Réponses aux demandes d'information

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16 septembre 2024

MEX201993.EF

Mexique : information sur la situation liée à la criminalité, y compris la criminalité organisée; les principaux groupes criminels et cartels qui sont actifs dans le pays, les zones où ils exercent un contrôle et une influence, et les alliances entre eux; la capacité et la volonté des groupes criminels de rechercher les personnes qui déménagent à Mérida, à Mexico, à Campeche et à Monterrey et de s’en prendre à elles; la protection offerte par l’État aux victimes, aux témoins et aux membres de leur famille (2022–août 2024)

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada

1. Aperçu

Selon les conseils aux voyageurs du gouvernement du Canada pour le Mexique, les taux de criminalité, en particulier ceux qui se rapportent aux crimes violents, sont [traduction] « élevés » dans tout le pays, et les taux d’arrestations et de détentions « sont faibles, ce qui n’aide pas à enrayer la criminalité » (Canada 2024-07-29). De même, d’après l’Indice de transformation de la Fondation Bertelsmann (Bertelsmann Stiftung's Transformation Index - BTI) de 2024, qui [traduction] « examine la transition vers la démocratie et l’économie de marché ainsi que la qualité de la gouvernance dans 137 pays », les chances que les auteurs d’actes criminels « se fassent prendre par les autorités sont minimes », compte tenu de l’« impunité quasi totale » qui règne au Mexique, où 97 p. 100 des crimes demeurent « impunis » (Bertelsmann Stiftung 2024, 2, 6).

L’Initiative mondiale contre la criminalité organisée transnationale (Global Initiative Against Transnational Organized Crime - GI-TOC), [traduction] « une organisation de la société civile indépendante ayant son siège à Genève » (GI-TOC s.d.), signale dans son indice de criminalité pour le Mexique de 2023 que [traduction] « [l’]extorsion demeure très préoccupante dans presque toutes les villes du Mexique » (2023, 7). Dans le rapport sur l’indice de paix au Mexique (Mexico Peace Index – MPI) de 2024 publié par l’Institut pour l’économie et la paix (Institute for Economics and Peace - IEP), un groupe de réflexion indépendant, non partisan et sans but lucratif établi en Australie, on peut lire que la criminalité organisée est toujours [traduction] « à l’origine de la majorité des homicides et actes de violence par arme à feu » dans le pays (IEP 2024-05, ii, 2-3). La même source précise que, selon des estimations, le nombre d’homicides liés à la criminalité organisée a augmenté de 145 p. 100 entre 2015 et 2022, soit [traduction] « d’environ 8 000 à près de 20 000 », tandis que le nombre d’homicides qui n’ont « pas de lien » avec la criminalité organisée « a très peu varié, en comparaison » (IEP 2024-05, 2-3). S’appuyant sur des données du Programme de collecte de données sur les conflits d’Uppsala (Uppsala Conflict Data Program - UCDP) [1], le rapport MPI 2024 signale que, en 2021, 3 753 [traduction] « cas d’affrontements entre cartels faisant au moins un mort [ont été] recensés », et en 2022, ce nombre a diminué à 2 248; en comparaison, 160 cas avaient été recensés en 2013 (IEP 2024-05, 39).

Selon la GI-TOC, [traduction] « [l’]expansion » de la traite de personnes au Mexique a été « facilitée » par l’accroissement du contrôle territorial des groupes criminels partout au pays, la corruption « endémique », l’impunité et la « faiblesse institutionnelle des forces de l’ordre au Mexique » (2023, 3). La même source souligne que les factions criminelles organisées sont [traduction] « soupçonnées d’être en partie responsables de l’augmentation du nombre de disparitions observée au cours des dernières années », et qu’elles jouent un rôle « crucial » dans le marché transnational de drogues, notamment en « se livrant à des guerres par procuration » qui opposent les groupes dominants (GI-TOC 2023, 5). La GI-TOC écrit que [traduction] « les crises de violence donnent naissance à [des réseaux criminels de moindre envergure] qui tendent à coopérer avec des groupes plus importants de type mafieux », et que la « [f]ragmentation interne » des organisations de trafic de stupéfiants au Mexique a entraîné « la formation de nombreux réseaux criminels peu structurés » qui sont « difficiles à repérer » (2023, 5). De même, dans un article du Conseil des relations étrangères (Council on Foreign Relations - CFR), un groupe de réflexion [traduction] « indépendant » et « non partisan » et éditeur dans le domaine des affaires internationales qui a son siège aux États-Unis (CFR s.d.), on peut lire que les cartels mexicains sont [traduction] « en perpétuelle évolution », puisqu’ils grossissent, se scindent, forment de nouvelles alliances et se livrent des combats pour le territoire (CFR 2022-09-07).

2. Principaux groupes criminels et cartels

Le rapport MPI 2024 dresse la liste des six groupes criminels les [traduction] « plus meurtriers » du Mexique, d’après des données de l’UCDP concernant les groupes dont les affrontements, entre eux ou avec d’autres groupes, ont causé « le plus grand nombre total de décès » de 2004 à 2022 :

  • le cartel de Jalisco Nouvelle Génération (Cártel Jalisco Nueva Generación - CJNG)
  • le cartel de Sinaloa (Cártel de Sinaloa)
  • le cartel de Santa Rosa de Lima (Cártel de Santa Rosa de Lima - CSRL)
  • la Familia Michoacana
  • le cartel de Juárez (Cártel de Juárez)
  • le cartel de Los Zetas (Cártel de Los Zetas) (IEP 2024-05, 40).

Le même rapport signale également que le CJNG et le cartel de Sinaloa sont [traduction] « les deux plus puissants du pays » (IEP 2024-05, 2). De même, selon un article rédigé par Ioan Grillo, un journaliste et auteur qui a publié des livres sur les cartels de la drogue en Amérique latine (Grillo s.d.), le CJNG et le cartel de Sinaloa font partie des [traduction] « cartels transnationaux majeurs », tandis que le cartel du Golfe (Cartel del Golfo), le cartel du Nord-Est (Cartel del Noreste), le « cartel de Juárez / La Linea » et la Familia [Michoacana] appartiennent à la catégorie des « cartels régionaux puissants » (Grillo 2024-01-03).

Un rapport du Service de recherche du Congrès (Congressional Research Service - CRS) des États-Unis contient une liste de neuf groupes criminels [traduction] « majeurs » qui sont actifs au Mexique :

  • cartel de Tijuana/organisation Arellano Félix
  • cartel de Sinaloa
  • cartel de Juárez/organisation Carrillo Fuentes
  • cartel du Golfe
  • Los Zetas et cartel du Nord-Est
  • organisation Beltrán Leyva
  • La Familia Michoacana
  • Los Rojos
  • CJNG (É.-U. 2022-06-07, ii).

Au cours d’un entretien avec la Direction des recherches, un professeur adjoint de criminologie à l’Université de Montréal qui est spécialiste en matière de crime organisé au Mexique a affirmé que le cartel de Sinaloa et le CJNG sont de [traduction] « gros cartels », qu’ils « sont les seuls à être considérés comme ayant des moyens très perfectionnés et beaucoup d’argent, de pouvoir et de ressources », et qu’ils « posent un risque majeur pour la sécurité » (professeur adjoint 2024-07-25). De plus, la même source a déclaré que le cartel du Golfe, le cartel de Juárez, le cartel du Nord-Est et la Familia Michoacana sont [traduction] « relativement gros » (professeur adjoint 2024-07-25).

Pour des renseignements additionnels sur le CJNG, y compris ses activités, ses zones d’opération, son influence et sa capacité à retrouver ses cibles et à exercer des représailles contre elles, veuillez consulter la réponse à la demande d’information MEX201603 publiée en août 2023. Pour des renseignements additionnels sur le cartel de Los Zetas, y compris ses activités, ses zones d’opération, son influence et sa capacité à retrouver ses cibles et à exercer des représailles contre elles, veuillez consulter la réponse à la demande d’information MEX200968 publiée en mars 2022.

2.1 Zones sous le contrôle et l’influence des groupes criminels et des cartels

Le BTI de 2024 signale que [traduction] « [l]e plus grand obstacle à la gouvernance est probablement la violence généralisée et l’aspect ingouvernable qui touche presque tous les États mexicains à l’exception du Yucatán, du Campeche et de l’Aguascalientes, la criminalité organisée s’étant infiltrée dans les forces policières et les milieux politiques locaux » (Bertelsmann Stiftung 2024, 29). Selon la même source, [traduction] « le Guerrero, le Sinaloa, le Tamaulipas, le Michoacán, le Veracruz, le Quintana Roo, le Chihuahua, et plus récemment le Jalisco, sont tous des États où les cartels de la drogue sont très puissants ou contrôlent la majeure partie de l’État » (Bertelsmann Stiftung 2024, 6).

Dans ses conseils aux voyageurs pour le Mexique, le gouvernement de l’Australie signale que les régions suivantes sont les [traduction] « plus touchées » par la drogue et la violence liée aux gangs :

  • les États à la frontière Nord du pays – la Basse-Californie, le Sonora, le Chihuahua, le Coahuila, le Nuevo León et le Tamaulipas
  • les États de la côte Pacifique – le Colima, le Guerrero, le Jalisco, le Michoacán, le Nayarit et le Sinaloa
  • les États de la région centrale – le Guanajuato, le Durango, San Luis Potosí et le Zacatecas
  • l’État de Mexico et l’État de Veracruz, sur la côte du golfe
  • les grandes villes le long de la frontière entre le Mexique et les États-Unis – Tijuana, Ciudad Juárez, Nuevo Laredo, Matamoros, Nogales, Piedras Negras et Reynosa (Australie 2024-07-08).

L’article de Ioan Grillo contient une carte des zones d’influence des principaux cartels du Mexique (2024-01-03). Le rapport du CRS des États-Unis contient une carte des territoires des cartels et des zones qu’ils revendiquaient à la fin de 2021 (É.-U. 2022-06-07, 10).

2.2 Alliances entre des groupes criminels et des cartels

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d’information sur les alliances entre des groupes criminels et des cartels au Mexique.

Selon un rapport publié en 2024 par l’Administration de la lutte antidrogue (Drug Enforcement Administration - DEA) des États-Unis, le CJNG a [traduction] « des liens de parenté et des liens matrimoniaux » avec Los Cuinis, un groupe criminel « dont les membres sont impliqués à fond dans des stratagèmes de blanchiment d’argent », ce qui « l’avantage par rapport aux autres organisations de trafic de stupéfiants sur le plan du blanchiment d’argent » (É.-U. 2024-05-24, 15). Le MPI 2024, qui cite des données du Projet de données sur les lieux et les incidents de conflits armés (Armed Conflict Location and Event Data Project - ACLED) [2], signale que Los Mezcales, un groupe criminel local dans l’État de Colima, a formé une nouvelle alliance avec le cartel de Sinaloa en 2022 après avoir rompu son alliance avec le CJNG (IEP 2024-05, 30). Selon la même source, une alliance de plusieurs organisations criminelles appelée les Cartels unis (Cárteles Unidos) a été établie dans l’État de Michoacán, et elle comprend le cartel des Chevaliers templiers (Los Caballeros Templarios) et Los Viagras; de plus, elle est une rivale du CJNG (IEP 2024-05, 18).

3. Situation relative à la criminalité organisée
3.1 Mérida, Yucatán

D’après le rapport MPI 2024, le Yucatán était [traduction] « l’État le plus pacifique » [3] du Mexique en 2023 « pour la septième année consécutive », suivi du Tlaxcala, du Chiapas, du Durango et du Coahuila (IEP 2024-05, 2). La même source précise que, [traduction] « pour la cinquième année consécutive, le Yucatán a enregistré le plus faible taux de crimes par arme à feu au pays, soit seulement 0,5 cas par tranche de 100 000 habitants » (IEP 2024-05, 47). Au cours d’un entretien avec la Direction des recherches, un professeur-chercheur au Centre de recherches et d’études supérieures en anthropologie sociale (Centro de Investigaciones y Estudios Superiores en Antropología Social - CIESAS), un établissement d’enseignement supérieur de Mexico, dont les recherches portent notamment sur les organisations de trafic de stupéfiants au Mexique, a déclaré que le Yucatán [traduction] « n’est pas beaucoup touché » par la violence liée à la criminalité organisée (professeur-chercheur 2024-08-07). Cependant, la même source a ajouté que les cartels évitent de se faire remarquer au Yucatán, qui sert de [traduction] « refuge aux familles des chefs de cartel » qui fuient les conflits causés par le crime organisé dans d’autres États (professeur-chercheur 2024-08-07). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.

Selon le professeur adjoint, Mérida [traduction] « ne présente aucun intérêt pour les gros cartels », étant donné qu’il n’y a pas dans cette ville d’activités criminelles dont les gros cartels pourraient tirer profit (2024-07-25). Toutefois, la même source a ajouté que Mérida n’est pas pour autant [traduction] « à l’abri » de la criminalité organisée, et qu’il existe des petits groupes criminels à l’échelle locale (professeur adjoint 2024-07-25).

3.2 Mexico

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d’information sur la situation à Mexico en ce qui a trait à la criminalité organisée.

Selon le professeur adjoint, la ville de Mexico, qui est la première économie du pays, offre de nombreux moyens de blanchir de l’argent, ce qui en fait une [traduction] « plaque tournante importante pour les gros cartels » (2024-07-25).

Le rapport MPI 2024 signale que la ville de Mexico s’est classée au 17e rang des 32 États du pays pour sa [traduction] « cote globale de paix » (IEP 2024-05, 9). La même source précise que 4 des 16 arrondissements de Mexico se sont classés [traduction] « parmi les municipalités ayant les plus faibles taux d’homicides » (IEP 2024-05, 33). Selon le BTI de 2024, [traduction] « les gros cartels exercent leurs activités et il y a même des guerres de cartels à Mexico », par exemple le conflit entre le CJNG et l’Unión Tepito (Bertelsmann Stiftung 2024, 6). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.

3.3 Campeche, Campeche

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d’information sur la situation relative à la criminalité dans la ville de Campeche.

Selon le professeur adjoint, bien que Campeche [traduction] « ne présente aucun intérêt pour les gros cartels », puisqu’il n’y a pas d’activités criminelles dont les gros cartels pourraient tirer profit, il existe néanmoins de petits groupes criminels établis dans la ville (2024-07-25).

L’État de Campeche arrive au 13e rang dans l’indice de paix global du MPI 2024, et il s’agit d’un recul de trois rangs par rapport au MPI 2022 (IEP 2024-05, 9). La même source précise également que le Campeche est un État [traduction] « relativement pacifique », dont les dépenses par habitant pour la sécurité intérieure et le système judiciaire sont « supérieures à la moyenne », contrairement à d’autres États comme la Basse-Californie, le Guanajuato, le Nuevo León et le Chihuahua (IEP 2024-05, 61).

3.4 Monterrey, Nuevo León

Selon le professeur adjoint, Monterrey est un [traduction] « important carrefour pour les gros cartels », et c’est la ville la « plus industrielle » du pays; grâce à la présence d’entreprises internationales, elle offre de « bonnes » possibilités pour le blanchiment et le réinvestissement d’argent (2024-07-25).

Le Nuevo León occupe le 26e rang du classement des 32 États dans le MPI 2024 (IEP 2024-05, 9). Selon un article d’Infobae, une source d’actualités en ligne de l’Argentine en espagnol (The Washington Post 2016-06-08), le Nuevo León a toujours été [traduction] « un lieu stratégique pour les organisations criminelles », en raison de sa frontière commune avec l’État du Texas et de son infrastructure logistique très moderne, qui comprend un « dense réseau routier et ferroviaire » (2024-07-24). On peut aussi lire dans le même article que la capitale de l’État, Monterrey, est un important centre industriel et commercial, ce qui permet aux groupes criminels organisés de [traduction] « camoufler leurs opérations sous le couvert d’activités légitimes » et de blanchir de l’argent (Infobae 2024-07-24). L’organisation InSight Crime, un groupe de réflexion et organe de presse qui s’intéresse à la criminalité organisée dans les Amériques (Insight Crime s.d.), signale que, d’après des données compilées par l’ONG mexicaine Cause commune (Causa en Común) [4] à partir de reportages dans les médias, le nombre de policiers tués dans le Nuevo León a [traduction] « augmenté de 143 p. 100 entre 2019 et 2022, en même temps que se sont multipliés les homicides en général, ce qui [a] coïncid[é] avec l’expansion du cartel du Nord-Est dans l’État » (InSight Crime 2023-09-07).

4. Capacité et volonté des groupes criminels de retrouver des individus pour s’en prendre à eux

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d’information sur la capacité des groupes criminels de retrouver des personnes qui déménagent ailleurs au Mexique pour s’en prendre à elles.

Pour des renseignements additionnels sur la capacité et la volonté des groupes criminels organisés de retrouver des personnes et d’exercer des représailles contre elles, y compris le profil des personnes qu’ils prennent pour cible, veuillez consulter la réponse à la demande d’information MEX201601 publiée en septembre 2023.

Selon le professeur adjoint, les groupes criminels organisés [traduction] « doivent être présents » à Mexico s’ils veulent intimider, soudoyer ou corrompre des « personnes influentes » qui travaillent pour le gouvernement, telles que des décideurs politiques et des autorités responsables de l’application des lois, qui peuvent « soit collaborer, soit faire obstacle » aux activités des cartels (2024-07-25).

Selon le MPI 2024, les groupes criminels [traduction] « s’en prennent souvent aux migrants qui ont de la famille aux États-Unis, afin de leur extorquer de grosses rançons, et les conséquences sont souvent fatales pour les personnes qui sont incapables de les payer » (IEP 2024-05, 24). Le BTI de 2024 fait état de ce qui suit :

[traduction]

les organisations criminelles continuent d’assassiner des journalistes […] Il y a eu 59 cas au total pendant les quatre années de mandat du gouvernement actuel [du président Andrés Manuel López Obrador, qui sera remplacé à la présidence le 1er octobre 2024 par Claudia Sheinbaum, élue en juin 2024 (BBC 2024-06-03)]. Environ 90 p. 100 de ces crimes demeurent impunis. En 2022, on a recensé le plus grand nombre de meurtres de journalistes commis en une seule année […] Dans les zones sous le contrôle des cartels, il est extrêmement risqué, voire impossible, de faire des reportages sur certains sujets tels que la criminalité, les drogues et les liens entre le milieu politique et le trafic de stupéfiants. L’autocensure est de plus en plus courante dans les journaux, surtout dans les régions où la criminalité organisée et le trafic de stupéfiants sont très présents (Bertelsmann Stiftung 2024, 10-11).

Selon la même source, les [traduction] « assassinats sont courants » parmi les « candidats aux élections et les élus, ainsi que les militants pour la justice sociale », et dans certaines régions contrôlées par les cartels, « de nombreux élus et corps policiers locaux se soumettent à leur autorité » (Bertelsmann Stiftung 2024, 14).

5. Protection offerte par l’État

La GI-TOC signale que, bien que le Mexique ait signé plusieurs traités internationaux portant sur la lutte contre la criminalité organisée, [traduction] « les graves faiblesses structurelles de son système législatif empêchent les forces de l’ordre de lutter contre diverses formes de criminalité organisée » (2023, 6). Selon le BTI de 2024, le gouvernement du président Andrés Manuel López Obrador s’est engagé à affaiblir l’influence des cartels de la drogue en mettant en place des politiques sociales visant à aider les jeunes, [traduction] « lesquels sont des proies faciles pour les groupes criminels qui offrent un moyen de subsistance » (Bertelsmann Stiftung 2024, 6). Cependant, la même source signale que le gouvernement [traduction] « continue de recourir à l’armée pour combattre les cartels de la drogue » et réduit les ressources allouées aux organisations d’aide aux victimes, et que « ses recherches d’information sur les plus de 100 000 personnes portées disparues ne mènent à rien » (Bertelsmann Stiftung 2024, 37). De plus, la GI-TOC écrit que [traduction] « les services offerts aux victimes » de la criminalité organisée « étaient inadéquats » et que les politiques gouvernementales de prévention des crimes étaient « inefficaces » en raison des capacités limitées des forces de l’ordre et de « l’absence de stratégies globales » (2023, 7).

D’après la GI-TOC, [traduction] « [l]a corruption et la collusion entre les groupes criminels et des acteurs de l’État accroît l’impunité des auteurs d’actes criminels », et les initiatives de lutte contre la criminalité et de réduction de la violence dans le pays n’ont « pas donné de résultats » (2023, 6). La même source précise que le taux d’homicides au pays [traduction] « demeure élevé, et les cas de féminicides, de violence envers des journalistes et d’autres types de crimes ont augmenté »; de plus, la violence politique est devenue « courante », car les groupes criminels menacent et tuent des candidats politiques (GI-TOC 2023, 6).

Le MPI 2024 signale que, au Mexique, les dépenses publiques allouées au système judiciaire et à la sécurité intérieure sont [traduction] « bien inférieures » à la moyenne des autres pays et régions membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE); le Mexique a alloué 0,65 p. 100 de son produit intérieur brut (PIB) au système judiciaire et à la sécurité intérieure en 2023, tandis que les États membres de l’OCDE ont dépensé en moyenne 1,72 p. 100 de leur PIB pour ce secteur, et la moyenne des pays d’Amérique latine membres de l’OCDE était de 1,51 p. 100 (IEP 2024-05, 61). En ce qui concerne les mécanismes en place pour protéger les victimes et les témoins de crimes, la GI-TOC écrit que les mesures prises par le Mexique [traduction] « sont insuffisantes et peu axées sur l’aide aux victimes de violations des droits de la personne, de traite de personnes et de disparitions forcées » (2023, 7). Le même rapport signale que, malgré [traduction] « ses efforts pour poursuivre en justice les trafiquants et identifier les victimes », l’État « n’alloue pas suffisamment de fonds à l’aide aux victimes » (GI-TOC 2023, 7).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Notes

[1] Le Programme de collecte de données sur les conflits d’Uppsala (Uppsala Conflict Data Program - UCDP) est un projet du Département de la recherche sur la paix et les conflits (Department of Peace and Conflict Research) de l’Université d’Uppsala en Suède qui fournit des données sur [traduction] « la violence organisée mortelle » en se fondant sur des médias et des données provenant d’ONG (Uppsala University 2024-05-21).

[2] Le Projet de données sur les lieux et les incidents de conflits armés (Armed Conflict Location & Event Data Project - ACLED) est une organisation à but non lucratif établie aux États-Unis qui recueille des données sur la violence politique et les manifestations dans diverses régions du monde (ACLED s.d.).

[3] L’indice de paix au Mexique (Mexico Peace Index - MPI) évalue le niveau de [traduction] « paix » en fonction de « "l’absence de violence ou de crainte de violence" », au moyen de cinq indicateurs (homicides, crimes violents, criminalité organisée, crimes par arme à feu et crainte de violence) (IEP 2024-05, 10). Le rapport s’appuie sur des données publiées par le Secrétariat de la haute direction du Système national de sécurité publique (Secretariado Ejecutivo del Sistema Nacional de Seguridad Pública - SESNSP) et présente, pour les crimes violents et la criminalité organisée, des données [traduction] « ajustées pour tenir compte des cas non signalés » d’après l’Enquête nationale sur la victimisation et les perceptions concernant la sécurité publique (Encuesta Nacional de Victimización y Percepción sobre Seguridad Pública - ENVIPE) (IEP 2024-05, 10).

[4] Cause commune (Causa en Común) est une ONG mexicaine qui étudie et analyse des politiques publiques en accordant une attention particulière à la sécurité et à la justice (Causa en Común s.d.).

Références

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InSight Crime. 2023-09-07. Parker Asmann & Christoper Newton. « Is Northeast Cartel Expansion Driving Killings of Police in Nuevo León, Mexico? » [Date de consultation : 2024-09-06]

InSight Crime. S.d. « About Us ». [Date de consultation : 2024-09-06]

Institute for Economics & Peace (IEP). 2024-05. Mexico Peace Index 2024: Identifying and Measuring the Factors that Drive Peace. [Date de consultation : 2024-07-22]

Professeur adjoint, Université de Montréal. 2024-07-25. Entretien avec la Direction des recherches.

Professeur-chercheur, Centro de Investigaciones y Estudios Superiores en Antropología Social (CIESAS), Mexico. 2024-08-07. Entretien avec la Direction des recherches.

Uppsala University. 2024-05-21. Department of Peace and Conflict Research. « UCDP Methodology ». [Date de consultation : 2024-09-10]

The Washington Post. 2016-06-08. « Infobae Now Powered by The Washington Post's Arc Technology ». [Date de consultation : 2024-09-11]

Autres sources consultées

Sources orales : chercheur postdoctoral dans une université mexicaine dont les recherches portent principalement sur la criminalité organisée transnationale, la violence et la lutte contre le blanchiment d’argent; Global Initiative Against Transnational Organized Crime; professeur dans une université américaine dont les recherches portent principalement sur les zones de violence politique.

Sites Internet, y compris : Amnesty International; El Financiero; El País; El Universal; Fuerza Informativa Azteca; International Crisis Group; Janes; Mexique – Secretariado Ejecutivo del Sistema Nacional de Seguridad Pública; NarcoData; Observatorio Nacional Ciudadano; Transparency International; Washington Office on Latin America; The Yucatan Times.



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