Réponses aux demandes d'information

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C'est aux commissaires indépendants de la CISR (les décideurs) qu'il incombe d'évaluer les renseignements contenus dans les RDI et de décider du poids qui doit leur être accordé après avoir examiné les éléments de preuve et les arguments présentés par les parties.    

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28 juin 2019

NGA106308.EF

Nigéria : information sur le Peuple indigène du Biafra (Indigenous People of Biafra - IPOB), y compris sur ses objectifs, sa structure, ses activités, ses relations avec d’autres groupes voués à l’indépendance du Biafra et le traitement qui est réservé à ses membres par les autorités (2017-mai 2019)

Direction des recherches, Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Aperçu

Des sources mentionnent que l’IPOB est un groupe cherchant à créer un État indépendant du Biafra (Amnesty International 24 nov. 2016, 11; Campbell 21 mars 2018; BBC 5 mai 2017). Dans un rapport publié par Amnesty International sur la répression des militants en faveur du Biafra, il est écrit que l’IPOB a été constitué en 2012 (Amnesty International 24 nov. 2016, 11), tandis que d’autres sources mentionnent qu’il a été constitué en 2014 (BBC 5 mai 2017; Turnbull août 2017, 30). D’après des sources, une tentative de déclarer l’indépendance du Biafra en 1967 a engendré une guerre civile qui a coûté la vie à environ un million de personnes et qui a entraîné la défaite des sécessionnistes (Campbell 21 mars 2018; BBC 5 mai 2017).

Le Biafra est une région du Sud-Est du Nigéria (Tayo et Mbah 9 nov. 2017; BBC 5 mai 2017). Il est peuplé en majeure partie de personnes d’origine ethnique igbo (Campbell 21 mars 2018; BBC 5 mai 2017). Des sources expliquent que des habitants du Sud-Est se sentent marginalisées du fait de la présence militaire nigériane (Foreign Policy 15 févr. 2019) ou de l’absence d’investissements gouvernementaux dans la région (Foreign Policy 15 févr. 2019; AFP 31 mai 2017; Al Jazeera 30 mai 2017). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens au sujet de la présence militaire nigériane au Biafra.

Il est expliqué dans le rapport d’Amnesty International que de nombreux membres et partisans de l’IPOB sont jeunes et sans emploi et ont le sentiment de ne pas pouvoir réaliser leurs objectifs dans un monde où le Biafra n’est pas indépendant (Amnesty International 24 nov. 2016, 12). Meghan Turnbull, une professeure adjointe invitée au Skidmore College qui a présenté un exposé sur les groupes armés du Nigéria durant une réunion du Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO) sur la coopération pratique tenue à Rome en juin 2017, souligne que ce sont plus particulièrement de jeunes hommes qui manifestent lors des rassemblements de l’IPOB (Turnbull août 2017, 28).

Dans un commentaire d’expert publié sur le site Internet de Chatham House [1], Sola Toya, une chercheuse associée du programme Afrique de Chatham House, et le journaliste Fidelis Mbah expliquent que l’IPOB a acquis de l’importance suivant l’élection du président Muhammadu Buhari, qui était considéré [traduction] « au mieux comme méprisant, et par moments comme hostile » envers les Nigérians de la région du Sud-Est (Tayo et Mbah 9 nov. 2017). Des sources mentionnent que le sentiment anti-Buhari dans la région a accru la visibilité de l’IPOB (Tayo et Mbah 9 nov. 2017; Al Jazeera 30 mai 2017). Selon des sources, Nnamdi Kanu, dirigeant de l’IPOB, a été incarcéré pour certains chefs d’accusation, dont celui de trahison, un crime passible de la peine de mort (Newsweek 17 oct. 2017; Tayo et Mbah 9 nov. 2017; International Crisis Group 4 déc. 2015), et il a été maintenu en détention jusqu’en avril 2017, malgré l’ordonnance de mise en liberté décrétée par la cour (Turnbull août 2017, 30; Tayo et Mbah 9 nov. 2017). Des sources précisent que l’incarcération de Nnamdi Kanu a contribué à accroître sa popularité (Al Jazeera 30 mai 2017; Tayo et Mbah 9 nov. 2017).

2. Objectifs, dirigeants et structure

Au cours d'une entrevue avec l’Agence France-Presse (AFP), Nnamdi Kanu, dirigeant de l’IPOB, a affirmé ceci :

[traduction]

La mission et les valeurs de l’IPOB sont très simples : rétablir le Biafra, s’assurer que le Biafra en vienne à exister par tout moyen possible […] Nous avons choisi la voie de l’agitation pacifique, de la non-violence, de la persuasion, de la logique, de la raison, de l’argumentation. Nous allons déployer toutes ces choses pour s’assurer d’obtenir le Biafra […] Notre but premier est la liberté; nous avons choisi la voie du référendum pour obtenir le Biafra... Il n’y a pas d’autre solution (AFP 31 mai 2017).

Des sources soulignent que les personnes suivantes assurent la direction de l’IPOB :

  • Nnamdi Kanu, dirigeant de l’IPOB et directeur de Radio Biafra, exploitée depuis Londres (Amnesty International 24 nov. 2016, 11; Tayo et Mbah 9 nov. 2017);
  • Mazi Alphonsus Uche Okafor-Mefor (Foreign Policy 15 févr. 2019) ou Uche Mefor (The Independent 30 nov. 2017), dirigeant adjoint (Foreign Policy 15 févr. 2019; The Independent 30 nov. 2017);
  • Mazi Chika Edoziem, chef de la Direction d’État (Directorate of State) de l’IPOB (IPOB 15 mai 2017; The Independent 30 nov. 2017);
  • Emma Powerful, secrétaire des médias et de la publicité (The Guardian 31 mai 2017; Vanguard 30 mai 2018) et principal animateur de Radio Biafra (LA Times 30 avr. 2019).

Il ressort d’un rapport publié par Amnesty International que les activités de l’IPOB sont régies par des chapitres étatiques dirigés par des coordonnateurs étatiques, eux-mêmes gérés par le [traduction] « coordonnateur des coordonnateurs » (Amnesty International 24 nov. 2016, 12). La même source précise que la [traduction] « Direction d’État » assure la gestion des représentants de l’IPOB à l’étranger (Amnesty International 24 nov. 2016, 12). Cependant, il est écrit dans une déclaration publiée par Nnamdi Kanu en mai 2017 et retransmise sur le site de nouvelles Biafra Telegraph, exploité par l’IPOB (Radio Biafra s.d.), que les changements organisationnels suivants ont été apportés :

  • le poste de [traduction] « coordonnateur des coordonnateurs » a été « aboli »;
  • les bureaux du « siège administratif mondial » sont situés au Royaume-Uni et en Allemagne;
  • Radio Biafra Londres, avec des stations satellites en Afrique du Sud, en Malaisie, en Allemagne et, « prochainement », aux États-Unis, est le canal de communication officiel de l’IPOB;
  • Uche Mefor et Mazi Chika Edoziem sont autorisés à communiquer et à transmettre des directives au nom de Nnamdi Kanu et de l’IPOB (IPOB 15 mai 2017).

Selon une déclaration d’Emma Powerful, qui est cité dans le journal nigérian The Independent, le [traduction] « “siège administratif mondial” » de l’IPOB a été ouvert à Langenfield, en Allemagne, en décembre 2017 (The Independent 30 nov. 2017). Emma Powerful a affirmé que l’IPOB continue d’exploiter des bureaux de liaison, qui servent de [traduction] « points de contact régionaux », à Londres, à Tel Aviv, à Ankara, à New Delhi et à Los Angeles, mais que seul le siège administratif est autorisé à communiquer des « directives diplomatiques » sous la direction de Mazi Chika Edoziem (The Independent 30 nov. 2017). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel sur la structure de l’IPOB.

Dans une entrevue au journal nigérian The Sun, Emma Powerful a affirmé que l’IPOB avait établi le Service secret du Biafra (Biafra Secret Service - BSS), un groupe de [traduction] « vigilance » qui doit « recueillir des renseignements et protéger ceux qui quittent le Nord pour revenir au Biafra », tout en soulignant la nature pacifique de l’IPOB et en précisant que le groupe ne serait pas « militarisé » (The Sun 20 août 2017). Le commissaire de police de l’État d’Abia, cité dans le même article, a déclaré que le BSS est illégal et que toute personne prise en train de promouvoir le BSS, y compris en publiant des vidéos du groupe sur les médias sociaux, s’expose au [traduction] « “plein poids de la loi” » (The Sun 20 août 2017). Dans une entrevue avec Reuters, un conseiller spécial auprès du gouverneur de l’État d’Abia a affirmé qu’il avait vu [traduction] « des membres des services secrets et de la garde nationale en uniforme » tenir des parades en septembre 2017, tout en précisant également qu’il n’avait jamais vu de membres de l’IPOB porter des armes (Reuters 3 oct. 2017). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel sur le BSS.

3. Activités
3.1 Radio Biafra

Diverses sources mentionnent que Radio Biafra diffuse à partir de Londres (Amnesty International 24 nov. 2016, 5; Tayo et Mbah 9 nov. 2017; BBC 5 mai 2017). Cependant, un article publié en avril 2019 dans le Los Angeles Times (LA Times) précise que la diffusion se fait en direct d’un endroit non identifié au Nigéria (LA Times 30 avr. 2019). Tayo et Mbah mentionnent que la diffusion au quotidien se fait en anglais et en igbo (Tayo et Mbah 9 nov. 2017). Des sources signalent en outre que le contenu diffusé par l’IPOB sur Radio Biafra sert à promouvoir l’indépendance du Biafra (Turnbull août 2017, 30; BBC 5 mai 2017; LA Times 30 avr. 2019). Il est écrit and l’article du LA Times que Radio Biafra est utilisée par son animateur principal, Emma Powerful, pour organiser des manifestations, dont un boycott de l’élection de 2019 (LA Times 30 avr. 2019). La même source fait en outre observer que les diffusions sont illégales et que des militants ont signalé que des personnes prises en train d’écouter avaient été battues ou arrêtées (LA Times 30 avr. 2019). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

Selon Amnesty International, Radio Biafra diffuse des messages dont le contenu [traduction] « peut constituer une incitation à commettre des actes de violence contre l’État nigérian »; Nnamdi Kanu aurait notamment réclamé des représailles contre l’armée, en déclarant [traduction] « “nous allons traquer les soldats du zoo, et les tuer” » après que des militaires ont tué deux membres de l’IPOB et en ont blessé 30 autres en août 2015 (Amnesty International 24 nov. 2016, 11). La même source explique que, malgré le discours de Radio Biafra, les manifestations de l’IPOB décrites par Amnesty International pour son rapport de 2016 étaient [traduction] « largement pacifiques » (Amnesty International 24 nov. 2016, 12). De même, Meghan Turnbull affirme que Radio Biafra [traduction] « “tient un discours violent” », au titre duquel il a notamment été mentionné qu’ils [traduction] « “avaient besoin de fusils et de balles” », mais les manifestations organisées par l’IPOB ont été « “massivement pacifiques” » (Turnbull août 2017, 30).

3.2 Manifestations et boycotts

Des sources soulignent que l’IPOB et d’autres groupes favorables au Biafra, dont le Mouvement pour l’actualisation de l’État souverain du Biafra (Movement for the Actualisation of the Sovereign State of Biafra - MASSOB) (The Guardian 31 mai 2017) avaient communiqué une directive de [traduction] « maintien à domicile » pour le 30 mai 2017 (Vanguard 30 mai 2017; The Guardian 31 mai 2017). D’après des sources, le 30 mai est l’anniversaire de la déclaration d’indépendance de la République du Biafra (AFP 31 mai 2017; Al Jazeera 30 mai 2017). Il est écrit dans un article de l’AFP que Nnamdi Kanu a déclaré qu’il visait à se servir de la [traduction] « “désobéissance civile” pour forcer la tenue d’un référendum sur l’autodétermination », alors que la police a averti qu’elle « “s’occuperait résolument” » de toute manifestation (AFP 31 mai 2017). La même source souligne que la plupart des marchés étaient fermés et que les voies de circulations étaient essentiellement désertes à Onitsha, [traduction] « centre économique de l’État d’Anambra » (AFP 31 mai 2017). Selon des sources, les écoles et les commerces de l’État d’Enugu étaient fermés (Vanguard 30 mai 2017; The Guardian 31 mai 2017).

L’IPOB a communiqué une autre directive de [traduction] « maintien à domicile » pour le 30 mai 2018 (Premium Times 30 mai 2018; Vanguard 30 mai 2018). Le journal nigérian Vanguard a expliqué que le gouverneur de l’État d’Ebonyi avait été cité comme ayant déclaré que tout commerce qui fermait conformément à la directive perdrait son magasin (Vanguard 30 mai 2018). Il est écrit dans un article publié par Premium Times, un site Internet d’actualités nigérian (Premium Times s.d.), que les marchés, les banques et les écoles étaient fermées à Aba, dans l’État d’Abia, et à Onitsha, alors que certains commerces étaient ouverts à Enugu, et que la directive n’avait pas été respectée dans l’État d’Ebonyi, où les commerces étaient ouverts (Premium Times 30 mai 2018). La même source a en outre précisé que vingt véhicules de [traduction] « grands organismes de sécurité » avaient été vus en train de patrouiller les rues d’Abakaliki dans l’État d’Ebonyi, et qu’un hélicoptère de surveillance policière avait survolé la ville (Premium Times 30 mai 2018). Citant son service de langue igbo, la British Broadcasting Corporation (BBC) mentionne qu’il y a eu [traduction] « fermeture complète » à Enugu et dans l’État d’Anambra, tandis que Port Harcourt et certaines parties de l’État d’Abia avaient également été touchées (BBC 30 mai 2018).

Selon des sources, l’IPOB a communiqué une nouvelle directive de [traduction] « maintien à domicile » pour le 30 mai 2019 (Vanguard 31 mai 2019; Premium Times 30 mai 2019; The Guardian 30 mai 2019). Il est écrit dans un article de Premium Times que les marchés, les écoles et les banques étaient fermés à Onitsha, tandis qu’Enugu, Owerri et Abakaliki, où les commerces étaient restés ouverts, n’avaient pas appliqué la directive (Premium Times 30 mai 2019). La même source souligne que plus de 2 000 membres d’un groupe jeunesse dirigé par un ancien conseiller du gouverneur de l’État d’Ebonyi avait défilé dans les rues d’Abakaliki pour assurer la [traduction] « répression totale » des partisans du Biafra, et que des policiers de l’État d’Ebonyi avaient été vus en train d’assurer la sécurité à des endroits « stratégiques » d’Abakaliki (Premium Times 30 mai 2019). Le Guardian, un quotidien nigérian, précise qu’il y a eu conformité partielle à Enugu (The Guardian 30 mai 2019). D’après un article de Vanguard, les commerces étaient fermés à Onitsha et à Nnewi; les banques, les écoles et les commerces étaient fermés à Aba; il y a eu conformité partielle à la directive à Enugu, où des commerces étaient ouverts dans l’après-midi; la directive n’a pas été appliquée dans les états d’Imo et d’Ebonyi (Vanguard 31 mai 2019). La même source fait en outre observer que des organismes de sécurité, y compris l’armée, la marine, la police et le Corps de sécurité et de défense civile du Nigéria (Nigerian Security and Civil Defence Corps), était placés à divers endroits d’Onitsha; des véhicules policiers étaient stationnés devant les principales entrées des marchés d’Aba; aucune présence policière ou militaire n’a été constatée à Enugu (Vanguard 30 mai 2018). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement additionnel sur la réponse des autorités aux manifestations liées à la directive de « maintien à domicile » de mai 2017, 2018 et 2019.

Des sources signalent que l’IPOB a incité au boycott de l’élection générale de février 2019 (Foreign Policy 15 févr. 2019; AFP 17 févr. 2019). Selon un article de l’AFP, Nnamdi Kanu a affirmé que le boycott faisait partie des mesures appliquées par l’IPOB pour forcer la tenue d’un référendum (AFP 17 févr. 2019). Vanguard mentionne que des membres de l’IPOB ont défilé dans onze États pour manifester leur appui au boycott le 23 novembre 2018 (Vanguard 24 nov. 2018a). D’après des sources, un policier a perdu la vie durant des affrontements survenus entre la police et les partisans de l’IPOB à l’occasion d’un défilé en appui au boycott de l’élection à Nnewi, dans l’État d’Anambra (The Nation 23 nov. 2018; The Sun 25 nov. 2018). Des sources précisent que, selon la police de l’État d’Anambra, 34 membres de l’IPOB ont été arrêtés suivant la mort du policier; d’autres personnes ont été blessées et un véhicule de police a été incendié (Vanguard 24 nov. 2018b; The Sun 25 nov. 2018). Emma Powerful, cité par le Sun, a déclaré que la manifestation avait été pacifique, tout en niant que des membres de l’IPOB avaient été arrêtés et qu’un policier était décédé (The Sun 25 nov. 2018). Selon des sources, Nnamdi Kanu a annulé le boycott deux jours avant l’élection sans donner de raison, écrivant sur Twitter que [traduction] « “les conditions préalables et les modalités ont été respectées, signées, scellées et livrées” » (AFP 17 févr. 2019; Premium Times 15 févr. 2019).

4. Relations avec d’autres groupes voués à l’indépendance du Biafra

Des sources signalent que sept groupes favorables au Biafra, dont l’IPOB, le MASSOB, l’Organisation révolutionnaire du Biafra (Biafran Revolutionary Organization - BRO), le Congrès des peuples de l’Est (Eastern People Congress - EPC), le Conseil révolutionnaire mixte du Biafra (Joint Revolutionary Council of Biafra - JRCB), les Militants pour la libération du Biafra (Biafra Liberation Crusaders - BLC) et le Peuple du salut du Biafra (Salvation People of Biafra), ont consenti à collaborer sous la direction de Nnamdi Kanu afin d’obtenir un référendum, tout en convenant de s’exprimer [traduction] « [d’]une seule voix » au sujet des questions relatives au Biafra (Vanguard 29 juin 2017; Ndigbo News 29 juin 2017; Concise News 29 juin 2017). Des sources font observer que le groupe de coordination s’appelle le Conseil national du peuple biafrais (Biafran People National Council) (Ndigbo News 29 juin 2017; Concise News 29 juin 2017) et que cet accord a été annoncé à la fin de juin 2017 (Concise News 29 juin 2017; Vanguard 29 juin 2017). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement additionnel sur le Conseil national du peuple biafrais.

Des sources font état de l’existence d’une coalition de groupes favorables au Biafra appelée Mouvement de libération du peuple biafrais (Biafra People Liberation Movement - BPLM) (The Sun 31 mai 2019; Daily Post 30 mai 2019), qui regroupe le MASSOB, l’EPC, l’Initiative culturelle et de rétablissement de la jeunesse igbo (Igbo Youth Cultural and Restoration Initiative - IYCRI), le Mouvement des Biafrais au Nigéria (Movement of Biafrans in Nigeria - MOBIN) et le Gouvernement coutumier du Biafra (Customary Government of Biafra -CGB), entre autres organisations (The Sun 31 mai 2019; Daily Post 30 mai 2019). Dans une déclaration publiée par le Daily Post, un journal nigérian, le BPLM reconnaît [traduction] « les efforts déployés par d’autres groupes favorables au Biafra comme […] l’IPOB dirigé par Mazi Nnamdi » (Daily Post 30 mai 2019). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel sur le Mouvement de libération du peuple biafrais et sa relation avec l’IPOB.

5. Traitement réservé par les autorités

Des sources mentionnent que les forces militaires nigérianes ont amorcé [traduction] « [l’]opération Python Dance II » le 15 septembre 2017, laquelle devait se prolonger au moins jusqu’au 15 octobre 2017 dans la région du Sud-Est, pour s’attaquer à la criminalité (Daily Trust 24 sept. 2017; Vanguard 17 sept. 2017). Selon une déclaration de l’armée nigériane, citée dans un article de Vanguard, l’opération [traduction] « ne vise aucune personne ou aucun groupe en particulier » (Vanguard 17 sept. 2017). Des sources font observer que les forces militaires ont effectué une descente au domicile de Nnamdi Kanu dans le cadre de l’opération (Tayo et Mbah 9 nov. 2017; Reuters 3 oct. 2017). D’après des sources, l’IPOB a déclaré qu’environ 20 de ses membres avaient été tués par balles durant la descente, alors que les forces militaires ont nié avoir effectué la descente (Reuters 3 oct. 2017; Newsweek 17 oct. 2017). À l’inverse, Amnesty International précise que 10 membres de l’IPOB ont été tués et que 12 autres ont été blessés par les forces militaires, ces dernières expliquant que les décès étaient survenus pendant qu’elles tentaient d’arrêter Nnamdi Kanu à son domicile (Amnesty International 22 févr. 2018). Des sources font état des renseignements suivants :

  • Nnamdi Kanu est disparu après la descente (Reuters 3 oct. 2017; Tayo et Mbah 9 nov. 2017);
  • il a refait surface en Israël en octobre 2018 (Premium Times 15 févr. 2019; AFP 17 févr. 2019);
  • il se trouve en Grande-Bretagne depuis le début de 2019 (LA Times 30 avr. 2019; AFP 17 févr. 2019).

Selon des sources, les forces militaires nigérianes ont désigné l’IPOB en tant qu’organisation terroriste en septembre 2017, invoquant la création par l’IPOB du BSS et les attaques perpétrées à l’endroit des forces de sécurité (Reuters 15 sept. 2017; VOA 26 sept. 2017). Des sources signalent que l’étiquette d’organisation [traduction] « terroriste » a été rejetée par les observateurs internationaux (Human Rights Watch 17 janv. 2019; Tayo et Mbah 9 nov. 2017). D’après des sources, cinq États du Sud-Est du Nigéria, y compris Abia, Anambra, Ebonyi, Enugu et Imo, ont interdit toutes les activités de l’IPOB (Pulse.ng 15 sept. 2017; Channel Television 15 sept. 2017). Des sources expliquent que le commissaire de la police de l’État d’Abia a déclaré, après la désignation de l’IPOB à titre d’organisation terroriste et l’interdiction des activités de l’IPOB, que toute personne prise en possession de [traduction] « documents biafrais serait arrêtée et traduite en justice » (NAN 17 sept. 2017; Vanguard 18 sept. 2017). Le commissaire de la police d’Anambra, cité dans Punch, une publication d’actualités du Nigéria, a précisé que l’interdiction serait appliquée et que toute personne participant aux activités de l’IPOB serait accusée de terrorisme, un crime passible d’une peine allant de 20 ans jusqu’à la peine de mort (The Punch 19 sept. 2017).

Quatre membres de l’IPOB, qui ont été arrêtés avec Nnamdi Kanu en 2015, ont été incarcérés et accusés de [traduction] « crime de trahison » (The Punch 25 juin 2018; Campbell 21 mars 2018) ou de [traduction] « préparatifs en vue de la sécession du Nigeria » (Vanguard 6 juill. 2018). Selon des sources, ils ont été libérés sous caution en juin 2018, en attendant leur procès (The Punch 25 juin 2018; Vanguard 6 juill. 2018).

Soixante partisans du Biafra, qui ont participé à un rassemblement de l’IPOB durant lequel un policier a trouvé la mort et un commissariat de police est [traduction] « quasiment » parti en fumée, ont été accusés de [traduction] « conspiration, terrorisme, tentative de meurtre et appartenance à une société illégale » et ont été incarcérés pour ces motifs (VOA 26 sept. 2017; Premium Times 25 sept. 2017). Selon Reuters, le commissaire de la police de l’État d’Abia a affirmé que 74 membres de l’IPOB avaient été arrêtés et accusés depuis le 12 septembre 2017, bon nombre d’accusations ayant trait à l’incendie du commissariat de police, alors que l’IPOB a nié toute responsabilité par rapport à l’incendie (Reuters 3 oct. 2017).

Des sources précisent que 112 [ou plus de 100 (Premium Times 24 août 2018)] femmes à Owerri, dans l’État d’Imo, ont été arrêtées durant une manifestation en août 2018 en ce qui a trait à l’endroit où se trouve Nnamdi Kanu (Human Rights Watch 17 janv. 2019; Sahara Reporters 24 août 2018; Premium Times 24 août 2018). D’après des sources, elles ont été détenues et accusées de trahison et de rassemblement illégal, suscitant des protestations et des demandes de libération par des groupes de défense des droits (Sahara Reporters 24 août 2018; Premium Times 24 août 2018). Des sources signalent qu’elles ont été blanchies et libérées au bout de six jours (Human Rights Watch 17 janv. 2019; Sahara Reporters 24 août 2018; Premium Times 24 août 2018).

Selon des sources, 51 personnes soupçonnées d’appartenir à l’IPOB ont été arrêtées en décembre 2018 alors qu’elles [traduction] « s’apprêtaient prétendument à célébrer un service judaïque dans les limites de la propriété rurale du dirigeant de l’IPOB Mazi Nnamdi Kanu » à Unuhia (The Guardian 8 janv. 2019), ou durant une procession dans les rues qui a commencé dans la communauté d’Afaraukwu, d’où est originaire Nnamdi Kanu (Vanguard 12 déc. 2018). Des sources précisent qu’elles manifestaient à l’appui d’un État juif indépendant (Vanguard 12 déc. 2018; The Guardian 14 déc. 2018) et qu’elles ont été arrêtées parce qu’elles [traduction] « se trouvaient en possession » de divers emblèmes de l’IPOB (Vanguard 12 déc. 2018; Legit.ng 14 déc. 2018). D’après des sources, elles ont été inculpées de terrorisme et de trahison par une cour de magistrat, laquelle a toutefois statué qu’elle n’avait pas compétence pour instruire l’affaire et a ordonné la détention de ces personnes en attendant que l’affaire soit déférée (Legit.ng 14 déc. 2018; The Guardian 14 déc. 2018). L’avocat des défendeurs a été cité comme ayant déclaré que la décision du procureur de faire inculper les intimés par une cour n’ayant pas compétence pour instruire l’affaire était illégale et inconstitutionnelle, invoquant des décisions similaires de la Cour suprême (Legit.ng 14 déc. 2019; The Guardian 14 déc. 2019). Le Guardian a écrit que les détenus avaient été libérés sous caution le 8 janvier 2019 (The Guardian 8 janv. 2019).

Un représentant de la police d’Enugu, cité par l’Agence de nouvelles du Nigéria (News Agency of Nigeria - NAN), une agence de nouvelles exploitée par l’État (NAN s.d.), a affirmé que 140 membres de l’IPOB avaient été arrêtés pour [traduction] « “participation à une procession illégale et étalage illégal d’objet prohibés” » dans la région de Nsukka de l’État d’Enugu le 22 mai 2019 (NAN 23 mai 2019). À l’inverse, selon une citation du Sun, la Société internationale pour les libertés civiles et la primauté du droit (International Society for Civil Liberties and Rule of Law - Intersociety), un groupe voué à la société civile et aux droits de la personne au Nigéria, a déclaré que les 140 personnes avaient été arrêtées à un point de contrôle militaire et policier pendant qu’elles se rendaient à des funérailles, qu’elles avaient été [traduction] « “torturées” » puis inculpées en cour le 23 mai, et que la cour avait statué qu’elle n’avait pas compétence pour instruire l’affaire et ordonné leur incarcération (The Sun 6 juin 2019). La même source a en outre signalé que, deux semaines après leur inculpation, les détenus n’avaient toujours pas été informés de la date de leur procès (The Sun 6 juin 2019). De même, la Coalition des organisations vouées aux droits de la personne et à la démocratie dans le Sud-Est (South-East Based Coalition of Human Rights & Democracy Organisations - SBCHROs), [traduction] « une coalition de 22 groupes de défense des droits et de la démocratie actifs dans le Sud-Est du Nigéria », citée dans News Express, un journal nigérian en ligne (News Express s.d.), mentionne que des [traduction] « “insignes du Biafra” », dont des « “drapeaux et des bracelets” » avaient été trouvés par les « “équipes de patrouille de sécurité mixtes de l’État d’Enugu” » sur certaines des 140 personnes qui se rendaient à des funérailles (News Express 26 mai 2019). La même source précise que les 140 personnes ont toutes été arrêtées et accusées de terrorisme, et qu’elles ont été envoyées en prison par la cour de magistrat jusqu’à ce que leur affaire puisse être instruite par la Haute cour (News Express 26 mai 2019).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.

Note

[1] Chatham House est un institut londonien voué aux politiques qui [traduction] « fait participer les gouvernements, le secteur privé, la société civile et ses membres à des débats ouverts et à des discussions privées sur les grands enjeux de la politique mondiale » (Chatham House s.d.).

Références

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Autres sources consultées

Sites Internet, y compris : African Arguments; Columbia Journal of Transnational Law; ecoi.net; États-Unis – Department of State; Factiva; Freedom House; Garda World; Nations Unies – Refworld, Security Council; Nigeria Watch; Suède – Swedish Migration Agency; World Politics Review.



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