Réponses aux demandes d'information

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10 août 2018

NGA106152.EF

Nigéria : information sur les pasteurs fulani, y compris sur leurs motifs, leurs modes de fonctionnement et méthodes de recrutement; les incursions des pasteurs fulani dans les écoles de Benin City en octobre 2016 (2016-août 2018)

Direction des recherches, Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Aperçu

Selon des sources, les pasteurs fulani sont des éleveurs nomades, majoritairement musulmans (France 30 nov. 2016, 62; IEP 2017, 76). La même source signale que les conflits entre les pasteurs fulani et les agriculteurs, qui au Nigéria sont majoritairement chrétiens, se sont multipliés au cours des dernières années (France 30 nov. 2016, 62; IEP 2017, 76), en raison de la pénurie de ressources, de la désertification, des lois foncières [traduction] « ambigües » et de la faiblesse de l’État de droit (IEP 2017, 76). D’après le rapport d'une mission d'enquête sur le Nigéria, menée en 2016 par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA), les conflits entre les pasteurs fulani et les chrétiens se produisent dans la Middle Belt, région centrale du Nigéria, qui englobe les États suivants : Adamawa, Benue, Kogi, Kwara, Nasarawa, Niger, Plateau, Taraba et le Territoire de la Capitale fédérale (Federal Capital Territory - FCT) (France 30 nov. 2016, 59, 61). Dans le même rapport, on peut lire que les États les plus touchés par les conflits sont Nasarawa, Plateau et Benue; toutefois, plus récemment, des attaques sont survenues dans les États d’Enugu, d’Ekiti, de Zamfara, de Kaduna et d’Ebonyi (France 30 nov. 2016, 62).

2. Motifs des pasteurs fulani et facteurs de conflit

Selon des sources, la recherche de pâturages pour leur bétail est habituellement ce qui préoccupe les pasteurs fulani (Project Cyma nov. 2016; Ventures Africa 16 juill. 2016; BBC 25 juin 2018), mais la foi islamique des Fulani [traduction] « les place en porte-à-faux avec les collectivités locales » (Project Cyma nov. 2016).

D’après le rapport de la mission de l’OFPRA, qui cite « un membre d’une représentation diplomatique » en poste à Abuja, certains chefs religieux dénoncent « une volonté de chasser les chrétiens de leurs terres pour y implanter des musulmans fulani » et les pasteurs fulani sont perçus par certains comme « les instruments d’une politique d’islamisation » (France 30 nov. 2016, 62). De même, dans un rapport publié en 2015 par Open Doors, une ONG chrétienne qui est active dans plusieurs pays pour [traduction] « desservir les chrétiens persécutés partout dans le monde » (Open Doors s.d.), on peut lire que la raison qui sous-tend le conflit entre les pasteurs fulani et les agriculteurs chrétiens [traduction] « semble être la campagne de la politique expansionniste islamique en vue de dominer la région de la Middle Belt » (Open Doors 1er mars 2015, 43).

Toutefois, la British Broadcasting Corporation (BBC) signale que, même si les propos concernant [traduction] « un génocide contre les chrétiens » est « un refrain souvent répété », cela n’est pas étayé par les faits; « il y a eu de nombreux assassinats des deux côtés de ce conflit » (BBC 1er mai 2018). De même, le rapport de l’OFPRA cite les propos d’une représentante du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) selon lesquels les conflits entre les pasteurs fulani et les agriculteurs chrétiens sont qualifiés « abusivement » de conflits intercommunautaires et relèvent davantage de problèmes de voisinage (France 30 nov. 2016, 62). Le Telegraph précise que les attaques menées par les pasteurs fulani ne font pas des victimes uniquement chez les chrétiens, car des Fulani ont été tués par d’autres membres de la tribu fulani (The Telegraph 17 juin 2018). Et pourtant, un journaliste de la BBC à Lagos affirme que des affrontements [traduction] « en représailles » entre pasteurs fulani et agriculteurs chrétiens « ont dégénéré en une guerre intercommunautaire » (BBC 25 juin 2018). Dans un rapport de 2017 sur le conflit entre les pasteurs fulani et les agriculteurs, Chom Bagu et Katie Smith [1] font la mise en garde suivante :

[traduction]

Malgré les lignes de clivage religieuses, les principaux facteurs à l’origine de la violence actuelle n’ont pas leur source dans la théologie religieuse ou l’hégémonie culturelle, mais plutôt dans le besoin réel ou perçu de se protéger ou de protéger son gagne-pain (Bagu et Smith 2017, 14).

De plus, d’après le même rapport, rien ne permet de conclure que les pasteurs fulani ont un objectif politique commun et, de manière générale, les clans fulani mènent leurs activités en toute indépendance (Bagu et Smith 2017, 14).

Selon des sources, certaines des agressions fulani sont motivées par le châtiment ou la vengeance (Project Cyma nov. 2016; Bagu et Smith 2017, 5, 14). Bagu et Smith soulignent que la violence entre les pasteurs et les agriculteurs découle de répliques [traduction] « brutales » à des conflits fonciers et à des agressions ciblant les moyens de subsistance, « déclenchant des cycles d’affrontements en représailles sans discrimination qui se perpétuent indéfiniment » (Bagu et Smith 2017, 5). Dans une entrevue en 2016 avec l’organe de presse nigérian Premium Times, Saleh Bayeri, qui était à l’époque le secrétaire national de la Gan Allah Fulani Association, [traduction] « un organisme-cadre regroupant des associations fulani au Nigéria », a déclaré qu’une attaque fulani en février 2016 ciblant 10 communautés agatu dans l’État de Benue avait été lancée [traduction] « en représailles » contre les Agatu, que Saleh Bayeri a accusés d’avoir tué un Fulani influent en 2013 (Premium Times 19 mars 2016). D’après l’article du Premium Times, durant cette attaque fulani, [traduction] « des centaines de gens, y compris des femmes, des enfants et des aînés », auraient été « massacrés » par des pasteurs fulani (Premium Times 19 mars 2016). Cependant, Saleh Bayeri a affirmé que les Fulani disposent de [traduction] « dossiers » démontrant que 300 Fulani ont été tués par des Agatu, et il a exhorté le gouvernement à enquêter sur ces meurtres (Premium Times 19 mars 2016).

D’après un article paru en 2016 dans le journal nigérian Punch, certains agriculteurs dans les États d’Osun, Oyo, Ondo, Ekiti, Enugu et Imo ont acquis des armes pour se défendre eux-mêmes contre les pasteurs fulani (Punch 7 mai 2016). Sans fournir de précisions additionnelles, le Telegraph signale en 2018 que [traduction] « des membres de tribu chrétiens » ont formé des groupes de justiciers pour se défendre euxmêmes et mener à bien des attaques de représailles; « [l]es Fulani affirment que, dans un incident récent de vengeance, 50 de leurs membres, y compris des enfants, ont été abattus » (The Telegraph 17 juin 2018).

Dans un article publié en 2018 par le journal nigérian The Guardian, qui faisait état d’une entrevue que Garus Gololo, le président de l’Association Miyetti Allah des éleveurs de bétail du Nigéria (Miyetti Allah Cattle Breeders Association of Nigeria - MACBAN) [2], a accordée à BBC News Pidgin, on peut lire que les attaques fulani du 1er janvier 2018 qui ont entraîné la mort de 17 personnes dans l’État de Benue étaient [traduction] « un acte d’autodéfense contre des voleurs de bétail », qui avaient volé environ 1 000 vaches aux pasteurs fulani (The Guardian 6 janv. 2018). Toutefois, dans le même article, on peut lire que, selon l’attaché de presse principal du gouvernement de l’État de Benue, les attaques fulani étaient une riposte des Fulani contre [traduction] « la loi interdisant le pâturage libre » du gouvernement de Benue (The Guardian 6 janv. 2018). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens, ni aucun renseignement additionnel.

Selon la BBC, le 21 juin 2018, des agriculteurs Berom ont tué 5 pasteurs fulani dans l’État du Plateau et, le 23 juin 2018, une attaque de représailles a provoqué d’autres morts; le commissaire de la police d’État a déclaré que, au terme de ces attaques, 86 personnes étaient mortes, 6 personnes étaient blessées, et 50 maisons avaient été brulées (BBC 25 juin 2018). Dans un article paru dans le journal nigérian The Nation, on cite ainsi les propos du président de la MACBAN pour la zone du centre-nord :

[traduction]

« Ces attaques ont été lancées en représailles. Autant je m’oppose au meurtre d’un être humain, autant il faut dire la vérité que ceux qui ont mené ces attaques l’ont fait à des fins de vengeance. […] On a récemment entendu parler de vols de bétail et de la destruction de fermes mettant aux prises des agriculteurs Berom et des pasteurs fulani. Les gens qui commettent ces activités criminelles sont bien connus dans leurs communautés, mais ces communautés les cachent. […] Les pasteurs fulani ont perdu environ 300 vaches au cours des dernières semaines - 94 vaches ont été volées dans le village de Fan par des jeunes Berom armés et 36 autres vaches ont été tuées par de jeunes Berom. De plus, des malfaiteurs ont volé 174 têtes de bétail et se sont enfuis à Mangu » (The Nation 25 juin 2018).

3. Modes de fonctionnement et incidents

D’après un rapport documentaire sur les pasteurs fulani publié par le Projet Cyma (Project Cyma) [3], les attaques des milices fulani, qui sont [traduction] « principalement » menées par des hommes armés contre des civils, ont pour but « de dégager des terres et d’infliger des pertes en faisant usage d’armes à feu » (Project Cyma nov. 2016). La plateforme d’actualités en ligne Ventures Africa ajoute que les pasteurs fulani portent des armes parce que, dans leur recherche de pâturages, ils croisent apparemment des voleurs de bétail et que les autorités, à qui ils déposent des plaintes, ne mènent pas d’enquêtes (Ventures Africa 16 juill. 2016). De même, dans l’article paru en 2016 dans Punch, on cite ainsi les propos du président de la MACBAN pour l’État du Plateau, Alhaji Mohammed Nuru Abdullahi :

[traduction]

« Les pasteurs fulani ne disposent d’aucun soutien sur le plan de la sécurité parce qu’ils se trouvent dans les régions rurales où les agents de sécurité ne peuvent parfois pas se rendre. De nos jours, le vol de bétail et l’assassinat de Fulani sont devenus des activités lucratives. Par conséquent, les pasteurs fulani prendront tous les moyens pour protéger leurs vies et leurs biens étant donné que le gouvernement a failli à la tâche. Puisque le gouvernement ne les a pas protégés, les Fulani se servent d’AK47 pour se défendre » (Punch 7 mai 2016).

Le New York Times, qui signale que des fusils AK-47 ont été utilisés dans de [traduction] « récentes attaques », ajoute que « par le passé, les pasteurs ne portaient pas de telles armes » et, en citant des responsables militaires nigérians, affirme que « des criminels et des milices sont à l’origine d’au moins quelques-unes des récentes attaques. Souvent, les Fulani servent de bouc émissaire » (The New York Times 25 juin 2018). Une version similaire des faits est reprise par la directrice générale de la fondation pour l’autonomisation Sesôr, une ONG nigériane qui fournit de l’aide et [traduction] « du matériel de secours » durant les situations d’urgence et après les conflits, y compris « les attaques des pasteurs » dans la région du Middle Belt (Sesôr s.d.); citée dans le rapport de la mission de l’OFPRA, la directrice générale affirme que, dans certains cas,

« les gens ne savent pas vraiment qui sont les assaillants. Lors des attaques de Benue en 2014, nous avons vu les photos de certains cadavres d’assaillants, qui ne ressemblaient pas à des fulani nigérians. Ils avaient plutôt les traits de Nigériens ou de Sénégalais. Ils ressemblaient à des mercenaires » (France 30 nov. 2016, 63).

3.1 Attaques contre des églises, des villages et des écoles

Plusieurs sources affirment qu’une trentaine d’agresseurs, présumément des pasteurs, ont attaqué une église en avril 2018 dans l’État de Benue, faisant 19 morts, y compris 2 prêtres (CNN 25 avr. 2018; The New York Times 25 juin 2018).

Des sources signalent que, le 28 mai 2018, de présumés pasteurs [fulani (Vanguard 28 mai 2018)] ont attaqué un séminaire catholique à Jalingo, la capitale de l’État de Taraba, et tiré sur un prêtre (Vanguard 28 mai 2018; Premium Times 28 mai 2018). Dans un article du journal nigérian Vanguard, on cite ce prêtre comme suit : [traduction] « [m]on offense est que je demande souvent [aux pasteurs fulani] d’arrêter d’envahir nos écoles pour le pâturage de leur bétail et d’arrêter d’abattre nos arbres pour nourrir leurs vaches » (Vanguard 28 mai 2018). De même, Premium Times cite les propos du commissaire de la police de Taraba selon lesquels [traduction] « [c]ertains pasteurs venaient sur les lieux pour faire paître leur bétail et le prêtre les avait déjà confrontés à ce sujet par le passé »; de plus, le commissaire a confirmé que « les agresseurs parlaient fulani et un peu de pidgin dérivé de l’anglais » (Premium Times 28 mai 2018). La même source déclare que la police est arrivée au séminaire peu après l’incident, qu’il n’y a pas eu d’arrestations, mais qu’une [traduction] « vaste chasse à l’homme » a été organisée pour trouver les personnes responsables de l’attaque (Premium Times 28 mai 2018).

Des sources font état des incidents suivants mettant présumément en cause des pasteurs fulani :

  • le 6 juin 2017, des pasteurs ont mené leurs vaches dans une école primaire près de Benin City dans l’État d’Edo pour mettre leur bétail à l’abri du mauvais temps; bien que les activités de ces pasteurs aient été signalées au Service de l’enseignement de base universel de l’État (State Universal Basic Education Authority), [traduction] « aucune mesure n’a été prise pour régler le problème » (Punch 8 juin 2017);
  • le 8 septembre 2017, des pasteurs fulani auraient tué 19 personnes et en auraient blessé 5 autres dans le village d’Ancha dans l’État du Plateau, dans ce qu’on croit être une attaque de représailles lancée à la suite du meurtre d’un garçon fulani (Premium Times 8 sept. 2017);
  • depuis le 15 janvier 2018, près de 25 villages [dont les habitants sont [traduction] « majoritairement » des agriculteurs chrétiens (World Watch Monitor 9 févr. 2018)] ont été détruits par des pasteurs dans l’État de Nasarawa (Daily Post 4 févr. 2018);
  • en février 2018, deux attaques distinctes contre des villages dans l’État d’Adamawa, soit les villages de Shimba et de Shiure le 2 février, et les villages de Tinde et de Dumne le 4 février, [traduction] « attribuées » à des pasteurs fulani, ont entraîné la mort d’au moins 30 personnes et la destruction de 9 églises et de plusieurs propriétés; une source locale a signalé à World Watch Monitor [4] que le gouvernement [traduction] « est resté muet » durant les attaques, malgré les appels au gouverneur et à son adjoint (World Watch Monitor 9 févr. 2018);
  • en mars 2018, 71 personnes sont mortes dans l’État de Kaduna aux mains de présumés pasteurs fulani sur des motocyclettes qui ont ouvert le feu sur des habitants du village qui fuyaient, [traduction] « avant de mettre le feu aux maisons et de tuer des enfants à coups de machette » (The Telegraph 17 juin 2018).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucune information sur des incursions de pasteurs fulani dans les écoles de Benin City en octobre 2016.

4. Méthodes de recrutement

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucune information sur les méthodes de recrutement des pasteurs fulani.

5. Réponse de l’État

Selon des médias nigérians, les États suivants ont adopté des mesures pour régler le conflit entre les pasteurs et les agriculteurs :

  • en 2016, l’État d’Ekiti a interdit l’élevage et la paissance du bétail (Pulse 16 janv. 2018);
  • en mai 2016, l’État d’Oyo a établi [traduction] « des terres de pâturage, des parcs d’engraissement et des ranchs » pour les pasteurs fulani, et a interdit le pâturage de nuit et l’errance des vaches à l’extérieur des zones désignées (Pulse 16 janv. 2018);
  • en novembre 2017, l’État de Benue a interdit le pâturage libre sur son territoire; d’après un représentant, le gouvernement de l’État ne prévoyait pas bâtir de ranchs pour les pasteurs, car il revient aux propriétaires de bétail d’acheter des terres et de se bâtir des ranchs (Pulse 16 janv. 2018);
  • l’État d’Edo a interdit [traduction] « le pâturage de nuit et le port d’armes par les pasteurs, et a mis sur pied un comité de sept personnes dans chacune des 18 zones de gouvernement local », constitué de policiers et d’autres représentants de l’État et des communautés locales, et chargé d’examiner tous les affrontements entre les pasteurs et les agriculteurs (Vanguard 8 févr. 2018);
  • l’État d’Adawama a enregistré 64 réserves de pâturage (Premium Times 18 janv. 2018);
  • l’État de Kwara a interdit le pâturage de nuit, dans l’espoir de faciliter l’identification et l’inculpation [traduction] « des personnes soupçonnées d’avoir détruit le bétail des pasteurs ou les terres arables et les récoltes des agriculteurs » (Premium Times 27 mars 2018);
  • le gouvernement de l’État de Niger a déclaré qu’il [traduction] « rétablissait et élargissait » 30 000 hectares de terres pour les pasteurs (Pulse 26 févr. 2018).

Selon un article paru en janvier 2018 dans Pulse, une source d’informations nigériane, ces mesures législatives ont mené à la récente [traduction] « vague d’assassinats » (Pulse 16 janv. 2018). La même source cite un communiqué de presse de la MACBAN selon lequel [traduction] « la loi interdisant le pâturage libre dans les États de Benue, de Taraba et ailleurs n’est rien d’autre qu’un symbole d’intolérance et ne vise aucunement à régler le conflit entre les agriculteurs et les pasteurs, car les intérêts des éleveurs de bétail ne sont reflétés ni dans la loi, ni dans son mécanisme de mise en application » (Pulse 16 janv. 2016).

D’après des sources, certains Nigérians croient que le président du Nigéria Muhammadu Buhari, qui appartient au groupe ethnique des Fulani, reste délibérément muet sur les conflits entre les pasteurs fulani et les agriculteurs (Ventures Africa 16 juill. 2016; CNN 27 juin 2018).

Selon des sources, il existe une perception suivant laquelle il y a eu peu d’arrestations et de poursuites (Bagu et Smith 2017, 17; CNN 27 juin 2018). Bagu et Smith ajoutent que [traduction] « les interventions des forces de sécurité pendant que les attaques sont en cours sont retardées et les attaques sont habituellement terminées avant que les agents de sécurité n’arrivent » (Bagu et Smith 2017, 17). Selon la même source, les forces de sécurité sont parfois perçues comme étant les complices des deux côtés du conflit, soit en volant ou en permettant le vol et la vente du bétail, soit en agressant des civils (Bagu et Smith 2017, 17). La même source ajoute [traduction] « [qu’i]l y a eu des cas d’agressions injustifiées de la part des troupes fédérales et de la police locale » contre des communautés présumées responsables de la violence, tant d’un côté du conflit que de l’autre (Bagu et Smith 2017, 17). La même source signale que certains ont l’impression que les policiers entretiennent de meilleures relations avec les agriculteurs et que les militaires ont de meilleurs rapports avec les pasteurs, ce qui aggrave la méfiance envers les forces de sécurité et les fractures sociales (Bagu et Smith 2017, 17). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.

Notes

[1] Chom Bagu, qui travaille depuis Abuja, est journaliste de formation et conseiller principal en analyse de la paix et des conflits chez Search for Common Ground [une organisation au service de la consolidation de la paix, établie à Washington et à Bruxelles (Search for Common Ground s.d.)] au Nigéria, tandis que Katie Smith est associée de recherches en politiques chez Common Ground à Washington (Bagu et Smith 2017, 3).

[2] La Miyetti Allah Cattle Breeders Association of Nigeria (MACBAN) est une organisation fondée en 1972 en vue de représenter les intérêts des pasteurs fulani (Waters-Bayer et Taylor-Powell 1986).

[3] Project Cyma est un organisme de bienfaisance dont le siège social est à Washington et qui a pour objectif de promouvoir la paix en Afrique de l’Ouest, particulièrement au moyen de la diffusion d’études et de la sensibilisation communautaire (Recycling for Charities s.d.).

[4] World Watch Monitor est un organisme qui [traduction] « raconte le sort de chrétiens partout dans le monde qui subissent des pressions en raison de leur foi », en faisant usage de « principes journalistiques » (World Watch Monitor s.d.).

Références

Bagu, Chom et Katie Smith. 2017. Past Is Prologue: Criminality and Reprisal Attacks in Nigeria's Middle Belt. Washington, DC: Search for Common Grounds. [Date de consultation : 3 août 2018]

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World Watch Monitor. S.d. « About ». [Date de consultation : 9 août 2018]

Autres sources consultées

Sites Internet, y compris : Amnesty International; Armed Conflict Location and Event Data Project; ecoi.net; Human Rights Watch; International Crisis Group; Nations Unies – Refworld; Union européenne – European Asylum Support Office.



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