Réponses aux demandes d'information

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10 juin 2021

NGA200625.EF

Nigéria : information sur la fréquence des mutilations génitales féminines et des excisions (MGF/E), y compris les groupes ethniques au sein desquels les MGF/E sont fréquentes; possibilité pour les parents de refuser que leur fille subisse une MGF/E; conséquences associées au refus de cette pratique; protection offerte par l’État et services de soutien (2019-juin 2021)

Direction des recherches, Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada

1. Attitudes sociétales et fréquence des MGF/E

Selon un rapport d’information sur le Nigéria publié en décembre 2020 par le ministère des Affaires étrangères et du Commerce (Department Foreign Affairs and Trade - DFAT) de l’Australie, [traduction] « [b]ien qu’elles soient interdites et en déclin, les MGF/E sont encore pratiquées au Nigéria » (Australie 3 déc. 2020, paragr. 3.90). Le rapport du DFAT souligne également que [traduction] « [l]es normes culturelles et sociétales soutiennent le maintien des MGF/E au Nigéria » en s’appuyant sur « des notions de propreté ou d’hygiène, de prévention de la promiscuité, d’augmentation de la fertilité, de perspectives de mariage et de fidélité, de féminité accomplie ou sur l’idée que cela protège les bébés pendant l’accouchement » (Australie 3 déc. 2020, paragr. 3.92).

Selon la plus récente enquête démographique et sanitaire au Nigéria, menée d’août à décembre 2018 par la Commission nationale de la population (National Population Commission - NPC) et l’ICF, l’organisation responsable du programme international des enquêtes démographiques et sanitaires (Demographic Health Surveys - DHS) [1] de l’Agence américaine pour le développement international (United States Agency for International Development - USAID), parmi les femmes qui ont entendu parler des MGF/E, 78 p. 100 [traduction] « croient que les MGF ne sont pas exigées par leur religion » et 67 p. 100 « croient que ces pratiques ne devraient pas être maintenues » (NPC du Nigéria et ICF oct. 2019, 1, 465).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, la directrice de la campagne Non aux MGF (No-FGM Campaign), une campagne contre les MGF/E dans l’État d’Akwa Ibom (The Guardian 6 févr. 2021a), a écrit que

[traduction]

[l]a MGF est une pratique cachée. La pratique fait l’objet d’une interdiction explicite; les personnes qui s’y adonnent agissent donc discrètement. La fréquence est mesurée par le nombre de victimes qui s’expriment et, pour cette raison, il n’y a pas beaucoup de comptes rendus publics sur les MGF. Il y a de nombreuses victimes, mais leur refus de s’exprimer explique pourquoi il n’y a pas de statistiques disponibles (No-FGM Campaign 23 mai 2021).

Selon l’enquête démographique et sanitaire de 2018, 20 p. 100 des femmes âgées de 15 à 49 ans sont [traduction] « excisées », comparativement aux 25 p. 100 rapportés en 2013; parmi les femmes âgées de 15 à 49 ans qui ont été excisées, 86 p. 100 ont été excisées avant l’âge de 5 ans et 5 p. 100 ont été excisées à 15 ans ou plus (NPC du Nigéria et ICF oct. 2019, 465).

La même source fournit les statistiques suivantes concernant la proportion de femmes, par tranche d’âge, qui ont subi des MGF/E :

Âge (années) Pourcentage de femmes
excisées
15–19 13,7
20–24 15,9
25–29 18,0
30–34 19,7
35–39 21,9
40–44 26,7
45–49 31,0

(NPC du Nigéria et ICF oct. 2019, 473)

L’enquête démographique et sanitaire de 2018 signale que 24,2 p. 100 des femmes âgées de 15 à 49 ans vivant en ville ont été excisées comparativement à 15,6 p. 100 des femmes vivant à la campagne (NPC du Nigéria et ICF oct. 2019, 473). La même source fournit les statistiques suivantes sur la fréquence des MGF/E par État ou territoire :

État Pourcentage de femmes
excisées (15-49 ans)
État Pourcentage de femmes
excisées (15-49 ans)
Abia 12,2 Katsina 1,4
Territoire de la capitale
fédérale, Abuja
5,1 Kebbi 1,6
Adamawa 0,0 Kogi 1,0
Akwa Ibom 10,2 Kwara 46,0
Anambra 21,4 Lagos 23,7
Bauchi 10,7 Nasarawa 1,8
Bayelsa 6,7 Niger 10,5
Benue 5,3 Ogun 8,2
Borno 2,4 Ondo 43,7
Cross River 11,9 Osun 45,9
Delta 33,7 Oyo 31,1
Ebonyi 53,2 Plateau 3,0
Edo 35,5 Rivers 9,3
Ekiti 57,9 Sokoto 5,4
Enugu 25,3 Taraba 3,9
Gombe 0,1 Yobe 14,2
Imo 61,7 Zamfara 5,3
Jigawa 34,1
Kaduna 48,8

(NPC du Nigéria et ICF oct. 2019, 473-474)

L’enquête démographique et sanitaire de 2018 fournit les statistiques suivantes sur la proportion de femmes, par religion, qui ont subi des MGF/E :

Religion Pourcentage de femmes
excisées (15-49 ans)
Catholique 24,5
Autres religions chrétiennes 19,4
Islam 18,7
Traditionaliste 11,9
Autres 2,2

(NPC du Nigéria et ICF oct. 2019, 473)

L’enquête démographique et sanitaire de 2018 fournit les statistiques suivantes sur la proportion de femmes, par groupe ethnique, qui ont subi des MGF/E :

Groupe ethnique Pourcentage de femmes
excisées (15-49 ans)
Ekoi 11,6
Fulani 12,6
Hausa 19,7
Ibibio 9,3
Igala 0,9
Igbo 30,7
Ijaw/Izon 6,9
Kanuri/Beriberi 5,6
Tiv 0,8
Yoruba 34,7

(NPC du Nigéria et ICF oct. 2019, 473)

L’enquête démographique et sanitaire de 2018 fournit les statistiques suivantes sur la proportion de femmes, par niveau de scolarité et de richesse, qui ont subi des MGF/E :

Scolarité Pourcentage de femmes
excisées (15-49 ans)
Aucune 17,2
Primaire 25,6
Secondaire 19,4
Postsecondaire 19,5
Quintile de richesse Pourcentage de femmes
excisées (15-49 ans)
Le plus pauvre 16,4
Deuxième 17,8
Troisième 20,0
Quatrième 22,6
Le plus riche 20,0

(NPC du Nigéria et ICF oct. 2019, 474)

L’enquête démographique et sanitaire de 2018 fournit les statistiques suivantes sur la proportion de filles âgées de 0 à 14 ans qui ont subi des MGF/E, déclarées par leurs mères, ventilées en fonction du niveau de scolarité et de richesse de la mère :

Scolarité de la mère Pourcentage de filles
excisées (0-14 ans)
Aucune 24,4
Primaire 16,7
Secondaire 14,1
Postsecondaire 7,5
Quintile de richesse Pourcentage de filles
excisées (0-14 ans)
Le plus pauvre 26,6
Deuxième 20,8
Troisième 18,8
Quatrième 16,4
Le plus riche 9,8

(NPC du Nigéria et ICF oct. 2019, 478)

2. Répercussions de la COVID-19 sur la fréquence des MGF/E et les services de soutien

Dans un article publié en février 2021 par Reuters, on peut lire que la COVID-19 a donné lieu à une augmentation des signalements des cas de MGF/E au Nigéria selon des groupes de défense des droits des femmes (Reuters 5 févr. 2021). Un rapport publié en septembre 2020 par Projet orchidée (Orchid Project) [2] sur les répercussions de la COVID-19 sur les MGF/E signale que des organisations à Abuja ont signalé une augmentation des cas de MGF/E dans le Sud-Ouest du Nigéria [traduction] « en raison de la fermeture des écoles » (Orchid Project sept. 2020, 7). Selon la même source, [traduction] « les ressources en matière de prévention et de protection ne sont pas accessibles » en raison des mesures de distanciation et des restrictions des déplacements établies à cause de la COVID-19 (Orchid Project sept. 2020, 7). D’après le rapport d’Orchid Project, des organisations de la société civile au Nigéria ont géré leurs services d’écoute et les ont augmentés [voir la section 6 de la présente réponse]; une organisation de l’État d’Enugu a déclaré avoir reçu [traduction] « plus de 2 000 appels » (Orchid Project sept. 2020, 8). La même source signale que dans l’État d’Enugu, des organisations et des membres de la communauté ont fait office de [traduction] « police informelle », car la « police officielle est surchargée par la COVID-19 et incapable de protéger les filles et les femmes qui risquent » de subir des MGF/E (Orchid Project sept. 2020, 8). Le rapport d’Orchid Project ajoute que [traduction] « [c]ertains » refuges au Nigéria ont été fermés en raison de la COVID-19 « sans fournir une solution de rechange aux femmes et aux filles qui risquent » de subir des MGF/E et que lorsque des refuges sont disponibles, ils sont « gravement limités » par le manque de fonds et d’espace (Orchid Project sept. 2020, 8). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement additionnel sur les refuges à la disposition des filles et des femmes qui risquent de subir des MGF/E.

3. Décision concernant les MGF/E

Un rapport publié en février 2019 sur le Nigéria par le Bureau européen d’appui en matière d’asile (European Asylum Support Office - EASO) souligne que la

[traduction]

décision définitive d’exciser ou non leur fille est prise le plus souvent par les parents, mais la réponse à la question de savoir si le père ou la mère prend cette décision varie considérablement entre individus et entre groupes ethniques. Les grands-parents ou la femme la plus âgée du côté paternel peuvent aussi jouer un rôle décisif (UE févr. 2019, 63).

La même source ajoute que [traduction] « quelques cas où des membres de la famille ont fait fi de la décision des parents et fait subir des MGF/E à des filles [ont été] signalés, mais ces cas sont considérés très inhabituels » (UE févr. 2019, 63). Dans le rapport du DFAT, on peut lire [traduction] « [qu’i]l n’y a aucune information selon laquelle des MGF/E ont été pratiquées sans le consentement des parents » (Australie 3 déc. 2020, paragr. 3.93). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, le directeur général de la Société pour l’amélioration de la situation des populations rurales (Society for the Improvement of Rural People - SIRP) [3] a affirmé que le [traduction] « Nigéria a un système de valeurs socioculturelles patriarcales où les hommes sont préférés aux femmes » et que la pratique des MGF/E suppose « une relation de pouvoir inégale où l’homme prend toutes les décisions importantes dans la famille, y compris celle concernant l’excision d’une fille » (directeur général 6 juin 2021). La directrice de la campagne Non aux MGF a déclaré que [traduction] « [d]ans la société nigériane, les pères ont plus d’autorité que les mères dans la prise de décisions. Dans les familles élargies, les chefs de famille ont la plus haute autorité et sont habituellement des hommes » (No-FGM Campaign 23 mai 2021). En parlant de l’État d’Akwa Ibom, dans le Sud du Nigéria, la même source a ajouté que

[traduction]

[l]es parents ont le pouvoir de prendre des décisions concernant l’excision de leur fille lorsqu’ils vivent dans des villes ou des régions semi-urbaines. Toutefois, ce n’est pas le cas lorsqu’ils vivent dans des communautés rurales soudées et que les MGF sont une pratique culturelle reconnue et obligatoire dans cette région (No-FGM Campaign 23 mai 2021).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.

4. Conséquences associées au refus des MGF/E
4.1 Pour les parents

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu de renseignements sur les conséquences pour les parents qui refusent des MGF/E. Le rapport de l’EASO souligne que la parenté [traduction] « pourrait » faire pression sur les parents avec des « menaces de les priver de soutien en raison de leurs “mauvaises” décisions »; toutefois, la MGF/E est [traduction] « considérée comme une “question familiale” et les parents ne font habituellement pas l’objet de violence ou de menaces de violence » (UE févr. 2019, 63). Le directeur général de la SIRP a observé que les parents de filles qui ne subissent pas une MGF/E [traduction] « sont ostracisés et la reconnaissance sociale leur est refusée » dans leur famille élargie et dans la communauté (directeur général 6 juin 2021). La même source a affirmé que cela s’applique partout au Nigéria, mais que cela est [traduction] « plus prononcé chez les Igbos et les Yoroubas dans les régions du Sud-Est et du Sud-Ouest du Nigéria » (directeur général 6 juin 2021). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.

4.2 Pour la fille

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu de renseignements sur les conséquences d’un refus des MGF/E pour une fille. Selon le rapport du DFAT, [traduction] « [l]es filles peuvent être ostracisées, rejetées ou attaquées par leur famille ou leur communauté si elles n’ont pas subi une MGF/E » (Australie 3 déc. 2020, paragr. 3.92). Dans son rapport, l’EASO a écrit qu’il y a [traduction] « des préoccupations selon lesquelles des hommes refusent d’épouser des femmes qui n’ont pas été excisées » (UE févr. 2019, 63). La directrice de la campagne Non aux MGF a écrit que dans les régions de l’État d’Akwa Ibom où les MGF/E sont pratiquées, les filles qui n’ont pas subi une MGF/E sont [traduction] « perçues comme “pas suffisamment femmes”, immariables, des parias et des rebelles » (No-FGM Campaign 23 mai 2021). Le directeur général de la SIRP a affirmé que les filles qui ne subissent pas une MGF/E [traduction] « sont perçues comme impures et [sont] par conséquent stigmatisées » et ne sont pas perçues comme « adéquates et convenables » pour le mariage (directeur général 6 juin 2021).

5. Protection offerte par l’État

Dans le rapport du DFAT, on peut lire que [traduction] « [l]a capacité du gouvernement de fournir une protection efficace est limitée dans certaines parties du pays, en particulier dans les États suivants : Borno, Adamawa, Yobe, Plateau, Benue, Nasarawa, Taraba et Zamfara » (Australie 3 déc. 2020, paragr. 3.93).

Un communiqué de presse de l’OMS paru en décembre 2019 attire l’attention sur le fait que le chef de la Division sur le genre, les adolescents et la santé à l’école et les soins aux aînés (Gender, Adolescent/School Health and Elderly Care - GASHE) du ministère fédéral de la Santé du Nigéria a déclaré que [traduction] « “[l]a politique nationale révisée sur l’élimination des MGF (2020-2024) a défini les rôles du personnel de la santé, des organismes de réglementation en matière de santé, des associations de professionnels de la santé et des autres intervenants pour prévenir les MGF au Nigéria” » (Nations Unies 11 déc. 2019). La même source ajoute que selon le chef de la GASHE, les politiques pour prévenir les MGF/E comprennent [traduction] « la sensibilisation et la conscientisation », « le développement des capacités du personnel de la santé » et l’établissement de systèmes de surveillance pour détecter la pratique des MGF/E chez les professionnels de la santé (Nations Unies 11 déc. 2019). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement additionnel sur la politique nationale révisée sur l’élimination des MGF (2020-2024).

5.1 Loi

L’article 6 de loi de 2015 interdisant la violence contre les personnes (Violence Against Persons (Prohibition) Act, 2015 - VAPP Act) prévoit ceci concernant la MGF/E :

[traduction]

  1. L’excision ou mutilation génitale d’une fille ou d’une femme est interdite.
  2. Toute personne qui pratique l’excision ou mutilation génitale d’une fille ou d’une femme, ou engage une autre personne pour pratiquer une excision ou une mutilation, commet une infraction et est passible, si elle est déclarée coupable, d’une peine d’emprisonnement maximale de quatre ans ou d’une amende maximale de 200 000 [nairas nigérians (NGN)] [environ 585 $CAN], ou de ces deux peines.
  3. Toute personne qui tente de commettre l’infraction prévue au paragraphe (2) du présent article commet une infraction et est passible, si elle est déclarée coupable, d’une peine d’emprisonnement maximale de deux ans ou d’une amende maximale de 100 000 NGN, ou de ces deux peines.
  4. Toute personne qui incite, aide ou encourage une autre personne à commettre l’infraction prévue au paragraphe (2) du présent article commet une infraction et est passible, si elle est déclarée coupable, d’une peine d’emprisonnement maximale de deux ans ou d’une amende maximale de 100 000 NGN, ou de ces deux peines (Nigéria 2015).

5.2 Application et exécution de l’interdiction des MGF/E au titre de loi de 2015

Un rapport publié en juin 2018 par 28 Too Many [4] signale que les lois adoptées par le gouvernement fédéral doivent également être adoptées et mises en œuvre par les gouvernements des États (28 Too Many juin 2018, 2). La même source a écrit que la loi de 2015 interdisant la violence contre les personnes est une loi fédérale et, à ce titre, elle est [traduction] « en vigueur uniquement » dans le territoire de la capitale fédérale-Abuja; les autres États « doivent adopter des lois correspondantes pour interdire les MGF partout au pays » (28 Too Many juin 2018, 3). Selon le rapport de l’EASO, 13 États ont adopté des [traduction] « lois similaires » (UE févr. 2019, 62). De même, le DFAT a écrit dans son rapport qu’en date de décembre 2020, 13 États ont mis en œuvre la loi de 2015 interdisant la violence contre les personnes (Australie 3 déc. 2020, paragr. 3.91). Le directeur général de la SIRP a dit que 4 des 36 États du Nigéria ont adopté la loi de 2015 interdisant la violence contre les personnes [traduction] « en vue de la mettre en œuvre » (directeur général 6 juin 2021). D’après un outil de suivi de la loi de 2015 interdisant la violence contre les personnes, géré par l’Initiative pour la primauté du droit et l’autonomisation (Rule of Law and Empowerment Initiative) aussi connue sous le nom Partenaires d’Afrique de l’Ouest et du Nigéria (Partners West Africa Nigeria - PWAN) [5], 23 États au Nigéria ont adopté la loi de 2015 interdisant la violence contre les personnes (PWAN [avr. 2021]). Dans son rapport, 28 Too Many écrit que [traduction] « certains » États ont prévu leurs propres peines pour les MGF/E (28 Too Many juin 2018, 5).

Le communiqué de presse de décembre 2019 de l’OMS signale que la mise en œuvre des lois interdisant les MGF/E [traduction] « demeure faible dans les États du Nigéria » (Nations Unies 11 déc. 2019). Dans un article publié en février 2020 par le Guardian, un journal nigérian, on peut lire que malgré l’adoption de la loi de 2015 interdisant la violence contre les personnes, [traduction] « il y a encore un grand nombre de MGF » (The Guardian 6 févr. 2020). Le rapport de l’EASO souligne que même s’il y a une loi fédérale interdisant les MGF/E et des lois apparentées dans [traduction] « plusieurs » États nigérians, « aucune mesure judiciaire pour enrayer cette pratique » n’a été signalée (UE févr. 2019, 62). En ce qui concerne les MGF/E, des sources signalent qu’il n’y a eu aucune condamnation (No-FGM Campaign 23 mai 2021; directeur général 6 juin 2021) ou aucune poursuite (28 Too Many juin 2018, 5; Australie 3 déc. 2020, paragr. 3.93). Un article publié en mai 2021 par l’Agence de presse du Nigéria (News Agency of Nigeria - NAN), fondée par le gouvernement du Nigéria (Devex s.d.), rapporte que lors d’un atelier sur l’élimination des MGF/E dans l’État d’Oyo, un chargé de cours du Département de sociologie de l’Université d’Ibadan a déclaré que [traduction] « la mise en œuvre des lois contre les MGF est inadéquate » et que dans les 13 États qui ont adopté une loi contre les MGF/E, l’absence de mise en œuvre est un « problème majeur » (NAN 18 mai 2021).

Le rapport du DFAT signale qu’étant donné que les membres de la famille [traduction] « sont souvent les auteurs des MGF/E, les taux de signalements des MGF/E sont faibles » (Australie 3 déc. 2020, paragr. 3.93). La directrice de la campagne Non aux MGF a écrit que les victimes de MGF/E [traduction] « hésitent à porter plainte » (No-FGM Campaign 23 mai 2021). Le rapport de 28 Too Many fait observer que les familles sont [traduction] « réticentes » à signaler les MGF/E et à « risquer d’aller en cour » (28 Too Many juin 2018, 6).

Dans un article publié en février 2021 par le Guardian, on peut lire que selon une militante et survivante de MGF/E, [traduction] « “de nombreuses personnes” » ignorent l’existence de la loi interdisant les MGF/E (The Guardian 6 févr. 2021b). Dans son rapport, 28 Too Many souligne que [traduction] « [l]es détails concernant les lois contre les MGF ne sont pas encore largement connus » et « bon nombre de personnes, y compris les corps policiers locaux », ne les comprennent pas (28 Too Many juin 2018, 6). La même source rapporte que selon la société civile, [traduction] « les corps policiers locaux et l’appareil judiciaire ont besoin d’être sensibilisés au sujet des lois contre les MGF » (28 Too Many juin 2018, 6). Toutefois, le rapport de 28 Too Many ajoute que des responsables de l’application de la loi, y compris des policiers, des membres du Corps de sécurité et de défense civile du Nigéria (Nigeria Security and Civil Defence Corps - NSCDC) et du Service d’immigration du Nigéria (Nigeria Immigration Service - NIS), ont reçu de la formation dans l’État d’Osun (28 Too Many juin 2018, 6).

La directrice de la campagne Non aux MGF a affirmé qu’une femme qui refuse une MGF/E peut demander une protection à la police et que [traduction] « [l]a loi la protège » (No-FGM Campaign 23 mai 2021). Le directeur général de la SIRP a dit que selon la loi de 2015 interdisant la violence contre les personnes, une femme qui refuse de subir une MGF/E peut s’adresser à la police pour obtenir une protection; toutefois, en pratique, [traduction] « la police ne prend presque jamais le problème très sérieu[sement] » (directeur général 6 juin 2021). La directrice de la campagne Non aux MGF a affirmé qu’en cas de conflit dans la famille élargie en raison d’un refus d’une MGF/E, les parents peuvent s’adresser à la police (No-FGM Campaign 23 mai 2021). Toutefois, cela s’applique uniquement dans les États qui ont adopté la loi de 2015 interdisant la violence contre les personnes ou qui disposent de lois interdisant les MGF; [traduction] « [l]orsqu’il n’y en a pas, il pourrait n’y avoir aucune protection » (No-FGM Campaign 23 mai 2021). Le directeur général de la SIRP a déclaré que la loi de 2015 interdisant la violence contre les personnes prévoit un mécanisme de plainte et de réparation qui permet aux victimes, aux survivantes et aux parents de [traduction] « demander une réparation auprès des organismes d’exécution de la loi, en particulier la police »; toutefois, il n’y a « aucune protection institutionnelle, aucune mesure motivationnelle et incitative pour que les parents entreprennent cette procédure » (directeur général 6 juin 2021).

6. Exemples de services de soutien

Des sources signalent que, parmi les organisations de la société civile au Nigéria qui militent pour mettre fin aux MGF/E, on compte les suivantes :

  • Réseau de valorisation des femmes (Value Female Network) par l’entremise de leur projet d’abandon de la mutilation génitale féminine (Project Abandon Female Genital Mutilation) (Nations Unies s.d.);
  • Fondation des femmes contre la violence et l’exploitation (Women Against Violence and Exploitation (WAVE) Foundation)(WAVE Foundation s.d.);
  • Initiative santé HACEY (HACEY Health Initiative) par l’entremise de leur projet StopExcision (StopCut Project), dans les États d’Ekiti, d’Osun et d’Oyo (HACEY s.d.);
  • Campagne Non aux MGF, dans l’État d’Akwa Ibom (The Guardian 6 févr. 2021a);
  • SIRP, dans l’État d’Enugu (Orchid Project sept. 2020, 9).

Selon Orchid Project, la SIRP gère également une [traduction] « ligne d’aide concernant les [MGF/E] pour les filles à risque » dans l’État d’Enugu (Orchid Project sept. 2020, 9). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement sur les services offerts par la ligne d’aide.

Selon son site Internet, la WAVE Foundation, une organisation sans but lucratif d’Abuja ayant des antennes à Osogbo, à Kano, à Minna et à Lagos, offre les services suivants concernant les MGF/E :

Chirurgie reconstructive
Counseling
Prévention et soutien pour les filles à risque et les survivantes
Médicaments
Défense des intérêts
Services juridiques gratuits
Centre communautaire (WAVE Foundation s.d.).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.

Notes

[1] Les Demographic and Health Surveys (DHS) sont [traduction] « un projet financé par l’Agence américaine pour le développement international (United States Agency for International Development - USAID) qui fournit de l’aide et du soutien technique pour la mise en œuvre d’enquêtes démographiques et sanitaires dans plusieurs pays du monde » (NPC du Nigéria et ICF oct. 2019, ii).

[2] Orchid Project est une ONG du Royaume-Uni qui travaille avec des organisations partout dans le monde pour mettre fin à la pratique des MGF/E (Orchid Project s.d.).

[3] La Society for the Improvement of Rural People (SIRP) est une ONG située dans l’Enugu, au Nigéria, qui [traduction] « travaille avec les populations rurales en vue de réduire la pauvreté et favoriser l’autonomisation générale » au moyen de projets de défense des droits, de formation, de recherche et de projets (SIRP s.d.).

[4] 28 Too Many est une organisation du Royaume-Uni qui effectue des recherches sur la MGF/E et [traduction] « fourni[t] des connaissances et des outils à ceux qui travaillent en vue de mettre fin à la MGF » en Afrique et ailleurs dans le monde (28 Too Many s.d.).

[5] La Rule of Law and Empowerment Initiative aussi connue sous le nom de Partners West Africa Nigeria (PWAN), est une ONG nigériane ayant pour but [traduction] « d’encourager la participation des citoyens et d’améliorer la gouvernance de la sécurité au Nigéria et en Afrique de l’Ouest » (PWAN s.d.).

Références

28 Too Many. Juin 2018. Nigeria: The Law and FGM. [Date de consultation : 9 avr. 2021]

28 Too Many. S.d. « About ». [Date de consultation : 26 mai 2021]

Australie. 3 décembre 2020. Department of Foreign Affairs and Trade (DFAT). DFAT Country Information Report: Nigeria. [Date de consultation : 4 avr. 2021]

Devex. S.d. « News Agency of Nigeria (NAN) ». [Date de consultation : 2 juin 2021]

Directeur général, Society for the Improvement of Rural People (SIRP). 6 juin 2021. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

The Guardian (Nigéria). 6 février 2021a. Esther Ijewere. « I'm Determined to Stop the Practice of Female Genital Mutilation – Ikanna Okim ». [Date de consultation : 28 mai 2021]

The Guardian (Nigéria). 6 février 2021b. Tobi Awodipe et Ijeoma Thomas-Odia. « Women Seek End to Female Genital Mutilation Culture in Nigeria ». [Date de consultation : 20 mai 2021]

The Guardian (Nigéria). 6 février 2020. Adenike Fagbemi. « HACEY Launch 'Stop Cut' Project Against Female Genital Mutilation ». [Date de consultation : 20 mai 2021]

HACEY Health Initiative (HACEY). S.d. « About the StopCut Project ». [Date de consultation : 2 juin 2021]

National Population Commission (NPC) du Nigéria et ICF. Octobre 2019. Nigeria Demographic and Health Survey 2018. [Date de consultation : 20 mai 2021]

Nations Unies. 11 décembre 2019. Organisation mondiale de la santé (OMS). « WHO and Partners Harmonize Government Efforts to Stop Medicalization of Female Genital Mutilation ». [Date de consultation : 20 mai 2021]

Nations Unies. S.d. Prix de l’action pour les Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies. « Project Abandon Female Genital Mutilation ». [Date de consultation : 2 juin 2021]

News Agency of Nigeria (NAN). 18 mai 2021. « Stakeholders Call for Enforcement of Laws to Protect Women Against FGM ». [Date de consultation : 20 mai 2021]

Nigéria. 2015. Violence Against Persons (Prohibition) Act, 2015. [Date de consultation : 20 mai 2021]

No-FGM Campaign. 23 mai 2021. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par la directrice de campagne.

Orchid Project. Septembre 2020. Impacts of COVID-19 on Female Genital Cutting. [Date de consultation : 4 avr. 2021]

Orchid Project. S.d. « About Us ». [Date de consultation : 25 mai 2021]

Partners West Africa Nigeria (PWAN). [Avril 2021]. « VAPP Tracker ». [Date de consultation : 26 mai 2021]

Partners West Africa Nigeria (PWAN). S.d. « About Us ». [Date de consultation : 26 mai 2021]

Reuters. 5 février 2021. Nita Bhalla. « COVID Creates 'Fertile Ground' for Genital Cutting in Africa ». [Date de consultation : 20 mai 2021]

Society for the Improvement of Rural People (SIRP). S.d. « About Us ». [Date de consultation : 8 juin 2021]

Union européenne (UE). Février 2019. Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO). Country Guidance: Nigeria. [Date de consultation : 4 avr. 2021]

Women Against Violence and Exploitation (WAVE) Foundation. S.d. « About Us ». [Date de consultation : 2 juin 2021]

Autres sources consultées

Sources orales : 28 Too Many; Africa Youth and Adolescents Network on Population and Development Nigeria; Centre for Women Studies and Intervention; Committee for the Defence of Human Rights Nigeria; Community Health and Research Initiative; Education as a Vaccine; Girls' Power Initiative; HACEY Health Initiative; Nations Unies – EndCuttingGirls Campaign Nigeria, UN Population Fund Nigeria, WHO Nigeria Country Office; Nigéria – Federal Ministry of Health; Orchid Project; Population Council – Evidence to End FGM/C: Research to Help Women Thrive, Nigeria Country Office; professeur d’anthropologie médicale dans une université au Kansas qui étudie le genre et la sexualité au Nigéria; professeur de sociologie dans une université nigériane qui étudie le développement et les enjeux sociaux au Nigéria; Safehaven Development Initiative; Value Female Network; Women Advocates Research and Documentation Centre; Women's Aid Collective; Women's Consortium of Nigeria; Women's Health and Action Research Centre; Women's Information Network; Women's Rights and Health Project.

Sites Internet, y compris : ActionAid; African Women's Organization; Amnesty International; The Atlantic; Autriche – Federal Office for Immigration and Asylum; Banque mondiale; BBC; Bertelsmann Stiftung; CARE International; Daily Independent; Daily Trust; Desert Flower Foundation; ecoi.net; Education as a Vaccine; End FGM European Network; Equality Now; Factiva; Foundation for Women's Health Research and Development; France – Office français de protection des réfugiés et apatrides; Gender & COVID-19; The Girl Generation; Global Health Council; The Guardian (R.-U.); Hope Foundation for African Women; Human Rights Watch; International Center for Research on Women; Irlande – Refugee Documentation Centre; Leadership; Nations Unies – Fonds des Nations Unies pour la population, Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, Refworld; The New York Times; Nigeria Health Watch; Nigéria – Federal Ministry of Health, Federal Ministry of Women Affairs and Social Development; Norvège – Landinfo; Organisation de coopération et de développement économiques; Plan International; Population Council – Evidence to End FGM/C: Research to Help Girls and Women Thrive; The Premium Times; The Punch; Save the Children; The Telegraph; This Day; University of Nairobi – Africa Coordinating Centre for the Abandonment of FGM/C; Vanguard; The Washington Post; Women's Consortium of Nigeria.



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