Réponses aux demandes d'information

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14 novembre 2012

NGA104213.EF

Nigéria : information sur la société Ogboni, y compris son historique, sa structure, ses rituels et ses cérémonies; adhésion et conséquences associées à un refus de se joindre à cette société

Direction des recherches, Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Contexte général

La société Ogboni ne doit pas être confondue avec la Société Ogboni réformée (Reformed Ogboni Society), qui a été créée par des chrétiens dans les années 1900 (Ribeiro Junior mai 2008, 20; professeur 5 oct. 2012).

Des sources affirment qu’il existe peu d’information sur la société Ogboni (ibid.; Ribeiro Junior mai 2008, 21). Plusieurs sources soulignent également que cette organisation est qualifiée de société [traduction] « secrète » ou de « secte » (professeur 5 oct. 2012; Norvège août 2006, sect. 4.1). Dans un chapitre tiré du livre Traditional Organized Crime in the Modern World et portant sur le crime organisé au Nigéria, Obi N. I. Ebbe soutient que la société secrète Ogboni est une organisation liée au crime organisé (Ebbe 2012, 178). Parmi les sources qu’elle a consultées, la Direction des recherches n’a trouvé aucune autre information allant en ce sens.

1.1 Contexte historique

Dans le mémoire de maîtrise en archéologie qu’il a rédigé à l’Université de São Paulo, au Brésil, Ademir Ribeiro Junior écrit que personne ne sait à quel moment la société Ogboni a vu le jour (Ribeiro Junior mai 2008, 21). Selon lui, la première référence à la société Ogboni - qui était alors qualifiée de société secrète - remonte à 1884 (ibid., 23). Il précise qu’il s’agissait d’une [traduction] « assemblée d’aînés » qui avait créé une secte fondée sur la cosmologie des Yoroubas (ibid., 20). Des sources affirment que la société Ogboni a été fondée par des Yoroubas (professeur 5 oct. 2012; Mazama 26 janv. 2009, 479). La société Ogboni exerçait un rôle religieux, politique et judiciaire (ibid.; Ribeiro Junior mai 2008, 20; professeur 5 oct. 2012).

Dans un article publié dans l’Encyclopedia of African Religion, Ama Mazama, professeure de religions africaines à l’Université Temple, explique que les ogbonis se considèrent comme des [traduction] « intermédiaires privilégiés entre les vivants et les ancêtres » (Mazama 2009, 479). Ils vénéraient la Terre mère (ibid.; Ribeiro Junior mai 2008, 20) ou la déesse Terre (professeur 5 oct. 2012). Des sources précisent que les ogbonis assuraient un [traduction] « équilibre des pouvoirs » et pouvaient même destituer le roi au besoin (ibid.; Mazama 2009, 480). Dans un article publié dans la revue Social Research, George B. N. Ayittey, économiste en résidence au Département d’économie de l’American University et auteur de plusieurs ouvrages - dont Indigenous African Institutions (The Independent Institute s.d.) -, souligne que, même si les ogbonis exerçaient des fonctions judiciaires, leur rôle premier était la préservation de [traduction] « [l’]oracle d’Ife » (2010, 1193). Selon Ama Mazama,

[traduction]

il est souvent demandé aux prêtres de la société O[gb]oni de consulter l’oracle relativement à un certain nombre de questions de nature délicate, comme le soutien des ancêtres à l’égard du roi. En fait, les membres de la société O[gb]oni sont les gardiens et les protecteurs des lois et de l’oracle divin (2009, 479).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur de droit et de science judiciaire de l’Université de Leicester a fait état du fait qu’à l’époque précoloniale, la société Ogboni était le plus haut tribunal du pays des Yoroubas et qu’elle pouvait juger les personnes influentes qui échappaient au système judiciaire public (professeur 5 oct. 2012). Il précise également que, depuis l’époque coloniale et l’indépendance du Nigéria, la société Ogboni [traduction] « ne joue aucun rôle officiel au sein de la société » (ibid.).

1.2 Situation actuelle

Le professeur a poursuivi en disant que [traduction] « dans la mesure où les gens n’ont plus aucune utilité pour eux puisqu’ils n’assurent plus leur protection, [les ogbonis] protègent maintenant les intérêts égoïstes des membres de l’organisation en ayant recours au chantage, à l’intimidation et au meurtre » (ibid.). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucune autre information allant en ce sens. Le professeur soutient que,

[traduction]

dans la plupart des régions du Nigéria peuplées par les Yoroubas, [la société Ogboni] n’a pas de pouvoir réel. Les seules régions du Nigéria peuplées par les Yoroubas où la société Ogboni exerce toujours une certaine influence sur l’administration traditionnelle des villes sont Egba, Egbado et Abeokuta, qui sont essentiellement des secteurs des États d’Ogun et de Lagos. Par ailleurs, dans certains villages ruraux et petites villes situés le long de la frontière entre l’État d’Ogun et les États d’Oyo, d’Osun et d’Ondo, il est possible que les ogbonis soient encore en mesure d’intimider quelques groupes de personnes (ibid.).

Toutefois, selon Ama Mazama, les ogbonis exercent toujours une influence et un pouvoir [traduction] « assez importants » sur les affaires de la nation (Mazama 2009, 480). Elle souligne cependant que l’intégrité politique de la société Ogboni et de la Fraternité Ogboni réformée (Reformed Ogboni Fraternity) [traduction] « a été remise en question étant donné les liens étroits que [ces organisations] entretiennent avec la franc-maçonnerie, le Club Rotary ou la Fraternité de la Rose-Croix » (ibid.). Des sources affirment que certains membres de la société Ogboni font partie de l’élite (Norvège août 2006, sect. 4.1; Nigerian Observer 19 févr. 2009), [traduction] « notamment de la police, de l’appareil judiciaire, du gouvernement et des institutions traditionnelles, ce qui les place apparemment au-dessus de la loi » (ibid.). De même, Obi N. I. Ebbe soutient que les membres de la société Ogboni [traduction] « exploitent des entreprises de toutes sortes, tant légitimes qu’illégitimes, sans intervention du gouvernement, et que les sociétés appuient les candidats politiques qui peuvent protéger leurs entreprises » (2012, 178).

1.3 Structure

Selon Ama Mazama, tous les ogbonis relèvent d’un dirigeant politique, l’Alafin, qui a le pouvoir de convoquer les prêtres à des [traduction] « séances extraordinaires » (2012, 480). Toutefois, le professeur a précisé que la structure de la société Ogboni est un [traduction] « secret que les membres de la société Ogboni ne peuvent dévoiler », au risque de mourir empoisonnés (5 oct. 2012). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a rien trouvé allant dans le même sens ni aucun autre renseignement au sujet de la structure de la société Ogboni.

1.4 Rituels et cérémonies

Le professeur de l’Université de Leicester a déclaré que les particularités des rituels et des cérémonies de la société Ogboni sont un [traduction] « secret que les membres de la société Ogboni ne peuvent dévoiler » qu’au péril de leur vie (5 oct. 2012). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a rien trouvé allant dans le même sens ni aucun autre renseignement au sujet des rituels et des cérémonies de la société Ogboni.

2. Adhésion

Selon Ama Mazama, les Yoroubas et les membres d’autres groupes ethniques peuvent adhérer à la société, laquelle accepte tant les hommes que les femmes, même si [traduction] « la prédominance des aînés de sexe masculin est indéniable » (2009, 480).

Le professeur a affirmé que la société [traduction] « peut s’avérer très dangereuse pour les personnes qui y adhèrent » (5 oct. 2012). Il a également déclaré que, même si le rang au sein de la société Ogboni n’est pas héréditaire,

[traduction]

si une personne a été témoin des activités de la société Ogboni parce qu’un de ses parents faisait partie de l’organisation (p. ex. parce qu’elle a assisté, enfant, aux réunions organisées au domicile de ses parents et a grandi en connaissant l’identité des membres de la société; si son père ou sa mère s’est engagé à ce qu’elle se joigne à la société; ou si, enfant, elle a été utilisée comme assassin par les ogbonis, agissant en tant que messager envoyé dans les quartiers de la cible et chargé de verser le poison dans la source d’eau ou ailleurs), elle serait normalement tenue de se joindre à la société. Ainsi, seules les personnes qui ont été étroitement liées à la société par le passé peuvent être contraintes, par l’intimidation, à se joindre à la société. Et si la personne vit dans l’État d’Ogun, et plus particulièrement dans la région d’Egba, d’Egbado ou d’Abeokuta, cette intimidation pourrait porter fruit. Quoi qu’il en soit, l’adhésion se fait généralement sur une base volontaire. Dans la plupart des cas, les personnes se joignent délibérément à la société Ogboni parce qu’elles souhaitent obtenir du pouvoir, des avantages financiers et du succès (ibid.).

Un article du Nigerian Observer fait état du cas d’un jeune homme qui serait [traduction] « pourchassé » par des chefs ogbonis parce qu’il a refusé de succéder à son défunt père au sein de la société, étant donné ses croyances chrétiennes (19 févr. 2009). L’un des membres de sa famille aurait déclaré au Nigerian Observer en février 2009 que l’homme en question ne serait pas retourné à son domicile depuis 2007 [traduction] « en raison de la menace potentielle à sa vie » (ibid.). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucune autre information allant en ce sens.

3. Activités transnationales

Ama Mazama affirme que la société Ogboni a été recréée à Bahia, au Brésil, au début du 19e siècle, lorsque les Yoroubas sont devenus un groupe culturel important dans cette région (2009, 480). Selon le professeur, des personnes habitant dans des pays tels que les États-Unis se sont jointes à la société Ogboni au cours des 15 dernières années dans le but de [traduction] « renouer avec leurs racines indigènes » (5 oct. 2012). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucune autre information allant en ce sens.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.

Références

Ayittey, George B. N. 2010. « Traditional Institutions and the State of Accountability in Africa ». Social Research. Vol. 77, no 4.

Ebbe, Obi N. I. 2012. « Organized Crime in Nigeria ». Traditional Organized Crime in the Modern World: Responses to Economic Change. Sous la direction de Dina Siegel et Henk van de Bunt. New York : Springer.

The Independent Institute. S.d. « George B. N. Ayittey ». <http://www.independent.org/aboutus/person_detail.asp?id=766> [Date de consultation : 13 nov. 2012]

Mazama, Ama. 2009. « Ogboni Society ». Encyclopedia of African Religion. Sous la direction de Ama Mazama et Molefi Kete Asante. Thousand Oaks, Californie : SAGE Publication.

The Nigerian Observer. 19 février 2009. « Cultists Vow to Eliminate Man for Refusing Initiation ». <http://www.nigerianobservernews.com/19022009/news/national/news1.html> [Date de consultation : 4 oct. 2012]

Norvège. Août 2006. Geir Skogseth. Landinfo: Country of Origin Information Centre. Fact-finding Trip to Nigeria (Abuja, Lagos and Benin City) 12-26 March 2006. <http://www.landinfo.no/asset/491/1/491_1.pdf> [Date de consultation : 4 oct. 2012]

Professeur, University of Leicester. 5 octobre 2012. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches

Ribeiro Junior, Ademir. Mai 2008. Parafernália das mães-ancestrais : As máscaras gueledé, os edan ogboni e a construção do imaginário sobre as « sociedades secretas » africanas no Recôncavo Baiano. Mémoire de maîtrise. Universidade de São Paulo, Brésil. <http://www.teses.usp.br/teses/disponiveis/71/71131/tde-22092008-150603/pt-br.php> [Date de consultation : 4 oct. 2012]

Autres sources consultées

Sources orales : Les tentatives faites pour joindre des représentants des organisations suivantes ont été infructueuses : Harvard Divinity School, Harvard University; Instituto do Patrimônio Histórico e Artístico Nacional, Brésil; Obafemi Awolowo University, Nigéria.

Sites Internet, y compris : AllAfrica.com; Amnesty International; Austrian Centre for Country of Origin and Asylum Research and Documentation; Danemark – Danish Immigration Service; ecoi.net; États-Unis – Central Intelligence Agency, Department of State, Overseas Security Advisory Council; Factiva; Freedom House; The Guardian [Nigéria]; Human Rights Watch; Nations Unies – Refworld, Reliefweb, Réseaux d’information régionaux intégrés; Nigéria – Ministry of Interior, Police Force; Nigerian Tribune; The Punch The Reformed Ogboni Fraternity; The Sun News [Nigéria].



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