Mexique : information sur les femmes ayant un ancien partenaire qui se livre à des activités criminelles et les répercussions sur leur sécurité (2019-août 2021)
1. Aperçu
D’après le New York Times, les féminicides, [traduction] « le crime consistant à tuer une femme ou une fille en raison de son genre », ont augmenté de 10 p. 100 en 2019 par rapport à l’année précédente; le gouvernement du Mexique en a recensé 1 006 cas (The New York Times 19 févr. 2020). Selon La Jornada, un quotidien de Mexico, le procureur général du Mexique a déclaré que le taux de féminicides au Mexique avait augmenté de 137 p. 100 au cours des cinq dernières années, alors que les homicides avaient augmenté de 35 p. 100 pendant la même période (La Jornada 11 févr. 2020). Dans son rapport de 2020-2021 sur la situation des droits de la personne dans le monde, Amnesty International signale que les dénonciations des violences fondées sur le genre ont augmenté et que, en 2020, 969 des 3 752 meurtres de femmes ont fait l’objet d’enquêtes pour féminicide; de plus, il y a eu 260 067 appels aux services d’urgence pour signaler les cas de violence contre des femmes, comparativement à 197 693 pour l’année 2019 (Amnesty International 7 avr. 2021, 243, 244). Des sources soulignent qu’il y a un sous-signalement des féminicides au Mexique (CSIS 19 mars 2020; Milenio 22 janv. 2020). Au cours d’une entrevue avec InSight Crime, groupe de réflexion et média à but non lucratif qui s’intéresse au crime organisé en Amérique latine et dans les Caraïbes (InSight Crime s.d.), une militante qui a produit une carte nationale des féminicides au Mexique en se fondant sur des articles de presse et d’autres sources a déclaré que [traduction] « [b]on nombre des victimes de féminicides liés au crime organisé sont des femmes dont le partenaire frayait avec un groupe criminel ou en était la cible » (InSight Crime 8 juill. 2020).
D’après un article de Reuters paru en juillet 2020, dans le contexte du confinement lié à la pandémie de COVID-19, le nombre de femmes ayant recours aux refuges administrés par le Réseau national de refuges (Red Nacional de Refugios - RNR) a augmenté de 80 p. 100 (Reuters 24 juill. 2020). Dans un article publié en février 2021 dans El Financiero, un quotidien financier et économique de Mexico, on peut lire que le nombre de femmes ayant utilisé les services du RNR a augmenté de 300 p. 100 en 2020 par rapport à 2019 (El Financiero 4 févr. 2021). Des sources signalent également que la plupart des appels à l’aide reçus par les refuges provenaient de Mexico (Reuters 24 juill. 2020; El Financiero 4 févr. 2021), de l’État de Mexico et de Puebla (El Financiero 4 févr. 2021).
1.1 Violence envers la partenaire intime et culture du crime organisé
Selon Vision Mondiale Canada, une organisation de solidarité internationale qui lutte contre toutes les formes de pauvreté et d’injustice (World Vision Canada s.d.), les féminicides liés au crime organisé se produisent dans les régions où on constate la présence de [traduction] « la culture des gangs », dans laquelle les femmes sont « perçues comme étant jetables » et « peuvent servir à passer de la drogue », et la violence commise contre elles est un signe « de masculinité et de cohésion du gang » (Vision Mondiale Canada 17 nov. 2020). Au cours d’un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, un titulaire de doctorat en criminologie à l’Université de Toronto qui se spécialise dans la dynamique des groupes criminels organisés au Mexique a déclaré que la culture des [traduction] « milieux interlopes » du crime organisé est « très machiste, patriarcale et marquée par un courant très sexiste », et que les hommes qui ont une partenaire intime et qui sont impliqués dans le crime organisé perçoivent leur compagne comme « une chose qui leur appartient et n’est pas libre de sortir de la relation quand elle le souhaite » (titulaire de doctorat en criminologie 4 août 2021). La même source a dit que, aux yeux d’un individu mêlé au crime organisé, la différence entre une partenaire intime actuelle et une ancienne partenaire intime n’est pas toujours claire, et l’individu s’attend à ce que [traduction] « la dynamique de la relation de complicité, y compris la loyauté et le maintien du secret, perdure » après la rupture de la relation intime, de sorte que les partenaires intimes actuelles et anciennes, de même que d’autres membres de la famille, deviennent des « cibles légitimes » pour les groupes criminels rivaux (titulaire de doctorat en criminologie 4 août 2021). Au cours d’une entrevue réalisée par le journal mexicain El Universal, la militante mexicaine qui a produit la carte nationale des féminicides au Mexique a déclaré que les groupes criminels organisés tuent des femmes [traduction] « "à cause de leur sentiment de propriété. Ces femmes sont perçues comme étant des objets appartenant à leurs rivaux et, pour leur faire du tort, ils tuent leurs femmes" » (El Universal 3 mars 2020). Un article publié en mars 2020 par Noticaribe, un site de nouvelles de la péninsule du Yucatán, signale qu’une femme a été tuée à son domicile de Playa Del Carmen le 17 mars 2020 par des « sicarios », ou tueurs à gages, qui se sont introduits chez elle à la recherche de son époux, leur cible présumée, qui n’était pas à la maison (Noticaribe 17 mars 2020).
Au cours de l’entrevue réalisée par El Universal, la militante a déclaré que depuis qu’elle a commencé, en 2018, à dresser la carte des féminicides commis par les groupes criminels organisés, les chiffres sont [traduction] « en hausse »; elle a précisé que les États de Colima et de Mexico sont ceux où le plus grand nombre de féminicides ont été recensés (El Universal 3 mars 2020). D’après l’analyse d’InSight Crime fondée sur les données de la carte nationale des féminicides au Mexique, 405 cas de féminicides ont été enregistrés au début de la pandémie de COVID-19, entre le 16 mars 2020 et le 30 avril 2020, et 63 p. 100 d’entre eux étaient liés au crime organisé (InSight Crime 8 juill. 2020). Selon un rapport publié en décembre 2020 par l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU Femmes), l’Institut national des femmes (Instituto Nacional de las Mujeres - INMUJERES) du Mexique et la Commission nationale pour la prévention et l’éradication de la violence faite aux femmes (Comisión Nacional para Prevenir y Erradicar la Violencia contra las Mujeres - CONAVIM), de 2015 à 2019, il y a eu une hausse [traduction] « constante » de l’utilisation d’armes à feu dans les affaires de féminicides, et « un nouveau sommet de 57,1 p. 100 a été atteint en 2019 », en raison à la fois de l’accessibilité des armes à feu et de leur utilisation dans le crime organisé (Nations Unies et Mexique déc. 2020, 35-36). D’après l’entrevue réalisée par El Universal avec la militante, les femmes subissent les contrecoups de diverses facettes des activités du crime organisé, y compris la présence accrue des armes à feu, la toxicomanie et le trafic de drogue (El Universal 3 mars 2020). La même source souligne que l’assassinat de femmes par des groupes criminels rivaux est une tendance qu’on observe à Mexico, où sévit le cartel La Unión Tepito (El Universal 3 mars 2020). Selon le Conseil des relations étrangères (Council on Foreign Relations - CFR), un groupe de réflexion indépendant et non partisan et éditeur dans le domaine des affaires internationales qui a son siège aux États-Unis (CFR s.d.), [traduction] « en plus de la violence familiale infligée par leurs proches et leurs partenaires », les femmes et les filles risquent aussi de faire l’objet de trafic sexuel aux mains des groupes criminels organisés (CFR 12 mars 2020).
À l’inverse, l’Institut transfrontalier (Trans-Border Institute - TBI) de l’École Joan B. Kroc d’études sur la paix (Joan B. Kroc School of Peace Studies) à l’Université de San Diego, un institut qui se consacre aux questions touchant la population du Mexique et des États-Unis (Pulitzer Center s.d.), a publié en décembre 2017 un rapport analysant les tendances en matière de violence faite aux femmes dans les États de la Basse-Californie, de Veracruz et de Sinaloa, dans lequel on peut lire que l’accent mis par les autorités sur la violence criminelle en Basse-Californie [traduction] « cache le problème systémique de la violence familiale et sexuelle dans cet État, particulièrement à Mexicali » (TBI déc. 2017, 2). Selon le Centre d’études stratégiques et internationales (Center for Strategic and International Studies - CSIS), un organisme de recherche stratégique bipartisan à but non lucratif établi aux États-Unis (CSIS s.d.), plus de 40 p. 100 des victimes de féminicide au Mexique connaissaient leur agresseur (CSIS 19 mars 2020).
2. Capacité de trouver une ancienne partenaire
2.1 Motifs
Selon le titulaire de doctorat en criminologie, les femmes dont le partenaire intime est mêlé au crime organisé sont souvent perçues comme des complices et [traduction] « elles doivent prendre part, à divers degrés, à ses activités illicites, [que ce soit] en contribuant activement à la perpétration de crimes, ou en gardant le secret et en assurant un soutien minimal » (titulaire de doctorat en criminologie 4 août 2021).
Au cours d’un entretien avec la Direction des recherches, une chercheuse à l’Université nationale autonome du Mexique (Universidad Nacional Autónoma de México - UNAM) à Cuernavaca, dans l’État de Morelos, qui est aussi professeure, et dont les recherches portent principalement sur la violence faite aux femmes, la violence conjugale, le féminicide et l’accès des femmes à la justice et aux services au Mexique, a déclaré que, dans les affaires judiciaires où elle a témoigné à titre d’experte, elle a constaté que les femmes se trouvant dans les situations de violence conjugale [traduction] « les plus graves » tendaient à endurer la violence pendant très longtemps et quittaient leur partenaire seulement lorsqu’il menaçait la vie de leurs enfants, et que, à ce moment-là,
[traduction]
la violence aura dégénéré considérablement, ce qui peut aller jusqu’à des brûlures, la privation de nourriture, la séquestration, etc. Les femmes dans ces situations n’ont pas tendance à quitter leur partenaire, à moins de penser qu’elles peuvent le faire en toute sécurité ou qu’elles doivent absolument le faire, parce que si elles rentrent à la maison par la suite, la violence s’intensifie toujours (chercheuse 4 août 2021).
La même source a affirmé que, dans les cas où l’ancien partenaire est mêlé au crime organisé et où la femme est citée à témoigner par le tribunal parce qu’on croit qu’elle a été témoin d’un crime, la femme sera [traduction] « maintes fois prise pour cible par l’auteur du crime » (chercheuse 4 août 2021).
2.2 Moyens
Pour obtenir des renseignements sur la capacité et les moyens qu’ont les personnes impliquées dans des activités criminelles organisées de retrouver des particuliers, veuillez consulter la réponse à la demande d’information MEX200732 publiée en septembre 2021.
3. Traitement réservé aux victimes de la violence faite aux femmes
3.1 Traitement réservé par la société
Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement sur le traitement réservé par la société aux femmes dont les anciens partenaires se livrent à des activités criminelles. Pour obtenir des renseignements sur le traitement réservé aux victimes de violence familiale, veuillez consulter les réponses aux demandes d’information MEX200311 publiée en septembre 2020 et MEX200734 publiée en septembre 2021.
3.2 Traitement réservé par les autorités
Selon l’Enquête nationale sur la dynamique des relations dans les ménages (Encuesta Nacional sobre la Dinámica de las Relaciones en los Hogares - ENDIREH) de 2016, réalisée par l’Institut national de statistiques et de géographie (Instituto Nacional de Estadísticas y Geografía - INEGI) du Mexique auprès de 142 363 ménages au sujet des divers types de violence subie par les femmes de 15 ans et plus, et des contextes dans lesquels ces actes de violence se sont produits, 43,9 p. 100 des répondantes ont subi de la violence de la part d’un partenaire intime pendant leur relation actuelle ou une relation antérieure (Mexique 18 août 2017, 5, 6, 35). D’après la même source, 78,6 p. 100 de ces femmes n’ont pas tenté d’obtenir des services de soutien ni déposé de plainte, [traduction] « parce que c’était quelque chose sans importance qui ne les dérangeait pas » (28,8 p. 100), « par crainte des conséquences » (19,8 p. 100), « à cause de la honte » (17,3 p. 100) ou parce qu’elles « ne savaient pas comment et où dénoncer [l’acte violent] » (14,8 p. 100) (Mexique 18 août 2017, 39, 40). La même source précise que les États ayant les plus fortes proportions de violence conjugale sont l’État de Mexico, Mexico, Aguascalientes, Jalisco et Oaxaca (Mexique 18 août 2017, 37). Dans son rapport périodique de 2018 sur le Mexique, le Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes signale qu’il y a [version française des Nations Unies] « [d]es obstacles institutionnels, structurels et pratiques profondément enracinés qui continuent d’entraver l’accès des femmes à la justice », y compris « [l]es stéréotypes discriminatoires et la méconnaissance » des droits des femmes au sein du système de justice pénale, dont font notamment montre des membres du milieu juridique et des responsables de l’application des lois (Nations Unies 25 juill. 2018, paragr. 13, 13a), 13b)).
D’après des sources, les femmes dont le partenaire intime actuel ou antérieur est impliqué dans le crime organisé peuvent être perçues par les autorités comme étant coupables ou complices des activités criminelles de leur partenaire (chercheuse 4 août 2021; titulaire de doctorat en criminologie 4 août 2021). La chercheuse a déclaré que les femmes qui subissent de la violence conjugale, plus particulièrement celles dont le partenaire actuel ou antérieur est mêlé au crime organisé, font rarement appel aux organisations publiques ou à d’autres organismes pour demander réparation ou déposer une plainte, car elles craignent des représailles de leur partenaire, elles ont une fausse perception de leur propre complicité dans le crime organisé, et les autorités hésitent à leur venir en aide [traduction] « parce qu’elles craignent de devenir des cibles à leur tour » (chercheuse 4 août 2021). Le titulaire de doctorat en criminologie a également signalé que [traduction] « la plupart » des partenaires intimes des membres du crime organisé évitent de porter plainte ou de faire appel aux organisations publiques ou à d’autres services de soutien « parce qu’elles savent qu’elles s’exposeraient à un plus grand danger de la part de leur partenaire » ou qu’elles seraient perçues par les autorités comme étant « coupables par association » (titulaire de doctorat en criminologie 4 août 2021).
4. Protection offerte par l’État
4.1 Lois et mise en œuvre
Selon des sources, il y a eu des obstacles à la mise en œuvre de la loi générale de 2007 sur le droit des femmes à vivre une vie sans violence (Ley General de Acceso de las Mujeres a una Vida Libre de Violencia) (TBI déc. 2017, 6; Nations Unies 4 déc. 2019, paragr. 14) et, malgré l’adoption de cette loi, [traduction] « la situation des femmes au Mexique s’est aggravée » (TBI déc. 2017, 6) ou il y a eu un [version française des Nations Unies] « accroissement progressif de [la violence à l’égard des femmes] » (Nations Unies 4 déc. 2019, paragr. 14). Le CFR signale que le Mexique est un des rares pays qui reconnaît juridiquement le féminicide comme étant un crime distinct de l’homicide et prévoit des peines d’emprisonnement plus sévères pour le féminicide (CFR 12 mars 2020). D’après un rapport périodique sur le Mexique de décembre 2019 du Comité des droits de l’homme des Nations Unies, il y a peu de poursuites et de condamnations dans les cas de féminicides (Nations Unies 4 déc. 2019, paragr. 14). Selon le rapport du TBI, la loi générale de 2007 prévoyait la création du mécanisme des alertes de violence sexiste contre les femmes (alerta de violencia de género contra las mujeres - AVGM), à titre de [traduction] « politique principale » mise en place par l’État en vue de résoudre le problème des féminicides, qui permettrait à des particuliers de demander qu’une « "alerte de violence sexiste" » soit déclarée dans les municipalités où la violence est en hausse et obligerait « les États à adopter des mesures d’urgence pour éradiquer les féminicides » (TBI déc. 2017, 1, 6). Le TBI souligne que de nombreux éléments essentiels à sa mise en œuvre, dans des États comme le Sinaloa, par exemple, y compris les mesures visant à améliorer les enquêtes sur les féminicides, les services de soutien aux victimes et le traitement rapide des suspects, ne sont toujours pas mis en place, et que [traduction] « le processus est marqué par une bureaucratisation, une politisation et une revictimisation perpétuelles » (TBI déc. 2017, 6). D’après Amnesty International, les protocoles liés aux AVGM étaient opérationnels dans 18 États sur un total de 32 et [version française d’Amnesty International] « [r]ien ne semblait indiquer à la fin de l’année [2020] que ces mécanismes avaient permis de réduire les violences liées au genre » (Amnesty International 7 avr. 2021, 245). Pour obtenir des renseignements additionnels au sujet du mécanisme des AVGM, y compris le processus de déclaration d’une AVGM, veuillez consulter la réponse à la demande d’information MEX200311 publiée en septembre 2020.
Le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes signale que l’absence de mécanismes de mise en œuvre des lois visant à protéger les femmes de la discrimination et de la violence fondées sur le genre, ainsi que [version française des Nations Unies] « l’insuffisance » du financement alloué par les États à l’application et au suivi de ces lois a entraîné la discrimination croisée à l’égard « des femmes autochtones, des femmes mexicaines d’ascendance africaine, des migrantes, des femmes handicapées, des lesbiennes, des bisexuelles, des femmes transgenres et des intersexes » (Nations Unies 25 juill. 2018, paragr. 11b)). La même source souligne que les crimes de violence fondée sur le genre [version française des Nations Unies] « sont souvent perpétrés par des acteurs étatiques et non étatiques, notamment des groupes appartenant à la criminalité organisée » (Nations Unies 25 juill. 2018, paragr. 23b)).
4.2 Application de la loi
Selon le CSIS, [traduction] « l’impunité systémique » a eu des conséquences sur les féminicides au Mexique (CSIS 19 mars 2020). Le CFR signale que [traduction] « la complicité, l’indifférence et la mauvaise gestion des cas » par les agents d’application de la loi ont pour effet de « perpétuer la violence », et que « les coupables demeurent souvent impunis » (CRF 12 mars 2020). Des sources soulignent que plus de 90 p. 100 des crimes ne sont pas signalés, ne font pas l’objet d’une enquête ou ne sont pas résolus (Animal Político 7 août 2019; CSIS 19 mars 2020), et que [traduction] « les enquêtes et les poursuites dans les cas de féminicides suivent cette tendance » (CSIS 19 mars 2020). D’après la chercheuse, étant donné que la criminalité en général est en hausse depuis le début de la pandémie de COVID-19, les ressources restreintes des organisations publiques ont été affectées à la lutte contre ce que ces organisations considèrent comme étant [traduction] « les crimes à impact élevé ou à haute visibilité », tels que les meurtres, les enlèvements et les disparitions forcées, plutôt qu’aux problèmes « parfois invisibles » de la violence familiale et de la violence à l’égard d’une partenaire intime (chercheuse 4 août 2021). La même source a ajouté que la protection des femmes [traduction] « ne fait pas partie des priorités en matière de sécurité publique » au Mexique (chercheuse 4 août 2021).
La chercheuse a déclaré que, au Mexique, si une personne dépose une plainte auprès des autorités, une ordonnance de non-communication, [traduction] « un bout de papier qui avise le contrevenant qu’il lui est interdit de communiquer ou d’entrer en contact avec la plaignante », est rendue (chercheuse 4 août 2021). Toutefois, d’après la même source, les ressources en matière d’application de la loi sont déjà tellement surchargées que, [traduction] « dans de nombreux cas », selon ce qu’elle a vu elle-même et des anecdotes que lui ont racontées d’autres femmes, après avoir déposé une plainte à la police pour violence de la part d’un partenaire intime et obtenu une ordonnance de non-communication à l’intention de leur partenaire intime actuel ou antérieur, ces femmes se sont vu demander de « remettre [elles-mêmes] la copie papier de l’ordonnance de non-communication à leur partenaire » (chercheuse 4 août 2021). Dans un cas dont a fait état la chercheuse, concernant une de ses étudiantes à Cuernavaca qui lui avait demandé de l’aide après avoir subi de la violence aux mains d’un ancien partenaire intime, elle a accompagné l’étudiante à un centre de justice où cette dernière a obtenu une ordonnance de non-communication qu’elle devait remettre à son ancien partenaire (chercheuse 4 août 2021). À son arrivée à la maison, l’étudiante a constaté que son ancien partenaire s’était introduit chez elle; elle a appelé la police, qui n’est intervenue que quatre heures plus tard (chercheuse 4 août 2021). La chercheuse a également affirmé que
[traduction]
bien que certaines femmes parviennent à remettre à leur partenaire les ordonnances de non-communication rendues par la police, ou si les autorités le font, aux yeux de nombreux auteurs [d’actes de violence familiale ou de violence à l’égard de leur partenaire intime], une telle ordonnance est futile, car ils savent que les autorités n’ont pas les ressources pour assurer sa mise en application (chercheuse 4 août 2021).
4.3 Services de soutien publics
Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une professeure titulaire à l’Université de Guanajuato, dans l’État mexicain de Guanajuato, dont les recherches portent sur la violence fondée sur le genre et les féminicides à Guanajuato, a déclaré que les femmes victimes de violence peuvent s’adresser aux municipalités, à la police et à l’INMUJERS pour obtenir de l’aide (professeure titulaire 6 août 2021). La même source a ajouté qu’il est important de savoir quels organismes peuvent assurer un soutien aux femmes victimes de violence et quels organismes sont en mesure d’offrir d’autres types de soutien, tels qu’un soutien à l’éducation ou un soutien financier (professeure titulaire 6 août 2021), alors que les services des organisations publiques telles que les municipalités, la police et l’INMUJERES sont destinés aux femmes qui cherchent à obtenir justice et qui veulent vivre une vie sans violence, les femmes doivent disposer de connaissances spécialisées afin de savoir à quelle entité elles doivent s’adresser selon leur situation, et cela s’avère encore plus vrai pour les femmes qui veulent accéder à des services de soutien éducatif, financier et autre (professeure titulaire 6 août 2021). D’après la chercheuse, le nombre de refuges pour les femmes et leurs enfants est [traduction] « restreint » et leur répartition est inégale, car ces refuges se trouvent principalement dans les capitales des États, ce qui force les femmes qui vivent dans les régions rurales ou dans des villes autres que les capitales, particulièrement dans les États plus vastes, à « faire de longs déplacements pour avoir accès à ces services » (chercheuse 4 août 2021). Selon la professeure titulaire, dans l’État de Guanajuato, où le refuge public pour femmes se trouve dans la capitale de l’État, les femmes qui vivent à l’extérieur de la capitale ne savent pas comment accéder à ce refuge, car son emplacement n’est pas dévoilé au public pour des raisons de sécurité (professeure titulaire 6 août 2021).
Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.
Références
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Animal Político. 7 août 2019. Arturo Angel. « Más del 90% de los delitos denunciados en el país no se resuelven, muchos los 'congela' el MP ». [Date de consultation : 3 août 2021]
Center for Strategic and International Studies (CSIS). 19 mars 2020. Linnea Sandin. « Femicides in Mexico: Impunity and Protests ». [Date de consultation : 29 juill. 2021]
Center for Strategic and International Studies (CSIS). S.d. « About Us ». [Date de consultation : 19 août 2021]
Chercheuse, Universidad Nacional Autónoma de México (UNAM), Campus Morelos. 4 août 2021. Entretien avec la Direction des recherches.
Council on Foreign Relations (CFR). 12 mars 2020. Amelia Cheatham. « Mexico's Women Push Back on Gender-Based Violence ». [Date de consultation : 29 juill. 2021]
Council on Foreign Relations (CFR). S.d. « About CFR ». [Date de consultation : 29 juill. 2021]
El Financiero. 4 février 2021. Roberto Estrada. « Incrementan 300% los rescates de mujeres realizados por la Red Nacional de Refugios en 2020 ». [Date de consultation : 4 août 2021]
El Universal. 3 mars 2020. Lorelei Zeltzin Sánchez. « Mapping for Justice: How One Woman Took It Upon Herself to Register Femicide in Mexico ». [Date de consultation : 24 août 2021]
Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU Femmes), Nations Unies, et Instituto Nacional de las Mujeres (INMUJERES) et Comisión Nacional Para Prevenir y Erradicar la Violencia Contra las Mujeres (CONAVIM), Mexique. Décembre 2020. La violencia feminicida en México: Aproximaciones y tendencias. [Date de consultation : 27 juill. 2021]
InSight Crime. 8 juillet 2020. Lara Loaiza. « Map Links Mexico's Femicide Crisis, Organized Crime ». [Date de consultation : 29 juill. 2021]
InSight Crime. S.d. « About Us ». [Date de consultation : 19 août 2021]
La Jornada. 11 février 2020. Enrique Méndez et Néstor Jiménez. « Gertz: aumentaron los feminicidios 137% en cinco años ». [Date de consultation : 28 juill. 2021]
Mexique. 18 août 2017. Instituto Nacional de Estadísticas y Geografía (INEGI). Encuesta Nacional sobre la Dinámica de las Relaciones en los Hogares (ENDIREH) 2016. Principales Resultados. [Date de consultation : 25 août 2021]
Milenio. 22 janvier 2020. Selene Flores. « Fuera de radat oficial, 50% de los feminicidios ». [Date de consultation : 5 août 2021]
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Noticaribe. 17 mars 2020. « Buscaban a un taxista, mataron a su mujer: Ataque con narcomensaje en una vivienda de Villas del Sol eleva a 30 el número de ejecuciones en Playa del Carmen ». [Date de consultation : 19 août 2021]
Professeure titulaire, University of Guanajuato. 6 août 2021. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.
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Titulaire de doctorat en criminologie, University of Toronto. 4 août 2021. Entretien avec la Direction des recherches.
Trans-Border Institute (TBI), Joan B. Kroc School of Peace Studies, University of San Diego. Décembre 2017. Michael Lettieri. Violence Against Women in Mexico: A Report on Recent Trends in Femicide in Baja California, Sinaloa and Veracruz. [Date de consultation : 30 juill. 2021]
Vision Mondiale Canada. 17 novembre 2020. Deborah Wolfe. « Femicide: A Global Tragedy, No Matter Your Gender ». [Date de consultation : 6 août 2021]
Vision Mondiale Canada. S.d. « About Us ». [Date de consultation : 10 août 2021]
Autres sources consultées
Sources orales : Fondo Semillas; professeur d’études de genre et sociologiques dans une université mexicaine; Red Nacional de Refugios.
Sites Internet, y compris : Al Jazeera; Associated Press; Banque mondiale; ecoi.net; États-Unis – Department of State; Freedom House; Human Rights Watch; Mexique – Comisión Nacional para Prevenir y Erradicar la Violencia Contra las Mujeres, Fiscalía General de la República, Instituto Nacional de las Mujeres, Secretariado Ejecutivo del Sistema Nacional de Seguridad Pública; Nations Unies – Refworld; openDemocracy; Organisation de coopération et de développement économiques; Organisation des États américains; Red Nacional de Refugios; Washington Office on Latin America; The Washington Post.