Réponses aux demandes d'information

​​​Les réponses aux demandes d’information (RDI) sont des rapports de recherches sur les conditions dans les pays. Ils font suite à des demandes des décideurs de la CISR.

La base de données contient les RDI en français et anglais archivées depuis sept ans. Les RDI antérieures sont accessibles sur le site Web European Country of Origin Information Network.

Les RDI publiées par la CISR sur son site Web peuvent contenir des documents annexés inaccessibles en raison de problèmes techniques et peuvent inclure des traductions de documents initialement rédigées dans d'autres langues que l'anglais ou le français. Pour obtenir une copie d'un document annexé et/ou une version traduite des documents annexés de RDI, veuillez en faire la demande par courriel.

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Les réponses aux demandes d'information (RDI) citent des renseignements qui sont accessibles au public au moment de leur publication et dans les délais fixés pour leur préparation. Une liste de références et d'autres sources consultées figure dans chaque RDI. Les sources citées sont considérées comme les renseignements les plus récents accessibles à la date de publication de la RDI.    

Les RDI n'apportent pas, ni ne prétendent apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile donnée. Elles visent plutôt à appuyer le processus d'octroi de l'asile. Pour obtenir plus de renseignements sur la méthodologie utilisée par la Direction des recherches, cliquez ici.   

C'est aux commissaires indépendants de la CISR (les décideurs) qu'il incombe d'évaluer les renseignements contenus dans les RDI et de décider du poids qui doit leur être accordé après avoir examiné les éléments de preuve et les arguments présentés par les parties.    

Les renseignements présentés dans les RDI reflètent uniquement les points de vue et les perspectives des sources citées et ne reflètent pas nécessairement la position de la CISR ou du gouvernement du Canada.    

2 septembre 2004

JOR42883.EF

Jordanie : information sur le risque que court un homme accusé par les parents d'une jeune femme d'avoir eu une relation illicite avec elle et menacé de mort; protection offerte à ces hommes; mentions d'hommes tués dans des «  crimes d'honneur
Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié, Ottawa

Les victimes des crimes [traduction] «  d'honneur  » mentionnées dans les sources consultées par la Direction des recherches étaient toutes des femmes (AFP 4 mars 2004; ibid. 31 mai 2004; ibid. 27 juin 2004; AP 20 avr. 2004; ibid. 22 avr. 2004; ibid. 29 juill. 2004; HRW avr. 2004; ibid. 20 avr. 2004; IPR Middle East News 12 mai 2004; UPI 3 juin 2004). Toutefois, dans une communication écrite du 25 août 2004 envoyée à la Direction des recherches, une anthropologue de l'université Radbound aux Pays-Bas, qui a fait une étude in situ approfondie en Jordanie, a fourni l'information suivante sur les crimes d'honneur commis à l'endroit d'hommes.

L'anthropologue a mentionné que même si les femmes sont plus souvent victimes des crimes d'honneur, les hommes peuvent également en faire l'objet. En Jordanie, le stigmate social associé aux relations sexuelles illicites est tel que les menaces de [traduction] «  vengeance violente  » sont courantes. Ces menaces sont dirigées à la fois contre la femme et contre l'homme impliqués dans la relation. L'anthropologue a souligné que ce n'est pas tant la relation illicite elle-même que son dévoilement public qui provoque une réponse. Le degré d'humiliation publique de la famille et la mesure dans laquelle la relation peut être prouvée influencent tous deux la probabilité que les menaces soient mises à exécution. En parlant non seulement de la Jordanie, mais aussi des crimes d'honneur en général, l'anthropologue a affirmé que le meurtre n'est pas le résultat typique des crimes d'honneur et qu'il se produit uniquement dans les cas les plus extrêmes; parmi les méthodes normales de sauver les apparences, on peut notamment divorcer une femme adultère, marier une jeune femme, déménager ou [traduction] «  trouver des excuses  » pour certains comportements.

L'anthropologue a ensuite mentionné que les couples qui n'obtiennent pas l'approbation de leur famille, de la société ou de la loi jordanienne (p. ex. : une femme musulmane et un chrétien) quittent habituellement la Jordanie par crainte de vengeance. L'anthropologue a trouvé un cas où la famille traitait les fautifs comme s'ils étaient morts. Lorsque l'anthropologue a interrogé la famille concernant leur fille, les membres lui ont répondu qu'ils allaient les tuer, elle et son mari, à coup de fusil si jamais ils revenaient. Selon l'anthropologue,

[traduction]

[...] [u]n homme qui a une relation illicite avec une jeune femme, mais qui ne veut pas l'épouser, ou l'homme qui séduit une femme mariée et qui est découvert, ferait bien de trouver refuge ailleurs. Lorsque les gens parlent de vengeance violente, c'est toujours en terme de mort. Battre gravement un homme qui a violé l'honneur de la famille n'est pas suffisant pour le laver.

L'anthropologue a mentionné qu'elle n'était au courant d'aucune protection offerte aux hommes menacés de crimes d'honneur, mis à part les peines [traduction] «  souvent moins sévères  » pour les crimes d'honneur.

L'anthropologue connaissait en Jordanie le cas d'un célibataire musulman qui a épousé secrètement une chrétienne (leur mariage serait illégal en Jordanie). Le frère de l'épouse les a retracés et a attaqué l'homme. Les deux hommes sont morts au cours de l'échange de coups de feu qui s'en est suivi. Mis à part ce [traduction] «  cas historique  », l'anthropologue a affirmé que même si des menaces violentes sont souvent proférées, la majorité des couples fuient avant de subir des représailles graves.

Dans une communication écrite du 31 août 2004 envoyée à la Direction des recherches, une professeure d'anthropologie de l'université de Linkoping, en Suède, spécialiste de la condition féminine en Jordanie et en Syrie, a fourni l'information suivante. Elle a reconnu qu'en Jordanie, les hommes qui sont accusés d'avoir eu une relation illicite font également l'objet de menaces. Elle a ajouté qu'à sa connaissance, l'État de Jordanie n'offre aucune protection. Toutefois, l'anthropologue a ajouté qu'elle ne connaît aucun cas où un homme a été tué dans un crime d'honneur, puisque les femmes sont habituellement celles qui sont blâmées lorsqu'un crime d'honneur concerne une relation sexuelle illicite.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais prescrits. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous la liste des autres sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Agence France-Presse (AFP). 27 juin 2004. «  Teenage Runaway Killed By Brother in New Jordan Honour Crime  ». (Dialog)

_____. 31 mai 2004. «  Jordanian Woman Killed by Brothers in New "Honour Crime"  ». (Dialog)

_____. 4 mars 2004. «  Jordanian Man Kills Sister for "Family Honour": Daily  ». (Dialog)

Associated Press (AP). 29 juillet 2004. Jamal Halaby. «  Jordanian Probe into Honor Killing Book Finds It Fabricated Events  ». (Dialog)

_____. 22 avril 2004. «  Jordanian Man Stabs Pregnant Sister to Death to "Cleanse Family Honor"  ». (Dialog)

_____. 20 avril 2004. Shafika Mattar. «  U.S. Human Rights Group Accuses Jordanian Government of Failing to Protect Female "Honour" Crime Victims  ». (Dialog)

Human Rights Watch (HRW). 20 avril 2004. «  Jordan: Victims Jailed in "Honor" Crime Cases  ». (Dialog)

_____. Avril 2004. Vol. 16, no 1. «  Honoring the Killers: Justice Denied for "Honor" Crimes in Jordan  ». <http://hrw.org/reports/2004/jordan0404/> [Date de consultation : 18 août 2004]

Info-Prod Research (IPR) Middle East News. 12 mai 2004. «  Jordan: Man Walks Free after Killing Sister for Reasons of "Family Honor"  ». (Dialog)

United Press International (UPI) News. 3 juin 2004. «  New Mother Slain in Jordan Honor Killing  ». (Dialog)

Université de Linkoping, Linkoping, Suède. 31 août 2004. Communication écrite d'une professeure d'anthropologie spécialiste de la condition féminine en Jordanie et en Syrie.

Université Radbound, Nijmegen, Pays-Bas. 25 août 2004. Communication d'une anthropologue spécialiste de la condition féminine en Algérie et en Jordanie.

Autres sources consultées

Plusieurs experts de la condition féminine ou des crimes d'honneur en Jordanie n'ont pas répondu à une demande d'information de la Direction des recherches dans les délais prescrits.



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