Réponses aux demandes d'information

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11 août 2021

COL200704.EF

Colombie : information sur l’existence de services de santé mentale et leur accessibilité, particulièrement à Bogotá, à Cartagena et à Barranquilla; le traitement réservé par la société et les autorités aux personnes vivant avec une maladie mentale; la protection offerte par l’État, y compris les mécanismes d’aide et de plainte en cas de mauvais traitements (2019–juillet 2021)

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada

1. Aperçu
1.1 Données démographiques

D’après la Banque mondiale, la population de la Colombie se chiffrait à 48 909 844 habitants en 2017 (Banque mondiale [2019]). L’Enquête de 2015 sur la santé mentale en Colombie [1], menée auprès de 16 147 répondants, a montré que 12,2 p. 100 des adolescents (âgés de 12 à 17 ans) avaient présenté des symptômes [traduction] « [d’]au moins un » problème de santé mentale (tel que la dépression ou l’anxiété) [au cours de l’année précédente (Colombie avr. 2018, 8)], tout comme de 9,6 à 11,2 p. 100 des adultes (âgés de 18 ans et plus) (Colombie 2015, 146, 147, 151, 154).

Selon les données compilées par l’Observatoire national de la santé mentale (Observatorio Nacional de Salud Mental - ONSM) du ministère de la Santé et de la Protection sociale (Ministerio de Salud y Protección Social - MinSalud) de la Colombie, données accessibles au moyen du Système intégré d’information sur la protection sociale (Sistema Integrado de Información de la Protección Social - SISPRO), le taux de tentatives de suicide en 2019 était de 58,84 par tranche de 100 000 habitants à l’échelle nationale, de 28,63 à Bogotá, de 49,52 à Cartagena, et de 70,63 à Barranquilla (Colombie [2019]). D’après l’Enquête de 2015 sur la santé mentale, le pourcentage des adultes ayant eu des idées suicidaires est de 7 p. 100 dans les centres urbains et de 5 p. 100 dans les régions rurales (Colombie 2015, 249).

2. Lois
2.1 Loi no 1616 de 2013 (Ley No. 1616 de 2013)

La loi no 1616 de 2013 comporte les dispositions suivantes concernant les droits des personnes vivant avec une maladie mentale :

[traduction]

ARTICLE 4. GARANTIE EN MATIÈRE DE SANTÉ MENTALE. Par l’entremise du Système général de sécurité sociale et de santé, l’État garantit aux Colombiens, en accordant la priorité aux enfants et aux adolescents, la promotion de la santé mentale, la prévention des troubles mentaux et la prestation de soins complets et intégrés qui comprennent le diagnostic, le traitement et la réadaptation pour tous les troubles mentaux.

[…]

ARTICLE 5. DÉFINITIONS.

[…]

3. Soins de santé mentale complets et intégrés. On entend par « soins de santé mentale complets » la combinaison du talent humain et des ressources pertinentes et suffisantes pour répondre aux besoins en matière de santé mentale des Colombiens, y compris la promotion et la prévention secondaire et tertiaire, le dépistage précoce, le traitement, la réadaptation et l’inclusion sociale. « Soins intégrés » s’entend de la combinaison de divers niveaux de complexité, de complémentarité et de continuité des soins de santé mentale en fonction des besoins de santé individuels.

[…]

ARTICLE 6. DROITS DE LA PERSONNE. En plus des droits énoncés dans la Déclaration de l’Association médicale mondiale de Lisbonne, la Convention relative aux droits des personnes handicapées et d’autres instruments internationaux, les droits de la personne en matière de santé mentale au titre de la Constitution et de la Loi générale sur la sécurité sociale et les soins de santé comprennent les suivants :

  1. le droit de recevoir des soins complets, intégrés et compatissants de la part d’un personnel et de services spécialisés en santé mentale;
  2. le droit de recevoir en temps opportun de l’information claire, véridique et complète sur les circonstances se rapportant à son état de santé, au diagnostic, au traitement et au pronostic, y compris le but, la méthode, la durée probable et les bienfaits attendus du traitement, sur les risques et les effets secondaires, sur les faits et les causes de la détérioration de son état de santé, ainsi que sur les circonstances relatives à la sécurité sociale;
  3. le droit de recevoir des soins et traitements spécialisés et interdisciplinaires s’appuyant sur les meilleures connaissances scientifiques à la lumière des percées scientifiques dans le domaine de la santé mentale;
  4. le droit de subir les interventions qui comportent le moins de restrictions aux libertés individuelles conformément à la loi en vigueur;
  5. le droit de suivre une psychothérapie dont la durée et le nombre de séances assurent un traitement dans la dignité qui produit des résultats sur les plans du changement, du mieux-être et de la qualité de vie;
  6. le droit à une éducation psychologique individuelle et familiale concernant son trouble mental et les formes d’autotraitement;
  7. le droit de recevoir des indemnités d’invalidité professionnelle, selon les modalités et conditions établies par le professionnel de la santé traitant, de manière à garantir le rétablissement;
  8. le droit d’exercer ses droits civils et, en cas d’incapacité d’exercer ses droits civils, le droit de faire appel à un juge pour trancher sur l’incapacité conformément à la loi no 1306 de 2009 et à d’autres lois en vigueur;
  9. le droit de ne pas subir de discrimination ou de réprobation sociale du fait de recevoir des soins de santé mentale;
  10. le droit de recevoir ou de refuser un soutien religieux ou spirituel, conformément à ses convictions;
  11. le droit d’avoir accès au système d’éducation et au marché du travail, de maintenir ses liens avec ces derniers, et de ne pas se voir exclure en raison d’un trouble mental;
  12. le droit de toujours recevoir les médicaments requis à des fins de traitement ou de diagnostic;
  13. le droit d’exiger que le consentement éclairé soit envisagé avant le traitement;
  14. le droit de ne pas subir d’essais cliniques ou de traitements expérimentaux sans consentement éclairé;
  15. le droit à la confidentialité des renseignements relatifs aux soins et au respect de la vie privée d’autres patients;
  16. le droit de retourner dans sa famille et dans sa communauté (Colombie 2013).

La loi no 1616 de 2013 comporte les dispositions suivantes sur la prestation des services de santé mentale :

[traduction]

ARTICLE 8. PROMOTION. Le ministre de la Santé et de la Protection sociale mènera des activités de promotion de la santé mentale en vue d’agir positivement sur les facteurs liés à la santé mentale. Ces facteurs comprennent : l’inclusion sociale, l’élimination de la réprobation sociale et de la discrimination, le traitement approprié et la prévention de la violence, le harcèlement, l’intimidation à l’école, la prévention du suicide, la toxicomanie, la participation sociale, et la sécurité économique et alimentaire.

[…]

ARTICLE 12. RÉSEAU COMPLET DE PRESTATION DE SERVICES DE SANTÉ MENTALE. Les organismes territoriaux et les sociétés de gestion de régimes d’avantages sociaux doivent mettre en place un réseau complet de prestation de services de santé mentale publics et privés, à l’intérieur d’un réseau général de services de soins de santé.

Ce réseau fournira des services dans le cadre de la stratégie des soins primaires sous la forme d’un modèle de soins complets qui comprend la prestation de services à tous les niveaux de complexité. Il garantit la prestation rapide, suffisante, constante et pertinente de soins de qualité en facilitant l’accès à des services de promotion de la santé mentale, de prévention, de dépistage précoce, de diagnostic, d’intervention, de traitement et de réadaptation.

Ce réseau interconnecté sera coordonné au moyen d’un système d’aiguillage qui garantit le renvoi efficace des cas au premier niveau de soins.

[…]

ARTICLE 13. MODALITÉS DES SOINS DE SANTÉ MENTALE COMPLETS ET INTÉGRÉS. Le réseau complet de prestation de soins de santé mentale doit inclure les modalités et services de soins suivants, intégrés aux services généraux de soins de santé dans les établissements de soins de santé.

  1. Soins en clinique externe
  2. Soins à domicile
  3. Soins préhospitaliers
  4. Centre de traitement pour toxicomanes et services liés à la toxicomanie
  5. Centre communautaire de santé mentale
  6. Groupes de soutien des patients et des familles
  7. Hôpital de jour pour adultes
  8. Hôpital de jour pour les enfants et les adolescents
  9. Réadaptation communautaire
  10. Unités de santé mentale
  11. Urgence psychiatrique (Colombie 2013).

La loi no 1616 de 2013 comporte les dispositions suivantes sur le soutien offert aux personnes ayant une maladie mentale :

ARTICLE 24. INTÉGRATION SCOLAIRE. L’État, la famille et la communauté devraient favoriser l’intégration des enfants et des adolescents souffrant de troubles mentaux dans les écoles.

Les ministères de l’Éducation et de la Protection sociale ou les organismes qui agissent en leur nom doivent unir leurs forces, élaborer des stratégies qui favorisent l’intégration dans les classes régulières et cibler les facteurs qui peuvent avoir une incidence sur les enfants et les adolescents atteints de maladie mentale qui ne fréquentent pas l’école.

Les entités territoriales certifiées en éducation doivent adapter les moyens et conditions d’enseignement et préparer les enseignants à tenir compte des besoins individuels, en misant sur le soutien d’une équipe interdisciplinaire qualifiée dans un centre de soins de santé près de l’école.

[…]

ARTICLE 38. INCAPACITÉ LIÉE À LA SANTÉ MENTALE. Les personnes atteintes de troubles mentaux qui, de façon provisoire ou permanente, sont incapables d’exercer leur profession ou leur métier habituel auront droit à des prestations d’invalidité suivant les conditions énoncées dans le règlement en vigueur visant les travailleurs salariés et autonomes (Colombie 2013).

3. Existence et accessibilité des services de santé mentale
3.1 Existence de services de santé mentale à l’échelle nationale

Selon des sources, des établissements de soins publics et privés fournissent des services de santé mentale en Colombie (psychiatre 7 juill. 2021; doyen 6 juill. 2021; directeur 13 juill. 2021), y compris à Bogotá, à Barranquilla et à Cartagena (psychiatre 7 juill. 2021). Des sources signalent que l’offre de services de santé mentale est plus grande dans les villes que dans les régions rurales (professeure agrégée 12 juill. 2021; directeur 13 juill. 2021). Dans un rapport publié en 2020 par le Conseil national de politique économique et sociale (Consejo Nacional de Política Económica y Social - CONPES) de la Colombie, un organe consultatif du gouvernement de la Colombie qui réunit tous les ministres (Colombie s.d.a), on peut lire que les médicaments pour traiter les troubles mentaux ne sont pas facilement accessibles dans les régions rurales (Colombie 14 avr. 2020, 42-43).

D’après des données compilées par l’ONSM et accessibles au moyen du SISPRO, en 2018, à l’échelle du pays, 33,14 p. 100 des personnes ayant besoin de services de santé mentale ont reçu au moins un traitement (Colombie [2018]). L’ONSM a publié les données suivantes sur le nombre d’établissements de soins de santé en 2020 :

Nombre d’établissements de soins de santé (hôpitaux, cliniques, etc.) disposant de l’équipement requis pour offrir les types de service suivants
Type de service Colombie Bogotá Barranquilla Cartagena
Neurologie 1 806 262 98 63
Neuropédiatrie 773 87 52 30
Psychologie 7 650 886 350 266
Psychiatrie 1 886 277 97 71
Unité de psychiatrie ou de santé mentale 126 21 7 5

(Colombie [2020a])

3.1.1 Disponibilité du personnel de santé mentale à l’échelle nationale

Selon les données citées par le MinSalud dans sa politique nationale de santé mentale (Política nacional de salud mental) de 2018, en 2016, il y avait 938 psychiatres pour répondre à une demande qui en exigeait 1 442, ce qui représentait un déficit de 35 p. 100 (Colombie 15 nov. 2018, 20). Le rapport de 2020 du CONPES signale que les données du MinSalud font état d’un ratio de deux psychiatres et deux neurologues par tranche de 100 000 habitants en Colombie, et [traduction] « [d’]une faible présence » de ces effectifs dans les régions rurales (Colombie 14 avr. 2020, 47).

D’après des sources, les services de santé mentale publics manquent d’effectifs (directeur 13 juill. 2021; professeure agrégée 12 juill. 2021; García Lara 30 juill. 2020). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, le doyen de la faculté de psychologie d’une université colombienne a déclaré qu’il y a [traduction] « quelques cas de saturation des services » (doyen 6 juill. 2021). Selon une étude de 2018 réalisée par Dora María Hernández Holguín, psychologue, candidate au doctorat et membre du regroupement pour la santé mentale à la faculté nationale de santé publique de l’Universidad de Antioquia à Medellín (Universidad de Antioquia s.d.), et par Cristian Felipe Sanmartín-Rueda, administrateur de services de santé (Hernández Holguín 15 juill. 2021), et fondée sur des entrevues menées auprès de 23 professionnels de la santé mentale, l’un des experts scientifiques interviewés dans le cadre de l’étude a déclaré qu’il y avait des services entiers au pays qui ne disposaient d’aucun spécialiste en psychiatrie (Hernández Holguín et Sanmartín-Rueda juill.-déc. 2018, 1, 8). Le rapport du CONPES de 2020 signale que le personnel de santé mentale manque de formation sur la prestation de soins complets (Colombie 14 avr. 2020, 42-43).

3.2 Accessibilité des services de santé mentale à l’échelle nationale

Selon l’étude de 2018 réalisée par Dora María Hernández Holguín et Cristian Felipe Sanmartín-Rueda, les professionnels de la santé mentale ont signalé que, en raison de [traduction] « défaillances structurelles, conceptuelles et socioculturelles », la santé mentale est un droit dont le respect n’a pas été assuré (Hernández Holguín et Sanmartín-Rueda juill.-déc. 2018, 6). D’après un article de 2019 rédigé par William Tamayo-Agudelo, professeur de psychologie à l’Université coopérative de Colombie à Medellín, et par Vaughan Bell, chargé d’enseignement supérieur en formation clinique à la section de psychiatrie de l’University College de Londres, des obstacles à l’amélioration persistent au sein du système de santé mentale en Colombie, en raison de problèmes tels que la corruption, des réformes jamais mises en œuvre, l’endettement et la fermeture de certains établissements de santé mentale (Tamayo-Agudelo et Bell mai 2019, 40-42).

On peut lire dans le rapport du CONPES de 2020 que, selon un rapport de 2018 sur une commission sur la santé mentale dans le monde et le développement durable, moins de la moitié des Colombiens ayant des problèmes de santé mentale cherchent à obtenir des soins, et parmi ceux qui le font, 7 p. 100 ne parviennent pas à accéder aux soins de santé de base auxquels ils ont droit dans le système de santé publique du pays (Colombie 14 avr. 2020, 43). Le rapport du CONPES signale que, selon l’information tirée de l’Enquête de 2015 sur la santé mentale et du MinSalud, cette situation est attribuable à des problèmes tels que le [traduction] « manque de connaissance » des patients concernant la façon d’accéder aux soins de santé, leur manque de confiance dans les traitements, la situation géographique, les longs délais avant d’obtenir des rendez-vous ou des autorisations, ainsi que l’importance accordée aux traitements pharmacologiques (Colombie 14 avr. 2020, 43).

Des sources signalent que les délais d’attente sont courants pour l’accès aux établissements publics de santé mentale (doyen 6 juill. 2021; professeure agrégée 12 juill. 2021). Au cours d’un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, une professeure agrégée de psychologie à l’Universidad de los Andes à Bogotá a déclaré que les gens peuvent attendre [traduction] « jusqu’à » trois mois dans les villes pour obtenir un premier rendez-vous avec un psychiatre ou un psychologue clinicien et peuvent avoir de la difficulté à obtenir des rendez-vous de suivi (professeure agrégée 12 juill. 2021). Toutefois, au cours d’un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, le directeur du département de psychologie à l’Universidad Nacional de Colombia à Bogotá a déclaré que l’accès est généralement plus rapide dans le régime contributif que dans le régime subventionné, en fonction de l’agence de promotion de la santé (entidad promotora de salud - EPS) [2] (directeur 13 juill. 2021). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un psychologue à l’Universidad del Norte à Barranquilla a signalé qu’il existe une [traduction] « grande différence » entre les régimes contributif et subventionné sur le plan de la prestation de services, les patients du régime subventionné éprouvant plus de difficulté à accéder aux services, aux médicaments et à l’hospitalisation, s’il y a lieu (psychologue 16 juill. 2021).

3.2.1 Couverture des services de santé mentale

Selon des sources, le système de santé publique de la Colombie, établi par la loi no 100 de 1993 (Ley 100 de 1993) et inscrit dans le Système général de sécurité sociale en matière de santé (Sistema General de Seguridad Social en Salud - SGSSS), est un système à deux régimes : un régime contributif et un régime subventionné (Amariles, Ceballos et González-Giraldo oct.-déc. 2020, 1; Banque mondiale août 2019, 17-19; Nations Unies 2017, 12). D’après un rapport de 2019 du programme de santé, de nutrition et de population (Health, Nutrition, and Population Global Practice) de la Banque mondiale, fondé sur des renseignements du MinSalud, le régime contributif (dans lequel l’assuré et son employeur contribuent au financement du régime) est destiné aux pensionnés, aux employés et aux travailleurs autonomes ayant la [traduction] « capacité de payer », ainsi qu’à leur famille; le régime subventionné offre des services de santé et des technologies médicales aux « populations défavorisées et vulnérables » qui n’ont pas les moyens de payer (Banque mondiale août 2019, 19). L’article de 2019 de William Tamayo-Agudelo et de Vaughan Bell souligne que les Colombiens qui reçoivent des soins de santé mentale couverts par le régime subventionné obtiennent des soins [traduction] « de moindre qualité » que ceux qui participent au régime contributif (Tamayo-Agudelo et Bell May 2019, 41).

3.2.2 Coût des services de santé mentale

La résolution no 2481 de 2020 (Resolución número 2481 de 2020) du MinSalud, qui vise à mettre à jour la couverture des services de santé et des technologies médicales financés par le mécanisme de l’unité de paiement par capitation (unidad de pago por capitación - UPC) [3] (Colombie 24 déc. 2020, préambule), comporte les dispositions suivantes :

[traduction]

Article 61. Urgences en matière de soins de santé mentale. Les services de santé et technologies médicales financés au moyen de l’UPC comprennent les soins d’urgence dans les établissements agréés pour patients atteints de maladies ou de troubles mentaux. Cela inclut la surveillance en situation d’urgence.

Article 62. Psychothérapie en consultation externe pour le public. Les services de santé et technologies médicales financés au moyen de l’UPC comprennent la psychothérapie en consultation externe pour les individus, les groupes et les couples, sans égard à la cause ou au stade de la maladie, et sont les suivants :

  1. jusqu’à trente (30) séances de psychothérapie individuelles auprès d’un médecin spécialiste ou psychologue au cours de l’année civile;
  2. jusqu’à trente (30) séances de psychothérapie en groupe, en famille ou en couple auprès d’un médecin spécialiste ou psychologue au cours de l’année.

[…]

Article 63. Psychothérapie en consultation externe pour les femmes victimes de violence. Sous la responsabilité des ressources de l’UPC, la psychothérapie en consultation externe pour les femmes victimes de violence physique, sexuelle ou psychologique est financée lorsque le médecin traitant le juge approprié, au lieu des mesures prévues à l’article 62 de la loi administrative, et comprend :

  1. jusqu’à soixante (60) séances de psychothérapie individuelles auprès d’un médecin spécialiste ou psychologue au cours de l’année civile;
  2. jusqu’à soixante (60) séances de psychothérapie en groupe, en famille ou en couple auprès d’un médecin spécialiste ou psychologue au cours de l’année civile.

Article 64. Soins de santé mentale en milieu hospitalier pour le public. Les services de santé et technologies médicales financés au moyen de l’UPC comprennent l’admission de patients qui souffrent de toute forme de maladie ou de trouble mental, dont la maladie a atteint une phase critique ou met en péril leur vie ou leur intégrité physique ou celles de leurs proches ou de la communauté.

Durant la phase critique, le financement de l’hospitalisation par l’UPC peut être prolongé pour une période maximale de quatre-vingt-dix (90) jours continus ou discontinus au cours de l’année civile, suivant l’avis de l’équipe de soins de santé traitante, dans la mesure où le séjour à l’hôpital vise la prestation de soins de santé et ne découle pas d’un abandon social.

Si la maladie ou le trouble mental met en péril la vie ou l’intégrité physique du patient ou celles de ses proches ou de la communauté, le financement de l’hospitalisation au moyen de l’UPC sera d’une durée déterminée par les professionnels traitants.

[...]

Article 65. Soins de santé mentale en milieu hospitalier pour les femmes victimes de violence. Sous la responsabilité des ressources de l’UPC, la psychothérapie en milieu hospitalier pour les femmes victimes de violence physique, sexuelle ou psychologique est financée lorsque le médecin traitant le juge approprié, au lieu des mesures prévues à l’article 64 de la loi administrative, selon les modalités suivantes :

durant la phase critique, le financement de l’hospitalisation par l’UPC peut être prolongé pour une période maximale de cent quatre-vingts (180) jours continus ou discontinus au cours de l’année civile ;

si la maladie ou le trouble mental met en péril la vie ou l’intégrité physique de la patiente ou celles de ses proches ou de la communauté, le financement de l’hospitalisation au moyen de l’UPC sera d’une durée déterminée par les professionnels traitants (Colombie 24 déc. 2020).

Des sources signalent que, pour les personnes faisant appel au régime subventionné, les traitements de santé mentale sont gratuits (professeure agrégée 12 juill. 2021) ou [traduction] « peu coûteux » (directeur 13 juill. 2021). La professeure agrégée a déclaré que, pour les personnes qui accèdent aux soins par l’entremise d’une EPS fournissant une assurance (dans le régime contributif), le montant payé de leurs propres poches est [traduction] « très minime » (professeure agrégée 12 juill. 2021). Le directeur a signalé que ces coûts sont établis en fonction du revenu du patient et de l’emplacement du service (directeur 13 juill. 2021).

3.2.3 Services de santé mentale publics et privés

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un psychiatre qui est également chercheur subalterne au Département national de la science, de la technologie et de l’innovation (Departamento Administrativo de Ciencia, Tecnología e Innovación - Colciencias), a affirmé que les services de santé mentale offerts dans les établissements de santé mentale privés et publics sont similaires et, de façon générale, dispensés dans les mêmes établissements (psychiatre 7 juill. 2021). Toutefois, d’après des sources, les rendez-vous dans les établissements publics sont d’une durée limitée (directeur 13 juill. 2021; directrice du programme de baccalauréat en psychologie 16 juill. 2021), et le patient n’a droit qu’à un certain nombre de séances (directeur 13 juill. 2021). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, la directrice du programme de baccalauréat en psychologie à l’Universidad de la Costa, à Barranquilla, a déclaré que le nombre de consultations de suivi peut être limité dans le système public (directrice du programme de baccalauréat en psychologie 16 juill. 2021). Selon la professeure agrégée, le système public de santé mentale [traduction] « souffre d’une pénurie de ressources, de problèmes d’infrastructure et de problèmes liés à la qualité des soins » et dispose de « beaucoup moins de ressources » que le système privé (professeure agrégée 12 juill. 2021). Le psychologue a signalé qu’il y a des établissements de santé mentale privés qui offrent des services à des usagers affiliés à des EPS particulières (psychologue 16 juill. 2021). La professeure agrégée a affirmé que [traduction] « seule une petite partie de la population », « des gens de la classe moyenne supérieure pour la plupart », a accès aux établissements de santé mentale privés, car les usagers doivent avoir les moyens de défrayer les coûts d’un régime d’assurance (professeure agrégée 12 juill. 2021).

3.3 Existence et accessibilité des services de santé mentale à Bogotá

D’après des données compilées par l’ONSM et accessibles au moyen du SISPRO, en 2018, à Bogotá, 36,08 p. 100 des personnes ayant besoin de services de santé mentale ont reçu au moins un traitement (Colombie [2018]).

L’étude de 2018 réalisée par Dora María Hernández Holguín et Cristian Felipe Sanmartín-Rueda cite un expert scientifique qui a déclaré que plus de la moitié des psychiatres en Colombie se trouvent à Bogotá (Hernández Holguín et Sanmartín-Rueda juill.-déc. 2018, 8). D’après le psychiatre, les services de santé mentale sont [traduction] « très nombreux et accessibles » à Bogotá (psychiatre 7 juill. 2021).

La professeure agrégée a affirmé qu’elle conseillerait aux patients à Bogotá qui veulent consulter un professionnel de la santé mentale de s’adresser à une clinique affiliée à une université, à l’extérieur du régime contributif ou subventionné, où ils pourraient obtenir [traduction] « un traitement abordable et de grande qualité » dont les services pourraient être gratuits ou facturés selon un barème mobile (professeure agrégée 12 juill. 2021). La même source a déclaré qu’il y a [traduction] « au moins » sept cliniques de santé mentale universitaires de ce genre à Bogotá (professeure agrégée 12 juill. 2021).

D’après la page Internet du gouvernement de la Colombie consacrée à la pandémie de COVID-19, il y a trois services d’écoute téléphonique à Bogotá que les gens peuvent appeler pour obtenir une assistance en matière de santé mentale (Colombie s.d.b). Un de ces services d’écoute est la ligne 106 (Línea 106) et, selon des sources, les résidents de Bogotá ayant besoin d’assistance immédiate en matière de santé mentale peuvent l’appeler pour parler à quelqu’un en mesure de leur offrir un soutien psychologique (Bogotá s.d.; Semana 25 juill. 2020; El Tiempo 6 oct. 2020a). Selon la mairie de Bogotá, la ligne 106 est administrée par des professionnels de la psychologie (Bogotá s.d.). D’après un article paru en 2020 dans Semana, une revue colombienne hebdomadaire, la ville de Bogotá a créé 10 équipes de soutien en matière de santé mentale qui fournissent des services d’urgence durant la pandémie de COVID-19, et on peut les joindre en appelant la ligne d’écoute 123 (Semana 25 juill. 2020). Dans ce même article de 2020, on peut lire que, d’après les autorités de district, les services d’écoute téléphonique ont offert plus de 24 300 consultations durant le confinement lié à la COVID-19 (Semana 25 juill. 2020). Toutefois, selon un article paru en 2020 dans le journal national colombien El Tiempo, les parents d’une jeune femme vivant avec la dépression, l’anxiété et le trouble bipolaire ont appelé la ligne 123 et se sont fait dire que leur appel n’avait [traduction] « aucun rapport » avec la pandémie de COVID-19; leur appel au service d’écoute téléphonique 106 est demeuré sans réponse, et une demande présentée au service de soins à domicile de leur EPS a été refusée au motif que le service ne visait que les cas de COVID-19 (El Tiempo 6 oct. 2020b).

3.4 Existence et accessibilité des services de santé mentale à Cartagena

D’après des données compilées par l’ONSM et accessibles au moyen du SISPRO, en 2018, à Cartagena, 34,73 p. 100 des personnes ayant besoin de services de santé mentale ont reçu au moins un traitement (Colombie [2018]).

Selon le psychiatre, les services de santé mentale sont [traduction] « très nombreux et accessibles » à Cartagena (psychiatre 7 juill. 2021). Cependant, le directeur a déclaré que Cartagena ne dispose pas de [traduction] « bons » établissements de santé mentale (directeur 13 juill. 2021). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.

D’après la page Internet du gouvernement de la Colombie consacrée à la pandémie de COVID-19, il y a deux services d’écoute téléphonique à l’intention des personnes vivant de la détresse mentale dans le département de Bolivar (qui comprend Cartagena) (Colombie s.d.b).

3.5 Existence et accessibilité des services de santé mentale à Barranquilla

D’après des données compilées par l’ONSM et accessibles au moyen du SISPRO, en 2018, à Barranquilla, 38,01 p. 100 des personnes ayant besoin de services de santé mentale ont reçu au moins un traitement (Colombie [2018]).

Le psychologue a signalé qu’il y a cinq cliniques de santé mentale à Barranquilla, dont une est publique et quatre sont privées et offrent leurs services par l’entremise d’EPS (psychologue 16 juill. 2021). La professeure agrégée a affirmé qu’il existe au moins une clinique de santé mentale universitaire à Barranquilla, affiliée à l’Universidad del Norte (professeure agrégée 12 juill. 2021). Selon le psychiatre, les services de santé mentale sont [traduction] « très nombreux et accessibles » à Barranquilla (psychiatre 7 juill. 2021). Cependant, le psychologue a déclaré que [traduction] « [les services de santé mentale] ne répondent pas à la demande, que ce soit sur le plan qualitatif ou quantitatif » (psychologue 16 juill. 2021). La directrice du programme de baccalauréat a affirmé que, à Barranquilla, l’accessibilité des soins de santé mentale spécialisés et l’accès rapide à de tels soins [traduction] « laissent beaucoup à désirer, particulièrement si une hospitalisation est nécessaire » (directrice du programme de baccalauréat en psychologie 16 juill. 2021).

D’après la page Internet du gouvernement de la Colombie consacrée à la pandémie de COVID-19, il y a un service téléphonique offrant des consultations aux personnes qui vivent de la détresse mentale dans le département d’Atlántico (qui englobe Barranquilla), et un autre exclusivement à Barranquilla (Colombie s.d.b). Un de ces services téléphoniques, appelé la ligne de secours (Línea de la Vida), a pour mission, selon une déclaration du bureau du maire du district de Barranquilla en septembre 2020, d’aider les gens à composer avec leurs émotions en leur offrant un soutien et des conseils spécialisés [traduction] « dans les moments difficiles » (Barranquilla 13 sept. 2020).

4. Traitement réservé par la société

Des sources signalent qu’il existe une réprobation sociale associée à la maladie mentale en Colombie (Cubillos et al. avr. 2020, 381; Fundación Saldarriaga Concha 2019, 25-31; directeur 13 juill. 2021). Des sources soulignent qu’il y a des patients qui évitent de se faire soigner [traduction] « à cause de la réprobation sociale » (professeure agrégée 12 juill. 2021) ou parce qu’ils craignent d’être victimes de discrimination dans le système de soins de santé (Fundación Saldarriaga Concha 2019, 29–30). Le psychiatre a déclaré que [traduction] « la discrimination et la réprobation sociale » liées aux troubles mentaux en Colombie sont le « principal obstacle » entravant l’accès aux soins de santé mentale, et que beaucoup de gens acceptent de se faire traiter pour des symptômes graves seulement après de multiples recommandations (psychiatre 7 juill. 2021). Selon l’étude de 2018 réalisée par Dora María Hernández Holguín et Cristian Felipe Sanmartín-Rueda, la négligence et la réprobation sociale qui nuisent à la santé mentale constituent un problème dans le secteur de la santé, mais aussi au sein des familles, dans l’ensemble de la société et dans le corps législatif du pays (Hernández Holguín et Sanmartín-Rueda juill.-déc. 2018, 8). D’après une étude de 2019 sur la réprobation sociale associée à la santé mentale en Colombie [4] réalisée par la Fondation Saldarriaga Concha (Fundación Saldarriaga Concha), une ONG qui se consacre à la recherche et à des initiatives venant en appui aux aînés et aux handicapés de la Colombie (Fundación Saldarriaga Concha s.d.), les victimes de conflits armés, les Afro-Colombiens et les populations autochtones vivant avec une maladie mentale doivent, en raison de leur marginalisation dans la société, surmonter [traduction] « de plus grands obstacles » pour accéder aux services et à l’inclusion sociale (Fundación Saldarriaga Concha 2019, 39-40).

Selon des sources, il peut y avoir des obstacles dans le marché du travail pour les personnes vivant avec la schizophrénie (psychiatre 7 juill. 2021; directeur 13 juill. 2021) ou d’autres troubles psychotiques (directeur 13 juill. 2021). D’après une étude de 2020 sur les systèmes de santé mentale en Colombie, au Costa Rica et au Pérou, qui se fonde sur une analyse de documents publics et des entrevues auprès de 12 groupes d’intérêt dans chaque pays, y compris des patients, des universitaires et des décideurs politiques, et qui a été réalisée par trois représentants de la Fondation Santa Fe de Bogotá (Fundación Santa Fe de Bogotá), qui est un hôpital universitaire (Johns Hopkins University s.d.), et un représentant du MinSalud, [traduction] « [l]es personnes aux prises avec de graves maladies mentales sont perçues comme étant dépourvues des compétences requises pour exercer un emploi rémunéré » (Cubillos et al. avr. 2020, 379, 381). L’étude de Cubillos et al. cite un représentant du gouvernement de la Colombie qui a déclaré que les patients atteints de maladie mentale continuent de [traduction] « "subir la réprobation sociale" », notamment de la part d’employeurs qui craignent parfois d’intégrer ces gens dans leurs entreprises (Cubillos et al. avr. 2020, 381).

Le psychiatre a déclaré que les personnes qui répondent aux critères relatifs aux troubles mentaux sont [traduction] « habituellement » en mesure d’accéder à l’éducation (psychiatre 7 juill. 2021). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.

Selon le directeur, il peut s’avérer difficile pour les personnes ayant une maladie mentale de trouver un logement si le propriétaire est au courant de leur maladie (directeur 13 juill. 2021). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.

5. Traitement réservé par les autorités

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu de renseignements sur le traitement réservé par les autorités aux personnes atteintes de maladie mentale.

Le doyen a déclaré que, [traduction] « de manière générale, une personne ayant un trouble mental pourrait faire l’objet de mauvais traitements ou de restrictions parce qu’elle serait perçue comme étant antisociale, plutôt que malade » (doyen 6 juill. 2021).

D’après la directrice du programme de baccalauréat en psychologie, la [traduction] « perception générale » est que les gens atteints de maladie mentale ne sont pas traités avec dignité (directrice du programme de baccalauréat en psychologie 16 juill. 2021). La même source a affirmé que les personnes ayant une maladie mentale [traduction] « rencontrent des obstacles » entravant leur accès aux prestations sociales, particulièrement à Barranquilla; de plus, elles sont « condamnées socialement ou dévalorisées » et, « très souvent, personne ne les écoute ou ne les croit » (directrice du programme de baccalauréat en psychologie 16 juill. 2021).

6. Protection offerte par l’État
6.1 Politiques gouvernementales, promotion des droits et services de soutien

En 2018, la Colombie a adopté la politique nationale en matière de santé mentale, qui [traduction] « vise à faire de la santé mentale une priorité » :

  1. en lançant des programmes ayant pour but de renforcer « les compétences psychosociales individuelles et collectives et la cohésion sociale » et de développer « des environnements sains, résilients et protecteurs »;
  2. en mettant en place des systèmes et services de santé mentale ancrés dans la communauté;
  3. en renforçant les services de santé, en particulier les soins primaires;
  4. en favorisant le rétablissement dans la communauté et l’inclusion sociale;
  5. en améliorant « les systèmes de gestion de l’information et des connaissances » et en développant des interconnexions au sein de chaque secteur et entre les secteurs (Colombie 15 nov. 2018, 5).

Toutefois, selon le rapport du CONPES de 2020, la Colombie n’a pas de stratégie et de plan d’action à long terme en matière de santé mentale, ce qui a entraîné un manque de convergence et de cohérence dans la mise en œuvre et, au bout du compte, les objectifs visés n’ont pas été atteints (Colombie 14 avr. 2020, 27). De même, Cubillos et al. affirment que la mise en œuvre des objectifs de la Colombie en matière de santé mentale est [traduction] « loin d’avoir atteint les normes » énoncées dans le cadre réglementaire pour la santé mentale (Cubillos, et al. avr. 2020, 379).

Selon des sources, il existe quelques programmes gouvernementaux visant à aider les personnes ayant une maladie mentale ou d’autres incapacités à trouver un emploi (Cubillos, et al. avr. 2020, 380; directeur 13 juill. 2021).

Les renseignements présentés dans le paragraphe qui suit sont tirés de l’étude de 2020 réalisée par Cubillos et al. sur les systèmes de santé mentale en Colombie, au Costa Rica et au Pérou.

La Colombie utilise des subventions publiques pour venir en aide aux personnes qui ne peuvent pas travailler en raison d’une incapacité liée à une maladie mentale. D’après des données du gouvernement de la Colombie, de 2016 à 2018, près de cinq millions de Colombiens, dont [traduction] « environ » 17 000 personnes ayant un handicap, ont créé des profils dans une base de données gouvernementale sur l’emploi. Durant cette période, 1,5 million de Colombiens ont trouvé un emploi, mais [traduction] « seulement » 1 114 d’entre eux étaient des personnes handicapées et « seulement » 30 avaient une incapacité liée à une maladie mentale. [Traduction] « [L]es programmes de réadaptation professionnelle et d’assistance en milieu de travail » destinés aux personnes atteintes de troubles mentaux « graves » sont « peu nombreux », et il est « rare » que des personnes atteintes de troubles mentaux graves bénéficient de l’assistance en milieu de travail à la disposition des personnes ayant un handicap. Les auteurs de l’étude [traduction] « n’ont vu aucune preuve d’une collaboration » entre le système de soins de santé mentale desservant les personnes atteintes de troubles mentaux graves en Colombie et les divers programmes au pays conçus pour encourager l’embauche de personnes ayant un handicap (Cubillos et al. avr. 2020, 380, 382). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.

6.2 Mécanismes d’aide et de plainte en cas de mauvais traitements

Des sources ont affirmé qu’il n’y a pas de mécanismes d’aide et de plainte spécialisés à la disposition des personnes atteintes de maladie mentale en Colombie pour signaler des cas de mauvais traitements (professeure agrégée 12 juill. 2021; directeur 13 juill. 2021). D’après des sources, les personnes ayant une maladie mentale peuvent présenter une demande de protection (acción de tutela) [5] (directeur 13 juill. 2021; Hernández Holguín 13 juill. 2021). Cependant, le psychologue a déclaré [traduction] « [qu’]il y a de nombreux retards » dans la réponse à ces demandes, ce qui a de « graves répercussions » sur la santé du patient, et il arrive parfois que la demande n’aboutisse à aucun résultat (psychologue 16 juill. 2021). Selon le psychiatre, les cas de mauvais traitements infligés à des personnes ayant des troubles mentaux peuvent être signalés au Bureau de l’ombudsman (Defensoría del Pueblo), mais ce bureau manque d’effectifs et il arrive [traduction] « souvent » que les plaintes demeurent sans « réponse efficace » (psychiatre 7 juill. 2021). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Notes

[1] L’Enquête de 2015 sur la santé mentale en Colombie est la plus récente à avoir été menée (Ospina-Pinillos, et al. 2020, 2; Hernández Holguín 14 juill. 2021). Elle a été supervisée conjointement par le ministère de la Santé et de la Protection sociale (Ministerio de Salud y Protección Social - MinSalud) et le Service national de la science, de la technologie et de l’innovation (Departamento Administrativo de Ciencia, Tecnología e Innovación - Colciencias) (Colombie 2015, 21).

[2] Selon un rapport publié par l’OMS en 2017 sur le système de soins de santé en Colombie, préparé par Jaime Hernán Rodríguez Moreno et Laura Julieta Vivas Martinez de l’Institut d’évaluation des technologies de la santé (Instituto de Evaluación Tecnológica en Salud - IETS) de la Colombie, les agences de promotion de la santé (entidad promotora de salud - EPS) du régime contributif gèrent la prestation des services de santé et sont remboursées par l’État (Nations Unies 2017, 14).

[3] D’après le rapport de l’OMS de 2017, l’unité de paiement par capitation (unidad de pago por capitación - UPC) est le mécanisme par lequel l’État colombien finance la prestation des services de santé dans les régimes publics contributif et subventionné en Colombie (Nations Unies 2017, i, 15-16). Le rapport signale que le montant de l’UPC n’est pas le même dans le régime contributif et le régime subventionné, qu’il est mis à jour et fixé annuellement par le MinSalud, et qu’il diffère selon l’âge, le sexe, le lieu de résidence et le statut de population spéciale (par exemple les populations autochtones) de la personne (Nations Unies 2017, 15–16).

[4] L’étude de 2019 sur la réprobation sociale associée à la maladie mentale en Colombie, réalisée par la Fondation Saldarriaga Concha (Fundación Saldarriaga Concha), reposait sur des groupes de discussion organisés dans cinq villes, dont Bogotá, Cartagena et Barranquilla, qui comprenaient des personnes ayant des incapacités psychosociales et des membres de leur famille (Fundación Saldarriaga Concha 2019, 20).

[5] D’après un guide d’introduction produit par la Cour constitutionnelle (Corte Constitucional) de la Colombie, la demande de protection (acción de tutela), prévue à l’article 86 de la constitution politique et à l’article 10 du décret no 2591 de 1991 (Decreto 2591 de 1991), est un mécanisme judiciaire permettant à toute personne de déposer une demande à la Cour constitutionnelle de la Colombie pour faire valoir que ses droits constitutionnels fondamentaux, y compris son droit à la santé, ont été enfreints ou menacés (Colombie [2020b], 6).

Références

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Banque mondiale. Août 2019. Health, Nutrition, and Population Global Practice. Achieving Health Outcomes in Colombia: Civil Registration and Vital Statistics System, Unique Personal Identification Number, and Unified Beneficiary Registry System for Births and Deaths. Par Juan Pablo Toro Roa, Roberto F. Iunes et Samuel Mills. [Date de consultation : 15 juill. 2021]

Banque mondiale. [2019]. « Population, Total - Colombia ». [Date de consultation : 20 juill. 2021]

Barranquilla. 13 septembre 2020. Alcaldía Distrital de Barranquilla. Facebook. « Línea de la Vida disponible para escucharte ». [Date de consultation : 21 juill. 2021]

Bogotá. S.d. Alcaldía de Bogotá. « Línea 106: 'El poder de ser escuchado' ». [Date de consultation : 6 juill. 2021]

Colombie. 24 décembre 2020. Ministerio de Salud y Protección Social (MinSalud). Resolución número 2481 de 2020. Extraits traduits vers l’anglais par le Bureau de la traduction, Services publics et Approvisionnement Canada. [Date de consultation : 7 juill. 2021]

Colombie. 14 avril 2020. Departamento Nacional de Planeación (DNP), Consejo Nacional de Política Económica y Social (CONPES). Estrategia para la promoción de la salud mental en Colombia. [Date de consultation : 5 juill. 2021]

Colombie. [2020a]. Ministerio de Salud y Protección Social (MinSalud), Observatorio Nacional de Salud Mental (ONSM). « Indicadores salud mental por geografía ». [Date de consultation : 5 juill. 2021]

Colombie. [2020b]. Corte Constitucional. ABECÉ de la acción de tutela. [Date de consultation : 15 juill. 2021]

Colombie. [2019]. Ministerio de Salud y Protección Social (MinSalud), Observatorio Nacional de Salud Mental (ONSM). « Tasa de intento de suicidio ». [Date de consultation : 5 juill. 2021]

Colombie. 15 novembre 2018. Ministerio de Salud y Protección Social (MinSalud). Política nacional de salud mental. [Date de consultation : 21 juin 2021]

Colombie. Avril 2018. Ministerio de Salud y Protección Social (MinSalud). Ficha Metodológica: Encuesta Nacional de Salud Mental 2015 - Dirección de Epidemiología y Demografía. [Date de consultation : 18 juin 2021]

Colombie. [2018]. Ministerio de Salud y Protección Social (MinSalud), Observatorio Nacional de Salud Mental (ONSM). « Indicador de uso de servicios en salud mental ». [Date de consultation : 5 juill. 2021]

Colombie. 2015. Ministerio de Salud y Protección Social (MinSalud) et Departamento Administrativo de Ciencia, Tecnología e Innovación (Colciencias). Encuesta nacional de salud mental 2015. Vol. 1. [Date de consultation : 18 juin 2021]

Colombie. 2013. Ley No. 1616. Extraits traduits vers l’anglais par le Bureau de la traduction, Services publics et Approvisionnement Canada. [Date de consultation : 18 juin 2021]

Colombie. S.d.a. Departamento Nacional de Planeación (DNP). « El Consejo Nacional de Política Económica y Social, CONPES ». [Date de consultation : 5 juill. 2021]

Colombie. S.d.b. « Lineas de atención para orientación y salud mental ». [Date de consultation : 12 juill. 2021]

Cubillos, Leonardo, et al. Avril 2020. « Addressing Severe Mental Illness Rehabilitation in Colombia, Costa Rica, and Peru ». Psychiatric Services. Vol. 71, no 4. [Date de consultation : 25 juin 2021]

Directeur, département de psychologie, Universidad Nacional de Colombia, Bogotá. 13 juill. 2021. Entretien téléphonique avec la Direction des recherches.

Directrice du programme de baccalauréat en psychologie, Universidad de la Costa (CUC), Barranquilla. 16 juillet 2021. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Doyen, faculté de psychologie, université en Colombie. 6 juillet 2021. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

El Tiempo. 6 octobre 2020a. Carol Malaver. « Coronavirus: cómo manejar la ansiedad generalizada en medio de la crisis ». [Date de consultation : 2 juill. 2021]

El Tiempo. 6 octobre 2020b. Carol Malaver. « Joven con trastorno bipolar dice que enfermedades mentales deben ser atendidas en la pandemia ». [Date de consultation : 2 juill. 2021]

Fundación Saldarriaga Concha. 2019. Estigma y discapacidad psicosocial en el marco de los resultados en salud mental del conflict armado en Colombia: Foco particular en la población indígena y afrodescendiente. (Resumen). [Date de consultation : 15 juill. 2021]

Fundación Saldarriaga Concha. S.d. « Nuestro Propósito ». [Date de consultation : 15 juill. 2021]

García Lara, Francisco José. 30 juillet 2020. « ¿Es prioritaria la salud mental? ». NeuroEconomix Blog. [Date de consultation : 25 juin 2021]

Hernández Holguín, Dora María, Facultad Nacional de Salud Pública, Universidad de Antioquia, Medellín. 15 juillet 2021. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Hernández Holguín, Dora María, Facultad Nacional de Salud Pública, Universidad de Antioquia, Medellín. 14 juillet 2021. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Hernández Holguín, Dora María, Facultad Nacional de Salud Pública, Universidad de Antioquia, Medellín. 13 juillet 2021. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Hernández Holguín, Dora María et Cristian Felipe Sanmartín-Rueda. Juillet-décembre 2018. « La paradoja de la salud mental en Colombia: entre los derechos humanos, la primacía de lo administrativo y el stigma ». Revista Gerencia y Políticas de Salud. Vol. 17, no 35. [Date de consultation : 28 juin 2021]

Johns Hopkins University. S.d. Johns Hopkins Medicine. « Fundación Santa Fe de Bogotá ». [Date de consultation : 7 août 2021]

Nations Unies. 2017. Organisation mondiale de la santé (OMS), Alliance pour la recherche sur les politiques et les systèmes de santé. Primary Health Care Systems (PRIMASYS): Case study from Colombia. Par Jaime Hernán Rodríguez Moreno et Laura Julieta Vivas Martinez de l’Instituto de Evaluación Tecnológica en Salud (IETS). [Date de consultation : 14 juill. 2021]

Ospina-Pinillos, Laura, et al. 2020. « Involving End Users in Adapting a Spanish Version of a Web-Based Mental Health Clinic for Young People in Colombia: Exploratory Study Using Participatory Design Methodologies ». JMIR Mental Health. Vol. 7, no 2. [Date de consultation : 15 juill. 2021]

Professeure agrégée, Universidad de los Andes, Bogotá. 12 juillet 2021. Entretien téléphonique avec la Direction des recherches.

Psychiatre, Santa Marta. 7 juillet 2021. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Psychologue, Universidad del Norte, Barranquilla. 16 juillet 2021. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Semana. 25 juillet 2020. « Así funciona atención domiciliaria a emergencias en salud mental en cuarentena ». [Date de consultation : 2 juill. 2021]

Tamayo-Agudelo, William et Vaughan Bell. Mai 2019. « Armed Conflict and Mental Health in Colombia ». BJPsych International. Vol. 16, no 2. [Date de consultation : 30 juin 2021]

Universidad de Antioquia. S.d. Facultad Nacional de Salud Pública, Departamento de Ciencias Básicas. « Facultad de salud pública ». [Date de consultation : 6 juill. 2021]

Autres sources consultées

Sources orales : Así Vamos en Salud; Asociación Colombiana contra la Depresión y el Pánico; Asociación Colombiana de Facultades de Psicología; Asociación Colombiana de Psiquiatría; Asociación Colombiana de Salud Pública; Barranquilla – Secretaría de Salud; Bogotá – Secretaría Distrital de Salud; Cartagena – District Mayor; Clínica CEMIC in Cartagena; Colombie – Ministerio de Salud y Protección Social; Fundación Saldarriaga Concha; Fundación Santa Fe de Bogotá; Fundamental Colombia; La Nación; Nations Unies – Centre de l’Organisation panaméricaine de la Santé en Colombie; professeur à la faculté de médecine d’une université à Medellín; professeur de psychiatrie dans une université à Bogotá (2); professeur de psychologie dans une université à Barranquilla (2); professeur de psychologie dans une université à Bogotá; professeur de psychologie dans une université à Cartagena (3); Revista Colombiana de Psicología; spécialistes en santé mentale au Secretaría Distrital de Salud à Bogotá (8).

Sites Internet, y compris : Asociación Colombiana contra la Depresión y el Pánico; Asociación Colombiana de Facultades de Psicología; Asociación Colombiana de Psiquiatría; Asociación Colombiana de Salud Mental; Asociación Colombiana de Salud Pública; Barranquilla – Secretaría de Salud; Bogotá – Secretaría de Salud, Observatorio de Salud; Borgen Magazine; Cartagena – Alcaldía Distrital; CitiesRISE; Doctoralia; ecoi.net; El Heraldo; El Paciente Colombiano; Factiva; Fundación Santa Fe de Bogotá; Instituto Colombiano de Bienestar Familiar; Instituto de Investigación del Comportamiento Humano; Médecins sans frontières; MedicosDoc; Mutante; Nations Unies – Organisation panaméricaine de la Santé, Refworld; Organisation des États américains – Commission interaméricaine des droits de l’homme; La Papaya; Pontificia Universidad Javeriana – Programa Intervenciones en Salud Mental; Razón Pública.



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