Réponses aux demandes d'information

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14 décembre 2020

PAK200382.EF

Pakistan : information sur les groupes activistes Lashkar-e-Jhangvi [Lashkar-i-Jhangvi] (LeJ), Sipah-e-Sahaba Pakistan [Sipah-i-Sahaba Pakistan] (SSP) / Ahle Sunnat Wal Jamaat [Ahl-e-Sunnat-wal-Jamaat] (ASWJ) et Tehrik-i-Taliban [Tehrik-e Taliban Pakistan, Tehrik-e-Taliban, Pakistani Taliban, Tehreek-e-Taliban] (TTP), y compris leurs dirigeants, leur structure, leurs objectifs, leurs activités, leurs zones d’opération et leur capacité à retrouver les personnes qu’ils prennent pour cible; les relations entre ces groupes; la réponse de l’État (2018–décembre 2020)

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada

1. Le groupe LeJ

Selon des sources, le groupe LeJ a été fondé en 1996 par Malik Ishaq, Riaz Basra et Akram Lahori, des anciens membres du SSP [voir la section 2 de la présente réponse] (Australie 3 mars 2018; Mapping Militant Organizations 3 août 2018). Dans les Country Reports on Terrorism 2019, le Département d’État des États-Unis explique que le LeJ est [traduction] « la ramification terroriste du groupe sectaire sunnite deobandi [1] Sipah-i-Sahaba Pakistan » (É.-U. 24 juin 2020, 283). Selon Matthew Nelson, maître de conférences en politique à l’École d’études orientales et africaines (School of Oriental and African Studies - SOAS) de l’Université de Londres qui a présenté un exposé sur les politiques sectaires lors d’une assemblée organisée par le Bureau européen d’appui en matière d’asile (European Asylum Support Office - EASO) de l’Union européenne en octobre 2017, le LeJ est [traduction] « [l’]aile activiste » du SSP (Nelson févr. 2018, 30). Des sources signalent que le LeJ est une organisation [traduction] « secrète » (Mapping Militant Organizations 3 août 2018) ou qu’il « évite l’exposition médiatique et essaie de mener ses activités le plus secrètement possible » (ITCT s.d.a).

Selon les Country Reports on Terrorism 2019 publiés par les États-Unis, les sources de financement du LeJ sont [traduction] « des donateurs fortunés du Pakistan et du Moyen-Orient, en particulier [des] États du Golfe », ainsi que les activités criminelles, notamment l’extorsion (É.-U. 24 juin 2020, 284). De même, dans le portail sur le terrorisme en Asie du Sud (South Asian Terrorism Portal - SATP), une base de données contenant de l’information sur le terrorisme, [traduction] « les guerres de faible intensité » et les conflits ethniques, communautaires et sectaires en Asie du Sud (SATP s.d.a), on peut lire que le LeJ reçoit des fonds [traduction] « privés » de l’Arabie saoudite et « de riches bienfaiteurs de Karachi, au Pakistan » (SATP s.d.b).

1.1 Dirigeants, objectifs et structure

Des sources de 2017 et de 2018 signalent que le dirigeant du LeJ est Yousaf Mansoor Khurasani (The Jamestown Foundation 27 janv. 2017; Australie 3 mars 2018), également connu sous le nom de Syed Safdar Shah (The Jamestown Foundation 27 janv. 2017).

Selon des sources, l’objectif du LeJ est d’établir un [version française du Canada] « État islamiste sunnite » fondé sur la charia au Pakistan (Canada 21 nov. 2018a) ou de transformer le Pakistan en [traduction] « califat sunnite » (The Jamestown Foundation 27 janv. 2017).

D’après le site Internet de la Sécurité nationale (National Security) du ministère des Affaires intérieures (Department of Home Affairs) de l’Australie, le nombre de membres du LeJ est évalué à [traduction] « quelques centaines » (Australie 3 mars 2018). De même, le SATP signale que le LeJ compte [traduction] « environ 300 » membres « actifs » (SATP s.d.b).

Selon le SATP, [traduction] « le LeJ est un amalgame de sous-unités plus ou moins coordonnées dans diverses régions du Pakistan, en particulier dans les districts du Pendjab[,] et un chef autonome est à la tête de chaque sous-unité » (SATP s.d.b). Des sources expliquent que les membres du LeJ exercent leurs activités en petites cellules de cinq à huit membres (Australie 3 mars 2018; SATP s.d.b).

1.2 Zones d’opération et activités

Dans les Country Reports on Terrorism 2019 publiés par les États-Unis, on peut lire que le LeJ est présent et actif au Pakistan et en Afghanistan (É.-U. 24 juin 2020, 284). Le SATP signale que deux des [traduction] « principaux centres d’entraînement » du LeJ sont situés dans la ville de Muridke, dans le district de Sheikhupura, et dans la ville de Kabirwala, dans le district de Khanewal, toutes deux dans la province du Pendjab (SATP s.d.b).

Des médias signalent que, en juillet 2020, cinq présumés membres du LeJ ont été arrêtés à Karachi (Dawn 23 juill. 2020; The News International 23 juill. 2020). Les mêmes sources citent aussi des renseignements fournis par le Service de lutte contre le terrorisme (Counter Terrorism Department - CTD) selon lesquels les suspects ont affirmé que quatre équipes de tueurs avaient été envoyées par des dirigeants incarcérés du LeJ et avaient reçu l’ordre d’attaquer des chefs des forces de l’ordre et des chefs religieux (Dawn 23 juill. 2020; The News International 23 juill. 2020).

Selon le Pakistan Security Report 2019 publié par l’Institut pakistanais d’études sur la paix (Pak Institute for Peace Studies - PIPS) [2], le LeJ a été à l’origine de huit [traduction] « attaques terroristes » en 2019, soit cinq à Karachi et trois dans la province du Baloutchistan; en comparaison, il a commis sept attaques en 2018 (PIPS janv.-juin 2020, 71). Dans le rapport sur la sécurité du PIPS pour 2018, on peut lire que six des sept attaques de cette année-là ont eu lieu dans la province du Baloutchistan, et que l’autre s’est produite dans la province du Khyber Pakhtunkhwa (PIPS janv.-juin 2019, 78). La même source ajoute ceci :

[traduction]

Bon nombre d’activistes du [LeJ] et du Jundullah ont aussi été tués dans des opérations lancées dans le pays par les forces de sécurité pakistanaise et les services de lutte contre le terrorisme des forces policières. Ces décès ont causé des perturbations au sein des groupes activistes, ce qui a entraîné une réduction du nombre d’attaques terroristes (PIPS janv.-juin 2019, 73).

Il ressort de la Base de données mondiale sur le terrorisme (Global Terrorism Database - GTD) [3], d’après une recherche effectuée le 17 novembre 2020 avec le nom « Lashkar-E-Jhangvi » en guise [traduction] d’« auteur des actes », que le LeJ a pris part aux cinq attaques terroristes [4] suivants en 2018 [5] :

  • Une [traduction] « [a]ttaque armée » commise le 8 octobre 2018 contre la police à Karachi, avec l’ASWJ et avec la participation « soupçonnée » de l’Hizb-ul-Ahrar [Hizbul Ahrar] (HuA);
  • un « [b]ombardement/[e]xplosion [avec] [a]ttaque [a]rmée » commis le 17 mai 2018 contre la police et les forces militaires dans la ville de Quetta, dans la province du Baloutchistan, avec l’HuA et le TTP;
  • une « [a]ttaque [a]rmée » commise le 5 mai 2018 contre de « [s]imples [c]itoyens » et des « [b]iens » dans le village de Mianli, dans la province du Khyber Pakhtunkhwa;
  • une « [a]ttaque [a]rmée » commise le 15 avril 2018 contre de « [s]imples [c]itoyens » et des « [b]iens » dans la ville de Quetta, avec le chapitre Khorasan de l’État islamique;
  • une « [a]ttaque [a]rmée » commise le 14 février 2018 contre les forces militaires dans la ville de Quetta, avec le TTP (GTD s.d.b).

Selon le SATP, les [traduction] « cadres [du LeJ] se serviraient d’uniformes de la police pour mener leurs opérations, dans le but d’avoir facilement accès aux mosquées et de faciliter leur fuite après avoir commis un acte terroriste » (SATP s.d.b). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.

2. Le SSP et l’ASWJ

Des sources précisent que le SSP a été fondé en 1985 par Haq Nawaz Jhangvi, Zia-ur-Rehman Farooqi [Ziaur Rahman Farooqi], Eesar-ul-Haq Qasmi et Azam Tariq (The Jamestown Foundation 5 mai 2005; SATP s.d.c). Selon des sources, le SSP est réapparu sous le nom d’ASWJ après avoir été interdit par le gouvernement en 2002 (The Diplomat 20 sept. 2016; TNS 14 mai 2017). D’après le Consortium de recherche et d’analyse sur le terrorisme (Terrorism Research & Analysis Consortium - TRAC), une base de données contenant des renseignements et des analyses sur les groupes et les activités terroristes dans le monde entier (TRAC s.d.a),

[traduction]

[l]’ASWJ a été créé après que le gouvernement de l’ancien président et général ([à la retraite]) Pervez Musharraf eut proscrit certains partis religieux, dont le [SSP], en 2002. Depuis lors, l’ASWJ mène secrètement ses activités avec le [LeJ], un autre groupe extrêmement hostile aux chiites qui est une ramification du SSP (TRAC s.d.b).

Matthew Nelson a fourni l’explication suivante :

[traduction]

Le SSP a maintenant deux visages, en quelque sorte. On n’entend plus autant parler du SSP en tant que tel. Il y a plutôt une aile politique dominante, qui s’appelle [ASWJ], et il y a aussi une branche activiste, le [LEJ]. Les deux sont issues du SSP (Nelson févr. 2018, 30).

Selon des sources, le dirigeant de l’ASWJ en date de 2018 était Ahmed Ludhianvi (ANI 28 juin 2018; Reuters 27 juin 2018).

Des sources signalent que l’objectif de l’ASWJ est d’obtenir la proclamation du Pakistan en tant qu’État sunnite (SATP s.d.c; TNS 14 mai 2017). Des sources soulignent que le but de l’ASWJ est également que les chiites soient déclarés kafirs (infidèles) (TNS 14 mai 2017) ou que [traduction] « toutes les autres sectes » soient reconnues comme des minorités non musulmanes (The Jamestown Foundation 5 mai 2005). Selon le Réseau de solidarité chrétienne (Christian Solidarity Network - CSW), une organisation qui milite en faveur des droits religieux et recense les violations de ces droits (CSW s.d.), l’ASWJ [traduction] « revendique la reconnaissance officielle des chiites comme non-musulmans, et il comporte une ramification violente qui s’en prend aux mosquées chiites » (CSW 10 déc. 2019, 11).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucune information sur la structure, les activités et les zones d’opération de l’ASWJ.

3. Le TTP

Des sources signalent que le TTP a été créé en 2007 par Baitullah Mehsud (Canada 21 nov. 2018b; É.-U. 24 juin 2020, 300). Selon le Projet de cartographie des organisations activistes (Mapping Militant Organizations Project) [6], le TTP est [traduction] « multiethnique, il est composé d’activistes arabes, ouzbeks, afghans, tchétchènes et pendjabis, en plus des Pachtounes qui forment sa majorité » (Mapping Militant Organizations juill. 2018). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.

Des sources soulignent que le Jamaat-ul-Ahrar (JuA), qui s’est séparé du TTP en 2014, et le HuA, qui s’est dissocié du JuA, ont rejoint les rangs du TTP en 2020 (Al Jazeera 18 août 2020; VOA 3 sept. 2020).

Selon des sources, le TTP est associé aux organisations suivantes :

  • Al-Qaïda (Mapping Militant Organizations juill. 2018; É.-U. 24 juin 2020, 300);
  • réseau Haqqani (Australie 20 févr. 2019, paragr. 2.95; Mapping Militant Organizations juill. 2018);
  • Mouvement islamique d’Ouzbékistan (MIO) (Mapping Militant Organizations juill. 2018; É.-U. 24 juin 2020, 265);
  • LeJ (Australie 3 mars 2018; É.-U. 24 juin 2020, 283);
  • talibans afghans (Mapping Militant Organizations juill. 2018), ou il [traduction] « souscrit à l’idéologie » des talibans afghans, tout en conservant une « identité distincte » (Australie 20 févr. 2019, paragr. 2.84).

3.1 Dirigeants, objectifs et structure

Selon des sources, Noor Wali Mehsud a été nommé chef en 2018, après le décès du chef précédent, Mullah Fazlullah (ITCT s.d.b; É.-U. 24 juin 2020, 300; Nations Unies 16 juill. 2020).

Des sources soulignent que le TTP a pour but d’instaurer un État islamique au Pakistan (Mapping Militant Organizations juill. 2018) ou de commencer dans les zones tribales du Pakistan, puis de prendre de l’expansion [version française du Canada] « ailleurs dans le monde musulman » (Canada 21 nov. 2018b). Des sources signalent que le TTP a également pour objectif de faire appliquer la charia, de résister aux forces de sécurité du Pakistan et de combattre les forces de la coalition en Afghanistan (Mapping Militant Organizations juill. 2018; R.-U. 17 juill. 2020, 21).

Selon des sources, le TTP est, de par sa structure, un [traduction] « organisme de coordination » des « groupes activistes à prédominance sunnite pachtoune » (Australie 20 févr. 2019, paragr. 2.84) ou des [version française du Canada] « groupes pro-talibans opérant surtout dans les territoires tribaux fédéraux (FATA) et la province de Khyber Pakhtunkhwa » (Canada 21 nov. 2018b). De même, d’après le Projet de cartographie des organisations activistes, [traduction] « le TTP n’est pas une entité monolithique, mais plutôt un agglomérat de plus de 40 factions tribales islamistes et pachtounes » des FATA et du Khyber Pakhtunkhwa (Mapping Militant Organizations juill. 2018). Selon des sources, la plupart des organisations de talibans du Pakistan sont chapeautées par le TTP (UE oct. 2020, 11; ITCT s.d.b).

Pour obtenir des renseignements additionnels au sujet du TTP et de ses activités, veuillez consulter la réponse à la demande d’information PAK106391 publiée en janvier 2020.

4. Organisations deobandies : cibles, interopérabilité et liens

Selon des sources, le LeJ, le SSP et le TTP sont [traduction] « tous reliés » et recrutent leurs membres et obtiennent du soutien auprès des mêmes médersas [madrasas, madrassas] [écoles religieuses], mosquées et ulémas [ulama] [érudits religieux] deobandis (chercheuse indépendante 20 nov. 2020; professeure 18 nov. 2020). Au cours d’un entretien avec la Direction des recherches, une professeure d’études en sécurité à l’Université Georgetown dont les recherches portent notamment sur les affaires politiques et militaires en Asie du Sud a déclaré qu’il y avait seulement des [traduction] « différences organisationnelles » mineures entre les organisations deobandies, et que les individus allaient et venaient d’une organisation à l’autre (professeure 18 nov. 2020). De même, une chercheuse indépendante à l’École d’études orientales et africaines (School of Oriental and African Studies - SOAS) de l’Université de Londres, dont les champs d’intérêt incluent l’activisme et l’extrémisme en Asie du Sud et au Moyen-Orient, a déclaré au cours d’un entretien avec la Direction des recherches que les organisations deobandies forment [traduction] « un réseau peu structuré » et ne sont pas des « groupes distincts »; elle a ajouté que les membres peuvent passer d’un groupe à l’autre ou suivre plusieurs dirigeants et groupes deobandis; les organisations activistes deobandies ont « des dizaines d’années d’expérience » en matière d’« interopérabilité » (chercheuse indépendante 20 nov. 2020). La même source a cité en exemple le cas de membres qui sont entraînés par une organisation deobandie, mais qui se rallient à une autre pour commettre une attaque (chercheuse indépendante 20 nov. 2020).

Des sources ont signalé que le SSP/ASWJ et d’autres organisations sunnites deobandies bénéficient de la protection politique du parti Jamiat Ulema-e-Islam (JUI), et que le JUI travaille parfois avec les forces militaires et parfois contre elles (chercheuse indépendante 20 nov. 2020; professeure 18 nov. 2020), selon la personne qui est à la tête du parti (chercheuse indépendante 20 nov. 2020). La professeure a affirmé que l’uléma sunnite deobandi fournit une [traduction] « couverture religieuse » aux activités des organisations activistes, y compris les attentats suicide (professeure 18 nov. 2020).

Des sources ont affirmé que les organisations deobandies travaillent ensemble, avec l’appui de la Direction du renseignement interservices (Inter-Services Intelligence - ISI) du Pakistan (chercheuse indépendante 20 nov. 2020; professeure 18 nov. 2020). Selon des sources, l’ISI peut se servir des activistes deobandis pour perpétrer des attentats en Afghanistan, en Inde et au Pakistan (chercheuse indépendante 20 nov. 2020; professeure 18 nov. 2020).

La professeure a déclaré que les organisations deobandies bénéficient [traduction] « parfois » de la protection de la police, et elle a ajouté que la police locale peut arrêter des activistes deobandis, mais qu’elle les relâchera sur les ordres de l’ISI ou, quelquefois, d’autres services du renseignement (professeure 18 nov. 2020). En guise d’exemple, la même source a affirmé que les forces militaires pakistanaises avaient averti les activistes deobandis plusieurs mois d’avance qu’elles mèneraient l’opération Zarb-e-Azb contre les activistes (professeure 18 nov. 2020). De même, la chercheuse indépendante a expliqué que les organisations activistes deobandies mènent [traduction] « ouvertement » leurs activités, et que l’État a [traduction] « les moyens et la capacité de censurer [ces organisations] ou de mettre fin à leurs activités », mais qu’il ne le fait pas (chercheuse indépendante 20 nov. 2020).

Des sources ont signalé que ces organisations activistes deobandies ont la même école de pensée que les talibans afghans (chercheuse indépendante 20 nov. 2020; professeure 18 nov. 2020), laquelle a émergé des médersas deobandies du Pakistan (professeure 18 nov. 2020). La chercheuse indépendante a signalé que les activistes deobandis se rendent en Afghanistan pour mener le djihad (chercheuse indépendante 20 nov. 2020). Des sources ont fait observer que [traduction] « les organisations activistes deobandies sont parfois engagées par Al-Qaïda » (chercheuse indépendante 20 nov. 2020; professeure 18 nov. 2020). Des sources ont déclaré que des membres d’organisations activistes deobandies se rendent aussi en Iraq et en Syrie pour collaborer avec l’État islamique en Iraq et en Syrie (EIIS) [État islamique en Iraq et au Levant (EIIL), État islamique (EI), Daech] (chercheuse indépendante 20 nov. 2020; professeure 18 nov. 2020). La professeure a ajouté que, même avant la proclamation d’un État islamique par l’EIIS en 2014, des membres d’organisations activistes deobandies se sont rendus en Iraq, où ils ont tué des chiites, et en Syrie, où ils ont tué des alaouites, puisque la [traduction] « nature sectaire de l’EIIS plaît naturellement aux extrémistes deobandis » (professeure 18 novembre 2020).

La professeure a déclaré que [traduction] « la tactique et l’approbation [de l’attentat] dépendaient de la valeur stratégique de la cible »; par exemple, un commandant local peut ordonner un attentat local ou de moindre envergure, tandis que les attentats contre des cibles importantes font l’objet d’une décision de la choura [conseil] ou sont ordonnés par l’ISI (professeure 18 nov. 2020).

5. Capacité de retrouver les personnes prises pour cible

Selon des sources, le LeJ, le SSP, le TTP et les autres organisations deobandies s’en prennent aux personnes qui, selon eux, se livrent à l’apostasie, en particulier les ahmadis et les chiites; les hindous, les sikhs et les musulmans barelvis comptent aussi parmi leurs cibles (chercheuse indépendante 20 nov. 2020; professeure 18 nov. 2020). Des sources ont signalé que l’ISI et les organisations deobandies prenaient aussi pour cible les militants baloutches et pachtounes (chercheuse indépendante 20 nov. 2020), les journalistes et les propriétaires d’entreprises ou de terres ahmadis et chiites, pas seulement pour des motifs religieux, mais aussi pour leur exiger de l’argent en échange de protection ou pour les forcer à vendre leurs biens à un prix inférieur à la valeur marchande (professeure 18 nov. 2020).

Des sources ont souligné que, si des individus sont pris pour cible par l’ISI ou les forces militaires, les activistes deobandis sont envoyés [traduction] « n’importe où au Pakistan » pour commettre une attaque (chercheuse indépendante 20 nov. 2020; professeure 18 nov. 2020). La professeure a expliqué que ce ne sont pas des éléments [traduction] « indésirables » de l’armée ou de l’ISI qui ordonnent ces attaques à l’intérieur du pays, mais plutôt des membres de l’ISI qui travaillent pour l’État (professeure 18 nov. 2020).

La chercheuse indépendante a déclaré que l’ISI peut réduire des individus au silence ou les censurer en les inscrivant sur une liste de cibles des organisations activistes (chercheuse indépendante 20 nov. 2020). La même source a ajouté qu’un individu peut être en mesure de se faire retirer de la liste des cibles s’il [traduction] « s’amende publiquement, fait la promotion des visées de l’État pakistanais » et, « essentiellement », s’il se laisse « manipuler par l’ISI ou les forces militaires » (chercheuse indépendante 20 nov. 2020). Des sources ont cependant déclaré que, lorsqu’un individu figure sur une [traduction] « liste de cibles » de l’ISI ou des forces militaires, il n’existe aucun mécanisme efficace pour faire annuler ou supprimer l’ordre (chercheuse indépendante 20 nov. 2020; professeure 18 nov. 2020), car les organisations activistes deobandies peuvent ne pas être informées de l’annulation, ne pas y croire ou choisir de mener tout de même la frappe à des fins de propagande ou de recrutement (chercheuse indépendante 20 nov. 2020).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Notes

[1] D’après le rapport d’information sur les pays portant sur le Pakistan publié par le ministère des Affaires étrangères et du Commerce (Department of Foreign Affairs and Trade - DFAT) de l’Australie, [traduction] « [e]nviron 60 p. 100 des sunnites adhèrent au courant de pensée barelvi, et une importante minorité (environ 35 p. 100) suit le courant deobandi. Bien que les deux groupes adhèrent aux mêmes principes fondamentaux de la théologie islamique (le hanafisme), les deobandis en font une interprétation plus orthodoxe et conservatrice » (Australie 20 févr. 2019, paragr. 3.73).

[2] L’Institut pakistanais d’études sur la paix (Pak Institute for Peace Studies Pv. Ltd. - PIPS) est un [traduction] « groupe de réflexion, de recherche et de revendication » composé « d’universitaires, de chercheurs et de journalistes du Pakistan », et qui se penche principalement sur les « conflits politiques, sociaux et religieux » (PIPS s.d.).

[3] La Base de données mondiale sur le terrorisme (Global Terrorism Database - GTD) est une [traduction] « base de données d’accès libre » qui renferme des renseignements sur les attaques terroristes perpétrés partout dans le monde entre 1970 et 2019 (GTD s.d.a). La GTD est administrée par le Consortium national pour l’étude du terrorisme et des réponses au terrorisme (National Consortium for the Study of Terrorism and Responses to Terrorism - START) à l’Université du Maryland (GTD s.d.a).

[4] La GTD [traduction] « définit une attaque terroriste comme étant le recours ou la menace de recours, par un acteur non étatique, à la force ou à la violence illégale pour atteindre un objectif politique, économique, religieux ou social par la peur, la coercition ou l’intimidation » (GTD oct. 2019, 10, italique dans l’original).

[5] Selon le site Internet de la GTD, en date de novembre 2020, seules les données pour la période allant de 1970 à 2018 étaient publiquement accessibles (GTD s.d.a).

[6] Le Projet de cartographie des organisations activistes (Mapping Militant Organizations Project) est un projet de recherche du Centre pour la sécurité et la coopération internationales (Center for International Security and Cooperation - CISAC) de l’Université Stanford, qui [traduction] « suit l’évolution des organisations activistes » (Mapping Militant Organizations s.d.).

Références

Al Jazeera. 18 août 2020. « Pakistan Taliban Reunites with Two Splinter Groups ». [Date de consultation : 11 déc. 2020]

Asian News International (ANI). 28 juin 2018. « Pakistan Lifts Ban on Ahle Sunnat Wal Jamaat's Chief ». [Date de consultation : 25 nov. 2020]

Australie. 20 février 2019. Department of Foreign Affairs and Trade (DFAT). DFAT Country Information Report: Pakistan. [Date de consultation : 16 nov. 2020]

Australie. 3 mars 2018. Department of Home Affairs. « Lashkar-e-Jhangvi ». [Date de consultation : 11 nov. 2020]

Canada. 21 novembre 2018a. Sécurité publique Canada. « Currently Listed Entities: Lashkar-e-Jhangvi (LJ) ». [Date de consultation : 11 nov. 2020]

Canada. 21 novembre 2018b. Sécurité publique Canada. « Currently Listed Entities: Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP) ». [Date de consultation : 16 nov. 2020]

Chercheuse indépendante, School of Oriental and African Studies (SOAS), University of London. 20 novembre 2020. Entretien téléphonique avec la Direction des recherches.

Christian Solidarity Worldwide (CSW). 10 décembre 2019. Pakistan: Religious Freedom Under Attack. [Date de consultation : 16 nov. 2020]

Christian Solidarity Worldwide (CSW). S.d. « About CSW ». [Date de consultation : 16 nov. 2020]

Dawn. 23 juillet 2020. Imtaz Ali. « Five 'LJ Militants Handled by Inmates' Held ». [Date de consultation : 13 nov. 2020]

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Autres sources consultées

Sources orales : Australian Strategic Policy Institute; candidat au doctorat dans une université américaine; Christian Solidarity Worldwide; étudiant au doctorat en affaires et en politiques publiques dans une université américaine; journaliste principal pour un journal pakistanais de langue anglaise; professeur agrégé de justice, de droit et de criminologie dans une université américaine; professeur en affaires gouvernementales et internationales dans une université américaine.

Sites Internet, y compris : Armed Conflict Location & Event Data Project; The Asia Foundation; Asia News Network; Asylum Research Centre; Autriche – Federal Office for Immigration and Asylum; BBC; Center for Research & Security Studies; ecoi.net; Encyclopedia.com; EUR-Lex; The Express Tribune; Factiva; Fédération internationale pour les droits humains; Financial Express; Gandhara; Geo News; Geopolitical Monitor; Global Governance Watch; GlobalSecurity.org; The Guardian; Human Rights Watch; Indiatimes; International Crisis Group; The Khaama Press News Agency; Mantraya; Middle East Monitor; Nanyang Technological University – S. Rajaratnam School of International Studies; Nations Unies – Refworld, ReliefWeb; Nouvelle-Zélande – New Zealand Police; Pakistan – National Counter Terrorism Authority; Pakistan Institute for Conflict and Security Studies; ThePrint; Public Broadcasting Service; Research on Humanities and Social Sciences; Royaume-Uni – Home Office; The Secretariat of the World Congress Against Extremism and Takfiri Movements; Shafaqna; Sindh – Sindh Police; Tehran Times; Terrorism Research & Analysis Consortium; United States Institute of Peace.



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