Réponses aux demandes d'information

​​​Les réponses aux demandes d’information (RDI) sont des rapports de recherches sur les conditions dans les pays. Ils font suite à des demandes des décideurs de la CISR.

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Les réponses aux demandes d'information (RDI) citent des renseignements qui sont accessibles au public au moment de leur publication et dans les délais fixés pour leur préparation. Une liste de références et d'autres sources consultées figure dans chaque RDI. Les sources citées sont considérées comme les renseignements les plus récents accessibles à la date de publication de la RDI.    

Les RDI n'apportent pas, ni ne prétendent apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile donnée. Elles visent plutôt à appuyer le processus d'octroi de l'asile. Pour obtenir plus de renseignements sur la méthodologie utilisée par la Direction des recherches, cliquez ici.   

C'est aux commissaires indépendants de la CISR (les décideurs) qu'il incombe d'évaluer les renseignements contenus dans les RDI et de décider du poids qui doit leur être accordé après avoir examiné les éléments de preuve et les arguments présentés par les parties.    

Les renseignements présentés dans les RDI reflètent uniquement les points de vue et les perspectives des sources citées et ne reflètent pas nécessairement la position de la CISR ou du gouvernement du Canada.    

22 août 2016

NGA105599.EF

Nigéria : information indiquant s’il est interdit aux femmes d’assister aux cérémonies Oro dans les régions d’Imota et d’Ikorodu; information indiquant si le fait d’être témoin d’une cérémonie Oro entraîne des conséquences, y compris la mort (2014-août 2016)

Direction des recherches, Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Interdiction pour les femmes d’assister aux cérémonies Oro

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une professeure d’études comparatives des religions à l’Université d’Ilorin, au Nigéria, qui effectue des recherches sur la religion et la culture yorouba, a déclaré qu’il est interdit aux femmes d’assister aux cérémonies Oro, y compris dans les régions d’Imota et d’Ikorodu (professeure 3 août 2016). Selon PM News, une agence de presse établie à Lagos, la cérémonie Oro est une [traduction] « célébration culturelle yorouba très ancienne qui interdit la circulation des personnes, particulièrement des femmes, après le coucher du soleil » (PM News 12 mai 2016).

Le Nigerian Tribune, un journal nigérian, a signalé en août 2015 qu’un festival Oro avait lieu à Ife, une ville [traduction] « considérée historiquement comme étant le berceau du pays des Yoroubas » (1er août 2015). Cet article citait les propos [traduction] « [d’]un titulaire de titre traditionnel de premier plan qui a réclamé l’anonymat », selon lesquels « les femmes de tous âges, qui ne doivent pas voir la procession d’adeptes Oro », sont assujetties à une restriction de mouvements pendant toute la durée du festival (ibid.). Le Premium Times, un journal d’Abuja, a de même signalé qu’un festival Oro avait lieu à Ife en août 2015, et que pendant ce festival, il était interdit aux femmes de sortir après le coucher du soleil (3 août 2015).

PM News a souligné en mai 2016 que [traduction] « des ecclésiastiques » de Lagos avaient critiqué la restriction de mouvements touchant « certaines personnes » pendant le festival Oro d’Ikorodu (PM News 12 mai 2016). Cet article cite les propos de monseigneur Gabriel Osu, directeur des communications sociales à l’archidiocèse catholique de Lagos, qui a affirmé, en ce qui a trait à cette restriction, que [traduction] « toute pratique culturelle qui n’est pas conforme à l’esprit du temps est nuisible pour la collectivité et n’est pas une bonne chose » (ibid.). De même, l’imam Lukmon Abdul-Raheem, un chargé d’enseignement au Collège de technologie de Yaba qui a été interviewé par la même source, a déclaré que la restriction de mouvements est [traduction] « antidémocratique » et que « seul le gouvernement a le pouvoir de restreindre les mouvements de la population » (ibid.). Les deux sources interviewées par PM News ont affirmé que la restriction ne devrait s’appliquer que pendant la nuit, lorsque, selon monseigneur Osu, [traduction] « la plupart des personnes [sont] généralement à l’intérieur » (ibid.).

2. Conséquences encourues par les femmes qui ont été témoins d’une cérémonie Oro

La professeure a affirmé, sans fournir de détails, que les femmes qui ont été témoins d’une cérémonie Oro risquaient notamment [traduction] « [de développer] une grave maladie et/ou [de s’attirer] la malchance » (professeure 3 août 2015). Dans une étude publiée dans le Journal of International Social Research et intitulée [traduction] « Exclusion fondée sur le sexe : étude du culte Oro chez les Awori d’Ojo, dans l’État de Lagos, au Nigéria » [1], Johnson Ayodele, du Département de sociologie de l’Université d’État de Lagos, cite « un message courant et largement accepté selon lequel […] toute femme qui s’immisce dans les affaires du culte Oro et assiste à ses rituels se consumera instantanément » (Ayodele juin 2015, 551). La même source cite un homme qu’elle a interviewé et qui a déclaré que

[traduction]

[l]es femmes doivent respecter le couvre-feu nocturne traditionnel qui caractérise habituellement le festival du culte Oro. Les hommes non membres et les femmes sont des « ogberis » (non-initiés), et ils doivent éviter les adeptes du culte Oro. Les membres, appelés « omo awos » (initiés), célèbrent le festival en grande pompe. Finalement, il est interdit aux femmes de jeter un œil aux célébrations Oro. Toute femme qui ne respecte pas cette règle traditionnelle s’expose habituellement à une mort prévisible (ibid., 553).

M. Ayodele cite une autre personne interviewée dans le cadre de cette étude et qualifiée de [traduction] « militante pour les droits civils des femmes », qui a affirmé ce qui suit :

[traduction]

Imaginez, le culte Oro accroît maintenant le sentiment d’inégalité entre les sexes chez les résidents des collectivités et impose des couvre-feux que tous doivent respecter, et toute femme ayant la malchance d’apercevoir le culte Oro pendant la période où le couvre-feu est en vigueur perdra la vie (ibid., 557).

Un chef traditionnel qui a également été cité dans ce document a déclaré que

[traduction]

le fait d’assujettir les femmes des collectivités Awori qui ne respectent pas le couvre-feu imposé par le culte Oro à une peine de mort extrajudiciaire peut sembler ridicule et barbare, [mais] c’est notre manière culturelle d’exercer un contrôle social au sein de notre collectivité (ibid., 559).

Le Premium Times signale que, pendant le festival Oro qui a eu lieu à Ife en août 2015, des femmes ont dit à l’Agence de presse du Nigéria (PM News Agency of Nigeria - NAN) que, même si, pendant le festival, il leur est seulement interdit de sortir après le coucher du soleil, [traduction] « il vaut mieux faire preuve de prudence et demeurer à l’intérieur pendant [toute] la durée du festival plutôt que de se faire prendre et de risquer d’être sacrifiée » (3 août 2015).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun autre renseignement sur les conséquences encourues par les femmes qui auraient été témoins d’une cérémonie Oro, y compris sur des incidents au cours desquels des femmes auraient été punies.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.

Note

[1] Les Awori sont [traduction] « l’un des principaux sous-groupes yorouba au Nigéria » (Ayodele juin 2015, 551).

Références

Ayodele, Johnson. Juin 2015. « Gender Exclusion: A Study of Oro Cult Among Awori of Ojo, Lagos, Nigeria ». The Journal of International Social Research. Vol. 8, no 38.

Nigerian Tribune. 1er août 2015. « Ooni: Anxiety Mounts as Oro Festival Enters Second Day ». (Factiva)

PM News. 12 mai 2016. « Clerics Kick Against Oro Festivals ». [Date de consultation : 11 juillet 2016]

Premium Times. 3 août 2015. « Ife - Anxiety Mounts, Women Remain Indoors as Oro Festival Enters Second Day ». (Factiva)

Professeure d’études comparatives des religions, University of Ilorin, Ilorin, Nigéria. 3 août 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Autres sources consultées

Sources orales : Center for Women Studies and Intervention; chargé d’enseignement, Institute of Education, Faculty of Education, Obafemi Awolowo University; chargé d’enseignement en études comparatives des religions, University of Ilorin; chargé d’enseignement en religions africaines et en études comparatives des religions, Obafemi Awolowo University; chargé d’enseignement en sociologie des religions, en questions religieuses liées au sexe et en religions africaines, Obafemi Awolowo University; professeur agrégé de philosophie, Howard University; professeur d’anthropologie, University of California, Los Angeles; professeur d’études yorouba, University of Lagos; Women’s Rights Advancement and Protection Alternative.

Sites Internet, y compris : BBC; CNBC; ecoi.net; États-Unis – Department of State; Factiva; Fédération internationale des ligues des droits de l’homme; The Guardian (Nigeria); Human Rights Watch; IRIN; The Nation; Nations Unies – Refworld, Reliefweb; Nigéria – National Human Rights Commission; Nigerian Tribune; Norvège – Landinfo; Punch; Radio France internationale; The Sun; This Day; Vanguard.



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