Bangladesh : information sur la situation de la minorité ethnique hindoue manipurie, y compris les femmes, ainsi que le traitement qui leur est réservé; la capacité des femmes, particulièrement les femmes manipuries, de se réinstaller, puis d'obtenir un logement et un emploi au Bangladesh (2006-octobre 2013)
1. Situation des hindous manipuris et traitement qui leur est réservé
1.1 Aperçu
Les Manipuris [aussi appelés Meiteis (Ahmmed et Singh 2006, sect. 1.1; Banglapedia s.d.a] sont une communauté ethnique au Bangladesh (AHRC 1er oct. 2013; The Independent 27 mars 2008; ECDO 2006, 32). Ils sont également décrits comme un groupe autochtone (ou adivasi), un [traduction] « peuple ayant des pratiques sociales et culturelles, des langues et des coutumes particulières » (Ahmmed et Singh 2006, sect. 1.1). Ils viennent de l'État du Manipur, en Inde (ibid.; ECDO 2006, 32; Banglapedia s.d.a). Les Manipuris ont leur propre langue (Ahmmed et Singh 2006, sect. 2.6; AHRC 1er oct. 2013; ECDO 2006, 32), ainsi que des caractéristiques raciales et culturelles particulières (Ahmmed et Singh 2006, sect. 1.1).
On peut lire dans le World Factbook de la CIA qu'environ 98 p. 100 des habitants du Bangladesh sont des Bengalis, dont 89,5 p. 100 sont musulmans et 9,6 p. 100 hindous (É.-U. 22 août 2013). Les Manipuris seraient hindous, mais auraient des pratiques et des rituels différents de ceux de la population hindoue générale au Bangladesh (Ahmmed et Singh 2006, sect. 4.15; Joshua Project s.d.). Certaines sources signalent que les Manipuris au Bangladesh sont des hindous dalits [également appelés des « intouchables »] - la caste la plus basse au sein du système des castes hindoues (AHRC 1er oct. 2013; Joshua Project s.d.).
D'après The State of the Rural Manipuris in Bangladesh, une étude publiée en 2006 par un professeur adjoint en service social à l'Université Shahjalal des sciences et de la technologie, à Sylhet, et un représentant de l'Organisation ethnique de développement communautaire (Ethnic Community Development Organization - ECDO), une ONG basée à Sylhet, il y aurait au Bangladesh de 15 000 à 60 000 Manipuris (Ahmmed et Singh 2006, sect. 2.2). Selon le recensement de 2011, le Bangladesh compte 1 586 141 Autochtones, ce qui représente 1,1 p. 100 de la population totale de 149 772 364 de Bangladais (Bangladesh 2011). Cependant la Kapaeeng Foundation, une ONG de Dacca qui a pour objet de protéger les droits de la personne des peuples autochtones au Bangladesh, estime qu'il y a plus de 54 groupes autochtones au Bangladesh et une population totale de plus de trois millions de personnes (2012, 19).
Les Manipuris habiteraient à Sylhet (Ahmmed et Singh 2006, sect. 1.1; Banglapedia s.d.a.; ECDO 2006, 32), dans le district de Moulvibazar (Ahmmed et Singh 2006, sect. 1.1; Banglapedia s.d.a; The Independent 27 mars 2008), à Habiganj (Banglapedia s.d.b.; The Independent 27 mars 2008) et à Sunamganj (ibid.). Ils vivraient tant dans des zones rurales que des zones urbaines de Sylhet, en raison d'une plus grande assimilation et urbanisation (ECDO 2006, 33).
On peut lire dans The State of the Rural Manipuris in Bangladesh que les Manipuris ont leur propre administration locale, appelée Leipaak (médiation communautaire), bien qu'elle ne soit pas reconnue légalement (Ahmmed et Singh 2006, sect. 4.15). Les dirigeants communautaires sont des hommes âgés, qui ont notamment comme fonction de régler les différends au sein de la communauté (Ahmmed et Singh 2006, sect. 4.15). D'après l'étude, les Manipuris ont habituellement recours à ce système plutôt que de tenter d'obtenir justice auprès de la police ou des tribunaux (ibid.).
La même source signale que les Manipuris vivent en général selon une structure de [traduction] « famille étendue », qui comprend l'époux, l'épouse, les enfants, la belle-fille, le beau-fils et les petits-enfants (ibid., sect. 4.2). Les mariages précoces, les séparations, les divorces et la polygamie seraient rares parmi les Manipuris (ibid., sect. 4.1).
Selon certaines sources, les Manipuris travaillent principalement dans le secteur de l'agriculture et ils produisent surtout du riz (ibid., sect. 4.4; Joshua Project s.d.). Tant les hommes que les femmes travaillent dans l'agriculture (Ahmmed et Singh 2006, sect. 4.4). D'autres métiers traditionnels comprennent la menuiserie, l'orfèvrerie et la mécanique automobile, ainsi que le travail de tissage par les femmes manipuries (ibid.). Au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, un agent de programme au bureau du Bangladesh (Bangladesh Desk) de la Commission asiatique des droits de la personne (Asian Human Rights Commission - AHRC), basée à Hong Kong, a affirmé que nombre de Manipuris sont des [traduction] « ouvriers asservis » travaillant dans des plantations de thé (AHRC 1er oct. 2013).
Des sources signalent que les enfants manipuris sont scolarisés en bengali plutôt que dans leur langue maternelle (Ahmmed et Singh 2006, sect. 4.3; Banglapedia s.d.b). Bien qu'il semble que le taux d'alphabétisation chez les Manipuris soit plus élevé que la moyenne nationale, peu de Manipuris font des études supérieures (Ahmmed et Singh 2006, sect. 5.1). D'après une autre étude menée en 2006 par l'ECDO, moins de un pour cent des Manipuris font des études supérieures (ECDO 2006, 32).
Certaines sources signalent que de nombreux Manipuris vivent dans la pauvreté (AHRC 1er oct. 2013; Ahmmed et Singh 2006, sect. 5.1). D'après l'agent de programme de l'AHRC, les familles manipuries en général ne gagnent pas suffisamment d'argent pour acheter la nourriture dont ils ont besoin et nombreuses sont celles qui souffrent de malnutrition (AHRC 1er oct. 2013). L'agent de programme a aussi affirmé que de nombreuses familles vivent dans des huttes qui accueillent sept ou huit membres de la famille (ibid.). On peut lire dans The State of the Rural Manipuris in Bangladesh que la plupart des Manipuris ont de petites parcelles de terre qui ne sont pas suffisantes pour subvenir aux besoins agricoles de leurs familles (Ahmmed et Singh 2006, sect. 4.5). L'étude révèle également que les Manipuris sont de plus en plus menacés d'être privés de terres (ibid.). Sur son site Internet, l'ECDO explique que les questions relatives aux terres [traduction] « représentent une énorme menace pour l'avenir et la capacité de gagner leur vie de toutes les communautés autochtones dans la région du Grand Sylhet », car nombre de communautés ne disposent pas de documents permettant de prouver à qui appartiennent les terres (ECDO s.d.). L'ECDO souligne qu'elles sont vulnérables à « l'appropriation de terres » par des représentants du gouvernement et des Bengalis corrompus (ibid.).
1.2 Discrimination
Certaines sources affirment que les Manipuris font l'objet de discrimination (AHRC 1er oct. 2013; Ahmmed et Singh 2006, sect. 1.1). On peut lire dans The State of the Rural Manipuris in Bangladesh que les Manipuris font l'objet de [traduction] « discrimination systématique » dans des domaines comme l'éducation, l'emploi, les activités de développement et les relations sociales (Ahmmed et Singh 2006, sect. 1.1). L'étude révèle que les Manipuris ont peu ou pas d'influence sur les administrations locales et qu'ils n'ont pas accès aux initiatives de développement du gouvernement (ibid., sect. 1.1 et 4.8). En outre, l'étude montre que les Manipuris ont un [traduction] « accès limité » aux services et que le gouvernement est « ne tient pas compte de leurs besoins particuliers » (Ahmmed et Singh 2006, sect. 5.1). Dans une communication écrite envoyée en 2013 à la Direction des recherches, le directeur général de l'ECDO a affirmé que les Manipuris ont un [traduction] « accès limité au gouvernement et aux services sociaux fournis par divers intervenants » (ECDO 2 oct. 2013). Il a également souligné que les Manipuris dans les zones urbaines se heurtent aux problèmes en raison de leur statut de minorité, mais il n'a pas fourni de détails (ibid.).
De même, l'agent de programme de l'AHRC a précisé que les Manipuris
[traduction]
n'ont pas accès à des logements adéquats, à des soins de santé, ainsi qu'à d'autres services. Bien qu'il s'agisse d'un problème pour nombre de personnes au Bangladesh, les Manipuris, en tant que minorité, sont plus vulnérables. Ils sont pauvres et n'ont aucun poids sur le plan politique. Par conséquent, leurs besoins ne sont pas pris en compte (1er oct. 2013).
L'agent de programme a aussi souligné que, comme ils sont des dalits, les Manipuris font l'objet de discrimination de la part d'hindous de castes supérieures (AHRC 1er oct. 2013).
1.3 Violence
On peut lire dans The State of the Rural Manipuris in Bangladesh que les Manipuris ont vu leurs récoltes, leurs propriétés et leur bétail volés ou détruits par des Bengalis (Ahmmed et Singh 2006, sect. 5.1).
D'après le Daily Star, un journal de Dacca, le 23 octobre 2012, le secrétaire général de Hojat Dalua, une organisation pour jeunes Manipuris, a été tué par balle à Moulvibazar (Daily Star 25 oct. 2012; ibid. 4 nov. 2012). Il aurait été attaqué par trois personnes alors qu'il était sur son pousse-pousse (ibid. 25 oct. 2012). Plusieurs organisations ont organisé une manifestation afin d'exiger l'arrestation immédiate et la prise de sanctions contre les assassins, et elles ont aussi exigé que le gouvernement prenne des mesures afin de remédier aux [traduction] « récents incidents de répression contre des adivasis [groupes autochtones] au Bangladesh » (ibid. 4 nov. 2012). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucune autre information sur ces incidents.
En ce qui concerne la violence commise contre des Manipuris, l'agent de programme de l'AHRC a déclaré :
[traduction]
Les Manipuris peuvent faire l'objet de violence pour des motifs politiques ou pour des enjeux à l'échelle locale. Ils peuvent aussi faire l'objet de violence parce qu'ils sont des dalits. Les femmes manipuries tout particulièrement peuvent être victimes de violence. Si l'auteur de l'agression est membre du parti au pouvoir, il peut commettre ces crimes en toute impunité, puisqu'il n'y a aucune mesure de réparation judiciaire (AHRC 1er oct. 2013).
Cette information concorde en partie avec celle fournie par la fondation Kapaeeng, qui affirme qu'en général, les peuples autochtones au Bangladesh
[traduction]
ont été marginalisés, [ont fait l'objet de] discrimination et ont été privés de leurs droits fondamentaux alors même qu'ils sont des citoyens du pays. Les violations grossières des droits de la personne, notamment les meurtres, la violence contre les femmes et les enfants autochtones, les inégalités et la discrimination, ainsi que la persécution fondée sur la religion, ont augmenté en 2012 (Kapaeeng Foundation 2012, 28-29).
En outre, cette source affirme que les crimes contre les peuples autochtones sont commis en toute impunité, et que la [traduction] « culture de l'impunité » donne lieu à une augmentation des violations des droits de la personne contre les peuples autochtones (ibid.).
1.4 Femmes manipuries
On peut lire dans The State of the Rural Manipuris in Bangladesh que la communauté manipurie est [traduction] « dominée par les hommes » et que les hommes ont « le pouvoir exclusif en matière d'affaires familiales et communautaires » (Ahmmed et Singh 2006, sect. 4.15). Il y est également écrit que le rôle des femmes dans la prise de décisions est [traduction] « limité », ce qui nuit à l'égalité entre les sexes dans les communautés manipuries (ibid. 2006, sect. 4.15).
L'agent de programme de l'AHRC a décrit comme suit la situation des femmes manipuries :
[traduction]
Les femmes manipuries ont tendance à souffrir de malnutrition et sont soumises à une vie de privations. Elles ne sont respectées ni à l'intérieur ni à l'extérieur de la communauté. Les médias ne font pas état de leur situation, et l'on entend peu parler d'elles.
[...]
Les femmes manipuries épousent des hommes de leur communauté. Elles sont sans voix et presque sans amis si on les compare aux femmes de la population générale. Elles vivent dans des régions éloignées et sont mises à l'écart par la société (AHRC 1er oct. 2013).
La fondation Kapaeeng affirme que les femmes autochtones au Bangladesh font l'objet d'une [traduction] « double discrimination » fondée sur leur groupe ethnique et leur sexe, et elles sont victimes de discrimination tant dans leurs propres communautés que dans la société qui les entoure (2012, 117). La même source signale que les violations des droits comprennent [traduction] « l'absence de participation aux processus de prise de décision, l'absence de contrôle sur les revenus pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles, l'absence de droits relatifs à la propriété, le manque d'accès à l'éducation, le manque d'accès à des établissements de soins de santé, la violence familiale et la violence sexuelle dans les situations de conflits armés et de militarisation » (Kapaeeng Foundation 2012, 117).
D'après le bureau des Nations Unies au Bangladesh, les femmes et les minorités sont parmi [traduction] « les groupes les plus marginalisés » au Bangladesh (Nations Unies s.d.). Le Comité des Nations Unies pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes signale que les femmes faisant partie de minorité, y compris les femmes dalits, [traduction] « sont victimes de divers types de discrimination, tout particulièrement en ce qui concerne l'accès à l'éducation, à l'emploi et aux soins de santé, la protection contre la violence et l'accès à la justice » (Nations Unies 4 févr. 2011, paragr. 37). La rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la violence contre les femmes a de même souligné que [traduction] « les groupes minoritaires en général, et les femmes en particulier, sont victimes de types de discrimination multiples et interreliés dans divers secteurs de la vie »; on relève notamment des « cas de violence ou de menaces de violence contre des femmes appartenant à des tribus ou des femmes autochtones par des colons qui veulent leur faire peur afin qu'elles quittent leurs terres » (Nations Unies 29 mars 2013).
La fondation Kapaeeng signale que la violence contre les femmes autochtones constitue un [traduction] « problème majeur » au Bangladesh, mais que, dans la plupart des cas, les auteurs des agressions jouissent [traduction] « d'une impunité absolue étant donné l'absence d'accès à la justice [pour les victimes] » (2012, 121). Selon la même source, sur 120 cas de violence contre des femmes autochtones signalés dans des postes de police locaux de 2007 à 2012, en date de 2012, personne n'avait fait l'objet d'une poursuite dans le cadre du système de justice officiel (Kapaeeng Foundation 2012, 121). Dans la majorité des cas, il se serait agi de violence sexuelle commise par des membres de la population majoritaire bengalie (ibid.).
2. Capacité des femmes de se réinstaller
2.1 Situation générale des femmes pour ce qui est de l'accès à l'emploi et au logement
Le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes signale que la pauvreté chez les femmes au Bangladesh est [traduction] « généralisée » (Nations Unies 4 févr. 2011, paragr. 33). Le Comité signale également que les femmes au Bangladesh font l'objet de [traduction] « discrimination continue » en matière d'emploi; elles sont moins bien rémunérées et sont exploitées (ibid., paragr. 29).
Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, la directrice de Research Initiatives Bangladesh, une organisation qui finance des recherches sur le soulagement de la pauvreté et le développement au Bangladesh, a déclaré que les femmes célibataires, divorcées ou veuves au Bangladesh éprouvent [traduction] « d'importantes difficultés » pour ce qui est d'obtenir un logement et un emploi (Research Initiatives Bangladesh 2 oct. 2013). Elle a également signalé qu'il y a quelques services sociaux disponibles, mais qui sont destinés uniquement aux veuves, aux femmes âgées et aux femmes enceintes (ibid.).
Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une professeure d'anthropologie à l'Université BRAC à Dacca a déclaré ce qui suit :
[traduction]
L'accès à un logement pour les femmes célibataires, qu'elles soient divorcées, veuves, séparées ou jamais mariées, est beaucoup plus difficile que pour les hommes célibataires ou les femmes mariées. Les femmes qui n'ont pas un "tuteur de sexe masculin" suscitent une grande méfiance et sont généralement considérées comme immorales et dangereuses sur le plan sexuel. La plupart des propriétaires hésitent avant de louer leurs maisons à une femme célibataire. Lorsqu'elles vivent seules, les femmes sont plus susceptibles de faire l'objet de divers types de harcèlement sexuel, tout particulièrement si elles ne sont pas issues de familles aisées (professeure 2 oct. 2013).
En matière d'emploi, la professeure a signalé qu'il est plus difficile pour les femmes célibataires d'obtenir un emploi, tout particulièrement si ces femmes font partie des classes moyennes (ibid.). Elle a précisé que nombre de femmes pauvres travaillent dans [traduction] « des conditions éprouvantes et dangereuses » dans l'industrie du vêtement ou comme domestiques (ibid.). La rapporteuse spéciale des Nations Unies a fait état des [traduction] « mauvaises conditions de travail » qui sont le lot d'un grand nombre de femmes au Bangladesh et a affirmé que l'absence de réglementation fait en sorte « qu'elles sont plus vulnérables aux abus et à l'exploitation » (Nations Unies 29 mars 2013).
En ce qui concerne la capacité des femmes de se réinstaller par elles-mêmes dans d'autres régions du Bangladesh, la professeure d'anthropologie a déclaré ce qui suit :
[traduction]
Comme dans d'autres domaines, la réinstallation des femmes célibataires dans d'autres régions du pays est beaucoup plus difficile. En l'absence de services de l'État, les gens comptent sur les liens familiaux et un système actif de soutien social de la part de la communauté locale pour s'en sortir. Une femme célibataire ou qui vient de divorcer ne pourra pas profiter de liens sociaux et subira tous les inconvénients liés au fait de ne pas avoir de protecteur (professeure 2 oct. 2013).
Une chercheuse invitée au Centre d'études sur la condition féminine et la sexualité (Center for Women, Gender and Sexuality) à l'Université Rice, qui était également professeure agrégée de droit à l'Université de Dacca, a signalé que dans les régions rurales au Bangladesh, les jeunes femmes qui ne sont pas accompagnées par un tuteur de sexe masculin sont [traduction] « ostracisées sur le plan social » et les femmes célibataires ou divorcées sont en général méprisées par la société (chercheuse invitée 3 oct. 2013). La chercheuse a affirmé que les femmes célibataires, divorcées ou veuves au Bangladesh [traduction] « ne disposent pas de ressources suffisantes pour subvenir à leurs besoins » (ibid.). Elle a en outre ajouté que si elles se réinstallent, leur situation est encore plus difficile et elles s'exposent à la possibilité d'être [traduction] « à nouveau des victimes » (ibid.). D'après l'AHRC, les femmes ne sont pas en sécurité si elles sortent dans la rue sans être accompagnées d'un homme dans la plupart des régions au Bangladesh, et les femmes et les filles sont [traduction] « presque régulièrement » victimes de harcèlement et de violence sexuelle (AHRC 8 mars 2012).
Certaines sources signalent que les propriétaires de logements au Bangladesh peuvent exiger une cosignature par un homme pour la location d'un appartement, bien qu'il ne s'agisse pas d'une exigence juridique (Research Initiatives Bangladesh 2 oct. 2013; chercheuse invitée 3 oct. 2013; professeure 2 oct. 2013). La mesure dans laquelle un cosignateur de sexe masculin est nécessaire variait selon les sources : l'agent de programme de l'AHRC a affirmé qu'un cosignataire de sexe masculin, comme un époux ou un frère, est nécessaire [traduction] « pour la plupart des femmes ordinaires », mais il y a certaines exceptions, notamment s'il s'agit de vedettes de cinéma ou de femmes politiques célèbres (AHRC 1er oct. 2013), alors que la directrice de Research Initiatives Bangladesh a précisé qu'un cosignataire de sexe masculin est « parfois » nécessaire, mais il arrive « souvent » qu'un cosignataire ne soit pas nécessaire, selon le propriétaire et l'emplacement (2 oct. 2013).
2.2 Capacité des femmes manipuries de se réinstaller, puis d'obtenir un emploi et un logement
La directrice de Research Initiatives Bangladesh a signalé que les lois hindoues n'accordent pas aux femmes le droit d'hériter, par conséquent les femmes manipuries [traduction] « se heurteront à des difficultés pour ce qui est d'obtenir des ressources de façon indépendante » (Research Initiatives Bangladesh 2 oct. 2013). D'autres sources confirment que les lois hindoues au Bangladesh sont discriminatoires à l'égard des femmes, et de nombreuses femmes qui se séparent tombent dans la pauvreté parce qu'elles n'ont pas accès à de l'assistance juridique (É.-U. 19 avril 2013, 26; Human Rights Watch 16 sept. 2012).
Le directeur général de l'ECDO a affirmé que les femmes manipuries peuvent se heurter à de la discrimination lorsqu'elles veulent louer un appartement, parce qu'elles sont des femmes autochtones (ECDO 2 oct. 2013). Il a ajouté qu'elles auraient également de la difficulté à obtenir un emploi en raison du taux élevé de chômage en général, et aussi en raison de la difficulté à se lancer en affaires dans leur industrie traditionnelle du tissage (ibid.).
La professeure à l'Université BRAC a affirmé que [traduction] « les femmes hindoues manipuries font partie de trois minorités - leur religion, leur groupe ethnique et leur sexe les rendent très vulnérables à la violence, aux mauvais traitements et à l'exploitation » (2 oct. 2013). Elle s'est dite certaine que le fait [traduction] « d'obtenir un logement, un emploi ou des services de la police serait extrêmement difficile, soit trois fois plus difficile pour une femme hindoue manipurie » (professeure 2 oct. 2013).
De même, l'agent de programme de l'AHRC a affirmé que sans l'aide d'un homme, [traduction] « il serait incroyablement difficile pour une femme manipurie d'obtenir un emploi, un logement ou des services sociaux » (AHRC 1er oct. 2013). Il a en outre souligné que, selon lui, une femme manipurie seule ne pourrait pas obtenir de l'aide [traduction] « dans quelque région du pays que ce soit » (ibid.).
Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.
Références
Ahmmed, Md. Faisal et Lakshmikanta Singh. 2006. The State of the Rural Manipuris in Bangladesh. [Date de consultation : 25 sept. 2013]
Asian Human Rights Commission (AHRC). 1er octobre 2013. Entretien téléphonique d'un agent de programme du Bangladesh Desk avec la Direction des recherches.
Asian Human Rights Commission (AHRC). 8 mars 2012. « Bangladesh: Women's Day--Women Deserve Equal Dignity and Protection from Violence and Discrimination ». [Date de consultation : 1er oct. 2013]
Bangladesh. 2011. « Population and Housing Census 2011 ». [Date de consultation : 7 oct. 2013]
Banglapedia. S.d.a. « The Manipuri ». [Date de consultation : 25 sept. 2013]
Banglapedia. S.d.b. « Tribal Languages ». [Date de consultation : 25 sept. 2013]
Chercheuse invitée, Center for Women, Gender and Sexuality, Rice University, Texas. 3 octobre 2013. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.
The Daily Star [Dacca]. 4 novembre 2012. « Punishment to Manipuri Leader's Killers Demanded ». [Date de consultation : 1er oct. 2013]
The Daily Star [Dacca]. 25 octobre 2012. « Teacher Murdered in Moulvibazar ». [Date de consultation : 1er oct. 2013]
États-Unis (É.-U.). 22 août 2013. Central Intelligence Agency (CIA). « Bangladesh ». The World Factbook. [Date de consultation : 7 oct. 2013]
États-Unis (É.-U.). 19 avril 2013. Department of State. « Bangladesh ». Country Reports on Human Rights Practices for 2012. [Date de consultation : 25 sept. 2013]
Ethnic Community Development Organization (ECDO). 2 octobre 2013. Communication écrite envoyée par le directeur général à la Direction des recherches.
Ethnic Community Development Organization (ECDO). 2006. Louise Elizabeth Saunderson. « The Adaptation and Immersion of Minority Cultures to a Predominately Mono-Cultural Nation ». [Date de consultation : 25 sept. 2013]
Ethnic Community Development Organization (ECDO). S.d. « Current Situation--Past and Present ». [Date de consultation : 30 sept. 2013]
Human Rights Watch. 16 septembre 2012. « Bangladesh: Discriminatory Family Laws Fuel Female Poverty ». [Date de consultation : 1er oct. 2013]
The Independent. 27 mars 2008. « The Manipuri ». [Date de consultation : 25 sept. 2013]
Joshua Project. S.d. « Manipuri, Meitei of Bangladesh ». [Date de consultation : 25 sept. 2013]
Kapaeeng Foundation. 2012. Human Rights Report 2012 on Indigenous Peoples in Bangladesh. [Date de consultation : 7 oct. 2013]
Nations Unies. 29 mars 2013. « Special Rapporteur on Violence Against Women, Its Causes and Consequences Finalises Country Mission to Bangladesh ». [Date de consultation : 3 oct. 2013]
Nations Unies. 4 février 2011. Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes (CEDAW). « Concluding Observations of the Committee on the Elimination of Discrimination Against Women: Bangladesh ». [Date de consultation : 3 oct. 2013]
Nations Unies. S.d. UN Country Team Bangladesh. « About Bangladesh ». [Date de consultation : 1er oct. 2013]
Professeure, Anthropology Department, BRAC University. 2 octobre 2013. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.
Research Initiatives Bangladesh. 2 octobre 2013. Communication écrite envoyée par la directrice à la Direction des recherches.
Autres sources consultées
Sources orales : Les tentatives faites pour joindre des professeurs et des représentants des organisations suivantes ont été infructueuses : Bangladesh National Woman Lawyer's Association; Bangladesh Women's Foundation; Chittagong Hill Tracts Commission; Manipuri Association of Canada; Bangladesh – Multi-Sector Programme on Violence Against Women; Shahjalal University, University of Dhaka et University of Massachusetts à Boston. Des professeurs de l'Université Rice et de l'Université de l'Oregon n'ont pas été en mesure de fournir des renseignements.
Sites Internet, y compris : Amnesty International; Asian Centre for Human Rights; Bangladesh – Ministry of Women and Children, Multi-Sector Programme on Violence Against Women, Prime Minister's Office; Bangladesh Human Rights Network; BRAC; ecoi.net; Factiva; Freedom House; International Women's Rights Action Watch (IWRAW); Journal of South Asia Women Studies; Manipuri Association of Canada; Minority Rights Group International; Nations Unies – Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, Refworld, Programme des Nations Unies pour le développement, Bureau des Nations Unies au Bangladesh, ONU Femmes; Odhikar.