Réponses aux demandes d'information

​​​Les réponses aux demandes d’information (RDI) sont des rapports de recherches sur les conditions dans les pays. Ils font suite à des demandes des décideurs de la CISR.

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Les réponses aux demandes d'information (RDI) citent des renseignements qui sont accessibles au public au moment de leur publication et dans les délais fixés pour leur préparation. Une liste de références et d'autres sources consultées figure dans chaque RDI. Les sources citées sont considérées comme les renseignements les plus récents accessibles à la date de publication de la RDI.    

Les RDI n'apportent pas, ni ne prétendent apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile donnée. Elles visent plutôt à appuyer le processus d'octroi de l'asile. Pour obtenir plus de renseignements sur la méthodologie utilisée par la Direction des recherches, cliquez ici.   

C'est aux commissaires indépendants de la CISR (les décideurs) qu'il incombe d'évaluer les renseignements contenus dans les RDI et de décider du poids qui doit leur être accordé après avoir examiné les éléments de preuve et les arguments présentés par les parties.    

Les renseignements présentés dans les RDI reflètent uniquement les points de vue et les perspectives des sources citées et ne reflètent pas nécessairement la position de la CISR ou du gouvernement du Canada.    

8 novembre 2012

NGA104211.EF

Nigéria : information sur le traitement réservé aux chrétiens qui se convertissent à l’islam; le traitement réservé aux musulmans qui se convertissent au christianisme; la protection offerte par l’État aux convertis victimes de mauvais traitements

Direction des recherches, Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Contexte

Selon des sources, le Nigéria protège la liberté religieuse de ses citoyens (Freedom House 2012, 8; É.-U. 30 juill. 2012, 1). Christian Green, agrégé supérieur de recherche au Centre d’études de droit et de religion (Center for the Study of Law and Religion) de la faculté de droit de l’Université Emory, affirme dans un article publié dans la revue Emory International Law Review que le mariage mixte [traduction] « est souvent une occasion et un motif de se convertir à une autre religion » (2011, 958). Dans son International Religious Freedom Report for 2011 sur le Nigéria, le Département d’État des États-Unis signale que [traduction] « dans de nombreuses communautés, les musulmans et les chrétiens qui se sont convertis à une autre religion auraient fait l’objet d’ostracisme de la part d’adeptes de leur ancienne religion » (30 juill. 2012, 8).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un agrégé supérieur de recherche de l’Institut d’études africaines (Institute of African Studies) de l’Université du Nigéria a déclaré que les mentalités à l’égard de la conversion religieuse [traduction] « varient grandement entre les différents groupes ethnoreligieux du Nigéria » (17 oct. 2012).

2. Conversion de l’islam au christianisme

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches le 17 octobre 2012, l’agrégé supérieur de recherche de l’Institut d’études africaines de l’Université du Nigéria a fait état des renseignements qui suivent.

Les Haoussas-Foulanis et d’autres groupes apparentés vivant dans le Nord du Nigéria puisent leurs [traduction] « idéologies religieuses, socioculturelles et politiques » dans le « monde arabe », ce qui laisse croire qu’ils se considèrent comme « le bastion de l’opposition à la propagation du christianisme et de la culture occidentale au Nigéria ». Comme les chefs de la communauté haoussa-foulani [traduction] « redoutent sérieusement [l’]influence croissante de l’Occident » sur leur population, le fait pour les membres de cette communauté de se convertir de l’islam au christianisme est jugé comme une « trahison ». Les convertis se font [traduction] « ostraciser » par leur propre communauté et sont privés de la protection et du patronage de leur gouvernement d’État et des alliés musulmans, de sorte qu’ils « s’exposent à une menace à leur vie ». Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun autre renseignement allant dans le même sens. L’agrégé supérieur de recherche a émis l’avis que [traduction] « les Haoussas-Foulanis représentent un cas extrême d’intolérance musulmane à l’égard du christianisme » au Nigéria.

2.1 Conversion forcée

Des médias citent les propos du sultan de Sokoto, Alhaji Muhammad Sa’ad Abubakar, qui a déclaré lors d’un souper en compagnie de journalistes que la conversion [traduction] « forcée » de non-musulmans à l’islam n’existe pas, puisque l’islam ne préconise pas l’allégeance religieuse « par contrainte » (This Day 17 août 2012; National Accord 17 août 2012). En outre, il aurait nié l’existence d’un plan pour [traduction] « islamiser le pays » (ibid.; This Day 17 août 2012). Le sultan de Sokoto est le chef religieux des musulmans au Nigéria (Harvard University 15 sept. 2011).

Selon l’International Religious Freedom Report des États-Unis, des rapports non confirmés ont fait état de conversions forcées de chrétiens à l’islam, notamment par des membres du groupe Boko Haram (É.-U. 30 juill. 2012, 7). Le Département d’État des États-Unis décrit le groupe Boko Haram, dont le nom signifie [traduction] « "l’éducation occidentale est interdite" », comme une « secte extrémiste qui cherche à renverser le gouvernement du Nigéria et à imposer une application plus stricte de la charia dans tout le pays » (ibid.). Il est en outre précisé dans ce rapport que, dans une déclaration prononcée en février 2011, le groupe Boko Haram a recommandé que [traduction] « la violence se poursuive jusqu’à ce que le pays ait embrassé l’islam, abandonné sa constitution et adopté les lois du Coran » (ibid.). D’après Voice of America (VOA) et ciNews, un service de nouvelles quotidiennes à but non lucratif qui se consacre à des sujets d’intérêt pour les chrétiens (ciNews s.d.), le groupe Boko Haram a tué au moins 50 personnes dans l’État de Plateau au cours d’une fin de semaine de juillet 2012, et il a fait une déclaration selon laquelle les chrétiens doivent se convertir à l’islam [traduction] « sans quoi ils ne seront jamais en paix » (ibid. 13 juill. 2012; VOA 10 juill. 2012). L’agence de presse chrétienne BosNewsLife signale que le groupe Boko Haram [traduction] « a aussi donné aux chrétiens, dont ceux originaires du Nord et du Centre, le choix entre la conversion ou la mort » (11 août 2012). Dans un article antérieur, BosNewsLife cite un représentant de l’Association chrétienne du Nigéria (Christian Association of Nigeria), qui a déclaré que les membres du groupe Boko Haram ont [traduction] « torturé [et] décapité » trois pasteurs et huit chrétiens en juillet 2009 parce qu’ils résistaient à la « conversion forcée » (9 août 2009). On peut également lire dans un rapport de Human Rights Watch que le groupe Boko Haram a assassiné des personnes qui ont refusé de se convertir à l’islam pendant l’épisode de violence de juillet 2009 (oct. 2012, 45).

3. Conversion du christianisme à l’islam

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches le 17 octobre 2012, l’agrégé supérieur de recherche de l’Institut d’études africaines de l’Université du Nigéria a fait état des renseignements suivants en ce qui concerne les Ibos.

L’agrégé supérieur de recherche a affirmé que la communauté chrétienne des Ibos, qui prédomine dans l’Est, [traduction] « fait preuve d’intolérance à l’égard de la conversion à l’islam ». Les Ibos considèrent les hommes haoussas-foulanis comme [traduction] « rituellement impurs », du fait qu’ils ne sont généralement pas circoncis. Il a ajouté que les Ibos pouvaient [traduction] « défendre agressivement » la foi chrétienne et mener des campagnes d’évangélisation parmi les Haoussas-Foulanis. Selon l’avis de l’agrégé supérieur de recherche, [traduction] « pour les Ibos et les Haoussas-Foulanis, le fait de se convertir à l’autre religion constitue un acte d’apostasie extrême et une farouche rébellion contre sa propre communauté ». Il a cependant ajouté que la situation des Ibos représente [traduction] « le degré suprême d’intolérance envers la conversion à l’islam » au Nigéria. Il a également signalé que, même si les Haoussas-Foulanis encouragent la conversion du christianisme à l’islam, il est difficile pour les anciens chrétiens nouvellement convertis de s’intégrer pleinement à la communauté. Il arrive que certains musulmans traditionnels manifestent un [traduction] « mépris contenu » à l’endroit des nouveaux convertis du christianisme à l’islam, ce qui, d’après l’agrégé supérieur de recherche, se reflète dans la politique non écrite selon laquelle les nouveaux convertis du christianisme à l’islam ne peuvent occuper des postes importants dans la communauté. Par exemple, les Haoussas-Foulanis refusent qu’un converti qui ne fait pas partie de leur nation traditionnelle puisse devenir un imam ou un cadi [juge de la charia]. Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucune information allant dans le même sens. L’agrégé supérieur de recherche s’est dit d’avis que, en raison de leur interprétation du Coran, [traduction] « la plupart des musulmans traditionnels » estiment que les anciens chrétiens nouvellement convertis sont des « membres non fiables » de la communauté musulmane. Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucune information allant dans ce sens ni aucune information au sujet d’autres communautés chrétiennes du Nigéria.

4. Conversion religieuse dans le Yorubaland

Le christianisme et l’islam sont tous deux présents chez les Yoroubas (agrégé supérieur de recherche 17 oct. 2012; É.-U. 30 juill. 2012, 2). L’agrégé supérieur de recherche de l’Institut d’études africaines de l’Université du Nigéria a fourni les renseignements suivants.

L’agrégé supérieur de recherche affirme que chez les Yoroubas, les adeptes des deux religions ont un attachement commun au [traduction] « système de valeurs traditionnelles », ce qui explique en partie pourquoi, parmi eux, « il n’y a pas d’âpre rivalité entre le christianisme et l’islam telle que celle qui règne dans le Nord ». Il ajoute que les musulmans peuvent participer aux activités chrétiennes dans les églises et que, réciproquement, les chrétiens peuvent assister aux cérémonies musulmanes dans les mosquées. L’agrégé supérieur de recherche souligne toutefois [traduction] « [qu’]il existe malgré tout une légère rivalité engendrée par les conversions religieuses », et que les deux communautés s’emploient à convertir des membres de l’autre communauté. Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucune information allant dans ce sens.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.

Références

Agrégé supérieur de recherche, Institute of African Studies, University of Nigeria. 17 octobre 2012. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

BosNewsLife. 11 août 2012. « Churches Wants US to Designate Nigeria’s Boko Haram as "Terrorists" ». <http://www.bosnewslife.com/22801-churches-want-us-to-designate-nigerias-boko-haram-as-terrorists> [Date de consultation : 24 oct. 2012]

_____. 9 août 2009. « Nigeria Christians Fear Crackdown Amid Deadly Clashes ». <http://www.bosnewslife.com/8535-nigeria-christians-fear-crackdown-amid-deadly-clashes> [Date de consultation : 24 oct. 2012]

ciNews. 13 juillet 2012. « Islamic Terrorists in Nigeria Demand that Christians Convert ». <http://www.cinews.ie/article.php?artid=10474> [Date de consultation : 24 oct. 2012]

_____. S.d. « About Us ». <http://www.cinews.ie/aboutus.php> [Date de consultation : 7 nov. 2012]

États-Unis (É.-U.). 30 juillet 2012. Department of State. « Nigeria ». International Religious Freedom Report for 2011. <http://www.state.gov/j/drl/rls/irf/ religiousfreedom/index.htm?dlid=192745> [Date de consultation : 10 oct. 2012]

Freedom House. 2012. « Nigeria ». Par Carl LeVan et Patrick Ukata dans Countries at the Crossroads. <http://www.freedomhouse.org/ sites/default/files/Nigeria%20-%20FINAL.pdf> [Date de consultation : 24 oct. 2012]

Green, Christian. 2011. « Religion, Family Law, and Recognition of Identity in Nigeria ». Emory International Law Review. Vol. 25, no 2. <http://www.law.emory.edu/fileadmin/ journals/eilr/25/25.2/Green.pdf> [Date de consultation : 10 oct. 2012]

Harvard University. 15 septembre 2011. Harvard Divinity School. Jonathan Beasley. « Sultan of Sokoto, Religious Leader of Nigeria’s Muslin Community, to Visit Harvard ». <http://www.hds.harvard.edu/news-events/articles/2011/09/15/sultan-of-sokoto-religious-leader-of-nigeria’s-muslim-community-to-v> [Date de consultation : 25 oct. 2012]

Human Rights Watch. Octobre 2012. Spiraling Violence: Boko Haram Attacks and Security Force Abuses in Nigeria. <http://www.hrw.org/sites/default/files/ reports/nigeria1012webwcover.pdf> [Date de consultation : 23 oct. 2012]

National Accord [Abuja]. S.d. Sidi A. Umar. « National Insecurity: No Plans to Islamise Nigeria, Sultan Assures ». <http://www.nationalaccordnewspaper.com/index.php/ news/national-news/825-national-insecurity-no-plans-to-islamise-nigeria-sultan-assures> [Date de consultation : 25 oct. 2012]

This Day [Lagos]. 17 août 2012. Mohammed Aminu. « Sultan - No Plan to Islamise Nigeria ». (AllAfrica/Factiva)

Voice of America. 10 juilllet 2012. Heather Murdock. « Boko Haram Warns Christians to Convert or "Not Know Peace Again" ». <http://www.voanews.com/content/ boko_haram_warns_christians_to-convert_or_not_know_peace_again/1382033.html> [Date de consultation : 24 oct. 2012]

Autres sources consultées

Sources orales : Les tentatives faites pour joindre des professeurs des universités suivantes ont été infructueuses : King’s College; University of Birmingham – Centre of West African Studies; University of Edinburg – School of Divinity; University of Florida – Center for African Studies. Les tentatives faites pour joindre des représentants de BAOBAB for Women’s Human Rights ont été infructueuses.

Des professeurs de l’université suivante n’ont pas pu fournir de renseignements : University of Oxford – African Studies Centre.

Sites Internet, y compris : Africa for Women’s Rights; African Journals Online; Amnesty International; Anwar-ul Islam Movement of Nigeria; Asylum Aid; Austrian Centre for Country of Origin and Asylum Research and Documentation; Centre pour les droits reproductifs; Christian Science Monitor; Council on Foreign Relations; Danemark – Danish Immigration Service; ecoi.net; Encyclopedia of the Third World; États-Unis – Central Intelligence Agency, Department of State, Overseas Security Advisory Council; GERDDES-AFRICA; The Guardian; Islam Sharia Watchmen; Nasrul-lahi-l-Fathi Society of Nigeria; Nations Unies – Refworld, Reliefweb, Réseaux d’information régionaux intégrés; Nigéria – Ministry of Interior, Police Force; Nigerian Tribune; The Punch; Royaume-Uni – British Council, Border Agency; Saint; University of Winsconsin; Vanguard.



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