Réponses aux demandes d'information

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13 septembre 2016

NGA105628.EF

Nigéria : information sur la fréquence de la mutilation génitale des femmes (MGF), y compris sur les groupes ethniques où la MGF est courante, particulièrement dans l’État de Lagos et au sein du groupe ethnique des Edo; les conséquences du refus; l’accès à la protection de l’État; la possibilité pour une famille de refuser une pratique rituelle telle que la MGF (2014-septembre 2016)

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Fréquence de la mutilation génitale des femmes
1.1 Aperçu

Selon des sources, le Nigéria est le pays qui compte le plus grand nombre de cas de MGF [aussi appelée circoncision féminine ou excision] au monde, en raison de sa forte population (Leadership 6 févr. 2016; Borgen Magazine 19 févr. 2014). Certaines sources affirment que plus de 40 p. 100 des Nigérianes ont subi la MGF (ibid.; ICIR 7 févr. 2015). Toutefois, d’autres sources signalent que la proportion des femmes touchées dans ce pays se situerait entre 25 et 27 p. 100 (Nations Unies 21 juin 2016; IBTimes 26 mai 2015; The Guardian 20 mai 2015). De plus, des sources précisent que le taux de 25 p. 100 s’applique aux femmes âgées de 15 à 49 ans (Nations Unies 21 juin 2016; The Guardian 20 mai 2015). De même, d’après la 2013 Nigeria Demographic and Health Survey administrée par la Commission démographique nationale du Nigéria (National Population Commission of Nigeria), environ une femme sur quatre ayant entre 15 et 49 ans au Nigéria a subi la circoncision, et [traduction] « [l]a proportion la plus élevée se trouve chez les femmes "traditionalistes", avec 35 p. 100 » (Nigéria juin 2014, 345).

D’après la Nigeria Demographic and Health Survey, [traduction] « 32 p. 100 des femmes vivant en milieu urbain ont subi l’excision, comparativement à 19 p. 100 des femmes en milieu rural » (ibid., 348). Le bureau du Nigéria du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUP) déclare que la pratique de la MGF varie [traduction] « en fonction du niveau de pauvreté et d’instruction des filles et des mères » (Nations Unies 21 juin 2016). Dans la Nigeria Demographic and Health Survey, on peut aussi lire que

[traduction] 

[l]a circoncision féminine est moins fréquente chez les femmes n’ayant reçu aucune instruction et chez celles du quintile le plus pauvre. Par exemple, environ une femme sur trois ayant reçu une instruction de niveau primaire ou plus élevé est excisée, comparativement à seulement 17 p. 100 des femmes sans instruction. De même, 17 p. 100 des femmes faisant partie du quintile le plus pauvre sont excisées, par comparaison à 31 p. 100 dans les deux quintiles les plus riches (Nigéria juin 2014, 348).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.

D’après la Nigeria Demographic and Health Survey, la MGF [traduction] « [e]st pratiquée dans de nombreuses sociétés au Nigéria et existe partout au pays » (Nigéria juin 2014, 345). Des sources signalent que la fréquence de la MGF varie dans les différentes régions du Nigéria (Nations Unies 21 juin 2016; IBTimes 26 mai 2015). Selon des sources, la pratique de la MGF est plus répandue dans le Sud du pays (ibid.; Leadership 6 févr. 2016; É.-U. 13 avr. 2016, 33). Des sources précisent que le taux de fréquence de la MGF chez les femmes adultes est de 77 p. 100 dans le Sud, de 68 p. 100 dans le Sud-Est et de 65 p. 100 dans le Sud-Ouest (ibid.; Leadership 6 févr. 2016; Borgen Magazine 19 févr. 2014).

Selon le quotidien nigérian Vanguard, [traduction] « il y a environ six États au Nigéria qui pratiquent encore la mutilation génitale des femmes » (Vanguard 9 sept. 2015). Dans un article publié sur le site Internet du bureau du FNUP au Nigéria, on peut lire que [traduction] « c’est surtout dans six États particulièrement touchés que la pratique de la MGF est fréquente - Ebonyi, Ekiti, Imo, Lagos, Osun et Oyo » (Nations Unies 21 juin 2016). D’après des sources, Osun, Ebonyi et Ekiti sont des États où il y a une [traduction] « fréquence élevée » de MGF, le taux de femmes assujetties à cette pratique atteignant respectivement 77 p. 100, 74 p. 100 et 72 p. 100 (Nigéria juin 2014, 348; Punch 7 févr. 2016). Pour sa part, le Centre international pour le journalisme d’enquête (International Centre for Investigative Reporting - ICIR), une agence de presse indépendante et sans but lucratif du Nigéria (ICIR s.d.), cite une étude démographique nigériane, sans en préciser la source, selon laquelle le taux de fréquence se situerait entre 80 et 90 p. 100 dans l’État d’Osun (ICIR 7 févr. 2015).

Selon le bureau du FNUP au Nigéria, la pratique de la MGF varie entre les groupes ethniques du pays (Nations Unies 21 juin 2016). D’après la 2013 Nigeria Demographic and Health Survey, la circoncision féminine est plus courante chez les femmes yoruba (55 p. 100), suivies des femmes igbo (45 p. 100) (Nigéria juin 2014, 349). En ce qui a trait aux autres groupes ethniques, la même source fait état des taux suivants : 19 p. 100 chez les Haoussa, 13 p. 100 chez les Fulani, 13 p. 100 chez les Ibibio, 11 p. 100 chez les Ijaw/Izton, 3 p. 100 chez les Kanuri/Beriberi, 0,4 p. 100 chez les Igala, et 0,3 p. 100 chez les Tiv (ibid.). De plus, il ressort de la Nigeria Demographic and Health Survey que la fréquence de la MGF est de 13 p. 100 chez les autres groupes non identifiés et de 14 p. 100 chez les femmes dont l’origine ethnique est inconnue (ibid., 348).

1.2 État de Lagos

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une représentante du Centre d’études des femmes et d’intervention (Centre for Women Studies and Intervention - CWSI), une ONG à Abuja qui cherche à éradiquer les pratiques culturelles nocives telles que la MGF au moyen de campagnes de mobilisation et de sensibilisation (CWSI s.d.), a déclaré que la pratique de la MGF dans l’État de Lagos, notamment dans les secteurs près d’Ikorodu, était [traduction] « très répandue » (CWSI 2 sept. 2016). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens. En revanche, un professeur de religion à l’Université d’Ilorin au Nigéria qui se spécialise dans les pratiques culturelles nigérianes a déclaré douter que la pratique de la MGF soit très courante dans un État [traduction] « métropolitain » tel que le Lagos (professeur de religion 8 sept. 2016). La même source a précisé que [traduction] « la MGF n’est pas du tout fréquente au Lagos » (ibid.). De même, dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur d’histoire africaine à l’Université Brock, dont les sujets de recherche incluent la religion et les relations hommes-femmes au Nigéria, a déclaré que le Lagos était [traduction] « urbain » et « occidental », ajoutant que « les résidants du Lagos pourraient refuser la MGF. Ils sont tout simplement trop éloignés de leurs villes ou villages ancestraux et de la pression familiale » (professeur d’histoire africaine 9 sept. 2016). De même, dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un chargé de cours au département de sociologie à l’Université d’Ibadan, qui s’intéresse aux enjeux sociaux au Nigéria tels que la MGF, s’est dit d’avis que [traduction] « le Lagos est l’État le plus modernisé et le plus développé sur le plan juridique au Nigéria » (chargé de cours 9 sept. 2016).

D’après le journal nigérian Daily Trust, [traduction] « [l]es conclusions préliminaires du FNUP signalent que, dans les États d’Osun, d’Ekiti, d’Oyo, d’Ebonyi, d’Imo et de Lagos, 61 p. 100 des femmes en moyenne ont subi la mutilation génitale » (Daily Trust 25 mars 2016). La 2013 Nigeria Demographic and Health Survey fait état d’un taux de fréquence de 34,8 p. 100 dans l’État de Lagos chez les femmes de 15 à 49 ans (Nigéria 2013, 350). À l’opposé, l’ICIR cite les propos d’un avocat associé au Comité interafricain sur les pratiques traditionnelles (Inter-African Committee on Traditional Practices - IAC), qui a déclaré au sujet de l’État de Lagos : [traduction] « "nous n’avons pas vraiment relevé d’endroit où cela se fait, à l’exception des endroits où il y a des migrants d’autres groupes ethniques qui font cela secrètement" » (ICIR 7 févr. 2015). D’après le professeur d’histoire africaine, [traduction] « la MGF [dans l’État de Lagos] est en train de disparaître » (9 sept. 2016). De même, le chargé de cours a déclaré que

[traduction]

[m]ême si on ne dispose pas de données très fiables en raison de lacunes courantes sur le plan de la collecte de données en Afrique, l’expérience pratique et les observations portent à croire qu’il y a eu une forte réduction de la MGF au Nigéria, et encore plus dans l’État de Lagos. On pouvait certainement s’attendre à une telle réduction en raison de la hausse du niveau d’instruction, ainsi que des lois et des campagnes de sensibilisation mises en place au Lagos par le gouvernement et les sociétés civiles. Les résidants du Lagos doivent respecter les politiques et les lois, quel que soit leur État d’origine (chargé de cours 9 sept. 2016).

1.3 Groupe ethnique des Edo

Dans un article revu par des pairs et paru en 2009 dans l’African Journal of Reproductive Health, David Osarumwese Osifo et Iyekoretin Evbuomwan décrivent les Edo comme [traduction] « le groupe ethnique principal dans l’État d’Edo » (Osifo et Evbuomwan mars 2009, 18). Le professeur de religion a déclaré que les Edo sont originaires de l’État d’Edo et habitent principalement dans cet État (professeur de religion 8 sept. 2016). La même source a ajouté que [traduction] « toute personne d’origine edo au Lagos y est pour travailler, et n’est pas indigène » (ibid.). Le professeur d’histoire africaine a signalé que la région métropolitaine de Lagos se trouve à [traduction] « presque 200 milles de la patrie des Edo » (9 sept. 2016). Toutefois, un candidat au doctorat à l’Université Murdoch, dont les domaines de recherche incluent les relations hommes-femmes au Nigéria, a affirmé qu’il y a des connexions socioculturelles et historiques de longue date entre les Edo et le Lagos, notamment des mariages interculturels, et précise que des Edo étaient présents dans l’État de Lagos dès le 17e siècle (candidat au doctorat 8 sept. 2016).

La MGF est qualifiée de pratique [traduction] « largement acceptée » chez les Edo (Osifo et Evbuomwan mars 2009, 18). Selon le candidat au doctorat, la pratique de la MGF [traduction] « joue un rôle central dans la socialisation des Edo, tout comme la communauté dans laquelle ils vivent. De manière générale, il s’agit d’une pratique rituelle qui prépare les jeunes filles à la vie de femme adulte et au mariage » (candidat au doctorat 8 sept. 2016).

Le professeur de religion a précisé que [traduction] « toute pratique rituelle touchant une personne edo devrait normalement avoir lieu dans l’État d’Edo, et non dans celui de Lagos » (professeur de religion 8 sept. 2016). De même, le candidat au doctorat a déclaré [traduction] « [qu’]il est plus facile d’exercer des pressions sur les Edo qui vivent dans l’État d’Edo ou dans les États avoisinants afin qu’ils se conforment aux pratiques rituelles coutumières, en raison de la proximité de leurs villes natales » (candidat au doctorat 8 sept. 2016). La représentante du CWSI a affirmé que, chez les Edo, la conformité à la pratique rituelle est fonction des croyances de la famille et peut varier selon les familles (CWSI 2 sept. 2016). La représentante a ajouté que [traduction] « [l]es Edo qui croient en la mutilation génitale des femmes veilleront à ce qu’elle soit pratiquée sur leurs enfants, peu importe où ils vivent [dans l’État d’Edo ou à l’extérieur] (CWSI 2 sept. 2016). Selon le professeur d’histoire africaine, [traduction] « il n’y a pas d’obligation pour un enfant de prendre part à des pratiques rituelles dans la société edo » (professeur d’histoire africaine 9 sept. 2016). La même source ajoute que l’État d’Edo a interdit la MGF en 1999 en adoptant la loi interdisant la circoncision et la mutilation génitale des femmes (Female Circumcision and Genital Mutilation (Prohibition) Law) (ibid.). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens, ni aucun renseignement additionnel.

2. Attitudes de la société

Selon des sources, la MGF est une pratique culturelle [traduction] « profondément » ancrée (Nations Unies juin 2016; IBTimes 26 mai 2015; ICIR 7 févr. 2015). Le candidat au doctorat a déclaré que, malgré une [traduction] « lutte énergique contre l’observation des pratiques rituelles traditionnelles dans le Sud du Nigéria (Lagos, Edo, etc.) par l’islam et le christianisme », de même que des pressions pour « maintenir les principes de la modernité, […] il existe toujours de fervents partisans des pratiques rituelles […] au Lagos et ailleurs au pays » (candidat au doctorat 8 sept. 2016). La même source a ajouté ce qui suit :

[traduction]

il incombe à la fois à la femme et à l’homme, qu’ils appartiennent ou non au même groupe ethnique (notamment dans le Sud-Ouest, le Sud-Est et le Sud-Sud), de socialiser leurs enfants conformément aux traditions de leur ville natale, car ils savent que les pratiques rituelles appropriées permettent en partie à leurs enfants de prouver qu’ils sont des membres légitimes des groupes familiaux ou des collectivités de leur père et de leur mère (ibid.).

Le quotidien nigérian Leadership cite les propos d’un spécialiste de l’égalité entre les sexes travaillant pour le FNUP au Nigéria :

[traduction]

[L]es personnes vivant dans les collectivités où la pratique est répandue se méfient des interventions pour éradiquer une pratique qui existe depuis des lustres; elles ont peur d’être ostracisées en s’écartant d’une norme qui, croient-elles, constitue un signe de [traduction] « décence » chez la femme, favorise la fertilité des filles et est considérée comme un rite de passage pour les filles, entre autres (Leadership 6 févr. 2016).

La même source continue de citer le spécialiste de l’égalité entre les sexes en ajoutant que la volonté de mettre fin à cette pratique est entravée par

[traduction]

une incrédulité quant au fait que cette pratique peut réellement causer du tort à celles qui la subissent. Dans certaines de ces régions, puisque la MGF existe depuis des générations, des personnes en sont venues à croire qu’il s’agit d’une obligation religieuse et doutent des motifs d’écarter la pratique quand elles ne reconnaissent pas ses conséquences néfastes sur les femmes (ibid.).

Selon la représentante du CWSI, [traduction] « les personnes qui pratiquent [la MGF] le font [pour] diverses raisons essentiellement liées à la superstition, tandis que d’autres croient que les filles ne pourront jamais se marier dans leur culture parce qu’elles seront soupçonnées de frivolité » (CWSI 2 sept. 2016). Toutefois, la même source ajoute que, dans certains cas, les motifs de pratiquer la MGF sont de nature financière, [traduction] « car lorsqu’elle est pratiquée sur une jeune fille ou une jeune femme, les parents ont alors l’occasion de recevoir des cadeaux de la part des voisins » (ibid.). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.

3. Protection offerte par l’État et recours

Sans fournir de précisions, des sources déclarent que, en cas de refus de prendre part aux pratiques rituelles, il est possible de se tourner vers des représentants de l’État et des organismes de la société civile (candidat au doctorat 8 sept. 2016; professeur d’histoire africaine 9 sept. 2016), ainsi que vers des institutions religieuses pour obtenir une protection (chargé de cours 9 sept. 2016). Le chargé de cours affirme que les femmes qui veulent exercer un recours contre une MGF forcée peuvent aller chercher de l’aide auprès de la police, du ministère de la Protection sociale de l’État de Lagos, du Bureau du défenseur public, de nombreuses ONG, des églises et mosquées et des dirigeants communautaires (ibid.). Le candidat au doctorat a ajouté que les chefs traditionnels, les prêtres et les pasteurs peuvent aussi offrir des conseils (candidat au doctorat 8 sept. 2016). Or, selon la fondation de recherche politique allemande Bertelsmann Stiftung [1], [traduction] « en ce qui concerne les femmes et les filles, en particulier celles d’un statut [socioéconomique] inférieur, l’État n’a pas encore la capacité de les protéger contre les actes de violence, y compris […] la circoncision féminine et les mauvais traitements régis par le droit coutumier » (Bertelsmann Stiftung 2016, 9). Selon Freedom House, même s’il existe des lois contre la MGF au Nigéria, la pratique reste [traduction] « répandue, le nombre de dénonciations et de poursuites étant faible » (Freedom House 2016). On peut lire dans les Country Reports on Human Rights Practices for 2015 publiés par le Département d’État des États-Unis que la MGF est interdite dans 12 États (États-Unis 13 avr. 2016, 42). Des sources font remarquer l’existence, dans l’État de Lagos, de lois visant la pratique de la MGF (candidat au doctorat 8 sept. 2016; ICIR 7 févr. 2015). Cependant, d’après l’ICIR, [traduction] « même dans les États qui ont promulgué des lois contre celle-ci [la MGF], les lois sont peu contraignantes et, la plupart du temps, elles ne sont même pas appliquées » (ibid.). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun autre renseignement sur l’application et l’exécution des lois interdisant la MGF à l’échelle étatique.

Des sources signalent qu’une nouvelle loi nationale interdisant la MGF [loi interdisant la violence contre les personnes (Violence Against Persons (Prohibition) Act - VAPP)] est entrée en vigueur en 2015 (Nations Unies 21 juin 2016; Leadership 6 févr. 2016; The Guardian 20 mai 2015). Pour obtenir de l’information sur l’application et l’exécution de la loi interdisant la MGF adoptée en 2015, veuillez consulter la Réponse à la demande d’information NGA105404 de janvier 2016. Les Country Reports 2015 attirent l’attention sur le fait que, [traduction] « jusqu’à ce qu’elles soient adoptées par les États, toutefois, les dispositions de la VAPP sont uniquement applicables dans le Territoire de la capitale fédérale (Federal Capital Territory - FCT) » (États-Unis 13 avr. 2016, 32). L’ICIR signale que, en date de février 2015, seuls les États d’Edo, de Delta, d’Ebonyi, d’Ekiti, d’Ondo, d’Osun, d’Ogun, de Cross River et de Bayelsa avaient adopté la loi (ICIR 7 févr. 2015). Les Country Reports 2015 ajoutent que, en dépit de la loi fédérale, le gouvernement fédéral n’a intenté aucune poursuite judiciaire pour freiner la pratique (États-Unis 13 avr. 2016, 34). Au dire de certaines sources, les militants croient que la nouvelle loi n’est pas suffisante à elle seule pour éliminer la pratique puisque, pour y arriver, un changement de culture s’impose (Christian Today 10 juin 2015; The Huffington Post 8 juin 2015). Le candidat au doctorat explique que les efforts [traduction] « sont davantage axés sur les événements en surface plutôt que sur les processus fondamentaux, surtout dans les régions rurales de l’État de Lagos » (candidat au doctorat 8 sept. 2016).

4. Possibilité pour une famille de refuser une pratique rituelle telle que la mutilation génitale des femmes et conséquences du refus, particulièrement dans l’État de Lagos et au sein du peuple edo

Le chargé de cours s’est dit d’avis que, dans l’État de Lagos, [traduction] « les parents devraient avoir la possibilité et la liberté de refuser que leurs enfants participent à tout rituel, […] quel que soit leur État d’origine », et que « les parents à l’intérieur du Lagos devraient être en mesure de rejeter les exigences ou de résister aux pressions pour que leurs enfants se soumettent à la circoncision, s’il tel est leur souhait » (chargé de cours 9 sept. 2016). D’après le professeur de religion, [traduction] « le consentement d’un parent [est] important pour tout rituel touchant un enfant au Lagos » (professeur de religion 8 sept. 2016). De même, le professeur d’histoire africaine a déclaré que les résidants du Lagos peuvent refuser la MGF, et a expliqué que

[traduction]

[l]a différence réside dans l’ampleur de l’influence occidentale. Le Lagos est plus urbain et plus occidentalisé que la société edo. De plus, les mariages interethniques sont plus courants dans les villes du Lagos que dans celles de l’Edo, et cela exerce une influence modératrice sur les pratiques culturelles plus conservatrices (professeur d’histoire africaine 9 sept. 2016).

La même source a ajouté que

[traduction]

les femmes plus instruites, mieux informées et plus indépendantes sur le plan financier sont mieux en mesure de refuser la MGF, tandis qu’une femme qui n’a pas d’instruction ou qui vit dans une région rurale est plus vulnérable à la pression culturelle (ibid.).

Le candidat au doctorat a également affirmé qu’il ne croyait pas [traduction] « que des pressions sont exercées sur les parents qui vivent à Lagos pour qu’ils permettent que leur enfant subisse la mutilation génitale ou d’autres pratiques » (candidat au doctorat 8 sept. 2016). Toutefois, la même source a déclaré ce qui suit :

[traduction]

[I]l se peut que des membres de la famille exercent des pressions sur le père ou la mère en vue de préserver leurs valeurs culturelles. Et il se peut que les autorités ne soient pas informées de la pratique de la mutilation génitale, en raison des craintes des parents concernant les répercussions pour leur enfant si elle ne subit pas le rituel. En fait, dans certaines régions du Lagos, une personne qui ne s’est pas conformée au rituel de la MGF risque de ne jamais être considérée comme une adulte à part entière, peu importe son âge (ibid.).

D’après la représentante du CWSI, [traduction] « [l]a participation aux pratiques rituelles est un choix subjectif » (CWSI 2 sept. 2016). Elle s’est dite d’avis que certains rituels font partie de l’identité culturelle, mais [traduction] « ne sont pas conformes à la foi chrétienne », ajoutant que « tout parent [qui est adepte de la religion chrétienne] n’autorisera jamais que ses enfants prennent part à des rituels considérés comme étant diaboliques, nocifs ou contraires à la justice naturelle », même si certains pourraient ressentir de la pression de leurs pairs afin de participer à de telles activités (CWSI 2 sept. 2016). La même source a ajouté que [traduction] « les relations intergroupes » peuvent parfois influer sur la capacité de refuser la MGF et a cité l’exemple d’une « famille dans laquelle la [grand-mère] du côté maternel effectuait l’excision à l’insu du père de la victime » (CWSI 2 sept. 2016). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.

Selon le candidat au doctorat, [traduction] « le refus de prendre part à la MGF peut entraîner des conséquences au sein du groupe familial de la mère ou du père ou dans les communautés natales (soit au Lagos ou dans l’Edo). Cela se produit toujours dans la sphère privée » (candidat au doctorat 8 sept. 2016). Le professeur d’histoire africaine a déclaré que, [traduction] « [d]ans une famille conservatrice, le refus peut entraîner le retrait du soutien familial ou communautaire », et que « les femmes démunies risquent d’être traitées de manière négligente par leur mari » (9 sept. 2016). De plus, le chargé de cours a signalé que les conséquences du refus de la MGF dans l’État de Lagos ou au sein du groupe ethnique edo pourraient inclure l’ostracisme, la stigmatisation et le chantage, la privation des avantages intraculturels et la violence physique (chargé de cours 9 sept. 2016). D’après la représentante du CWSI, les conséquences découlent des croyances à l’origine de la pratique de la MGF (CWSI 2 sept. 2016). Elle a fourni l’explication suivante :

[traduction]

Si leur raison est que toute jeune fille qui n’a pas subi l’excision sera volage, il sera difficile pour les filles ayant refusé l’excision de se trouver un époux au sein de cette culture, car elles seront perçues comme des filles incapables de maîtriser leurs émotions. Si leur raison est que, au moment de l’accouchement, le bébé va mourir si sa tête effleure le clitoris de la mère, alors aucun homme de cette culture ne voudra épouser une femme dont les enfants mourront à la naissance (ibid.).

La même source a affirmé que, malgré l’adoption à l’échelle nationale et dans certains États de lois visant à protéger les filles ou les femmes qui refusent de se soumettre à la MGF, elle doutait que de nombreuses femmes aient le courage [traduction] « d’engager des poursuites contre leurs parents ou grands-parents », car « [c]e sont ces personnes qui exigent la conformité à une pratique au sein d’une culture où de telles pratiques sont la norme » (CWSI 2 sept. 2016).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun autre renseignement sur la possibilité de refuser de se soumettre aux rituels edo, y compris dans l’État de Lagos.

Pour de plus amples renseignements sur les conséquences du rejet des pratiques rituelles, veuillez consulter les réponses aux demandes d’information NGA105601, d’août 2016, et NGA105465, de mars 2016. Pour de plus amples renseignements sur la violence conjugale, y compris dans l’État de Lagos, veuillez consulter la réponse à la demande d’information NGA104980, de novembre 2014.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Note

[1] Fondée en 1977, Bertelsmann Stiftung est une fondation privée allemande dont [traduction] « l’objectif est de promouvoir la recherche et le développement des connaissances dans les domaines de la religion, de la santé publique, des questions touchant les jeunes et les aînés, de la culture et des arts, de l’éducation publique et de la formation professionnelle, de la sécurité sociale, des échanges culturels à l’échelle internationale, de la démocratie, de la gouvernance et de l’engagement civique » (Bertelsmann Stiftung s.d.).

Références

Bertelsmann Stiftung. 2016. "Nigeria Country Report." Bertelsmann Stiftung's Transformation Index (BTI) 2016. [Date de consultation : 1er sept. 2016]

Bertelsmann Stiftung. N.d. "Principles." [Date de consultation : 8 sept. 2016]

Borgen Magazine. 19 février 2014. Adama Dickson Salami. « Prohibiting Female Genital Mutilation in Nigeria ». [Date de consultation : 1er sept. 2016]

Candidat au doctorat, Murdoch University. 8 septembre 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Centre for Women Studies and Intervention (CWSI), Abuja. 2 septembre 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par une représentante.

Centre for Women Studies and Intervention (CWSI), Abuja. S.d. « Legal Activities of CWSI ». [Date de consultation : 6 sept. 2016]

Chargé de cours, Department of Sociology, University of Ibadan. 9 septembre 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Christian Today. 10 juin 2015. Monica Cantilero. « Female Genital Mutilation Still a Problem in Nigeria Despite New Law Banning It ». [Date de consultation : 1er sept. 2016]

Daily Trust. 25 mars 2016. Ruby Leo et Judd-Leonard Okafor. « Nigeria: Female Genital Mutilation - Recalling the Agonising Pain ». [Date de consultation : 6 sept. 2016]

États-Unis (É.-U.). 13 avril 2016. Department of State. « Nigeria ». Country Reports on Human Rights Practices for 2015. [Date de consultation : 30 août 2016]

Freedom House. 2016. « Nigeria ». Freedom in the World 2016. [Date de consultation : 13 sept. 2016]

The Guardian. 20 mai 2015. Stella Mukasa. « Nigeria's Bill Targeting FGM Is a Positive Step, but Must Be Backed by Investment ». [Date de consultation : 2 sept. 2016]

The Huffington Post. 8 janvier 2016. Eleanor Goldberg. « Nigeria Bans Female Genital Mutilation, but Advocates Say There's Still More Work to Do ». [Date de consultation : 1er sept. 2016]

International Business Times (IBTimes). 26 mai 2015. Lora Moftah. « Nigeria Bans Female Genital Mutilation: African Powerhouse Sends 'Powerful Signal' About FGM with New Bill ». [Date de consultation : 2 sept. 2016]

International Centre for Investigative Reporting (ICIR). 7 février 2015. Abiose Adelaja Adams. « Scarred For Life ». [Date de consultation : 6 sept. 2016]

International Centre for Investigative Reporting (ICIR). S.d. « About Us ». [Date de consultation : 7 sept. 2016]

Leadership. 6 février 2016. Suzan Ironsi. « Accelerating the Abandonment of Female Genital Mutilation in Nigeria ». [Date de consultation : 2 sept. 2016]

Nations Unies. 21 juin 2016. Fonds des Nations Unies pour la population (FNUP) - Nigéria. « An Activist's Story of FGM ». [Date de consultation : 30 août 2016]

Nigéria. Juin 2014. National Population Commission. Demographic and Health Survey 2013 (avec le soutien financier et technique d’ICF International). [Date de consultation : 30 août 2016]

Osifo, David Osarumwese et Iyekoretin Evbuomwan. Mars 2009. « Female Genital Mutilation Among Edo People: The Complications and Pattern of Presentation at a Pediatric Surgery Unit, Benin City ». African Journal of Reproductive Health. Vol. 13, no 1. [Date de consultation : 8 sept. 2016]

Professeur d’histoire africaine, Brock University. 9 septembre 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Professeur de religion, University of Ilorin. 8 septembre 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Punch. 7 février 2016. « UNICEF Laments High Rate of Female Genital Mutilation in Osun, Ebonyi ». [Date de consultation : 6 sept. 2016]

Vanguard. 9 septembre 2015. Chidi Nkwopara. « Six States in Nigeria that Still Practice Female Genital Mutilation ». [Date de consultation : 31 août 2016]

Autres sources consultées

Publications : An Institutional Survey of Female Genital Mutilation in Lagos, South-West, Nigeria; Female Genital Mutilation (FGM) and Sexual Functioning of Married Women in Oworonshoki Community, Lagos State, Nigeria; Mothers' Perceptions of Female Genital Mutilation.

Sources orales : chargé de cours, Department of Obstetrics and Gynaecology, University of Lagos; chargé d’enseignement, Department of Sociology, University of Lagos; chargé d’enseignement, Obafemi Awolowo University; chargé d’enseignement en religion traditionnelle et études culturelles africaines, Adekunle Ajasin University; Civil Resource Development and Documentation Centre; Committee for the Defence of Human Rights; Development and Peace Commission, Catholic Diocese of Ijebu-Ode; Nations Unies – Fonds pour l’enfance (bureau régional de l’État de Lagos), Fonds pour la population au Nigéria; professeur adjoint de religion, University of Birmingham; professeur d’étude comparative des religions, University of Ilorin; professeur d’études religieuses africaines, Harvard University; Women's Health and Equal Rights Initiative.

Sites Internet, y compris : 28 Too Many; AllAfrica; Amnesty International; Asylum Aid; Commission africaine des droits de l’homme et des peuples; Dawodu.com; ecoi.net; Edoworld.net; Factiva; International Center for Research on Women; Lagos State Government; Nairaland Forum; The Nation; Nations Unies – Fonds pour la population, Refworld; Nigéria – Federal Ministry of Women Affairs & Social Development; Pambazuka News; Royaume-Uni – Department for International Development, Home Office; Safe World for Women; Terre des femmes; YOHAIG.



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