Réponses aux demandes d'information

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15 août 2017

SOM105956.EF

Somalie : information sur le Réseau pour la paix et les droits de la personne (Peace and Human Rights Network - PHRN, aussi appelé INXA), y compris sa fondation, ses objectifs, sa structure et ses dirigeants; le traitement réservé par al Shabaab au personnel et aux sympathisants des groupes de défense des droits de la personne, y compris le PHRN (2005-2013)

Direction des recherches, Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Réseau pour la paix et les droits de la personne
1.1 Fondation de l’ONG

Selon des sources, le PHRN est aussi connu sous l’acronyme INXA (Hay’adda Isku Xirka Nabadda iyo Xuqquqda Aadamiga) (PHRN mai 2011; Saggiomo 2014; Conciliation Resources 2013, 47). Des sources font observer que le PHRN a été créé en 1997 (PHRN 16 mars 2013; Saggiomo 2014; Oxfam Novib août 2007, 115). D’après son site Internet, le PHRN est [traduction] « un réseau non gouvernemental de défense des droits de la personne » qui était initialement composé « de vingt-six (26) organisations membres autochtones établies dans la zone sud-centrale et le [P]untland » (PHRN 16 mars 2013). D’après Oxfam Novib, la branche néerlandaise de l’organisation internationale Oxfam (Oxfam Novib s.d.) et un bailleur de fonds du PHRN, les organisations membres du PHRN [traduction] « représentent un large éventail de la société civile, dont des journalistes, des enseignants, d’anciens membres des milices, des défenseurs des droits de la personne et des femmes » (Oxfam Novib août 2007, 115-116). Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), le PHRN est inscrit comme organisation de la société civile ayant contribué à l’examen périodique universel (EPU) de la Somalie (Nations Unies s.d.a).

1.2 Objectifs

D’après son site Internet, le PHRN a pour mission de :

[traduction]

[f]aciliter la participation de la communauté somalienne aux efforts visant à atteindre une paix durable et à promouvoir le respect des droits de la personne et la bonne gouvernance, grâce à la sensibilisation et à la réconciliation (PHRN s.d.).

Selon des sources, les objectifs du PHRN sont les suivants :

[traduction]

  • promouvoir la paix (PHRN 16 mars 2013; Saggiomo 2014; Conciliation Resources 2013, 47);
  • promouvoir la démocratie et la bonne gouvernance (PHRN 16 mars 2013);
  • promouvoir et protéger les droits de la personne (PHRN 16 mars 2013; Saggiomo 2014; IPSTC 2015, 9);
  • promouvoir le développement participatif (PHRN 16 mars 2013);
  • favoriser l’autonomie des femmes (PHRN s.d.; LAW janv. 2014, 7).

Sur son site Internet, le PHRN dresse la liste suivante de ses activités et réalisations :

[traduction]

A organisé des tribunes de réconciliation pour les clans et factions en conflit.

A organisé des tribunes politiques pour l’adoption de réformes et la reconstruction de la Somalie.

A milité pour la validation de l’adhésion de la Somalie à des accords internationaux, notamment la convention de Lome/l’accord de Cotonou.

A fait la promotion de la paix au moyen d’événements sociaux et d’activités.

A dirigé la marche pour la paix Hadraawi à l’échelle de la Somalie.

A organisé une campagne de sensibilisation au moyen d’émissions à la radio et à la télévision.

A milité pour la tenue du premier congrès de la société civile et l’a organisé.

A milité pour la mise en place du gouvernement fédéral provisoire.

A milité pour que la Somalie mette fin à la période de transition du gouvernement fédéral central et accède au statut d’État à part entière (PHRN 16 mars 2013).

De même, Oxfam Novib signale que le PHRN a accompli les activités suivantes, entre autres :

  • [traduction] « a participé à de nombreuses réunions pour la paix » (Oxfam Novib août 2007, 9);
  • a abordé avec les parlementaires la question des droits de la personne et [traduction] « a exercé des pressions et milité pour l’adoption d’un système de quotas pour améliorer la participation des femmes grâce à un programme de discrimination positive » (Oxfam Novib août 2007, 81);
  • a dirigé la marche pour la paix Hadraawi (Oxfam Novib août 2007, 82).

La même source signale aussi que le PHRN se consacre à des enjeux tels que [traduction] « la démobilisation des milices, le droit public, la sensibilisation des électeurs et la surveillance électorale » (Oxfam Novib août 2007, 115-116).

1.3 Structure et direction

Les renseignements exposés dans le paragraphe qui suit sont tirés de deux pages distinctes du site Internet du PHRN :

La stratégie du PHRN repose sur [traduction] « une approche ascendante et participative » (PHRN s.d.). Sa structure comporte une assemblée générale, un comité de direction, un comité de contrôle et de vérification internes, des bureaux de coordination et des groupes de travail (PHRN s.d.). L’assemblée générale est [traduction] « l’organe directeur le plus important du PHRN, chargé d’énoncer la vision et la mission du réseau et d’approuver ses activités » (PHRN s.d.). Tous les ans, elle examine et approuve les programmes et le budget annuel de concert avec les ONG membres du PHRN (PHRN 16 mars 2013). Les réunions régulières de l’assemblée générale se tiennent tous les deux ans (PHRN 16 mars 2013). Le comité de contrôle et de vérification interne [traduction] « dont les membres sont élus parmi les participants à l’assemblée générale, est chargé de réaliser une vérification organisationnelle générale tous les trimestres, puis de soumettre les résultats de cette vérification à l’assemblée générale » (PHRN s.d.). Le comité de direction :

[traduction]

est responsable d’élaborer les stratégies du PHRN visant à réaliser la vision de l’assemblée générale, de veiller à ce que l’organisation demeure concentrée sur ses objectifs à court et à long terme, de gérer les activités quotidiennes, de surveiller les plans, ressources et programmes, ainsi que de mesurer et de corriger les activités pour s’assurer qu’elles sont conformes au plan (PHRN s.d.).

Le comité de direction approuve les projets de collecte de fonds à la lumière du budget annuel et des autres programmes du PHRN (PHRN 16 mars 2013). Il se réunit deux fois par mois (PHRN 16 mars 2013). Quant aux bureaux de coordination, il y a le bureau principal à Mogadiscio, ainsi que [traduction] « les bureaux auxiliaires » au Puntland et dans le Sud-Ouest de la Somalie; ces bureaux mettent en œuvre « les activités quotidiennes de l’organisation et coordonnent les groupes de travail sous les conseils du comité de direction et du président » (PHRN s.d.). Le PHRN [traduction] « mène ses activités par l’entremise de trois groupes de travail principaux » : le groupe de travail des droits de la personne, le groupe de travail de la sensibilisation et le groupe de travail de la réconciliation (PHRN 16 mars 2013). Ces groupes de travail [traduction] « effectuent des évaluations, formulent des recommandations sur la conception de projets et mettent en œuvre les activités de projet qui relèvent de leur domaine » (PHRN s.d.). Ils [traduction] « se rencontrent tous les trente jours » (PHRN 16 mars 2016). [Traduction] « [U]n certain nombre des projets [du PHRN] […] ont été intégralement financés par CARE/USAID, l’Union Européenne et Oxfam Novib, à titre de partenaires » (PHRN 16 mars 2013). Oxfam Novib décrit le PHRN comme étant un de ses partenaires (Oxfam Novib 7 avr. 2010, 35).

Selon un article publié en 2008 par les Réseaux d’information régionaux intégrés (Integrated Regional Information Networks - IRIN), qui étaient à l’époque un organisme des Nations-Unies (IRIN s.d.), le dirigeant du PHRN était Abdinasir Ahmed (Nations Unies 24 juin 2008). Dans un article paru en 2013 sur le site Internet du Projet des défenseurs des droits de la personne de l’Est et de la Corne de l’Afrique (East and Horn of Africa Human Rights Defenders Project - EHAHRDP) [1], on peut lire qu’Abdi Farah Dhere était [traduction] « vice-président du [PHRN] et chef de son bureau dans la région de Bosaso, au Puntland » jusqu’à son assassinat le 13 juillet 2013 par « deux hommes non identifiés au moment où il sortait d’une mosquée dans le Nord de la ville de Galkayo » (EHAHRDP 17 juill. 2013). Dans un rapport publié en 2016, l’EHAHRDP signale que [traduction] « personne n’a encore été tenu responsable de ce meurtre » (EHAHRDP févr. 2016, 15). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel sur les dirigeants du PHRN.

2. Traitement réservé par al Shabaab aux défenseurs des droits de la personne
2.1 Al Shabaab

Des sources précisent qu’al Shabaab [aussi épelé al-Shabab et aussi connu sous le nom de Harakat al-Shabab al-Mujahideen, ou « la jeunesse »] est un groupe de militants islamistes en Somalie (Human Rights Watch 16 avr. 2013; CFR 13 mars 2015; É.-U. 18 mars 2008). D’après des sources, ce groupe a pris de l’ampleur en Somalie en 2006 (BBC 9 déc. 2016; The Guardian 16 août 2011; ACLED avr. 2013). Des sources signalent que le groupe s’est lié officiellement avec AlQaïda en février 2012 (BBC 9 déc. 2016; CFR 13 mars 2015). Des sources signalent qu’al Shabaab exerce un contrôle sur les territoires suivants :

  • le Sud de la Somalie (The Guardian 16 août 2011; Canada s.d.);
  • la zone sud-centrale de la Somalie (ACLED avr. 2013, 1);
  • les zones rurales (BBC 9 déc. 2016; ACLED 2013, 2; EHAHRDP févr. 2016, 1)
  • la capitale Mogadiscio et les régions avoisinantes (ACLED 2013).

Pour de plus de renseignements sur al Shabaab, veuillez consulter la réponse à la demande d’information SOM104662 de novembre 2013.

2.2 Traitement

Selon un article publié en 2008 sur le site Internet de l’EHAHRDP, il y a eu une hausse en 2008 [traduction] « des incidents de harcèlement, des enlèvements et des assassinats ciblés visant les travailleurs humanitaires, les militants pour la paix et les défenseurs des droits de la personne » (EHAHRDP 18 juill. 2008). La même source précise que le PHRN est [traduction] « vulnérable en raison de la situation de plus en plus précaire à Mogadiscio et des menaces ciblant particulièrement les militants des droits de la personne » (EHAHRDP 18 juill. 2008). Il ressort des Country Reports for Human Rights Practices publiés par le Département d’État des États-Unis pour les années 2009 et 2010 qu’il y a eu un accroissement de [traduction] « la prise pour cible par al Shabaab de groupes de la société civile, de militants pour la paix, de médias et d’organisations de défense des droits de la personne », et que les groupes qui militaient pour les droits de la personne, y compris le PHRN, « ont poursuivi leurs activités au cours de l’année, mais dans une moindre mesure qu’auparavant, en raison de leur prise pour cible accrue par al Shabaab » (É.-U. 11 mars 2010; É.-U. 8 avr. 2011, 35). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement additionnel sur le traitement réservé au PHRN par al Shabaab.

Dans un rapport d’Oxfam Novib daté de 2010, un agent de programme au PHRN a signalé que la crainte de représailles fait obstacle à [traduction] « la défense des droits de la personne » et

[qu’]il est difficile de trouver les malfaiteurs et il arrive souvent que les victimes hésitent à signaler les infractions par crainte de représailles. Les organisations hésitent à dénoncer les atteintes aux droits de la personne, et celles qui les dénoncent reçoivent des menaces de mort si elles ne mettent pas fin à leurs activités (Oxfam Novib 7 avr. 2010).

Dans sa soumission dans le cadre de l’EPU en 2011, le PHRN signale que [traduction] « les défenseurs des droits de la personne font souvent l’objet de menaces, d’appels anonymes, d’actes d’intimidation, de messages SMS et d’autres formes de terreur » et sont la cible « d’assassinats, de meurtres, d’arrestations, du verrouillage de leurs bureaux, de la confiscation de leurs biens et de la suspension de leurs activités » en raison de leur travail de défense des droits, et que de nombreux militants ont quitté le pays, « en attribuant souvent le blâme aux groupes opposés au gouvernement » (PHRN mai 2011, 3). Dans un rapport daté de 2016, l’EHAHRDP signale qu’un journaliste avait reçu [traduction] « des messages textes d’al Shabaab - le menaçant de mort - à cause de ses reportages sur le conflit armé en cours dans la région sud-centrale de la Somalie » (EHAHRDP févr. 2016, 4).

D’après les Country Reports 2011 des É.-U., il y a eu [traduction] « des attaques contre les ONG » et « à la suite d’assassinats, d’enlèvements, de menaces et d’actes de harcèlement, certaines organisations ont évacué leur personnel ou interrompu la distribution de l’aide alimentaire d’urgence et d’autres activités humanitaires » (É.-U. 11 mars 2010). Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH) des Nations Unies a fait observer en 2011 qu’al Shabaab avait confisqué [traduction] « des biens et du matériel qui appartenaient à plusieurs [ONG] et agences des Nations Unies » (Nations Unies 28 nov. 2011).

Selon les Country Reports 2012 des É.-U., [traduction] « les agressions et les incidents de harcèlement contre les travailleurs humanitaires, religieux, de la société civile et des ONG ont entraîné des décès » et « [p]lusieurs défenseurs des droits de la personne ont fui le pays » (É.-U. 19 avr. 2013, 36). Dans son rapport Freedom in the World de 2012, Freedom House fait observer que le conflit en Somalie [traduction] « a contraint de nombreuses ONG et agences des Nations Unies qui travaillaient en Somalie à réduire ou à suspendre leurs activités » (Freedom House 2012).

Dans un rapport publié en février 2016 décrivant des agressions contre des défenseurs des droits de la personne en Somalie et au Somaliland, l’EHAHRDP explique ceci : [traduction] « al Shabaab a revendiqué la responsabilité de la plupart des atteintes effroyables aux droits de la personne commises contre les défenseurs des droits de la personne » (févr. 2016, 10). La même source ajoute que [traduction] « dans la région sud-centrale de la Somalie, le principal auteur des actes de violence contre les défenseurs des droits de la personne est al Shabaab » (févr. 2016, 14).

2.3 Incidents de violence

D’après le rapport de l’EHAHRDP de 2016, [traduction] « des acteurs non étatiques tels qu’al Shabaab ont menacé [des défenseurs des droits de la personne] et ont perpétré un certain nombre de meurtres afin de prendre pour cible ceux qui dénoncent les violations des droits de la personne commises partout dans le pays » (EHAHRDP févr. 2016, vi). Des sources ont fait état des incidents suivants de violence contre les défenseurs des droits de la personne en Somalie :

  • l’enlèvement [traduction] « [d’]un employé de Care International » près d’El-Dheer (région de Galgadud) en juin 2008; cet incident faisait suite à l’enlèvement d’un autre employé de CARE six semaines auparavant (Nations Unies 24 juin 2008). Selon l’IRIN, [traduction] « l’incident a incité CARE, l’une des plus importantes agences d’aide humanitaire dans ce pays déchiré par la guerre, à suspendre ses activités dans la région de Galgadud » (Nations Unies 24 juin 2008). Sur son site Internet, le PHRN précise que CARE/USAID est un de ses bailleurs de fonds (PHRN 16 mars 2013);
  • le meurtre de Mohamed Hassan Kulmiye, militant pour la paix et directeur régional du Centre pour la recherche et le dialogue (Center for Research and Dialogue - CRD) à Beledweyne, dans la région centrale de la Somalie, le 22 juin 2008 par des tireurs non identifiés (É.-U. 25 févr. 2009; Reuters 22 juin 2008);
  • le meurtre [traduction] « [d’]Abdullahi Abdi Egal, un membre de la Commission de réconciliation nationale à Baidoa » par al Shabaab le 1er janvier 2009 (É.-U. 11 mars 2010);
  • traduction] « [e]n janvier 2010, le corps d’un employé d’une ONG établie à Mogadiscio a été retrouvé le lendemain de son enlèvement par des hommes armés d’al Shabaab » (Freedom House 2011);
  • à la fin de 2011, [traduction] « le directeur d’une organisation de défense des droits de la personne » a été détenu par al Shabaab et a signalé [traduction] « les messages, appels anonymes et messages textes [qu’il avait reçus] avant son enlèvement par al Shabaab. Dans un de ces textes, ils juraient de [le] tuer » (EHAHRPD févr. 2016, 14);
  • [traduction] « [l]e 23 juillet 2013, Adan Salah Abdallah, un observateur des droits de la personne dans la région du Sud-Ouest de la Somalie, a été arrêté par des combattants d’al Shabaab » et, le 18 novembre 2013, sa famille « a appris qu’il avait été tué » (EHAHRDP févr. 2016, 16).

3. Protection offerte par l’État

Le Département d’État des États-Unis fait observer ceci :

[traduction]

Des militants pour la paix bien connus, des aînés de clans et des membres de leurs familles ont été pris pour cible et ont été tués ou blessés du fait de leurs efforts visant à renforcer la paix[;] […] le gouvernement n’a pas été en mesure d’identifier ni de punir les malfaiteurs. Selon des informations, al Shabaab et ses milices affiliées étaient à l’origine de bon nombre de ces assassinats (É.-U. 11 mars 2010).

Dans ses observations présentées dans le cadre de l’EPU de 2011, le PHRN signale que la Somalie ne dispose pas d’un [traduction] « gouvernement efficace » apte à gérer la situation en matière de droits de la personne en Somalie, notamment la situation des « défenseurs des droits de la personne qui sont menacés » (PHRN mai 2011, 1).

Dans un article publié en 2011 par ReliefWeb, le service en ligne du BCAH qui diffuse de l’information sur [traduction] « les crises et catastrophes mondiales » (Nations Unies s.d.b), on cite les propos d’un porte-parole du gouvernement de la Somalie, Abdirahman Omar Osman, selon lesquels [traduction] « Al Shabaab est responsable de la plupart des violations des droits de la personne qui sont commises en Somalie » et le gouvernement prend « très au sérieux […] toutes les allégations ayant trait à des violations des droits de la personne et du droit humanitaire » (Nations Unies 15 août 2011). Selon un document produit par le gouvernement fédéral provisoire de la Somalie, ce dernier a accepté, entre autres, les recommandations 98.109 à 98.110 et 98.119 à 98.128 de l’EPU de 2011 (Somalie 21 sept. 2011). Au paragraphe 98.110 de l’EPU de 2011, la recommandation vise à [version française des Nations Unies] « [m]ettre fin à l’impunité dont continuent de jouir les auteurs de violations de la liberté d’expression » (Nations Unies 11 juill. 2011, 19, paragr. 98.110). Le paragraphe 98.121 prévoit la recommandation suivante : [version française des Nations Unies] « [r]especter, en étroite coopération avec le "Somaliland" et le "Puntland", la liberté d’expression et protéger les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme contre les violations destinées à les empêcher d’exercer leur activité légitime » (Nations Unies 11 juill. 2011, paragr. 98.121). Dans sa réponse à l’EPU de 2011, la Somalie précise que :

[traduction]

[l]e gouvernement fera tout en son pouvoir pour mener des enquêtes en temps opportun et en toute impartialité concernant les assassinats et les menaces de violence à l’encontre de journalistes et d’intervenants de la société civile, et adoptera toutes les mesures nécessaires pour assurer leur sécurité personnelle (Somalie 21 sept. 2011, paragr. 98.70).

La même source ajoute que :

[traduction]

[l]e gouvernement s’engage à renforcer le système judiciaire pour mettre fin à la culture d’impunité qui perdure et pour veiller à ce que les auteurs des violations des droits de la personne et du droit humanitaire international soient tenus responsables de leurs actes (Somalie 21 sept. 2011, paragr. 98.102).

Toutefois, d’après le rapport publié par l’EHAHRDP en 2016, [traduction] « les enquêtes criminelles inadéquates sur les violations commises contre [les défenseurs des droits de la personne] sont chose courante », tout comme « la réticence et/ou l’incapacité » du gouvernement à mener des enquêtes (EHAHRDP févr. 2016, 1). L’EHAHRDP ajoute ceci :

[traduction]

[l]es manquements répétés du gouvernement de la Somalie pour ce qui est d’ouvrir des enquêtes et d’intenter des poursuites ont créé un climat d’impunité dans lequel les personnes qui commettent de telles violations peuvent continuer de le faire sans craindre d’avoir à répondre de leurs actes (EHAHRDP févr. 2016, 17).

Sans fournir de précisions additionnelles, la même source fait observer que l’EHAHRDP [traduction] « collabore de manière approfondie avec les [défenseurs des droits de la personne] somaliens » depuis 2005 et, en 2012, qu’il « a jugé nécessaire d’établir un "programme spécial" » pour venir en aide aux défenseurs des droits de la personne; environ 200 d’entre eux ont bénéficié de ces programmes, y compris « le renforcement des capacités sur les plans de la protection, de l’évaluation des risques et des outils de gestion de la sécurité » (EHAHRDP févr. 2016, vi). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.

Note

[1] D’après un rapport d’Oxfam Novib, le Projet des défenseurs des droits de la personne de l’Est et de la Corne de l’Afrique (East and Horn of Africa Human Rights Defenders Project - EHAHRDP) [autrefois appelé East and Horn of Africa Human Rights Defenders Network, ou EHAHRDN, ou EHAHRD-Net] est une organisation qui milite en faveur des défenseurs des droits de la personne et qui leur accorde un soutien; il a été établi avec le soutien d’Oxfam Novib et compte 65 organisations affiliées de défense des droits de la personne (7 avr. 2010, 35). Il est également connu sous le nom de DefendDefenders (EHAHRDP févr. 2016, vi).

Références

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Canada. S.d. Gendramerie royale du Canada (GRC). « Awareness Guide - Listed Terrorist Entities ». [Date de consultation : 18 juill. 2017]

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États-Unis (É.-U.). 19 avril 2013. Department of State. « Somalia ». Country Reports on Human Rights Practices for 2012. [Date de consultation : 13 juill. 2017]

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États-Unis (É.-U.). 11 mars 2010. Department of State. « Somalia ». Country Reports on Human Rights Practices for 2009. [Date de consultation : 12 juill. 2017]

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Nations Unies. 28 novembre 2011. Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH). « Somalia: ERC Valerie Amos Calls on Al-Shabaab to Withdraw from Seized Humanitarian Compounds ». [Date de consultation : 17 juill. 2017]

Nations Unies. 15 août 2011. Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH). ReliefWeb. « Somali Government Refute Human Rights Watch Allegations ». [Date de consultation : 17 juill. 2017]

Nations Unies. 11 juillet 2011. Conseil des droits de l’homme (CDH). Report of the Working Group on the Universal Periodic Review: Somalia. (A/HRC/18/6) [Date de consultation : 20 juill. 2017]

Nations Unies. 24 juin 2008. Réseaux d’information régionaux intégrés (IRIN). « End Attacks Against Aid Workers, Agencies Urge ». [Date de consultation : 18 juill. 2017]

Nations Unies. S.d.a. Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH). Universal Periodic Review - Somalia - Reference Documents. [Date de consultation : 21 juill. 2017]

Nations Unies. S.d.b. Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH). ReliefWeb. « What is ReliefWeb? ». [Date de consultation : 4 août 2017]

Oxfam Novib. 7 avril 2010. Annual Report 2009. [Date de consultation : 19 juill. 2017]

Oxfam Novib. Août 2007. External Evaluation of Oxfam Novib’s strategy in Somalia: Sythesis Report. [Date de consultation : 19 juill. 2017]

Oxfam Novib. S.d. « Our Story ». [Date de consultation : 9 août 2017]

Peace and Human Rights Network (PHRN). 16 mars 2013. « Background Information ». [Date de consultation : 12 juill. 2017]

Peace and Human Rights Network (PHRN). Mai 2011. Submission to Universal Periodic Review(UPR) of Somalia . [Date de consultation : 13 juill. 2017]

Peace and Human Rights Network (PHRN). S.d. « PHRN Strucuture ». [Date de consultation : 12 juill. 2017]

Reuters. 22 juin 2008. Abdi Sheikh. « Somali Activist Assassinated, U.N. Boss Kidnapped ». [Date de consultation : 18 juill. 2017]

Saggiomo, Valeria. 2014. « Building the State from Below: Networks of NGOs and the Politics of Civil Society in Somalia ». Informal Power in the Greater Middle East: Hidden Geographies. Sous la direction de Luca Anceschi, Gennaro Gervasio et Andrea Teti.

Somalie. 21 septembre 2011. Somali Permanent Mission to the United Nations Office at Geneva and other Specialized Institutions in Switzerland. (SPR/UNOG/000431/11) [Date de consultation : 20 juill. 2017]

Autres sources consultées

Sources orales : CARE/USAID; chercheur spécialisé dans le domaine des questions militaires et sécuritaires en Afrique subsaharienne; EHAHRDP; Oxfam Novib; PHRN/INXA; universitaires menant des recherches sur les ONG en Somalie.

Sites Internet, y compris : Africa Confidential; Africa Research Bulletin; Al Jazeera; The East African; Factiva; Hiiraan Online; Horseed Media; Mogadishu Post; Le Monde; Nations Unies – Refworld; Puntland Post; Radio France internationale; Review of African Political Economy; Shabelle News; SomaliaPress.com; Wardheer News.



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