeria; Metro Daily Nigeria; Minority Rights Group International; NaijaNews.com; Nations Unies – Conseil de sécurité, Haut-Commissariat pour les réfugiés, Bureau de la coordination des affaires humanitaires, Refworld; The New Humanitarian; News Express; Nigéria – Federal Ministry of Information and Culture, State House; Open Political Science; Organisation suisse d'aide aux réfugiés; Pays-Bas – Ministry of Foreign Affairs; People's Democratic Party; Royaume-Uni – Home Office; SAGE Journals; Suisse – Secrétariat d'État aux migrations; Transparency International; Union européenne – European Asylum Support Office; University of Central Arkansas.



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