Réponses aux demandes d'information

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Les RDI n'apportent pas, ni ne prétendent apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile donnée. Elles visent plutôt à appuyer le processus d'octroi de l'asile. Pour obtenir plus de renseignements sur la méthodologie utilisée par la Direction des recherches, cliquez ici.   

C'est aux commissaires indépendants de la CISR (les décideurs) qu'il incombe d'évaluer les renseignements contenus dans les RDI et de décider du poids qui doit leur être accordé après avoir examiné les éléments de preuve et les arguments présentés par les parties.    

Les renseignements présentés dans les RDI reflètent uniquement les points de vue et les perspectives des sources citées et ne reflètent pas nécessairement la position de la CISR ou du gouvernement du Canada.    

7 février 2022

COL200900.EF

Colombie : information sur les personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays (PDIP), y compris les options de réinstallation qui s'offrent à elles; information indiquant si les PDIP se voient délivrer des documents confirmant leur statut, y compris les exigences et la marche à suivre pour obtenir des copies de ces documents (2020-janvier 2022)

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada

1. Aperçu

Dans son World Factbook, la CIA des États-Unis estime que la Colombie comptait environ 50,4 millions d'habitants en juillet 2021 (É.-U. 30 nov. 2021). Des sources signalent qu'il y a eu à peu près (É.-U. 30 nov. 2021) ou [traduction] « plus de » (HRW 13 janv. 2021, 1) 8,2 millions de PDIP en Colombie depuis 1985 (É.-U. 30 nov. 2021; HRW 13 janv. 2021, 1). Selon l'Observatoire des situations de déplacement interne (Internal Displacement Monitoring Centre – IDMC), une organisation située à Genève qui a été établie dans le cadre du Conseil norvégien pour les réfugiés (Norwegian Refugee Council – NRC) et qui fournit des données et des analyses sur les déplacements internes (NRC s.d.), la Colombie a connu [traduction] « une des situations de déplacements internes les plus graves au monde » en raison de 50 ans de conflit; le 31 décembre 2020, le pays comptait plus de 4,9 millions de PDIP (NRC [2021a]).

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies fait observer que, entre janvier et octobre 2020, 21 052 personnes ont été déplacées à l'intérieur du pays (Nations Unies 20 nov. 2020, 1). Le NRC fait état de 170 000 nouveaux déplacements [1] en 2020, dont 106 000 découlant de [traduction] « conflits ou d'actes de violence » et 64 000 de « désastres » (NRC [2021a]). Les données du Bureau du protecteur du citoyen (Defensoría del Pueblo) de la Colombie montrent que, en 2020, [traduction] « un total de 90 déplacements de masse » (incidents de violence liés à un conflit armé) ont entraîné le déplacement et le confinement forcés de 28 509 personnes (Colombie 7 janv. 2021). Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, 14 418 personnes étaient retournées chez elles alors que 6 634 étaient toujours déplacées en date du 1er novembre 2020 (Nations Unies 20 nov. 2020). La même source a fourni les statistiques démographiques suivantes pour 2020 :

Groupes Nombre de personnes déplacées
Hommes 3 114
Femmes 4 073
Enfants (sexe masculin) 2 172
Enfants (sexe féminin) 1 577
Migrants et réfugiés 732

(Nations Unies 20 nov. 2020)

Les données du Bureau du protecteur du citoyen montrent que, de janvier à mars 2021, 27 435 personnes ont été déplacées en Colombie (Colombie 26 avr. 2021).

Les Country Reports on Human Rights Practices for 2020 publiés par le Département d'État des États-Unis précisent que, selon le gouvernement de la Colombie et la société civile ainsi que des organisations internationales, les facteurs suivants contribuent aux déplacements :

  • [traduction] « menaces » et « extorsion » ainsi que « violences physiques, psychologiques et sexuelles perpétrées par des groupes armés illégaux contre les populations civiles, particulièrement les femmes et les filles »;
  • « rivalités et affrontements armés entre des groupes armés illégaux et au sein de ces groupes pour le contrôle des ressources et du territoire »;
  • « affrontements entre les forces de sécurité, les guérilleros et les gangs du crime organisé »;
  • « recrutement forcé d'enfants ou menaces de recrutement forcé »;
  • « [t]rafic de stupéfiants, extraction minière illégale et projets commerciaux à grande échelle dans les régions rurales » (É.-U. 30 mars 2021, 20).

De même, le Bureau du protecteur du citoyen a signalé que la [traduction] « principale cause » des déplacements était « les affrontements entre des groupes armés illégaux se disputant des territoires et commettant d'autres crimes, p. ex. menaces, harcèlement, stigmatisation, homicides, violences sexuelles, recrutement ou risque de recrutement », contamination de terres au moyen « de mines terrestres et de munitions non explosées, enlèvements et disparitions » (Colombie 7 janv. 2021).

1.1 Groupes les plus touchés par les déplacements forcés

Le Groupe de travail international sur les affaires autochtones (International Work Group for Indigenous Affairs – IWGIA), une organisation qui promeut, protège et défend les droits des peuples autochtones (IWGIA s.d.), signale que, d'après le recensement de 2018, il y a environ 1,9 million de personnes autochtones [3,7 p. 100 de la population nationale] et 4,7 millions de personnes [traduction] « qui s'identifient comme Noires, Afro-Colombiennes, Raizales ou Palenqueras » (9,34 p. 100 de la population nationale) en Colombie (IWGIA avr. 2021, 362). Dans son World Factbook, la CIA des États-Unis estime que les Afro-Colombiens (y compris les Raizals et les Palenqueros) comptent pour 6,8 p. 100 de la population totale, tandis que les [traduction] « Amérindien[s] » en représentent 4,3 p. 100 (É.-U. 30 nov. 2021). Freedom House fait observer que, bien que [traduction] « pas moins de 25 p. 100 » de la population soit afro-colombienne, le groupe constitue « le plus important segment » des personnes déplacées en raison de la violence (Freedom House 3 mars 2021, sect. F4).

Le Conseil de sécurité des Nations Unies précise que les communautés autochtones et afro-colombiennes ont été [version française des Nations Unies] « particulièrement touchées » par un certain nombre de risques, notamment les déplacements forcés (Nations Unies 25 sept. 2020, paragr. 62). De même, Human Rights Watch (HRW) souligne [traduction] « [qu']environ 60 p. 100 » des PDIP depuis 2017 sont autochtones ou afro-colombiennes (HRW 11 mai 2020). Les statistiques du Bureau de la coordination des affaires humanitaires montrent que, entre janvier et octobre 2020, 44 p. 100 des personnes déplacées étaient afro-colombiennes, tandis que 22 p. 100 étaient autochtones (Nations Unies 20 nov. 2020). D'après les Country Reports 2020, [traduction] « environ » 4,5 p. 100 des « nouvelles PDIP recensées par le gouvernement » en 2020 étaient autochtones, alors « [qu']à peu près » 14 p. 100 étaient afro-colombiennes (É.-U. 30 mars 2021, 21). Par exemple, selon HRW, 74 familles autochtones Emberá ont été déplacées en avril 2020 en raison de la violence des groupes armés (HRW 11 mai 2020). Amnesty International signale que [version française d'Amnesty International] « plus de » 1 590 membres du peuple Emberá Dobidá ont été déplacés lors de deux « déplacements massifs » en 2020 (Amnesty International 7 avr. 2021). Pour obtenir des renseignements additionnels au sujet de la situation des Afro-Colombiens, y compris leurs déplacements à l'intérieur du pays, veuillez consulter les réponses aux demandes d'information COL200219 publiée en mai 2020 et COL200697 publiée en août 2021.

Dans un communiqué de presse de la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH), on peut lire que d'anciens membres des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) ont déclaré avoir été forcés [traduction] « [d']abandonner leurs territoires » en raison de « l'intensification des conflits entre les groupes armés illégaux » (OEA 13 oct. 2020). D'après Amnesty International, [version française d'Amnesty International] « [u]ne centaine d'ex-membres des FARC » de l'Espace territorial de formation et de réinsertion (Espacios Territoriales de Capacitación y Reincorporación – ETCR) d'Ituango ont été déplacés en 2020 (Amnesty International 7 avr. 2021). Contagio Radio, un site Internet d'actualités et une station de radio qui s'intéresse aux droits de la personne (Contagio Radio s.d.), a signalé en avril 2021 que 11 familles d'anciens membres des FARC (47 personnes) avaient été déplacées de l'ETCR à Ituango en raison des menaces de groupes armés (Contagio Radio 10 avr. 2021).

1.2 Régions les plus touchées par les déplacements forcés

Selon Médecins sans frontières (MSF), [version française de MSF] « [e]ntre la fin de 2019 et le début de 2020 », « [e]nviron 14 000 personnes » ont été déplacées de force dans la région du Pacifique de Nariño (MSF 3 mars 2020). D'après le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, de janvier à octobre 2020, 69 p. 100 des PDIP étaient [traduction] « concentrées » dans la région du Pacifique, et les départements de Nariño et de Chocó étaient « les plus touchés » (Nations Unies 20 nov. 2020). Freedom House fait observer que, en 2020, les communautés autochtones ont subi [traduction] « de plus en plus de violences et de déplacements » dans les départements de Nariño, de Chocó et de Cauca (Freedom House 3 mars 2021). D'après le Bureau du protecteur du citoyen, 43 événements ont été [traduction] « signalés » dans le département de Nariño en 2020, et ils ont entraîné le déplacement de 14 048 personnes ou 4 711 familles (Colombie 7 janv. 2021). La CIDH souligne que, d'après des [traduction] « renseignements officiels », « plus de » 2 500 personnes ont été déplacées en raison de la violence dans le département de Chocó en 2020 (OEA 13 oct. 2020). Le Conseil de sécurité des Nations Unies attire l'attention sur le fait que [version française des Nations Unies] « des déplacements et des confinements massifs » ont eu lieu entre juin et septembre 2021, « notamment » dans les départements d'Antioquia, de Bolívar, de Cauca, de Chocó, de Córdoba et de Nariño (Nations Unies 24 sept. 2021, paragr. 1, 9).

2. Situation des PDIP

Selon le profil de la Colombie dressé par l'IDMC, les [traduction] « principales villes » du pays ont « été des destinations importantes pour les PDIP qui provenaient de régions rurales et qui étaient en quête de sécurité, de possibilités d'emploi et de services » (NRC [2021a]). De même, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) précise que [traduction] « des centaines de milliers de personnes déplacées provenant de régions rurales de la Colombie ont trouvé refuge dans des installations informelles situées en périphérie des plus grandes villes du pays » (Nations Unies sept. 2020, 7).

Des sources signalent que [traduction] « [b]eaucoup » de PDIP sont pauvres et vivent dans des « conditions insalubres » (É.-U. 30 mars 2021, 22) ou « ont souvent des difficultés financières » et vivent dans des « logements surpeuplés » (HRW 11 mai 2020). La même source précise que les PDIP ont un accès limité à des soins de santé, à l'éducation, à un toit et à un emploi (É.-U. 30 mars 2021, 22). L'IDMC fait également observer que les PDIP ont de la [traduction] « difficult[é] » à avoir accès à des soins de santé, qu'elles ont un accès « non sécuritaire » à des écoles et/ou à des « enseignants non formés », et qu'elles ont des logements et des emplois « précaires »; en outre, les PDIP font face à « [d]es actes de criminalité et d'extorsion intenses » dans les quartiers où elles vivent (NRC nov. 2021, 33). Des sources signalent que les PDIP souffrent [traduction] « [q]uelque peu d'insécurité alimentaire » et ont un accès « [i]rrégulier » à l'eau (NRC nov. 2021, 33) ou ont « souvent » un « accès limité à l'eau et à la nourriture » (HRW 11 mai 2020). Selon MSF, les PDIP traitées par l'organisation signalent [version française de MSF] « [u]n manque d'eau potable », de « mauvaises conditions d'assainissement » et « aucun accès à des services médicaux pendant de longues périodes » (MSF 28 oct. 2020). D'après The New Humanitarian, un organe de presse qui s'intéresse aux crises humanitaires (The New Humanitarian s.d.), [traduction] « certaines personnes déplacées » en raison de la violence vont vivre dans des invasiones [2], « où elles n'ont aucune possibilité d'emploi et où elles souffrent de la faim » (The New Humanitarian 10 déc. 2020). Le HCR précise que les installations informelles des PDIP autour des villes n'offrent aucun [traduction] « accès aux services de base, notamment l'électricité et l'eau » (Nations Unies sept. 2020, 7).

Des sources donnent les exemples suivants de situations vécues par les PDIP :

  • [version française de MSF] « Environ 4 000 personnes » « vivent […] dans des conditions désastreuses dans des camps autour de la rivière Telembí » dans le département de Nariño (MSF 3 mars 2020).
  • [version française de MSF] « [P]lus de 680 familles » ont passé la période de Noël 2019 dans des « camps de fortune » dans la ville d'Olaya Herrera dans le Nariño (MSF 3 mars 2020).
  • [traduction] « [À] peu près » 100 Autochtones vivent dans un centre communautaire de Buenaventura depuis 2017 et ont « un accès limité à l'eau et à des services de santé » dans le département de Valle del Cauca (HRW 11 mai 2020).
  • En mai 2020, 74 familles autochtones qui avaient [traduction] « fui leur foyer » au début d'avril « dormaient sur les planchers de maisons surpeuplées » et n'avaient pas de « produits d'hygiène de base » ni « suffisamment de nourriture » (HRW 11 mai 2020).

3. Protection offerte par l'État

On peut lire dans les Country Reports 2020 que, [traduction] « [e]n vertu de la loi, 52 organismes gouvernementaux sont chargés d'aider les PDIP inscrites » (É.-U. 30 mars 2021, 22). L'Unité de prise en charge et de réparation intégrale destinée aux victimes (Unidad de Atención y Reparación Integral a las Victimas – UARIV), une entité gouvernementale qui a pour mission d'offrir un soutien aux victimes de conflits (Colombie s.d.a), précise que, entre 2019 et novembre 2020, elle a consacré [traduction] « plus de » cinq milliards de pesos [1 622 797 $CAN] pour « garantir un logement, de la nourriture et une aide humanitaire immédiate aux familles déplacées » qui vivent dans le département d'Antioquia (Colombie 25 nov. 2020).

Il ressort des Country Reports 2020 que, en 2020, le gouvernement de la Colombie [traduction] « a poursuivi ses efforts pour offrir une protection adéquate ou une aide humanitaire aux populations nouvellement déplacées » (É.-U. 30 mars 2021, 21). Une étude réalisée par l'Observatoire des droits de la personne et du déplacement (Consultoría para los Derechos Humanos y el Desplazamiento – CODHES) [3] entre mai et juillet 2021 auprès de 907 ménages déplacés dans 19 municipalités a montré que 32,6 p. 100 des ménages dans les [traduction] « [g]randes » municipalités », 37,3 p. 100 des ménages dans les « [m]oyennes » municipalités et 22,2 p. 100 des ménages dans les « [p]etites » municipalités n'avaient reçu « [a]ucune aide » dans le cadre des « [p]rogrammes traditionnels » ou autres (Comisión nov. 2021, 29, 31, 132). On peut lire dans les Country Reports 2020 que, selon [traduction] « [d]es organisations internationales et la société civile », « les régions où il y a beaucoup de déplacements » n'avaient pas la capacité de traiter les inscriptions des PDIP, ce qui « retardait souvent l'aide » offerte à ces dernières (É.-U. 30 mars 2021, 22). La même source signale que, malgré [traduction] « plusieurs initiatives gouvernementales » visant à améliorer l'accès des PDIP aux services et à les informer de leurs droits, les municipalités dans de « nombreuses parties » de la Colombie n'avaient pas les « ressources ni la capacité nécessaires pour intervenir à la suite de nouveaux déplacements et fournir une aide humanitaire aux PDIP » (É.-U. 30 mars 2021, 22).

Selon l'IDMC, il [traduction] « demeure des obstacles » à la « mise en place de solutions durables » relativement aux déplacements à l'intérieur de la Colombie, notamment en ce qui concerne « l'indemnisation, la restitution des terres et des biens ainsi que la mise en œuvre d'autres dispositions pertinentes de l'accord de paix » (NRC [2021a]). Des sources signalent que les progrès concernant la restitution des terres en vertu de la loi sur les victimes et la restitution des terres (Ley de Víctimas y Restitución de Tierras - LVRT) [4] ont été [traduction] « lent[s] » (É.-U. 30 mars 2021, 12; HRW 13 janv. 2021, 7). On peut lire dans les Country Reports 2020 que, [traduction] « [m]algré les améliorations » apportées au registre des victimes [registre unique des victimes; registre unifié des victimes] (Registro Único de Víctimas – RUV), « les PDIP tardaient à recevoir des réponses aux demandes qu'elles avaient présentées quant à leur déplacement » en raison de facteurs tels qu'un « arriéré important de demandes » et « [l']absence de l'Unité dans les régions rurales » (É.-U. 30 mars 2021, 21). De même, Freedom House fait observer que [traduction] « le processus judiciaire relatif à la restitution des terres accuse un retard important », ajoutant que l'administration du président Duque « se montre peu disposée à accélérer le processus » (Freedom House 3 mars 2021, sect. G2). Selon HRW, [traduction] « [e]n août [2020], les tribunaux n'avaient statué que sur 11 300 des plus de 125 000 demandes déposées » (HRW 13 janv. 2021, 7).

4. Information indiquant si les PDIP se voient délivrer des documents confirmant leur statut

L'IDMC précise que [traduction] « [l]a plupart des PDIP possèdent des documents » (NRC nov. 2021, 33) et que le RUV est le [traduction] « registre des PDIP le plus complet au monde » (NRC [2021b]). Sur le site Internet de l'UARIV, on peut lire que les personnes inscrites dans le RUV peuvent obtenir un [traduction] « certificat d'inscription » dans le RUV (Colombie s.d.b). Le World Factbook de la CIA précise toutefois que [traduction] « beaucoup » de PDIP « ne sont pas inscrites » (É.-U. 30 nov. 2021). En outre, l'IDMC souligne que, selon le droit colombien,

[traduction]

les personnes déplacées peuvent se déclarer comme telles jusqu'à deux ans après le début de leur déplacement, ce qui, combiné aux processus administratifs d'examen des cas, peut entraîner un décalage entre la date de début du déplacement et la date de son inscription dans la base de données du gouvernement de la Colombie (NRC [2021b]).

D'après le Secrétariat général du Bureau du maire de Bogotá (Secretaría General – Alcaldía Mayor de Bogotá), l'UARIV assume les responsabilités suivantes :

  • exécuter le [traduction] « processus d'évaluation » pour l'inscription dans le RUV;
  • décider si une personne devrait être inscrite ou non dans le RUV;
  • vérifier les renseignements figurant dans le RUV;
  • fournir des copies des décisions relatives au RUV (Bogotá 25 oct. 2018).

Sur sa chaîne YouTube, l'UARIV a publié une vidéo sur la délivrance des certificats qui montre l'apparence de la lettre confirmant l'inscription dans le RUV (Colombie 20 août 2021, 3:41-4:15).

Pour obtenir des renseignements additionnels au sujet de l'UARIV et du RUV, veuillez consulter le document Colombie : Rapport de mission d'information. Période post-FARC-EP : dynamique du conflit et protection de l'État publié en mars 2020.

4.1 Exigences et marche à suivre pour obtenir des documents

Le site Internet du Bureau du protecteur du citoyen précise que, pour être reconnus comme étant déplacés, les personnes ou les ménages doivent se rendre au Bureau du ministère public (Ministerio Público) de leur ville ou municipalité, soit à la subdivision municipale du Bureau du procureur général (Personería), au Bureau de l'inspecteur général (Procuraduría) ou au Bureau du protecteur du citoyen, et suivre les instructions du responsable pour déposer une déclaration relative aux événements à l'origine de leur déplacement (Colombie s.d.c). Par la suite,

[traduction]

[l]a déclaration sera envoyée à l'[UARIV], qui décidera d'inscrire ou non la personne ou le ménage dans le [RUV], selon les résultats de l'évaluation ([qui dure] au plus 60 jours) (Colombie s.d.c).

Le site Internet de l'UARIV fournit ce guide étape par étape pour l'inscription :

[traduction]

  • Dès que vous subissez un préjudice en raison d'actes commis durant le conflit armé, vous devez vous rendre au Bureau du ministère public et signaler les actes dont vous et votre famille avez été victimes. Vous pouvez joindre les bureaux municipaux du représentant municipal, du protecteur du citoyen ou du procureur général, qui sont toujours disposés à traiter vos demandes.
  • Au moment de formuler la déclaration au Bureau du ministère public, vous pouvez apporter des documents aidant à prouver les actes dont vous avez été victime, si vous les avez en votre possession.
    […]
  • Une fois que vous aurez raconté les faits au Bureau du ministère public, l'UARIV évaluera votre déclaration. Pendant le traitement, qui prend 60 jours ouvrables, la victime est autorisée à recevoir une aide humanitaire immédiate des autorités locales (bureau du maire et/ou bureau du gouverneur du département).
  • Après avoir rendu une décision quant à la déclaration, l'UARIV produit une résolution d'inscription ou de non-inscription qui sera communiquée au déposant ou à un membre de sa famille immédiate, qui recevra une convocation par téléphone afin que cet avis lui soit transmis personnellement.
    • Si vous êtes inscrit dans le registre des victimes, le responsable de l'Unité qui produit la résolution vous concernant vous expliquera la marche à suivre selon votre situation. La réparation accordée aux victimes comprend non seulement une indemnisation financière, mais aussi un soutien de l'État qui garantit la jouissance effective des droits à l'éducation, à la santé, au logement, aux programmes d'emploi et à la génération de revenus, entre autres, ainsi que la prise de mesures pour rétablir votre dignité et vos souvenirs, découvrir la vérité et créer les conditions nécessaires pour que des actes tels que ceux que vous avez subis ne soient plus commis.
    • Si l'UARIV vous informe, au moyen de la résolution, que votre inscription dans le registre des victimes a été refusée, vous pouvez interjeter appel au responsable de [l'UARIV] qui a rendu la décision afin que celle-ci soit réexaminée, et ce, dans les cinq (5) jours suivant l'avis de décision. Vous pouvez également intenter un second recours en interjetant appel au directeur de l'UARIV dans les cinq (5) jours suivant l'avis du verdict relatif à l'appel pour réexamen (Colombie s.d.d).

Le site Internet de l'UARIV précise aussi qu'une personne peut demander un certificat d'inscription dans le RUV dans un centre de service du gouvernement (ou dans un consulat dans le cas des personnes qui vivent à l'étranger) ou par l'intermédiaire du site Internet de l'UARIV (Colombie s.d.b).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Notes

[1] L'Observatoire des situations de déplacement interne (Internal Displacement Monitoring Centre – IDMC) définit les déplacements comme étant un [traduction] « nombre de mouvements », et souligne que celui-ci diffère du nombre de PDIP parce que les personnes peuvent être déplacées plus d'une fois (NRC [2021a]).

[2] Selon The New Humanitarian, invasiones est [traduction] « un terme que le gouvernement utilise pour décrire les quartiers de squatteurs qui ont construit des abris improvisés sur des terres qu'ils ne possèdent pas » (The New Humanitarian 10 déc. 2020).

[3] L'Observatoire des droits de la personne et du déplacement (Consultoría para los Derechos Humanos y el Desplazamiento – CODHES), une organisation de la société civile colombienne qui effectue des recherches et promeut la protection des droits de la personne en Colombie (CODHES s.d.a), a mené cette enquête, qui est citée dans un rapport de la Commission de surveillance des politiques publiques sur les déplacements forcés (Comisión de Seguimiento a la Política Pública sobre Desplazamiento Forzado), qui a été créée en 2005 par diverses organisations de la société civile, y compris le CODHES (CODHES s.d.b).

[4] D'après Human Rights Watch (HRW), la loi de 2011 sur les victimes [loi sur les victimes et la restitution des terres (Ley de Víctimas y Restitución de Tierras - LVRT)] [traduction] « a été adoptée pour restituer des millions d'hectares de terres abandonnées par des Colombiens déplacés à l'intérieur du pays ou qui leur ont été volées durant le conflit » (HRW 13 janv. 2021, 7). Pour obtenir des renseignements additionnels au sujet de la LVRT, veuillez consulter la section 5.1 du document Colombie : Rapport de mission d'information. Période post-FARC-EP : dynamique du conflit et protection de l'État publié en mars 2020.

Références

Amnesty International. 7 avril 2021. « Colombia ». Amnesty International Report 2020: The State of the World's Human Rights. [Date de consultation : 2 déc. 2021]

Bogotá. 25 octobre 2018. Alcaldía Mayor de Bogotá, Secretaría General. « Solicitud de certificación de inclusión en el RUV ». [Date de consultation : 8 déc. 2021]

Colombie. 26 avril 2021. Defensoría del Pueblo. « Boletín informativo de movilidad humana forzada ». [Date de consultation : 14 janv. 2022]

Colombie. 7 janvier 2021. Defensoría del Pueblo. « 28.509 personas fueron desplazadas y confinadas en 2020 por hechos violentos ». [Date de consultation : 6 déc. 2021]

Colombie. 25 novembre 2020. Unidad para la Atención y la Reparación Integral a las Víctimas (UARIV). « La Unidad para las Víctimas coordina la atención de la población desplazada en Caucasia ». [Date de consultation : 6 déc. 2021]

Colombie. S.d.a. Unidad para la Atención y la Reparación Integral a las Víctimas (UARIV). « Misión y visión ». [Date de consultation : 6 déc. 2021]

Colombie. S.d.b. Unidad para la Atención y la Reparación Integral a las Víctimas (UARIV). « ¿Cómo obtengo mi certificación de inclusión en el Registro Único de Víctimas? ». [Date de consultation : 8 déc. 2021]

Colombie. S.d.c. Defensoría del Pueblo. « Asesoria a población en situación de desplazamiento ». [Date de consultation : 8 déc. 2021]

Colombie. S.d.d. Unidad para la Atención y la Reparación Integral a las Víctimas (UARIV). « Paso a paso para el registro ». [Date de consultation : 8 déc. 2021]

Comisión de Seguimiento a la Política Pública sobre Desplazamiento Forzado. Novembre 2021. El reto ante la tragedia humanitaria del desplazamiento forzado: Impacto de la pandemia en las víctimas del delito de desplazamiento forzado. [Date de consultation : 14 janv. 2022]

Consultoría para los Derechos Humanos y el Desplazamiento (CODHES). S.d.a. « Acerca de CODHES ». [Date de consultation : 14 janv. 2022]

Consultoría para los Derechos Humanos y el Desplazamiento (CODHES). S.d.b. « Sobre la Comisión ». [Date de consultation : 4 févr. 2022]

Contagio Radio. 10 avril 2021. « Desplazamiento forzado acabó con el ETCR Santa Lucía ». [Date de consultation : 7 déc. 2021]

Contagio Radio. S.d. « Quiénes somos ». [Date de consultation : 7 déc. 2021]

États-Unis (É.-U.). 30 novembre 2021. Central Intelligence Agency (CIA). « Colombia ». The World Factbook. [Date de consultation : 2 déc. 2021]

États-Unis (É.-U.). 30 mars 2021. Department of State. « Colombia ». Country Reports on Human Rights Practices for 2020. [Date de consultation : 14 déc. 2021]

Freedom House. 3 mars 2021. « Colombia ». Freedom in the World 2021. [Date de consultation : 3 déc. 2021]

Human Rights Watch (HRW). 13 janvier 2021. « Colombia ». World Report 2021: Events of 2020. [Date de consultation : 2 déc. 2021]

Human Rights Watch (HRW). 11 mai 2020. José Miguel Vivanco. « Colombia Should Protect Displaced People During Covid-19 ». [Date de consultation : 3 déc. 2021]

International Work Group for Indigenous Affairs (IWGIA). Avril 2021. The Indigenous World 2021. Édité par Dwayne Mamo, et al. Traduit par Elaine Bolton. [Date de consultation : 14 janv. 2022]

International Work Group for Indigenous Affairs (IWGIA). S.d. « About IWGIA ». [Date de consultation : 14 janv. 2022]

Médecins sans frontières (MSF). 28 octobre 2020. « MSF Responds to a Resurgence of Violence in Norte de Santander and Nariño ». [Date de consultation : 6 déc. 2021]

Médecins sans frontières (MSF). 3 mars 2020. « Violence in Southwestern Colombia Leaves People Struggling to Access Assistance ». [Date de consultation : 2 déc. 2021]

Nations Unies. 24 septembre 2021. Conseil de sécurité. United Nations Verification Mission in Colombia: Report of the Secretary-General. (S/2021/824) [Date de consultation : 7 déc. 2021]

Nations Unies. 20 novembre 2020. Bureau de la coordination des affaires humanitaires. « Colombia: Impacto humanitario y tendencias entre enero y octubre de 2020 ». [Date de consultation : 2 déc. 2021]

Nations Unies. 25 septembre 2020. Conseil de sécurité. United Nations Verification Mission in Colombia: Report of the Secretary-General. (S/2020/943) [Date de consultation : 2 déc. 2021]

Nations Unies. Septembre 2020. Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). The IDP-Initiative: Quarterly Update. Issue on IDP Solutions. [Date de consultation : 3 déc. 2021]

The New Humanitarian. 10 décembre 2020. Joshua Collins. « COVID-19 Fuels Growing Conflict and Displacement in Colombia ». [Date de consultation : 6 déc. 2021]

The New Humanitarian. S.d. « About Us ». [Date de consultation : 8 déc. 2021]

Norwegian Refugee Council (NRC). Novembre 2021. Internal Displacement Monitoring Centre (IDMC). Severity of Internal Displacement: 2021 Report. [Date de consultation : 2 déc. 2021]

Norwegian Refugee Council (NRC). [2021a]. Internal Displacement Monitoring Centre (IDMC). « Colombia ». [Date de consultation : 2 déc. 2021]

Norwegian Refugee Council (NRC). [2021b]. Internal Displacement Monitoring Centre (IDMC). « Colombia: Displacement Associated with Conflict and Violence ». [Date de consultation : 7 déc. 2021]

Norwegian Refugee Council (NRC). S.d. Internal Displacement Monitoring Centre (IDMC). « About Us ». [Date de consultation : 2 déc. 2021]

Organisation des États américains (OEA). 13 octobre 2020. Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH). « IACHR Expresses Concern over Increase in Violence in Colombia in Territories Where Illegal Armed Groups Are Operating ». [Date de consultation : 2 déc. 2021]

Autres sources consultées

Sources orales : ACAPS; Asociación de Desplazados del Municipio de Coveñas; Asociación de Desplazados del Municipio de La Esperanza; Centro de Recursos Integrales para la Familia; Colombie – Fiscalía General de la Nación, Migración Colombia, Unidad para la Atención y la Reparación Integral a las Víctimas; Consultoría para los Derechos Humanos y el Desplazamiento; Corporación Opción Legal; Fundación Colombiana de Desplazados, Vulnerables y Etnias; Fundación Formemos; Fundación de Atención al Migrante; Fundación Ideas para la Paz; Fundación Solidaridad y Compromiso; Fundación Vida Nueva; Fundación Vida Nueva para Colombia; Jesuit Refugee Service; journaliste indépendant s'intéressant aux droits de la personne et aux migrations en Colombie; Manos Unidas; Medellín – Personería de Medellín, Secretaría de Inclusión Social, Familia y Derechos Humanos; Nations Unies – Bureau de la coordination des affaires humanitaires, Haut Commissariat pour les réfugiés Colombie, Organisation internationale pour les migrations; Norwegian Refugee Council – Internal Displacement Monitoring Centre; Organización Nacional Indígena de Colombia; professeure de sociologie dans une université au Canada dont les recherches portent sur les droits de la personne, les mouvements sociaux et la violence politique en Colombie; Programa Somos Defensores; Red de Derechos Humanos del Pacifico Nariñense.

Sites Internet, y compris : ACAPS; Al Jazeera; Asociación Nacional de Afrocolombianos Desplazados; Associated Press; Australie – Department of Foreign Affairs and Trade; Banque mondiale; BBC; Belgique – Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides; Bertelsmann Stiftung; Center for Strategic and International Studies; Centro de Investigación y Educación Popular; Centro de Recursos Integrales para la Familia; Colombie – Fiscalía General de la Nación, Migración Colombia; Coordinación de Consejos Comunitarios y Organizaciones de Base del Pueblo Negro de la Costa Pacífica del Cauca; Coordinación Étnica Nacional de Paz; Corporación Opción Legal; Council on Foreign Relations; États-Unis – Library of Congress; Fédération internationale pour les droits humains; Fundación Ideas para la Paz; InSight Crime; Institute for War and Peace Reporting; Instituto de Estudios para el Desarrollo y la Paz; International Crisis Group; INTERPOL; Jesuit Refugee Service; Medellín – Secretaría de Inclusión Social, Familia y Derechos Humanos; Minority Rights Group International; Nations Unies – Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, OMS, ONU Femmes, PNUD, Refworld; Organisation suisse d'aide aux réfugiés; Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe; Organización Nacional Indígena de Colombia; Pays-Bas – Ministry of Foreign Affairs; Peace Brigades International Colombia; Programa Somos Defensores; Radio Caracol; Red de Derechos Humanos del Pacifico Nariñense; Refugees International; Reporters sans frontières; Reuters; Royaume-Uni – Home Office; Semana; Transparency International; Union européenne – European Asylum Support Office; Washington Office on Latin America, Wilson Center.



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