Réponses aux demandes d'information

​​​Les réponses aux demandes d’information (RDI) sont des rapports de recherches sur les conditions dans les pays. Ils font suite à des demandes des décideurs de la CISR.

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Les réponses aux demandes d'information (RDI) citent des renseignements qui sont accessibles au public au moment de leur publication et dans les délais fixés pour leur préparation. Une liste de références et d'autres sources consultées figure dans chaque RDI. Les sources citées sont considérées comme les renseignements les plus récents accessibles à la date de publication de la RDI.    

Les RDI n'apportent pas, ni ne prétendent apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile donnée. Elles visent plutôt à appuyer le processus d'octroi de l'asile. Pour obtenir plus de renseignements sur la méthodologie utilisée par la Direction des recherches, cliquez ici.   

C'est aux commissaires indépendants de la CISR (les décideurs) qu'il incombe d'évaluer les renseignements contenus dans les RDI et de décider du poids qui doit leur être accordé après avoir examiné les éléments de preuve et les arguments présentés par les parties.    

Les renseignements présentés dans les RDI reflètent uniquement les points de vue et les perspectives des sources citées et ne reflètent pas nécessairement la position de la CISR ou du gouvernement du Canada.    

6 novembre 2012

NGA104217.EF

Nigéria : information sur le rite selon lequel une veuve boit l’eau utilisée pour nettoyer le corps de son époux; les conséquences qu’entraîne le refus de boire cette eau; information indiquant si le refus de boire l’eau est interprété par les autres comme un signe que la veuve est responsable de la mort de son époux

Direction des recherches, Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Aperçu

Diverses sources attirent l’attention sur le fait que les rites de deuil varient grandement au pays et qu’ils peuvent être différents selon les groupes ethniques (Idialu 2012, 6; WPD 5 oct. 2012) ou l’endroit (ibid.; chercheur 5 oct. 2012). Selon la directrice de Widows for Peace Through Democracy (WPD), une organisation de défense des veuves dans les pays en développement dont le siège est au Royaume-Uni (s.d.), de nombreux autres facteurs influent sur les rites de veuvage, notamment l’âge, le revenu et le niveau d’éducation, de sorte qu’il est impossible de tirer des conclusions générales sur les pratiques actuelles au Nigéria (5 oct. 2012). De même, il ressort de certaines sources universitaires que l’austérité des rites de veuvage peut varier selon la situation de la femme (Aransiola 2010; Onyekuru 2011, 357). Un sociologue de l’Université Obafemi Awolowo à Ile-Ife a écrit, dans une publication de 2010 sur les pratiques de veuvage des Yoroubas qui vivent dans le Sud-Ouest du Nigéria, que plus la femme a un statut social élevé, moins les rites auxquels elle doit se soumettre sont sévères (Aransiola 2010). Par ailleurs, dans un article publié en 2011 dans une revue spécialisée et portant sur les pratiques culturelles liées au deuil dans le Sud-Est du Nigéria, un chercheur à la faculté de l’éducation (Faculty of Education) de l’Université de Port Harcourt, dans l’État de Rivers, affirme que dans le Sud-Est, les rites sont [traduction] « plus rigoureux » pour les femmes moins éduquées ou plus jeunes qui ont de très jeunes enfants que pour les femmes éduquées ou plus âgées (Onyekuru 2011, 357).

2. Rite selon lequel une veuve boit l’eau utilisée pour nettoyer le corps de son époux

Des sources datées de 2010 à 2012 nous apprennent que le rite selon lequel une veuve boit l’eau utilisée pour nettoyer le corps de son époux subsiste dans certaines régions et au sein de différents groupes au Nigéria, y compris :

  • dans l’État d’Edo (historien 5 oct. 2012);
  • dans l’État du Delta (État du Delta 2010);
  • dans certains États de l’Est du Nigéria (Leadership 27 août 2011);
  • dans le Sud-Est du Nigéria (Onyekuru 2011, 356);
  • au sein du groupe ethnique des Ibos (Samuel 2009; chercheur 5 oct. 2012);
  • au sein du groupe ethnique des Yoroubas (Aransiola 2010).

Par contre, il ressort de certaines sources que ce rite est moins fréquent qu’auparavant (Vanguard 27 juill. 2012; chercheur 5 oct. 2012).

2.1 But du rite

Selon des sources, la veuve se soumet à ce rite pour prouver qu’elle n’est pas responsable de la mort de son époux (Leadership 27 août 2011; Aransiola 2010; Onyekuru 2011, 356). Il ressort de l’article paru dans une revue spécialisée et portant sur les pratiques de deuil dans le Sud-Est du Nigéria que, dans cette région, il existe une croyance selon laquelle si la veuve est d’une quelconque façon impliquée dans la mort de son époux, [traduction] « quelque chose d’épouvantable lui arrivera » après avoir pris part à ce rite (ibid.). Un historien nigérian de Toronto, qui a effectué des travaux sur le terrain au sujet des rites de veuvage dans l’État d’Edo, affirme que l’accomplissement du rite est mis en œuvre par les membres de la famille du défunt s’ils ont des raisons de croire que la veuve est responsable du décès de son époux (historien 5 oct. 2012). Un chercheur nigérian de Toronto, qui a également fait des recherches sur les rites de veuvage dans l’État d’Edo et qui a publié des écrits sur le sujet, a précisé au cours d’un entretien téléphonique avec la Direction des recherches que si une femme n’est pas en bons termes avec la famille de son époux, c’est-à-dire avec ses parents et ses frères, la famille peut la soupçonner d’avoir tué son époux, surtout si celui-ci est le fils aîné de la famille et que ses héritiers ont de bonnes chances d’hériter de la propriété familiale à son décès (chercheur 5 oct. 2012). Un membre de la famille communique alors avec le prêtre ou le chef du village pour lui faire part de ses soupçons et pour faire pression sur la veuve afin qu’elle participe à un rite visant à prouver son innocence (ibid.).

2.2 Refus de participer au rite

L’historien fait observer que le refus de boire l’eau du bain de son époux décédé serait [traduction] « bien sûr » considéré comme un aveu selon lequel la veuve a tué son époux (5 oct. 2012). L’historien et le chercheur ont tous les deux affirmé que les conséquences du refus de prendre part au rite varient selon que la veuve peut compter sur la protection des membres de sa famille (frères et autres hommes) (historien 5 oct. 2012; chercheur 5 oct. 2012). Si elle ne peut pas compter sur cette protection, sa vie pourrait être en danger (ibid.; historien 5 oct. 2012). Dans ce cas, la veuve devra généralement quitter son village avec ses enfants pour sauver sa peau (chercheur 5 oct. 2012).

D’après le chercheur, dans les régions chrétiennes du pays, les églises locales peuvent intervenir pour aider les veuves et les protéger afin qu’elles n’aient pas à se soumettre à des rites de deuil [traduction] « abusifs » (5 oct. 2012). De même, l’historien a donné un exemple d’une situation dans laquelle l’église a aidé une femme à quitter sa maison et son village en cachette parce que la famille de son époux décédé avait essayé de la forcer à se soumettre au rite et tenté de tuer son fils, l’héritier de la propriété familiale ayant appartenu à son époux (5 oct. 2012).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.

Références

Aransiola, Joshua Oyeniyi. 2010. « Widowhood Practices Among the Yorubas of South West Nigeria: Are There Differences in What Women Experience Due to Their Status? ». Gender and Behaviour. <www.readperiodicals.com/201012/ 2187713301.html#b> [Date de consultation : 21 sept. 2012]

Chercheur. 5 octobre 2012. Entretien téléphonique avec la Direction des recherches.

État du Delta [Nigéria]. 2010. Office of the Governor. « Uduaghan to Monarchs: Stop Barbaric Practices Against Widows ». <www.governoruduaghan.org/news_fetcher.php?fid=530> [Date de consultation : 21 sept. 2012]

Historien. 5 octobre 2012. Entretien téléphonique avec la Direction des recherches.

Idialu, Ethel E. 2012. « The Inhuman Treatment of Widows in African Communities ». Current Research Journal of Social Sciences. Vol. 4, no 1. <http://maxwellsci.com/ print/crjss/v4-6-11.pdf> [Date de consultation : 22 oct. 2012]

Leadership [Abuja]. 27 août 2011. Victoria Ozohu Mayaki. « Culture, Rites and Nigerian Widows ». <www.leadership.ng/nga/articles/4414/2011/08/27/ culture_rites_and_nigerian_widows.html> [Date de consultation : 21 sept. 2012]

Onyekuru, B.U. 2011. « Obnoxious Cultural Practices Associated with Bereavement Among People of South-East Geopolitical Zone of Nigeria ». Journal of Emerging Trends in Educational Research and Policy Studies. Vol. 2, no 5. <http://jeteraps.scholarlinkresearch.org/articles/Obnoxious%20Cultural%20Practices%20Associated%20With%20Bereavement%20among%20People%20of%20South-East%20Geopolitical%20Zone%20Of%20Nigeria.pdf > [Date de consultation : 4 oct. 2012]

Samuel, Gloria Chimeziem Ernest. 2009. « Emergent Issues on Widowhood Practices in Igbo Culture: Between the Video Screen and Reality ». Unizik Journal of Arts and Humanities. Vol. 10, no 2. <www.ajol.info/index.php/ujah/article/view/67014> [Date de consultation : 4 oct. 2012]

Vanguard [Lagos]. 27 juillet 2012. Ebele Orakpo. « Not Yet Uhuru with Widows’ Rights - Eleanor Nwadinobi ». <www.vanguardngr.com/2012/07/not-yet-uhuru-with-widows-rights-eleanor-nwadinobi/> [Date de consultation : 4 oct. 2012]

Widows for Peace Through Democracy (WPD). 5 octobre 2012. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par la directrice.

_____. S.d. « Our Vision ». <http://www.widowsforpeace.org/> [Date de consultation : 22 oct. 2012]

Autres sources consultées

Sources orales : Des représentants de Widows’ Rights International et de la Widows Development Organisation n’ont pu fournir de renseignements. Les tentatives faites pour joindre des représentants des organisations suivantes ont été infructueuses : Nigeria National Human Rights Commission, Centre for Elimination of Violence Against Women et Rose of Sharon Foundation.

Sites Internet, y compris : African Journal of Social Sciences; All Africa; Amnesty International; Association pour les droits de la femme et le développement; Australie – Refugee Review Tribunal; ecoi.net; Elombah.com; États-Unis – Department of State; Factiva; Forum on Public Policy; Harvard Human Rights Journal; Human Rights Watch; Nations Unies – Haut-Commissariat aux droits de l’homme; Royaume-Uni – Border Agency; Women’s UN Report Network.



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