Nigéria : information indiquant s’il est interdit aux femmes d’assister aux cérémonies Oro dans les régions d’Imota et d’Ikorodu; information indiquant si le fait d’être témoin d’une cérémonie Oro entraîne des conséquences, y compris la mort (2014-août 2016)
1. Interdiction pour les femmes d’assister aux cérémonies Oro
Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une professeure d’études comparatives des religions à l’Université d’Ilorin, au Nigéria, qui effectue des recherches sur la religion et la culture yorouba, a déclaré qu’il est interdit aux femmes d’assister aux cérémonies Oro, y compris dans les régions d’Imota et d’Ikorodu (professeure 3 août 2016). Selon PM News, une agence de presse établie à Lagos, la cérémonie Oro est une [traduction] « célébration culturelle yorouba très ancienne qui interdit la circulation des personnes, particulièrement des femmes, après le coucher du soleil » (PM News 12 mai 2016).
Le Nigerian Tribune, un journal nigérian, a signalé en août 2015 qu’un festival Oro avait lieu à Ife, une ville [traduction] « considérée historiquement comme étant le berceau du pays des Yoroubas » (1er août 2015). Cet article citait les propos [traduction] « [d’]un titulaire de titre traditionnel de premier plan qui a réclamé l’anonymat », selon lesquels « les femmes de tous âges, qui ne doivent pas voir la procession d’adeptes Oro », sont assujetties à une restriction de mouvements pendant toute la durée du festival (ibid.). Le Premium Times, un journal d’Abuja, a de même signalé qu’un festival Oro avait lieu à Ife en août 2015, et que pendant ce festival, il était interdit aux femmes de sortir après le coucher du soleil (3 août 2015).
PM News a souligné en mai 2016 que [traduction] « des ecclésiastiques » de Lagos avaient critiqué la restriction de mouvements touchant « certaines personnes » pendant le festival Oro d’Ikorodu (PM News 12 mai 2016). Cet article cite les propos de monseigneur Gabriel Osu, directeur des communications sociales à l’archidiocèse catholique de Lagos, qui a affirmé, en ce qui a trait à cette restriction, que [traduction] « toute pratique culturelle qui n’est pas conforme à l’esprit du temps est nuisible pour la collectivité et n’est pas une bonne chose » (ibid.). De même, l’imam Lukmon Abdul-Raheem, un chargé d’enseignement au Collège de technologie de Yaba qui a été interviewé par la même source, a déclaré que la restriction de mouvements est [traduction] « antidémocratique » et que « seul le gouvernement a le pouvoir de restreindre les mouvements de la population » (ibid.). Les deux sources interviewées par PM News ont affirmé que la restriction ne devrait s’appliquer que pendant la nuit, lorsque, selon monseigneur Osu, [traduction] « la plupart des personnes [sont] généralement à l’intérieur » (ibid.).
2. Conséquences encourues par les femmes qui ont été témoins d’une cérémonie Oro
La professeure a affirmé, sans fournir de détails, que les femmes qui ont été témoins d’une cérémonie Oro risquaient notamment [traduction] « [de développer] une grave maladie et/ou [de s’attirer] la malchance » (professeure 3 août 2015). Dans une étude publiée dans le Journal of International Social Research et intitulée [traduction] « Exclusion fondée sur le sexe : étude du culte Oro chez les Awori d’Ojo, dans l’État de Lagos, au Nigéria » [1], Johnson Ayodele, du Département de sociologie de l’Université d’État de Lagos, cite « un message courant et largement accepté selon lequel […] toute femme qui s’immisce dans les affaires du culte Oro et assiste à ses rituels se consumera instantanément » (Ayodele juin 2015, 551). La même source cite un homme qu’elle a interviewé et qui a déclaré que
[traduction]
[l]es femmes doivent respecter le couvre-feu nocturne traditionnel qui caractérise habituellement le festival du culte Oro. Les hommes non membres et les femmes sont des « ogberis » (non-initiés), et ils doivent éviter les adeptes du culte Oro. Les membres, appelés « omo awos » (initiés), célèbrent le festival en grande pompe. Finalement, il est interdit aux femmes de jeter un œil aux célébrations Oro. Toute femme qui ne respecte pas cette règle traditionnelle s’expose habituellement à une mort prévisible (ibid., 553).
M. Ayodele cite une autre personne interviewée dans le cadre de cette étude et qualifiée de [traduction] « militante pour les droits civils des femmes », qui a affirmé ce qui suit :
[traduction]
Imaginez, le culte Oro accroît maintenant le sentiment d’inégalité entre les sexes chez les résidents des collectivités et impose des couvre-feux que tous doivent respecter, et toute femme ayant la malchance d’apercevoir le culte Oro pendant la période où le couvre-feu est en vigueur perdra la vie (ibid., 557).
Un chef traditionnel qui a également été cité dans ce document a déclaré que
[traduction]
le fait d’assujettir les femmes des collectivités Awori qui ne respectent pas le couvre-feu imposé par le culte Oro à une peine de mort extrajudiciaire peut sembler ridicule et barbare, [mais] c’est notre manière culturelle d’exercer un contrôle social au sein de notre collectivité (ibid., 559).
Le Premium Times signale que, pendant le festival Oro qui a eu lieu à Ife en août 2015, des femmes ont dit à l’Agence de presse du Nigéria (PM News Agency of Nigeria - NAN) que, même si, pendant le festival, il leur est seulement interdit de sortir après le coucher du soleil, [traduction] « il vaut mieux faire preuve de prudence et demeurer à l’intérieur pendant [toute] la durée du festival plutôt que de se faire prendre et de risquer d’être sacrifiée » (3 août 2015).
Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun autre renseignement sur les conséquences encourues par les femmes qui auraient été témoins d’une cérémonie Oro, y compris sur des incidents au cours desquels des femmes auraient été punies.
Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.
Note
[1] Les Awori sont [traduction] « l’un des principaux sous-groupes yorouba au Nigéria » (Ayodele juin 2015, 551).
Références
Ayodele, Johnson. Juin 2015. « Gender Exclusion: A Study of Oro Cult Among Awori of Ojo, Lagos, Nigeria ». The Journal of International Social Research. Vol. 8, no 38.
Nigerian Tribune. 1er août 2015. « Ooni: Anxiety Mounts as Oro Festival Enters Second Day ». (Factiva)
PM News. 12 mai 2016. « Clerics Kick Against Oro Festivals ». [Date de consultation : 11 juillet 2016]
Premium Times. 3 août 2015. « Ife - Anxiety Mounts, Women Remain Indoors as Oro Festival Enters Second Day ». (Factiva)
Professeure d’études comparatives des religions, University of Ilorin, Ilorin, Nigéria. 3 août 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.
Autres sources consultées
Sources orales : Center for Women Studies and Intervention; chargé d’enseignement, Institute of Education, Faculty of Education, Obafemi Awolowo University; chargé d’enseignement en études comparatives des religions, University of Ilorin; chargé d’enseignement en religions africaines et en études comparatives des religions, Obafemi Awolowo University; chargé d’enseignement en sociologie des religions, en questions religieuses liées au sexe et en religions africaines, Obafemi Awolowo University; professeur agrégé de philosophie, Howard University; professeur d’anthropologie, University of California, Los Angeles; professeur d’études yorouba, University of Lagos; Women’s Rights Advancement and Protection Alternative.
Sites Internet, y compris : BBC; CNBC; ecoi.net; États-Unis – Department of State; Factiva; Fédération internationale des ligues des droits de l’homme; The Guardian (Nigeria); Human Rights Watch; IRIN; The Nation; Nations Unies – Refworld, Reliefweb; Nigéria – National Human Rights Commission; Nigerian Tribune; Norvège – Landinfo; Punch; Radio France internationale; The Sun; This Day; Vanguard.