Réponses aux demandes d'information

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4 février 2014

SOM104765.EF

Somalie : information sur le clan Hawrarsame, y compris sa situation actuelle et ses relations avec les autres clans (2005-2013)

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Aperçu

D'après des sources, les Hawrarsame [aussi orthographié Horarsame ou Hawarsame] font partie des groupes minoritaires (É.-U. 19 avr. 2013, 43; MRG 16 juill. 2009, 109; Internationale de l'éducation 18 juin 2007; Somalia-CEWERU sept. 2013, 17), et également, selon d'autres sources, des clans de caste inférieure en Somalie (ibid.; Internationale de l'éducation 18 juin 2007). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un anthropologue occupant le poste de chercheur principal au Centre d'études africaines (African Studies Centre) de Leiden, aux Pays-Bas, et de professeur d'études des groupes ethniques africains à l'Université VU d'Amsterdam, qui a publié des recherches sur la généalogie des clans somaliens, a affirmé que les Hawrarsame [traduction] « sont un sous-clan de statut inférieur faisant partie du vaste clan Marehan » (anthropologue 26 janv. 2014). De même, dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un analyste politique spécialiste de la Somalie, également directeur d'une entreprise de consultation en recherche qui fournit des analyses de situations politiques complexes, y compris en Somalie, a déclaré que les Hawrarsame sont [traduction] « un sous-clan de petite taille ou minoritaire au sein de la famille du clan Marehan » (analyste politique 29 janv. 2014). Selon des sources, le clan Marehan est un sous-clan du clan Sade [aussi écrit Saade], au sein du clan Darod [aussi écrit Darood] (Somalia-CEWERU sept. 2013, 15; anthropologue 26 janv. 2014).

L'anthropologue a ajouté que les Hawrarsame se subdivisent en trois [traduction] « sous-sous-clans » : Yusuf (ou Reer Libow), Aadan Saleban et Mahamud Saleban (ibid.). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens.

2. Répartition géographique

L'analyste politique a écrit que [traduction] « [l]es Marehan se trouvent aujourd'hui majoritairement dans la région de Gedo et dans le district d'Abudwak, dans la région de Galgaduud » (analyste politique 29 janv. 2014). Il a ajouté que [traduction] « les Marehan vivent aussi en Éthiopie », mais a précisé qu'il n'était pas certain de la mesure dans laquelle les Hawrarsame en particulier vivent à Abudwak et en Éthiopie (ibid.). De même, l'anthropologue a affirmé que les Hawrarsame [traduction] « vivent principalement dans les régions de Gedo et de Juba », ajoutant qu'une partie d'entre eux habite aussi « de l'autre côté de la frontière, dans le Sud de l'Éthiopie » (26 janv. 2014).

Selon l'analyste politique, les principaux endroits où vivent les Hawrarsame dans la région de Gedo sont [traduction] « les districts de Belet Hawo et de Luugh [aussi orthographié Luuq] et, dans une moindre mesure, à Dolo et El Wak » (29 janv. 2014). Au dire de l'anthropologue, les Hawrarsame vivent surtout [traduction] « dans la ville de Bulo Hawo [aussi orthographié Beled Hawo, Belet Xaawo, Belet Hawa] et aux alentours » [ville qui se situe dans le district de Belet Hawo] (26 janv. 2014). L'analyste politique a ajouté que, [traduction] « bien évidemment, il est possible de trouver des petits groupes familiaux de Hawrarsame ailleurs en Somalie et au sein de la diaspora » (29 janv. 2014).

3. Relations avec les autres clans

Selon l'analyste politique, les Hawrarsame [traduction] « seront vraisemblablement perçus comme des Marehan par d'autres groupes de familles du clan », et les Marehan sont vus « comme le clan dominant » dans la région de Gedo (analyste politique 29 janv. 2014). Il a toutefois ajouté que les Hawrarsame semblent [traduction] « "isolés" des autres sous-clans des Marehan ou "susciter une certaine réprobation sociale" chez ceux-ci », faisant observer qu'il semble que les Hawrarsame

[traduction]

n'aient pas le droit d'épouser un membre d'un sous-clan différent des Marehan; il s'agit là d'une punition infligée aux Hawrarsame [...] à la suite d'un incident [ayant eu lieu] il y a fort longtemps (depuis peut-être plus de cent ans) et au cours duquel les Hawrarsame auraient trahi les Marehan (ibid.).

L'anthropologue a expliqué qu'il semble que

[traduction]

[l]es Hawrarsame provenaient d'une « bonne lignée », mais ils ont été désavoués et ont commencé à être « méprisés » au sein des Marehan en raison d'un événement historique survenu au 14e siècle : un homme appartenant aux Hawrarsame [...] a tué le chef respecté des Darod (le boqor), Mahamed Da'ud, et, fait remarquable, le blâme a été rejeté sur le sous-clan des Hawrarsame dans son entièreté. Les Hawrarsame ont ensuite été contraints à payer le « prix du sang » (en chameaux) pendant une longue période, et [se sont vu] « retirer » le titre de noble qu'ils avaient auparavant. Ainsi, les Marehan ont continué de les rejeter de la faction « noble » et véritable des Marehan du clan Darod (26 janv. 2014).

Selon les Country Reports on Human Rights Practices for 2007 publiés par le Département d'État des États-Unis, en Somalie, [traduction] « [d]es jugements traditionnels [ont] parfois tenus pour responsables tous les membres de clans ou sous-clans opposés alors que les violations reprochées avaient été commises par une seule personne » (É.-U. 11 mars 2008).

La Somalia Conflict Early Warning Early Response Unit (Somalia-CEWERU), réseau national de partenaires gouvernementaux et non gouvernementaux qui communique des renseignements sur des conflits pouvant devenir violents (CEWARN s.d.), a produit un rapport de schématisation du conflit en septembre 2013, financé par les gouvernements de la Norvège et de la Suisse (Somalia-CEWERU sept. 2013, 4); on peut y lire qu'historiquement, le conflit dans la région de Gedo (nord) a été marqué par [traduction] « un conflit grave impliquant les divers sous-clans des Marehan », y compris les Hawrarsame (ibid., 16).

4. Situation actuelle

D'après les Country Reports 2007, au mois d'août de cette année-là, [traduction] « les aînés des Hawrarsame, un sous-clan des Marehan, ont arrêté l'un des leurs et l'ont remis aux aînés d'un autre sous-clan des Marehan, les Rer Ahmed, pour qu'il soit exécuté au motif qu'il aurait tué un membre de cet autre sous-clan » (É.-U. 11 mars 2008). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun autre renseignement allant dans le même sens ni aucun autre détail au sujet de cet incident.

En ce qui concerne la situation actuelle du clan, l'anthropologue a écrit que [traduction] « [l]es Hawrarsame ont été dans une position assez vulnérable en tant que sous-clan plus ou moins inférieur, car ils ne pouvaient plus compter sur l'aide d'autres sous-clans des Marehan en cas de difficulté » (anthropologue 26 janv. 2014). Il s'est dit d'avis qu'il [traduction] « semble probable » que « cette situation prévaut toujours aujourd'hui, dans une réalité marquée par la guerre civile et la violence » (ibid.). Selon Somalia-CEWERU, il y a dans la région de Gedo de nombreux conflits [traduction] « causés par la ségrégation et la marginalisation, et alimentés par des complexes d'infériorité ou de supériorité », et les cibles de cette « marginalisation » comprennent « les sous-clans ne faisant pas partie des Marehan ainsi que les Hawarsame et les Fiqi Yaqub », deux sous-clans des Marehan qui sont « considérés comme des groupes de caste inférieure » (sept. 2013, 17).

L'anthropologue a déclaré qu'il est probable que [traduction] « bon nombre de [Hawrarsame] vivent maintenant dans des régions qui sont toujours sous le joug du groupe islamiste radical appelé Harakat al-Shabaab », faisant également observer que certains Hawrarsame « sont peut-être aussi devenus membres de ce mouvement, car il leur offrait une protection, un certain salaire et une arme » (anthropologue 26 janv. 2014). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun autre renseignement indiquant que des Hawrarsame se seraient joints au mouvement al-Shabaab.

Selon des sources, la ville de Bulo Hawo se situe dans un secteur où vivent les Hawrarsame (ibid.; Somalia-CEWERU sept. 2013, 22). Bulo Hawo se trouve près de la frontière entre la Somalie et le Kenya et est une zone centrale d'affrontements entre les forces progouvernementales et les militants d'al-Shabaab (Nations Unies 1er mars 2011; BBC 18 oct. 2010; The New York Times 6 mars 2011). Le New York Timessignale que [traduction] « le contrôle [de la ville] a changé de mains plusieurs fois » (ibid.). Selon des sources, les affrontements de mars 2011 ont entraîné le déplacement de [traduction] « milliers » de personnes (ibid.; Nations Unies 1er mars 2011).

En septembre 2013, Somalia-CEWERU a décrit le district de Belet Hawa comme une [traduction] « poudrière de la région » qui est le théâtre d'un « conflit interne interminable opposant les sous-clans des Marehan » depuis l'effondrement de l'État somalien en 1991 (Somalia-CEWERU sept. 2013, 16, 22). Somalia-CEWERU affirme que les sources des conflits internes qui ravagent le clan sont liées aux ressources (puits, marchés, points de contrôle, centres de distribution alimentaire), aux terres appartenant à l'État, à l'accès à l'administration locale et à l'ingérence des États voisins (ibid., 22). On peut lire dans leur rapport de septembre 2013 qu'il y a plusieurs conflits [traduction] « actifs » qui sont « intermittents » depuis 1991 dans les districts de Belet Hawa, de Luugh et de Dolo dans la région de Gedo, conflits qui opposent les Hawrarsame et d'autres clans des Marehan comme les Rer Ahmed et les Ali Dhere (ibid., 23). Il est également écrit dans le rapport qu'à Tosiley, une ville de Dolo, un [traduction] « conflit saisonnier » concernant des terres agricoles oppose depuis des années les Hawrarsame et les Rer Ahmed, et que malgré un arbitrage communautaire, « c'est l'impasse : il n'y aura pas la paix tant que la diya (prix du sang) ne sera pas acquittée » (ibid., 22). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens ni aucun autre renseignement concernant les conflits au sein du clan des Marehan.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Analyste politique. 29 janvier 2014. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Anthropologue. 26 janvier 2014. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

British Broadcasting Corporation (BBC). 18 octobre 2010. « Somali Government Seizes Bulo Hawo Town from al-Shabab ». [Date de consultation : 28 janv. 2014]

Conflict Early Warning and Response Mechanism (CEWARN). S.d. « About CEWARN ». [Date de consultation : 28 janv. 2014]

États-Unis (É.-U.). 19 avril 2013. « Somalia ». Country Reports on Human Rights Practices for 2012. [Date de consultation : 28 janv. 2014]

États-Unis (É.-U.). 11 mars 2008. « Somalia ». Country Reports on Human Rights Practices for 2007. [Date de consultation : 28 janv. 2014]

International de l'Éducation. 18 juin 2007. « Barometer of Human & Trade Union Rights in Education: Somalia ». [Date de consultation : 30 janv. 2014]

Minority Rights Group International (MRG). 16 juillet 2009. « Africa ». State of the World's Minorities and Indigenous Peoples 2009. [Date de consultation : 28 janv. 2014]

Nations Unies. 1er mars 2011. Réseaux d'information régionaux intégrés (IRIN). « Kenya-Somalia: Thousands Displaced in Offensive Against Militants ». [Date de consultation : 28 janv. 2014]

The New York Times. 6 mars 2011. Mohammed Ibrahim. « Somali Forces Take Border Town from Rebels ». [Date de consultation : 28 janv. 2014]

Somalia Conflict Early Warning Early Response Unit (Somalia CEWERU). Septembre 2013. From the Bottom Up: Southern Regions - Perspectives Through Conflict Analysis and Key Political Actors' Mapping of Gedo, Middle Juba, Lower Juba, and Lower Shabelle. [Date de consultation : 28 janv. 2014]

Autres sources consultées

Publications : Clan Structure in Somalia; Government and Clan System in Somalia: Report from Fact Finding Mission to Nairobi, Kenya, and Mogadishu, Hargeisa and Boosaaso in Somalia in June 2012; Report on Minority Groups in Somalia – Joint British, Danish and Dutch Fact-finding Mission to Nairobi, Kenya 17 - 24 September 2000; The Total Somali Clan Genealogy (second edition).

Sources orales : Les tentatives faites pour joindre les personnes suivantes dans les délais voulus ont été infructueuses : chercheur indépendant spécialiste de la Somalie; gestionnaire du savoir, Civil-Military Fusion Centre, OTAN; professeur d'anthropologie, Max Plank Institute of Social Studies.

Sites Internet, y compris : AllAfrica; Afronline; ecoi.net; Factiva; Hiiran Online; Jeune Afrique; Nations Unies – Refworld; Royaume-Uni – Home Office; Somalia News.



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