Responses to Information Requests

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9 septembre 2015

NGA105219.EF

Nigéria : information sur la façon dont la bisexualité est comprise et perçue au Nigéria; information indiquant si la bisexualité se distingue de l’homosexualité tant masculine que féminine (2014-juin 2015)

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Contexte de la bisexualité au Nigéria

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, la directrice administrative de l’Initiative pour la santé et l’égalité des droits des femmes (Women’s Health and Equal Rights Initiative - WHER), une ONG établie à Lagos qui offre de l’éducation sur la santé et les droits, un soutien psychologique et un centre de ressources pour les minorités sexuelles féminines, a déclaré qu’au Nigéria, [traduction] « toute orientation sexuelle autre que l’hétérosexualité est considérée comme dénaturée, diabolique et immorale », et que « la sexualité des gens est contrôlée par des lois, des politiques et la culture » (WHER 6 juill. 2015). De même, d’après une mission d’enquête suédoise de 2014 dont le but était d’examiner le contexte culturel des personnes LGBT au Nigéria, la perception qu’a la société de l’homosexualité est fondée sur [traduction] « l’opinion voulant que l’homosexualité soit une anomalie, un péché et une abomination » (Suède 18 déc. 2014, 5). En outre, selon des sources, les gens estiment que l’orientation sexuelle est un choix (ibid.; WHER 6 juill. 2015) et que l’homosexualité peut être guérie par [traduction] « la prière et la discipline » (ibid.).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur agrégé d’anthropologie au Collège Purchase de l’Université d’État de New York, qui a effectué des recherches ethnographiques sur les minorités sexuelles au Nigéria, a déclaré ceci :

[traduction]

la « bisexualité » […] est rarement appelée ainsi par les Nigérians que j’ai rencontrés au cours de mes 24 ans de recherche sur le pays et dans le pays. [Toutefois], il y a des gens dont la vie et la conception qu’ils ont d’eux-mêmes peuvent être qualifiées de « bisexuelles ». La notion de bisexualité est généralement associée à l’homosexualité ou au lesbianisme (professeur agrégé 17 juill. 2015).

De même, des sources signalent que, dans la société nigériane, on ne fait pas la distinction entre bisexualité et homosexualité (TIERs 30 juin 2015; WHER 6 juill. 2015) dans les [traduction] « collectivités hétérosexuelles » (ibid.). Des sources déclarent que la bisexualité n’est pas vue d’un meilleur œil que l’homosexualité au Nigéria (ICARH 29 juill. 2015; professeur agrégé 17 juill. 2015; WHER 12 août 2015), et que les bisexuels ne sont pas plus acceptés que les homosexuels (ibid.). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, le directeur administratif de l’Initiative pour l’égalité des droits (The Initiative for Equal Rights - TIERs), une organisation LGBT établie à Lagos qui œuvre dans le domaine de l’aide juridique, de la protection des droits de la personne et des services de soutien au Nigéria, a déclaré que [traduction] « les hommes et les femmes bisexuels se heurtent au stéréotype » selon lequel la société est convaincue qu’une personne ne peut être bisexuelle, et qu’elle doit forcément être soit homosexuelle, soit hétérosexuelle (TIERs 30 juin 2015).

La même source a expliqué que

[traduction]

la bisexualité dans le contexte de la culture nigériane peut être mieux comprise du point de vue du mariage. Au Nigéria, le mariage représente la maturité et les liens familiaux préservant la descendance. Toute autre relation sexuelle à des fins non procréatrices est inacceptable (ibid.).

Au cours d’un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, un professeur d’études mondiales à l’Université Queen’s, dont les recherches portent, entre autres, sur [traduction] « le sexe et la sexualité en Afrique, et surtout sur les concepts culturels de la sexualité non normative », a déclaré que

[traduction]

[l]e mariage, dans le contexte culturel du Nigéria, n’est pas négociable. Les parents, les frères et sœurs, les grands-parents et les communautés religieuses exercent d’immenses contraintes sociales et familiales pour le mariage, souvent pour garantir l’acquisition d’une dot, par exemple. Au Nigéria, une personne doit se marier pour que la société la considère comme étant une « adulte ». Si une personne ne se marie pas au bout d’un certain temps, la famille/la communauté posera des questions à son sujet. Il arrive que des gens se marient, aient des enfants, s’acquittent de leurs obligations sociales, mais continuent quand même d’avoir des relations avec des personnes du même sexe en dehors du mariage. Toute discussion à ce sujet est taboue. La sexualité n’est pas un sujet qui est abordé ouvertement dans la société et les familles au Nigéria (professeur 10 juin 2015).

Selon la même source, la notion de bisexualité au Nigéria est [traduction] « relativement nouvelle dans le discours sur les études relatives à la sexualité, quoique la pratique ne le soit pas » (ibid.). Le professeur agrégé a déclaré qu’il est [traduction] « assez courant [pour des bisexuels] partout au Nigéria » d’entretenir des relations avec le sexe opposé, leur permettant de « "passer" pour des hétérosexuels », à cause de la « persécution homophobe », mais que, a-t-il expliqué, au Nigéria, « cela est rarement qualifié de "bisexualité" » (professeur agrégé 17 juill. 2015). Le directeur administratif de la TIERs et la directrice administrative de la WHER ont tous deux déclaré que certains LGBT entreprennent des relations hétérosexuelles pour [traduction] « couvrir » des relations homosexuelles, et que certains bisexuels se marient avec des membres du sexe opposé en raison des contraintes que la société exerce sur eux pour qu’ils se marient et aient des enfants, mais aussi à cause de la réprobation sociale, de l’homophobie et pour éviter tout soupçon d’orientation non hétérosexuelle (WHER 6 juill. 2015; TIERs 30 juin 2015). Le directeur administratif de la TIERs a expliqué que les bisexuels peuvent rester dans une relation hétérosexuelle pendant de nombreuses années par [traduction] « crainte d’être isolés de leur famille et d’être rejetés par celle-ci » (ibid.). La directrice administrative de la WHER a aussi expliqué que, dans un contexte où les gens ne peuvent pas exprimer leur sexualité ouvertement, [traduction] « il est difficile de définir la bisexualité » (WHER 6 juill. 2015) en raison du taux élevé d’homophobie au sein de la société et directement chez les personnes visées (ibid. 12 août 2015).

Au cours d’un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, la directrice des programmes de la division du VIH/sida du Population Council à Abuja, une organisation de recherche en santé qui gère un réseau national de cliniques au Nigéria pour les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH), a expliqué qu’au Nigéria, certaines des personnes qui ont un comportement homosexuel [traduction] « ne s’identifient pas forcément en tant que "gais" ou "lesbiennes", etc. » (directrice des programmes 4 juill. 2015). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un représentant du Centre international de revendication du droit à la santé (International Centre for Advocacy on Right to Health - ICARH), un groupe indépendant de recherche axée sur [traduction] « les droits des minorités sexuelles et [des personnes atteintes du VIH et du sida] au Nigéria » (ICARH s.d.), a déclaré que [traduction] « [l]a communauté LGBT n’utilise par les étiquettes répandues comme "gai", "lesbienne", "bisexuel" et "transgenre" » (ICARH 29 juill. 2015). La même source a ajouté que les membres de la communauté LGBT au Nigéria utilisent leurs propres termes d’argot, mais qu’il n’y a [traduction] « aucun terme désignant les bisexuels […], ce qui fait ressortir le fait que cette population n’est pas vraiment reconnue au sein de la communauté LGBT » (ibid.). Selon le représentant d’ICARH, [traduction] « [v]raiment très peu de Nigérians se déclarent volontairement "bisexuels", et quand ils le font, c’est rarement ouvertement » (ibid.). De même, la directrice administrative de la WHER a expliqué que les activités homosexuelles tant chez les personnes qui sont dans des relations homosexuelles que dans des relations hétérosexuelles demeurent [traduction] « cachées », et que le terme « bisexuel » est « utilisé en privé et seulement entre personnes de la communauté LGBT ou leurs alliés » (WHER 12 août 2015). Quelquefois, le terme est aussi adopté en privé par des personnes gaies et lesbiennes qui entretiennent aussi des relations hétérosexuelles (ibid.).

1.1 Bisexualité féminine

Le directeur administratif de la TIERs a déclaré que les hommes avaient auparavant jusqu’à 40 ans avant de se marier, tandis que les femmes étaient poussées à le faire à un plus jeune âge; cependant, il a signalé que les contraintes sur les deux sexes pour le mariage se sont intensifiées (TIERs 1er juill. 2015). La directrice des programmes du Population Council à Abuja a déclaré que tant les hommes que les femmes qui pratiquent des activités homosexuelles se marient pour se fondre dans la société dominante (directrice des programmes 4 juill. 2015). Selon un rapport publié en 2011 par la Commission internationale pour les droits des gais et des lesbiennes (International Gay and Lesbian Human Rights Commission - IGLHRC) au sujet du chantage exercé à l’endroit des lesbiennes et des bisexuelles au Nigéria, rapport fondé sur des entretiens avec 25 lesbiennes et bisexuelles dans 10 villes, les femmes étaient plus susceptibles de déclarer volontairement qu’elles sont bisexuelles que lesbiennes, tandis que d’autres se désignaient comme étant des [traduction] « lesbiennes mariées » parce qu’elles estimaient qu’elles devaient épouser un homme pour « être respectables dans la société » ou pour avoir des enfants (Azuah 2011, 47, 48).

Selon le rapport de l’IGLHRC, [traduction] « le lesbianisme est plus toléré que l’homosexualité masculine » (Azuah 2011, 47). Le professeur a expliqué que, dans le cas des femmes qui ont des activités bisexuelles ou homosexuelles en dehors du mariage, il y a une [traduction] « forte motivation à rester discrètes » sur le sujet, et « beaucoup de honte pour le mari et la famille » si cela est révélé (professeur 10 juin 2015). Toutefois, il a aussi expliqué que le comportement homosexuel chez les femmes pourrait être [traduction] « moins pris au sérieux » par le mari et la famille de la femme, car les femmes et les filles sont perçues par leurs familles comme ayantt « "moins de maturité" », ou parce qu’il n’y a « aucun risque de grossesse et [un] faible risque d’infections transmissibles sexuellement » (ibid.). La directrice des programmes a déclaré que [traduction] « la famille d’une fille est plus susceptible d’être à l’aise de la voir fréquenter des amies femmes que des amis hommes, et, pour cette raison, une femme bisexuelle peut s’en tirer un peu plus facilement […] sans être soupçonnée d’être homosexuelle » (directrice des programmes 4 juill. 2015).

Cependant, d’après l’IGLHRC, les lesbiennes et les bisexuelles questionnées pour le rapport de 2011 sur la situation au Nigéria ont déclaré qu’elles subissaient les mêmes contraintes [traduction] « subtiles et explicites » exercées sur toutes les femmes au Nigéria : mariage, enfants, harcèlement sexuel, menaces de viol et d’agression, et manque de mesures de soutien juridique (Azuah 2011, 57). La directrice administrative de la WHER a déclaré que [traduction] « le Nigéria est un pays patriarcal et sexiste […] [que] les femmes dans ce pays sont particulièrement touchées par la violence fondée sur le sexe, le sexisme et le patriarcat », que dans certaines cultures, « les femmes ne sont pas supposées prendre plaisir aux rapports sexuels », surtout pas aux « rapports homosexuels » (WHER 6 juill. 2015), et que les femmes sont censées dépendre financièrement de leur famille et de leur mari (ibid. 12 août 2015). Le directeur administratif de la TIERs a aussi déclaré que, compte tenu des préjugés qu’a la société à l’endroit des femmes et de la perception qu’elles sont [traduction] « faibles » et ont besoin d’être « surveill[ées] » par les hommes, il est plus difficile pour les femmes d’avoir des relations homosexuelles (TIERs 30 juin 2015). La source a expliqué qu’en particulier, les femmes célibataires qui ont des partenaires du même sexe jouissent de peu d’intimité en raison de leur [traduction] « célibat », et qu’elles sont « surveillées directement et indirectement par la famille et la communauté », ce qui les limite dans l’expression de leur identité sexuelle (ibid.).

2. Lois

Des sources déclarent que le droit pénal fédéral prévoit une peine maximale de 14 ans de prison pour les activités homosexuelles (É.-U. 25 juin 2015, 42; Suède 18 déc. 2014, 7). Les personnes déclarées coupables d’activités homosexuelles dans les États régis par la charia, surtout dans les régions du nord du pays, sont passibles d’une peine de mort par lapidation (ibid.; É.-U. 25 juin 2015, 42). Des cas de peines de flagellation pour activité homosexuelle auraient été signalés en 2014 (ibid.; BBC 1er avr. 2014). La loi interdisant les mariages homosexuels (Same Sex Marriage Prohibition Act - SSMPA) a été adoptée au Nigéria en 2014 (AI 2015; É.-U. 25 juin 2015, 41). Selon les Country Reports 2014, au titre de la SSMPA,

[traduction]

toute personne reconnue coupable d’avoir contracté un mariage ou une union civile avec une personne du même sexe est passible d’une peine de prison maximale de 14 ans. De plus, toute personne reconnue coupable « d’aider la célébration d’un mariage ou d’une union civile entre deux personnes du même sexe, ou d’appuyer l’enregistrement, l’exploitation et la subsistance de clubs, sociétés, organisations, défilés ou rencontres gais », ou « d’enregistrer ou d’exploiter des clubs, sociétés ou organisations gais, ou d’y participer, ou de poser publiquement des gestes qui démontrent, directement ou indirectement, une relation amoureuse homosexuelle » commet un délit punissable d’une peine d’emprisonnement de 10 ans (ibid., 41-42).

La même source déclare que la SSMPA [traduction] « rend pratiquement illégale toute activité qui appuie ou défend les droits des LGBT » (ibid., 41). Selon la mission d’enquête suédoise, la nouvelle loi a [traduction] « semé la peur et la panique » chez les minorités sexuelles (Suède 18 déc. 2015, 8).

3. Traitement
3.1 Traitement réservé par la société

Des sources signalent qu’après l’adoption de la SSMPA, on aurait signalé une augmentation des menaces et du harcèlement à l’endroit des personnes LGBT (AI 2015; É.-U. 25 juin 2015, 42; TIERS 30 juin 2015). Selon des sources, depuis l’adoption de la loi, les LGBT épousent des membres du sexe opposé pour éviter d’être accusés d’homosexualité (WHER 6 juill. 2015; TIERs 30 juin 2015), ou [traduction] « restent discrets » en raison de l’hostilité accrue à l’endroit des LGBT (ibid.). De même, la directrice des programmes a déclaré qu’après l’adoption de la SSMPA, il y a aussi eu des cas où des hommes et des femmes LGBT se sont mariés entre eux pour éviter tout soupçon (4 juill. 2015). La directrice administrative de la WHER a signalé que, dans certains cas, des LGBT sont [traduction] « poussés par des contraintes et le chantage à contracter un mariage hétérosexuel » (6 juill. 2015). D’après la directrice des programmes, dès l’adoption de la SSMPA, pendant quelques mois, les gens [traduction] « sont entrés dans la clandestinité » et la participation dans les cliniques de santé et les centres de services à l’intention des HARSAH a chuté, les clients changeant de numéro de téléphone et ne voulant plus être associés aux cliniques pour les HARSAH (directrice des programmes 4 juill. 2015). Le professeur d’études mondiales a affirmé que la situation s’aggrave pour les LGBT au Nigéria, et que le contexte social ne tolère pas les minorités sexuelles (10 juin 2015). Le directeur administratif de la TIERs a signalé que les identités homosexuelles sont principalement attribuées à une importation ou à un mal [traduction] « de l’Occident » (TIERs 30 juin 2015). De même, la mission d’enquête suédoise a constaté que l’homosexualité est considérée comme [traduction] « non africaine » (14 déc. 2014, 6).

Selon des sources, au Nigéria le principe du [traduction] « ni vu, ni connu » est fort en ce qui concerne l’activité homosexuelle (directrice des programmes 4 juill. 2015; professeur 10 juin 2015). Le professeur fait remarquer que, dans un tel contexte, personne ne parle de l’homosexualité, les gens prétendent qu’elle n’existe pas, et les bisexuels sont tenus d’être [traduction] « discrets » au sujet de leur sexualité (ibid.). Selon le directeur administratif de la TIERs, une personne dont la bisexualité est cachée peut [traduction] « se fondre » plus aisément dans le paysage des grandes villes, mais, dans les zones rurales, les communautés sont « plus étroitement unies », et l’orientation d’une personne peut « être facilement mise au jour » (TIERs 30 juin 2015). De même, la directrice des programmes a déclaré que les zones urbaines ont une plus grande proportion de LGBT, et que les zones rurales conservent une plus forte culture du silence où l’on ne parle pas de sexualité (4 juill. 2015).

3.1.1 Groupes religieux

On peut lire dans le rapport de la mission d’enquête suédoise que le Nigéria est une société [traduction] « homophobe et profondément religieuse », qu’il n’y a « pas un courant religieux dans le pays qui ne s’est pas opposé à l’homosexualité » et que, dans les églises et les mosquées, « on prêche que c’est l’œuvre du diable » (Suède 18 déc. 2014, 6, 7). De même, la TIERs a affirmé que, dans les régions nord et sud-ouest du Nigéria, la chrétienté et l’islam [traduction] « façonnent la façon dont la bisexualité est comprise », étant donné que les deux religions condamnent les relations homosexuelles (TIERs 30 juin 2015). Le professeur a expliqué qu’au titre de la charia dans le Nord, des peines sévères comme la flagellation, la lapidation et la mort font en sorte que les pratiques bisexuelles demeurent cachées (professeur 10 juin 2015). La même source a déclaré [traduction] « [qu’]il y a […] un mouvement évangélique croissant au Nigéria, et que les groupes de ce genre tendent à adopter une position plus dure que les autres groupes chrétiens pour ce qui est de l’identité et des comportements homosexuels » (ibid.). De même, la mission d’enquête suédoise a constaté que les églises chrétiennes ont une attitude [traduction] « caractérisée par la haine » et qu’il y a eu des cas où des fidèles de l’église révélés homosexuels ont été expulsés de l’église ou ont dû « abandonner toutes leurs fonctions au sein » de celle-ci (Suède 14 déc. 2014, 7).

3.1.2 Violence et discrimination

La majorité des personnes bisexuelles ne le sont pas ouvertement ou demeurent cachées (TIERS 30 juin 2015, 1, 3; directrice des programmes 4 juill. 2015). Selon la directrice administrative de la WHER, les LGBT cachent leur orientation [traduction] « profondément » par crainte de discrimination (WHER 6 juill. 2015).

Des sources affirment que, au Nigéria, les bisexuels dont les activités homosexuelles sont découvertes courent les mêmes risques de mauvais traitements que les gais et lesbiennes (WHER 6 juill. 2015; directrice des programmes 4 juill. 2015; TIERs 30 juin 2015). Le directeur administratif de la TIERs a déclaré que, si une personne a des relations homosexuelles de quelque type que ce soit, [traduction] « il importe peu qu’elle soit bisexuelle »; la condamnation sociale est la même que pour les relations homosexuelles (ibid.). La directrice administrative de la WHER a déclaré qu’en tant que membres de la communauté LGBT, les bisexuels font face [traduction] « [à des] préjugés, [à la] réprobation et [à l’]homophobie » (6 juill. 2015).

Sans donner de détails, le directeur administratif de la TIERs a expliqué qu’en 2014, six organisations ont relevé 105 violations des droits de personnes LGBT dans 14 états : 79 par des auteurs non employés de l’État et 39 par des auteurs employés de l’État (TIERs 30 juin 2015). La directrice des programmes a déclaré que les bisexuels dont les activités homosexuelles sont mises au jour risquent d’être [traduction] « lynchés, battus, arrêtés, ostracisés et reniés par leur famille et la communauté » (directrice des programmes 4 juill. 2015). Selon des sources, si une personne bisexuelle est mariée, elle risque de perdre son partenaire, son conjoint ou ses enfants (ibid.; TIERs 30 juin 2015). De même, selon le professeur, une personne dont le comportement homosexuel est [traduction] « exposé » sera « gravement ostracisée par sa famille, rudement excommuniée et menacée », et quelquefois battue par les membres de sa famille (professeur 10 juin 2015).

Des sources signalent que des personnes LGBT ont été chassées ou [traduction] « mises à la porte » de leur domicile à cause de leur orientation sexuelle (WHER 6 juill. 2015; Suède 14 déc. 2015, 6). Selon la mission d’enquête suédoise, il y aurait eu des [traduction] « attaques visant à expulser des personnes de [leur] village ou de [leur] quartier » (ibid.). Des sources font état d’une augmentation des expulsions de LGBT à la suite de l’annonce de la SSMPA (ibid.; TIERs 30 juin 2015), que ce soit par leur propriétaire ou des membres de leur famille (ibid.). La TIERs déclare qu’elle reçoit tous les mois quatre ou cinq cas de personnes chassées de leur domicile en raison de leur orientation (ibid.).

Les LGBT sont victimes de discrimination de la part de fournisseurs de soins de santé et peuvent se voir refuser des soins ou subir de l’indifférence quant à leurs besoins en matière de santé (directrice des programmes; WHER 6 juill. 2015). Le professeur a expliqué que, dans le cas d’un chef de famille, la découverte d’une relation homosexuelle peut entraîner aussi une perte de revenu (professeur 22 juin 2015), et la directrice administrative de la WHER a affirmé que la discrimination à l’endroit des LGBT peut entraîner pour eux la perte de leur emploi en raison de leur orientation ou de leur identité (WHER 6 juill. 2015).

Des sources déclarent que les personnes bisexuelles sont exposées au risque de subir de la violence collective ou un rejet par leur famille (Suède 14 déc. 2014, 6; TIERs 30 juin 2015). Selon les Country Reports 2014, en février 2014, une foule a attaqué 13 gais à Abuja et les a chassés de leur domicile avec des bâtons et des couteaux (É.-U. 25 juin 2015, 42).

Le professeur a signalé que, dans certains cas, les parents d’enfants soupçonnés d’être homosexuels emmènent ceux-ci chez un [traduction] « guérisseur traditionnel » pour les soumettre à un exorcisme au cours duquel il peut y avoir des « rituels comportant des sévices » (22 juin 2015). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun autre renseignement allant dans le même sens.

Des sources déclarent que des LGBT ont été la cible d’extorsion par d’anciens amants, des amis et des membres de leur famille lorsque leurs activités homosexuelles ont été mises au jour (ibid., 2; Azuah 2011, 49). Selon le rapport de l’IGLHRC publié en 2011, le chantage et l’extorsion sont courants dans le cas des hommes homosexuels, mais un nombre important de lesbiennes et de bisexuelles en sont aussi la cible (Azuah 2011, 47). Selon la même source, certaines lesbiennes et bisexuelles qui sont la cible de chantage sont [traduction] « forcées d’accorder des faveurs sexuelles aux extorqueurs et maîtres chanteurs, ou de leur rendre des services dangereux » (ibid.).

3.2 Traitement réservé par les autorités

Selon le professeur, il est courant pour une personne qui participe à des activités homosexuelles en dehors du mariage ou à des activités bisexuelles de faire l’objet de chantage et d’extorsion par la police (10 juin 2015). La même source a signalé que la SSMPA est utilisée comme une [traduction] « menace »; la personne visée doit payer des pots-de-vin à la police pour que l’information concernant ses activités homosexuelles ne soit pas révélée à son conjoint, à sa famille et à sa communauté (professeur 10 juin 2015).

Des sources font état d’arrestations au titre de la SSMPA (AI 2015; É.-U. 25 juin 2015, 42), bien que, selon les Country Reports for 2014, [traduction] « dans tous les cas, après avoir versé une caution, les détenus ont été libérés sans que des accusations officielles n’aient été portées » (ibid.). Le professeur a déclaré qu’à sa connaissance, il y a eu jusqu’à présent [traduction] « environ 50 déclarations de culpabilité » au titre de la SSMPA (10 juin 2015). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucune autre information allant en ce sens ni aucun renseignement additionnel.

Le directeur administratif de la TIERs a affirmé qu’en 2014, il y a eu 39 cas d’arrestations arbitraires de personnes LGBT (TIERs 30 juin 2015). Selon la mission d’enquête suédoise, [traduction] « tant la police que l’HISPA - la police islamique - sont perçues comme étant très motivées à arrêter les homosexuels », et bien qu’apparemment elles ne tentent pas « activement » de les identifier, les suspects appréhendés pour motif d’homosexualité sont « soumis à des contraintes considérables [de la police] pour qu’ils passent aux aveux » (18 déc. 2014, 8). Le directeur administratif de la TIERs a déclaré que, depuis l’adoption de la SSMPA, [traduction] « le réseautage est devenu dangereux », car les personnes LGBT sont maintenant « plus susceptibles » d’être brutalisées par la police et d’être arrêtées (TIERs 30 juin 2015). Selon la même source, les personnes bisexuelles s’exposent à des arrestations arbitraires, à l’isolement, à la violence mentale et physique et à la [traduction] « torture » (ibid.). Le directeur administratif de la TIERs a affirmé que ces personnes ont [traduction] « fait l’objet d’un plus grand nombre d’arrestations au titre des lois tant anciennes que nouvelles » par suite de l’adoption de la nouvelle SSMPL en particulier (TIERs 30 juin 2015). De même, selon la mission d’enquête suédoise, on a signalé qu’il y a eu des cas de [traduction] « torture et autre [forme de] violence » aux mains de la police au cours des arrestations, mais qu’il est « difficile de [les] confirmer » (Suède 18 déc. 2014, 8). On peut lire dans les Country Reports 2014 que des 13 gais attaqués par la foule à Abuja en 2014, quatre ont été emmenés à un poste de police où des policiers les ont battus (É.-U. 25 juin 2015, 42).

Selon la mission d’enquête suédoise, [traduction] « les chances d’obtenir un procès juste et équitable après avoir été arrêté ou accusé [d’homosexualité] sont considérées comme nulles », et les avocats en matière de droits des LGBT ne se trouvent qu’à Lagos et à Abuja (Suède 18 déc. 2014, 8). De même, le directeur administratif de la TIERs a exprimé l’opinion que les probabilités que le système judiciaire et la police fassent justice aux personnes LGBT sont [traduction] « très faibles », et que de nombreux LGBT « ne sont pas disposés à s’adresser aux tribunaux parce qu’ils ne veulent pas risquer que leur orientation soit révélée » (TIERs 30 juin 2015).

4. Services de soutien offerts aux bisexuels

Selon la mission d’enquête suédoise, la communauté LGBT du Nigéria est [traduction] « faible, et le soutien a diminué » (Suède 18 déc. 2014, 8). La même source signale qu’il y a actuellement environ 10 organisations LGBT actives principalement à Lagos, mais qu’il y en a aussi quelques-unes à Abuja et à Kano (ibid.). Selon la TIERs, la prestation de services aux bisexuels est [traduction] « limitée aux organisations LGBT » qui offrent notamment des services de consultation, d’aide juridique, de « soutien psychologique », ainsi que des soins et des traitements contre le VIH et le sida; ces services ne sont toutefois accessibles que dans quelques grandes villes (juin 30 2015).

Le professeur a déclaré qu’il existe certaines organisations qui offrent des services aux HARSAH et aux LGBT au Nigéria, mais [traduction] « [qu’]une personne [qui est] bisexuelle [et] mariée et qui tente de s’adresser à une ONG LGBT [courrait] un risque énorme que son orientation soit mise au jour » (professeur 10 juin 2015). La source a ajouté que, pour cette raison, il est probable qu’une personne LGBT « ne se prévaudrait pas de tels services » (ibid.). De même, le directeur administratif de la TIERs a déclaré [traduction] « [qu’]une personne bisexuelle mariée ne pourrait pas se prévaloir ouvertement des services offerts aux LGBT, ni y participer, si son orientation sexuelle n’est pas connue de son conjoint ou de sa famille », car tout lien avec de tels services entraînerait l’exposition de son orientation (TIERs 1er juill. 2015). La directrice des programmes a expliqué que

[traduction]

[l]es bisexuels/LGBT ont accès aux cliniques et installations ordinaires de soins de santé dans les communautés. Si une personne bisexuelle s’adresse à une de ces cliniques ordinaires, craignant que sa confidentialité ne soit pas respectée, elle se présente en tant qu’hétérosexuelle, de sorte que le fournisseur de soins de santé n’ait aucun soupçon à son égard. La personne déclare simplement qu’elle a un problème de santé et se fait soigner en conséquence, mais une personne bisexuelle ne se présentera jamais avec un problème qui pourrait révéler un comportement propre à un HARSAH […] Ainsi, même si ces personnes ont accès à de telles cliniques, il est possible qu’elles n’aient pas accès aux soins dont elles ont besoin pour certains problèmes [...] Pour éviter que leur orientation ne soit mise au jour, elles gardent le silence et se fondent dans le contexte ordinaire. Quand une personne revient avec le même problème de façon répétitive, cela peut éveiller des soupçons chez le fournisseur de soins de santé (4 juill. 2015).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Amnesty International (AI). 2015. « Nigeria ». Amnesty International Annual Report 2014/15: The State of the World's Human Rights. <https://www.amnesty.org/en/countries/africa/nigeria/report-nigeria/> [Date de consultation : 28 juin 2015]

Azuah, Unoma (2011). « Extortion and Blackmail of Nigerian Lesbians and Bisexual Women ». Nowhere to Turn: Blackmail and Extortion of LGBT People in Sub-Saharan Africa. Sous la direction de Ryan Thoreson et Sam Cook. Brooklyn, NY : International Gay and Lesbian Human Rights Commission. <https://iglhrc.org/sites/default/files/522-1_0.pdf> [Date de consultation : 10 juin 2015]

British Broadcasting Corporation (BBC). « Nigeria Islamic Court Acquits Men of Gay Sex Charge ». <http://www.bbc.com/news/world-africa-26838642> [Date de consultation : 3 juill. 2015]

États-Unis (É.-U). 25 juin 2015. Department of State. « Nigeria ». Country Reports on Human Rights Practices for 2014. <http://www.state.gov/documents/organization/236604.pdf> [Date de consultation : 18 juin 2015]

Directrice des programmes, HIV and AIDS Division, Population Council. 4 juillet 2015. Entretien téléphonique avec la Direction des recherches.

International Center for Advocacy on Right to Health (ICARH). 29 juillet 2015. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par un représentant.

_____. S.d. « The International Center on Advocacy for the Right to Health (Also Known as Alliance Rights Nigeria) - ARN Profile ». <http://msmnigeria.page.tl/ARN-Profile.htm> [Date de consultation : 13 août 2015]

Professeur agrégé, Purchase College, State University of New York. 17 juillet 2015. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Professeur d’études mondiales, Queen's University. 10 juin 2015. Entretien téléphonique avec la Direction des recherches.

Suède. 18 décembre 2014. Lifos. Nigeria. Den Kulterella Kontexten för Hbt-personer. <http://lifos.migrationsverket.se/dokument?documentAttachmentId=41599> [Date de consultation : 18 juin 2015]

The Initiative for Equal Rights (TIERs). 1er juillet 2015. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par le directeur administratif.

_____. 30 juin 2015. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par le directeur administratif.

Women's Health and Equal Rights Initiative (WHER). 12 août 2015. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par la directrice administrative.

_____. 6 juillet 2015. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par la directrice administrative.

Autres sources consultées

Sources orales : adjoint de recherche, Bayreuth University; African Population and Health Research Center; candidat au doctorat, University of Michigan; Global Rights Nigeria; International Center for Sexual Reproductive Rights; International Women’s Health Coalition; Lawyers Alert; Queer Alliance Nigeria.

Sites Internet, y compris : Africa Confidential; African Regional Sexuality Resource Centre; AllAfrica; Amnesty International; The Continuum Complete International Encyclopedia of Sexuality; ecoi.net; Factiva; The Guardian [Nigéria]; Human Rights Watch; International Center for Sexual Reproductive Rights; International Gay Lesbian Bisexual Trans and Intersex Association; The Nation; Nations Unies – Refworld; Punch NG; THISDAYLive; Vanguard.

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