Colombie : information indiquant si les femmes qui sont à la tête d’un ménage et qui ne bénéficient pas de l’aide d’un homme ou de leur famille peuvent obtenir un logement et un emploi à Medellín; information sur les services de soutien offerts par l’État aux ménages dirigés par des femmes à Medellín; la violence à l’égard des femmes à Medellín
1. Contexte
Selon le Sondage national de 2010 sur la démographie et la santé (Encuesta Nacional de Demografia y Salud ENDS 2010), 34 p. 100 des ménages colombiens sont dirigés par des femmes (Profamilia 2010, 37). La ville de Medellín se classe en tête de liste avec 38,8 p. 100, suivie de Santiago de Cali avec 37 p. 100 et de Bogotá avec 36 p. 100 (ibid., 40).
Selon des statistiques fournies par le gouvernement de la Colombie, 3 736 032 personnes ont été déplacées en Colombie de janvier à juillet 2011; 1,05 p. 100 (ou 39 176 personnes) d’entre elles étaient de Medellín et 5,69 p. 100 (ou 212 761 personnes) ont été réinstallées dans cette ville (Medellín 31 juill. 2011). Des statistiques démontrent que 30 926 des personnes qui se sont réinstallées à Medellín étaient des mères seules (ibid.).
Le protecteur du citoyen de Medellín (Personería de Medellin) fait état, dans son rapport sur la situation des droits de la personne à Medellín pour le premier semestre de 2011 (Informe sobre la Situación de Derechos Humanos en Medellín, Primer Semestre de 2011), de l’augmentation du déplacement interurbain forcé dans la ville depuis 2008 (Medellín 26 sept. 2011, 42). Ce phénomène a connu une hausse de 74 p. 100 de 2008 à 2009, de 211 p. 100 de 2009 à 2010 et de 81 p. 100 de 2010 à 2011 (ibid.). On peut lire dans le rapport que 70 p. 100 du nombre total de plaintes de déplacement interurbain forcé dans la ville ont été portées par des femmes à la tête de leur ménage; dans 59 p. 100 des cas, la cause était la violence perpétrée par des proches, des gangs ou des groupes armés illégaux (ibid., 51).
Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, le protecteur du citoyen de Medellín a expliqué qu’il est [traduction] « difficile » pour une femme déplacée de se réinstaller à Medellín [traduction] « dans la dignité » (Medellín 25 oct. 2011). Il a expliqué que [traduction] « la discrimination et l’ostracisme [à leur égard sont] très fréquents », même dans leur propre quartier, en raison de leur lieu d’origine et du fait qu’elles sont perçues comme de la [traduction] « compétition quant à l’accès à l’aide et aux services locaux » (ibid.).
2. Logement
Selon le protecteur du citoyen de Medellín, les conditions de logement des femmes déplacées qui sont à la tête d’un ménage sont [traduction] « précaires » car elles vivent dans des établissements [traduction] « inférieurs à la normale » qui sont caractérisés par une instabilité environnementale et l’absence de services publics (ibid.).
Lors d’un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, le directeur de la Fondation Solidarité et Compromis (Fundación Solidaridad y Compromiso, Funsolcom), ONG de Medellín qui met sur pied des projets visant à aider des femmes touchées par différents types de violence (Funsolcom s.d.), a affirmé que les conditions de logement pour les femmes déplacées sont [traduction] « très difficiles » (ibid. 14 sept. 2011). Selon lui, comme la plupart des femmes déplacées s’installent en périphérie de la ville et construisent des maisons à l’aide de feuilles de plastique, elles sont constamment menacées par la pluie et les catastrophes naturelles courantes dans ces régions (ibid.). De plus, elles n’ont pas accès à l’eau potable ni à l’électricité (ibid.).
3. Emploi
Dans son rapport, le protecteur du citoyen de Medellín énonce que, d’après le Département administratif national de la statistique (Departamento Administrativo Nacional de Estadística - DANE), le taux de chômage était de 12,5 p. 100 d’avril 2010 à juin 2011 à Medellín (Medellin 26 sept. 2011, 6). De décembre 2010 à février 2011, 51,4 p. 100 des emplois disponibles étaient [traduction] « officieux » et 57,4 p. 100 des personnes ayant un emploi n’avaient pas de sécurité sociale (ibid.). Dans ce même rapport, le Secrétariat des femmes (Secretaría de las Mujeres) de la municipalité de Medellín signale que, sur 1 102 ménages qui ont participé à un programme connu sous le nom d’Autonomie économique (Autonomía Económica), [traduction] « uniquement » 55 p. 100 des femmes gagnaient entre 1,40 $ US et le salaire minimum quotidien légal, ce qui équivaut à une moyenne de revenu mensuel de 363 397 pesos colombiens (COP) [194 $ CAN (XE 28 oct. 2011)] (Medellín 26 sept. 2011, 6). Selon le protecteur du citoyen de Medellín, il est [traduction] « difficile pour [les femmes déplacées à Medellín] d’obtenir un emploi décent » étant donné leur faible niveau d’éducation et la discrimination qu’elles subissent dans leurs recherches à ce titre (ibid. 25 oct. 2011).
Dans la majorité des cas, le protecteur du citoyen souligne que les mères seules déplacées trouvent un emploi dans le secteur non structuré, ou comme bonnes (ibid.). Le directeur de Funsolcom a confirmé ce qui précède, ajoutant que les mères seules déplacées sont [traduction] « exploitées et très mal rémunérées »; leur salaire varie de 5 000 COP par jour [2,65 $ CAN (XE 31 oct. 2011a)] à 80 000 COP par mois [43 $ CAN (XE 31 oct. 2011b)] (Funsolcom 14 sept. 2011). En décembre 2011, on pouvait lire dans El País, journal de Santiago de Cali, que le salaire minimum mensuel en Colombie pour 2012 serait de 566 700 COP [316 $ CAN (XE 25 janv. 2012)] (El País 16 déc. 2011).
4. Violence à l’égard des femmes
4.1 Violence familiale
Selon le protecteur du citoyen de Medellín, les taux de violence familiale et sexuelle dans la ville sont [traduction] « préoccupants » étant donné la situation sociale actuelle et le [traduction] « nombre insuffisant » d’enquêtes et de sanctions efficaces pour les agresseurs (Medellín 25 oct. 2011). On peut également lire dans le rapport du protecteur du citoyen que les femmes en situation de déplacement peuvent subir de la violence familiale [traduction] « sous toutes ses formes » (ibid. 26 sept. 2011, 52). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, le directeur technique de l’Unité du déplacement forcé (Forced Displacement Unit) de la municipalité de Medellín a expliqué que la violence familiale est [traduction] « inquiétante » et présente dans toute la ville (ibid. 13 oct. 2011).
Selon le ENDS 2010, en 2010, 40,7 p. 100 des femmes étaient victimes de violence de la part de leur époux ou de leur partenaire à Medellín, et 16,3 p. 100 de la part d’autres personnes (Profamilia 2010, 371, 384). Dans 78,4 p. 100 des cas, les victimes n’ont pas sollicité d’aide juridique ni de soins de santé (ibid., 376). Le directeur technique a expliqué que les Centres d’aide à la famille (Comisarías de Familia) ont prêté assistance à 3 767 victimes de violence familiale de janvier à août 2011; 83 p. 100 d’entre elles étaient des femmes (Medellín 13 oct. 2011). D’après des statistiques de l’Institut national de médecine légale et de criminalistique (Instituto Nacional de Medicina Legal y Ciencias Forenses - INMLCF), 4 790 cas de violence familiale ont été signalés à Medellín de janvier à novembre 2011 (Colombie déc. 2011).
Pour ce qui est de la violence sexuelle, le protecteur du citoyen mentionne que 63 p. 100 de ces cas se sont produits au sein de ménages, suivis par 22 p. 100 dans des lieux publics (Medellín 25 oct. 2011). D’après des statistiques compilées par le Centre d’aide intégrée aux victimes de violence sexuelle (Centro de Atención Integral a Víctimas de Violencia Sexual - CAIVAS), 313 plaintes contre des crimes de violence sexuelle ont été portées par des femmes de janvier à juin 2011; la majorité de ces cas étaient liés à de la violence conjugale et familiale (ibid. 26 sept. 2011, 33).
4.2 Autre type de violence
Dans son rapport, le protecteur du citoyen dénonce le recours à la violence sexuelle contre les filles et les femmes à titre de [traduction] « stratégie de guerre et de contrôle social » dans certains quartiers de la ville (ibid., 51). Les femmes [traduction] « constituent un prix convoité » par les groupes en guerre qui cherchent à obtenir le [traduction] « contrôle social des corps et des vies des femmes et des filles » (ibid.). Dans un article publié par El Mundo, journal de Medellín, on signale que, dans la majorité des cas, les membres de gang considèrent les femmes comme des [traduction] « objets » de faveurs sexuelles (29 août 2011). Les 2010 Country Reports des États-Unis pour la Colombie font état de la présence d’une [traduction] « structure de violence sexuelle systémique à l’égard des femmes et des filles par certains intervenants armés [et du fait que cette violence] est demeurée l’une des principales causes du déplacement forcé » en 2010 (8 avr. 2011).
Le protecteur du citoyen a aussi souligné la présence de [traduction] « frontières invisibles » dans les quartiers où des gangs locaux se disputent des territoires pour le contrôle économique et social (Medellín 25 oct. 2011). Selon lui, lorsque des femmes sont liées à des membres de gang, le conflit armé a une [traduction] « incidence disproportionnée » sur elles comparativement aux hommes, car elles deviennent la cible [traduction] « [d’] agressions et de mesure de rétorsion » (ibid.). Le directeur de Funsolcom affirme que le déplacement continu est très courant; dans certains cas, les femmes ont été déplacées trois ou quatre fois (Funsolcom 14 sept. 2011).
Dans son rapport, le protecteur du citoyen souligne aussi que 18 p. 100 des disparitions forcées dans la ville concernent des [traduction] « enfants et des adolescents, majoritairement de sexe féminin; ils sont victimes d’homicides, de menaces et de violence sexuelle » (Medellín 26 sept. 2011, 18). La municipalité de Medellín a signalé 94 meurtres de femmes de janvier à juillet 2011; 52 p. 100 d’entre eux sont considérés comme des [traduction] « fémicides [c’est-à-dire] des meurtres de femmes fondés sur leur sexe » (ibid. 25 nov. 2011).
5. Services gouvernementaux
Le directeur de Funsolcom a expliqué que le gouvernement offre des subventions aux ménages dirigés par des femmes (Funsolcom 14 sept. 2011). D’après le rapport du protecteur du citoyen de Medellín, la municipalité de Medellín offre de l’aide aux personnes déplacées par l’entremise des programmes suivants : Aide humanitaire immédiate (Atención Humanitaria Inmediata - AHI), Aide humanitaire d’urgence (Atención Humanitaria de Emergencia - AHE) et Aide humanitaire transitoire (Atención Humanitaria Transitoria - AHT) (Medellín 26 sept. 2011, 43). Pour 2010, AHI disposait d’un budget de 55 558 millions de pesos colombiens [29 400 000 $ CAN (XE 7 nov. 2011)] (Medellín 26 sept. 2011, 43). Le directeur technique de la municipalité de Medellín a signalé que l’Unité de déplacement forcé était venue en aide à 10 868 ménages dirigés par des femmes grâce à AHE en 2010 et à 15 626 de janvier à octobre 2011 (ibid. 13 oct. 2011).
Le directeur technique a également expliqué que, même si le Secrétariat des femmes de la municipalité de Medellín n’a aucun programme précis pour les femmes déplacées, celles-ci sont admissibles à des programmes comme Foyers d’accueil (Hogares de Acogida), l’École de recherche pour les femmes adultes (La Escuela Busca a la Mujer Adulta) et Avis juridique (Asesoría Jurídica) (ibid. 13 oct. 2011).
Toutefois, des sources signalent qu’étant donné [traduction] « [l’] ampleur du problème », l’aide offerte par le gouvernement est insuffisante (ibid. 26 sept. 2011, 42; Funsolcom 14 sept. 2011). Selon le directeur de Funsolcom, les familles qui reçoivent de l’aide comptent de nombreux membres (14 sept. 2011). Elle a aussi souligné que certaines femmes déplacées ne disposent d’aucun renseignement à propos des programmes d’aide dont elles peuvent bénéficier, car elles refusent de dénoncer leurs agresseurs aux autorités de l’État par crainte qu’ils les retrouvent (Funsolcom 14 sept. 2011).
Dans son rapport, le protecteur du citoyen fait également état des [traduction] « difficultés » du système de refuge, comme le surpeuplement, les vols, la violence familiale, les agressions physiques, le manque de protection en matière de santé et le refus essuyé par les victimes qui ont déjà une famille et un réseau social dans la ville (Medellín 26 sept. 2011, 43). Il souligne que, dans de nombreux cas, les victimes doivent attendre des années avant de pouvoir obtenir de l’aide (ibid.).
Pour ce qui est de la violence familiale et sexuelle, El Mundo fait état de l’ouverture d’un Centre d’aide aux victimes (Centro de Atención de Víctimas - CAV) à Medellín, qui prête assistance dans les cas de [traduction] « violence sexuelle, meurtre ou violence conjugale » (22 nov. 2011). Le CAV compte un avocat, un psychologue et un travailleur social qui offrent de l’aide en matière criminelle ainsi que des services psychosociaux (ibid.). La Corporation Vamos Mujer, organisation féministe qui promeut le respect des droits de la personne et les négociations pacifiques en cas de conflit (s.d.a), explique aussi que les victimes de violence sexuelle peuvent s’adresser à l’Unité permanente de défense des droits de la personne du protecteur du citoyen de Medellin (Unidad Permanente para los Derechos Humanos de la Personería), aux centres d’aide au consommateur (Salas de Atención al Usuario - SAU) du Bureau du procureur général (Fiscalía General de la Nación), à l’Institut colombien du bien-être familial (Instituto Colombiano de Bienestar Familiar - ICBF) ou à la police nationale (Corporation Vamos Mujer s.d.b).
Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.
Références
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_____. 25 octobre 2011. Personería de Medellín. Communication écrite du protecteur du citoyen de Medellín.
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Autres sources consultées
Sources orales : Les tentatives faites pour joindre des représentants des organisations suivantes ont été infructueuses : Agencia Presidencial para la Acción Social y la Cooperación Internacional, Centro de Investigación y Educación Popular, Defensoría del Pueblo, Instituto Colombiano de Bienestar Familiar, Instituto Popular de Capacitación, Sisma Mujer, Universidad de Antioquia et Universidad Nacional.
Sites Internet, y compris : Amnesty International; Colombie – Alta Consejería Presidencial para la Equidad de la Mujer, Ministerio de la Protección Social; El Colombiano; Comisión de la Unión Europea en Colombia; Comisión Colombiana de Juristas; Cruz Roja de Colombia; El Espectador; Factiva; Freedom House; Gobernación de Antioquia; Human Rights Watch; Minority Rights Group International; Organización Internacional para las Migraciones; Opción Legal; Pastoral Social; El Tiempo; UNIFEM.