Réponses aux demandes d'information

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15 mars 2016

NGA105465.EF

Nigéria : information sur les serments et les rituels liés à l’infidélité chez les chrétiens yourubas à Lagos; les conséquences du refus; la protection offerte par l’État (2014-mars 2016)

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Serments et rituels liés à l’infidélité chez les chrétiens yoroubas

Au cours d’un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, un professeur de traditions religieuses africaines et d’études africaines et afro-américaines à l’Université Harvard a signalé que la prestation d’un serment lié à l’infidélité [traduction] « n’est pas une pratique chrétienne » (23 févr. 2016). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un représentant de la Commission pour la justice, le développement et la paix (Justice, Development and Peace Commission - JDPC), une organisation catholique associée au diocèse d’Ijebu-Ode dans l’État d’Ogun [voisin de l’État de Lagos] qui favorise le développement humain durable et intégré (JDPC s.d.), a déclaré que, dans les mariages chrétiens, il n’y a pas [traduction] « de serment ou de rituel obligatoire » ayant trait à l’infidélité (29 févr. 2016). Au cours d’un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, une représentante du Centre d’études des femmes et d’intervention (Centre for Women Studies and Intervention - CWSI), une ONG de défense des droits des femmes fondée à Abuja en 1999 et dirigée par des religieuses (Fonds mondial pour les femmes s.d.), qui a travaillé dans le pays des Yoroubas pendant deux ans et dont l’avis reposait sur sa propre expérience, a affirmé que, dans la population yorouba, les serments et rituels liés à l’infidélité ne sont pas courants parmi les chrétiens (CWSI 18 févr. 2016). De même, au cours d’un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, un professeur d’étude comparative des religions à l’Université d’Ilorin, au Nigéria, qui a effectué des recherches sur le rôle des femmes yoroubas dans la religion, a déclaré que les familles chrétiennes ne s’adonnent pas aux pratiques de prestation de serment (24 févr. 2016).

Cependant, au cours d’un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, un professeur d’histoire à l’Université Brock qui a écrit sur les distinctions entre les sexes et les pratiques traditionnelles yoroubas a déclaré que, bien que ce soit rare, il arrive qu’on prête un serment lié à l’infidélité chez les chrétiens yoroubas et dans certaines églises, car l’église a intégré certaines pratiques religieuses traditionnelles (25 févr. 2016). Des sources font aussi état de prestation de serments et de rituels liés à l’infidélité chez les personnes qui adhèrent à des pratiques religieuses traditionnelles (professeur d’étude comparative des religions 24 févr. 2016; CWSI 18 févr. 2016). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un doctorant à l’Université Murdoch, en Australie, dont les recherches portent sur l’éducation et les inégalités sociales, les politiques et l’administration du développement, le veuvage et les distinctions entre les sexes, les droits de la personne et la justice sociale, et qui a aussi mené des recherches sur les relations entre les hommes et les femmes dans le Sud-Ouest du Nigéria, a également déclaré que

[traduction]

[l]’imposition de rituels liés à l’infidélité est rare chez les chrétiens dans le pays des Yoroubas, mais selon la croyance populaire chez certains Yoroubas, « igbagbo ko ni kama soro » (être chrétien n’empêche pas l’exécution de rituels). De nombreux Yoroubas (chrétiens) croient encore aux traditions des serments et des rituels liés à l’infidélité (25 févr. 2016).

De même, dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur agrégé de philosophie à l’Université Howard qui connaît bien la philosophie et les religions d’Afrique a souligné que, parmi les différentes confessions du christianisme dans les territoires yoroubas du Sud-Ouest du Nigéria, les pratiquants des confessions plus connues (catholiques, baptistes ou anglicanes) sont peu susceptibles de se livrer à la prestation de serments liés à l’infidélité (professeur agrégé 2 mars 2016). Cependant, selon la même source, les adeptes de quelques-unes des nombreuses églises indépendantes du Nigéria, dont la doctrine religieuse mêle le christianisme et les religions africaines indigènes, se livrent à la prestation de serments liés à l’infidélité (ibid.). Le professeur agrégé a dit aussi qu’il n’est pas toujours possible de déterminer si une église [traduction] « adopte des pratiques chrétiennes "standard" ou non » en se fiant seulement à son appellation, et qu’il faut examiner les rituels propres à l’église indépendante en question (ibid.).

2. Descriptions des rituels et des serments liés à l’infidélité

Faisant précisément référence aux serments et aux rituels chrétiens liés à l’infidélité, le professeur d’histoire a expliqué que la femme devra s’agenouiller à l’église et placer sa main sur la bible, parfois très tard dans la soirée, pour recevoir [traduction] « l’aura du serment » (professeur d’histoire 25 févr. 2016). Selon la même source, dans certaines églises, le rituel prend la forme d’un [traduction] « serment du sang », une pratique consistant à entailler la peau de l’époux ou de la femme, après quoi la femme doit prêter serment sur le sang (ibid.). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.

De façon plus générale, des sources disent que chez les Yoroubas du Nigéria, les serments ou les rituels liés à l’infidélité prennent différentes formes (doctorant 25 févr. 2016; professeur de traditions religieuses africaines 23 févr. 2016). De même, le professeur d’étude comparative des religions affirme que [traduction] « la forme exacte du serment varie d’une famille à l’autre » (professeur d’étude comparative des religions 24 févr. 2016). Des sources précisent en outre que les serments de ce genre ne sont imposés qu’aux femmes, et non aux hommes (ibid.; professeur de traditions religieuses africaines 23 févr. 2016; CWSI 18 févr. 2016).

Le professeur d’étude comparative des religions décrit un rituel qui se déroule dans la société traditionnelle, au cours duquel la femme prête serment pour prouver son innocence par suite d’une accusation d’infidélité, puis boit une potion; si la potion n’a pas d’effet dans les sept jours, la femme est innocente, mais dans le cas contraire, elle est jugée coupable (professeur d’étude comparative des religions 24 févr. 2016). De même, la représentante du CWSI a fait état d’un rituel lié à l’infidélité au sein de la société traditionnelle qui comporte la consommation d’une potion (18 févr. 2016).

Selon des sources, dans le cadre de la prestation d’un serment lié à l’infidélité, une femme peut jurer de sa fidélité conjugale devant un sanctuaire (JDPC 29 févr. 2016; doctorant 25 févr. 2016; professeur de traditions religieuses africaines 23 févr. 2016), à [traduction] « une divina ou devant un guérisseur ou une guérisseuse » (ibid.), ou [traduction] « sur la berge d’une rivière ou d’un cours d’eau » (JDPC 29 févr. 2016). Des sources affirment aussi qu’il peut y avoir prestation de serment pour différentes raisons, notamment pour empêcher l’infidélité (professeur de traditions religieuses africaines 23 févr. 2016; professeur d’histoire 25 févr. 2016), pour promettre fidélité en tant que jeune mariée (JDPC 29 févr. 2016) ou pour prouver son innocence après une accusation d’infidélité (professeur de traditions religieuses africaines 23 févr. 2016; professeur d’étude comparative des religions 24 févr. 2015; professeur d’histoire 25 févr. 2016). Selon des sources, les serments sont administrés par le grand prêtre (JDPC 29 févr. 2016), par un prêtre traditionnel (CWSI 18 févr. 2016) ou, chez les chrétiens, par un pasteur ou un prêtre (professeur d’histoire 25 févr. 2016).

Selon des sources, lors de la prestation du serment, la femme est mise en garde contre les conséquences de l’infidélité (ibid.; professeur de traditions religieuses africaines 23 févr. 2016; CWSI 18 févr. 2016). Des sources affirment que la personne qui fait prêter serment dans le cadre d’un rituel yorouba lié à l’infidélité peut énumérer les conséquences suivantes :

  • décès de la femme (professeur de traditions religieuses africaines 23 févr. 2016; CWSI 18 févr. 2016);
  • maladie de la femme (ibid.; professeur de traditions religieuses africaines 23 févr. 2016);
  • décès de l’époux (JDPC 29 févr. 2016);
  • décès ou maladie dans la famille de la femme (CWSI 18 févr. 2016);
  • décès des enfants de la femme (ibid.; JDPC 29 févr. 2016) ou perte de ses enfants (professeur d’histoire 25 févr. 2016);
  • infertilité (ibid.).

Selon le professeur d’histoire, la pratique a une incidence affective et psychologique sur la femme puisqu’elle [traduction] « lui fait croire que quelque chose de plus puissant qu’elle la contrôle » (professeur d’histoire 25 févr. 2016). Il a expliqué que, par exemple, si l’enfant de la femme tombe malade après la prestation du serment, selon le niveau d’instruction et le système de croyances de la femme, [traduction] « celle-ci croira qu’elle en est la cause » (ibid.). De même, la représentante du CWSI a affirmé que, si la femme a des croyances traditionnelles, elle peut croire que ce qui se produit dans la période suivant la prestation du serment est [traduction] « le fruit du serment » (18 févr. 2016).

3. Pouvoir d’imposition

Selon le professeur d’histoire, l’époux doit consentir à l’imposition d’un serment lié à l’infidélité (professeur d’histoire 25 févr. 2016). Selon le professeur d’étude comparative des religions, la famille de l’époux peut demander un rituel lié à l’infidélité, mais [traduction] « l’époux doit consentir à l’imposition » (24 févr. 2016).

La représentante du CWSI a expliqué que, [traduction] « très souvent », les membres de la famille de l’époux, souvent ses sœurs, réclament la prestation d’un serment lié à l’infidélité, parfois comme prétexte pour expulser la femme de la famille (CWSI 18 févr. 2016). Selon la même source, un époux ne permettrait pas la prestation de ce serment s’il s’y oppose, « à moins qu’il ne craigne sa famille » (ibid.). De même, le doctorant a souligné que, à son avis, même si la décision relative à la prestation d’un serment revient à l’époux, celui-ci peut subir l’influence de sa famille ou de ses amis, surtout s’ils sont [traduction] « de fervents pratiquants de la religion traditionnelle » (doctorant 25 févr. 2016). Selon la même source, dans la tradition yorouba, une femme ne s’unit pas seulement à son époux, mais aussi à la famille de celui-ci, et il est donc [traduction] « possible » que la famille de l’époux impose la prestation d’un serment (ibid.). Selon le professeur d’histoire, la prestation d’un serment peut être imposée par la belle-famille de la femme si son époux vit à l’extérieur du Nigéria (professeur d’histoire 25 févr. 2016).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un chargé d’enseignement en religions traditionnelles et en études culturelles africaines à l’Université Adekunle Ajasin au Nigéria, dans l’État d’Ondo, dans le Sud-Ouest du Nigéria, qui a écrit sur les pratiques religieuses des Yoroubas, a déclaré que, [traduction] « dans une situation où l’époux ne peut pas s’en occuper, il revient au dirigeant ou chef de la collectivité d’imposer un tel serment ou rituel lié à l’infidélité » (chargé d’enseignement 22 févr. 2016). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.

Selon des sources, le statut social de la femme qui se voit imposer un serment lié à l’infidélité et celui de la personne qui souhaite imposer le serment ont une influence sur la décision d’exécuter ou non le rituel (doctorant 25 févr. 2016; professeur d’histoire 25 févr. 2016; professeur de traditions religieuses africaines 1er mars 2016).

D’après la représentante du CWSI, étant donné que les [traduction] « principaux dirigeants de la classe supérieure » font les lois concernant ces pratiques, un serment d’infidélité est moins susceptible d’être imposé si la femme est la fille d’un « homme important dans la société » (CWSI 18 févr. 2016). Selon le professeur de traditions religieuses africaines, [traduction] « il est très peu probable » qu’un « homme appartenant à la classe supérieure » impose un serment lié à l’infidélité, « même s’il est au courant de l’infidélité de son épouse » (25 févr. 2016).

Toutefois, selon le doctorant, comme on considère que l’infidélité féminine déshonore le nom d’une famille, si le père de l’époux est le grand prêtre ou l’herboriste d’une collectivité, la femme peut être plus susceptible de se voir imposer la prestation d’un serment (25 févr. 2016). De même, le chargé d’enseignement a déclaré que, si l’époux est [traduction] « un membre de la famille royale, un dirigeant local ou un politicien de bonne réputation », les chances qu’une femme se voie imposer la prestation d’un serment lié à l’infidélité sont plus grandes (22 févr. 2016).

4. Fréquence

Selon des sources, l’imposition de serments et de rituels liés à l’infidélité est [traduction] « rare » (professeur d’étude comparative des religions 24 févr. 2016), [traduction] elle n’est « pas très courante de nos jours » (professeur de traditions religieuses africaines 23 févr. 2016), ou elle n’est [traduction] « plus très courante » (chargé d’enseignement 22 févr. 2016). Le professeur de traditions religieuses africaines a précisé que la pratique est moins courante dans les centres urbains (professeur de traditions religieuses africaines 1er mars 2016) et qu’elle s’observe dans les régions rurales et traditionnelles (ibid. 23 févr. 2016). Selon le professeur d’histoire, ceux qui se livrent à des rituels liés à l’infidélité [traduction] « vivent à la campagne, font partie des classes inférieures, sont pauvres et sont souvent peu scolarisés, voire pas du tout » (professeur d’histoire 5 févr. 2016). En outre, il s’est dit d’avis qu’une ingénieure ou une avocate ne serait pas forcée de se soumettre à la prestation d’un serment (ibid.). Le professeur d’étude comparative des religions a également dit que les pratiques rituelles sont rares chez les habitants instruits et riches des régions urbaines, mais qu’elles sont [traduction] « plus courantes chez les familles plus pauvres et moins instruites dans les régions rurales » (24 févr. 2016).

4.1 Fréquence à Lagos

Selon le professeur d’étude comparative des religions, il est rare de voir des rituels liés à l’infidélité dans une grande ville comme Lagos (24 févr. 2016). Le doctorant a signalé que, à Lagos, par suite de la modernisation, l’importance des rituels et des serments a [traduction] « considérablement diminué » (doctorant 28 févr. 2016). Selon des sources, bien qu’il soit rare que la prestation d’un serment soit imposée dans des régions métropolitaines comme Lagos, des familles de la ville se rendent parfois à la campagne pour pratiquer des rituels liés à l’infidélité (ibid.; professeur d’étude comparative des religions 24 févr. 2016).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement sur des cas précis d’imposition de serments liés à l’infidélité à Lagos ou dans le Sud-Ouest du Nigéria.

5. Refus

Selon le professeur d’histoire, [traduction] « une femme n’a pas à se soumettre à la prestation d’un serment si elle ne le veut pas » (professeur d’histoire 25 févr. 2016). La même source a affirmé que, si la femme est chrétienne et que le serment lui est imposé par l’église, elle peut décider de quitter cette église (ibid.). Toutefois, le professeur d’histoire a aussi déclaré qu’on a vu des Nigérianes se soumettre à la prestation du serment afin d’éviter des répercussions comme l’opprobre social et les conflits familiaux, des instances de divorce longues et complexes, la perte de soutien économique et de logement ou la violence conjugale (ibid.). Le professeur d’histoire a aussi déclaré que le refus est [traduction] « impossible » pour une femme qui vit à la campagne, où « la pression est beaucoup plus grande » et où il est plus difficile d’éviter sa belle-famille qu’en ville (ibid.).

Sans fournir de précisions, la représentante du CWSI a dit que, [traduction] « traditionnellement », une femme accusée d’infidélité ne refusera pas de prêter serment, sauf « si elle est une chrétienne convaincue » et elle jouit de l’appui de sa communauté religieuse, ou si elle est prête à « assumer les conséquences » d’un refus (CWSI 23 févr. 2016).

Selon des sources, si une femme devait refuser de prêter un serment lié à l’infidélité, elle risquerait de subir les conséquences suivantes :

  • l’exclusion, puisque la femme est socialement étiquetée comme une [traduction] « infidèle » (doctorant 25 févr. 2016) ou parce que la collectivité voit le refus de prêter serment comme un aveu (CWSI 23 févr. 2016);
  • la fin de son mariage (professeur d’étude comparative des religions 24 févr. 2016);
  • la dépossession économique et la pauvreté [traduction] « abjecte » (doctorant 25 févr. 2016);
  • la perte de logement (ibid.);
  • des menaces, des attaques ou du harcèlement, et de la violence sexuelle (ibid.);
  • des mauvais traitements et de la violence physique de la part de son époux (professeur d’histoire 25 févr. 2016).

6. Protection
6.1 Protection offerte par l’État

Selon le doctorant, les incidents se rapportant aux serments liés à l’infidélité sont [traduction] « rarement » signalés à la police ou aux autorités compétentes pour des raisons comme la peur du « blâme imputé à la victime », l’acceptation du caractère « normal » des serments et des rituels ou « l’apathie » de la police (doctorant 25 févr. 2016). Selon la même source, il est [traduction] « difficile » pour les femmes d’obtenir une protection contre les rituels parce qu’on « s’attend à ce que les questions relatives aux rituels demeurent du domaine privé » et à cause d’enjeux connexes comme le manque de preuves, le pluralisme juridique et la discrimination sexuelle contribuant à un manque de protection (ibid.). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.

Le professeur de traditions religieuses africaines a dit qu’une Nigériane [traduction] « ne peut faire confiance à la police sur ce point. Ce n’est pas une affaire qui concerne le droit ou la police. La police ne ferait que compliquer les choses, et elle empocherait l’argent [et] ne ferait rien » (23 févr. 2016). Selon la représentante du CWSI, si une femme devait choisir de dénoncer le harcèlement découlant de l’imposition de rituels, les policiers [traduction] « [lui] diraient de rentrer chez elle, puisque c’est considéré comme une affaire de famille » (18 févr. 2016). De même, un représentant de la JDPC a dit que les policiers traitent la plupart des affaires d’infidélité comme des problèmes d’ordre familial et qu’ils inviteraient les personnes concernées à les régler [traduction] « hors du poste de police ou du système judiciaire » (29 févr. 2016).

En revanche, le chargé d’enseignement a signalé que, [traduction] « dans le passé, on ne voyait jamais [de signalements à la police concernant l’imposition d’un serment], mais récemment, en raison du système judiciaire moderne, ces affaires pourraient être traitées par la police ou un tribunal » (22 févr. 2016). De même, la représentante du CWSI a souligné que, si les policiers demeurent encore peu sensibles aux affaires de rituels, les femmes instruites, en particulier les avocates, [traduction] « ne se laissent pas facilement manipuler par les policiers ou la société », puisque la sensibilisation à ce problème augmente (18 févr. 2016). Selon le doctorant, il est rare dans les régions rurales que des cas soient déclarés à la police, mais certaines femmes instruites appartenant à l’élite peuvent tenter de le faire (25 févr. 2016).

Selon le professeur d’histoire, bien qu’une femme puisse dénoncer à la police le harcèlement lié aux rituels, le statut de l’époux détermine si les policiers donneront suite ou non à sa déclaration (professeur d’histoire 25 févr. 2016). Selon lui, la femme recevra peu de soutien de la part des autorités responsables de l’application de la loi si l’époux est un policier ou si un membre de sa famille est une personne influente qui possède les ressources nécessaires pour [traduction] « mettre les policiers de son côté » (ibid.). Selon la même source, si la femme elle-même est instruite, plus influente et plus riche que son époux et la famille de celui-ci, elle peut obtenir une injonction ou une ordonnance d’interdiction de communiquer contre son époux, ou demander et obtenir le divorce et une pension alimentaire pour les enfants (ibid.). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé de renseignements sur des cas particuliers de femmes ayant déclaré à la police l’imposition d’un serment lié à l’infidélité entre 2014 et 2016.

6.2 Autres sources de protection

Le professeur d’étude comparative des religions a signalé qu’une femme obligée de prêter un serment d’infidélité contre son gré peut demander la protection de l’église, pourvu qu’elle soit chrétienne (24 févr. 2016). De même, la représentante du CWSI a dit que, dans certains cas, une femme peut obtenir la protection de dénominations locales, comme les églises anglicanes ou catholiques (18 févr. 2016). Le professeur de traditions religieuses africaines a affirmé qu’une femme peut parfois demander la protection d’un pasteur et, dans certains cas, le pasteur peut offrir d’entendre la confession de la femme comme solution de rechange à un rituel lié à l’infidélité (professeur de traditions religieuses africaines 23 févr. 2016). La même source a ajouté que, [traduction] « si l’époux n’est pas membre de l’église, le pasteur n’aura aucune influence sur la situation » (ibid.). De même, le professeur d’étude comparative des religions a déclaré que l’intervention de l’église [traduction] « ne fonctionnera pas » si un côté de la famille est chrétien et l’autre côté ne l’est pas (24 févr. 2016).

Selon des sources, les femmes ont davantage accès à des sources de protection dans les régions urbaines que dans les régions rurales (doctorant 28 févr. 2016); professeur d’histoire 25 févr. 2016). Des sources ont aussi signalé que les femmes peuvent également demander l’aide du roi (professeur d’étude comparative des religions 24 févr. 2016; professeur de traditions religieuses africaines 23 févr. 2016) ou de l’aîné de leur propre famille (ibid.). Le professeur d’étude comparative des religions a expliqué que, dans les collectivités traditionnelles, une femme peut lancer un recours au roi si elle a été injustement accusée, ou si elle refuse d’obéir à ses beaux-parents, et lui demander d’intercéder auprès d’eux (24 févr. 2016). Le professeur de traditions religieuses africaines s’est dit d’avis que le conseil du roi ou de l’aîné de la famille de la femme [traduction] « serait fort probablement de […] "tout simplement prêter serment" parce que, si elle est innocente, elle n’a rien à craindre » et que, dans une telle situation, une femme « n’aurait nulle part où aller » (23 févr. 2016). Pour obtenir de plus amples renseignements sur les rois et les chefs au pays des Yoroubas, veuillez consulter la demande d’information NGA104602. Le professeur d’histoire a signalé que, dans les villes, une femme peut demander l’aide de ses réseaux de soutien social, comme les amis de son époux ou ses propres amis, des ONG, des organismes de femmes, sa propre famille (si elle est influente) ou son église locale (25 févr. 2016). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Centre for Women Studies and Intervention (CWSI). 23 février 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par une représentante.

Centre for Women Studies and Intervention (CWSI). 18 février 2016. Entretien téléphonique avec une représentante.

Chargé d’enseignement en religions traditionnelles et en études culturelles africaines, Adekunle Ajasin University, Akungba-Akoko (Nigéria). 22 février 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Doctorant, Murdoch University, Perth, Australie. 28 février 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Doctorant, Murdoch University, Perth, Australie. 25 février 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Fonds mondial pour les femmes. S.d. « Centre for Women Studies and Intervention  ». [Date de consultation : 1er mars 2016]

Justice, Development and Peace Commission (JDPC). 29 février 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par un représentant.

Justice, Development and Peace Commission (JDPC). S.d. « Vision, Mission and Concern ». [Date de consultation : 1er mars 2016]

Professeur agrégé de philosophie, Université Howard, Washington. 2 mars 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Professeur d’étude comparative des religions, University of Ilorin (Nigéria). 24 février 2016. Entretien téléphonique.

Professeur d’histoire, Brock University. 25 février 2016. Entretien téléphonique.

Professeur de traditions religieuses africaines et d’études africaines et afro-américaines, Université Harvard. 1er mars 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Professeur de traditions religieuses africaines et d’études africaines et afro-américaines, Université Harvard. 23 février 2016. Entretien téléphonique.

Autres sources consultées

Sources orales : boursier de recherche, University of Birmingham; chargé de cours en sociologie, University of Ibadan; chargé d’enseignement en études africaines, University of Birmingham; Committee for the Defence of Human Rights; Human Rights and Justice Group; Nigéria – Nigeria Police Force; professeur adjoint spécialisé dans les religions en Afrique, University of Vermont; professeur d’anthropologie et du développement international, University of Sussex; professeur d’anthropologie et d’études afro-américaines et africaines, University of Michigan; professeur d’études, d’anthropologie et d’histoire africaines, University of North Carolina; professeur d’histoire de l’art et d’études des Noirs, Amherst College; professeur de sciences politiques, Brooklyn College; professeur de sociologie, Stonybrook University.

Sites Internet, y compris : Africa Confidential; Afrik.com; AllAfrica.com; Amnesty International; BBC; The Daily Times; Daily Trust; ecoi.net; États-Unis – Department of State; Factiva; The Guardian; Human Rights Watch; The Independent; Minority Rights Group International; The Nation; National Daily; National Mirror; Nations Unies – Haut Commissariat pour les réfugiés, ONU Femmes, Programme pour le développement, Refworld; Nigéria – Federal Ministry of Women Affairs and Social Development, Lagos State Government; Nigerian Tribune; Norvège – Landinfo; Punch; Radio France internationale; The Sun; This Day; University of Leiden – African Studies Centre; Vanguard.



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