Réponses aux demandes d'information

​​​Les réponses aux demandes d’information (RDI) sont des rapports de recherches sur les conditions dans les pays. Ils font suite à des demandes des décideurs de la CISR.

La base de données contient les RDI en français et anglais archivées depuis sept ans. Les RDI antérieures sont accessibles sur le site Web European Country of Origin Information Network.

Les RDI publiées par la CISR sur son site Web peuvent contenir des documents annexés inaccessibles en raison de problèmes techniques et peuvent inclure des traductions de documents initialement rédigées dans d'autres langues que l'anglais ou le français. Pour obtenir une copie d'un document annexé et/ou une version traduite des documents annexés de RDI, veuillez en faire la demande par courriel.

Avertissement

Avertissement

Les réponses aux demandes d'information (RDI) citent des renseignements qui sont accessibles au public au moment de leur publication et dans les délais fixés pour leur préparation. Une liste de références et d'autres sources consultées figure dans chaque RDI. Les sources citées sont considérées comme les renseignements les plus récents accessibles à la date de publication de la RDI.    

Les RDI n'apportent pas, ni ne prétendent apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile donnée. Elles visent plutôt à appuyer le processus d'octroi de l'asile. Pour obtenir plus de renseignements sur la méthodologie utilisée par la Direction des recherches, cliquez ici.   

C'est aux commissaires indépendants de la CISR (les décideurs) qu'il incombe d'évaluer les renseignements contenus dans les RDI et de décider du poids qui doit leur être accordé après avoir examiné les éléments de preuve et les arguments présentés par les parties.    

Les renseignements présentés dans les RDI reflètent uniquement les points de vue et les perspectives des sources citées et ne reflètent pas nécessairement la position de la CISR ou du gouvernement du Canada.    

18 mars 2014

IRN104787.EF

Iran : information sur les enseignements, les interprétations et les connaissances liés au christianisme chez les chrétiens convertis

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Contexte

Selon une publication sur les protestants et les chrétiens convertis en Iran de l'International Campaign for Human Rights in Iran (ICHRI), une organisation sans but lucratif indépendante de New York qui vise à promouvoir les droits de la personne en Iran par l'entremise de la recherche et des médias dans le monde (ICHRI s.d.), la majorité des chrétiens en Iran sont [traduction] « des chrétiens d'origine, soit des Arméniens et des Assyriens (ou Chaldéens) qui possèdent leurs propres langue et traditions culturelles » (ICHRI 2013, 6). L'ICHRI affirme que [traduction] « la plupart des chrétiens d'origine sont membres de l'église orthodoxe de leur communauté » (ibid.), « mais [que] certains sont aussi catholiques ou protestants » (ibid., 17). D'après l'ICHRI, [traduction] « [l]es chrétiens convertis appartiennent pour la plupart à des églises protestantes » (ibid., 6). Des sources signalent par ailleurs que les chrétiens convertis sont principalement [traduction] « protestants et évangéliques » (Minority Rights Group International s.d.; FIDH juill. 2010, 25). La Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) précise que [traduction] « de nombreux [chrétiens convertis] ont renoncé à l'islam » (ibid.). L'ICHRI écrit également que [traduction] « la plupart [des chrétiens convertis], bien qu'ils ne le soient pas tous, sont d'origine musulmane » (2013, 6).

Au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, un chercheur principal à la division sur les droits de la personne en Iran du Collège Brooklyn de l'Université de la Ville de New York, a expliqué que les expériences vécues par les chrétiens d'origine et les convertis en Iran sont [traduction] « totalement différentes » (21 févr. 2014). L'ICHRI affirme que [traduction] « les autorités ont accordé aux chrétiens d'origine certains droits de pratique, comme la tenue d'offices religieux, l'ouverture d'écoles religieuses et la célébration des principales fêtes religieuses », bien qu'ils ne puissent pas célébrer d'office religieux en farsi (ICHRI 2013, 6). D'après le Report of the Special Rapporteur on the Situation of Human Rights in the Islamic Republic of Iran des Nations Unies, [traduction] « [e]n général, la pratique religieuse chrétienne est surveilée et rigoureusement règlementée. Par exemple, les musulmans convertis au christianisme ne peuvent pas entrer dans les églises arméniennes ou assyriennes, car tous les fidèles doivent s'enregistrer auprès du gouvernement. Les autorités installent souvent des caméras dans les églises [...] » (Nations Unies 13 mars 2014, 80).

L'ICHRI explique que les protestants sont assujettis à [traduction] « des restrictions gouvernementales et [sont victimes] de violations des droits de la personne beaucoup plus sévères que les groupes de chrétiens d'origine » (ibid.). L'organisation ajoute que cela est dû [traduction] « en grande partie » au recours à la langue persane dans les offices religieux et la documentation, au « prosélytisme auquel ils se livrent » et qui peut « faciliter la conversion », ainsi qu'aux affiliations possibles avec des réseaux d'églises situées à l'étranger (ibid.). La BBC signale que [traduction] « [l]es chrétiens évangéliques ne sont pas reconnus et font l'objet d'une importante discrimination » (11 oct. 2011). Selon le rapport du rapporteur spécial des Nations Unies, [traduction] « [l]es chrétiens les plus couramment poursuivis en justice semblent être des convertis d'origine musulmane ou ceux qui se livrent au prosélytisme ou exercent leur ministère auprès des Iraniens musulmans. Les autorités iraniennes supérieures ont déclaré que les maisons-églises et les chrétiens évangéliques représentaient des menaces à la sécurité nationale » (Nations Unies 13 mars 2014, 11). Le rapporteur spécial des Nations Unies ajoute

[traduction]

[qu'] au cours des dernières années, les chrétiens, dont de nombreux sont des musulmans convertis, ont fait l'objet d'une tendance similaire en matière de persécution. En janvier 2014, au moins 49 chrétiens étaient soi-disant détenus dans la République islamique d'Iran. En 2013 uniquement, les autorités auraient arrêté au moins 42 chrétiens, dont 35 ont été déclarés coupables d'appartenance à des « maisons-églises » clandestines, d'association avec des églises situées à l'extérieur de la République islamique d'Iran, de participation présumée ou véritable à des activités évangéliques et de participation à d'autres activités chrétiennes régulières. Les peines allaient d'un an à dix ans de prison (ibid. 10-11).

2. Confessions

Des sources affirment que certains chrétiens convertis en Iran s'identifient à une confession alors que d'autres ne le font pas (chercheur principal 21 févr. 2014; pasteur 24 févr. 2014). Le pasteur a expliqué que certains chrétiens convertis connaissent les différentes confessions alors que d'autres ignorent leur existence (ibid.). Il a aussi dit que le fait qu'un chrétien iranien converti sache à quelle confession il appartient varie selon la personne qui l'encadre (ibid.). Au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, le président d'Iranian Christians International (ICI), un groupe chrétien évangélique sans but lucratif du Colorado qui [traduction] « exerce son ministère auprès des quelque 8 millions d'Iraniens et d'Afghans qui vivent à l'extérieur de leur pays aujourd'hui » (ICI s.d.), a affirmé que [traduction] « la plupart des maisons-églises » ne mettent pas l'accent sur la confession; on y enseigne une théologie et une doctrine en particulier, mais la confession précise ne sera pas nécessairement précisée (26 févr. 2014).

Le chercheur principal a expliqué que les chrétiens iraniens convertis s'identifient ou se décrivent de nombreuses façons; par exemple, certains se disent protestants, pentecôtistes ou d'une autre confession, alors que d'autres se désignent comme étant évangéliques ou appartenant au mouvement évangélique, prosélytes, appartenant à l'Assemblée de Dieu (un groupe évangélique iranien), à un mouvement chrétien international, à l'ensemble international des églises (un réseau international d'églises) ou à une église biblique (21 févr. 2014). Il a ajouté que bon nombre de ces termes ne sont pas utilisés couramment en farsi et peuvent être difficiles à traduire (21 févr. 2014). Des sources précisent aussi que certains chrétiens convertis expliquent être fidèles d'une chaîne de télévision chrétienne, d'une personnalité de la télévision ou d'un télévangéliste en particulier (chercheur principal 21 févr. 2014; pasteur 24 févr. 2014).

Selon le chercheur principal, même si certains Iraniens convertis tirent un sens théologique du christianisme, certains autres en tirent un sens social (21 févr. 2014). Le chercheur principal a dit que, parfois, le christianisme est défini comme une façon de s'écarter des normes sociales jugées restrictives par certains en Iran et de s'approcher d'une forme de libération sociale (21 févr. 2014). La mission d'enquête du Danemark et de la Norvège démontrait que, d'après une organisation internationale à Ankara, dans certains cas, [traduction] « l'appel réside moins dans le christianisme en soi que dans l'appartenance à une communauté réconfortante et accueillante » (févr. 2014, 17).

Des sources ont affirmé que certains chrétiens convertis définissent le christianisme par rapport à l'islam (chercheur principal 21 févr. 2014; pasteur 24 févr. 2014; ICI 26 févr. 2014). Le pasteur a expliqué que certains Iraniens se convertissent au christianisme en raison de leur [traduction] « haine envers l'islam plutôt que par amour pour Jésus » (ibid.). Le président d'ICI a d'ailleurs dit que certaines personnes se convertissent au christianisme et à d'autres religions en signe de rébellion (26 févr. 2014). Il est ressorti de la mission d'enquête du Danemark et de la Norvège que, selon une source, [traduction] « un grand nombre de personnes en Iran en ont assez de la façon dont le régime pratique l'islam politique et cherchent des solutions de rechange » (févr. 2014, 16).

Deux sources soulignent la présence active de témoins de Jéhovah et de mormons en Iran (ICI 26 févr. 2014; pasteur 24 févr. 2014), ainsi que d'autres [traduction] « formes non conventionnelles de christianisme » (ibid.).

3. Enseignements et interprétations du christianisme

Des sources font état d'une grande différence dans la façon dont le christianisme est interprété par les protestants et les chrétiens convertis en Iran (chercheur principal 21 févr. 2014; pasteur 24 févr. 2014). Au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, le pasteur de l'église iranienne de Richmond Hill à Toronto, qui a reçu ses fonctions pastorales de la Free Evangelical Church of Canada, a dit que les interprétations du christianisme sont fondées sur la confession à laquelle appartient une personne et sur la façon dont le christianisme lui a été enseigné (ibid.; ibid. 21 mars 2014). D'après le chercheur principal, chez les chrétiens convertis, les pratiques, les enseignements et les connaissances liés au christianisme varient grandement, tout comme la façon dont une personne s'identifie à la religion (21 févr. 2014).

Plusieurs sources soulignent une diversité possible des connaissances du christianisme chez les chrétiens convertis en Iran (ICI 26 févr. 2014; chercheur principal 21 févr. 2014; pasteur 24 févr. 2014). Le pasteur a expliqué que les connaissances d'une personne à propos du christianisme varient selon le type d'expériences qu'elle a vécues par rapport à cette religion (24 févr. 2014). Le chercheur principal a affirmé que les Iraniens qui se sont convertis au christianisme n'évoluent pas au sein d'une société axée sur le christianisme (21 févr. 2014). Selon le président d'ICI, l'information que reçoivent parfois les convertis à propos du christianisme est tirée des enseignements de l'islam, qui diffèrent des enseignements chrétiens (26 févr. 2014). Le chercheur principal a dit que certains chrétiens convertis ont été ordonnés ailleurs qu'en Iran ou ont acquis autrement un niveau supérieur de connaissances sur le christianisme, alors que d'autres en savent très peu (21 févr. 2014). Une mission d'enquête menée par le Conseil danois pour les réfugiés (Danish Refugee Council), LANDINFO et le Service de l'immigration du Danemark (Danish Immigration Service) démontre que, selon une organisation internationale à Ankara, [traduction] « les convertis pourraient en savoir peu sur le christianisme » (Danemark et Norvège févr. 2013, 17). D'après un conseiller juridique principal à l'Office national suédois des migrations (Swedish Migration Board) questionné par le Christian Broadcasting Network (CBN), bureau de presse évangélique (CBN s.d.), [traduction] « les convertis ne possèdent pas tous des connaissances approfondies ou des détails de la religion » (ibid. 14 juin 2013).

Des sources signalent que certains Iraniens qui se sont convertis au christianisme ne croient pas en la Trinité (chercheur principal 21 févr. 2014; Danemark et Norvège févr. 2013, 18). Selon le président d'ICI, certains groupes présentent le christianisme sous un angle islamique, comme le [traduction] « groupe Jésus uniquement », qui ne croit pas en la Trinité (26 févr. 2014). On peut par ailleurs lire dans le rapport de la mission d'enquête du Danemark et de la Norvège [traduction] « [qu'] un grand nombre de maisons-églises en Iran sont non trinitaires, ce qui signifie qu'elles ne croient "qu'en Jésus" »; elles « s'éloignent [donc] grandement du protestantisme établi » (févr. 2013, 15, 18).

4. Pratiques
4.1 Maisons-églises

Des sources affirment que certains Iraniens qui se sont convertis au christianisme fréquentent des maisons-églises (chercheur principal 21 févr. 2014; pasteur 24 févr. 2014). Il ressort de la mission d'enquête du Danemark et de la Norvège en Iran que, selon une ambassade occidentale, [traduction] « les églises établies n'acceptent pas, en réalité, les convertis et, par conséquent, ceux-ci sont forcés de s'adresser aux maisons-églises clandestines » (févr. 2013, 17). Le président d'ICI a aussi précisé que certains convertis fréquentent des maisons-églises (26 févr. 2014).

Selon le président d'ICI, les pasteurs des maisons-églises ne sont [traduction] « habituellement pas bien formés » (26 févr. 2014). Le chercheur principal a souligné que certaines maisons-églises offrent des cours sur la Bible, qui sont donnés par de nouveaux chrétiens, et que certaines maisons-églises sont [traduction] « non traditionnelles » et peuvent être dirigées par des membres du clergé qui n'ont aucune connaissance de la doctrine théologique (21 févr. 2014). Le président d'ICI a signalé que la connaissance du christianisme qui est acquise dans les maisons-églises varie et est tributaire de la maison-église en question qu'a fréquentée une personne (26 févr. 2014). Il a ajouté que les chrétiens qui fréquentent des maisons-églises peuvent avoir de nombreuses lacunes en matière de connaissances, car les enseignements qu'ils y reçoivent peuvent être, à son avis, [traduction] « incomplets et inadéquats » (26 févr. 2014).

Plusieurs sources signalent que certains dirigeants de maisons-églises iraniennes sont formés à l'étranger (chercheur principal 21 févr. 2014; Danemark et Norvège févr. 2013, 20; pasteur 24 févr. 2014). Le pasteur a affirmé que, parfois, les dirigeants des églises sont formés en Turquie ou en Arménie (24 févr. 2014). Le chercheur principal a aussi dit que, parfois, les personnes qui enseignent dans les maisons-églises participent à des séminaires en Turquie, en Arménie ou ailleurs et acquièrent des connaissances sur les enseignements chrétiens et le prosélytisme (21 févr. 2014). Dans le rapport de la mission d'enquête du Danemark et de la Norvège, on ajoute que, d'après un Iranien qui dirige un réseau de maisons-églises, les dirigeants de maison-église peuvent aussi suivre leur formation par l'entremise de chaînes de télévision par satellite (févr. 2013, 20). Selon cette même source, les dirigeants [traduction] « comptent [aussi] sur des méthodes d'apprentissage officieuses, comme le mentorat personnel, une forme d'apprentissage qui comprend également la lecture d'ouvrages théologiques et l'acquisition de connaissances auprès de dirigeants instruits et chevronnés » (ibid.).

Le pasteur fait état d'un nombre restreint de personnes qui prêchent et qui enseignent le christianisme en Iran, ce qui a entraîné, à son avis, de [traduction] « mauvais enseignements » et des erreurs à propos de cette religion (24 févr. 2014). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun autre renseignement allant dans le même sens que ce qui vient d'être dit.

4.2 Chaînes de télévision par satellite

Plusieurs sources signalent que des chaînes chrétiennes de télévision par satellite sont diffusées en Iran (chercheur principal 21 févr. 2014; pasteur 24 févr. 2014; ICI 26 févr. 2014). Le pasteur a expliqué que la restriction par rapport à l'enseignement du christianisme à des chrétiens convertis en est la cause (24 févr. 2014). Le chercheur principal affirme que certains Iraniens se convertissent au christianisme en ne faisant que regarder une émission chrétienne, car ils ne connaissent aucun autre chrétien et tirent donc [traduction] « tout leur bagage » à propos du christianisme d'une émission de télévision chrétienne (21 févr. 2014). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun autre renseignement allant dans le même sens que ceux présentés ci-dessus.

4.3 Documents sur le christianisme

Des sources font état de la saisie des bibles chrétiennes en Iran (É.-U. 20 mai 2013, 4; chercheur principal 21 févr. 2014). Le chercheur principal a affirmé que des bibles écrites en perse se font confisquer, et que cela se produit la plupart du temps dans les maisons-églises (ibid. 26 mars 2014). Il a ajouté que, bien que le gouvernement ait approuvé l'usage d'une traduction de la bible en langue persane qui est basée sur une interprétation islamique, en général, les protestants qui parlent le perse n'utilisent pas cette version (ibid.). Le pasteur a signalé que, si quelqu'un possède une bible, il encourt de [traduction] « gros problèmes » et que les bibles « sont difficilement accessibles » (24 févr. 2014). Or, le chercheur principal a affirmé que la plupart des chrétiens convertis possédaient une bible (21 févr. 2014).

D'après le chercheur principal, la version persane de la Bible n'est pas imprimée en Iran (21 févr. 2014). Le président d'ICI a dit que certaines églises imprimaient de petites quantités de bibles, mais que cela pouvait être dangereux (26 févr. 2014). Il a ajouté que, bien que les bibles étaient auparavant introduites illicitement au pays, [traduction] « depuis quelques années », cette pratique est moins courante, car elle est coûteuse et les envois sont parfois saisis (26 févr. 2014).

Le président d'ICI a affirmé que, bien que les exemplaires sur papier de la Bible soient difficiles à obtenir, celle-ci peut être consultée en ligne (26 févr. 2014). Il a ajouté qu'Internet est expressément lent et que le téléchargement de documents est laborieux (ICI 26 févr. 2014). Le rapport de la mission d'enquête du Danemark et de la Norvège en Iran démontre que, selon Elam Ministries, une organisation chrétienne évangélique du Royaume-Uni qui vise à [traduction] « renforcer et [à] faire connaître davantage » le christianisme en Iran en activant la croissance des églises et en formant des Iraniens pour qu'ils les dirigent (Elam s.d.), les autorités [traduction] « filtrent et bloquent » les sites Internet, ce qui freine l'accès aux documents (févr. 2013, 20-21). D'après l'ICHRI, [traduction] « les sites Internet en farsi sont bloqués et les quatre chaînes de télévision par satellite en farsi ne fonctionnent que de façon intermittente » (2013, 11). Toutefois, selon le président d'ICI, les chrétiens convertis peuvent effectuer des recherches sur le christianisme [traduction] « de leur propre chef », car des renseignements à ce sujet sont disponibles sur Internet (26 févr. 2014). Le chercheur principal a expliqué que certains chrétiens convertis possèdent des DVD sur le christianisme, sur lesquels on trouve notamment des chants et des vidéos (21 févr. 2014). Il a dit que certaines personnes se convertissent [traduction] « avant même de consulter la Bible », puis qu'ils assimilent ensuite ce que renferme la documentation chrétienne (21 févr. 2014).

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens que ce qui vient d'être dit.

4.4 Fêtes chrétiennes

Selon le pasteur, les Iraniens qui se sont convertis au christianisme peuvent avoir des connaissances limitées sur les fêtes chrétiennes, selon leur expérience par rapport à la culture et aux événements occidentaux, qui sont [traduction] « grandement influencés » par les traditions chrétiennes (24 févr. 2014). D'ailleurs, d'après le rapport de la mission d'enquête du Danemark et de la Norvège :

[traduction]

[L]a plupart des conversions sont directement liées à la lecture de la Bible. Ainsi, les convertis peuvent renvoyer facilement à la source, soit la Bible, et aux récits qui y sont racontés, mais pas tellement aux fêtes religieuses bien connues auxquelles renvoient généralement les chrétiens. La Bible ne contient en fait aucune mention de la célébration de Noël. Il s'agit d'une tradition qui a vu le jour plus tard au cours de l'histoire, lorsque le christianisme a été considéré comme une religion d'État. Il s'agit donc plus d'un produit de la culture chrétienne que d'une croyance biblique. De plus, selon la Bible, le récit de Pâques à propos de la mort et de la résurrection de Jésus est systématiquement célébré par les chrétiens tous les dimanches, en étant le thème central des sermons ainsi qu'au moyen de la communion (le pain et le vin). La Pâque a bien entendu aussi été respectée par les Juifs pendant la période biblique, étant liée au récit de la délivrance d'Israël de l'Égypte dans l'Ancien Testament. Par conséquent, la signification théologique de la raison pour laquelle Jésus est venu, est mort et a ressuscité est l'essence même de ce que croient, et donc célèbrent, les Iraniens convertis. Cependant, l'importance réside dans la signification qu'ont ces récits dans leurs vies personnelles et dans leur relation avec Dieu plutôt que dans la façon dont ces événements peuvent être célébrés lors d'occasions spéciales pendant l'année. Les fêtes chrétiennes ont tendance à attirer plus l'attention au sein des sociétés qui ont un patrimoine culturel historique de christianisme et qui suivent ainsi le calendrier chrétien (Danemark et Norvège févr. 2013, 14).

Le pasteur a expliqué que certains chrétiens convertis en Iran pratiquent leur foi le vendredi, car c'est une journée de congé dans ce pays (24 févr. 2014). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens que ceux présentés ci-dessus.

4.5 Baptêmes

Selon le chercheur principal, les chrétiens convertis ne sont pas tous baptisés (21 févr. 2014). Le président d'ICI a expliqué que les chrétiens convertis [traduction] « ne [se font] pas [baptiser] en Iran de nos jours », car le gouvernement a affirmé que toute personne procédant à un baptême ferait l'objet de sanctions sévères (26 févr. 2014). Il est ressorti de la mission d'enquête du Danemark et de la Norvège que, d'après l'Assemblée de Dieu [qui serait [traduction] « une église reconnue qui exerce ses activités en farsi » en Iran (ICHRI 2013, 66)], les musulmans ne peuvent plus se faire baptiser depuis quelques années (Danemark et Norvège 2013, 13). Il a été question d'un pasteur qui a déjà été emprisonné pour avoir célébré des baptêmes et du fait que ce sacrement n'est pas requis pour l'appartenance à l'Assemblée de Dieu (ibid.). Le chercheur principal a lui aussi affirmé que certaines églises ethniques ont [traduction] « plus ou moins » arrêté de baptiser les chrétiens convertis, mais que cela « ne signifie pas que de tels baptêmes ne sont pas effectués en secret » (26 mars 2014). Il a ajouté que le fait d'effectuer un baptême est considéré comme une action dangereuse et que les fidèles de l'église craignent des représailles (21 févr. 2014). La mission d'enquête du Danemark et de la Norvège en Iran a démontré que, selon une organisation internationale à Ankara, [traduction] « bon nombre des fidèles des maisons-églises ne sont pas baptisés, car il s'agit d'une preuve de conversion » et les conséquences possibles sont « graves au titre de la loi » (févr. 2013, 14). D'après le président d'ICI, la peine de mort peut être infligée (26 févr. 2014). Par ailleurs, l'ICHRI signale que les autorités iraniennes considèrent l'apostasie comme un crime [traduction] « punissable de mort » (2013, 7).

Selon le pasteur, bien que généralement, les pasteurs iraniens qui vivent en Iran ne baptisent pas les musulmans en raison des risques, certains chrétiens convertis pourraient [traduction] « tout de même se faire baptiser » en Iran (24 févr. 2014; pasteur 21 mars 2014). Il ressort du rapport de la mission d'enquête du Danemark et de la Norvège que, d'après un doyen de l'église protestante internationale d'Ankara, des baptêmes ont parfois lieu dans les maisons-églises (févr. 2013, 15). Le chercheur principal a également dit que certaines personnes se font baptiser dans les maisons-églises, dépendamment des maisons-églises, et ajoute que la décision à cet égard relève du dirigeant de fait de la maison-église (chercheur principal 21 févr. 2014). Il a de plus affirmé que certains chrétiens convertis qui se font baptiser considèrent s'être convertis au christianisme avant leur baptême (ibid.).

Plusieurs sources signalent que certains chrétiens convertis se font baptiser à l'étranger, notamment en Turquie (chercheur principal 21 févr. 2014; pasteur 24 févr. 2014; ICI 26 févr. 2014) ou en Arménie et en Azerbaïdjan (Danemark et Norvège 2013, 13). Le président d'ICI a expliqué qu'à son avis, ce processus [traduction] « peut être long », car le pasteur doit développer une relation avec la personne afin de s'assurer que sa demande de baptême est « authentique » (ibid.).

Aux dires du pasteur, de nombreux chrétiens convertis qui ont été baptisés ne possèderont pas de baptistaire (pasteur 24 févr. 2014). Selon lui, si les autorités se voyaient remettre un baptistaire, celui-ci incriminerait la personne qui s'est fait baptiser, et la personne qui a célébré le baptême et signé le document [traduction] « éprouverait des problèmes avec le régime » (ibid.). Il a ajouté que certains chrétiens convertis qui ont été baptisés pourraient recevoir leur baptistaire plus tard, par exemple au moment où ils quittent l'Iran ou après leur départ (ibid.). Il a également affirmé que les lettres de baptême [traduction] « peuvent être remises par une tierce partie », par exemple par des organisations chrétiennes américaines qui sont liées avec des églises clandestines et qui baptisent des Iraniens en secret (pasteur 24 févr. 2014; ibid. 21 mars 2014). D'après le rapport de la mission d'enquête du Danemark et de la Norvège en Iran, qui renvoie à une source de l'Assemblée de Dieu :

[traduction]

[P]our ce qui est de la documentation relative au baptême, la source jugeait très peu probable que des églises établies délivrent de tels documents. À la question de savoir si les maisons-églises délivreraient de tels documents, la source a répondu qu'il se pouvait que les fidèles célèbrent des baptêmes entre eux au sein du mouvement, mais qu'ils n'ont pas d'études théologiques officielles et qu'ils sont grandement livrés à eux-mêmes. Finalement, la source a affirmé qu'elle ne pouvait pas concevoir qu'un dirigeant d'église en titre célèbrerait officiellement le baptême d'un musulman (Danemark et Norvège févr. 2013, 13).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

British Broadcasting Corporation (BBC). 11 octobre 2011. « Guide: Christians in the Middle East ». [Date de consultation : 11 mars 2014]

Chercheur principal, Human Rights in Iran Unit, Brooklyn College, City University of New York. 21 février 2014. Entretien téléphonique.

Chercheur principal, Human Rights in Iran Unit, Brooklyn College, City University of New York. 26 mars 2014. Entretien téléphonique.

Christian Broadcasting Network (CBN) News. 14 juin 2013. Dale Hurd. « Sweden Grants Iran Christian Reza Jabbari Asylum ». [Date de consultation : 3 mars 2014]

span lang="en" xml:lang="en">Christian Broadcasting Network (CBN) News. S.d. « Our Ministries: CBN Partners ». [Date de consultation : 3 mars 2014]

Danemark et Norvège. Février 2013. Danish Refugee Council, LANDINFO, Danish Immigration Service. On Conversion to Christianity, Issues Concerning Kurds and Post-2009 Election Protestors As Well As Legal Issues and Exit Procedures. Joint Report from the Danish Immigration service, the Norwegian Landinfo and Danish Refugee Council's Fact-finding Mission to Tehran, Iran, Ankara, Turkey and London, United Kingdom. 9 November to 20 November 2012 and 8 January to 9 January 2013. [Date de consultation : 3 mars 2014]

Elam. S.d. « Elam's Mission ». [Date de consultation : 11 mars 2014]

États-Unis (É.-U.). 20 mai 2013. Department of State. « Iran ». International Religious Freedom Report for 2012. [Date de consultation : 5 mars 2014]

Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH). Juillet 2010. Discrimination Against Ethnic and Religious Minorities in Iran. [Date de consultation : 18 mars 2014]

International Campaign for Human Rights in Iran (ICHRI). 2013. The Cost of Faith: Persecution of Christian Protestants and Converts in Iran. [Date de consultation : 5 mars 2014]

International Campaign for Human Rights in Iran (ICHRI). S.d. « Background ». [Date de consultation : 5 mars 2014]

Iran Christians International (ICI). 26 février 2014. Entretien téléphonique avec le président.

Iran Christians International (ICI). S.d. « Who Is ICI? ». [Date de consultation : 5 mars 2014]

Minority Rights Group International. S.d. « Christians ». World Directory of Minorities and Indigenous Peoples. [Date de consultation : 18 mars 2014]

Nations Unies. 13 mars 2014. Conseil des droits de l'homme. Report of the Special Rapporteur on theSituation ofHhuman Rights in the Islamic Republic of Iran. A/HRC/25/61. [Date de consultation : 18 mars 2014]

Pasteur, Iranian Church of Richmond Hill, Toronto, Canada. 24 février 2014. Entretien téléphonique.

Pasteur, Iranian Church of Richmond Hill, Toronto, Canada. 21 mars 2014. Entretien téléphonique.

Autres sources consultées

Sources orales : Les tentatives faites pour joindre les organisations suivantes dans les délais voulus ont été infructueuses : Assemblies of God World Missions, Pars Theological Centre, Toronto Iranian Christian Church. Le pasteur d'une église iranienne à Toronto n'a pas pu fournir de renseignements.

Sites Internet, y compris : Ecoi.net; Factiva; Freedom House; Huffington Post; Iran – Ministry of Culture and Islamic Guidance, Office of the Supreme Leader Sayyid Ali Khamenei; Iranian Christian Television Channel; Nations Unies – Refworld; Russia Today; World Christian Database.



​​​