Mexique : information sur les profils des personnes que les organisations criminelles et les cartels voudraient retrouver et prendre pour cible; les méthodes de repérage et la motivation des groupes criminels et des cartels à retrouver des personnes (2021-août 2023)
1. Aperçu
D’après l’Indice de transformation de la Fondation Bertelsmann de 2022 (Bertelsmann Stiftung's Transformation Index (BTI) 2022), qui [traduction] « examine la transition vers la démocratie et l’économie de marché ainsi que la qualité de la gouvernance dans 137 pays », les cartels de la drogue sont [traduction] « très puissants » ou exercent un contrôle sur « la plupart » du territoire dans les États de Guerrero, Sinaloa, Tamaulipas, Michoacán, Veracruz, Quintana Roo, Chihuahua et Jalisco (Bertelsmann Stiftung 2022, 2, 6). Selon un rapport annuel publié en 2023 par Freedom House, les Mexicains sont exposés à la violence de diverses sources, tels les malfaiteurs individuels et les gangs criminels [traduction] « qui sévissent avec impunité » (2023-03-09, sect. F3). Le même rapport signale que, bien qu’il n’y ait pas d’obstacles officiels à une discussion ouverte, la crainte de la surveillance exercée par les organisations criminelles limite la conversation publique sur la criminalité dans certaines régions du pays (2023-03-09, sect. D4).
2. Méthodes de repérage
Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur retraité de l’Université de l’Alberta qui se spécialise dans les groupes criminels organisés mexicains a souligné que, dans le cas des personnes prises pour cible par les groupes criminels, s’installer ailleurs au Mexique [traduction] « est presque impossible », car la présence des groupes criminels organisés « est étendue et constatée dans chaque État » (2023-08-14). La même source a déclaré que, pour ce qui est du repérage des personnes ciblées, aucun cadre organisé n’est en place; les méthodes utilisées pour retrouver ces personnes ne sont peut-être pas [traduction] « évidentes » (professeur retraité 2023-08-14). La même source a fait observer que les médias sociaux servent à la localisation des personnes ciblées et leur font courir un [traduction] « risque important » de révéler où elles se trouvent (professeur retraité 2023-08-14).
Au cours d’un entretien avec la Direction des recherches, un rédacteur en chef au Projet d’information sur la violence au Mexique (Mexico Violence Resource Project) [1] a affirmé qu’il y a des [traduction] « systèmes de surveillance locale » constitués de gens qui sont payés pour l’information qu’ils fournissent (2023-08-17). D’après le professeur retraité, les groupes criminels au Mexique misent sur des informateurs [traduction] « dans la rue » pour qu’ils soient « les yeux et les oreilles de l’organisation »; le bouche-à-oreille est un outil « puissant » dont se servent les groupes criminels pour retrouver des personnes (2023-08-14). Au cours d’un entretien avec la Direction des recherches, une chercheuse à temps plein à l’Université autonome de Basse-Californie, dont les travaux portent principalement sur le crime organisé transnational et l’économie criminelle au Mexique, a déclaré que les groupes criminels vont, [traduction] « à des degrés divers », tenter de retrouver des personnes en commençant par les réseaux internes et les renseignements recueillis dans la communauté, et, à « l’étape suivante », en confiant à leur branche armée la tâche de trouver les personnes recherchées (2023-08-14).
Au cours d’un entretien avec la Direction des recherches, un professeur adjoint de criminologie à l’Université de Montréal a affirmé que le repérage d’individus est [traduction] « fortuit », car l’infrastructure nécessaire est déjà en place sur les routes et dans les points d’entrée, permettant de repérer les personnes recherchées quand elles transitent par un des points de surveillance (2023-08-15). La même source a ajouté que [traduction] « ce n’est pas toujours une liste dressée activement pour identifier leurs cibles, mais plutôt une infrastructure omniprésente mise en place pour détecter les allées et venues » (professeur adjoint 2023-08-15). D’après le rapport de Freedom House publié en 2023, les criminels sont en mesure d’entraver la liberté de circulation des personnes qui tentent de s’installer ailleurs en érigeant des barrages routiers sur les principales routes de divers États (2023-03-09, sect. G1).
Pour des renseignements sur le cartel de Jalisco Nouvelle Génération (Cártel de Jalisco Nueva Generación – CJNG), y compris sa capacité et sa motivation à retrouver des personnes et à exercer des représailles contre elles, ainsi que les profils des personnes prises pour cible, veuillez consulter la réponse à la demande d’information MEX201603 publiée en août 2023.
3. Profils des personnes que les organisations criminelles et les cartels voudraient retrouver et prendre pour cible
Au cours d’un entretien avec la Direction des recherches, une professeure à l’Université George Mason spécialiste des relations mexicano-américaines et de la criminalité organisée a fait observer qu’il y a un [traduction] « éventail » de groupes criminels « très complexes » qui se livrent à un certain nombre d’activités et dans lesquelles ils se spécialisent et que, « dans ce domaine très étendu d’activités, il y a de nombreuses personnes qui sont ciblées par ces groupes, mais nous devons classifier l’implication de ces personnes, voire la façon dont elles sont prises pour cible » (2023-08-14). Selon la professeure, les personnes qui peuvent être prises pour cible par les réseaux criminels comprennent, entre autres : celles qui ont un rôle à jouer au sein du groupe criminel ou dans les activités de ce groupe et qui deviennent par la suite des [traduction] « indésirables » aux yeux de l’organisation; les proches des personnes ayant un lien avec le groupe criminel; et les victimes d’extorsion qui cessent de verser les sommes exigées (2023-08-14). La même source a ajouté que [traduction] « [c]e sont des généralisations fondées sur des observations, mais en fin de compte, c’est du cas par cas » (professeure 2023-08-14).
3.1 Migrants
D’après un rapport publié par InSight Crime, une organisation médiatique et un groupe de réflexion sur la criminalité organisée dans les Amériques (InSight Crime s.d.), les politiques d’immigration des États-Unis ont mené à un [traduction] « engorgement » à la frontière mexicano-américaine où les migrants convergent et sont « très vulnérables » aux tentatives d’extorsion et d’enlèvement (2023-06, 5). Dans un article d’enquête sur les enlèvements de migrants rédigé par la même source, on peut lire que les politiques américaines telles que les protocoles de protection des migrants (Migrant Protection Protocols – MPP) [2] ont eu pour effet d’accroître les risques auxquels sont exposés les migrants, y compris la mort, les disparitions et les enlèvements dans les régions [traduction] « isolées » sous l’emprise de groupes criminels à la frontière mexicano-américaine (2023-06-28). Selon le rapport de Freedom House paru en 2023, les groupes criminels organisés sont [traduction] « fortement impliqués dans la traite de personnes » du Mexique aux États-Unis; la situation s’est aggravée après 2019 en raison du refus des États-Unis d’admettre les migrants et des répercussions de la pandémie, les migrants se retrouvant dans des villes « dangereuses » près de la frontière américaine (Freedom House 2023-03-09, sect. G4).
D’après le rapport d’InSight Crime, les groupes criminels organisés ont élargi leur implication dans le passage de migrants : [traduction] « certains » groupes criminels gèrent des refuges temporaires pour migrants, prélèvent une « taxe » aux migrants qui traversent leurs territoires, embauchent leurs propres passeurs ou utilisent des dépisteurs pour trouver des « clients » potentiels dans les refuges (InSight Crime 2023-06-28). Noticias Telemundo, une source d’actualité de langue espagnole dont le siège est aux États-Unis (Noticias Telemundo s.d.), citant la Commission nationale des droits de la personne (Comisión Nacional de los Derechos Humanos – CNDH) du Mexique, fait remarquer que les groupes criminels perçoivent [traduction] « l’enlèvement et l’extorsion » de migrants en situation irrégulière comme une façon de faire de l’argent (Noticias Telemundo 2021-09-30). D’après les Country Reports on Human Rights Practices for 2022 publiés par le Département d’État des États-Unis, les organisations criminelles recrutent des migrants pour mener à bien des activités illégales (É.-U. 2023-03-20, 41). La professeure a signalé que l’infiltration des refuges pour migrants est une façon pour les réseaux criminels de recueillir de l’information sur les migrants; une fois que l’organisation criminelle a enlevé le migrant, elle peut se servir de cette information pour faire subir de l’extorsion à la famille du migrant (2023-08-14).
3.2 Agriculteurs
Un article publié dans La Jornada, un journal mexicain, signale que, d’après le secrétaire à l’agriculture et au développement rural, les menaces et l’obstruction des groupes criminels organisés ont entraîné une baisse de la production agricole et le gaspillage de récoltes dans l’État de Michoacán (La Jornada 2021-12-09). Selon un article du Reforma, un journal de Mexico, qui cite les propos de cultivateurs de limettes dans l’État de Michoacán sans les désigner par leur nom, les groupes criminels demandent des [traduction] « "quotas" » à chaque étape du processus de production, y compris « "de la part des coupeurs, des propriétaires, des empaqueteurs [et] des transporteurs" »; le cartel La Familia Michoacana a commencé ces extorsions en 2011 (Reforma 2022-01-24). Un article de Noticieros Televisa, une source d’actualité de Mexico, cite les propos d’un cultivateur de limettes dans le Michoacán selon lesquels sa famille et lui ont été expulsés de leur terre [par les cartels], qui se sont emparés de leurs maisons, de leurs tracteurs et de leur bétail et qui ont pillé leurs vergers (2022-01-21).
3.3 Policiers
Le professeur retraité a déclaré que les policiers municipaux et étatiques [traduction] « risquent toujours » d’être témoins d’activités illicites « qu’ils ne sont pas censés voir » ou sont « en danger » parce qu’ils refusent d’obéir aux groupes criminels locaux leur enjoignant, par exemple, de « fermer les yeux, transmettre de l’information sur les enquêtes ou les patrouilles, etc. » (2023-08-14). Il est écrit dans un article d’InSight Crime que, au cours du premier trimestre de 2022, 16 policiers ont été tués dans l’État de Zacatecas; selon l’article, la hausse des meurtres de policiers peut être rejetée sur [traduction] « la guerre de territoire qui continue de ravager le Zacatecas et l’incapacité de l’État à protéger ses forces » (2022-04-04). Dans un autre article d’InSight Crime décrivant une embuscade qui a fait 13 morts chez les policiers, il est signalé que les attaques contre les autorités sont devenues [traduction] « monnaie courante », en particulier « là où les groupes criminels tâchent de maintenir leur emprise sur des territoires contestés » (2021-03-24).
3.4 Bénévoles participant aux recherches
D’après des sources, les bénévoles qui tentent de retrouver des personnes portées disparues font face à divers obstacles quand ils mènent leurs recherches et sont devenus des cibles pour le crime organisé (InSight Crime 2022-11-04; AP 2023-07-12). Un article d’InSight Crime signale que des groupes de recherche bénévoles composés de proches de personnes disparues travaillent indépendamment de tout soutien gouvernemental, bien qu’ils aient reçu la promesse d’une assistance et d’une protection de l’État (InSight Crime 2022-11-04). Le même article fait observer que, selon des chiffres de novembre 2022, cinq [traduction] « mères qui cherchaient » (madres buscadoras) avaient été tuées dans leur quête pour retrouver leurs proches disparus (InSight Crime 2022-11-04). Selon La-Lista, une organisation médiatique indépendante du Mexique qui est affiliée au journal The Guardian (La-Lista s.d.), un groupe de recherche dans le Sinaloa s’est dissous après le [translation] « meurtre » d’un de ses membres (La-Lista 2022-10-19). La même source souligne que la nécessité de retrouver un proche disparu a poussé des gens à créer des regroupements qui effectuent des recherches dans les zones vraisemblablement sous la surveillance des personnes responsables de la disparition (La-Lista 2022-10-19).
Un article de l’Associated Press (AP) fait état d’une bombe posée en bord de route par un cartel, dont l’explosion a tué quatre policiers et deux civils (AP 2023-07-12). Selon l’article, les policiers escortaient une équipe de recherche bénévole qui avait reçu une information anonyme au sujet d’un site où des corps seraient enterrés (AP 2023-07-12). La même source ajoute que, après cet incident, le gouverneur du Jalisco a annoncé qu’il [traduction] « suspendait temporairement les escortes policières pour les recherches bénévoles afin d’assurer la sécurité des civils » (AP 2023-07-12). D’après l’article, les motifs à l’origine de ces meurtres ne sont pas clairs, mais des militants ont souligné que les cartels veulent [traduction] « intimider » les participants aux recherches, particulièrement s’ils s’intéressent à un site d’enterrement dont les cartels se servent encore (AP 2023-07-12).
3.5 Journalistes
Selon de multiples sources, les journalistes au Mexique mettent leur vie en péril en effectuant leur métier (Amnesty International 2023-03-27, 251; Freedom House 2023-03-09, sect. D1; professeur retraité 2023-08-14). Dans son rapport paru en 2023, Freedom House écrit que les groupes criminels ont recours aux menaces et aux agressions contre les blogueurs et les journalistes qui couvrent les activités du crime organisé (2023-03-09, sect. D1). Dans le BTI 2022, on peut lire que [traduction] « [f]aire des reportages sur certains sujets (par exemple, la criminalité, les drogues et les liens entre la politique et le narcotrafic) s’avère très risqué, sinon impossible, dans certains États ou certaines localités sous l’emprise des cartels » (2022, 10). La même source signale que les groupes criminels organisés [traduction] « ont soit tué des leaders sociaux et des journalistes, soit permis à d’autres acteurs de les tuer » (Bertelsmann Stiftung 2022, 35).
Un rapport annuel publié en 2022 par Freedom House fait état de sept morts chez les journalistes et de [traduction] « centaines de menaces et d’attaques attribuées à des groupes criminels organisés, à des responsables politiques et à divers autres acteurs » d’après des chiffres de novembre 2021 (2022-02-24, Key Developments in 2021). Selon un rapport d’Amnesty International sur les événements de 2022, [version française d’Amnesty International] « [a]u moins 13 homicides de journalistes pouvant avoir un lien avec les activités professionnelles de la victime se sont produits » (2023-03-27, 251). D’après le rapport annuel de Human Rights Watch (HRW), 15 journalistes ont trouvé la mort entre janvier et septembre 2022 (HRW 2023-01-12, 415). Article 19, un organisme indépendant de défense des droits de la personne qui milite pour la liberté d’expression et l’accès à l’information (Article 19 s.d.), recense 331 cas d’attaques contre des journalistes et des organes de presse entre janvier et juin 2022 (2022-08-18, 3).
D’après les Country Reports 2022 publiés par les États-Unis, deux journalistes qui couvraient des dossiers liés aux migrations ont quitté le Mexique en raison de menaces de mort, les deux journalistes ayant été menacés de manière [traduction] « répété[e] » par des individus se disant affiliés à un cartel (É.-U. 2023-03-20, 14). La même source ajoute que [traduction] « [l]a menace à l’endroit de journalistes par des groupes criminels était particulièrement élevée dans les États de Guerrero, Sonora, Veracruz et Michoacán » (É.-U. 2023-03-20, 17).
3.6 Politiciens
Dans le BTI 2022, on peut lire ceci :
[traduction]
[L]a menace à la démocratie émanant du crime organisé est grave, à tel point que des candidats et des représentants élus ainsi que des militants sociaux se font assassiner. Dans certaines régions sous l’emprise de cartels de la drogue, de nombreux élus locaux et services de police sont à leurs ordres. Dans ces mêmes régions, l’appareil judiciaire est aussi sous leur influence (2022, 13).
Le rapport ajoute que les groupes criminels ont tué des [traduction] « dizaines » d’élus locaux dans diverses régions du Mexique et assassiné des candidats aux dernières élections (Bertelsmann Stiftung 2022, 35).
Selon Freedom House, bien que les groupes criminels soient de plus en plus divisés, ils continuent [traduction] « [d’]exercer une grande influence » sur le paysage politique du pays en ayant recours « aux menaces et à la violence » envers les candidats et le personnel électoral, particulièrement à l’échelle locale (2022, sect. B3). L’organisation Freedom House signale aussi que les groupes criminels organisés s’efforcent [traduction] « [d’]infiltrer les administrations locales » afin de s’approprier les fonds municipaux et de se garantir l’impunité (2023-03-09, sect. C1). La même source ajoute que, dans [traduction] « les régions les plus touchées par la violence », la prestation de services publics est devenue de plus en plus difficile parce que les fonctionnaires sont confrontés « à l’extorsion et à des pressions visant à détourner les fonds publics » (Freedom House 2023-03-09, sect. C1).
3.7 Défenseurs des droits de la personne
Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d’information sur le traitement réservé aux défenseurs des droits de la personne par les groupes criminels.
D’après HRW, les défenseurs des droits de la personne qui dénoncent le travail des groupes criminels [traduction] « sont victimes d’agressions, de harcèlement et de surveillance » (2023, 415).
3.8 Communautés autochtones
L’organisation InSight Crime signale que, dans les régions éloignées du pays, les groupes criminels locaux [traduction] « oppr[iment de manière] systématique » et constante les communautés autochtones (2022-05-13). D’après les Country Reports 2022 publiés par les États-Unis, les criminels qui se livrent au trafic de drogues et à l’exploitation illégale des forêts ont recruté et enlevé des membres des communautés autochtones qui vivent dans des régions éloignées, les contraignant à se livrer à des [traduction] « activités illicites », retenant leurs salaires et menaçant « souvent » de les tuer s’ils tentaient de s’échapper (2023-03-20, 41-42).
Selon Freedom House, en raison de la [traduction] « menace exceptionnelle » que les activités criminelles posent aux communautés autochtones, des régions du Guerrero et du Michoacán ont assisté à l’émergence de groupes d’autodéfense, dont « certains » ont obtenu un statut juridique; la montée subite des menaces et des actes violents du crime organisé à l’encontre des populations autochtones en 2021 a mené à la création d’un plus grand nombre de ces groupes d’autodéfense dans le Chiapas (Freedom House 2022-02-24, sect. F4).
Un article d’InSight Crime fait état [traduction] « [d’]une série de meurtres et de disparitions » qui sont survenus dans les communautés autochtones du Michoacán et qui étaient liés aux « efforts du cartel de Jalisco Nouvelle Génération visant à étendre son contrôle sur l’exploitation minière illégale » (2023-01-27). Citant une publication Facebook de membres de la communauté autochtone nahua, InSight Crime signale que le groupe a exprimé sa frustration quant à l’absence d’aide gouvernementale pour lutter contre la criminalité organisée dans la région (2023-01-27).
3.9 Personnes associées aux groupes criminels
Selon la professeure, les personnes qui sont directement associées aux activités criminelles d’une organisation, ou qui sont membres de l’organisation, peuvent être prises pour cible à la suite de conflits internes ou du morcellement du groupe en factions, transformant des [traduction] « partenaires » en « ennemis » (2023-08-14).
De plus, des sources font remarquer que les proches des personnes jouant un rôle au sein de groupes criminels sont susceptibles d’être pris pour cible (professeur retraité 2023-08-14; professeure 2023-08-14). Selon le professeur retraité, les proches d’un membre d’un groupe criminel risquent de devenir une cible, parce qu’on souhaite envoyer un message à un groupe rival ou que les dirigeants d’un cartel [traduction] « veulent éliminer toute possibilité que quelqu’un "parle trop" » (2023-08-14).
3.10 Autres profils
Pour ce qui est des autres profils, le rédacteur en chef a fait observer que les médecins suscitent l’intérêt des groupes criminels [traduction] « assez régulièrement […] lorsque leurs services sont requis », de même que les chimistes « pour la fabrication de drogues synthétiques » (2023-08-17). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.
Le professeur retraité a signalé que les avocats sont [traduction] « souvent » dans la mire des groupes criminels qui veulent obtenir leurs services, par exemple pour « servir d’intermédiaires dans les pratiques de blanchiment d’argent » (2023-08-14). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d’autres renseignements allant dans le même sens.
4. Motivation des groupes criminels à retrouver des personnes
Le professeur retraité a signalé que [traduction] « [t]oute personne qui représente une menace pour les activités d’un cartel sera prise pour cible » et a ajouté que, en fait, quiconque en mesure de reconnaître un membre du cartel s’avère une menace pour ce membre du cartel (2023-08-14). Le professeur retraité a fait observer que, selon la profession exercée, certaines personnes seraient plus susceptibles d’être prises pour cible par un cartel (2023-08-14).
Le rédacteur en chef a signalé que, dans la plupart des cas, le but premier est d’affirmer le pouvoir du groupe criminel, de façon à faire savoir que le groupe a les moyens de mettre à exécution ses menaces (2023-08-17). Le rédacteur en chef a souligné que la capacité de donner suite aux menaces varie d’un groupe criminel à l’autre (2023-08-17). Selon la même source, les organisations criminelles qui se livrent à l’extorsion ont [traduction] « fortement intérêt à s’assurer que l’acte de violence qu’ils menacent d’accomplir soit bel et bien accompli »; toutefois, « il y a une différence entre la motivation à donner suite et la capacité de le faire » (2023-08-17). La même source a ajouté ce qui suit :
[traduction]
Cela ne veut pas dire que la crainte n’est pas fondée, car le problème est qu’on ne peut pas savoir ce que le groupe est en mesure de faire jusqu’à ce qu’il soit trop tard, donc on peut dire qu’il est peu probable que le groupe criminel mette à exécution sa menace, mais on ne peut pas en être certain. La raison pour laquelle la crainte est fondée est que personne à part le groupe criminel lui-même ne sait ce que le groupe est capable de faire (rédacteur en chef 2023-08-17).
La professeure a déclaré que [traduction] « le modèle unique n’existe pas » en ce qui concerne les efforts consentis pour retrouver des personnes ciblées : « [c]ela dépend des circonstances et des acteurs opérant dans un territoire précis et à l’encontre de l’acteur ou du groupe d’acteurs en question » (2023-08-14). La professeure a ajouté que les réseaux criminels organisés feront une analyse [traduction] « coûts-bénéfices » afin de décider s’il vaut la peine de retrouver une personne (2023-08-14). La même source a affirmé que les groupes criminels ne tenteront pas normalement de retrouver des personnes pour récupérer leur dû à la suite de demandes d’extorsion ignorées ou si la personne ciblée décide de fuir le pays, sauf s’ils flairent une bonne affaire sur le plan pécuniaire ou si la personne sait [traduction] « trop de choses » au sujet de leurs activités; dans de tels cas, ils pourraient investir des ressources en vue de retrouver la personne en question (professeure 2023-08-14).
Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.
Notes
[1] Le Projet d’information sur la violence au Mexique (Mexico Violence Resource Project), qui est hébergé par le Centre des études américano-mexicaines (Center for US-Mexican Studies) de l’Université de Californie à San Diego, facilite le dialogue et produit des publications et des données sur la criminalité et la violence au Mexique (Mexico Violence Resource Project s.d.).
[2] Lancés en janvier 2019, les protocoles de protection des migrants (Migrant Protection Protocols – MPP) [aussi connus sous le nom de « Demeurer au Mexique » (Remain in Mexico)] sont un programme du gouvernement américain qui [traduction] « refoule au Mexique certains citoyens et ressortissants de pays autres que le Mexique pendant le traitement de leur procédure de renvoi. Les MPP s’appliquent à tous ceux qui arrivent au Mexique par voie terrestre » (É.-U. 2022-11-01). Le 8 août 2022, le [traduction] « district nord du Texas a levé l’injonction qui sommait [le département de la Sécurité intérieure] de remettre en place les protocoles de protection des migrants (MPP) de bonne foi » (É.-U. 2022-11-01).
Références
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Professeure, George Mason University. 2023-08-14. Entretien avec la Direction des recherches.
Professeur adjoint, Université de Montréal. 2023-08-15. Entretien avec la Direction des recherches.
Professeur retraité, University of Alberta. 2023-08-14. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.
Rédacteur en chef, Mexico Violence Resource Project. 2023-08-17. Entretien avec la Direction des recherches.
Reforma. 2022-01-24. « Encarecen limón ¡los criminales! ». [Date de consultation : 2023-08-14]
Autres sources consultées
Sources orales : chercheur indépendant qui se spécialise dans la criminalité organisée au Mexique et en Colombie; Global Initiative Against Transnational Organized Crime; International Crisis Group; professeur adjoint dans une université américaine qui se spécialise dans les cartels, les gangs et la violence liée aux drogues au Mexique; Washington Office on Latin America; Wilson Center.
Sites Internet, y compris : Austrian Red Cross – ecoi.net; Axios; British Journal of Political Science; Brookings Institution; Causa en Común; Center for Strategic and International Studies; Council on Foreign Relations; The Crime Report; CTV News; Desert Sun; El Sol de Zacatecas; États-Unis – Congressional Research Service; Euro ES Euro; Foreign Policy; The Guardian; The Hill; Institute for Economics & Peace; Just Security; Letra ESE; Los Angeles Times; Milenio; The New Humanitarian; Queer Here; Radio Zapote; Reuters; Washington Office on Latin America.