Réponses aux demandes d'information

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24 janvier 2014

BGD104759.EF

Bangladesh : information sur le Gonojagoron Moncho, y compris son origine, son but, sa structure, ses membres, ses activités et les régions où il est actif (avril 2013-janvier 2014)

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Définition

Gonojagoron Moncho (ou Ganajagaran Mancha, Gano Jagaran Mancha, Gono Jagaron Moncho) signifierait [traduction] « plateforme de soulèvement populaire » (Frontline 6 mars 2013) ou [traduction] « plateforme d'éveil massif » (The Hindu 16 févr. 2013). Le terme renvoie également aux protestations massives de Shahbag et au mouvement social qui a commencé au Bangladesh, en février 2013, à la place Shahbag (s'écrit aussi Shabagh, Shahbagh), à Dacca (ibid.; maîtresse de conférences 18 janv. 2014), et représente [traduction] « le même mouvement » que Shahbag (ibid.). Le mouvement Shahbag réclame la peine de mort pour les personnes reconnues coupables de crimes de guerre commis pendant la lutte pour l'indépendance du Bangladesh menée contre le Pakistan en 1971, et appelle également à résister aux politiques du parti Jamaat-e-Islami, considéré par les manifestants comme un parti [traduction] « islamiste intégriste » (The Hindu 16 févr. 2013). Le New Nation a parlé du Gonojagaron Moncho comme étant la [traduction] « plateforme [physique] improvisée » installée par les manifestants pour bloquer la route à la place Shahbag; le barrage routier était en place du début février à mai 2013 (7 mai 2013). Il peut également renvoyer à l'équipe de [traduction] « coordonnateurs » du soulèvement de Shahbag (Frontline 6 mars 2013), ou aux militants ou aux manifestants qui prennent part au mouvement Shahbag (Daily Star 5 avr. 2013; The Independent 19 sept. 2013).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une maîtresse de conférences de l'Université américaine de Washington, spécialiste de la justice transitionnelle, des droits de la personne, de la reconstruction d'après-conflit et de l'Asie du Sud, a affirmé que, selon son interprétation, après le démontage de la plateforme, en mai, le mouvement Gonojagoron Moncho/Shahbag a connu des dissensions internes et subi des menaces externes de la part de [traduction] « groupes extrémistes » comme le Jamaat, de sorte que le groupe est devenu moins « actif sur le plan politique » par rapport à la « mobilisation à grande échelle » observée en février, en mars et en avril 2013 (18 janv. 2014). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucune autre information allant en ce sens.

2. Origine
2.1 Tribunaux des crimes de guerre et manifestations de Shahbag

Le Jamaat-e-Islami, qui se serait opposé à l'indépendance du Bangladesh en 1971, est le plus grand parti islamiste du Bangladesh, selon CNN (8 avr. 2013). Les tribunaux nationaux des crimes de guerre, instaurés par le gouvernement de la Ligue Awami en 2010, ont inculpé et arrêté plusieurs membres clés du parti Jamaat-e-Islami en raison du rôle qu'ils ont joué dans les atrocités commises pendant la guerre d'indépendance de 1971 (Freedom House 2013; 13 févr. 2013). Le 5 février 2013, le chef du Jamaat-e-Islami, Abdul Quader Mollah, a été reconnu coupable de crimes de guerre qu'il aurait commis et a été condamné l'emprisonnement à perpétuité (The Hindu 16 févr. 2013; Reuters 6 févr. 2013). Des jeunes, des blogueurs et des internautes militants ont appelé à manifester à la place Shahbag, à Dacca, en réaction à la peine qu'ils jugeaient trop clémente, exigeant plutôt la peine de mort (bdnews24.com 7 sept. 2013; Dhaka Tribune 7 sept. 2013). D'après la maîtresse de conférences, le mouvement spontané visait au départ à bâtir un [traduction] « soutien populaire » non violent en vue d'une peine plus lourde pour Abdul Quader Mollah, conformément au code pénal, et le Shahbag a mis l'accent sur le nationalisme et le patriotisme (18 janv. 2014). Les manifestations de Shahbag ont été qualifiées par le journal The Hindu de [traduction] « plus grande mobilisation de masse jamais vue dans l'histoire récente » au Bangladesh (16 févr. 2013). Des sources soulignent que les manifestations de Shahbag, au début de février 2013, ont été décrites comme [traduction] « pacifiques » (Frontline 6 mars 2013; maîtresse de conférences 18 janv. 2014) et comprenaient [traduction] « des veilles à la chandelle, des rassemblements d'envergure, du théâtre, des récitations de poèmes, des chansons nationales [et] des discours nationalistes » (ibid. 18 janv. 2014).

2.2 Jamaat-e-Islami, Hefazet-e-Islam et Shahbag

Des sources signalent que, dans la foulée des manifestations de Shahbag, la Ligue Awami au pouvoir a porté en appel la peine d'emprisonnement à perpétuité infligée à Abdul Quader Mollah (The Independent 19 sept. 2013; Human Rights Watch 2013, 11) et la Cour suprême a annulé la peine d'emprisonnement à perpétuité et a ordonné qu'il soit exécuté (The Independent 19 sept. 2013). Selon des sources, des porte-parole de l'opposition font valoir que le gouvernement actuel utilise les tribunaux comme une arme politique (ibid.; Reuters 6 févr. 2013) contre les deux principaux partis d'opposition, soit le Parti nationaliste du Bangladesh (Bangladesh Nationalist Party - BNP) et le Jamaat-e-Islami (ibid.). Des organismes de défense des droits de la personne ont également critiqué ces procès (Kashmir Images 30 juill. 2013; Reuters 6 févr. 2013).

Human Rights Watch fait observer que, pour protester contre ces procès, des membres de l'opposition qui font partie du Jamaat et du Shibir, ainsi que des partisans du BNP, ont été impliqués dans de nombreux [traduction] « actes graves de violence » à l'endroit de citoyens ordinaires et des forces de sécurité (Human Rights Watch 17 déc. 2013). D'après Human Rights Watch, le Hefazet-e-Islam est une organisation religieuse qui fait la promotion du respect rigoureux de l'islam et qui a des liens avec les partis d'opposition BNP et Jamaat (ibid. 2013, 21). Le Hefazet-e-Islam serait soutenu par le Jamaat (bdnews24.com 4 avr. 2013; CNN 8 avr. 2013) et s'oppose aux blogueurs et aux manifestants de Shahbag qui, selon lui, sont des [traduction] « athées » qui devraient être traduits en justice pour blasphème (ibid.). Human Rights Watch précise que le Hefazet a lancé une campagne, dans la foulée des manifestations de Shahbag, et a accusé les organisateurs du mouvement d'insulter l'islam (Human Rights Watch 2013, 21). De même, la maîtresse de conférences a affirmé que le Hefazet est une [traduction] « mobilisation réactionnaire extrémiste » récente qui s'oppose au mouvement des blogueurs (18 janv. 2014). Human Rights Watch a signalé que, à la suite du verdict de culpabilité et de la peine de mort prononcés le 28 février contre le vice-président du parti Jamaat, des partisans du Jamaat ont organisé des manifestations qui ont mené à des affrontements avec les partisans du mouvement Shahbag (Human Rights Watch 15 avr. 2013). Selon Human Rights Watch, l'agitation a causé la mort de dizaines de manifestants, de passants et d'agents de police (ibid. 2013, 12).

3. But

Dans un discours prononcé le 8 février 2013, le porte-parole du Gonojagoron Moncho a [traduction] « fait un serment » à la foule des manifestants de la place Shahbag dans lequel il jure que le mouvement poursuivra ses efforts en vue d'obtenir la peine capitale pour les personnes traduites en justice pour des crimes contre l'humanité commis en 1971 (Daily Star 9 févr. 2013). Selon des sources, les objectifs du Gonojagoron Moncho comprennent également :

  • L'engagement à soutenir un Bangladesh démocratique, où la religion serait considérée comme une affaire privée (Frontline 6 mars 2013).
  • L'interdiction du parti Jamaat-e-Islami (Express Tribune 28 févr. 2013; bdnews24.com 7 sept. 2013). L'interdiction du Islami Chhatra Shibir, l'aile étudiante du Jamaat (New Age 16 avr. 2013).
  • Le boycottage des entreprises, des banques, des agences médiatiques et des entités sociales et culturelles liées au Jamaat (The Hindu 16 févr. 2013; Daily Star 9 févr. 2013). Les revendications en vue de la tenue d'une enquête relative aux sources de financement du Jamaat et de ses institutions et entreprises connexes (Frontline 6 mars 2013).
  • L'interdiction des politiques des [traduction] « intégristes religieux » (Express Tribune 28 févr. 2013) ou des politiques du Jamaat-Shibir (Daily Star 9 févr. 2013).
  • L'atteinte de ses objectifs sans violence (Daily Sun s.d.; Financial Express 21 déc. 2013).

Selon la maîtresse de conférences, les revendications du groupe font la promotion, de manière plus générale, d'une [traduction] « gouvernance responsable » et ont « permis d'entamer » le dialogue au sein de la société (maîtresse de conférences 18 janv. 2014). La même source précise que le Gonojagoron Moncho a obtenu un appui, au départ, dans tous les milieux et dans toutes les classes de la société, et que le mouvement a [traduction] « mis au jour les débats et les tensions internes » concernant la laïcité et la religion en politique, la « culture de l'impunité » qui fait partie du processus politique au Bangladesh ainsi que la signification de « [l']harmonie collective » dans la société et des « tensions entre le nationalisme bengali et l'identité musulmane » (ibid.). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens que ceux présentés ci-dessus.

4. Structure et membres

Des sources signalent que le Réseau des blogueurs et des militants internautes (Bloggers and Online Activists Network - BOAN) est le groupe au Bangladesh qui a amorcé les manifestations de Shahbag par l'entremise des médias sociaux et du réseautage en ligne (Express Tribune 28 févr. 2013; The Independent 21 févr. 2013). Selon plusieurs sources, le porte-parole du Gonojagoron Moncho est Imran H. Sarkar (bdnews24.com 8 mars 2013; The New Nation 15 juill. 2013). Il serait également l'un des [traduction] « principaux organisateurs » du BOAN (Express Tribune 28 févr. 2013; Daily Star 9 févr. 2013). Le Gonojagoron Moncho a été qualifié de [traduction] « plateforme générale » d'organisations « apolitiques » (Kashmir Images 30 juill. 2013). La maîtresse de conférences a déclaré que le groupe n'est pas un [traduction] « parti politique organisé » ni un regroupement dans « un sens traditionnel quelconque », mais plutôt que le mouvement, à son apogée, formait une « coalition de réseaux informels, d'associations et d'acteurs individuels », bien qu'il y ait des « réseaux de base » (18 janv. 2014).

Au cours des premières manifestations de Shahbag, les participants auraient été au nombre de 100 000 à 500 000 personnes (The Guardian 13 févr. 2013) ou [traduction] « de centaines de milliers » (Human Rights Watch 2013, 11). L'Hindu a écrit que le mouvement a été lancé par des jeunes et qu'il comptait des [traduction] « centaines de milliers » de partisans, y compris des hommes, des femmes, des garçons et des filles de « tous les horizons » et des citoyens « de tous les âges et de toutes les confessions » (16 févr. 2013). Priyo News souligne que des jeunes et des personnes de diverses professions, y compris des professeurs d'université, des étudiants, des militants des sphères politiques et culturelles, des journalistes et des blogueurs ont participé aux manifestations de Shahbag (11 févr. 2013). Un des aspects particuliers du mouvement Shahbag a été la participation d'un [traduction] « grand nombre de femmes » (Frontline 6 mars 2013; 13 févr. 2013).

5. Régions où le mouvement est actif

La place Shahbag de Dacca est décrite comme étant le centre du mouvement (Kashmir Images 30 juill. 2013; 13 févr. 2013). L'appui au mouvement se serait rapidement étendu à l'échelle du pays (The New Nation 15 juill. 2013; bdnews24.com 8 mars 2013). L'Independent souligne que des [traduction] « manifestations massives » liées au mouvement Shahbag ont eu lieu à Dacca et dans d'autres villes (19 sept. 2013). Selon Bdnews24.com, le Gonojagoron Moncho s'est [traduction] « reproduit » dans d'autres districts et d'autres secteurs (bdnews24.com 8 mars 2013). D'après Reuters, des manifestations protestataires cadrant avec celles de Shahbag ont aussi eu lieu à Chittagong, dans le Sud-Est, et à Sylhet, dans le Nord-Est (6 févr. 2013). Des sources affirment que le mouvement se sert des réseaux sociaux pour organiser le soutien ( 13 févr. 2013; The Hindu 16 févr. 2013).

6. Politisation

Selon l'Express Tribune, les manifestants de Shahbag affirment que le mouvement n'a aucun lien avec le gouvernement (28 févr. 2013). Des sources expliquent que les organisateurs de Shahbag ont refusé à tous les partis politiques la permission de participer aux discours ou aux activités du mouvement (maîtresse de conférences 18 janv. 2014; 13 févr. 2013). Un porte-parole bien en vue du Gonojagoron a déclaré publiquement au cours d'une manifestation que [traduction] « "le mouvement n'appartient à aucun parti politique" », et il a invité les membres de l'opposition à se joindre au mouvement (cité dans bdnews24.com 8 mars 2013). En revanche, selon Frontline, les partisans du Jamaat estiment que le mouvement a [traduction] « la bénédiction » du gouvernement actuel (6 mars 2013). On peut lire dans l'Express Tribune que le Jamaat a accusé le parti de la Ligue Awami au pouvoir de se servir des manifestations pour éventuellement gagner l'appui électoral des partisans de Shahbag et pour accroître le sentiment nationaliste (28 févr. 2013). Human Rights Watch fait observer que le gouvernement de la Ligue Awami [traduction] « a appuyé les visées » des manifestations de Shahbag et n'a pas tenté d'y mettre fin (2013, 2). Au dire de la maîtresse de conférences, le mouvement Gonojagoron Moncho/Shabagh n'a pas [traduction] « d'opposants » ni « d'alliés » dans le sens traditionnel de ces termes; elle souligne que, dans les premiers jours du mouvement, des membres de la Ligue Awami tout comme des membres du Parti nationaliste du Bangladesh (Bangladesh Nationalist Party - BNP) ont manifesté à la place Shahbag, et que l'absence de réponse officielle pourrait être considérée comme un « appui » au mouvement, mais que la politisation, les allégations de manipulation du mouvement par la Ligue Awami, les critiques du BNP ainsi que la prise pour cible du Gonojagoron Moncho par le Jamaat, associé au BNP, a mené les partis politiques à adhérer au mouvement, à le manipuler, à l'exploiter et à le rejeter (maîtresse de conférences 18 janv. 2014). La même source dit croire que l'apparente [traduction] « absence d'intervention » du gouvernement pouvait également être considérée comme une preuve de « maturité démocratique » (ibid.).

7. Activités
7.1 Avril 2013

Des sources font état de diverses activités liées au Gonojagoron Moncho en avril 2013. Le 5 avril, le journal New Age a écrit qu'une délégation de cinq membres dirigée par Imran H Sarkar a organisé une marche de protestation jusqu'au Cabinet du premier ministre afin de lui remettre une note contenant les revendications du mouvement, notamment l'arrestation des militants du Jamaat-Shibir et l'interdiction du parti Jamaat (5 avr. 2013).

Au début d'avril, le Hefazet-e-Islam a organisé une grande manifestation à Dacca, vraisemblablement appuyée par le BNP et par le Jamaat, afin de demander au gouvernement d'acquiescer à ses 13 demandes (The Financial Express 9 avr. 2013). Le Hefazet exigeait, entre autres, l'arrestation des [traduction] « dirigeants athées » de Shahbag ainsi que des blogueurs et autres « anti-islamistes » (The Hindu 7 avr. 2013). En réaction, les manifestants du Gonojagoron Mancha ont organisé une contre-manifestation à Dacca pour s'opposer aux revendications du Hefazet et ont appelé à bloquer pendant une journée, à l'échelle du pays, les routes, les chemins de fer et les voies navigables, parallèlement à la marche du Hefazet (The Financial Express9 avr. 2013; New Age 5 avr. 2013; bdnews24.com 4 avr. 2013). Selon des sources, les partisans du Gonojagoron Moncho ont érigé cinq [traduction] « estrades » (manchas) à cinq points d'entrée à Dacca (Daily Sun s.d.; Daily Star 5 avr. 2013) et ont organisé des manifestations assises à 20 endroits dans la ville pendant la grève d'une journée (ibid.). Après une manifestation à Dacca au début d'avril 2013, des affrontements ont eu lieu entre des militants du Hefazet et des jeunes du mouvement Shahbag, et une personne a été blessée (Global Post 4 avr. 2013; The New Nation 7 avr. 2013).

Le Gonojagoron Moncho a exigé l'arrestation d'un rédacteur en chef favorable à l'opposition pour avoir supposément dépeint le groupe comme étant anti-islamique : le rédacteur en chef a fini par être arrêté par le gouvernement à la mi-avril pour sédition et incitation à des tensions religieuses (Press Trust of India 12 avr. 2013; Deutsche Welle 15 avr. 2013). De plus, le gouvernement a également arrêté quatre blogueurs pour des articles en ligne dénigrant apparemment l'islam et le gouvernement (New Age 16 avr. 2013; Human Rights Watch 2013, 35), affirmant que ces [traduction] « athées bien connus » avaient été accusés d'avoir été les instigateurs « d'éléments défavorables à l'islam » (ibid.). D'après le journal New Age, le Gonojagoron a lancé une campagne à l'échelle du pays, du 20 avril au 4 mai, afin de mobiliser les appuis, ce qui s'est traduit par une gigantesque manifestation assise, le 29 avril 2013, devant le ministère de la Justice, par un rassemblement d'ouvriers pour la Journée internationale des travailleurs et des travailleuses le 1er mai 2013, et par une [traduction] « chaîne humaine » devant l'édifice du Parlement de Sangsad Bhaban (16 avr. 2013).

7.2 Mai 2013

Selon Human Rights Watch, au début de mai 2013, le Hefazet a organisé des manifestations géantes à Dacca : certaines étaient pacifiques, d'autres ont donné lieu à de la violence, y compris, dans quelques cas, des meurtres de policiers battus par des manifestants du Hefazet et, dans nombre de cas, le recours à une force excessive de la part des forces de sécurité qui a entraîné la mort d'au moins 58 manifestants de l'opposition (2013 1, 6). Deux sources signalent que, pendant cette manifestation du Hefazet, plusieurs centaines de manifestants du Hefazet ont tenté de se rendre à l'intersection de la place Shahbag, le centre du Gonojagoron Moncho, ce qui a abouti à des altercations avec la police (Daily Star 6 mai 2013; Financial Express 6 mai 2013). La plateforme du Gonojagoron Moncho a été démontée par la police et par le gouvernement en mai 2013 (New Nation 7 mai 2013; maîtresse de conférences 18 janv. 2014). Human Rights Watch précise que, de février à mai 2013, 150 personnes ont été tuées et 2 000 personnes ont été blessées dans le cadre de violence dans les rues découlant du cycle de manifestations et de contre-manifestations survenues pendant cette période (2013, 1).

7.3 De juillet à septembre 2013

Le journal New Nation souligne que le mouvement comprend des manifestations assises ainsi qu'un programme en vue d'occuper Shahbag avant le prononcé des verdicts des personnes traduites en justice pour crimes de guerre, notamment une manifestation assise liée au verdict du chef du Jamaat âgé de 90 ans, Ghulam Azam, en juillet 2013 (15 juill. 2013; bdnews24.com 15 juill. 2013). Selon le New Nation, le 17 juillet 2013, le Jamaat et le Gonojagoron Moncho ont organisé simultanément des journées de grève (hartals), au cours desquelles 4 personnes ont perdu la vie et 100 autres ont été blessées (New Nation 17 juill. 2013). À la mi-août 2013, le Gonojagoron Moncho a organisé une marche ainsi qu'un rassemblement afin de protester contre un hartal organisé par le Jamaat et de rendre hommage à Bangabandhu Sheikh Mujibur Rahman (ibid. 14 août 2013). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun autre renseignement sur ces événements.

En septembre 2013, un militant bien en vue du Gonojagoron a été poignardé, et des agressions à l'endroit de blogueurs ont été signalées (bdnews24.com 7 sept. 2013; Dhaka Tribune 11 sept. 2013).

7.4 Décembre 2013

L'Associated Press signale que le chef du Jamaat, Abdullah Quader Mollah, a été exécuté le 12 décembre 2013 (12 déc. 2013). Le 10 décembre 2013, United News of Bangladesh (UNB) a écrit que des militants du Gonojagoron Moncho avaient organisé une marche à Dacca afin d'exiger qu'Abdul Quader Mollah ne soit pas [traduction] « enterré au Bangladesh » après son exécution (10 déc. 2013). Le 18 décembre 2013, des militants du Gonojagoron Moncho se sont dirigés vers le haut-commissariat du Pakistan à Dacca, brandissant des affiches anti-pakistanaises, lançant des pierres et défiant les barricades de la police, après que le gouvernement du Pakistan a adopté des résolutions exprimant des [traduction] « préoccupations » au sujet de la pendaison d'Abdul Quader Mollah (The New Nation 18 déc. 2013). La manifestation regroupait des centaines de personnes : huit militants du Gonojagoron ont été arrêtés et plusieurs personnes ont été blessées, dont le porte-parole, Imran Sarker (Press Trust of India 19 déc. 2013). En décembre 2013, le groupe a également lancé une campagne de boycottage d'une semaine des produits pakistanais, selon le Financial Express (21 déc. 2013). Il a ensuite exigé que le gouvernement du Bangladesh rompe ses liens diplomatiques avec le Pakistan (Press Trust of India 19 déc. 2013; Financial Express 23 déc. 2013) jusqu'à ce que le Pakistan présente des excuses relativement à ce que les manifestants appellent de [traduction] « [l']ingérence » dans les affaires internes du Bangladesh (ibid.). Vers la fin décembre, des bombes artisanales ont été lancées sur une marche organisée par le Gonojagoron à Bogra (The New Nation 22 déc. 2013; Financial Express 22 déc. 2013), ce qui a blessé neuf personnes qui participaient à une [traduction] « chaîne humaine » (ibid.).

7.5 Élections du 5 janvier 2014

Le Gonojagoron Moncho a organisé une marche dans les rues du district de Jessore, à Maloparha, au début de janvier 2014, afin de protester contre les agressions à l'endroit d'hindous et d'autres minorités religieuses survenues dans la foulée des élections nationales du 5 janvier 2014 (bdnews24.com 10 janv. 2014; Financial Express 11 janv. 2014). La marche visait apparemment à instaurer un réseau national de [traduction] « comités de résistance » pour mettre fin à la « violence intercommunautaire » et à rencontrer les communautés hindoues afin d'en discuter (ibid.). Le Dhaka Tribune fait observer que la délégation dirigée par Imran Sarker a également distribué des approvisionnements de secours aux familles hindoues touchées par les incidents récents de violence (11 janv. 2013; bdnews24.com 10 janv. 2014).

Human Rights Watch a attiré l'attention sur le fait que plus de 100 personnes avaient été tuées et que des centaines d'autres avaient été blessées, de la mi-octobre à la mi-décembre 2013, en raison des cycles de violence principalement entre les forces de sécurité du gouvernement et les militants partisans de l'opposition (17 déc. 2013).

8. Meurtres de militants du Gonojagoron

D'après le Dhaka Tribune, en date de septembre 2013, trois militants du Gonojagoron Moncho avaient été tués dans différentes régions du Bangladesh (Dhaka Tribune 11 sept. 2013) :

  • Le blogueur bien connu, Rajib Ahmed Haider, a été agressé et tué en février 2013 (Frontline 6 mars 2013; bdnews24.com 7 sept. 2013).
  • Un militant qui a organisé le Gonojagoron Moncho dans le district de Sylhet a été tué au cours d'une agression qui aurait été commise par des militants du Jamaat-Shibir, en mars 2013 (bdnews24.com 7 mars 2013).
  • Un étudiant actif au sein du Gonojagoron Moncho a été agressé et tué dans sa résidence universitaire le 9 avril 2013 (Dhaka Tribune 2 juill. 2013).

Imran Sarker aurait affirmé que des militants du Gonojagoron ont été agressés dans différentes régions du pays et que le groupe estimait que les enquêtes du gouvernement relativement aux agressions de militants et de dirigeants du Gonojagoron Moncho n'avançaient pas; ils ont organisé une marche pour remettre une note à ce sujet au ministre de l'Intérieur en septembre 2013 (New Age 11 sept. 2013; Dhaka Tribune 11 sept. 2013). Imran Sarker a accusé les organismes chargés de faire respecter la loi de ne pas en faire assez pour prévenir les agressions, et ce, bien que cinq suspects liés au Jamaat dans le meurtre de Rajib Haider aient été arrêtés (ibid.). Des sources ont signalé, sans fournir de détails, que pour répondre à cela, le ministre de l'Intérieur a déclaré que le gouvernement avait pris des mesures à l'égard des militants liés au Jamaat-Shibir ayant joué un rôle dans les agressions (ibid.; New Age 11 sept. 2013). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun autre renseignement sur les mesures de sécurité prises par le gouvernement à l'égard du Gonojagoron Moncho. En décembre 2013, un professeur de collège et militant de Shahbag a été agressé et tué à Bogra (The New Nation 11 déc. 2013; Daily Star 11 déc. 2013).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

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Bdnews24.com. 10 janvier 2014. « Ganajagaran Mancha's Road March to Jessore Kicks Off ». [Date de consultation : 15 janv. 2014]

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Autres sources consultées

Sources orales : Les tentatives faites pour joindre dans les délais voulus le Gono jagoron Moncho ont été infructueuses. Un professeur de la London School of Economics n'a pas pu fournir de renseignements.

Sites Internet, y compris : Al Jazeera; Amnesty International; Asian Human Rights Commission; ecoi.net; États-Unis – Department of State; Factiva; FIDH; gonojagoronmoncho.com; International Crisis Group; Nations Unies – Refworld, Réseaux d'information régionaux intégrés; Odhikar; Royaume-Uni – Home Office; Shahbag.info.



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