Réponses aux demandes d'information

​​​Les réponses aux demandes d’information (RDI) sont des rapports de recherches sur les conditions dans les pays. Ils font suite à des demandes des décideurs de la CISR.

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Les réponses aux demandes d'information (RDI) citent des renseignements qui sont accessibles au public au moment de leur publication et dans les délais fixés pour leur préparation. Une liste de références et d'autres sources consultées figure dans chaque RDI. Les sources citées sont considérées comme les renseignements les plus récents accessibles à la date de publication de la RDI.    

Les RDI n'apportent pas, ni ne prétendent apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile donnée. Elles visent plutôt à appuyer le processus d'octroi de l'asile. Pour obtenir plus de renseignements sur la méthodologie utilisée par la Direction des recherches, cliquez ici.   

C'est aux commissaires indépendants de la CISR (les décideurs) qu'il incombe d'évaluer les renseignements contenus dans les RDI et de décider du poids qui doit leur être accordé après avoir examiné les éléments de preuve et les arguments présentés par les parties.    

Les renseignements présentés dans les RDI reflètent uniquement les points de vue et les perspectives des sources citées et ne reflètent pas nécessairement la position de la CISR ou du gouvernement du Canada.    

17 septembre 2018

IRN106170.EF

Iran : information indiquant si le vipassana est pratiqué en Iran; information sur le traitement réservé par la société et les autorités aux adeptes du vipassana (2016-septembre 2018)

Direction des recherches, Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada

1. Aperçu

Des sources décrivent le vipassana comme une pratique de méditation bouddhiste (Gunaratana 31 janv. 2001; Human Rights Watch 22 sept. 2009, 42; Lion’s Roar 3 mai 2018). Il est également décrit comme [traduction] « la plus vieille des pratiques de méditation du bouddhisme » (Gunaratana 31 janv. 2001) ou l'une des [traduction] « plus anciennes » techniques de méditation de l’Inde (Dhamma.org s.d.a; VRI s.d.a). Selon des sources, vipassana signifie [traduction] « voir les choses comme elles sont vraiment » (Dhamma.org s.d.a; VRI s.d.a) ou peut se traduire par [traduction] « "intuition", une conscience claire des événements alors même qu’ils se produisent » (Gunaratana 31 janv. 2001). Des sources affirment que le vipassana est enseigné dans un [traduction] « cours de 10 jours en résidence » (Dhamma.org s.d.a; VRI s.d.a) pendant lequel les participants s’abstiennent de lire et d’écrire, observent le silence et reçoivent des enseignements sur la méditation (VRI s.d.a). Dans un article publié dans Tricycle: The Buddhist Review, Bhante Henepola Gunaratana, un moine bouddhiste du Sri Lanka, explique que le vipassana [traduction] « est un système ancien et codifié pour entraîner l’esprit, un ensemble d’exercices visant à devenir de plus en plus conscient de ses propres expériences de vie » (Gunaratana 31 janv. 2001).

Sur le site Internet Dhamma.org, qui porte sur la méditation vipassana, on peut lire ce qui suit concernant la pratique du vipassana :

[traduction]

Des gens pratiquant diverses religions ou aucune religion ont trouvé que le cours de méditation était utile et bénéfique. Le vipassana est un art de vivre, un mode de vie. Même s’il s’agit de l’essence de l’enseignement de Bouddha, ce n’est pas une religion; mais il s’agit plutôt de cultiver les valeurs humaines menant à une vie bonne pour soi et pour les autres (Dhamma.org s.d.b).

De même, selon le Vipassana Research Institute (VRI), une organisation sans but lucratif qui mène des [traduction] « recherches scientifiques au sujet des sources et des applications de la technique de méditation vipassana » (VRI s.d.b), situé à Maharashtra, en Inde (VRI n.d.c), la pratique du vipassana est [traduction] « un art de vivre » et

[traduction]

les cours sont ouverts à quiconque souhaite sincèrement apprendre la technique, peu importe sa race, sa caste, sa confession ou sa nationalité. Des hindous, des jaïnistes, des musulmans, des sikhs, des bouddhistes, des chrétiens [et] des juifs[,] ainsi que des membres d’autres religions[,] ont tous pratiqué avec succès le vipassana (VRI s.d.a).

2. Pratique du vipassana en Iran

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu de renseignements sur la pratique de la méditation vipassana en Iran.

Dhamma.org affirme qu’il existe un centre appelé « Dhamma Iran » à Mehrshahr [une banlieue située au Sud-Ouest de Karaj, dans la province d’Alborz] (Dhamma.org. s.d.c). De même, selon de l’information publiée en 2006 par VRI,

[traduction]

Dhamma Iran est situé à Mehrshahr, à 40 km à l’extérieur de Téhéran, et est facilement accessible en bus et en métro. Le centre compte 9 chambres et peut accueillir environ 36 participants dans chaque cours. Le nombre de demandes d’admission est habituellement plutôt élevé et les cours du Dhamma Iran sont normalement complets tant pour les hommes que pour les femmes. L’achat a été rendu possible principalement par des dons et des prêts de participants iraniens en Iran (VRI 4 déc. 2006, italiques dans l’original).

La même source explique en outre que

[traduction]

[e]n Iran, le vipassana est apparu en 1999 avec les 14 participants du premier cours. Maintenant, en 2006, les cours complets se succèdent à raison de 36 étudiants par cours. Des séances régulières en groupe sont tenues à Téhéran ainsi que dans d’autres villes comme Chiraz et Kerman (VRI 4 déc. 2006).

3. Traitement réservé par les autorités

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu de renseignements sur le traitement réservé par les autorités aux adeptes du vipassana.

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur émérite d’études iraniennes à l’Université Georg-August à Göttingen, en Allemagne, a expliqué que même s’il n’a pas été en mesure de trouver de l’information sur des cas où des adeptes du vipassana ont été maltraités en Iran, il [traduction] « n’est pas impossible que des autorités locales ou des responsables mesquins prennent sur eux de persécuter des gens en raison du caractère "non islamique" de leurs activités » (professeur émérite 7 sept. 2018). Un professeur à l’Université Concordia, dont les recherches portent entre autres sur les religions en Iran et l’histoire iranienne, a transmis l’information suivante dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches :

[traduction]

[L]e gouvernement iranien ne reconnaîtra pas comme légitime (ou ne régularisera donc pas) toute pratique spirituelle sans aucun lien direct avec l’islam chiite duodécimain. Cela dit, la majorité de ces pratiques populaires et de ces organisations en Iran sont tolérées et peuvent fonctionner ouvertement, jusqu’à ce qu’elles ne le soient plus. En Iran, comme dans d’autres pays du Moyen-Orient, on ne sait jamais si une personne ou un groupe décidera subitement de s’en prendre à vous pour n’importe quel prétexte, mais cela s’applique à tous. La persécution idéologique a tendance à être une justification a posteriori alors que le réel fondement est quelque chose de plus terre à terre, comme un différend foncier. Elle est rarement systématique (sauf dans le cas des bahaïs). Personne n’est à l’abri de cette possibilité, même les chiites « dévots », y compris les membres du régime.

[…] [À] ce jour, je ne [connais aucun cas documenté où des adeptes du vipassana ont été pris pour cible en Iran] (professeur à l’Université Concordia 30 août 2018).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une professeure d’études religieuses à l’Université de Californie à Santa Barbara (UCSB), dont les recherches portent entre autres sur l’histoire de l’Iran ainsi que sur la religion, la politique et la société au Moyen-Orient, a affirmé que même si elle ne dispose pas d’information précise concernant [traduction] « le traitement réservé par le gouvernement iranien aux personnes qui pratiquent en groupe diverses techniques de méditation »,

[traduction]

le gouvernement est extrêmement hostile à l’endroit de tout mouvement spirituel perçu comme un rival du chiisme de l’État. La seule exception est le « peuple du livre » soit les juifs, les chrétiens et les zoroastriens; essentiellement les religions antérieures à l’islam. Au cours des récentes années, l’État [a] aussi été plutôt hostile à l’endroit des pratiques et des mouvements organisés de l’islam soufi. Lorsqu’une pratique spirituelle n’est plus pratiquée dans la solitude du foyer et qu’elle devient davantage comme une religion organisée, avec un guru et des séances régulières dans des lieux semi-publics, alors l’État commence à surveiller cette pratique et à sévir de temps à autre (professeure à l’UCSB 5 sept. 2018).

Un article de 2010 sur le bouddhisme en Iran, publié dans la revue universitaire The Muslim World, souligne que Mahmoud Ahmadinejad [président de l’Iran de 2005 à 2013] [traduction] « a menacé à plusieurs occasions de "se pencher" sur les activités des centres de méditation pour vérifier leur acceptabilité au regard de l’islam » (Foltz avr.-juill. 2010, 213). Selon un rapport de 2013 du rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de la personne en Iran, il existe des rapports [version française des Nations Unies] « concernant l’arrestation de chefs de groupes spirituels et semi-spirituels, et de groupes de méditation » en Iran (Nations Unies 4 oct. 2013, paragr. 64). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement sur le traitement réservé par les autorités iraniennes aux adeptes de la méditation après 2013.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.

Références

Dhamma.org. S.d.a. « Vipassana Meditation ». [Date de consultation : 6 sept. 2018]

Dhamma.org. S.d.b. « Questions & Answers About the Technique of Vipassana Meditation ». [Date de consultation : 6 sept. 2018]

Dhamma.org. S.d.c. « Locations ». [Date de consultation : 6 sept. 2018]

Foltz, Richard. Avril-juillet 2010. « Buddhism in the Iranian World ». The Muslim World. Vol. 100. [Date de consultation : 28 août 2018]

Gunaratana, Bhante Henepola. 31 janvier 2001. « What Exactly Is Vipassana Meditation? ». Tricycle: The Buddhist Review. [Date de consultation : 6 sept. 2018]

Human Rights Watch. 22 septembre 2009. The Resistance of the Monks: Buddhism and Activism in Burma. [Date de consultation : 30 août 2018]

Lion’s Roar. 3 mai 2018. Sayadaw U Pandita. « How to Practice Vipassana Insight Meditation ». [Date de consultation : 10 sept. 2018]

Nations Unies. 4 octobre 2013. Conseil des droits de l’homme. Report of the Special Rapporteur on the Situation of Human Rights in the Islamic Republic of Iran. (A/HRC/22/56) [Date de consultation : 6 sept. 2018]

Professeur à l’Université Concordia. 30 août 2018. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Professeur émérite, Georg-August University, Göttingen. 7 septembre 2018. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Professeure à l’University of California Santa Barbara (UCSB). 5 septembre 2018. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Vipassana Research Institute (VRI). 4 décembre 2006. Vipassana Newsletter. Vol. 16, no 12. [Date de consultation : 13 sept. 2018]

Vipassana Research Institute (VRI). S.d.a. « What is Vipassana? ». [Date de consultation : 6 sept. 2018]

Vipassana Research Institute (VRI). S.d.b. « About Vipassana Research Institute ». [Date de consultation : 6 sept. 2018]

Vipassana Research Institute (VRI). S.d.c. « Contact Us ». [Date de consultation : 11 sept. 2018]

Autres sources consultées

Sources orales : associé de recherches postdoctorales en études iraniennes; chargé d’enseignement en études iraniennes; Dhamma Iran; politologue s’intéressant notamment à l’Iran, aux mouvements sociaux et à la diversité interculturelle; professeur adjoint d’études islamiques et d’anthropologie de la religion.

Sites Internet, y compris : Amnesty International; Center for Human Rights in Iran; Columbia University – Centre for Iranian Studies; Daily Mail; États-Unis – Department of State; Factiva; Impact Iran; International Crisis Group; Minority Rights Group International; Nations Unies – Refworld, Reliefweb; Political Handbook of the World.



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