Réponses aux demandes d'information

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2 septembre 2021

NAM200737.EF

Namibie : information sur les traditions et les pratiques des Himba [Omuhimba (singulier), Ovahimba (pluriel)], groupe ethnique des Ovahéréro, y compris sur les pratiques sexuelles et la polygamie; endroit où ils se trouvent en Namibie; protection offerte par l’État (2019-août 2021)

Direction des recherches, Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada

1. Himba

Selon des sources, les Himba sont un peuple pasteur [[traduction] « semi-nomade » (MRG s.d.)] résidant dans le Nord-Ouest de la Namibie (MRG s.d.; Scelza s.d.), au Kaokoland, dans la région de Kunéné (Scelza s.d.). Des sources remarquent que les Himba parlent héréro (MRG s.d.) ou otjihimba, un dialecte héréro (Scelza s.d.). Des sources estiment que la population himba est de 20 000 (Scelza s.d.) ou 25 000 personnes (MRG s.d.). Toutefois, Minority Rights Group International (MRG) souligne qu’il [traduction] « n’existe aucun chiffre fiable » concernant la population himba (MRG s.d.). La même source signale que l’isolement des Himba leur a permis de mieux préserver leur culture et leurs traditions que les autres peuples héréro ailleurs en Namibie (MRG s.d.).

Un article paru dans le Namibian, un quotidien national, décrit les Himba comme [traduction] « une tribu connue pour la peau distinctement colorée à l’ocre rouge de ses membres, leurs coiffures élaborées et leur mode de vie persistant » (The Namibian 28 avr. 2020). De même, la BBC remarque que les Himba sont [traduction] « connus pour leurs tresses rouges emmêlées » qui sont faites avec un mélange de gras animal, de cendre et d’ocre (BBC 31 août 2017).

2. Pratiques sexuelles et polygamie

Selon des sources, les Himba sont polygames (The Guardian 20 févr. 2018) ou pratiquent la polygynie (Scelza s.d.). La BBC a écrit qu’un himba chef de village a quatre épouses et dix-neuf enfants (BBC 31 août 2017). The Guardian, un quotidien nigérian, souligne que lorsqu’une fille atteint la puberté, elle est mariée à un partenaire choisi par son père (The Guardian 20 févr. 2018). Dans une étude de Brooke Scelza et al. [1] sur les habitudes reproductives des Himba s’appuyant sur des entrevues démographiques menées entre 2010 et 2017 à Omuhonga et qui a été publiée en 2020 dans la revue Science Advances de l’Association américaine pour l’avancement des sciences (American Association for the Advancement of Science), on peut lire que

[traduction]

[l]es mariages sont arrangés par les parents chez les Himba, mais les « mariages d’amour » sont courant, en particulier après le premier mariage. La polygynie est courante, mais le divorce l’est aussi, ce qui signifie que la majorité des adultes himba sont mariés à plus d’une personne au cours de leur vie (successivement ou simultanément). Les hommes se marient plus tard que les femmes. Les hommes se marient pour la première fois vers la fin vingtaine, mais c’est habituellement avec une épouse enfant (Scelza, et al. 19 févr. 2020, 4).

Un article de New Era Publication Corporation (NEPC), une société d’édition qui appartient au gouvernement de la Namibie et qui publie des quotidiens et du contenu en ligne (NEPC s.d.), signale que selon le conseiller de la circonscription de Sesfontein, au Kunéné, [traduction] « “il est très rare” » qu’un Himba épouse quelqu’un de l’extérieur de sa communauté et, par conséquent, le mariage d’enfants est « répandu » chez les Himba (26 févr. 2018). La même source souligne également que [traduction] « la région de Kunéné a un des plus hauts taux de grossesses chez les adolescentes » (NEPC 26 févr. 2018). Selon le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), de 2005 à 2019, 7 p. 100 des enfants étaient déjà mariés à l’âge de 18 ans en Namibie (Nations Unies s.d.). Dans une vidéo de la Namibian Broadcasting Corporation (NBC), une femme Himba affirme s’être enfuie de chez elle alors qu’elle était enfant pour se soustraire à un mariage arrangé (NBC 8 avr. 2018). Dans l’article de la NEPC, on peut lire qu’une fille de 8 ans a été mariée à un homme de 56 ans qui avait une autre épouse (NEPC 26 févr. 2018). Au cours d’une entrevue avec le Namibian, une Himba a affirmé que les filles [traduction] « sont encore mariées à un jeune âge » et elles sont « même » mariées avant leur dixième anniversaire en raison des fortes croyances culturelles et de « l’influence de certains des époux » (The Namibian 26 mai 2016). Selon une fille himba interviewée par le Namibian, des filles [traduction] « d’à peine » 12 ans sont mariées à des hommes plus âgés qui les font ensuite tomber enceintes (The Namibian 26 mai 2016). Par contre, Scelza et al. signalent que les mariages d’enfants ne sont [traduction] « pas consommés et la cohabitation ne commence habituellement pas » avant les premières menstruations de la mariée et « [m]ême alors, une proportion considérable de ces mariages ne se concrétise jamais » (Scelza, et al. 19 févr. 2020, 4).

Un article paru dans le Guardian en 2018 décrit la pratique appelée okujepisa omukazendu selon laquelle lorsqu’un visiteur vient à la maison, [traduction] « l’épouse est donnée à l’invité pour passer la nuit alors que l’époux dort dans une autre pièce » (20 févr. 2018). L’article ajoute que [traduction] « [l’]opinion de l’épouse compte peu ou ne compte pas dans la prise de décision » et que bien qu’elle puisse refuser d’avoir une relation sexuelle avec lui, elle doit rester dans la pièce avec l’invité (The Guardian 20 févr. 2018). Selon un article de la NEPC, la pratique de l’okujepisa est [traduction] « un instrument culturel de réhabilitation, d’hospitalité, de services sociaux et de partage d’information » et qu’il est à la discrétion de l’épouse d’avoir ou pas une relation sexuelle avec l’invité (NEPC 5 juin 2020). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une défenseure des droits de la personne et coordonnatrice de projet pour Sister Namibia, une publication [traduction] « pilotée par des militantes » qui s’intéresse principalement à l’action collective et à l’émancipation des femmes (Sister Namibia 16 oct. 2020), a écrit en réponse à des questions au sujet des pratiques sexuelles du groupe ethnique des Ovahimba qu’il y a des [traduction] « répercussions pour les personnes qui n’y participent pas, y compris être ostracisées, battues et harcelées, en particulier s’il s’agit de femmes en milieu rural sans l’autonomie financière pour insister sur une solution de rechange pour [elles-mêmes] » (défenseure des droits de la personne 17 août 2021).

Selon Scelza et al., sur 171 Himba mariés sondés aux fins de l’étude, 77 p. 100 des femmes et 85 p. 100 des hommes ont eu [traduction] « au moins un partenaire extraconjugal » (Scelza, et al. 19 févr. 2020, 2). La même source ajoute que 70 p. 100 des couples mariés avaient au moins un enfant dont le père n’était pas l’époux, y compris dans le cas des hommes polygames (Scelza, et al. 19 févr. 2020, 2-3). Selon une étude de 2021 menée par Brooke Scelza, Sean Prall et Katherine Starkweather [2] publiée dans la revue spécialisée Social Sciences et s’appuyant sur des données amassées au cours d’une étude sur 10 ans des relations au sein d’une communauté himba,

[traduction]

les femmes ont d’importantes libertés associées à la prise de décisions en matière de reproduction. Bien que les mariages arrangés soient courants pour les premiers mariages, les mariages d’amour – où les partenaires se choisissent et vont ensuite voir leur famille pour officialiser l’entente – constituent la majorité des deuxièmes mariages. Les femmes peuvent également facilement divorcer, et elles le font fréquemment. Une naissance hors des liens du mariage n’est généralement pas stigmatisée et des normes sont en place pour désigner un « père social » pour cet enfant (Scelza, et al. 17 mai 2021, 5, 7).

Toutefois, selon l’étude de 2020 de Scelza et al., bien qu’il soit courant d’avoir des relations conjugales et extraconjugales, il y a des [traduction] « risques associés à ces relations », y compris la « jalousie sexuelle » et les « préjudices physiques » (Scelza, et al. 19 févr. 2020, 2).

3. Protection offerte par l’État

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu de renseignements sur la protection offerte par l’État aux Himba qui refusent les relations polyamoureuses et les mariages multiples et qui refusent de participer à des pratiques sexuelles himba.

Dans un article paru dans le Namibian on peut lire que selon le sous-commissaire coordonnateur des enquêtes criminelles de la police d’Opuwo, bien que le mariage d’enfants soit illégal, en raison des traditions des Himba et de l’absence de coopération des parents, il est difficile pour la police d’arrêter qui que ce soit (The Namibian 26 mai 2016). La défenseure des droits de la personne a écrit ceci :

[traduction]

À ma connaissance, l’État n’offre aucune protection particulière au-delà de la promesse de base concernant le droit de poursuivre en justice une personne qui vous harcèle, mais le protocole de l’État et les niveaux extrêmes de rejet du blâme sur la victime à tous les échelons de la bureaucratie rendent cette promesse impossible à réaliser en pratique, en particulier pour les femmes de milieux ruraux ou les personnes qui, pour des raisons financières, n’ont pas l’autonomie requise (défenseure des droits de la personne 17 août 2021).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.

Notes

[1] Brooke Scelza est une professeure d’anthropologie à l’Université de Californie à Los Angeles (University of California at Los Angeles – UCLA) qui étudie les Himba (UCLA s.d.).

[2] Sean Prall est un professeur adjoint d’anthropologie de l’Université du Missouri qui étudie les Himba depuis 2016 (University of Missouri s.d.). Katherine Startweather est professeure auxiliaire d’anthropologie évolutionniste et stagiaire postdoctorale à l’Université du Nouveau-Mexique (The University of New Mexico s.d.).

Références

British Broadcasting Corporation (BBC). 31 août 2017. Pumza Fihlani. « Namibia’s Himba People Caught Between Traditions and Modernity ». [Date de consultation : 3 août 2021]

Défenseure des droits de la personne, Sister Namibia. 17 août 2021. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

The Guardian [Nigéria]. 20 février 2018. Njideka Agbo. « The Namibian Tribe Where Sex Is Offered to Guests ». [Date de consultation : 4 août 2021]

Minority Rights Group International (MRG). S.d. « Namibia: Himba ». World Directory of Minorities and Indigenous Peoples. [Date de consultation : 3 août 2021]

The Namibian. 28 avril 2020. Martha Mukaiwa. « Popular Travel Show Explores Himba Life and Food ». [Date de consultation : 3 août 2021]

The Namibian. 26 mai 2016. Nomhle Kangootui. « Opuwo’s Lonely Voice Against Child Marriages ». [Date de consultation : 10 août 2021]

Namibian Broadcasting Corporation (NBC). 8 avril 2018. « OvaHimba Cultural Village at Swakopmund Expected To Open Soon ». [Date de consultation : 1er sept. 2021]

Nations Unies. S.d. Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP). « Namibia ». World Population Dashboard. [Date de consultation : 23 août 2021]

New Era Publication Corporation (NEPC). 5 juin 2020. « Who Said Ovahimba Offer Free Sex? ». [Date de consultation : 17 août 2021]

New Era Publication Corporation (NEPC). 26 février 2018. « HIV Message Not Reaching Ovahimba Where It’s Needed Most ». [Date de consultation : 9 août 2021]

New Era Publication Corporation (NEPC). S.d. « About New Era Publication Corporation ». [Date de consultation : 20 août 2021]

Scelza, Brooke, et al. 19 février 2020. « High Rate of Extrapair Paternity in a Human Population Demonstrates Diversity in Human Reproductive Strategies ». Science Advances. Vol. 6, no 8. [Date de consultation : 2 sept. 2020]

Scelza, Brooke, Sean Prall et Katherine Starkweather. 17 mai 2021. « The Role of Spousal Separation on Norms Related to Gender and Sexuality Among Himba Pastoralists ». Social Sciences. Vol. 10, no 5. [Date de consultation : 3 août 2021]

Scelza, Brooke. S.d. « Himba Fieldsite in Namibia ». Arts and Humanities Research Council (AHRC) Culture and the Mind Project, University of Sheffield. [Date de consultation : 3 août 2021]

Sister Namibia. 16 octobre 2020. « About Sister Namibia ». [Date de consultation : 1er sept. 2021]

University of California at Los Angeles (UCLA). S.d. « Brooke Scelza ». [Date de consultation : 1er sept. 2021]

The University of New Mexico. S.d. « Katherine Starkweather ». [Date de consultation : 2 sept. 2021]

University of Missouri. S.d. « Sean Prall ». [Date de consultation : 2 sept. 2021]

Autres sources consultées

Sources orales : Legal Assistance Centre; Living Culture Foundation Namibia; Namibie – Ministry of International Relations and Cooperation; NamRights; National Museum of Namibia; Nations Unies – bureau national de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en Namibie; professeur d’anthropologie dans une université en Afrique du Sud qui étudie les femmes en Namibie depuis 30 ans; professeur d’anthropologie dans une université en Belgique qui effectue des recherches sur le Nord de la Namibie; professeur d’anthropologie dans une université en Californie qui travaille avec les Ovahimba depuis 2009; professeur d’anthropologie dans une université en Namibie; professeur d’ethnologie dans une université en Allemagne qui a mené des recherches sur la société himba; professeur de sociologie dans une université en Namibie.

Sites Internet, y compris : Al Jazeera; Amnesty International; Australie – Department of Foreign Affairs and Trade; Away to Africa; Belgique – Commissariat général aux réfugiés et apatrides; Bertelsmann Stiftung; Brookings Institution; Centre for Strategic and International Studies; Council on Foreign Relations; Danemark – Danish Immigration Service; ecoi.net; États-Unis – CIA, Department of State, Library of Congress; Deutsche Welle; Factiva; Fédération internationale pour les droits humains; France – Office français de protection des réfugiés et apatrides; Freedom House; The Guardian [R.-U.]; Human Rights Watch; International Crisis Group; Journal of Tourism, Culture and Territorial Development; Médecins sans frontières; Monkeys and Mountains Adventure Travel; Namibia Daily News; Namibia Focus; Namibia News Digest; The Namibia Press Agency; Namibian Sun; Namibie – Ministry of International Relations and Cooperation; Nations Unies – Comité pour l’élimination de la discrimination raciale, Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, Organisation mondiale de la santé, Programme des Nations Unies pour le développement, Refworld; Organisation suisse d’aide aux réfugiés; Pays-Bas – Ministry of Foreign Affairs; Political Handbook of the World; PsyArXiv; Pulse.ng; Reporters sans frontières; Royaume-Uni – Home Office; Transparency International; Union européenne – European Asylum Support Office; The Washington Post.



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