Réponses aux demandes d'information

​​​Les réponses aux demandes d’information (RDI) sont des rapports de recherches sur les conditions dans les pays. Ils font suite à des demandes des décideurs de la CISR.

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Les RDI publiées par la CISR sur son site Web peuvent contenir des documents annexés inaccessibles en raison de problèmes techniques et peuvent inclure des traductions de documents initialement rédigées dans d'autres langues que l'anglais ou le français. Pour obtenir une copie d'un document annexé et/ou une version traduite des documents annexés de RDI, veuillez en faire la demande par courriel.

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Les réponses aux demandes d'information (RDI) citent des renseignements qui sont accessibles au public au moment de leur publication et dans les délais fixés pour leur préparation. Une liste de références et d'autres sources consultées figure dans chaque RDI. Les sources citées sont considérées comme les renseignements les plus récents accessibles à la date de publication de la RDI.    

Les RDI n'apportent pas, ni ne prétendent apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile donnée. Elles visent plutôt à appuyer le processus d'octroi de l'asile. Pour obtenir plus de renseignements sur la méthodologie utilisée par la Direction des recherches, cliquez ici.   

C'est aux commissaires indépendants de la CISR (les décideurs) qu'il incombe d'évaluer les renseignements contenus dans les RDI et de décider du poids qui doit leur être accordé après avoir examiné les éléments de preuve et les arguments présentés par les parties.    

Les renseignements présentés dans les RDI reflètent uniquement les points de vue et les perspectives des sources citées et ne reflètent pas nécessairement la position de la CISR ou du gouvernement du Canada.    

6 juin 2017

DJI105803.F

Djibouti : information sur le traitement réservé aux femmes célibataires, divorcées ou qui vivent seules, y compris l'accès au logement, à l'emploi et aux services sociaux; information sur les services de soutien offerts par le gouvernement, y compris la possibilité d'obtenir de l’aide financière de l’État (2014-mai 2017)

Direction des recherches, Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Aperçu

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une représentante de l'Association des femmes de Tadjourah (AFT), une association qui vise à améliorer les conditions de vie des habitants de la région de Tadjourah, entre autres en offrant « [d]es formations de couture et de broderie pour les jeunes filles et femmes déscolarisées [ainsi que] des programmes d’alphabétisatio[n] » (AFT s.d.), affirme que les femmes de 40 ans et plus peuvent vivre seules après le divorce (AFT 12 mai 2017). Selon la même source, les femmes de 20 à 35 ans qui ont été mariées ne peuvent pas vivre seules (AFT 12 mai 2017). La représentante de l'AFT a affirmé que pour les femmes qui n’ont jamais été mariées, c'est « un tabou » de quitter la maison familiale et de vivre seules (AFT 11 mai 2017). Allant dans le même sens, dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une maître de conférences à l'Université de Djibouti qui travaille entre autres sur les femmes et la pauvreté ainsi que sur la domesticité à Djibouti, a signalé que les femmes veuves ou divorcées peuvent vivre seules si elles sont en milieu urbain (maître de conférences 14 mai 2017). Selon la même source, « [e]n milieu rural, cela est plus compliqué, car elles peuvent être attaquées […] et leur cheptel razzié si elles ne sont pas sous la protection d'hommes » (maître de conférences 14 mai 2017). La maître de conférences a ajouté que les femmes vivant seules en milieu urbain ne sont pas « mal perçues » par la société « si elles ont de bonnes mœurs » (maître de conférences 14 mai 2017). La même source a spécifié que « les veuves sont bien perçues et souvent aidées [tandis que] les femmes divorcées sont moins bien perçues », car la société considère qu’elles « n’ont pas su garder leur mari » (maître de conférences 14 mai 2017). La maître de conférences a ajouté que les femmes qui vivent seules sont « mieux perçu[es] » dans les milieux aisés où le fait de vivre seule serait plus souvent le choix des femmes que dans des milieux plus pauvres où « le célibat ou le divorce [sont] souvent subi[s] et mis sur le dos des femmes » (maître de conférences 14 mai 2017).

De son côté, dans une communication écrite envoyée à la Direction des Recherches, un représentant de la Ligue djiboutienne des droits de l’homme (LDDH), une ONG située à Djibouti qui a pour objectifs de protéger et promouvoir les droits humains dans le pays (LDDH 3 mai 2017), a affirmé « [qu'] une fille djiboutienne n’a pas le droit de vivre seule, elle doit obligatoirement vivre chez ses parents » (LDDH 8 mai 2017). Le représentant de la LDDH a poursuivi en signalant qu’une femme mariée doit vivre chez son mari et qu’une femme divorcée ou veuve doit retourner habiter au domicile de ses parents ou chez des membres de sa famille (LDDH 8 mai 2017). Selon la même source, traditionnellement, une femme vivant seule est perçue comme une prostituée, même si elle n’en est pas une, et si une femme souhaite vivre seule, elle sera exclue de sa famille (LDDH 8 mai 217). Selon le représentant de la LDDH, il n’existe pas beaucoup de différences entre le milieu rural et le milieu urbain en ce qui concerne le traitement des femmes qui vivent seules à Djibouti (LDDH 3 mai 2017).

2. Accès au logement

Selon le représentant de la LDDH, un propriétaire refusera de louer un logement à une « femme seule, non accompagnée par un homme », par manque de confiance, même si elle peut financièrement s’acquitter du loyer (LDDH 8 mai 2017). Allant dans le même sens, la maître de conférences de l’Université de Djibouti a affirmé que les propriétaires hésitent à avoir des femmes seules comme locataires, car ils « pensent qu’elles ne pourront pas payer leur loyer sans le soutien d’un mari » et ils « doutent de leurs mœurs » (maître de conférences 14 mai 2017).

3. Accès à l'emploi

Selon le représentant de la LDDH, une femme non accompagnée par un homme qui cherche un emploi est « plus exposée aux dangers (harcèlement sexuel, agression physique, etc.) » (LDDH 8 mai 2017). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

Selon les statistiques publiées par la Banque mondiale en 2016 dans The Little Data Book on Gender 2016, en 2013, 36 p. 100 des femmes djiboutiennes âgées de 15 ans et plus faisaient partie de la force de travail, contre 68 p. 100 des hommes (Banque mondiale 2016, 71). Selon une estimation de l'Organisation mondiale du travail (OMT), publiée sur le site Internet de la United States Agency for International Development (USAID) [1], en 2016, 33,8 p. 100 des femmes djiboutiennes âgées de 15 ans et plus occupaient un emploi salarié (É.-U. s.d.). Des sources affirment qu'une grande proportion des femmes djiboutiennes travaille dans le secteur informel (É.-U. 3 mars 2017; Farah 22 juill. 2014).

Dans le Rapport national d’évaluation quinquennal sur la mise en œuvre du programme d’action de Beijing (1995) et des textes issus de la vingt troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale (2000), le ministère de la Femme et de la Famille à Djibouti, autrefois appelé le ministère de la Promotion de la femme et du Planning familial, sans fournir plus de détails, affirme que les employeurs du secteur privé préfèrent recruter des hommes, en prenant entre autres comme « prétexte » les éventuels congés de maternité des femmes (Djibouti juill. 2014, 26).

4. Accès aux services sociaux

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu de renseignements sur l'accès aux services sociaux des femmes célibataires, divorcées ou vivant seules.

Dans un document de travail en date de 2015, la Banque mondiale affirme que [traduction] « les programmes d’emploi [à Djibouti] se limitent à des formations professionnelles formelles et informelles pour les jeunes ou de la microfinance pour les femmes » (Banque mondiale 25 févr. 2015, 14). Selon la même source, « le pays se caractérise par un manque sévère de programmes publics et privés visant à promouvoir l'employabilité et le travail indépendant chez les femmes et les jeunes » (Banque mondiale 25 févr. 2015, 14).

Le 25 mai 2015, la Banque mondiale a annoncé l’octroi d’un [traduction] « prêt pour un nouveau programme de promotion de l’emploi pour les jeunes et les femmes à Djibouti » (Banque mondiale 25 mai 2015). Selon la même source, le programme vise notamment à renforcer le secteur de l’artisanat en se concentrant plus particulièrement sur les femmes (Banque mondiale 25 mai 2015).

Selon un article publié en 2014 par le quotidien djiboutien La Nation, un centre de formation s’adressant aux femmes a été mis sur pied à Tadjourah en 2014 au travers de l’appui financier du gouvernement japonais (La Nation 14 déc. 2014). Ce centre vise à offrir aux femmes des cours d’alphabétisation ainsi que des formations en couture et en informatique (La Nation 14 déc. 2014). Dans un article publié en 2017, La Nation fait aussi état du Centre d’actions sociales et d’autonomisation de la femme de Balbala qui offre des programmes de formation en cuisine, en couture, en coiffure et en audiovisuel (La Nation 12 mars 2017). La même source mentionne aussi un programme de « pépinières » associé à ce centre qui vise à soutenir d’anciennes étudiantes du centre dans leur début de carrière (La Nation 12 mars 2017).

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement concernant l’aide offerte par l'État pour les femmes vivant seules et souhaitant poursuivre leurs études.

5. Soutien offert par le gouvernement et la société civile

Selon le Cadre de programmation pays (CPF) FAO-Djibouti 2013-2017, « un outil de planification et de gestion qui vise à cibler au mieux l'assistance technique de la FAO [Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture] au niveau du [p]ays », les femmes « font l’objet d’une discrimination systématique dans l’accès aux services de crédit, de vulgarisation, de fourniture d’intrants et de semences, qui répond généralement au stéréotype de l’homme "producteur et chef de famille" » (Nations Unies juin 2013, 5, 13). Dans son rapport de 2014, le ministère de la Femme et de la Famille affirme qu’il y a une « nette différence entre la possibilité d’accéder aux ressources par un homme [et] par une femme » (Djibouti juill. 2014, 26). La source poursuit en soulignant qu’en ce qui concerne la propriété foncière, « le titre foncier est généralement établi au nom du chef de famille » (Djibouti juill. 2014, 26). Selon la troisième Enquête djiboutienne auprès des ménages pour les indicateurs sociaux (EDAM3-IS), réalisée en 2012 par le ministère de l’Économie et des Finances chargé de l’Industrie et de la Planification, la population djiboutienne est composée à 50 p. 100 de femmes, mais celles-ci représentent 22 p. 100 des chefs de ménage (Djibouti sept. 2012, 10).

La maître de conférences à l’Université de Djibouti a souligné ce qui suit :  

[l]’État et un certain nombre d’ONG aident les veuves et les orphelins. Des micro-crédits sont accordés souvent aux femmes pauvres, qu’elles soient seules ou non, afin qu’elles puissent créer des petites activités génératrices de revenus (maître de conférences 14 mai 2017).

Allant dans le même sens, le ministère de la Femme et de la Famille signale qu'il est possible de « parler d’une discrimination positive en comparant les bénéficiaires femmes et hommes dans les portefeuilles de micro[f]inance » (Djibouti juill. 2014, 27). Parmi les bénéficiaires des programmes de microfinance, on retrouve 88 p. 100 de femmes qui ont reçu 78 p. 100 des crédits accordés (Djibouti 2014, 27).

Selon un mémoire de maîtrise intitulé La microfinance et lutte contre la pauvreté : le cas de Djibouti déposé en 2012 à l'Université de Poitiers, l'Agence djiboutienne de développement social [(ADDS), « un établissement public à caractère social doté d'une autonomie administrative et financière […] [qui] a pour mission de contribuer à la lutte contre la pauvreté et la vulnérabilité » (Djibouti s.d.),] octroie des lignes de crédit de microfinance au travers de la Caisse populaire d'épargne et de crédit (CPEC) (Warsama Afasseh 2012, 31). Selon la même source, la CPEC est présente dans plusieurs régions de Djibouti et 15 000 de ses membres bénéficient de microcrédits (Warsama Afasseh 2012, 31). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Note

[1] USAID est une agence du gouvernement des États-Unis qui [traduction] « travaille pour mettre fin à la pauvreté extrême dans le monde et pour permettre aux sociétés résilientes et démocratiques de réaliser leur potentiel » (É.-U. 3 May 2017).

Références

Associations des femmes de Tadjourah (AFT). 12 mai 2017. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par une représentante.

Association des femmes de Tadjourah (AFT). 11 mai 2017. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par une représentante.

Association des femmes de Tadjourah (AFT). S.d. « Nos objectifs ». [Date de consultation : 24 avr. 2017]

Banque mondiale. 2016. « Djibouti ». The Little Data Book on Gender 2016. [Date de consultation : 18 mai 2017]

Banque mondiale. 20 mai 2015. « New US$2.73 Million Grant to Support Income Opportunities for Youth and Women in Djibouti ». [Date de consultation : 18 avr. 2017]

Banque mondiale. 25 février 2015. Project Paper for Small RETF Grant (US$2.73 Million Equivalent) to the Republic of Djibouti for an Enhancing Income Opportunities Project. [Date de consultation : 11 mai 2017]

Djibouti. Juillet 2014. Ministère de la Femme et de la Famille, chargé des Relations avec le parlement. Rapport national d’évaluation quinquennal sur la mise en œuvre du programme d’action de Beijing (1995) et des textes issus de la vingt troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale (2000). [Date de consultation : 5 mai 2017]

Djibouti. Septembre 2012. Ministère de l’Économie et des Finances chargé de l’Industrie et de la Planification. Direction de la statistique et des études démographiques. Profil de la pauvreté en République de Djibouti 2012. [Date de consultation : 11 mai 2017]

Djibouti. S.d. Agence djiboutienne de développement social (ADDS). « Présentation de l'Agence djiboutienne de développement social ». [Date de consultation : 5 juin 2017]

États-Unis. (É.-U.). 3 mai 2017. Agency for International Development (USAID). « Who We Are ». [Date de consultation : 5 juin 2017]

États-Unis (É.-U.). 3 mars 2017. Department of State. « Djibouti ». Country Report on Human Rights Practices for 2016. [Date de consultation : 10 mai 2017]

États-Unis (É.-U.). S.d. Agency for International Development (USAID). « Employment to Population Ratio, 15+, Female (Percentage) (Modeled ILO Estimate) - Djibouti ». [Date de consultation : 18 mai 2017]

Farah, Noura Abdi. 22 juillet 2014. « Djibouti: Environmental Issues as Major Constraints to Sustainable Development ». Beahrs Environmental Leadership Program Blog, University of California Berkeley. [Date de consultation : 17 mai 2017]

Ligue djiboutienne des droits humains (LDDH). 8 mai 2017. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par un représentant.

Ligue djiboutienne des droits humains (LDDH). 3 mai 2017. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par un représentant.

Maître de conférences, Université de Djibouti. 14 mai 2017. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

La Nation. 12 mars 2017. « MFF/UNFD Autonomisation économique de la femme djiboutienne : Des engagements aux actions ». [Date de consultation : 1er mai 2017]

La Nation. 14 décembre 2014. « Inauguration d’un centre d’autonomisation des femmes à Tadjourah : L’Ambassadeur Atsushi Nishioka inaugure un centre de formation à Tadjourah ». [Date de consultation : 2 mai 2017]

Nations Unies. Juin 2013. Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Cadre de programmation pays (CPF) FAO-Djibouti 2013-2017. [Date de consultation : 11 mai 2017].

Warsama Afasseh, Abdoulkader. 2012. La microfinance et lutte contre la pauvreté: le cas de Djibouti. Mémoire de maîtrise, Université de Poitiers. [Date de consultation : 26 mai 2017]

Autres sources consultées

Sources orales : Bender Djedid; chercheur au Centre population et développement; Djibouti - Direction de la statistique et des études économiques, ministère de l’Éducation, ministère de la Femme et de la Famille; Strategic Initiative for Women in the Horn of Africa; Union nationale des femmes de Djibouti.

Sites Internet, y compris : Africa Presse; Agence France-Presse; Amnesty International; Association djiboutienne pour l'équilibre et la promotion de la famille; Association pour le respect des droits de l’homme à Djibouti; Banque africaine de développement; Djibnet.com; Djibouti – Banque centrale de Djibouti, ministère de l’Éducation, Présidence; ecoi.net; Factiva; Femmes et contribution au développement; Femmes solidaires; Femmes sous lois musulmanes; Fonds monétaire international; Freedom House; The Guardian; Human Rights Watch; Intergovernmental Authority on Development; Islamic Development Bank; Jeune Afrique; Make Every Woman Count; Le Monde; Nations Unies – Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, ONU-Femmes, PNUD-Djibouti, Refworld, UNESCO, UNICEF; Organisation pour la démocratie et les droits humains – Djibouti; Parlement pan-africain; Perspective monde, Université de Sherbrooke; Solidarité féminine Djibouti; Strategic Initiative for Women in the Horn of Africa; Union européenne – Délégation à Djibouti et auprès de l’Intergovernmental Authority on Development; Université de Djibouti.



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