Responses to Information Requests

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9 décembre 2014

HND104994.EF

Honduras : information sur la structure et la hiérarchie des principaux gangs; le recrutement d'enfants par les gangs (2012-novembre 2014)

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Aperçu des gangs

Des sources signalent que les principaux gangs actifs au Honduras sont la Mara Salvatrucha [MS-13] et la Mara 18 [Barrio 18 ou M-18] (AFP 9 oct. 2014; agrégé supérieur de recherche 2 déc. 2014; ACAN-EFE 23 oct. 2014). Selon un rapport de 2012 produit par l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), la MS-13 compte environ 7 000 membres au Honduras, et la M-18 en compte approximativement 5 000 (Nations Unies sept. 2012, 27, 28). Toujours selon le même rapport, en 2012, il y avait dans l'ensemble 149 membres de gang par tranche de 100 000 habitants au Honduras (ibid., 29). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un agrégé supérieur de recherche à l'Institut des relations internationales (Institute of International Relations) de l'Université des Indes occidentales, à Trinité-et-Tobago, qui est spécialiste des questions touchant la sécurité en Amérique centrale, dont les gangs, a souligné qu'il y a environ 36 000 membres de gang au Honduras (agrégé supérieur de recherche 2 déc. 2014). D'après l'association Partager avec les enfants du Honduras (Asociación Compartir con los Niños y Niñas de Honduras), organisation sans but lucratif qui défend les droits des enfants se trouvant dans une situation de vulnérabilité au Honduras (Asociación Compartir s.d.a), les adolescents et les jeunes qui participent à des activités de gang au Honduras appartiennent à l'un des 475 gangs (ibid. s.d.b). Casa Alianza Honduras, ONG qui défend les droits des jeunes et des enfants vulnérables au Honduras (Casa Alianza sept. 2014, 4), fait remarquer que le nombre exact de membres de gang est inconnu, mais que, selon les estimations, ils sont répartis ainsi : 49 p. 100 pour la MS-13, 48 p. 100 pour la M-18, et 3 p. 100 pour les autres gangs (ibid. avr. 2014, 22). ACAN-EFE, agence de presse de l'Amérique centrale cofondée par l'agence de presse espagnole Agencia EFE (Agencia EFE s.d.), cite le directeur de la Direction nationale des enquêtes criminelles (Dirección Nacional de Investigación Criminal - DNIC) de la Police nationale du Honduras, qui a dit que [traduction] « "plus de 10 000" » jeunes et enfants font partie de gangs dans le pays (ACAN-EFE 23 oct. 2013).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, Peter Peetz, responsable des Finances et de l'Administration à l'Institut allemand des études mondiales et régionales (German Institute of Global and Area Studies - GIGA) (GIGA s.d.b) [1], et spécialiste des gangs de jeunes en Amérique centrale ainsi que du développement politique, économique et social au Honduras (GIGA s.d.a), a fait observer que la MS-13 et la M-18

[traduction]

ne sont pas uniquement des organisations criminelles; elles constituent également des groupes d'identité, au sens de sous-cultures (juvéniles). Les membres de gang montrent leur fort sentiment d'appartenance à leur mara en portant des tatouages distincts, en parlant un argot particulier, en faisant des graffitis caractéristiques et en utilisant des signes de la main précis pour montrer leur loyauté au gang (Peetz 13 nov. 2014).

De même, l'agrégé supérieur de recherche a écrit que

[traduction]

[t]ous s'entendent sur le fait que la plupart des gangs ont un nom et une certaine identité, qu'ils expriment parfois au moyen de vêtements, de graffitis et de signes de la main qui leur sont propres. Les tatouages distincts sont l'une des principales caractéristiques d'un gang, tout comme l'utilisation de signes de la main particuliers dont se servent les membres pour communiquer les uns avec les autres. Les graffitis servent à marquer le territoire d'un gang (2 déc. 2014).

Des sources soulignent que la MS-13 emploie un langage particulier (InSight Crime s.d.b; Nations Unies sept. 2012, 27) constitué de signes de la main et d'argot (ibid.). Un dictionnaire de l'argot des maras et des gangs [2], qui se trouve dans un rapport produit par la Commission espagnole d'aide aux réfugiés (Comisión Española de Ayuda al Refugiado - CEAR), ONG qui [traduction] « promeut les droits de la personne et le développement intégral des réfugiés, des apatrides et des migrants qui ont besoin d'une protection internationale ou qui risquent d'être exclus par la société » (CEAR s.d.), est annexé à la présente réponse. Des sources soutiennent que la MS-13 a aussi son propre code de conduite (ibid. 28 janv. 2013, 59; InSight s.d.b). Le code de conduite de la MS-13, qui, d'après le rapport de la CEAR, est semblable à celui de la M-18, est le suivant :

[traduction]

  • Si tu effaces le tatouage [placa] associé à ton gang (un nom, une lettre ou un nombre), la peine qui te sera infligée sera la mort.
  • Si tu blesses ou tues un autre membre du gang [hommie] sans autorisation, tu seras tenu responsable de tout ce qui peut t'arriver. Si tu essaies de fuir, la peine qui te sera infligée sera la mort.
  • Si tu insultes le gang, tu seras battu [chequeo] et tu devras accomplir une mission qui te sera donnée par le chef pour réparer le tort que tu as causé [limpiar chaqueta].
  • Si un membre du gang est tué par un membre d'un autre gang, nous chercherons le tueur. Si nous ne le trouvons pas, nous tuerons [da pa'bajo] deux membres du gang en cause.
  • Dès que tu deviens membre du gang [brincado], tu dois faire tatouer le nom du gang sur une partie de ton corps.
  • Si tu quittes le gang, la peine qui te sera infligée sera la mort (Gallego Martínez cité dans CEAR 28 janv. 2013, 59).

Cependant, des sources font remarquer que les membres de gang se font moins tatouer afin de ne pas être reconnus par les autorités (AFP 9 oct. 2014; El Heraldo 6 août 2014b) ou de ne pas être identifiés par les membres de gangs rivaux qui pourraient les torturer pour obtenir des renseignements (ibid.). Un document qui explique la signification de certains des tatouages propres aux maras et aux autres gangs est annexé à la présente réponse.

2. Structure interne des gangs

Au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, une chercheuse indépendante qui effectue des recherches sur les gangs en Amérique centrale a dit que, même si les gangs ont une structure hiérarchique solide, les cliques au sein des maras demeurent autonomes (17 nov. 2014). InSight Crime, fondation qui mène des recherches sur le crime organisé en Amérique latine et dans les Caraïbes (InSight Crime s.d.a), signale que la MS-13 a une structure hiérarchique, mais qu'elle n'est pas bien organisée et qu'elle a des cliques partout en Amérique centrale, au Mexique et aux États-Unis (ibid. s.d.b). Peter Peetz a écrit que

[traduction]

[l]es maras sont organisées à l'échelle locale (dans les quartiers urbains) sous forme de soi-disant « cliquas » [cliques]. La structure interne peut varier considérablement d'une clique à une autre, mais on présume généralement que, dans la plupart des cliques, il existe une structure hiérarchique solide entre les chefs, les autres membres du gang et les jeunes qui souhaitent devenir membres du gang mais qui n'ont pas encore été acceptés comme tels. La façon dont les structures locales d'une mara interagissent les unes avec les autres n'est pas établie. [...] Il est fort probable que le degré d'appartenance à une structure hiérarchique varie d'une clique à une autre (13 nov. 2014).

L'ONUDC explique que la M-18 est divisée en cliques qui sont [traduction] « plus ou moins indépendantes les unes des autres » (Nations Unies sept. 2012, 28).

2.1 Chefs

On peut lire dans le rapport de l'ONUDC que les membres les plus anciens d'un gang sont connus sous le nom de maras permanentes (maras permanentes) (ibid., 27). Il ressort du rapport de la CEAR que les veteranos (vétérans) ou les miembros de la base dura (membres du noyau) sont [traduction] « généralement les membres les plus âgés, les plus violents et les plus tatoués » (28 janv. 2013, 14). Selon le rapport de l'ONUDC, les chefs des 15 cliques les plus puissantes de la M-18 au pays forment la rueda de barrio (Nations Unies sept. 2012, 28). Toujours selon le rapport de l'ONUDC, les neuf chefs des cliques les plus puissantes de la MS-13 forment la Comisión (commission) et ont le pouvoir de donner la luz verde (feu vert) lorsqu'il s'agit de tuer un membre du gang [traduction] « déclaré coupable d'insubordination » (ibid., 27). De plus, il est écrit dans le rapport de la CEAR que les gangs ont plusieurs chefs qui jouissent d'un [traduction] « grand prestige », qui sont connus sous le nom de mero mero, mero queso ou big palabra et qui forment ensemble la dirección general (direction générale) ou jenga (28 janv. 2013, 14). Un ancien membre de la MS-13 interviewé par l'Agence France-Presse (AFP) a déclaré que les [traduction] « chefs suprêmes » qui sont incarcérés sont appelés ranflero nacional et qu'ils continuent de diriger la MS-13 (9 oct. 2014).

Des sources soulignent que les chefs des cliques locales de la MS-13 sont connus sous le nom de palabreros [[traduction] « ce qui se traduit à peu près par "ceux qui ont la parole" » (InSight Crime s.d.b)] (InSight Crime s.d.b; Nations Unies sept. 2012, 27), cabecillas (chefs de bande) ou ranfleros (ibid.). InSight Crime explique que [traduction] « la plupart des cliques » de la MS-13 comptent un primera palabra et un segunda palabra, c'est-à-dire un premier responsable et un deuxième responsable, respectivement (InSight Crime s.d.b). D'après le rapport de la CEAR, dans certains gangs, le primera palabra peut aussi être connu sous le nom de gran míster, de leader ou de ramfla, et le segunda palabra peut être connu sous le nom de míster (28 janv. 2013, 14). Il ressort du rapport de l'ONUDC que la hiérarchie interne des cliques de la M-18 est formée d'un chef, appelé ranflero, et de ses proches partenaires, appelés llaveros (sept. 2012, 28). Selon InSight Crime, lorsque le primera palabra est arrêté, le segunda palabra prend le contrôle de la clique (InSight Crime s.d.b). Des sources signalent que le chef de chaque clique garde le contrôle de sa clique, même de loin (ibid.; chercheuse indépendante 17 nov. 2014). L'ancien membre de la MS-13 interviewé par l'AFP a dit que le chef d'une clique tient chaque semaine une rencontre pour planifier les actes d'extorsion, les homicides et les autres crimes, et qu'il donne à chaque membre du gang les missions qu'il doit accomplir au cours de la semaine (9 oct. 2014).

On peut lire dans le rapport de la CEAR que [traduction] « la majorité » des chefs de gang sont en prison et qu'ils sont connus sous le nom de pintones; à partir de leur prison, ils coordonnent, au moyen de messages (cometas [cerfs-volants] ou wilas [messages écrits]), toutes les actions des gangs (28 janv. 2013, 14). Des sources font remarquer que les membres de gang incarcérés organisent leurs opérations depuis la prison (Nations Unies sept. 2012, 27; InSight Crime s.d.b). InSight Crime souligne que le système carcéral donne aux membres de gang incarcérés un sentiment [traduction] « de liberté et de sécurité » dont ils ne jouiraient pas s'ils n'étaient pas en prison (ibid.). Peter Peetz fait remarquer [traduction] « [qu']il est généralement admis que l'incarcération massive de membres des deux maras a renforcé la cohésion de celles-ci, car, en prison, les membres des cliques de nombreuses localités sont forcés de vivre ensemble » (Peetz 13 nov. 2014). Il ajoute que, [traduction] « dans les prisons honduriennes, les membres de la MS-13 sont toujours séparés des membres de la M-18 parce que les deux gangs se battent très brutalement » (ibid.).

Selon l'agrégé supérieur de recherche,

[traduction]

[l]es gangs en milieu carcéral forment des réseaux criminels très structurés qui mènent leurs activités au sein du système carcéral de la région. Ils représentent une menace nationale et régionale sérieuse; c'est particulièrement le cas des gangs qui s'affilient à des gangs de rue et qui exercent sur eux une influence considérable dans les collectivités où ils sont actifs. Les membres qui sont libérés retournent habituellement dans leur collectivité d'origine, renouent les liens qu'ils entretenaient avec les gangs de rue et commettent des crimes au nom du gang de la prison (2 déc. 2014).

2.2 Autres catégories de membres dans les cliques

Des sources écrivent que les membres de gang dont le rôle est de commettre des meurtres sont appelés sicarios (tueurs à gages) (CEAR 28 janv. 2013, 14; Nations Unies sept. 2012, 27) ou gatilleros (tireurs) (ibid.). D'après le rapport de l'ONUDC, ceux qui ont moins d'expérience et de pouvoir dans les cliques de la MS-13 sont connus sous le nom de simpatizantes (sympathisants) ou de novatos (novices) (ibid.). Toujours d'après ce rapport, les membres de la M-18 qui ont le moins d'expérience sont appelés soldados (soldats) et ils obéissent aux ordres des llaveros; les chequeos sont les nouvelles recrues (ibid., 28). Il ressort du rapport de la CEAR que les novatos sont ceux qui ont récemment rejoint les rangs du gang et qu'ils sont formés par un tutor (tuteur) (CEAR 28 janv. 2013, 15). Les novatos posent certains gestes, comme tuer un membre d'un gang rival ou un policier, pour acquérir du [traduction] « prestige » dans le gang (ibid.). Le rapport de la CEAR établit aussi une distinction entre les simpatizantes et les aspirantes (candidats), les jeunes qui ont de l'intérêt pour un gang, mais dont le statut est déterminé à partir de l'étroitesse de leurs liens avec le gang (ibid.). Les aspirantes qui passent avec succès le rite d'initiation (ritual marero ou bautizo marero ou brincado) deviennent des novatos (ibid.).

3. Activités

Des sources signalent que les gangs envoient certains de leurs membres à l'université afin qu'ils y fassent des études et qu'ils obtiennent un diplôme (Guerrero 6 oct. 2014; La Prensa 26 août 2013). Au cours d'une entrevue avec La Prensa, journal de San Pedro Sula, Edgardo Galdámez, ancien chef de l'Unité des maras et des gangs de la Police, a dit que les gangs paient les frais d'études universitaires de certains de leurs membres pour qu'ils puissent obtenir un diplôme en droit, en médecine ou en administration des affaires et aider ensuite le gang (ibid.). Le policier a affirmé que les gangs ont [traduction] « à leur service des policiers, des militaires, des procureurs, des avocats, des administrateurs, des médecins et même des juges » (ibid.). Des sources précisent que les gangs comptent parmi leurs membres des professionnels de la santé, des avocats (La Tribuna 12 août 2014; El Heraldo 6 août 2014a), des ingénieurs, des architectes et des spécialistes des technologies de l'information (ibid.). Edgardo Galdámez a également affirmé que les gangs ont des comptables qui rendent leurs actifs légaux, des trésoriers, et des administrateurs qui exposent de façon détaillée toutes les transactions financières; s'ils tentent de tromper le gang ou un membre du gang, c'est la mort qui les attend (La Prensa 26 août 2013). Au dire de représentants de la DNIC et de l'Unité des maras et des gangs qui ont été interviewés par La Prensa, les gangs investissent dans le transport en commun en milieu urbain, les taxis, ainsi que dans les petites et moyennes entreprises (ibid.). La CEAR fait observer que les gangs soutiennent des partis politiques, des organisations de défense des droits de la personne et l'Église afin [traduction] « [d']avoir des alliés qui peuvent servir de médiateurs entre eux et le gouvernement » (28 janv. 2013, 24). L'agrégé supérieur de recherche a écrit que les gangs financent des parties politiques, tentent d'influencer le système de justice et offrent [traduction] « une autre structure de gouvernance dans les territoires nationaux existants » (agrégé supérieur de recherche 2 déc. 2014). Il a ajouté que les gangs [traduction] « commencent à être conscients du pouvoir politique qu'ils peuvent avoir, compte tenu du contrôle territorial qu'ils exercent et de leur capacité à faire en sorte que leurs candidats préférés obtiennent un grand nombre de votes. Dans certains cas, les gangs évoluent et ressemblent plus à des organisations criminelles qu'à des gangs de rue » (ibid.). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens.

Des sources signalent que les gangs se livrent aussi à l'extorsion, au trafic de stupéfiants, au vol de voitures (La Tribuna 17 août 2014; El Heraldo 6 août 2014b) et à des enlèvements (ibid.). Les gangs obligent également des personnes à fuir leurs domiciles afin de les occuper et de s'en servir pour torturer et tuer des gens (ibid.; La Tribuna 2 oct. 2014). Des sources précisent que des corps sont démembrés dans ces maisons (ibid. 1er sept. 2014; AFP 9 oct. 2014). Celles-ci sont appelées « "casas locas" » (ibid.; La Tribuna 2 oct. 2014). Des sources font état du caractère transnational de certaines cliques ou de certains gangs (agrégé supérieur de recherche 2 déc. 2014; InSight Crime s.d.b). Des sources sont d'avis que les gangs offrent leurs services aux organisations transnationales de trafic de stupéfiants (Nations Unies sept. 2012, 27; InSight Crime s.d.b) en les aidant à vendre de la drogue sur leurs territoires, à intimider des rivaux et à commettre des meurtres (ibid.).

4. Recrutement d'enfants

El Heraldo, un journal de Tegucigalpa, fait remarquer que les enfants peuvent être recrutés par un gang à partir de l'âge de neuf ans (6 août 2014b). La chercheuse indépendante a dit que les enfants pouvaient être recrutés dès l'âge de sept ou huit ans (17 nov. 2014) alors que La Prensa souligne que le recrutement peut se faire à l'âge de six ou sept ans (6 sept. 2013a). Le chef de la Force nationale de lutte contre l'extorsion (Fuerza Nacional Antiextorsión - FNA) à San Pedro Sula a déclaré au cours d'une entrevue accordée à La Prensa que les gangs recrutent des enfants parce que ceux-ci ne peuvent pas faire l'objet de poursuites criminelles (ABC 7 mai 2014). Le chef de la FNA a aussi déclaré que certains membres de gang se consacrent au recrutement d'enfants (ibid.).

Des sources précisent que les gangs utilisent des enfants et des jeunes comme mulas (passeurs de drogue) (Casa Alianza avr. 2014, 4), banderas (surveillants des activités menées dans une zone d'influence) et assassins (ibid.; La Prensa 6 sept. 2013b). Le chef de la FNA a dit que les enfants sont utilisés comme informateurs, passeurs de drogue et encaisseurs des sommes d'argent extorquées (ABC 7 mai 2014). Un policier de la FNA a déclaré au cours d'une entrevue avec La Tribuna, un journal de Tegucigalpa, que des enfants participent aussi au démembrement de corps (3 nov. 2014).

Peter Peetz a écrit que le recrutement dans un gang se fait généralement [traduction] « de manière plus ou moins forcée, sous la contrainte » (13 nov. 2014). La chercheuse indépendante a souligné que, même si le recrutement est fait sous la contrainte, il est difficile d'établir une distinction entre le recrutement forcé et le recrutement volontaire, car [traduction] « il est très difficile de n'avoir aucun contact avec les gangs ou de ne pas en devenir membres » (17 nov. 2014). Des sources croient que des enfants et des jeunes peuvent considérer que le fait de devenir membre d'un gang est la seule solution qui s'offre à eux compte tenu du milieu violent où ils se trouvent (InSight Crime s.d.b; Casa Alianza avr. 2014, 5). Peter Peetz a fait remarquer que des adolescents deviennent aussi membres de gang parce qu'ils estiment que c'est [traduction] « le seul moyen d'être protégés contre la violence des gangs et contre les actes de violence commis par d'autres acteurs, par exemple les forces de sécurité ou les membres du crime organisé » (13 nov. 2014). L'agrégé supérieur de recherche a expliqué que [traduction] « [c]es gangs font naître chez les membres un sentiment d'acceptation et de sécurité dans les rues, constituent pour eux une famille de substitution et leur permettent de maintenir un pouvoir et un contrôle sur eux-mêmes, sur les autres et sur les situations de la vie quotidienne, [en plus de] leur donner plus facilement accès à de l'argent » (2 déc. 2014). El Heraldo souligne que les enfants se voient dire que le gang subviendra à leurs besoins et à ceux de leur famille et qu'ils feront partie d'une [traduction] « vraie famille » (6 août 2014b). On peut lire dans un rapport publié en 2014 par Casa Alianza Honduras au sujet des enfants et des jeunes qui font partie d'un gang à Tegucigalpa que les membres de gang se font passer pour l'ami, le père, la mère ou le frère que les enfants susceptibles d'être recrutés n'ont jamais eus, et qu'ils disent qu'ils leur accorderont leur soutien en cas de besoin (avr. 2014, 29). Des sources signalent que les membres de gang offrent aux enfants et aux jeunes des vêtements (ABC 10 mai 2014; Casa Alianza avr. 2014, 29), de la drogue et un soutien financier; aux jeunes hommes, en particulier, ils offrent des femmes, des armes et des voitures (ibid.). D'après Casa Alianza Honduras, on offre également aux enfants et aux jeunes [traduction] « de l'argent et du pouvoir », ce qu'ils considèrent comme des facteurs « positifs » lorsqu'ils envisagent de devenir membres d'un gang (avr. 2014, 5). Des sources précisent qu'une recrue devient membre d'un gang en subissant le brincado [un nom], aussi appelé brincar [un verbe], ou en tuant une personne (AFP 9 oct. 2014; chercheuse indépendante 17 nov. 2014). Le brincado consiste à être battu [traduction] « viole[mment] » par d'autres membres de la clique, durant 13 secondes dans le cas de la MS-13 et durant 18 secondes dans le cas de la M-18 (AFP 9 oct. 2014). On lui donne aussi le nom de ritual (rituel) ou de bautizo marero (baptême en tant que membre d'un gang) (CEAR 28 janv. 2013, 15). Selon l'agrégé supérieur de recherche, les nouvelles recrues [traduction] « font l'objet de pressions de la part de leurs pairs afin d'apprendre à faire preuve de courage et à ne montrer aucune peur, d'établir leur réputation et de la défendre et, par-dessus tout, de comprendre que la violence et les menaces représentent un moyen efficace d'arriver à leurs fins » (2 déc. 2014).

Des sources font observer que le recrutement se fait dans les écoles (chercheuse indépendante 17 nov. 2014; La Prensa 6 sept. 2013a). La Prensa écrit que plusieurs écoles publiques et privées à San Pedro Sula ont fermé leurs portes en raison de la [traduction] « désertion massive des élèves » et du « nombre élevé d'agressions, d'actes d'extorsion et de menaces à l'endroit des élèves » (6 sept. 2013b). El Heraldo attire l'attention sur le fait que la Direction ministérielle de l'éducation (Dirección Departamental de Educación) de Francisco Morazán a signalé en juillet 2013 [traduction] « [qu']environ » 360 écoles étaient sous la menace des gangs (30 sept. 2014). Le journal attire également l'attention sur le fait que, le 30 septembre 2014, une école de Tegucigalpa a suspendu les cours après que [traduction] « plusieurs » enseignants auraient reçu des menaces de la part des gangs sur leur téléphone personnel (ibid.). La Prensa signale que 15 élèves d'une école de Chamelecón ont été tués par les gangs en 2012, la majorité d'entre eux ayant été décapités (La Prensa 6 sept. 2013b). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens. ABC, un journal de Madrid, cite le ministère de l'Éducation, qui a affirmé que, sur les 4 500 mineurs qui ont cessé de fréquenter l'école à San Pedro Sula en 2013, environ la moitié ont abandonné les cours en raison des pressions exercées par les gangs (10 mai 2014). Il ressort d'un rapport mensuel produit par Casa Alianza Honduras pour le mois de septembre 2014 que les gangs seraient responsables de 15 des 72 morts violentes de personnes de moins de 23 ans survenues au cours du mois (sept. 2014, 41).

Des sources précisent que les gangs punissent tout acte de désertion par la mort du déserteur (InSight Crime s.d.; Casa Alianza avr. 2014, 30; AFP 9 oct. 2014) ou de membres de sa famille (ibid.; Casa Alianza avr. 2014, 30). Casa Alianza Honduras souligne que les enfants et les jeunes recrues sont forcés de rester avec un gang, car on menace de les tuer ou de tuer leur famille s'ils partent (ibid.). La Prensa fait observer que les mêmes menaces sont faites aux enfants pour les obliger à devenir membres d'un gang (6 sept. 2013a). L'agrégé supérieur de recherche a écrit que [traduction] « défendre le nom et l'honneur d'un gang jusqu'à la mort est le prix à payer pour en être membre » (2 déc. 2014). Des sources font état d'une [traduction] « vague » de meurtres commis en mai 2014, au cours de laquelle 17 mineurs ont été tués, certains pour avoir refusé de devenir membre d'un gang, y compris un jeune de 7 ans qui a été retrouvé mort, son corps portant des signes de torture (La Prensa.pe 6 mai 2014; ABC 7 mai 2014). ABC signale que le frère de l'enfant, un garçon de 13 ans, avait également été retrouvé mort la veille (ibid.). ABC cite le représentant du Bureau du procureur chargé des crimes contre la vie (Fiscalía de Delitos contra la Vida), qui a dit que des membres de la M-18 exerçaient des [traduction] « pressions » sur ces enfants pour qu'ils deviennent membres du gang (ibid. 10 mai 2014).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Notes

[1] Le GIGA est un institut de recherche employant 90 universitaires qui mènent des recherches en sciences sociales sur des « questions d'importance mondiale », y compris le « développement socioéconomique dans le contexte de la mondialisation », dans quatre régions du monde : l'Afrique, l'Asie, l'Amérique latine et le Moyen-Orient (GIGA s.d.c).

[2] Selon un rapport de 2014 du Service de recherche du Congrès (Congressional Research Service) des États-Unis, [traduction] « [l]orsqu'elles font référence aux gangs en Amérique centrale, certaines études utilisent les termes "pandillas" et "maras" de manière interchangeable, alors que d'autres font une distinction entre les deux. Les études qui font la distinction entre les deux types de gangs en Amérique centrale définissent généralement les pandillas comme des groupes locaux qui sont présents dans une région depuis longtemps, et les maras comme un phénomène plus récent de gangs qui ont des racines transnationales » (É.-U. 20 févr. 2014, 2).

Références

ABC. 10 mai 2014. Manuel M. Cascante. « Las maras de Honduras matan a los niños que no se unen a la banda ». [Date de consultation : 3 nov. 2014]

ABC. 7 mai 2014. « Conmoción en Honduras por los casos de niños asesinados por negarse a entrar en las "maras" ». [Date de consultation : 31 oct. 2014]

ACAN-EFE. 23 octobre 2014. « Más de 10 mil menores han sido reclutados por bandas criminales en Honduras ». [Date de consultation : 3 nov. 2014]

Agence France-Presse (AFP). 9 octobre 2014. « El submundo de las temidas maras ». [Date de consultation : 3 nov. 2014]

Agencia EFE. S.d. « Historia de la agencia EFE ». [Date de consultation : 2 déc. 2014]

Agrégé supérieur de recherche, Institute of International Relations, University of the West Indies, Trinité-et-Tobago. 2 décembre 2014. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Asociación Compartir con los Niños y Niñas de Honduras. S.d.a. « Misión y visión ». [Date de consultation : 5 nov. 2014]

Asociación Compartir con los Niños y Niñas de Honduras. S.d.b. « Modelo comunitario de prevención, atención y reinserción integral de adolescentes y jóvenes que participan o simpatizan con "Maras" y pandillas ». [Date de consultation : 5 nov. 2014]

Casa Alianza Honduras. Septembre 2014. Informe mensual de la situación de los derechos de los niños, niñas y jóvenes en Honduras. [Date de consultation : 30 oct. 2014]

Casa Alianza Honduras. Avril 2014. Niñez y juventud en las redes del crimen organizado, una aproximación a las principales formas de involucramiento y participación de niñas, niños y jóvenes en los grupos delictivos de Tegucigalpa. [Date de consultation : 30 oct. 2014]

Chercheuse indépendante, Oslo. 17 novembre 2014. Entretien téléphonique avec la Direction des recherches.

Comisión Española de Ayuda al Refugiado (CEAR). 28 janvier 2013. Rebeca García Bravo. Maras en Centroamérica y México (Costa Rica, Guatemala, Honduras, Nicaragua, Panamá, El Salvador). [Date de consultation : 31 oct. 2014]

Comisión Española de Ayuda al Refugiado (CEAR). S.d. « Valores y misión ». [Date de consultation : 31 oct. 2014]

El Heraldo. 30 septembre 2014. « Sin clases escuela en Tegucigalpa por supuesta amenaza de mareros ». [Date de consultation : 17 nov. 2014]

El Heraldo. 6 août 2014a. « Profesionales universitarios son miembros de Mara 18 ». [Date de consultation : 21 nov. 2014]

El Heraldo. 6 août 2014b. « MS-13, de mara callejera a organización transnacional ». [Date de consultation : 3 nov. 2014]

États-Unis (É.-U.). 20 février 2014. Congressional Research Service. Gangs in Central America. Par Clare Ribando Seelke. [Date de consultation : 3 déc. 2014]

German Institute of Global and Area Studies (GIGA). S.d.a. « Dr. Peter Peetz: Research and Teaching ». [Date de consultation : 17 nov. 2014]

German Institute of Global and Area Studies (GIGA). S.d.b. « Team ». [Date de consultation : 2 déc. 2014]

German Institute of Global and Area Studies (GIGA). S.d.c. « The GIGA ». [Date de consultation : 2 déc. 2014]

Guerrero, Lizbeth. 6 octobre 2014. « Las maras, el imperio de las calles ». Presencia Universitaria, Universidad Nacional Autónoma de Honduras. [Date de consultation : 31 oct. 2014]

InSight Crime. S.d.a. « About Us ». [Date de consultation : 18 nov. 2014]

InSight Crime. S.d.b. « MS-13 ». [Date de consultation : 2 déc. 2014]

La Prensa. 6 septembre 2013a. Xiomara Orellana. « Sitiados centros educativos por las maras en Honduras ». [Date de consultation : 5 nov. 2014]

La Prensa. 6 septembre 2013b. Xiomara Orellana. « A 15 jóvenes de un solo colegio han asesinado maras en 2012 ». [Date de consultation : 5 nov. 2014]

La Prensa. 26 août 2013. « De las calles y tatuajes a criminales organizados en Honduras ». [Date de consultation : 13 nov. 2014]

Laprensa.pe. 6 mai 2014. « Honduras: Ola de asesinatos de escolares conmueve a la población ». [Date de consultation : 17 nov. 2014]

La Tribuna. 3 novembre 2014. « Menores hondureños condenados a morir o matar ». [Date de consultation : 3 nov. 2014]

La Tribuna. 2 octobre 2014. « Policía Militar identifica más "Casas Locas" ». [Date de consultation : 14 nov. 2014]

La Tribuna. 1er septembre 2014. « Descuartizado encuentran cadáver de hombre en "casa loca" ». [Date de consultation : 14 nov. 2014]

La Tribuna. 17 août 2014. « Pandillas en Honduras pasaron de ser un juego de niños a verdaderas amenazas para el Estado ». [Date de consultation : 3 nov. 2014]

La Tribuna. 12 août 2014. « Dentro de las maras: Abogados, médicos y administradores de empresas ». [Date de consultation : 21 nov. 2014]

Nations Unies. Septembre 2012. Office contre la drogue et le crime (ONUDC). Transnational Organized Crime in Central America and the Caribbean: A Threat Assessment. [Date de consultation : 31 oct. 2014]

Peetz, Peter, German Institute of Global and Area Studies (GIGA), Hambourg. 13 novembre 2014. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Autres sources consultées

Sources orales : La personne et l'organisation suivantes n'ont pas pu fournir de renseignements : professeur, School of Social and Political Studies, University of Glasgow; Honduras – Secretaría de Seguridad.

Les tentatives faites pour joindre les organisations suivantes ont été infructueuses : American University; Florida International University; Honduras – Policía Nacional; University of Southern California; Washington Office on Latin America.

Sites Internet, y compris : Americas Quarterly; Amnesty International; Comisión Nacional de los Derechos Humanos; ecoi.net; El Tiempo; Enfants Soldats International; États-Unis – Central Intelligence Agency, Department of State, Department of the Treasury, Embassy in Tegucigalpa, Library of Congress; Factiva; Freedom House; Honduras – Dirección de Lucha contra el Narcotráfico, Ministerio Público, Poder Judicial, Presidencia de la República, Secretaría de Seguridad; Human Rights Watch; The Jamestown Foundation; Jane's Terrorism and Security Monitor; Nations Unies – ReliefWeb; Organisation des États américains; Proceso Digital; Radio Progreso; Small Arms Survey; Washington Office on Latin America.

Documents annexés

1. Comisión Española de Ayuda al Refugiado (CEAR). 28 janvier 2013. Rebeca García Bravo. « Anexo III. Diccionario del argot de los mareros y pandilleros » (Annex III. Mara and Pandilla Slang Dictionary). Dans Maras en Centroamérica y México (Costa Rica, Guatemala, Honduras, Nicaragua, Panamá, El Salvador) (Maras in Central America and Mexico (Costa Rica, Guatemala, Honduras, Nicaragua, Panama, El Salvador). Traduit par le Bureau de la traduction, Travaux publics et Services gouvernementaux Canada. [Date de consultation : 31 oct. 2014]

2. Comisión Española de Ayuda al Refugiado (CEAR). 28 janvier 2013. Rebeca García Bravo. « Anexo VI. Interpretación de tatuajes en el contexto de maras y pandillas » (Annex VI. Interpretation of Gang Tattoos). Dans Maras en Centroamérica y México (Costa Rica, Guatemala, Honduras, Nicaragua, Panamá, El Salvador) (Maras in Central America and Mexico (Costa Rica, Guatemala, Honduras, Nicaragua, Panama, El Salvador). Traduit par le Bureau de la traduction, Travaux publics et Services gouvernementaux Canada. [Date de consultation : 31 oct. 2014]

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