Réponses aux demandes d'information

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10 novembre 2016

NGA105658.EF

Nigéria : information sur le Peuple indigène du Biafra (Indigenous People of Biafra - IPOB), y compris sur ses objectifs, sa structure, ses activités, ses relations avec les autres groupes indépendantistes biafrais, et le traitement que les autorités réservent à ses membres (2014-octobre 2016)

Direction des recherches, Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Aperçu

Des sources décrivent l’IPOB comme étant une organisation [traduction] « séparatiste » (BBC 15 déc. 2015; International Crisis Group 4 déc. 2015) ou un groupe [traduction] « sécessionniste » (Jamestown Foundation 16 sept. 2016; BBC 18 déc. 2015). Des sources signalent que le Biafra est une région située dans le Sud-Est du Nigéria [1] (International Crisis Group 4 déc. 2015; Newsweek 7 déc. 2015). Selon le magazine d’actualité Newsweek, la région est [traduction] « principalement peuplée par l’ethnie igbo [ibo] » (7 déc. 2015). Des sources précisent que le Nigéria, de 1967 à 1970, a mené une guerre civile contre les sécessionnistes biafrais, au cours de laquelle au-delà d’un million de personnes ont perdu la vie (BBC 18 déc. 2015; AFP 31 mai 2016). L’Agence France-Presse (AFP) cite les propos d’Uchenna Madu, le chef du Mouvement pour la réalisation de l’État souverain du Biafra (Movement for the Actualisation of the Sovereign State of Biafra - MASSOB), un autre groupe pro-Biafra, qui a déclaré que les groupes pro-Biafra, entre autres le MASSOB et l’IPOB, ont pour objectif de créer [traduction] « un territoire distinct pour les Igbos » (10 avr. 2016).

Selon la British Broadcasting Corporation (BBC), les jeunes qui appartiennent à des groupes sécessionnistes tels que l’IPOB sont surtout des Igbos de souche qui [traduction] « estiment avoir fait l’objet de discrimination de la part des personnes qui sont au pouvoir » (18 déc. 2015). De même, d’après l’International Crisis Group, les activités des groupes séparatistes biafrais, y compris l’IPOB, se veulent [traduction] « une tentative d’attirer l’attention du gouvernement central et de l’obliger à engager des dépenses […] [et sont] basées sur un mélange de griefs économiques et politiques récents et de longue date » (4 déc. 2015). Dans un article paru dans le Journal of Research in National Development et portant sur le mouvement sécessionniste du Biafra, O. O. Thompson, C. C. Ojukwu et O. G. F. Nwaoegu, des professeurs du Département de communication et d’études générales de l’Université fédérale d’Agriculture, à Abeokuta, déclarent que l’IPOB se plaint d’avoir été [traduction] « politiquement, socioéconomiquement et culturellement marginalisé dans le projet nigérian » (Thompson et al. juin 2016, 1).

Selon un article publié en avril 2016 par l’AFP, l’IPOB a été fondé par Nnamdi Kanu (10 avr. 2016). O. O. Thompson, C. C. Ojukwu et O. G. F. Nwaoegu décrivent l’IPOB comme étant [traduction] « une faction » du MASSOB (juin 2016, 1). Pour obtenir de plus amples renseignements sur le MASSOB, y compris ses relations avec l’IPOB et les origines de l’IPOB, veuillez consulter la réponse à la demande d’information NGA105577 publiée en juillet 2016.

Sans fournir de précisions, l’International Crisis Group fait observer que Nnamdi Kanu [traduction] « s’est brouillé » avec l’ancien chef du MASSOB en 2009, et « est devenu le chef de l’IPOB en 2012 » (4 déc. 2015). Un article publié par la section nigériane de News24, une [traduction] « maison d’édition numérique » de l’Afrique du Sud (News24 s.d.), cite une déclaration de l’IPOB selon laquelle Nnamdi Kanu s’est vu officiellement confier [traduction] « la tête de l’IPOB par le haut commandement de l’armée du Biafra », à Enugu, le 30 mai 2014 (ibid. 28 juill. 2016).

L’International Crisis Group souligne que l’IPOB [traduction] « compte de nombreux partisans parmi les Ibos dans l’État de Rivers, plus précisément dans sa principale ville, Port Harcourt » (4 déc. 2015). Un article paru en janvier 2016 dans le Guardian décrit l’IPOB comme étant un [traduction] « petit » groupe (15 janv. 2016). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel concernant la taille de l’IPOB.

1.1 Autres groupes de l’IPOB

On peut lire sur le site Internet du gouvernement coutumier de l’IPOB (Customary Government IPOB) qu’il s’agit d’un mouvement visant à [traduction] « aider les Biafrais à réaliser leur autodétermination dans le cadre [du] droit [par] la diplomatie, le militantisme des droits civiques (mouvement des droits de la personne), les médias de masse, le système politique et tous les autres processus légitimes » (Customary Government IPOB s.d.a). On peut également lire sur le site Internet que, suivant l’application du droit du gouvernement coutumier, le Conseil suprême des anciens (Supreme Council of Elders - SCE) est l’organe directeur de l’IPOB et est dirigé par le juge en chef Eze Ozubu (ibid.). Un article publié par le Guardian (Nigéria) fait état du fait que le Dr Dozie Ikedife est le [traduction] « vice-président du Conseil suprême » de l’IPOB (28 sept. 2016). Selon son [traduction] « énoncé de politique », le SCE « a ostracisé » Nnamdi Kanu et ses partisans en mai 2014 en réponse à un appel à la violence de « certains des militants pro-Biafra dirigés par M. Nnamdi Kanu » (Customary Government IPOB s.d.b). Un article affiché en juillet 2016 sur le site Internet News24Nigeria cite les propos de l’IPOB qui a déclaré prendre ses distances du gouvernement coutumier de l’IPOB et de Dozie Ikedife, en affirmant [traduction] « [qu’]il n’y a pas de gouvernement coutumier du Biafra » et que l’IPOB, avec à sa tête Nnamdi Kanu, ne se compose actuellement que de « combattants de la liberté » (28 juill. 2016). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel concernant le SCE du gouvernement coutumier de l’IPOB et ses relations avec l’IPOB ayant à sa tête Nnamdi Kanu.

On peut lire dans un article paru en août 2016 dans le Vanguard, un journal du Nigéria, que [traduction] « le Peuple indigène du Biafra rebaptisé [Re-branded Indigenous People of Biafra - TRIOPOB [TRPOB]] s’est dissocié de l’IPOB dirigé par Nnamdi Kanu parce que l’IPOB adoptait une position trop « défaitiste » (Vanguard 24 août 2016). Le journal Vanguard écrit également que le TRIOPOB a dit qu’il dénoncerait publiquement la sécession du Biafra à Abuja et favorise plutôt [traduction] « l’esprit et l’intention du Biafra » au sein du Nigéria (ibid.). Today, un journal numérique du Nigéria, signale que l’IPOB soutient que le Département des services de l’État (Department of State Services - DSS) [2] a créé de faux groupes dissidents de l’IPOB (Today 8 sept. 2016). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun autre renseignement sur ces groupes dissidents.

2. Direction et structure
2.1 Nnamdi Kanu

Des sources précisent que Nnamdi Kanu est le dirigeant de l’IPOB (AI 24 févr. 2016; BBC 18 déc. 2015; News24 28 juill. 2016). D’après des sources, Nnamdi Kanu a été arrêté en octobre 2015 (AFP 10 avr. 2016; AI 24 févr. 2016; Vanguard 13 août 2016). Des sources font état du fait que Nnamdi Kanu possède la double citoyenneté britannique et nigériane (Thompson et al. juin 2016, 8; Vanguard 31 mars 2016; The Guardian 15 janv. 2016), qu’il vivait à Londres et qu’il a été arrêté au cours d’un séjour au Nigéria (ibid.). Selon Amnesty International (AI), Nnamdi Kanu a été accusé [version française d’AI] « d’association de malfaiteurs, d’appartenance à une organisation illégale, de gestion de cette organisation, et d’actes d’intimidation » en octobre 2015, et accusé de « trahison » en décembre 2015 (AI 24 févr. 2016). Selon le journal Vanguard, Nnamdi Kanu a été accusé de [traduction] « six chefs de trahison » (13 août 2016). Des sources signalent qu’une cour d’Abuja a ordonné que Nnamdi Kanu soit libéré en décembre 2015, mais que sa libération n’a pas eu lieu (AI 24 févr. 2016; BBC 18 déc. 2015). La BBC écrit que les services policiers ont déclaré qu’il n’avait pas été libéré parce qu’ils [traduction] « poursuivaient leur enquête sur sa prétendue participation à des activités terroristes » (ibid.). De même, dans un article paru en mai 2016, l’AFP précise que [traduction] « le gouvernement a refusé maintes fois de libérer [Nnamdi Kanu] en dépit de plusieurs décisions judiciaires lui accordant la mise en liberté sous caution » (31 mai 2016). En octobre 2016, des sources ont affirmé que l’IPOB avait intenté une poursuite devant le tribunal de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour lutter contre le maintien de la détention de Nnamdi Kanu (This Day 5 oct. 2016; Vanguard 5 oct. 2016).

2.2 Autres dirigeants

Selon des médias, les personnes suivantes occupent des postes au sein de l’IPOB :

  • Anayo Chukwu-Okpara, porte-parole (AFP 31 mai 2016; Al Jazeera 1er juin 2016);
  • M. Emma Powerful, secrétaire, médias et publicité (The Advocate 5 oct. 2016; National Mirror 8 oct. 2016);
  • Emma Nmezu et Clifford Iroanya, porte-parole (The Sun 3 oct. 2016).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel concernant les dirigeants et la structure de l’IPOB.

3. Liens avec d’autres groupes

Un article en date du 23 septembre 2016 paru dans le Nigerian Tribune, un journal du Nigéria, fait allusion à une [traduction] « coalition entre l’IPOB et le MASSOB » (23 sept. 2016). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement additionnel sur la coalition entre l’IPOB et le MASSOB. Des sources soulignent que l’IPOB a exprimé son appui aux Vengeurs du delta du Niger (Niger Delta Avengers - NDA) (Jamestown Foundation 16 sept. 2016; Vanguard 25 juin 2016; Newsweek 27 mai 2016). Des médias décrivent les NDA comme étant [traduction] « un groupe militant » dans le delta du Niger (BBC 2 juin 2016; IBTimes 19 juin 2016). On peut lire dans le magazine d’actualité Newsweek que, selon un chercheur indépendant, il existe [traduction] « des liens opérationnels » entre les NDA et l’IPOB, mais qu’on ne connaît pas trop l’importance de ces liens (27 mai 2016). Des sources signalent que les NDA ont réclamé la remise en liberté de Nnamdi Kanu et ont menacé de fermer les usines de pétrole à moins que celui-ci ne soit libéré (IBTimes 19 juin 2016; Newsweek 30 mai 2016). En outre, les NDA ont [traduction] « reconnu leur appui » en faveur de Nnamdi Kanu (ibid. 27 mai 2016). Pour obtenir de plus amples renseignements sur les NDA, veuillez consulter la Réponse à la demande d’information NGA105595 publiée en août 2016.

4. Activités

L’International Crisis Group déclare que l’IPOB est [traduction] « le principal groupe ayant coordonné la récente agitation revendiquant "la libération de Nnamdi Kanu et la restauration du Biafra" » (International Crisis Group 4 déc. 2015). Selon la même source, [traduction] « Nnamdi Kanu a fermement appuyé les actes de violence comme instrument de résurrection du Biafra » (ibid.).

Des sources signalent que Nnamdi Kanu est également le directeur de Radio Biafra (ibid.; AI 24 févr. 2016). L’International Crisis Group décrit Radio Biafra comme étant [traduction] « une station de radiodiffusion sans licence exhortant à recourir à la violence pour permettre au Biafra d’acquérir son indépendance », et déclare qu’elle diffuse « des messages hautement provocateurs imprégnés de faux renseignements, de discours haineux et de moqueries anti-Nigéria » (ibid.). Jane’s Intelligence Review précise que le gouvernement du Nigéria a qualifié Radio Biafra de [traduction] « "station de radiodiffusion pirate séditieuse" qui diffuse des messages haineux de mauvais goût » (19 nov. 2015). Un article publié par l’AFP qualifie également Radio Biafra de station [traduction] « pirate » sur les ondes de laquelle Nnamdi Kanu « aurait diffusé des "messages séditieux" contre le Nigéria » (AFP 10 avr. 2016). Selon des sources, Radio Biafra diffuse ses programmes depuis Londres (BBC 30 nov. 2015; International Crisis Group 4 déc. 2015).

D’après des sources, une vidéo sur YouTube montre que, lors du Congrès mondial igbo qui s’est tenu aux États-Unis en septembre 2015, Nnamdi Kanu a réclamé des armes à la diaspora igbo pour le Biafra (ibid.; BBC 30 nov. 2016). Cependant, Jane’s Intelligence Review précise, dans un article paru en mars 2016, que les groupes séparatistes biafrais, y compris l’IPOB et le MASSOB, [traduction] « n’ont pas la capacité de mener des opérations de sécurité bien planifiées » (2 mars 2016). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens concernant la capacité de l’IPOB de recourir à la violence, ou concernant ses activités violentes.

En avril 2016, l’AFP a signalé que la police secrète du Nigéria avait accusé l’IPOB d’avoir tué 55 personnes dont les corps ont été trouvés enterrés dans une forêt dans l’État d’Abia, parmi lesquels se trouvaient les cinq résidents de l’ethnie Haoussa-Foulani qui auraient été enlevés par l’IPOB, selon les accusations du gouvernement (AFP 10 avr. 2016). Le même article cite les propos d’un porte-parole du MASSOB qui nie les allégations à l’endroit de l’IPOB, en déclarant que [traduction] « le MASSOB et l’IPOB sont des organisations non violentes » (ibid.).

Des sources signalent que l’IPOB et ses membres ont pris part aux événements suivants :

  • [traduction] « Une série de manifestations […] dans tout le pays » au cours des « derniers mois » visant à s’opposer au maintien en détention de Nnamdi Kanu par le gouvernement et à réclamer un État distinct pour les Igbos (AFP 10 avr. 2016). D’après Jane’s Intelligence Review, depuis l’arrestation de Nnamdi Kanu le 18 octobre 2015, [traduction] « des manifestations se sont déroulées dans plusieurs grandes villes situées dans le Sud-Est du Nigéria où les Igbos représentent la majorité des résidents, de même qu’à Port Harcourt, la capitale de l’État de Rivers » (19 nov. 2015);
  • la publication d’une déclaration conjointe avec le MASSOB, en mars 2016, exigeant que tous les [traduction] « gardiens de troupeaux foulani » se retirent dans le Nord du Nigéria, car « leur sécurité ne [pourrait] plus être assurée », le MASSOB et l’IPOB ayant précisé ceci : « [Nous] ne pouvons plus tolérer l’assassinat systématique de notre peuple et l’invasion de nos terres pour le pâturage du bétail […] » (Vanguard 7 mars 2016);
  • la tenue d’une manifestation [traduction] « à la maison » dans les États du Sud-Est pour exiger la libération de Nnamdi Kanu, les résidents ayant reçu la directive de rester chez eux le 23 septembre 2016 (Nigerian Tribune 23 sept. 2016; The Sun 24 sept. 2016). Des sources signalent que les gens, dans la plupart des régions du Sud-Est, n’ont pas respecté la directive (ibid.; Nigerian Tribune 23 sept. 2016). Le Nigerian Tribune fait observer que la directive touchait [traduction] « les activités commerciales et scolaires à Onitsha », et que les marchés, les banques et les écoles étaient fermés (Nigerian Tribune 23 sept. 2016). On peut lire dans le Sun que les villes d’Onitsha et de Nnewi situées dans l’État d’Anambra [traduction] « ont été paralysées » à la suite de la directive donnée par l’IPOB (The Sun 24 sept. 2016).

5. Mesures prises par l’État et traitement

L’International Crisis Group signale que la réaction des autorités aux activités séparatistes visant la création du Biafra a [traduction] « dans un premier temps » été restreinte, même si elles ont dispersé les rassemblements et arrêté « des dizaines » de personnes et avaient porté des accusations contre 137 personnes pro-Biafra en date du 1er décembre 2015 (International Crisis Group 4 déc. 2015). Cependant, cette même source précise que, le 2 décembre 2015, les forces policières ont fait feu sur des manifestants et des affrontements survenus entre les manifestants proséparatistes et la police ont causé la mort [traduction] « d’au moins huit » manifestants et de deux policiers (ibid.). En septembre 2016, Amnesty International a déclaré [version française d’AI] « [qu’à] plusieurs reprises, les forces de sécurité ont eu recours à une force excessive contre des militants pro-Biafra qui défilaient dans tout le sud-est du pays ou tentaient de le faire » (AI 28 sept. 2016). Qui plus est, Amnesty International précise qu’elle [version française d’AI] « a recueilli des informations sur plusieurs cas d’arrestation et de disparition forcée, souvent suivie de meurtre, de sympathisants et de membres de divers groupes pro-Biafra dans la région » (ibid.). Par ailleurs, Amnesty International souligne que [version française d’AI] « des dizaines » de partisans de l’indépendance du Biafra sont en détention « pour avoir tenté d’organiser des réunions pacifiques ou y avoir participé », généralement depuis janvier 2016 (ibid.).

Des sources signalent que, selon la police, dix personnes ont été tuées le 30 mai 2016 dans la ville d’Onitsha, dans l’État d’Anambra, et dans la ville d’Asaba, dans l’État de Delta, au cours de manifestations visant à marquer l’anniversaire du début de la guerre du Biafra de 1967, lorsque les policiers ont ouvert le feu sur des membres de l’IPOB (AFP 31 mai 2016; Al Jazeera 1er juin 2016). Cependant, des sources font valoir que, selon un porte-parole de l’IPOB, [traduction] « au moins 35 membres du groupe ont été tués à Onitsha » (ibid.; AFP 31 mai 2016). Des sources précisent que les policiers affirment avoir fait feu sur les manifestants après que des membres de l’IPOB ont tiré sur eux, une affirmation qu’a niée l’IPOB (ibid.; Al Jazeera 1er juin 2016). Par ailleurs, Amnesty International soutient que les éléments de preuve rassemblés lors d’une enquête sur le terrain montrent que, pendant les activités de commémoration du Biafra, les 29 et 30 mai 2016, l’armée du Nigéria a ouvert le feu sur des membres de l’IPOB, des partisans de ce mouvement et des passants, dans trois endroits distincts de la ville d’Onitsha, dans l’État d’Anambra, et que suivant une enquête, Amnesty International a pu [version française d’AI] « confirmer […] qu’au moins » 17 personnes avaient été tuées et que 50 avaient été blessées (AI 10 juin 2016). Selon Amnesty International, les renseignements rassemblés [version française d’AI] « montrent que les morts de membres et sympathisants de l’IPOB sont dues à un recours excessif et inutile à la force » (ibid.).

D’après Amnesty International, entre août 2015 et mai 2016, lors de [version française d’AI] « cinq épisodes distincts au moins, à Onitsha, la police et l’armée ont tiré sur des membres et des sympathisants non armés de l’IPOB » (ibid.). De plus, Amnesty International signale que des militaires ont ouvert le feu sur des manifestants et des sympathisants pacifiques de l’IPOB, et que des [version française d’AI] « homicides et arrestations massives » de membres et sympathisants de l’IPOB lors d’opérations menées conjointement par l’armée et la police ont encore eu lieu en octobre, novembre et décembre 2015 (ibid.). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.

Des sources font état des interventions suivantes menées par l’État au regard des activités de l’IPOB :

  • Le 17 décembre 2015, l’armée a tué cinq personnes quand elle a ouvert le feu sur des partisans de l’IPOB qui manifestaient à Onitsha pour célébrer une décision de justice ordonnant la remise en liberté de Nnamdi Kanu (AI 10 juin 2016; BBC 18 déc. 2015). Selon la BBC, la police a dit que [traduction] « les coups de feu avaient été tirés après que les policiers ont été attaqués », mais un coordinateur de l’IPOB a déclaré que les manifestants n’étaient pas armés (ibid.).
  • Au dire d’Amnesty International, en février 2016, l’armée a recouru à [version française d’AI] « une force excessive » pour disperser un rassemblement pacifique de partisans de l’IPOB sur le site d’une école à Aba, tuant « [a]u moins » neuf personnes et en blessant « de nombreuses autres » (10 juin 2016). De même, le Vanguard souligne que trois organisations de défense des droits de la personne du Nigéria (International Society for Civil Liberties and the Rule of Law, Intersociety, et South East Based Coalition of Human Rights Organizations) ont fait parvenir une lettre au ministre de la Défense du Nigéria selon laquelle, le 9 février 2016, l’armée du Nigéria a tué 22 membres de l’IPOB non armés et en a blessé plus de 30 autres qui étaient rassemblés sur le site d’une école à Aba pour une [traduction] « prière/rencontre », et que l’armée a jeté 13 des cadavres dans un banc d’emprunt dans l’État d’Aba (20 févr. 2016).
  • En septembre 2016, les forces policières ont arrêté 12 membres de l’IPOB dans un marché d’Enugu parce qu’ils auraient demandé que le marché soit fermé pour une manifestation à domicile d’une journée (P.M. News 20 sept. 2016; Nigerian Tribune 20 sept. 2016).
  • En septembre 2016, le commissaire de police d’Imo, en réaction à l’appel de protestation à domicile de l’IPOB, a déclaré que les forces policières [traduction] « arrêteraient et poursuivraient en justice les membres de l’IPOB si leurs actions portaient atteinte à la sécurité et à l’ordre public » (P.M. News 21 sept. 2016). On peut lire dans le Sun, un journal hebdomadaire du Nigéria, que, le 23 septembre 2016, le jour de la manifestation à domicile, il y avait une [traduction] « importante présence » des forces policières à « tous les endroits stratégiques, plus précisément à l’entrée du pont sur le Niger à Asaba qui représente le point d’entrée de la partie Est du pays (The Sun 24 sept. 2016).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.

Notes

[1] Selon l’International Crisis Group, le Biafra n’existe pas actuellement comme une entité distincte au Nigéria, et

[traduction]

les séparatistes ne sont pas précis quant à la façon dont ils voient le territoire du « nouveau Biafra ». Certains prétendent qu’il comporterait toutes les régions habitées par les Ibos d’origine, y compris des régions du delta du Niger, riche en pétrole, au Sud et l’État de Benue au Nord, mais les autres peuples de ces régions s’opposent avec véhémence à leur inclusion dans un nouveau Biafra. D’autres séparatistes disent qu’un Biafra restauré serait limité aux cinq principaux États des Ibos - Abia, Anambra, Ebonyi, Enugu et Imo - désignés comme étant du point de vue administratif la « région du Sud-Est » du Nigéria (International Crisis Group 4 déc. 2015).

[2] Selon un article de l’AFP, le DSS est [traduction] « [l’]agence d’espionnage intérieur du Nigéria » (AFP 31 mai 2016)

Références

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Newsweek. 27 mai 2016. Connor Gaffey. « Who Are the Niger Delta Avengers, Nigeria’s New Oil Militants? ». [Date de consultation : 13 oct. 2016]

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Nigerian Tribune. 20 septembre 2016. « Police Arrest 12 IPOB Members in Enugu ». (Factiva)

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The Sun. 3 octobre 2016. Jeff Amechi Agbodo. « Biafra: Kanu Not Charged with Treason Felony – IPOB ». (Factiva)

The Sun. 24 septembre 2016. Uche Atuma. « Sit-at-home Order: Onitsha, Nnewi Shut-Down ». (Factiva)

This Day. 5 octobre 2016. David-Chyddy Eleke. « Kanu: IPOB Goes to ECOWAS Court for Justice ». [Date de consultation : 13 oct. 2016]

Thompson, O. O., C. C. Ojukwu, et O. G. F. Nwaorgu. Juin 2016. « United We Fall, Divided We Stand: Resuscitation of the Biafra State Secession and the National Question of Conundrum ». Journal of Research in National Development. Vol. 14, no 1. [Date de consultation : 7 oct. 2016]

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Vanguard. 5 octobre 2016. Chimaobi Nwaiwu et Ifunanya Ozougwu. « BIAFRA: IPOB Takes Nnamdi Kanu’s Case to ECOWAS Court ». [Date de consultation : 13 oct. 2016]

Vanguard. 21 septembre 2016. Nwabueze Okonkwo et Francis Igata. « Biafra - Rights Group Writes UN over Alleged Buhari’s Interference in Kanu’s Case ». (Factiva)

Vanguard. 8 septembre 2016. Emma Amaize. « Biafra Factions, TRIBOB, RENIPOB Unite, Say No More Burning Of Biafra Flag on Oct 1 ». [Date de consultation : 5 oct. 2016]

Vanguard. 24 août 2016. Emma Amaize. « Indigenous People of Biafra, IPOB Splits ». [Date de consultation : 5 oct. 2016]

Vanguard.13 août 2016. Ikechukwu Nnochiri. « BIAFRA: I Am Ready to Negotiate with FG – Kanu ». [Date de consultation : 5 oct. 2016]

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Vanguard. 31 mars 2016. Ikechukwu Nnochiri. « I’m a British Citizen, Ask Buhari to Release Me; Nnamdi Kanu Tells UK ». [Date de consultation : 20 oct. 2016]

Vanguard. 7 mars 2016. Emeka Mamah et al. « Biafra: IPOB Replies Buhari, Says ‘We Would also Not Tolerate Nigeria’ ». [Date de consultation : 14 oct. 2016]

Vanguard. 20 février 2016. Nwabueze Okonkwo. « Biafra: Human Rights Organizations Uncover 13 Corpses in Borrow Pit in Aba ». [Date de consultation : 20 oct. 2016]

Autres sources consultées

Sources orales : International Crisis Group; IPOB; professeur d’anthropologie, Brown University; trois maîtres de conférence de la Federal University of Agriculture à Abeokuta, qui ont rédigé un document portant sur le mouvement séparatiste du Biafra.

Sites Internet, y compris : Africa Confidential; Africa Research Bulletin; The Biafra Telegraph; The Biafra Times; CNBC; ecoi.net; États-Unis – Department of State; Factiva; Fédération internationale des ligues des droits de l’homme; Freedom House; Human Rights Watch; Institute for Security Studies; Institute for War and Peace Reporting; IPOB; IRIN; Journal of Human Rights Studies; Minority Rights Group International; Nations Unies – Haut-Commissariat aux droits de l’homme, ONU Femmes, Programme pour le développement, Refworld; Nigéria – Ministry of Interior, Police Force, State Security Service; Political Handbook of the World; Punch; Radio France internationale; Radio Free Europe/Radio Liberty; Stanford University – Mapping Militant Groups; Transparency International.



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