Réponses aux demandes d'information

​​​Les réponses aux demandes d’information (RDI) sont des rapports de recherches sur les conditions dans les pays. Ils font suite à des demandes des décideurs de la CISR.

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C'est aux commissaires indépendants de la CISR (les décideurs) qu'il incombe d'évaluer les renseignements contenus dans les RDI et de décider du poids qui doit leur être accordé après avoir examiné les éléments de preuve et les arguments présentés par les parties.    

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1 mars 2019

IRN106257.EF

Iran : information sur la campagne des mercredis blancs (White Wednesdays), y compris sa création, ses objectifs et son ou ses membres fondateurs; le traitement réservé par les autorités iraniennes aux militantes actives dans le cadre de la campagne (2016-février 2019)

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada

1. Aperçu

Des sources décrivent les mercredis blancs comme étant une campagne menée sur les réseaux sociaux au moyen du mot-clic #whitewednesdays (#mercredisblancs) (BBC 3 janv. 2018; Nations Unies 14 août 2017, paragr. 91). D’après des sources, la campagne a vu le jour en mai 2017 (Nations Unies 14 août 2017, paragr. 91; The Guardian 2 févr. 2018). Des sources expliquent que la campagne est née d’un désir de s’opposer au code vestimentaire imposé aux femmes iraniennes, selon lequel elles doivent porter un hijab [voile couvrant la tête] (The Guardian 2 févr. 2018; Nations Unies 14 août 2017, paragr. 91). Des sources ajoutent que le but de la campagne est d’encourager les femmes à se voiler d’un foulard blanc [ou à porter un vêtement blanc (Nations Unies 14 août 2017, paragr. 91), ou encore à retirer leur hijab (The Guardian 2 févr. 2018),] les mercredis (RFE/RL 30 janv. 2018; The Guardian 2 févr. 2018; Nations Unies 14 août 2017, paragr. 91) et à publier des photos d’elles sur les médias sociaux (Nations Unies 14 août 2017, paragr. 91).

Des sources font état du fait que c’est Masih Alinejad l’instigatrice de la campagne des mercredis blancs (Nations Unies 14 août 2017, paragr. 91; The Guardian 2 févr. 2018). Selon des sources, Masih Alinejad est une journaliste iranienne vivant aux États-Unis (BBC 3 janv. 2018; Amnesty International 2 août 2017, 8). Amnesty International la décrit également comme une [traduction] « défenseure des droits des femmes » (Amnesty International 2 août 2017, 8). D’après Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL), elle [traduction] « fait campagne depuis l’étranger contre le port obligatoire du hijab » (RFE/RL 20 avr. 2018).

Des sources signalent que Masih Alinejad travaille pour Voice of America (VOA) (CBC 31 janv. 2018; The Guardian 2 févr. 2018) [une organisation financée par le gouvernement des États-Unis (The Guardian 2 févr. 2018)]. RFE/RL souligne qu’elle est également contributrice pour Radio Farda (RFE/RL 20 avr. 2018). Radio Farda est le diffuseur de langue persane de RFE/RL qui transmet des nouvelles de l’Iran (Radio Farda s.d.). Radio Farda précise que RFE/RL reçoit des fonds du Congrès des États-Unis, mais qu’il s’agit d’une [traduction] « agence de presse indépendante »; en effet, la loi interdit aux autorités américaines de s’ingérer dans les activités journalistiques de RFE/RL (Radio Farda s.d.).

Des sources soulignent que Masih Alinejad est aussi à l’origine de Ma liberté furtive (My Stealthy Freedom), une autre campagne contre le port obligatoire du hijab (BBC 3 janv. 2018; Amnesty International 2 août 2017, 8) [qui se déroule sur les réseaux sociaux (BBC 3 janv. 2018)]. La BBC explique que cette campagne vise à encourager les Iraniennes à publier des images d’elles en public, sans voile, en guise de protestation (BBC 3 janv. 2018). On peut lire dans un article du Guardian que les autorités iraniennes ont accusé Masih Alinejad de recevoir pour ses campagnes une aide financière de la part de gouvernements étrangers, ce qu’elle a nié (The Guardian 2 févr. 2018). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.

En outre, la Direction des recherches n’a rien trouvé sur aucun autre membre fondateur de la campagne des mercredis blancs ou du mouvement Ma liberté furtive.

2. Participation

Dans son rapport publié en août 2017, la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en Iran déclare que [version française des Nations Unies] « [l]es citoyens ont posté plus de 200 photos et vidéos les montrant avec un foulard ou un vêtement blancs portés en signe de protestation, photos accompagnées du hashtag #whitewednesdays » (Nations Unies 14 août 2017, paragr. 91).

D’après Freedom House, les campagnes des mercredis blancs et de Ma liberté furtive ont convergé à la fin décembre 2017 lorsque Masih Alinejad a fait circuler sur les réseaux sociaux l’image d’une femme manifestant contre le port obligatoire du hijab; cette image a été partagée à grande échelle dans le cadre de manifestations antigouvernementales d’envergure portant sur un éventail de problèmes, lesquelles se sont poursuivies au cours de la première semaine de janvier 2018, et ce, dans tout le pays (Freedom House 1er nov. 2018). De même, RFE/RL souligne que, depuis la fin décembre [2017], suivant la manifestation initiale d’une femme identifiée comme étant Vida Movahed, [traduction] « plus d’une dizaine de femmes et au moins un homme se sont opposés publiquement au port obligatoire du hijab en grimpant sur des boîtes de services publics à Téhéran et dans d’autres villes et en agitant des foulards accrochés au bout de bâtons » (RFE/RL 2 mars 2018). La même source signale que Vida Movahed a brandi un foulard blanc attaché à un bâton et semble avoir été [traduction] « [l’]inspiration » derrière des manifestations subséquentes (RFE/RL 30 janv. 2018). Selon des sources, les manifestantes sont appelées les [traduction] « filles [de] la rue de la Révolution [Enghelab] », soit l’endroit à Téhéran où Vida Movahed s’est tenue pour protester (RFE/RL 2 mars 2018; The New Yorker 7 févr. 2018).

3. Traitement réservé par les autorités de l’État aux militantes actives dans le cadre de la campagne

Amnesty International signale que Masih Alinejad [traduction] « a essuyé à de nombreuses reprises des insultes à caractère sexuel proférées par des médias cautionnés par l’État et a reçu des menaces de viol et de mort de la part d’utilisateurs de médias sociaux que l’on croit affiliés aux forces de sécurité et du renseignements de l’Iran » (Amnesty International 2 août 2017, 8). De même, dans son rapport, la Rapporteuse spéciale des Nations Unies déclare que des [version française des Nations Unies] « médias cautionnés par l’État ainsi que des réseaux sociaux inféodés aux forces paramilitaires de la milice bassidji et du Corps des gardiens de la révolution islamique » ont publié des articles qualifiant Masih Alinejad de « "putain" » et affirmant qu’elle avait subi des « violences sexuelles » (Nations Unies 14 août 2017, paragr. 91). À titre d’exemple, la Rapporteuse spéciale affirme que [version française des Nations Unies] « Mashregh News [que Human Rights Watch décrit comme étant [traduction] "près du Corps des gardiens de la révolution d’Iran" (Human Rights Watch 26 sept. 2018),] a republié un article initialement mis en ligne trois ans plus tôt, dans lequel figurait une photo de Masih Alinejad avec ses parents, sous laquelle il était écrit, en caractères gras, : "Que Dieu tue Masih" » (Nations Unies 14 août 2017, paragr. 91). Toutefois, la même source ajoute que deux membres du Parlement iranien [version française des Nations Unies] « auraient saisi la justice pour demander l’ouverture d’une enquête concernant les propos diffamatoires tenus à l’encontre de Mme Alinejad » (Nations Unies 14 août 2017, paragr. 91). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.

Dans le rapport de la Rapporteuse spéciale des Nations Unies, il est écrit que [version française des Nations Unies] « [l]es femmes qui, en public, ne portent pas un hijab conforme à l’interprétation de la "pudeur" admise par les autorités encourent une peine pouvant aller jusqu’à deux mois de prison ou une amende » (Nations Unies 14 août 2017, paragr. 91). Selon RFE/RL, [traduction] « [a]u cours des quarante dernières années, des dizaines de milliers de femmes ont été harcelées ou détenues, ou encore se sont vu infliger une amende ou même une peine d’emprisonnement, au motif qu’elles n’étaient pas suffisamment vêtues » (RFE/RL 20 avr. 2018). Amnesty International soutient que les femmes qui s’opposent au port du voile obligatoire (hijab) [traduction] « sont également victimes d’intenses campagnes de diffamation par les médias de l’État » (Amnesty International 2 août 2017, 8). Des sources soulignent que, pendant un prêche en juin 2017, un clerc a déclaré que les femmes portant des châles blancs étaient des [version française des Nations Unies] « prostituées » (Nations Unies 14 août 2017, paragr. 91; RFE/RL 8 juin 2017). Selon RFE/RL, le clerc semblait faire référence à la campagne des mercredis blancs (RFE/RL 8 juin 2017). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.

Selon Freedom House, [traduction] « des dizaines de femmes ont été arrêtées au cours des deux premiers mois de 2018, au motif que, inspirées par la campagne des mercredis blancs, elles se sont individuellement opposées [au] port obligatoire du hijab » (Freedom House 1er nov. 2018). Des sources soulignent que, d’après la force policière, en février 2018, 29 femmes ont été arrêtées pour avoir pris part à des manifestations contre le port obligatoire du hijab (RFE/RL 20 avr. 2018; The Guardian 2 févr. 2018). Human Rights Watch fait état du fait que, selon la force policière, 29 personnes ont été arrêtées [traduction] « dans la lutte contre la "campagne de Masih Alinejad encourageant les femmes à se dévoiler" » (Human Rights Watch 24 févr. 2018). En février 2019, Reuters a signalé, citant les propos d’Amnesty International, [traduction] « [qu’]au moins 39 femmes » ont été arrêtées dans le cadre des manifestations anti-hijab [en 2018] (Reuters 14 févr. 2019).

Des sources signalent que Vida Movahed a été détenue jusqu’à la fin janvier 2018 [soit environ un mois après la manifestation à laquelle elle avait pris part] (CBC 31 janv. 2018; RFE/RL 30 janv. 2018). D’après des sources, voici certaines des femmes ayant été arrêtées à la suite de manifestations en janvier et février 2018 :

  • Nargess [Narguess] Hosseini (Human Rights Watch 24 févr. 2018; RFE/RL 30 janv. 2018);
  • Azam Jangravi (Reuters 14 févr. 2019; Human Rights Watch 24 févr. 2018);
  • Shaparak Shajarizadeh (Human Rights Watch 24 févr. 2018).

Dans une entrevue qu’elle a accordée à Reuters, Azam Jangravi dit que, après son arrestation, elle a été [traduction] « congédiée par l’institut de recherche qui l’employait et condamnée à trois ans de prison pour avoir encouragé l’indécence et enfreint sciemment la loi islamique », mais elle a fui l’Iran avec l’aide d’un passeur après que les tribunaux eurent menacé de lui enlever sa fille (Reuters 14 févr. 2019). Reuters souligne que, selon la chercheuse sur l’Iran d’Amnesty International, les autorités ont pris des [traduction] « "mesures extrêmes et absurdes" » contre les personnes s’opposant au port obligatoire du hijab, comme la perquisition de domiciles privés à la recherche de badges associés au mouvement d’opposition (Reuters 14 févr. 2019). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.

En outre, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement additionnel sur la campagne ni sur le traitement réservé par les autorités aux militantes actives dans le cadre de celle-ci.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Amnesty International. 2 août 2017. Caught in a Web of Repression: Iran's Human Rights Defenders Under Attack. (MDE 13/6446/2017) [Date de consultation : 7 févr. 2019]

British Broadcasting Corporation (BBC). 3 janvier 2018. BBC Trending. « Woman Becomes Face of Iran Protests Despite Not Being There ». [Date de consultation : 26 févr. 2019]

Canadian Broadcasting Corporation (CBC). 31 janvier 2018. The Current. « Iranian Women Risk Arrest as They Remove Their Veils for #WhiteWednesdays ». [Date de consultation : 8 févr. 2019]

Freedom House. 1er novembre 2018. « Iran ». Freedom on the Net 2018. [Date de consultation : 8 févr. 2019]

The Guardian. 2 février 2018. Saeed Kamali Dehghan. « Tehran Hijab Protest: Iranian Police Arrest 29 Women ». [Date de consultation : 21 févr. 2019]

Human Rights Watch. 26 septembre 2018. « Iran: Targeting of Dual Citizens, Foreigners ». [Date de consultation : 27 févr. 2019]

Human Rights Watch. 24 février 2018. « Iran: Stop Prosecuting Women Over Dress Code ». [Date de consultation : 21 févr. 2019]

Nations Unies. 14 août 2017. Assemblée générale. Report of the Special Rapporteur on the Situation of Human Rights in the Islamic Republic of Iran. (A/72/322) [Date de consultation : 7 févr. 2019]

The New Yorker. 7 février 2018. Robin Wright. « Hijab Protests Expose Iran's Core Divide ». [Date de consultation : 26 févr. 2019]

Radio Farda. S.d. « About Radio Farda ». [Date de consultation : 22 févr. 2019]

Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL). 20 avril 2018. Golnaz Esfandiari. « Iranians Push Back, Say Rough Treatment at Hands of Morality Police Is the Norm ». [Date de consultation : 19 févr. 2019]

Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL). 2 mars 2018. Golnaz Esfandiari. « Prominent Iranians Lifting the Veil on the Hijab Debate ». [Date de consultation : 19 févr. 2019]

Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL). 30 janvier 2018. Golnaz Esfandiari. « Uncovered 'Girl From Revolution Street' Picks Up Steam in Iran ». [Date de consultation : 7 févr. 2019]

Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL). 8 juin 2017. Golnaz Esfandiari. « Iranian Cleric's Comments Likening Loosely Veiled Women to Prostitutes Spark Backlash ». [Date de consultation : 22 févr. 2019]

Reuters. 14 février 2019. Emily Wither. « I Did It for My Daughter, Says Woman Arrested for Headscarf Protest in Iran ». [Date de consultation : 25 févr. 2019]

Autres sources consultées

Sites Internet, y compris : Al Bawaba; Al Jazeera; Center on Human Rights in Iran; ecoi.net; Factiva; Fars News Agency; Iran Front Page; Iran Human Rights Documentation Center; Iranian Labour News Agency; Iranian Students' News Agency; Kayhan; KhabarOnline News Agency; Nations Unies – Refworld; The New York Times; Press TV; Reporters sans frontières; Royaume-Uni – Home Office; Tehran Telegram; Women in the World; Women Living Under Muslim Laws.



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