Réponses aux demandes d'information

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20 novembre 2019

NGA106362.EF

Nigéria : information indiquant si les femmes qui dirigent leur propre ménage sans bénéficier du soutien d’un homme ou de leur famille peuvent trouver un logement et un emploi à Abuja, à Lagos, à Ibadan ou à Port Harcourt; information sur les services de soutien offerts par le gouvernement aux ménages dirigés par des femmes (2017-novembre 2019)

Direction des recherches, Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada

1. Situation
1.1 Ménages dirigés par des femmes

Selon le Nigeria Demographic and Health Survey (NDHS) de 2018, 14,7 p. 100 des ménages ruraux et 21,8 p. 100 des ménages urbains étaient dirigés par des femmes (NPC du Nigéria et ICF oct. 2019, 32).

Des sources décrivent les ménages dirigés par des femmes comme étant exposés à des [traduction] « vulnérabilités » (UE févr. 2019, 62; Nations Unies nov. 2018, 8), [traduction] « plus particulièrement lorsqu’il s’agit de ménages dirigés par des adolescentes, qui sont contraintes de jouer le rôle de soutien de famille » (Nations Unies nov. 2018, 8). Le Bureau européen d’appui en matière d’asile (European Asulym Support Office —EASO) précise que les ménages dirigés par des femmes [traduction] « sont davantage exposés à la pauvreté et à des conditions de vie misérables » (UE févr. 2019, 103). Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Office for the Coordination of Humanitarian Affairs — OCHA) des Nations Unies affirme ceci :

[traduction]

[…] elles sont moins capables de se débrouiller seules et moins susceptibles d’accéder aux services sans aide. Les inégalités préexistantes entre les sexes attribuables à l’accès inégal aux possibilités ont limité les ressources et les compétences des femmes et des filles, ce qui a accru leur vulnérabilité et leur exposition aux mauvais traitements, y compris à l’exploitation sexuelle (Nations Unies nov. 2018, 8).

1.2 Capacité des femmes célibataires à se réinstaller

Dans un rapport publié en 2019, le ministère de l’Intérieur (Home Office) du Royaume-Uni mentionne que la réinstallation peut se révéler plus difficile pour les femmes célibataires qui n’ont pas accès à un réseau de soutien (R.-U. mars 2019, paragr. 2.2.5). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un doctorant et agrégé de recherche [1] à l’Université Murdoch, en Australie, a déclaré que, sans soutien, il est très difficile pour les femmes qui dirigent leur propre ménage de survivre [traduction] « où que ce soit » au Nigéria, y compris dans les villes de Lagos, d’Ibadan, de Port Harcourt et d’Abuja (doctorant 4 nov. 2019). La même source a expliqué ceci :

[traduction]

[I]l serait très difficile pour les femmes dans cette situation [veuves, femmes divorcées ou séparées, femmes abandonnées, femmes mariées à un non-résident (polygyne ou migrant), femmes ou mères célibataires] de réussir à s’établir où que ce soit d’autre au Nigéria, en raison des risques et des vulnérabilités auxquels elles peuvent être exposées, comme la stigmatisation et l’étiquetage, l’insécurité, les difficultés financières, les problèmes familiaux et les traumatismes, entre autres (doctorant 4 nov. 2019).

L’EASO mentionne que les [traduction] « femmes célibataires qui sont physiquement aptes » et qui tentent de se réinstaller « peuvent faire face à des difficultés additionnelles en ce qui a trait à l’éducation, au travail, au logement, etc. » (UE févr. 2019, 31). Au cours d’un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, la directrice générale et fondatrice du Projet sur les droits et la santé des femmes (Women’s Rights and Health Project - WRAHP) [2] a précisé que les compétences, la situation familiale, l’état psychologique, la situation économique et l’existence d’un réseau de personnes-ressources pouvaient influer sur la capacité d’une femme à se réinstaller (directrice générale du WRAHP 1er nov. 2019).

1.3 Logement

Selon l’EASO, le Nigéria [traduction] « manque de logements adéquats » (UE nov. 2018, 39). La même source signale en outre que [traduction] « la croissance rapide de la population urbaine devance l’économie, les services et l’infrastructure nécessaires, ce qui engendre des bidonvilles, de la pauvreté, une pénurie de logements, des services gouvernementaux inadéquats, des inégalités sociales et économiques de plus en plus grandes, de la violence dans les rues et de la criminalité » (UE févr. 2019, 102-103).

Des sources expliquent qu’il existe un préjugé envers les femmes en ce qui concerne leur capacité à payer leur loyer, et que les croyances culturelles et religieuses encouragent le contrôle des activités des femmes (The Guardian 16 avr. 2019; Stears Business 1er févr. 2019). D’après un sociologue interviewé par la source d’information nigériane The Punch, [traduction] « ces problèmes découlent du patriarcat, du fait que la société nous a amenés à croire qu’une femme doit avoir un homme à ses côtés. Selon les idées reçues, une femme doit être mariée ou avoir un homme à qui rendre compte, sinon elle ne sera pas considérée comme étant une femme responsable » (The Punch 25 août 2018). D’autres sources mentionnent qu’il est mal vu pour une femme de vivre ailleurs que chez son père ou son époux et qu’il s’agit là de la raison pour laquelle les propriétaires rejettent leurs demandes (Al Jazeera 2 juin 2019; Stears Business 1er févr. 2019).

The Punch signale que pour éviter cette discrimination, et parfois suivant la recommandation de leur agent, certaines femmes se font accompagner par un homme (ami, oncle, frère, cousin) qui se fera passer pour leur époux lorsqu’elles visitent une maison ou un appartement et en négocient la location (The Punch 25 août 2018). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur de sociologie à l’Université du Nigéria, qui s’intéresse notamment à la sociologie du développement et de la main d’œuvre, a de même affirmé que [traduction] « la plupart des femmes dans cette situation demandent habituellement à des hommes de leur famille (ou à des amis) de les aider dans leur recherche de logement » (professeur 9 oct. 2019).

1.3.1 Accès à la propriété

En ce qui concerne la propriété des terres, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) explique que, au Nigéria, [traduction] « le droit des biens et de la propriété est régi par le droit législatif, coutumier et islamique, selon l’État. Ainsi, les droits des femmes et des hommes relatifs aux biens et à la propriété peuvent varier d’une communauté à l’autre et d’une région à l’autre du pays » (OCDE 2019, sec. 3a). Selon les renseignements de la base de données sur le genre et le droit à la terre de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (Food and Agriculture Organization —FAO) en ce qui concerne le Nigéria, [traduction] « il y a autant de lois coutumières qu’il y a de communautés au pays » (Nations Unies s.d.). La même source précise que les femmes mariées en vertu du droit législatif ont le droit [traduction] « d’acquérir, de détenir ou d’aliéner des biens » conformément à la loi de 1882 sur les biens de la femme mariée (Married Women’s Property Act of 1882), de même que le droit à une part des biens de la famille en cas de divorce pour des motifs d’équité, suivant la loi sur les causes matrimoniales (Matrimonial Causes Act) (Nations Unies s.d.). Cependant, des sources mentionnent que, en règle générale, en vertu des lois coutumières, les femmes n’ont pas le droit de posséder de terres, qui leur sont uniquement accessibles par l’entremise de leurs époux et de leur famille (Nations Unies s.d.; É.-U. 13 mars 2019, 35). Les Country Reports on Human Rights Practices for 2018 publiés par le Département d’État des États-Unis ajoutent que [traduction] « en outre, de nombreuses pratiques coutumières ne reconnaissaient pas le droit de la femme d’hériter de la propriété de son époux, et de nombreuses veuves sont devenues indigentes lorsque leur belle-famille a essentiellement fait mainmise sur tous les biens de l’époux décédé » (É.-U. 13 mars 2019, 35). Il est écrit dans l’article pour le Nigéria de la base de données de la FAO sur le genre et le droit à la terre que, dès lors qu’une femme divorce, elle perd le droit relatif aux terres agricoles (Nations Unies s.d.). La même source explique que les femmes ne sont pas capables de faire appliquer leurs droits relatifs aux biens et à la propriété devant les tribunaux, en raison d’un manque de sensibilisation à l’égard de ces droits, d’un manque de sécurité financière et de la crainte d’engendrer des conflits avec leur belle-famille (Nations Unies s.d.).

1.4 Accès à l’emploi
1.4.1 Statistiques d’emploi

Il ressort du rapport Labour Force Statistics publié par le Bureau national des statistiques (National Bureau of Statistics - NBS) du Nigéria que, durant le troisième trimestre de 2017, 36,44 p. 100 des Nigérians [traduction] « travaillant au moins une heure par semaine » étaient des femmes, contre 63,56 p. 100 d’hommes (Nigéria janv. 2018, 11). Selon le NDHS de 2018, 65 p. 100 des femmes et 86 p. 100 des hommes de 15 à 49 ans avaient un emploi au Nigéria (NPC du Nigéria et ICF oct. 2019, 47). La même source mentionne en outre que le taux d’emploi des femmes appartenant à ce segment d’âge avait augmenté de 10 p. 100 durant la dernière décennie (NPC du Nigéria et ICF oct. 2019, 47).

Le NBS précise que, en 2017, parmi les Nigérians exerçant un emploi, 57,37 p. 100 des femmes travaillaient à temps plein, comparativement à 70,70 p. 100 des hommes (Nigéria janv. 2018, 11). Il était en outre constaté dans le NDHS de 2018 que 70 p. 100 des femmes sur le marché du travail étaient des travailleuses autonomes (NPC du Nigéria et ICF oct. 2019, 48).

D’après le NBS, durant le troisième trimestre de 2018, 26,6 p. 100 des Nigérianes qui étaient [traduction] « disposées et aptes à travailler, et activement à la recherche d’un emploi » étaient au chômage, alors que ce pourcentage était de 20,3 p. 100 chez les hommes et de 23,1 p. 100 parmi la population active totale (Nigeria déc. 2018, 26).

Pour ce qui est des secteurs d’emploi, le NDHS de 2018 fait observer que les femmes [traduction] « dominaient » les emplois des secteurs de la vente et des services (62 p. 100 comparativement à 26 p. 100 chez les hommes), mais qu’elles étaient moins nombreuses que les hommes à occuper des emplois « professionnels, techniques et de gestion » (9 p. 100 chez les femmes comparativement à 13 p. 100 chez les hommes) et dans le secteur agricole (22 p. 100 comparativement à 41 p. 100) (NPC du Nigéria et ICF oct. 2019, 48). Selon le NBS, durant le troisième trimestre de 2017, les femmes travaillaient principalement dans le domaine de l’agriculture (36,24 p. 100) et du commerce (24,8 p. 100) (Nigéria janv. 2018, 12).

Les tendances suivantes concernant l’emploi des femmes ont été observées par le NDHS de 2018 :

  • les femmes divorcées, séparées ou veuves (81 p. 100) étaient plus susceptibles d’avoir un emploi que les femmes mariées (71 p. 100) ou celles n’ayant jamais été mariées (47 p. 100);
  • les femmes vivant en milieu urbain (67 p. 100) étaient plus susceptibles d’avoir un emploi que celles vivant en milieu rural (63 p. 100);
  • de façon générale, plus les femmes étaient instruites, plus leur taux d’emploi était élevé;
  • plus le ménage était riche, meilleur était le taux d’emploi des femmes (NPC du Nigéria et ICF oct. 2019, 47).

Le même rapport a également fait état des caractéristiques de base suivantes concernant les travailleurs :

  • les femmes (40 p. 100) et les hommes (39 p. 100) ayant poursuivi leurs études au-delà du secondaire étaient plus susceptibles d’occuper un emploi [traduction] « professionnel, technique ou de gestion »;
  • les femmes sans éducation travaillaient principalement dans les secteurs de la vente et des services (67 p. 100);
  • plus les hommes et les femmes sont riches, meilleures sont leurs chances d’occuper un emploi « professionnel, technique ou de gestion » et des emplois de bureau (NPC du Nigéria et ICF oct. 2019, 48).

L’EASO fait observer que [traduction] « compte tenu de l’état actuel de la situation économique et de la situation en matière de sécurité, les taux de chômage et de sous-emploi sont élevés, en particulier chez les jeunes, chez les femmes et chez les personnes déplacées à l’intérieur du pays, et cette tendance s’est accentuée au cours des dernières années » (UE févr. 2019, 103).

1.4.2 Discrimination liée à l’emploi

Il est écrit dans les Country Reports 2018 des États-Unis que [traduction] « aucune loi n’interdit aux femmes de travailler dans des domaines particuliers », mais, en même temps, qu'aucune loi ne prévoit une rémunération égale pour un travail de valeur égale ni n’interdit la discrimination fondée sur le genre à l’embauche (É.-U. 13 mars 2019, 35, 47). À l’inverse, l’OCDE mentionne que, en plus de la constitution du pays, qui prévoit l’égalité des droits entre les hommes et les femmes en ce qui concerne les possibilités d’emploi, [traduction] « le droit civil réitère l’égalité de rémunération pour un travail de valeur égale » (OCDE 2019, sec. 3c). Sans donner de détails, les Country Reports 2018 des États-Unis soulignent que [traduction] « plusieurs États avaient des lois rendant obligatoire l’égalité des chances pour les femmes » (É.-U. 13 mars 2019, 48).

En pratique, selon les Country Reports 2018 des États-Unis, les femmes sont victimes de discrimination en raison des pratiques traditionnelles et religieuses, en particulier les femmes non mariées (É.-U. 13 mars 2019, 47-48). Un rapport du Fonds monétaire international (FMI) explique que [traduction] « l’inégalité entre les sexes au Nigéria est élevée et répandue dans toutes les sphères de possibilités économiques (application des garanties juridiques; accès à l’éducation, à la santé, aux services financiers) et de résultats économiques (participation à la population active, entrepreneuriat, représentation politique, revenus) » (FMI mars 2018, 33).

Il ressort du rapport du ministère de l’Intérieur du Royaume-Uni que les [traduction] « femmes tendent à avoir davantage de difficulté à trouver des emplois rémunérés et, lorsqu’elles y arrivent, ces emplois sont souvent faiblement rémunérés » (R.-U. mars 2019, paragr. 2.2.2). D’après un rapport publié en 2017 par le NBS, [traduction] « les femmes sont souvent désavantagées par rapport aux hommes pour ce qui est de l’accès aux possibilités d’emploi et des conditions de travail » (Nigéria févr. 2018, 24). Le rapport du FMI souligne de même que la situation économique et les revenus des femmes sont moins élevés que ceux des hommes, en ajoutant que cette tendance est plus marquée dans le Nord-Est du Nigéria (FMI mars 2018, 37). Le même rapport précise que les femmes [traduction] « occupent le plus souvent des emplois moins productifs et plus informels, et sont limitées par un accès réduit aux ressources productives » (FMI mars 2018, 36).

Cependant, dans une étude sur la représentation politique des femmes au Nigéria, le Policy and Legal Advocacy Centre (PLAC) [3] met en relief les tendances observées en 2009 par le professeur de sciences politiques Okechukwu Ibeanu, laissant entrevoir un [traduction] « flétrissement des restrictions culturelles relatives à la perception des femmes dans les affaires publiques » et une « tendance croissante des femmes à assumer des rôles économiques dans la famille auparavant réservés aux hommes et à remettre en question le mythe de "l’homme pourvoyeur" au sein de nombreuses familles à moyen et à faible revenu » (PLAC 2018, 5). Par exemple, le Bertelsmann Stiftung’s Transformation Index (BTI) 2018, qui explique que certaines femmes détiennent des [traduction] « postes prestigieux » au sein du gouvernement et de l’appareil judiciaire, signale que « la discrimination fondée sur le sexe envers les femmes au sein du système de justice a diminué au niveau des strates sociales moyenne et supérieure » (Bertelsmann Stiftung 2018, 19). La même source signale que [traduction] « les femmes ayant fait des études secondaires, voire supérieures, ont accès aux institutions étatiques et publiques, et de plus en plus de femmes instruites font leur entrée dans le secteur privé en pleine expansion (banques, assurances, médias privés, services de consultation, etc.) » (Bertelsmann Stiftung 2018, 19).

1.5 Accès des femmes aux ressources financières

La page d’information de la Banque mondiale sur les femmes, les entreprises et la loi au Nigéria mentionne que, en vertu de la loi, les femmes peuvent ouvrir un compte bancaire, enregistrer une entreprise et signer des contrats de la même façon qu’un homme (Banque mondiale 2018). La même source fait observer que la loi ne prévoit aucune disposition interdisant la discrimination fondée sur le genre de la part de créanciers en matière d’accès au crédit (Banque mondiale 2018).

Toutefois, des sources signalent que les femmes ont plus de difficultés que les hommes à accéder au crédit ou à l’aide financière (É.-U. 13 mars 2019, 48; WARDC, et al. juin 2017, 4; Madame Figaro 15 nov. 2017). Le FMI fait également observer que les femmes sont moins susceptibles que les hommes d’obtenir du crédit auprès d’institutions financières, expliquant que cet écart entre les sexes a été observé même chez les femmes ayant fait des études plus poussées (FMI mars 2018, 41). Il ressort en outre du rapport du FMI que les femmes sont aussi moins susceptibles que les hommes d’avoir un compte bancaire (FMI mars 2018, 41). Un article rédigé pour le quotidien nigérian The Nation, republié dans la revue française Madame Figaro, mentionne de même que certaines institutions financières refusent d’ouvrir des comptes bancaires pour des femmes; l’article ajoute que cela est encore plus difficile pour les veuves et les mères célibataires (Madame Figaro 15 nov. 2017). Il ressort des Country Reports 2018 des États-Unis que les femmes [traduction] « avaient du mal à […] obtenir des déductions ou des remboursements d’impôts à titre de chef de ménage » (É.-U. 13 mars 2019, 48). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

2. Ménages dirigés par des femmes à Abuja, Lagos, Ibadan et Port Harcourt

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu de renseignements sur les ménages dirigés par des femmes dans les villes d’Abuja, de Lagos, d’Ibadan et de Port Harcourt.

Des sources font observer qu’il y a un important contraste économique entre le Sud et le Nord du Nigéria, la partie méridionale du pays étant plus riche et sa population, mieux instruite (Bertelsmann Stiftung 2018, 14; Dapel 6 avr. 2018).

L’article publié dans Madame Figaro précise que « les bidonville de Lagos sont parsemés de foyers monoparentaux. À leur tête, le plus souvent, de fortes femmes déterminées face à la discrimination généralisée envers les veuves, divorcées et épouses séparées de leur conjoint » (Madame Figaro 15 nov. 2017). Le doctorant a également affirmé que les femmes à la tête d’un ménage peuvent fait l’objet de [traduction] « différentes formes de discrimination » à Abuja, à Lagos, à Ibadan et à Port Harcourt (doctorant 4 nov. 2019).

L’information présentée dans le paragraphe qui suit a été fournie par le professeur de sociologie à l’Université du Nigéria :

La réinstallation à Abuja, à Lagos, à Ibadan et à Port Harcourt pourrait s’avérer [traduction] « relativement difficile » pour les femmes célibataires, « en raison des conditions socio-culturelles au pays », surtout si elles sont peu instruites ou si elles ne bénéficient d’aucun soutien financier. Cependant, « il est possible que les professionnelles qui sont instruites n’éprouvent pas de grandes difficultés »; en outre, la langue pourrait ne pas être un facteur problématique, puisque le pidgin dérivé de l’anglais est couramment parlé. Les femmes célibataires qui déménagent dans ces villes pourraient voir leur situation facilitée par un réseau social de relations et d’amis sur lequel elles peuvent compter durant les premiers mois de leur réinstallation (professeur 9 oct. 2019).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, la directrice générale de Safehaven Development Initiative (SDI) [4] a de même souligné que le pidgin dérivé de l’anglais est parlé par la majorité de la population, ce qui fait en sorte que la langue n’est pas un obstacle (SDI 13 nov. 2019).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, la directrice générale de l’Organisation pour l’habilitation des veuves et des orphelins (Widows and Orphans Empowerment Organisation - WEWE) [5] a de même mentionné que la réinstallation dans une autre ville sans le soutien d’un homme ou de la famille est [traduction] « difficile », mais qu’elle pourrait être facilitée par ceci : avoir accès à un refuge ou à un logement, avoir accès à des ressources financières en attendant de trouver un emploi, avoir des compétences recherchées sur le marché du travail et avoir accès à un réseau de soutien moral et social (WEWE 1er nov. 2019).

2.1 Accès au logement à Abuja, à Lagos, à Ibadan et à Port Harcourt
2.1.1 Situation en matière de logement

Le quotidien nigérian indépendant The Guardian souligne que le Nigéria est [traduction] « un pays où le logement social est en diminution marquée en raison d’une population bourgeonnante » (The Guardian 16 avr. 2019). Un article publié sur le site Internet de la Brookings Institution, dont le siège est à Washington, mentionne que, selon les données du Département des affaires économiques et sociales des Nations unies, Abuja et Lagos comptent parmi les villes africaines qui connaissent la croissance la plus rapide (The Brookings Institution 5 oct. 2018). L’EASO fait observer qu’il existe un [traduction] « problème de logement » à Abuja et à Lagos où, selon les estimations, il y aurait un déficit de 600 000 et de 2,5 millions de demeures, respectivement (UE nov. 2018, 39). Un rapport publié en 2016 par la Banque mondiale sur la situation en matière de logement au Nigéria précise ceci :

[traduction]

À Lagos, à Ibadan, à Kano et à Abuja, le besoin en logements augmente d’environ 20 p. 100 par année. La production totale actuelle dans le secteur du logement officiel est estimée à 100 000 unités tout au plus. Bien qu’il n’existe aucune donnée fiable, il est évident que le secteur officiel ne produit qu’une fraction du nombre total d’unités urbaines nécessaires chaque année (Banque mondiale 2016, paragr. 18).

Il ressort d’un article sur la location de logements à Lagos, publié par Al Jazeera en juin 2019, que [traduction] « la population de la ville augmente de 77 personnes par heure, au fur et à mesure que des Nigérians issus de régions moins industrialisées cherchent du travail », et que la demande accrue de logements a conduit à une pénurie, ce qui fait de « la location à Lagos […] une dépense coûteuse » (Al Jazeera 2 juin 2019). D’après la directrice générale du WRAHP, Abuja est aussi [traduction] « une ville où il coûte cher de se réinstaller » (directrice générale du WRAHP 1er nov. 2019).

Un article publié sur le site immobilier nigérian PropertyPro explique qu’un programme de location avec option d’achat a été lancé en décembre 2016 à Lagos afin que les personnes à faible revenu puissent accéder plus facilement à du logement (PropertyPro 12 mai 2017). En 2017, la même source a signalé que, selon le Commissaire au logement (Commissioner for Housing) de Lagos, 500 personnes s’étaient vu attribuer un logement depuis le lancement du régime, alors que plus de 12 000 demandes avaient été présentées (PropertyPro 12 mai 2017). Le même article cite le commissaire comme ayant affirmé que [traduction] « “ bon nombre de nos jeunes adultes et de nos personnes à faible revenu n’ont pas été en mesure de verser le dépôt [requis]” » (PropertyPro 12 mai 2017).

Selon la directrice générale de la WEWE, les ménages dirigés par des femmes qui disposent de [traduction] « fonds suffisants pour payer le coût du loyer ou carrément acheter une maison » seraient en mesure d’accéder à du logement (WEWE 1er nov. 2019). Le doctorant a affirmé que [traduction] « la plupart des femmes à la tête d’un ménage pourraient ne pas avoir la capacité de payer le loyer du logement » à Abuja, à Lagos, à Ibadan et à Port Harcourt (doctorant 4 nov. 2019). La directrice générale de la SDI a mentionné qu’une majorité de femmes qui ne bénéficient pas du soutien de leurs homologues masculins ou de membres de leur famille doivent [traduction] « se livrer au commerce sexuel » pour pouvoir payer leur loyer (SDI 13 nov. 2019).

2.1.2 Discrimination

Selon le professeur, les femmes peuvent se trouver du logement à Abuja, à Lagos, à Ibadan et à Port Harcourt, mais pas aussi facilement que les hommes, car [traduction] « les propriétaires traditionnels hésiteraient certainement à offrir un logement à ces femmes célibataires » (professeur 9 oct. 2019). D’autres sources précisent de même que les femmes célibataires à la recherche d’un logement dans les grandes villes du Nigéria pourraient faire l’objet de discrimination (directrice générale du WRAHP 1er nov. 2019; Business Day 17 sept. 2019; Al Jazeera 2 juin 2019).

Selon le doctorant, les femmes à la tête de leur ménage à Abuja, à Lagos, à Ibadan et à Port Harcourt peuvent être [traduction] « stigmatisées parce qu’elles vivent seules ou parce qu’elles vivent avec leurs enfants sans conjoint, surtout si elles n’ont pas suffisamment de ressources économiques, d’instruction ou d’hommes venant à leur défense », ce qui peut aussi les rendre vulnérables à l’exploitation sexuelle (doctorant 4 nov. 2019).

Des sources signalent que, dans les principales villes du Nigéria, certains propriétaires refusent de louer des appartements aux femmes célibataires (Stears Business 1er févr. 2019; The Punch 25 août 2018), mêmes quand elles ont un emploi (The Guardian 16 avr. 2019; The Punch 25 août 2018) ou qu’elles disposent de bons moyens financiers (The Punch 25 août 2018). Selon The Punch, [traduction] « peu importe leur couleur, leur État d’origine, l’école qu’elles ont fréquentée et même leur lieu de travail, il semblerait que des propriétaires, hommes comme femmes, surtout à Lagos, entretiennent de profondes réserves pour ce qui est de céder leurs maisons à des femmes qui ne sont pas mariées afin qu’elles y résident » (The Punch 25 août 2018). Le journal d’affaires quotidien de Lagos Business Day mentionne ceci :

[traduction]

Les exemples montrent que, dans une compétition au coude à coude entre un homme célibataire et une femme célibataire, les propriétaires, selon le degré auquel ils adhèrent aux attentes africaines traditionnelles établies à l’égard des femmes ou leur degré d’exposition aux nuances de l’égalité des droits hommes-femmes, privilégient les hommes comme locataires, dans 90 p. 100 des cas (Business Day 17 sept. 2019).

Le professeur a déclaré que l’exception à cette discrimination pourrait survenir lorsqu’il s’agit d’un logement offert par des agences immobilières officielles, [traduction] « auquel cas ce qui importe est la capacité de payer, plutôt que les normes sociales, le sexe ou l’état matrimonial » (professeur 9 oct. 2019).

Sans donner d’autres détails, la directrice générale du WRAHP a affirmé que, bien que [traduction] « Lagos soit la ville où il est le plus facile de se réinstaller », certains propriétaires ont des pratiques discriminatoires, par exemple, en refusant de fournir un logement aux personnes qui ne parlent pas le yorouba; elle note toutefois que [traduction] « en règle générale, la question de la langue n’est pas une préoccupation importante » (directrice générale du WRAHP 1er nov. 2019). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

2.2 Accès à l’emploi à Abuja, à Lagos, à Ibadan et à Port Harcourt

Selon le doctorant, il est [traduction] « très difficile » pour les femmes qui dirigent leur propre ménage d’accéder à l’emploi ou à la formation professionnelle à Abuja, à Lagos, à Ibadan ou à Port Harcourt (doctorant 4 nov. 2019). Le professeur a affirmé que, [traduction] « en règle générale, les hommes ont davantage de perspectives d’emploi que les femmes, situation essentiellement attribuable à des préjugés socioculturels inhérents au genre, auquel cas les femmes peuvent être stéréotypées comme n’étant pas aptes à occuper certains emplois » (professeur 9 oct. 2019). Des sources mentionnent également que l’identité autochtone peut nuire à l’accès à l’emploi (doctorant 4 nov. 2019; professeur 9 oct. 2019). Le professeur a expliqué que les femmes qui sont originaires d’autres États peuvent avoir beaucoup de mal à trouver des emplois dans le secteur public, puisque l’identité autochtone peut être prise en considération (professeur 9 oct. 2019). Pour obtenir des renseignements au sujet de l’influence de l’identité autochtone sur l’accès à l’emploi, veuillez consulter la réponse à la demande d’information NGA106361 publiée en novembre 2019.

Le doctorant a en outre fait observer que les femmes à la tête d’un ménage qui cherchent un emploi peuvent être la cible d’exploitation sexuelle, et explique que [traduction] « si elles sont prêtes à sacrifier leur vertu (leur corps) pour obtenir des possibilités d’emploi et de formation, l’accès à un emploi ou à de la formation pourrait ne pas être si difficile » (doctorant 4 nov. 2019). La directrice générale de la SDI a de même mentionné que les femmes qui cherchent un emploi dans ces villes seront sujettes à l’exploitation sexuelle par des hommes qui leur promettront des emplois en échange de faveurs sexuelles (SDI 13 nov. 2019).

Toutefois, la directrice générale de la WEWE a affirmé que les femmes sont capables d’accéder à l’emploi ou à la formation professionnelle dans ces villes [traduction] « mais cela a un coût, un prix » (WEWE 1er nov. 2019). La même source a expliqué que le fait d’avoir des compétences qui sont recherchées et de l’expérience de travail pourrait faciliter l’accès à l’emploi (WEWE 1er nov. 2019). Le professeur a de même fait observer que l’éducation [traduction] « joue un rôle important » en matière d’accès à l’emploi dans les grandes villes (professeur 9 oct. 2019). Le fait d’avoir des relations dans les milieux social ou politique peut également aider (doctorant 4 nov. 2019; professeur 9 oct. 2019). Le doctorant a déclaré que les ménages dirigés par des femmes auraient besoin de [traduction] « relations auprès de politiciens ou d’élites qui pourraient les aider à faire pression en vue d’obtenir des emplois et des possibilités de formation », étant donné que « de nombreuses organisations au Nigéria s’appuient sur les relations politiques, le favoritisme, le népotisme et l’origine ethnique » lorsqu’il s’agit de choisir des candidats (doctorant 4 nov. 2019). Le professeur en a outre affirmé que la réinstallation est généralement plus facile si une personne fait cette démarche parce qu’elle commence un nouvel emploi dans l’une de ces villes ou parce qu’elle est mutée d’un emploi précédent (professeur 9 oct. 2019).

Le Fonds fiduciaire pour l’emploi de l’État de Lagos (Lagos State Employment Trust Fund - LSETF) a été créé par l’État de Lagos en 2016 [traduction] « pour offrir un soutien financier aux résidents de l’État de Lagos, créer de l’emploi et de la richesse et enrayer le chômage » (État de Lagos s.d.a). Par l’entremise du LSETF, des programmes sont conçus et mis en œuvre pour former les chômeurs de l’État de Lagos et leur trouver un emploi (État de Lagos s.d.a). Les programmes de formation professionnelle gratuite sont axés sur les secteurs suivants : construction, secteur manufacturier, soins de santé, hôtellerie, divertissement et fabrication de vêtements (État de Lagos s.d.b). Les candidats doivent être des résidents de l’État de Lagos, être âgés de 18 à 35 ans et avoir [traduction] « au moins un certificat de réussite des études secondaires de premier cycle », et doivent postuler en ligne (État de Lagos s.d.c). Dans l’État de Lagos, 26 centres de formation professionnelle participent au programme (État de Lagos s.d.d). Le LSETF est financé par l’État de Lagos, par des donateurs, par des agences de développement et par des organisations d’affaires (État de Lagos s.d.a). Selon le site Internet du LSETF, depuis sa création, 4 503 participants ont reçu de la formation, 1 707 ont bénéficié d’un placement sur le marché du travail et plus de 350 employeurs sont inscrits au programme (État de Lagos s.d.e).

À Abuja, l’Abuja Enterprise Agency (AEA) est le [traduction] « vecteur de création de richesse, de création d’emploi et d’éradication de la pauvreté »; elle « est axée sur le développement de micro, petites et moyennes entreprises et vise à aider les nouveaux entrepreneurs existants à surmonter les obstacles à la croissance en leur donnant accès à des moyens de financement, en assurant une planification adéquate des activités et en développant leurs compétences en entrepreneuriat » (AEA s.d.). Il est écrit sur le site Internet de l’AEA que, pour présenter une demande de crédit commercial auprès de l’agence, les demandeurs doivent s’inscrire en ligne à titre de client moyennant des frais, fournir leur passeport, leur carte d’identité et leur [traduction] « inscription au CAC », et donner le nom d’au moins deux garants (AEA s.d.). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement sur les résultats découlant des activités de cette agence.

Qui plus est, le professeur a affirmé qu’il existe des programmes gouvernementaux offerts par l’entremise de la Direction nationale de l’emploi (National Directorate of Employment - NDE), mais qu’ils ciblent principalement [traduction] « les jeunes au chômage » et que « leur efficacité demeure contestée » (professeur 9 oct. 2019). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens, ni aucun renseignement additionnel.

2.3 Accès aux services publics

D’après le professeur, les femmes qui dirigent leur propre ménage peuvent théoriquement accéder aux services comme les soins de santé, l’éducation, le transport collectif, les services de garde d’enfants et l’aide sociale lorsque ces services sont disponibles, mais [traduction] « la principale difficulté consiste à établir si ces services existent » (professeur 9 oct. 2019). Sans donner d’autres détails, la directrice générale du WRAHP a déclaré que les personnes doivent payer pour les services publics (directrice générale du WRAHP 1er nov. 2019). La directrice générale de la SDI a affirmé qu’il n’y a pas de limites ou de contraintes imposées aux femmes chefs de ménage en ce qui concerne l’accès aux services publics, pourvu qu’elles puissent en assumer le coût, car il n’y a aucun service public gratuit au Nigéria (SDI 13 nov. 2019).

L’information présentée dans le paragraphe qui suit a été fournie par la directrice générale de la WEWE :

Les femmes qui se réinstallent depuis un autre État n’ont habituellement pas droit aux services publics gratuits, étant donné que les gouvernements étatiques s’occupent en priorité des ménages dirigés par des femmes originaires de l’État. Les femmes qui ne sont pas [traduction] « originaires de l’État » seront tenues de payer leur accès aux services publics et peuvent être victimes de discrimination de la part d’autres femmes. Les femmes qui ne viennent pas de l’État « doivent être mariées ou avoir vécu plus de 10 ans dans l’État pour être admissibles à l’aide sociale gouvernementale » (WEWE 1er nov. 2019). Pour obtenir des renseignements au sujet de l’influence de l’identité autochtone sur l’accès aux services publics, veuillez consulter la réponse à la demande d’information NGA106361 publiée en novembre 2019.

3. Services de soutien gouvernementaux

La directrice générale de la SDI a expliqué que le gouvernement nigérian n’offre aucun soutien général pour les femmes dans le besoin (SDI 13 nov. 2019). Selon le professeur, aucune prestation générale de chômage n’est versée au Nigéria, même s’il existe des régimes sociaux [traduction] « mis de l’avant » par le gouvernement actuel, qui ciblent les jeunes chômeurs, les [traduction] « travailleuses de marché » et les artisans, par exemple; cependant, le professeur a fait observer qu’il n’est « pas facile » d’accéder à ces prestations, ou que l’accès pourrait être « politisé » (professeur 9 oct. 2019). La directrice générale du WRAHP a affirmé qu’aucune aide sociale n’est offerte, sauf au prix d’une lourde bureaucratie, mais que Lagos est l’endroit [traduction] « le plus progressiste » par rapport aux autres (directrice générale du WRAHP 1er nov. 2019). La directrice générale de la SDI a affirmé que l’État de Lagos [traduction] « dispose d’une politique pour soutenir les femmes violées qui vivent dans sa métropole, mais pas les femmes qui viennent de l’extérieur de l’État » (SDI 13 nov. 2019). Le professeur et la directrice générale du WRAHP ont tous les deux fait observer qu’il n’existe aucune aide, aucun refuge ni aucune maison de transition pour les femmes qui se réinstallent (directrice générale du WRAHP 1er nov. 2019; professeur 9 oct. 2019). D’autres sources font observer de même qu’aucun service de soutien n’est offert aux femmes chefs de ménage qui cherchent un logement (doctorant 4 nov. 2019; WEWE 1er nov. 2019).

Le BTI 2018 fait état de ceci :

[traduction]

En général, le fardeau du vieillissement, de la maladie, du sous-emploi et du chômage est supporté principalement par les réseaux familiaux élargis et le secteur informel. Cela signifie que seuls les fonctionnaires et les employés de l’enseignement supérieur, les sociétés appartenant en tout ou en partie à l’État et les moyennes et grandes entreprises internationales bénéficient d’un certain niveau de sécurité sociale (Bertelsmann Stiftung 2018, 18).

D’autres sources expliquent de même que les femmes qui dirigent leur propre ménage sont forcées de compter sur leurs liens familiaux ou leurs amis lorsqu’elles se réinstallent dans ces villes (SDI 13 nov. 2019; WEWE 1er nov. 2019; directrice générale du WRAHP 1er nov. 2019).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.

Notes

[1] Le doctorant et agrégé de recherche à l’Université Murdoch, en Australie, est titulaire d’une maîtrise en études du développement, de même qu’en politiques et en gestion publiques. Ses travaux de recherche s’intéressent notamment au veuvage et à l’étude de la condition féminine. Il a précisé qu’il s’exprimait en outre [traduction] « en se fondant sur ses propres expériences à titre de fils d’une femme dirigeant son propre ménage, ayant vécu à Ibadan et à Lagos » (doctorant 4 nov. 2019).

[2] Le Projet sur les droits et la santé des femmes (Women’s Rights and Health Project - WRAHP) est une ONG nigériane sans but lucratif qui œuvre à la [traduction] « promotion de la santé génésique, des droits et du développement général des femmes, des jeunes et des communautés » en « outillant, mobilisant et engageant activement les membres de la communauté comme agents de changement social, grâce à l’échange de renseignements, au développement des capacités et à la défense des intérêts » (WRAHP s.d.).

[3] Le Policy and Legal Advocacy Centre (PLAC) est une ONG travaillant au renforcement de la gouvernance démocratique et de la participation citoyenne au Nigéria au travers de la recherche, de la défense des intérêts et de l’analyse de politiques (PLAC 2018, iii).

[4] Safehaven Development Initiative (SDI) est une ONG sans but lucratif établie en 2004 dans le but d’offrir des services de soutien aux communautés vulnérables, surtout aux femmes et aux filles, notamment grâce à l’éducation et aux campagnes de sensibilisation (SDI 13 nov. 2019).

[5] L’Organisation pour l’habilitation des veuves et des orphelins (Widows and Orphans Empowerment Organisation - WEWE) est une ONG nigériane nationale sans but lucratif qui œuvre à aider les veuves et les orphelins [traduction] « à devenir des membres productifs de la société grâce à la défense des intérêts, au développement des capacités, à l’habilitation économique et aux programmes de droits de la personne » (WEWE s.d.).

Références

Abuja Enterprise Agency (AEA). S.d. « Frequently Asked Questions ». [Date de consultation : 15 nov. 2019]

Al Jazeera. 2 juin 2019. Aanu Adeoye. « In Lagos, Finding a Home to Rent Is an Impossible Mission ». [Date de consultation : 24 sept. 2019]

Banque mondiale. 2018. « Women, Business and the Law: Nigeria ». [Date de consultation : 12 nov. 2019]

Banque mondiale. 2016. Banque internationale pour la reconstruction et le développement. Nigeria: Developing Housing Finance. [Date de consultation : 19 nov. 2019]

Bertelsmann Stiftung. 2018. « Nigeria Country Report ». Bertelsmann Stiftung’s Transformation Index (BTI) 2018. [Date de consultation : 23 oct. 2019]

The Brookings Institution. 5 octobre 2018. Nirav Patel. « Figure of the Week: Africa Is Home to the 10 Fastest Growing Cities in the World ». [Date de consultation : 18 nov. 2019]

Business Day. 17 septembre 2019. Temitayo Ayetoto. « How Property-Owners Disqualify ‘Single’ Women Seeking Accommodation on Flimsy Excuses ». [Date de consultation : 17 oct. 2019]

Dapel, Zuhumnan. 6 avril 2018. « Poverty in Nigeria: Understanding and Bridging the Divide Between North and South ». Washington, DC: Center for Global Development. [Date de consultation : 13 nov. 2019]

Directrice générale, Women’s Rights and Health Project (WRAHP). 1er novembre 2019. Entretien téléphonique avec la Direction des recherches.

Doctorant, Murdoch University. 4 novembre 2019. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

État de Lagos. S.d.a. Lagos State Employment Trust Fund (LSETF). « About LSETF ». [Date de consultation : 15 nov. 2019]

État de Lagos. S.d.b. Lagos State Employment Trust Fund (LSETF). « About the Employability Support Project ». [Date de consultation : 15 nov. 2019]

État de Lagos. S.d.c. Lagos State Employment Trust Fund (LSETF). « Frequently Asked Questions ». [Date de consultation : 15 nov. 2019]

État de Lagos. S.d.d. Lagos State Employment Trust Fund (LSETF). « Vocational Training Centres ». [Date de consultation : 15 nov. 2019]

État de Lagos. S.d.e. Lagos State Employment Trust Fund (LSETF). Page d'accueil. [Date de consultation : 15 nov. 2019]

États-Unis (É.-U.). 13 mars 2019. Department of State. « Nigeria ». Country Reports on Human Rights Practices for 2018. [Date de consultation : 18 oct. 2019]

The Guardian (Nigéria). 16 avril 2019. Torinmo Salau. « Single Men Suffer Rental Housing Discrimination, It’s Not Just Women ». [Date de consultation : 24 sept. 2019]

Fonds monétaire international (FMI). Mars 2018. Nigeria: Selected Issues. FMI Country Report No. 18/64. [Date de consultation : 12 nov. 2019]

Madame Figaro. 15 novembre 2017. Praise Olowe pour The Nation. « Au Nigéria, Mamamoni aide les femmes à devenir financièrement autonomes ». [Date de consultation : 18 oct. 2019]

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Nations Unies. S.d. Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). « Nigeria ». Gender and Land Rights Database. [Date de consultation : 8 nov. 2019]

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Nigéria. Janvier 2018. National Bureau of Statistics (NBS). Labour Force Statistics Vol. 2: Employment by Sector Report (Q3 2017). [Date de consultation : 15 nov. 2019]

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Policy and Legal Advocacy Centre (PLAC). 2018. Women’s Political Representation in Nigeria: Why Progress Is Slow and What Can Be Done to Fast-Track It. [Date de consultation : 8 nov. 2019]

Professeur, University of Nigeria. 9 octobre 2019. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

PropertyPro. 12 mai 2017. Awosusi Damilola. « Success Reports on the Lagos Rent-to-Own Programme ». [Date de consultation : 19 nov. 2019]

The Punch. 25 août 2018. Tunde Ajaja et Timileyin Akinkahunsi. « Landlords Dread Renting Out Their Houses to Us: They See Us as Prostitutes - Single Women ». [Date de consultation : 24 sept. 2019]

Royaume-Uni (R.-U.). Mars 2019. Home Office. Country Policy and Information Note - Nigeria: Internal Relocation. [Date de consultation : 17 oct. 2019]

Safehaven Development Initiative (SDI). 13 novembre 2019. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par la directrice générale.

Stears Business. 1er février 2019. Aisha Salaudeen. « Single Women Cannot Rent Property in Nigeria ». [Date de consultation : 17 oct. 2019]

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Widows and Orphans Empowerment Organisation (WEWE). S.d. « Who We Are ». [Date de consultation : 13 nov. 2019]

Women Advocates Research & Documentation Centre (WARDC), et al. Juin 2017. NGO Coalition Shadow Report to the 7th & 8th Periodic Report of Nigeria on Convention on the Elimination of all Forms of Discrimination Against Women (CEDAW). [Date de consultation : 12 nov. 2019]

Women’s Rights and Health Project (WRAHP). S.d. « About Us ». [Date de consultation : 7 nov. 2019]

Autres sources consultées

Sources orales : CARE Nigeria; Civil Resource Development and Documentation Centre; Civil Society Legislative Advocacy Centre; International Federation of Women Lawyers; Mamamoni; Nigéria – Federal Ministry of Women Affairs; professeur de sociologie dans une université nigériane; Widows for Peace through Democracy; Women’s Aid Collective; Women’s Consortium of Nigeria; Women’s Rights Advancement and Protection Alternative.

Sites Internet, y compris : Amnesty International; Austrian Centre for Country of Origin and Asylum Research and Documentation; BBC; CARE; ecoi.net; Factiva; Freedom House; Human Rights Watch; International Crisis Group; Nations Unies – Refworld; Vanguard.



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