Réponses aux demandes d'information

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2 février 2012

IND103982.EF

Inde : information sur le traitement réservé aux hindous qui se sont convertis au christianisme; information indiquant s’il existe des cas de conversion forcée du christianisme à l’hindouisme; information sur la protection offerte par l’État aux personnes maltraitées du fait qu’elles sont chrétiennes ou qu’elles se sont converties au christianisme

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Situation générale des chrétiens en Inde

Selon le recensement de 2001, les chrétiens en Inde sont plus de 24 millions et représentent 2,3 p. 100 de l’ensemble de la population (Inde s.d.). À titre de comparaison, ce même recensement démontrait que les hindous, formant le plus important groupe religieux au pays, étaient plus de 827 millions et qu’ils représentaient 80,5 p. 100 de la population (ibid.). Selon un article rédigé par le directeur du Centre asiatique de défense des droits de la personne (Asian Centre for Human Rights - ACHR), la population chrétienne, proportionnellement à la population indienne dans son ensemble, est demeurée stable depuis l’indépendance de l’Inde en 1947, représentant invariablement environ 2,5 p. 100 de la population (AHCR 25 janv. 2012).

D’après l’International Religious Freedom Report July-December 2010 publié par le Département d’État des États-Unis, il y a des chrétiens partout au pays, mais ils sont plus nombreux dans les régions du Nord-Est (É.-U. 13 sept. 2011, sect. 1). Plus particulièrement, le christianisme est la principale religion dans les États de Nagaland, de Mizoram et de Meghalaya, dans le Nord-Est (ibid.; Inde s.d.). D’après le recensement de 2001 en Inde, les chrétiens constituent également une part importante de la population totale dans les États et les territoires unifiés du Manipur (34 p. 100), de Goa (26,7 p. 100), des îles Andaman-et-Nicobar (21,7 p. 100), du Kerala (19 p. 100) et de l’Arunachal Pradesh (18,7 p. 100) (ibid.). On peut également lire dans l’International Religious Freedom Report qu’une population chrétienne appréciable vit dans le Tamil Nadu (É.-U. 13 sept. 2011, sect. 1).

Les chrétiens sont reconnus au titre de la loi de 1992 sur la commission nationale pour les minorités (National Commission for Minorities Act) comme l’une des cinq communautés minoritaires officielles, tout comme les musulmans, les sikhs, les parsis (zoroastriens) et les bouddhistes (Inde 1993, sect. 1; É.-U. 13 sept. 2011, sect. 1). Selon le directeur de l’ACHR, les chrétiens en Inde proviennent depuis toujours de petits groupes ethniques qui étaient auparavant animistes plutôt que des groupes religieux plus importants au pays (ACHR 25 janv. 2012).

2. Castes et tribus répertoriées

D’après l'International Religious Freedom Report publiés par les États-Unis, des membres de castes et de tribus répertoriées adeptes d’autres religions se sont convertis à l’hindouisme afin de tenter d’éviter la discrimination et les obstacles à la [traduction] « promotion sociale » (É.-U. 13 sept. 2011, sect. 1). Les castes répertoriées sont également connues sous le nom de dalits (ibid.; CSW s.d.). Christian Solidarity Worldwide (CSW), une organisation de défense des droits de la personne dont le siège est au Royaume-Uni et qui surveille la liberté de culte à l’échelle internationale et plaide la cause des chrétiens maltraités, explique que [traduction] « bien qu’il existe dans une certaine mesure un système de castes dans chaque groupe religieux, les conversions sont traditionnellement considérées par les dalits (anciennement appelés "intouchables") comme une méthode d’émancipation par rapport à l’identité qui leur est imposée par leur caste » (ibid.). Les tribus répertoriées, aussi connues sous le nom d’adivasi, sont des groupes tribaux considérés comme étant les premiers habitantsde l’Inde (MRG s.d.). Minority Rights Group International (MRG) signale [traduction] « [qu’] un grand nombre » de chrétiens viennent des adivasi et des dalits (juill. 2010, 119). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, le président national du Conseil mondial des chrétiens indiens (Global Council of India Christians - GCIC) a affirmé que [traduction] « la plupart » des chrétiens au pays viennent de castes répertoriées (24 janv. 2012).

Il qualifie les membres de castes répertoriées de [traduction] « parias » (GCIC 24 janv. 2012). MRG signale que, [traduction] « en raison de leur statut social, [les chrétiens des adivasi et des dalits] comptent déjà parmi les groupes les plus pauvres et marginalisés » (MRG juill. 2010, 119). On peut lire dans l’International Religious Freedom Report que [traduction] « certaines personnes qui se sont converties par désir de ne plus subir de discrimination et de violence ont été victimes d’hostilités et de réactions de rejet très vives de la part de groupes conservateurs de la société hindoue » (É.-U. 13 sept. 2011, sect. 1). Le président national du GCIC explique que des places sont réservées dans les établissements d’éducation et au sein de la fonction publique pour les membres de castes répertoriées, mais que les chrétiens n’y sont pas admissibles (GCIC 24 janv. 2012). Toutefois, il a affirmé que les chrétiens qui font partie des tribus répertoriées ont accès aux mêmes avantages que les autres membres de ces tribus (ibid.). Selon ses dires, les chrétiens de tribus répertoriées se trouvent pour la plupart dans les États du Nord-Est, bien que l’on compte de [traduction] « petits regroupements » dans d’autres régions du pays (ibid.).

3. Présence d’hindous fondamentalistes

Selon Minority Rights Group International, [traduction] « le chauvinisme religieux » a augmenté en Inde au cours des dernières années, comme en témoigne la croissance des partis politiques religieux fondamentalistes (MRG déc. 2008). MRG se dit inquiet du fait que [traduction] « cela pose une menace aux relations intercommunautaires futures » (ibid.). MRG souligne également que [traduction] « le discours officiel de l’Inde à propos de l’équité des droits pour toutes les minorités religieuses se traduit de plus en plus par la volonté [de] la majorité hindoue » (ibid.).

Plus particulièrement, des sources font état de l’existence d’un mouvement nationaliste de fondamentalisme hindou en Inde (AICC 31 janv. 2012; CSW 25 janv. 2012; The Guardian 19 janv. 2011; Freedom House 2010). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, le chef de l’équipe de l’Asie du Sud de Christian Solidarity Worldwide a expliqué que

[traduction]

les partisans de l’idéologie de nationalisme hindou ou hindutva (idéologie politique à ne pas confondre avec l’hindouisme, qui est une religion), sont d’avis que les citoyens de l’Inde sont naturellement hindous du fait qu’ils sont Indiens. Ils considèrent les chrétiens et les musulmans comme des fidèles de religions « étrangères » qui n’ont pas leur place en Inde (25 déc. 2012).

Le président national du GCIC affirme également que les fondamentalistes hindous tentent de peindre le christianisme comme une [traduction] « religion étrangère » (24 janv. 2012). Par ailleurs, d’après une entrevue avec un prêtre actif en Inde, qui a été publiée dans le rapport de MRG intitulé State of the World’s Minorities and Indigenous Peoples 2010, les groupes qui sont membres de ce mouvement fondamentaliste visent les minorités religieuses et [traduction] « "présentent les chrétiens comme n’étant pas dans le courant dominant, comme n’aimant pas l’Inde" » (MRG juill. 2010, 119).

Le Rashtriya Svayamsevak Sangh (RSS) est un groupe hindou fondamentaliste qui inquiète les observateurs (GCIC 24 janv. 2012; The Guardian 19 janv. 2011; MRG juill. 2010, 119). Le président national du GCIC précise que les membres du RSS [traduction] « constituent désormais une force redoutable et veulent changer le paysage de l’Inde, sa culture et ses croyances religieuses » (GCIC 24 janv. 2012). Selon le Guardian, journal britannique, les membres du RSS [traduction] « incitent à la perpétration d’actes de violence à l’égard des minorités musulmanes et chrétiennes et en commettent eux-mêmes » (19 janv. 2011). Le président national du GCIC a affirmé que leur [traduction] « intention principale était de former une nation où une seule religion est pratiquée, l’hindouisme » (24 janv. 2012). Des sources soulignent que le Parti du peuple indien (Bharatiya Janata Party - BJP) est considéré comme l’aile politique du mouvement nationaliste hindou qu’est le RSS (GCIC 24 janv. 2012; The Guardian 9 janv. 2011). Le président national du GCIC a expliqué que les États dans lesquels le BJP est très en vue, soit l’Orissa, le Madhya Pradesh et le Karnataka en particulier, sont les États où les chrétiens sont les plus susceptibles d’être maltraités (GCIC 24 janv. 2012). Un représentant du All India Christian Council (AICC), une association de groupes chrétiens qui surveille le traitement réservé aux chrétiens en Inde, a par ailleurs souligné que les chrétiens étaient plus susceptibles d’être maltraités dans les États dirigés par le BJP (31 janv. 2012).

4. Traitement réservé aux chrétiens

Des sources signalent que les chrétiens en Inde peuvent être victimes de mauvais traitements (AICC 31 janv. 2012; GCIC 24 janv. 2012; MRG juill. 2010, 118-119). Ils peuvent subir de l’intimidation (AICC 31 janv. 2012; MRG juill. 2010, 117), des menaces, de la discrimination (ibid., 119) et des agressions (AICC 31 janv. 2012). Le président national du GCIC a affirmé que, mis à part [traduction] « certains convertis de castes supérieures se trouvant principalement dans certains États du Sud », la majorité des convertis au christianisme en Inde, qui viennent majoritairement de castes répertoriées,

[traduction]

sont toujours traités avec mépris et dérision et n’ont même pas le droit de partager/puiser l’eau des puits publics dans les villages. Le boycottage social par les hindous, tant des castes supérieures que des castes inférieures elles-mêmes, est assez courant dans les villages, car ils sont toujours considérés comme les déserteurs d’une grande religion (GCIC 24 janv. 2012).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, le représentant de l’AICC a expliqué que [traduction] « les agressions et les mauvais traitements sont devenus plus organisés et systémiques » au fil des ans (31 janv. 2012).

4.1 Violence

Des sources signalent que les chrétiens sont susceptibles de subir de la violence de la part de groupes hindous (AICC 31 janv. 2012; CSW 23 janv. 2012; É.-U. 13 sept. 2011, sect. 3). D’après l’International Religious Freedom Report des États-Unis, des extrémistes hindous auraient

[traduction]

interrompu des rencontres de prières, détruit ou endommagé des lieux de culte, vandalisé des propriétés, agressé des pasteurs et des laïques, saisi et détruit du matériel religieux, puis tenté d’intimider des chrétiens qui se rendaient à des services religieux, parfois en présence de la police (É.-U. 13 sept. 2011, sect. 3).

Des sources signalent que les chrétiens pourraient être exposés à un risque accru dans l’Orissa, le Madhya Pradesh et le Karnataka (GCIC 24 janv. 2012; CSW 23 janv. 2012; É.-U. 13 sept. 2011, sect. 3), le Chhattisgarh, l’Andhra Pradesh et le Maharashtra (CSW 23 janv. 2012; É.-U. 13 sept. 2011, sect. 3), le Gujarat et le Rajasthan (CSW 23 janv. 2012). Le chef de l’équipe de l’Asie du Sud de CSW a précisé qu’il y a eu une [traduction] « augmentation notable du nombre de cas de violence contre des chrétiens dans l’État du Karnataka » au cours des dernières années (ibid.). Il a également fait état de [traduction] « deux éruptions de violence extrêmement grave et répandue à l’égard de la communauté chrétienne dans l’État de l’Orissa, une à la fin 2007 et l’autre en 2008 » (ibid.). MRG a expliqué que, [traduction] « [e]n 2008, des groupes extrémistes hindous ont pris des chrétiens pour cible dans l’Orissa, dans le cadre d’attaques qui ont duré 45 jours, au cours desquelles une sœur a été violée, 81 personnes ont perdu la vie, 50 000 personnes se sont retrouvées à la rue, 147 églises ont été incendiées et plus de 4 000 maisons ont été détruites » (MRG juill. 2010, 119).

MRG signale qu’il y a eu 152 attaques visant des chrétiens en 2009, dont 86 ont eu lieu dans les États du Sud, notamment dans le Karnataka, où 48 incidents se sont produits, et dans l’Andhra Pradesh, où il y en a eu 29 (MRG juill. 2010, 117). Selon l’International Religious Freedom Report des États-Unis, on peut lire dans le rapport annuel pour 2009-2010 du ministère des Affaires intérieures (Ministry of Home Affairs) de l’Inde qu’il y a eu [traduction] « 76 incidents de violence entre hindous et chrétiens en 2009, qui ont fait deux morts et 44 blessés, comparativement à 44 morts et 82 blessés en 2008 » (É.-U. 13 sept. 2011, sect. 3). Le président national du GCIC a affirmé qu’il y a eu près de 50 incidents dans le Karnataka, environ 25 dans l’Orissa et 15 dans le Madhya Pradesh en 2011 (24 janv. 2012).

Il a aussi expliqué que, sauf dans les États du Nord-Est où les chrétiens sont majoritaires, des agressions épisodiques contre des adeptes de cette religion sont commises partout au pays (24 janv. 2012). Il a ajouté que

[traduction]

les chrétiens qui vivent dans des régions rurales semblent être un peu plus vulnérables, car ils sont dispersés en petits groupes sur de grands territoires et constituent des cibles plus faciles à ces endroits que dans les milieux urbains, bien qu’il y ait des cas d’agression et d’incendie criminel pratiquement partout (GCIC 24 janv. 2012).

Pour sa part, le chef de l’équipe de l’Asie du Sud de CSW a expliqué que

[traduction]

les attaques peuvent se produire tant dans les régions rurales qu’urbaines (quoiqu’elles ont habituellement lieu dans les régions défavorisées sur le plan économique ou dans les bidonvilles). Toutefois, comme la communauté chrétienne est répandue dans presque toute l’Inde, en de relativement petits regroupements, il existera toujours un risque partout où vivent des chrétiens, y compris dans les villes principales (23 janv. 2012).

5. Traitement réservé aux hindous qui se sont convertis au christianisme

Selon l’International Religious Freedom Report des États-Unis, [traduction] « la conversion des hindous ou des membres de castes inférieures au christianisme est une question qui est demeurée très épineuse et a parfois mené à des agressions ou à des arrestations visant des chrétiens » (É.-U. 13 sept. 2011, sect. 3). On explique dans le rapport qu’il existe des lois étatiques anti-conversion dans le Gujarat, l’Orissa, le Chhattisgarh, le Madhya Pradesh et l’Himachal Pradesh (ibid., sect. 2). D’après le directeur de l’ACHR, ces lois anti-conversion ont été précisément adoptées pour viser les missionnaires chrétiens (25 janv. 2012). Toutefois, parmi les sources qu’elle a consultées, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement appuyant cette déclaration. Selon le représentant de l’AICC, les chrétiens sont plus susceptibles d’être maltraités dans les États où les lois anti-conversion sont en vigueur (31 janv. 2012). Le chef de l’équipe de l’Asie du Sud de CSW a expliqué [traduction] « [qu’] un grand nombre, sinon la plupart » des actes de violence à l’égard des chrétiens sont

[traduction]

motivés par des raisons liées à la conversion (c’est-à-dire que les chrétiens visés sont des « convertis » ou des personnes qui « organisent des activités de conversion » qui sont jugées préjudiciables à la société hindoue), et il ne fait aucun doute que les hindous qui se sont convertis au christianisme peuvent souvent être victimes de violence (CSW 25 janv. 2012).

On peut par ailleurs lire dans l’International Religious Freedom Report des États-Unis que

[traduction]

les organisations nationalistes hindoues ont souvent prétendu que les missionnaires chrétiens attiraient les hindous de castes inférieures dans les régions pauvres en leur offrant un accès gratuit à l’éducation et à des soins de santé, et assimilaient ces actes à des conversions forcées (É.-U. 13 sept. 2011, sect. 3).

6. Cas de conversion forcée du christianisme à l’hindouisme

Des sources signalent que les chrétiens pourraient être forcés de se convertir à l’hindouisme (AICC 31 janv. 2012; CSW 23 janv. 2012; MRG juill. 2010, 117; GCIC 24 janv. 2012). Le chef de l’équipe de l’Asie du Sud de CSW a expliqué

[traduction]

[qu’] un mécanisme de « reconversion » des non-hindous existe dans l’hindouisme (en particulier au sein du mouvement nationaliste hindou, qui considère tous les citoyens de l’Inde comme fondamentalement hindous) depuis le début du vingtième siècle et [qu’] il y a eu des conversions forcées de chrétiens à l’hindouisme dans diverses régions (23 janv. 2012).

Le président national du GCIC a expliqué que [traduction] « dans la ceinture hindi comme [le Madhya Pradesh] et l’Orissa, ce retour est généralement connu comme le "Ghar Vapasi" et, dans le Karnataka, il est appelé "Marali Manege", qui signifient tous les deux "retourner chez soi" » (24 janv. 2012). Il a ajouté qu’il y a eu des cas notables de conversions forcées dans l’Orissa, le Madhya Pradesh et le Karnataka en particulier (GCIC 24 janv. 2012). Le chef de l’équipe de l’Asie du Sud de CSW a aussi affirmé que [traduction] « des conversions forcées de chrétiens à l’hindouisme ont eu lieu dans l’Orissa dans le cadre de la violence intercommunautaire de 2008 et de ses lendemains » (CSW 23 janv. 2012). Le représentant de l’AICC a par ailleurs précisé que la violence anti-chrétienne dans l’Orissa était axée sur la question de la conversion forcée (31 janv. 2012). Il a ajouté qu’il y avait également eu des cas de reconversion dans les États du Madhaya Pradesh et du Chhattisgarh (AICC 31 janv. 2012).

7. Protection offerte par l’État

Des sources soulignent que la liberté de religion est garantie par la constitution en Inde (É.-U. 13 sept. 2011, sect. 2; Freedom House 2010; MRG déc. 2008). Toutefois, la Commission américaine sur la liberté religieuse dans le monde (United States Commission on International Religious Freedom) a inscrit l’Inde sur sa liste de surveillance en 2009, relevant son défaut de protéger adéquatement les minorités religieuses et une [traduction] « culture d’impunité » croissante pour les auteurs d’agressions fondées sur la religion (É.-U. août 2009, 1-2; voir aussi Freedom House 2010). Selon l’International Religious Freedom Report des États-Unis, [traduction] « le gouvernement offre aux minorités une importante protection officielle, bien que parfois la mauvaise application de la loi, le manque de formation des policiers et la surcharge du système juridique ont joué un rôle par rapport au fait que les tensions intercommunautaires n’ont pas été réglées aussi rapidement que possible » (É.-U. 13 sept. 2011, sect. 2). Le représentant de l’AICC a affirmé qu’on ajoutait également dans l’International Religious Freedom Report que [traduction] « même si le gouvernement national rejette l’hindutva (le nationalisme hindou), quelques États et administrations locales ont continué d’être influencés par cette idéologie » (ibid.).

Selon le chef de l’équipe de l’Asie du Sud de CSW,

[traduction]

il existe des recours théoriques pour les chrétiens victimes de violence, mais ils ne fonctionnent souvent pas efficacement. L’appui et la protection qu’ont reçus les chrétiens variaient selon divers facteurs. Il est très rare que des poursuites efficaces aient été intentées dans les cas de violence à l’égard de chrétiens et que les auteurs aient été traduits en justice. Dans certains cas, la police s’est rangée du côté des auteurs et a même déposé une action contre les victimes. La plupart du temps, la police ne suit pas la procédure adéquate ou n’enquête tout simplement pas à propos des agressions (23 janv. 2012).

Le représentant de l’AICC a par ailleurs expliqué que

[traduction]

dans certains États, comme ceux qui sont dirigés par le BJP, la police a tendance à intervenir très peu dans les cas d’agressions à l’égard des chrétiens et, dans bon nombre de ces cas, elle se range du côté des agresseurs, puis réprimande de façon peu convaincante et emprisonne les victimes de ces crimes haineux. Bien que des lois soient en place, dans de nombreux cas, elles ne sont pas appliquées et, ainsi, les victimes ne peuvent souvent pas obtenir justice (31 janv. 2012).

On peut également lire dans l’International Religious Freedom Report des États-Unis que

[traduction]

des incidents lors desquels la police a arrêté des chrétiens victimes d’agression plutôt que les agresseurs ont aussi été signalés. Dans le Chhattisgarh, le Karnataka, le Madhya Pradesh, le Maharashtra et l’Orissa, des chrétiens ont déclaré que les autorités avaient déposé de fausses accusations de conversion forcée et d’incitation et ils ont fait valoir que les policiers manquaient d’objectivité dans l’enregistrement des plaintes, le faisant rapidement uniquement lorsque l’accusé est un chrétien (É.-U. 13 sept. 2011, sect. 3).

8. Services de soutien

Selon le président national du GCIC, les chrétiens maltraités

[traduction]

peuvent obtenir un recours ou de la protection en s’adressant aux organismes constitutionnels comme la Commission nationale des droits de la personne (National Human Rights Commission - NHRC) à l’échelle du pays et les commissions étatiques des droits de la personne (State Human Rights Commissions) dans les États. Ceux-ci sont investis d’importants pouvoirs indépendants pour agir auprès de tous les services et fonctionnaires qui commettent des fautes. Ils ont leurs propres méthodes de questionnement et d’enquête. De plus, la plupart de ces organismes comptent des employés dévoués et des hommes intègres. Leurs décisions sont respectées et suscitent la crainte des personnes concernées (24 janv. 2012).

Inversement, le chef de l’équipe de l’Asie du Sud de CSW affirme que

[traduction]

la [NHRC] et les organismes équivalents qui existent dans tous les États offrent théoriquement un autre recours, mais n’arrivent aussi souvent pas à respecter leur mandat (23 janv. 2012).

Toutefois, le chef de l’équipe de l’Asie du Sud de CSW et le président national du GCIC admettent tous deux que la Commission nationale pour les minorités (National Commission for Minorities) et ses organismes étatiques équivalents, qui sont supposés fournir du soutien aux groupes minoritaires, sont inefficaces (CSW 23 janv. 2012; GCIC 24 janv. 2012).

Pour ce qui est de la protection et des recours offerts aux chrétiens maltraités par les organisations non gouvernementales (ONG), le chef de l’équipe de l’Asie du Sud de CSW affirme

[traduction]

[qu’] il y a de nombreuses ONG en Inde, ainsi qu’une société civile dynamique, et [que] les chrétiens peuvent s’adresser à diverses ONG chrétiennes, comme [l’AICC], l’Alliance évangélique de l’Inde (Evangelical Fellowship of India) et autres, pour obtenir une aide précise. Il y a aussi de nombreuses petites ONG, comme Anhad, qui se penchent sur de grandes questions touchant les minorités religieuses, bien qu’elles ne soient pas toujours capables de s’occuper des cas individuels. Ces ONG sont efficaces, mais leur capacité est restreinte (23 janv. 2012).

Le représentant de l’AICC a également affirmé que les organisations et les groupes auxquels les chrétiens peuvent s’adresser ne sont souvent pas capables de les aider (31 janv. 2012). Pour sa part, le président national du GCIC explique

[traduction]

[qu’] il existe des ONG au pays qui tentent d’apporter leur contribution pour que la situation des chrétiens touchés s’améliore. L’Union du peuple pour les libertés civiles (Peoples Union for Civil Liberties - PUCL) et l’Union du peuple pour les droits démocratiques (Peoples Union for Democratic Rights - PUDR) sont deux de ces organisations, qui tentent d’enquêter à propos des incidents et de publier les faits afin de mobiliser l’opinion du public contre les coupables. Elles sont aussi dirigées par d’éminents juges, connus pour leur intégrité et leur engagement envers la cause (24 janv. 2012).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

All India Christian Council (AICC). 31 janvier 2012. Communication écrite d’un représentant.

Asian Centre for Human Rights (ACHR). 25 janvier 2012. Suhas Chakma. « India's Christianophobia ». <http://www.achrweb.org/Review/2012/237-12.html> [Date de consultation : 25 janv. 2012]

Christian Solidarity Worldwide (CSW). 25 janvier 2012. Communication écrite du chef de l’équipe de l’Asie du Sud.

_____. 23 janvier 2012. Communication écrite du chef de l’équipe de l’Asie du Sud.

_____. S.d. « India ». <http://dynamic.csw.org.uk/country.asp?s=gi&urn=India> [Date de consultation : 20 janv. 2012]

États-Unis (É.-U.). 13 septembre 2011. Department of State. « India ». International Religious Freedom Report July-December 2010. <http://www.state.gov/j/drl/rls/irf/2010_5/168245.htm> [Date de consultation : 19 janv. 2012]

_____. Août 2009. « India ». Addition to the 2009 Annual Report of the United States Commission on International Religious Freedom. <http://www.uscirf.gov/images/india%20chapter%20w%20gaer%20footnote.pdf> [Date de consultation : 30 janv. 2012]

Freedom House. 2010. « India ». Freedom in the World 2010. <http://www.unhcr.org/refworld/docid/4c2312422.html> [Date de consultation : 19 janv. 2012]

Global Council of India Christians (GCIC). 24 janvier 2012. Communication écrite du président national.

The Guardian [R.-U.]. 19 janvier 2011. Kapil Komireddi. « India Must Face Up To Hindu Terrorism ». <http://www.guardian.co.uk/commentisfree/belief/2011/jan/19/india-hindu-terrorism-threat> [Date de consultation : 25 janv. 2012]

Inde. 1993. « Government Notifications and Statutory Rules ». <http://minorityaffairs.gov.in/sites/upload_files/moma/files/pdfs/Notification_Rules.pdf> [Date de consultation : 27 janv. 2012]

_____. S.d. Office of the Registrar General and Census Commissioner. « Census and You: Religion ». <http://censusindia.gov.in/Census_And_You/religion.aspx> [Date de consultation : 27 janv. 2012]

Minority Rights Group International (MRG). Juillet 2010. Farah Mihlar. « Asia and Oceania: South Asia: India ». State of the World’s Minorities and Indigenous Peoples 2010: Events of 2009. <http://www.minorityrights.org/download.php?id=900> [Date de consultation : 26 janv. 2012]

_____. Décembre 2008. « India: Overview ». World Directory of Minorities and Indigenous Peoples. <http://www.minorityrights.org/5648/india/india-overview.html> [Date de consultation : 26 janv. 2012]

_____. S.d. « India: Adivasis ». World Directory of Minorities and Indigenous Peoples. <http://www.minorityrights.org/?lid=5800&tmpl=printpage> [Date de consultation : 26 janv. 2012]

Autres sources consultées

Sources orales : Release International n’a pas fourni d’information dans les délais voulus. Les tentatives faites pour joindre l’Evangelical Fellowship of India ont été infructueuses.

Sites Internet, y compris : Amnesty International; Asian Human Rights Commission; Australia Refugee Review Tribunal; European Country of Origin Information Network; Evangelical Fellowship of India; Factiva; Forum 18; Human Rights Watch; Minorities at Risk; Nations Unies – Refworld; Release International; Royaume-Uni – Home Office.



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