Somalie : information sur les caractéristiques distinctives des Gabooye (Midgan); information indiquant s'il est possible pour un membre du clan minoritaire qui vit à Mogadiscio de cacher son appartenance aux Gabooye à son époux et à ses beaux-parents, qui font partie d'un clan majoritaire
1. Caractéristiques distinctives des Gabooye
Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d'information sur les caractéristiques distinctives des Gabooye.
Des sources soulignent que les Gabooye [aussi orthographié Gaboye, Gabooyo; et aussi connu sous le nom Midgan, Midgaan] n'ont aucune caractéristique physique distinctive (associé 24 sept. 2013; Somaliland Sun 27 août 2013). Selon un rapport du HCR sur la Somalie, les Gabooye [traduction] « peuvent ressembler physiquement aux Samaal », un groupe ethnique « dominant » en Somalie (Nations Unies 5 mai 2010, 43, 46).
Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches le 24 septembre 2013, un associé de l'Institut Max Planck d'anthropologie sociale (Max Planck Institute for Social Anthropology), qui a publié des ouvrages universitaires sur des sujets touchant la Somalie et a effectué des recherches sur le terrain dans le nord de la Somalie, a expliqué qu'il était possible de différencier les Gabooye à partir de leur généalogie et qu'ils pouvaient être séparés en quatre sous-groupes, soit les Madhiban, les Muuse Deriyo, les Tumaal et les Yibir.
L'associé a aussi expliqué que, bien que certains membres des sous-groupes que forment les Midgaan et les Yibir aient leur propre dialecte, les Gabooye parlent généralement le somali [traduction] « standard » (24 sept. 2013). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens que ceux présentés ci-dessus.
L'associé a également souligné que les Gabooye vivent souvent dans une région distincte, comme le quartier Dhami à Hargeisa, dans le nord du Somaliland, loin des clans majoritaires qui les considèrent comme [traduction] « sales » (associé 24 sept. 2013).
Pour obtenir de plus amples renseignements sur les Gabooye, y compris leurs sous-groupes, les langues qu'ils parlent, les métiers qu'ils occupent, les régions qu'ils habitent et les clans qui leur sont affiliés, veuillez consulter la Réponse à la demande d'information SOM104239.
2. Mariages entre les Gabooye et les membres de clans majoritaires
Des sources font observer qu'il est interdit aux membres de clans majoritaires d'épouser un membre de la caste des Gabooye (Samad août 2002; MRG mai 2011; Somaliland Sun 8 févr. 2012). De même, l'associé a écrit que les mariages entre les Gabooye et les membres de [traduction] « la plupart des autres groupes en Somalie » sont « tabous » (24 sept. 2013). L'associé a aussi écrit que
[traduction]
cet interdit est respecté de façon assez rigoureuse, du moins dans le Somaliland (il existe toujours des exceptions sur une base individuelle). Dans le Puntland, région du nord-est de la Somalie, il arrive que des membres du clan majoritaire Majeerteen épousent des Gabooye, mais ce type de mariages n'est pas fréquent (24 sept. 2013).
3. Possibilité pour les Gabooye de cacher leurs caractéristiques distinctives
Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d'information sur les Gabooye qui cachent leurs caractéristiques distinctives. L'associé a précisé ce qui suit dans sa communication écrite en date du 24 septembre 2013 :
[traduction]
Une personne peut cacher ces caractéristiques si elle vit loin de chez elle. On entend des histoires selon lesquelles, une fois installées à un endroit où personne ne les connaît, des femmes « fugueuses » appartenant au groupe des Midgan/Gabooye changent leur identité pour faire croire qu'elles sont membres d'un groupe majoritaire et épousent un homme issu d'un autre groupe majoritaire. Toutefois, une telle situation peut se produire uniquement si les habitants de la région où se sont installées ces femmes ne posent pas trop de questions sur leurs antécédents et n'exigent pas de rencontrer des membres de leur famille (p. ex. dans le cadre de la cérémonie du mariage). Ainsi, il faudrait que la femme affirme entre autres qu'elle est orpheline ou que ses parents proches sont décédés ou vivent à l'étranger. Habituellement, les Somaliens sont très bons lorsqu'il s'agit d'établir rapidement les antécédents de quelqu'un. Une personne a toujours un lien quelconque avec une autre personne. La situation est différente au sein de la diaspora, et une personne pourrait être en mesure de cacher son identité plus efficacement. Puisque les Midgan/Gabooye n'ont pas de caractéristique physique particulière et que leur dialecte peut rester inconnu, une personne peut facilement changer d'identité au sein de la diaspora [...].
Dans une autre communication écrite en date du 4 octobre 2013, l'associé a souligné que, bien qu'il soit possible que des hommes appartenant au groupe des Gabooye/Midgan [traduction] « fuient », changent leur identité et épousent une femme issue d'un groupe majoritaire, il n'a pas entendu parler de tels cas. Il a expliqué que, comme la [traduction] « descendance est un sujet sérieux » pour les Somaliens, les futurs beaux-parents scrutent « autant qu'ils le peuvent » la généalogie des hommes et des femmes (associé 4 oct. 2013). Selon l'associé,
[traduction]
dans la société patrilinéaire en Somalie, les enfants héritent de la descendance du père. Ainsi, la descendance de ce dernier est décisive. Les qualités « délicates », comme la gentillesse, la religiosité, la moralité et l'ardeur au travail, sont censées être représentatives de la femme. Elle doit prendre soin des enfants et de la maison. Par contre, l'homme offre à la famille l'appartenance à une lignée, à un clan, etc., ce qui a d'importantes conséquences sur le plan politique et qui est pertinent en cas de conflit [...] Ainsi, il est possible pour un homme appartenant à un clan majoritaire d'épouser une femme issue d'un clan minoritaire, comme cela se voit parfois (ce type de mariages est plus fréquent chez les Majeerteen dans le Puntland, mais il est moins fréquent chez les Isaaq ou les Darood dans le Somaliland). Cependant, une femme d'un groupe majoritaire qui épouserait un homme d'un clan minoritaire provoquerait le pire des scandales, car ses enfants seraient issus des Midgan ou d'un groupe minoritaire et seraient donc complètement « perdus » aux yeux de sa famille. En revanche, si une femme issue des Midgan donne naissance à des enfants appartenant au groupe des Isaaq ou des Darood, il s'agit d'une « progression » sur le plan généalogique (ibid.).
Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens que ceux présentés ci-dessus.
Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.
Références
Associé, Max Planck Institute for Social Anthropology. 4 octobre 2013. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.
_____. 24 septembre 2013. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.
Minority Rights Group International (MRG). Mai 2011. « Gaboye ». <http://www.minorityrights.org/?lid=4510> [Date de consultation : 3 oct. 2013]
Nations Unies. 5 mai 2010. Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). UNHCR Eligibility Guidelines for Assessing the International Protection Needs of Asylum-Seekers From Somalia. (HCR/EG/SOM/10/1) <http://www.asgi.it/public/parser_download/save/unhcr_somalia_2010.pdf> [Date de consultation : 3 oct. 2013]
Samad, Asha A. Août 2002. Statement to the Committee on the Elimination of Racial Discrimination. <http://www.madhibaan.org/news/news-post-02-08-1.htm> [Date de consultation : 7 oct. 2013]
Somaliland Sun. 27 août 2013. Mark Hay. « Somaliland: Of Midgaans and Ethiopians Fighting for Last Place ». <http://somalilandsun.com/index.php/in-depth/3620-somaliland-of-midgaans-and-ethiopians-fighting-for-last-place-> [Date de consultation : 3 oct. 2013]
_____. 8 février 2013. Yusuf M. Hasan. « Somaliland: Gabooye Clan Unveil Candidate ». <http://www.somalilandsun.com/index.php/politics/212-somaliland-gabooye-clan-unveil-candidate> [Date de consultation : 3 oct. 2013]
Autres sources consultées
Sources orales : Les tentatives faites pour joindre les organisations suivantes ont été infructueuses : Somali Canadian Association of Etobicoke; Somali Canadian Education and Rural Development Organization; Canadian Somali Congress; UNHCR Somalia. Un professeur au Colby College n'a pas pu fournir de renseignements.
Sites Internet, y compris : African Press International; Aménagement linguistique dans le monde; Centre for Justice and Accountability; ecoi.net; Factiva; The Heritage Institute for Policy Studies; Horn of Africa Human Rights Watch Committee; Nations Unies – Refworld; Norvège - LandInfo; Royaume-Uni – Home Office; Somali Minority Rights and Aid Forum; Vice.com.