Nigéria : information sur le Front de libération du delta du Niger (Niger Delta Liberation Front - NDLF), y compris sa structure, ses membres, ses dirigeants, ses activités et les régions où il exerce ses activités, à l’heure actuelle et entre 2005 et 2007; les conséquences pour ceux qui quittent le groupe (2005-avril 2018)
1. Aperçu
1.1 Situation entre 2005 et 2007
Selon un article publié en 2015 par l’International Business Times (IBTimes), une [traduction] « publication numérique d’actualités mondiales » qui met l’accent sur « l’actualité commerciale internationale » et qui a son siège à New York et à Londres (IBTimes s.d.), la région du delta du Niger [traduction] « est marquée depuis le début des années 2000 par une violence généralisée, les enlèvements contre rançon et les affrontements entre les groupes militants et l’armée » (IBTimes 24 sept. 2015). De même, on peut lire dans un rapport de 2007 sur la politique criminelle au Nigéria publié par Human Rights Watch que [traduction] « [l]es milices et les gangs ont proliféré, maintenant dans les criques des camps de combattants qui se livrent au trafic de pétrole et organisent des vols de banque et des batailles de rue à Port Harcourt [ville située dans la région du delta du Niger] » (Human Rights Watch oct. 2007, 82). Un article de juin 2007 publié par la BBC précise que [traduction] « [p]lus de 100 étrangers ont été pris en otage dans la région du delta du Niger au cours des six derniers mois » et que les otages sont « habituellement » libérés en échange d’une rançon (BBC 23 juin 2007).
D’après un rapport publié en 2016 par Risk Intelligence, qui [traduction] « fournit des services consultatifs indépendants, impartiaux et axés sur le renseignement à des clients du secteur privé et du gouvernement sur les menaces et les risques pour la sécurité » (Risk Intelligence s.d.), en 2003-2004 et en 2006, [traduction] « les participants d’une nouvelle insurrection dans le delta du Niger se sont divisés en factions militantes qui étaient parfois en guerre et avaient des objectifs divergents, étant unies seulement dans leur haine du gouvernement » (Risk Intelligence 8 juin 2016, 2).
1.2 Situation actuelle
Freedom House signale une [traduction] « résurgence des militants dans le delta du Niger » en 2016 (Freedom House 2017). Selon le rapport de 2016 publié par Risk Intelligence, [traduction] « un certain nombre de groupes se sont soulevés (ou ont commencé à se faire entendre davantage) en 2015 et en 2016, à la suite de la décision du président Buhari de réduire les paiements d’amnistie, d’annuler les contrats de sécurité des anciens militants et de mettre en accusation l’ancien dirigeant militant Tompolo », décision qui, entre autres facteurs, a conduit « à une situation semblable à celle observée en 2003-2004 et en 2006 » (Risk Intelligence 8 juin 2016, 2). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur adjoint à l’Université de l’Alberta, qui a mené des recherches sur le delta du Niger pendant une décennie, a aussi signalé que la [traduction] « situation a été exacerbée par l’autoritarisme du gouvernement Buhari, en particulier de la fin 2015 à 2016 » (professeur adjoint 5 avr. 2018). La même source a ajouté qu’il y a eu une [traduction] « accalmie relative des activités des insurgés dans le delta du Niger depuis 2017 », mais que la « situation reste explosive et imprévisible » (professeur adjoint 5 avr. 2018).
2. Front de libération du delta du Niger
2.1 Dirigeants
Selon des sources, le NDLF a été fondé en 2005 (chargé d’enseignement sénior 29 mars 2018; This Day 5 juill. 2016; IBTimes 24 sept. 2015). Des sources signalent que le NDLF a été fondé et était dirigé par John Togo (chargé d’enseignement sénior 29 mars 2018; This Day 13 juin 2016). Des sources affirment que John Togo était aussi connu sous le nom de John Ipoko (É.-U. 24 mai 2012, 21; This Day 16 mai 2011). Selon l’article publié en 2015 par l’IBTimes, il était [traduction] « l’un des seigneurs de la guerre les plus connus » dans la région du delta du Niger (IBTimes 24 sept. 2015). Un article publié en juin 2016 par This Day, un journal nigérian, signale que [traduction] « [John] Togo était bien connu sur les voies navigables des États de Bayelsa et de Delta pour voler et mutiler ses victimes à son gré » (This Day 13 juin 2016). Des sources ajoutent que John Togo a été tué en 2011 dans un bombardement effectué par la Force aérienne du Nigéria (This Day 13 juin 2016; IBTimes 24 sept. 2015).
D’après un article publié en 2012 par Vanguard, un journal nigérian, [traduction] « le "général" Peter Dolo-Ebiowei » était le « commandant en second » de John Togo et est devenu le nouveau chef après la mort de ce dernier (Vanguard 22 avr. 2012). Selon la même source, le groupe [traduction] « préférait être appelé "Voix de John Togo" [Voice of John Togo] » et a dit vouloir « poursuivre la "lutte" que menait John Togo dans la région du delta du Niger » (Vanguard 22 avr. 2012). On peut lire dans un article publié en 2013 par Vanguard que Peter Doloebiowei a été remplacé par Asi Eniegbolokumor comme chef du NDLF, bien que la faction du premier [traduction] « ait insisté sur le fait qu’il était toujours à la tête du NDLF » (Vanguard 22 févr. 2013). La même source mentionne une déclaration qui approuve Asi Eniegbolokumor en tant que chef et qui a été cosignée par les [traduction] « dirigeants » suivants du NDLF : « les commandants Asi Eniegbolokumo, Adobo Ozidi, Ogbowei Allah et Jerome Demebide » (Vanguard 22 févr. 2013). L’IBTimes souligne, sans fournir d’autres détails, que le NDLF a [traduction] « souffert de violences internes lorsque deux personnes ont affirmé être à la tête du mouvement en 2013 » (IBTimes 24 sept. 2015).
Des sources désignent « Mark Anthony » comme [ancien] porte-parole du NDLF (Sahara Reporters 13 juin 2016; Vanguard 22 févr. 2013; Stratfor 8 déc. 2010).
2.2 Régions et taille
Selon l’article publié en juin 2016 par This Day, John Togo menait des activités dans les États de Bayelsa et de Delta (This Day 13 juin 2016). Le professeur adjoint a signalé que le NDLF menait des activités principalement dans l’État de Delta, mais qu’il en menait aussi ailleurs dans la région du delta du Niger, y compris dans les États de Bayelsa et de Rivers (professeur adjoint 5 avr. 2018). On peut lire dans un article publié en 2010 par Stratfor, une [traduction] « plateforme de renseignements géopolitiques » qui vise à fournir « des analyses complètes, indépendantes et impartiales en étudiant les événements qui surviennent dans le monde » (Stratfor s.d.), que le [traduction] « camp de base [du NDLF] se trouverait à Ayakoromo, dans l’État de Delta » (Stratfor 8 déc. 2010). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, Benjamin Okonofua, directeur général de l’African Center for Conflict Transformation (ACCT) [1] à Atlanta, en Géorgie, qui est l’auteur de publications sur le Nigéria, y compris sur la région du delta du Niger (Okonofua s.d.), a affirmé que [traduction] « John Togo recrutait principalement parmi les membres ijaw des groupes sectaires [2] dans les régions autour de Warri, allant jusqu’à Okrika, Ogodobiri et Ayakoromo » (Okonofua 30 mars 2018). Des sources signalent que les groupes militants du delta du Niger sont formés principalement d’Ijaw (professeur adjoint 5 avr. 2018; Aghedo et Osumah 23 févr. 2014, 212; CFR 21 mars 2007).
Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un chargé d’enseignement sénior à l’Université fédérale de Lafia, au Nigéria, qui mène des recherches sur le delta du Niger, a affirmé que le NDLF menait des activités dans [traduction] « le delta du Niger - initialement à Port Harcourt et à Warri par la suite », soulignant que, entre 2005 et 2007, le groupe menait des activités à Warri (chargé d’enseignement sénior 29 mars 2018). Selon le professeur adjoint, le [traduction] « NDLF comptait de nombreux camps au plus fort de ses activités à la fin 2010 et en 2011 » (professeur adjoint 5 avr. 2018). De même, le chargé d’enseignement sénior a signalé que le NDLF avait [traduction] « des camps dirigés par un chef ou un commandant » qui pouvaient accueillir « jusqu’à 1 000 personnes, voire plus », et étaient « situés à l’extérieur des villes et au cœur des mangroves », leurs membres « vivant dans les camps durant la semaine et regagnant les villes les fins de semaine » (chargé d’enseignement sénior 29 mars 2018). La même source a également fourni les renseignements suivants concernant les membres : il y en avait [traduction] « environ 4 000 au début et 2 500 en 2011 » (chargé d’enseignement sénior 29 mars 2018). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés concernant la taille du NDLF, la Direction des recherches n’a trouvé aucun autre renseignement allant dans le même sens, ni aucun renseignement additionnel.
2.3 Objectifs
D’après une entrevue avec John Togo réalisée en décembre 2010 par Sahara Reporters, une [traduction] « communauté en ligne de défenseurs des droits sociaux et de reporters internationaux » qui fournit « des commentaires, des articles de fond [et] des nouvelles d’un point de vue nigérian-africain » (Sahara Reporters s.d.), John Togo avait notamment comme objectifs le [traduction] « désarmement » et le retrait des soldats du gouvernement du Nigéria des villages dans les régions d’Ayankoromo, d’Amasomo, d’Obokiri et d’Igbo (Sahara Reporters 28 déc. 2010). Selon la même source, John Togo visait aussi [traduction] « la création d’un État » dans la région du delta du Niger, un partage égal du pétrole et de l’essence avec le delta du Niger, et « l’abolition des lois sur l’utilisation des terres » ou du « décret de 1978 sur l’utilisation des terres adopté par le général Obasanjo » (Sahara Reporters 28 déc. 2010). Des sources signalent que le NDLF cherche à obtenir l’indépendance de la région du delta du Niger (This Day 13 juin 2016; IHS Global Insight 15 juill. 2011).
2.4 Liens avec le Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger
On peut lire dans l’article publié en 2015 par l’IBTimes que le Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger (Movement for Emancipation of the Niger Delta - MEND) a été [traduction] « fondé en 2004 et constitue actuellement l’un des groupes militants les plus importants du delta. Il est parfois considéré comme un groupe de coordination regroupant une centaine de factions, dont certaines mènent des attaques contre des oléoducs dans la région » (IBTimes 24 sept. 2015). Pour obtenir plus de renseignements sur le MEND, veuillez consulter la Réponse à la demande d’information NGA103789 d’août 2011.
Des sources signalent que le NDLF était affilié au MEND (professeur adjoint 5 avr. 2018; This Day 13 juin 2016; NDLF 16 mai 2011). Un article publié en 2011 par IHS Global Insight, une société de prévisions qui assure une [traduction] « couverture économique, financière et politique » sur les pays et les industries (IHS Global Insight s.d.), décrit le NDLF comme [traduction] « un groupe dissident du MEND » (IHS Global Insight 15 juill. 2011). On peut lire dans l’article de 2010 publié par Stratfor que John Togo était un ancien membre du MEND et que le porte-parole du NDLF, Mark Anthony, a déclaré que le groupe [traduction] « compt[ait] neuf anciens membres du MEND » (Stratfor 8 déc. 2010). Au cours de l’entrevue réalisée en décembre 2010 par Sahara Reporters, John Togo a dit que le MEND était désormais [traduction] « contamin[é] » ou « corromp[u] » et qu’il ne « voulait rien faire au nom du MEND », raison pour laquelle il a fondé son propre groupe, le NDLF (Sahara Reporters 28 déc. 2010). Selon l’IBTimes, [traduction] « [a]près la mort de [John] Togo, de nombreux membres du groupe sont partis et se sont joints au M[END] » (IBTimes 24 sept. 2015). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés concernant les anciens membres du NDLF qui se sont joints au MEND, la Direction des recherches n’a trouvé aucun autre renseignement allant dans le même sens, ni aucun renseignement additionnel.
2.5 Liens avec la Force conjointe de libération du delta du Niger
Le rapport publié en 2016 par Risk Intelligence souligne que la Force conjointe de libération du delta du Niger (Joint Niger Delta Liberation Force - JNDLF), [traduction] « mentionnée publiquement pour la première fois le 2 juin 2016 », est « fort probablement une confédération de groupes du Bayelsa » et que « le nom rappelle celui du [NDLF] du regretté John Togo » (Risk Intelligence 8 juin 2016, 2). Un article publié en 2016 par Sahara Reporters cite les propos de Mark Anthony, [traduction] « ancien porte-parole du défunt NDLF », qui a promis de soutenir le président Buhari et attire « l’attention sur un faux groupe militant qui se présente comme la [JNDLF], qui prétend se battre pour le delta du Niger, utilisant le nom du NDLF pour lancer de fausses menaces de tirer des missiles et d’attaquer des formations militaires et d’importants établissements gouvernementaux » (Sahara Reporters 13 juin 2016).
3. Activités
Un article publié en 2012 par IHS Global Insight affirme que le NDLF, avec le MEND, a été [traduction] « l’un des principaux groupes […] à l’origine de l’insurrection contre les compagnies pétrolières et les forces de sécurité nigérianes dans la région, au plus fort de la période d’instabilité qui y régnait entre 2005 et 2009 » (IHS Global Insight 11 juin 2012). Selon le chargé d’enseignement sénior, le vol de pétrole, la piraterie et la prise d’otages comptaient parmi les activités du NDLF (chargé d’enseignement sénior 29 mars 2018). Le professeur adjoint a affirmé que le NDLF se livrait entre autres [traduction] « au détournement de pétrole, au trafic d’armes légères, à l’enlèvement de travailleurs de l’industrie pétrolière et à des actes de vandalisme contre des pipelines » (professeur adjoint 5 avr. 2018).
Des sources signalent que, à la fin de 2010, le NDLF a revendiqué des attaques contre des pipelines dans l’État de Delta (Platts Oilgram Price Report 28 janv. 2011; Stratfor 8 déc. 2010). D’après l’entrevue réalisée en décembre 2010 par Sahara Reporters, la [traduction] « nouvelle insurrection » du NDLF a causé « la fermeture de trois raffineries et d’importants dommages à l’industrie pétrolière nigériane », touchant des entreprises comme Chevron, ExxonMobil et Shell (Sahara Reporters 28 déc. 2010).
Des sources soulignent que John Togo a initialement accepté, puis abandonné, le programme d’amnistie du gouvernement du Nigéria qui s’étendait aux militants du delta du Niger (IBTimes 24 sept. 2015; Sahara Reporters 28 déc. 2010; Okonofua avr.-juin 2016, 12) en 2009 (IBTimes 24 sept. 2015). Des sources signalent que, en 2011, le NDLF a déposé les armes et a adhéré au programme d’amnistie du Nigéria (VOA 8 juin 2012; NDLF 16 mai 2011). Un article publié en 2012 par La Voix de l’Amérique (Voice of America - VOA) décrit le NDLF comme [traduction] « un groupe qui prétend être opérationnel, mais qui ne combat pas à l’heure actuelle » (VOA 6 sept. 2012). De même, selon l’article publié en 2012 par IHS Global Insight, le NDLF [traduction] « est en grande partie inactif depuis que le gouvernement a décrété une amnistie dans la région » (IHS Global Insight 11 juin 2012). Des sources rapportant les propos du porte-parole du NDLF Mark Anthony affirment que, en 2012, le groupe est réapparu pour réclamer six millions de dollars et a menacé de reprendre les combats si cette demande n’était pas satisfaite (VOA 6 sept. 2012; IHS Global Insight 11 juin 2012).
Le chargé d’enseignement sénior a signalé que le NDLF a été [traduction] « actif de 2005 à 2014 [et qu’il] est devenu inactif ces derniers temps » (chargé d’enseignement sénior 29 mars 2018). Un article publié en mai 2016 par Vanguard dit du NDLF qu’il est [traduction] « un groupe militant non opérationnel » (Vanguard 15 mai 2016). Un article de juillet 2016 publié par This Day signale que le NDLF a existé ou a mené des activités jusqu’en 2014 (This Day 5 juill. 2016). Par contre, l’article de juin 2016 publié par This Day affirme que [traduction] « [d]es agents de sécurité sont maintenant sur les traces de membres du défunt [NDLF,] fondé par le regretté John Togo[,] ancien chef militant, relativement à une série d’attentats à la bombe contre des gazoducs et des pipelines affectés au transport de pétrole brut dans certaines parties des États de Delta et de Bayelsa », et que « des agents de la Force opérationnelle interarmées [(Joint Task Force - JTF), une force opérationnelle fédérale qui lutte contre le militantisme] et [d’un] navire de la Marine du Nigéria (le NNS Delta) ont établi un lien entre des membres du [NDLF] et la nouvelle crise dans la région » (This Day 13 juin 2016).
4. Conséquences pour ceux qui quittent le Front de libération du delta du Niger
Benjamin Okonofua a fourni les renseignements suivants sur le recrutement dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches :
[traduction]
Il y a une porte tournante entre les milices du delta (y compris le NDLF) et les groupes sectaires. Par exemple, les militants qui ont accepté l’amnistie retournent facilement vers leur groupe sectaire jusqu’à ce qu’ils redeviennent actifs ou soient de nouveau appelés à se mobiliser pour militer. L’appartenance à des groupes militants comme le NDLF est transitoire, mais l’appartenance à un groupe sectaire dure toute la vie, même si les membres (pour un certain nombre de raisons, dont les longs voyages à l’étranger) deviennent inactifs. Cela signifie que la question déterminante n’est pas l’appartenance à des milices (qui sont comme des comités armés spéciaux chargés d’une mission particulière), mais l’appartenance à des groupes sectaires. Même la décision discutable d’acheminer les paiements d’amnistie en les faisant passer par la hiérarchie des milices se veut décidément un effort pour maintenir la camaraderie entre les membres des groupes sectaires, faisant ainsi en sorte que les militants ne soient jamais vraiment démobilisés. À ma connaissance, John Togo ou tous ceux qui lui ont succédé n’ont recruté aucun membre à l’extérieur des groupes sectaires (Okonofua 30 mars 2018).
Le chargé d’enseignement sénior a fourni les renseignements suivants :
[traduction]
Lorsqu’il était actif, le groupe recrutait de jeunes rétifs, des adolescents moins instruits et des décrocheurs. En général, les membres ne quittent un groupe que lorsque celui-ci devient faible à la suite du décès de son chef. Dans ce cas, il n’y a aucune conséquence [pour ceux qui quittent le groupe]. Cependant, lorsqu’un membre part avant qu’une telle situation se produise, il devient un ennemi (chargé d’enseignement sénior 29 mars 2018).
Selon Benjamin Okonofua,
[traduction]
[d]es gens quittent les milices tout le temps, retournant vers leur groupe sectaire, sans avoir à faire face à de graves récriminations, si ce n’est des liens d’amitié qui se détériorent et de la perte d’avantages monétaires. Toutefois, si un membre du NDLF quitte le groupe dans des circonstances impliquant un vol de fonds ou d’armes au groupe ou après avoir donné de l’information aux forces de l’ordre contre d’autres membres, il peut être la cible d’attaques. La rapidité avec laquelle il fera l’objet de violentes récriminations ou la certitude qu’il suscitera de telles récriminations dépendent entièrement de son statut au sein du groupe sectaire, qui assure toujours la protection de ses membres et sert de médiateur dans les conflits potentiellement destructeurs entre eux (Okonofua 4 avr. 2018).
Le professeur adjoint a fourni les renseignements suivants :
[traduction]
Le fait de quitter un groupe comme le NDLF après le programme d’amnistie mis en place en 2009 peut avoir des conséquences fatales. Compte tenu de la taille relativement petite de ces groupes étroitement liés, et de la taille des communautés dont sont issus les membres, le fait de quitter un tel groupe expose une personne et les membres de sa famille à un risque grave. Il est donc probable qu’une personne puisse continuer à faire partie du groupe longtemps après s’en être dissociée psychologiquement. C’est particulièrement important pour ceux pour qui la réinstallation n’est pas une option ou pour ceux dont la famille vit dans le delta du Niger. En termes simples, il n’est pas impossible de quitter un tel groupe, mais c’est une affaire très risquée (professeur adjoint 5 avr. 2018, mise en évidence dans l’original).
Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.
Notes
[1] L’ACCT est une organisation à but non lucratif qui effectue des recherches et des analyses sur [traduction] « les situations de conflit et de paix, et [qui] conçoit et met en œuvre des interventions crédibles et donne des conseils sur ces dernières pour aider à transformer les conflits destructeurs en situations propices à la paix, à la stabilité politique et sociale et à la croissance économique dans les sociétés africaines divisées et en conflit » (ACCT s.d.).
[2] Benjamin Okonofua a fourni les renseignements suivants sur les groupes sectaires : [traduction] « Ces groupes, qui se trouvent à cheval entre l’État militant et l’État politique, constituent un potentiel unique offrant aux milices du delta des recrues entraînées, des armes, des tactiques, une signification idéologique, des techniques permettant de neutraliser les discours contre le militantisme et un accès à l’État politique. […] Les groupes sectaires du Nigéria ont une longue histoire, mais peuvent être considérés comme des formations hybrides qui tirent leur origine de deux mouvements historiques : les sectes trado-communautaires (c’est-à-dire la société Ogboni) et les sectes de campus (c’est-à-dire la Confrérie de la hache noire [Black Axe]). Les premières, qui forment un système de culte religieux ritualisé ancré dans d’anciennes coutumes et traditions, trouvent leur origine dans la formation de l’État précolonial, mais continuent d’exercer une influence énorme dans la société nigériane, particulièrement dans le sud. Les sectes de campus, quant à elles, trouvent leur origine dans l’interdiction et la criminalisation, par l’État, des fraternités de campus dans les années 1980, mais ont recours à des tactiques violentes pour influencer l’ensemble des activités (socioéconomiques, universitaires et politiques) sur les campus nigérians » (Okonofua 30 mars 2018).
Références
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Okonofua, Benjamin A. S.d. « Publications ». [Date de consultation : 26 mars 2018]
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Autres sources consultées
Sources orales : Center for Niger Delta Studies; chercheurs qui étudient l’insurrection dans la région du delta du Niger; Institute of African Studies, Carleton University.
Sites Internet, y compris : African Security; Amnesty International; Austrian Centre for Country of Origin and Asylum Research and Documentation; Centre africain pour la résolution constructive des différends; Commonwealth & Comparative Politics; ecoi.net; États-Unis – Institute of Peace; German Institute of Global and Area Studies; International Crisis Group; IRIN; Jane's Terrorism Watch Report; Naija.ng; Nations Unies – Refworld; Refugee Documentation Centre; Reuters; Review of African Political Economy; Royaume-Uni – Home Office; Small Arms Survey.