Réponses aux demandes d'information

​​​Les réponses aux demandes d’information (RDI) sont des rapports de recherches sur les conditions dans les pays. Ils font suite à des demandes des décideurs de la CISR.

La base de données contient les RDI en français et anglais archivées depuis sept ans. Les RDI antérieures sont accessibles sur le site Web European Country of Origin Information Network.

Les RDI publiées par la CISR sur son site Web peuvent contenir des documents annexés inaccessibles en raison de problèmes techniques et peuvent inclure des traductions de documents initialement rédigées dans d'autres langues que l'anglais ou le français. Pour obtenir une copie d'un document annexé et/ou une version traduite des documents annexés de RDI, veuillez en faire la demande par courriel.

Avertissement

Avertissement

Les réponses aux demandes d'information (RDI) citent des renseignements qui sont accessibles au public au moment de leur publication et dans les délais fixés pour leur préparation. Une liste de références et d'autres sources consultées figure dans chaque RDI. Les sources citées sont considérées comme les renseignements les plus récents accessibles à la date de publication de la RDI.    

Les RDI n'apportent pas, ni ne prétendent apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile donnée. Elles visent plutôt à appuyer le processus d'octroi de l'asile. Pour obtenir plus de renseignements sur la méthodologie utilisée par la Direction des recherches, cliquez ici.   

C'est aux commissaires indépendants de la CISR (les décideurs) qu'il incombe d'évaluer les renseignements contenus dans les RDI et de décider du poids qui doit leur être accordé après avoir examiné les éléments de preuve et les arguments présentés par les parties.    

Les renseignements présentés dans les RDI reflètent uniquement les points de vue et les perspectives des sources citées et ne reflètent pas nécessairement la position de la CISR ou du gouvernement du Canada.    

15 novembre 2018

ZZZ106198.EF

Colombie et Venezuela : information sur le traitement réservé par les autorités et la société en Colombie aux Vénézuéliens et aux Colombiens ayant la citoyenneté vénézuélienne, et sur le traitement réservé au Venezuela aux Colombiens et aux Vénézuéliens ayant la citoyenneté colombienne (2015-octobre 2018)

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Situation des Vénézuéliens en Colombie
1.1 Données statistiques

Selon des sources, près d’un million de Vénézuéliens ont migré en Colombie au cours des années 2017 et 2018 (Miami Herald 14 juin 2018; Al Jazeera 2 août 2018). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, le Secrétariat international pour les Amériques d’Amnesty International a déclaré ce qui suit :

[traduction]

D'après les chiffres publiés par le gouvernement de la Colombie, il y aurait 550 000 Vénézuéliens en [Colombie], en situation régulière ou irrégulière. Toutefois, les organisations internationales et les organismes de la société civile qui travaillent en Colombie ont signalé à Amnesty International que, à la fin de novembre 2017, il y avait peut-être plus d’un million de Vénézuéliens qui vivaient [en Colombie] (Amnesty International 7 nov. 2018).

D’après le Miami Herald, un journal de la Floride, les autorités colombiennes ont affirmé en juin 2018, à la suite d’un recensement national, que 442 462 Vénézuéliens vivaient en Colombie sans détenir [traduction] « de papiers en bonne et due forme », tandis que 376 572 Vénézuéliens résidaient légalement en Colombie (Miami Herald 14 juin 2018).

Selon Amnesty International, Cúcuta et Maicao sont les villes frontalières où [traduction] « l’afflux de Vénézuéliens est le plus important » (Amnesty International 7 nov. 2018). Le Miami Herald précise que, d’après le recensement national de la Colombie, plus de 23 p. 100 de la population de Villa del Rosario, en périphérie de Cúcuta, est vénézuélienne, tandis que 16 p. 100 de la population de Maicao est vénézuélienne (Miami Herald 14 juin 2018).

1.2 Traitement réservé aux Vénézuéliens en Colombie
1.2.1 Traitement réservé par les autorités

Au cours d’un entretien avec la Direction des recherches, un ancien professeur de science politique à l’Instituto de Estudios Superiores de Administración (IESA) à Caracas et l’actuel directeur général de la Canadian Venezuelan Engagement Foundation (CVEF) [1] a déclaré que [traduction] « le traitement réservé par les autorités colombiennes aux migrants provenant du Venezuela est généralement respectueux » (CVEF 7 nov. 2018). Au cours d’un entretien avec la Direction des recherches, Kyle Johnson, analyste de la Colombie à l’International Crisis Group, a déclaré ceci :

[traduction]

Le traitement que reçoivent les gens provenant du Venezuela de la part des autorités colombiennes varie selon leur identité. Pour un Vénézuélien, les chances d’être traité de façon équitable par les autorités policières sont [plus faibles] que pour une personne pouvant démontrer qu’elle possède la citoyenneté colombienne. Par exemple, les Vénézuéliens craignent d’être expulsés et maltraités par les autorités, et ont donc moins tendance à porter plainte à la police pour harcèlement ou violence. La situation est différente pour un Colombien ayant la citoyenneté vénézuélienne, qui peut se présenter en se disant Colombien seulement, ce qui peut lui permettre de recevoir un traitement différent. En général, les plaintes de harcèlement ne sont pas une priorité pour les autorités policières - il se peut qu’elles agissent au moment où la plainte est déposée, mais elles ne feront pas de suivi (International Crisis Group 9 nov. 2018).

La même source a ajouté que

[traduction]

[l]e nombre de crimes commis par des Vénézuéliens est une statistique véritablement recensée par les autorités colombiennes, et ces crimes sont considérés comme une menace pour la sécurité et un problème. Cela a une incidence sur le traitement réservé aux Vénézuéliens en Colombie. Le système judiciaire est débordé - il n’a pas suffisamment de ressources. Toutefois, des pressions s’exercent pour que les crimes commis par des réfugiés soient sanctionnés. Les autorités locales ne reçoivent pas de plaintes des victimes qui sont des demandeurs d’asile, principalement parce que ces derniers sont moins portés à déposer des plaintes. En revanche, l’intervention des autorités colombiennes est très rapide quand l’auteur du crime est un demandeur d’asile (International Crisis Group 9 nov. 2018).

Selon un article du New York Times rédigé par Geoff Ramsey et Gimena Sánchez-Garzoli du Washington Office on Latin America (WOLA) [2], [traduction] « le droit colombien n’accorde pas la citoyenneté aux enfants d’étrangers en situation irrégulière. Bon nombre des personnes qui ont fui n’ont pas les papiers requis pour établir leur citoyenneté vénézuélienne, si bien que leurs enfants nés en Colombie risquent d’être apatrides » (Ramsey et Sánchez-Garzoli 29 août 2018). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

D’après des sources, en août 2018, le président Santos a accordé [par décret (Reuters 2 août 2018)] un statut de résident temporaire d’une durée de deux ans aux quelque 440 000 Vénézuéliens en Colombie (Al Jazeera 2 août 2018; Reuters 2 août 2018). Geoff Ramsey et Gimena Sánchez-Garzoli affirment aussi que le président Santos [traduction] « a annoncé son intention » d’attribuer à quelque 400 000 Vénézuéliens le statut de résident temporaire (Ramsey et Sánchez-Garzoli 29 août 2018). Des sources signalent que le statut de résident temporaire permettait à ces gens d’avoir accès à l’éducation, aux soins de santé et à l’emploi (Al Jazeera 2 août 2018; Ramsey et Sánchez-Garzoli 29 août 2018). Reuters explique que, pour déterminer qui aurait droit à ce statut, les autorités colombiennes avaient demandé aux Vénézuéliens qui n’avaient pas d’autorisation officielle de demeurer en Colombie (par exemple, ceux qui n’avaient pas de visa de travail ou de tourisme) de s’inscrire à un sondage, afin d’évaluer les besoins en matière de services sociaux (Reuters 2 août 2018). Geoff Ramsey et Gimena Sánchez-Garzoli signalent aussi que ce statut de résident temporaire était accordé aux Vénézuéliens qui s’inscrivaient à un registre national (Ramsey et Sánchez-Garzoli 29 août 2018).

En ce qui a trait à l’aide offerte aux Vénézuéliens, Kyle Johnson a affirmé ce qui suit :

[traduction]

[I]l y a […] des organisations qui s’efforcent d’apporter de l’aide humanitaire aux personnes qui franchissent la frontière entre la Colombie et le Venezuela, notamment des organisations internationales et des groupes religieux. Ces organisations offrent des repas, des abris, de l’eau potable et parfois des moyens de transport. Leur intervention, qui se déroule principalement dans les régions frontalières comme Cúcuta, est plutôt lente et limitée - elles ne sont pas en mesure d’atteindre tout le monde. Peu à peu, il y a certains services de soutien qui apparaissent à Medellin, à Cali et à Bogotá, pour desservir les personnes qui ont franchi la frontière entre la Colombie et le Venezuela (International Crisis Group 9 nov. 2018).

Selon la même source, [traduction] « [l]’accès au logement est un gros problème pour ceux qui arrivent du Venezuela, particulièrement dans les villes plus grandes comme Bogotá. À Cúcuta, il est plus facile de trouver un logement, surtout si on dispose d’un réseau familial, et parce qu’il existe des logements temporaires destinés aux réfugiés » (International Crisis Group 9 nov. 2018). D’après Geoff Ramsey et Gimena Sánchez-Garzoli,

[traduction]

[l]e gouvernement de la Colombie hésite à offrir un hébergement temporaire aux Vénézuéliens qui n’ont pas les ressources nécessaires pour poursuivre leur trajet. Il y a seulement un refuge géré par l’État à la frontière et, même s’il peut accueillir 240 personnes, il reste quasiment vide. […] [C]e refuge n’est ouvert qu’à une infime minorité de Vénézuéliens qui détiennent des passeports et qui peuvent démontrer qu’ils prévoient poursuivre leur chemin. Les missions catholiques sont intervenues, mais ne peuvent répondre qu’aux besoins les plus urgents en matière de logement. Il en résulte que les Vénézuéliens à la frontière colombienne dorment dans la rue, ou paient pour un peu d’espace sur le sol dans des logements exigus qui sont loués par des habitants locaux entreprenants (Ramsey et Sánchez-Garzoli 29 août 2018).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

1.2.2 Traitement réservé par la société

Selon le Globe Post, un site d’actualité américain, [traduction] « [d]e nombreux Colombiens craignent que les réfugiés leur enlèvent des emplois du fait qu’ils sont prêts à travailler pour un salaire nettement inférieur, tandis que d’autres croient que les Vénézuéliennes viennent au pays pour se prostituer » (The Globe Post 15 août 2018). D’après le directeur général de la CVEF,

[traduction]

[d]ans les quartiers démunis en Colombie, il y a une forte concurrence pour les emplois à faible revenu. Cela a provoqué des conflits et des différends au sein de ces quartiers, auxquels étaient surtout mêlés des gens venus du Venezuela, y compris des Colombiens (CVEF 7 nov. 2018).

Kyle Johnson a fait la déclaration suivante :

[traduction]

Pour ce qui est de l’accès à l’emploi, de nombreux employeurs profitent du désespoir des Vénézuéliens à la recherche de travail et, ainsi, embauchent des gens à des salaires extrêmement injustes et illégaux. Quand une personne détient une carte d’identité colombienne (cédula de ciudadanía), il lui est plus facile de trouver du travail dans le secteur structuré (International Crisis Group 9 nov. 2018).

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

Des sources affirment qu’il y a eu des propos xénophobes à l’endroit des gens venus en Colombie depuis le Venezuela (The Globe Post 15 août 2018; CVEF 7 nov. 2018; International Crisis Group 9 nov. 2018). Geoff Ramsey et Gimena Sánchez-Garzoli ont signalé que les tensions envers les Vénézuéliens en Colombie sont [traduction] « élevées » et, sans fournir de renseignements additionnels, ont déclaré que les Vénézuéliens subissent de plus en plus « [d’]agressions discriminatoires » (Ramsey et Sánchez-Garzoli 29 août 2018). D’après Kyle Johnson, [traduction] « il y a de la xénophobie dans les grandes villes comme Bogotá et Medellin, et elle prend de l’ampleur à Norte de Santander et à Cúcuta. Les agressions verbales contre les gens venus du Venezuela sont de plus en plus courantes » (International Crisis Group 9 nov. 2018). En mai 2018, le ministère des Affaires étrangères de la Colombie a publié une déclaration dans laquelle Migración Colombia, son service de la migration, [traduction] « se dit préoccupé par les menaces qui ont circulé dans les réseaux de médias sociaux contre les citoyens vénézuéliens qui se trouvent sur le territoire colombien » (Colombie 26 mai 2018). Dans la même déclaration, Migración Colombia s’engage à collaborer avec les autorités nationales pour repérer les auteurs de ces menaces contre les Vénézuéliens (Colombie 26 mai 2018). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens, ni aucun renseignement additionnel sur les mesures prises par les autorités colombiennes pour mettre fin aux menaces ou aux agressions subies par les Vénézuéliens.

Selon le Globe Post, [traduction] « [l]e HCR [Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés] parraine des campagnes dans les médias sociaux et les médias pour combattre […] les attitudes discriminatoires » envers les Vénézuéliens en Colombie, y compris l’initiative « "Somos Panas Colombia" » (The Globe Post 15 août 2018). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens, ni aucun renseignement additionnel.

1.2.3 « Venecos »

D’après des sources, le vice-président de la Colombie a utilisé le mot venecos (BBC 27 janv. 2017; RT 28 janv. 2017; El Nuevo Herald 2 févr. 2017) pour désigner les Vénézuéliens dans une intervention en janvier 2017 (BBC 27 janv. 2017). Reuters précise que le vice-président a utilisé ce [traduction] « terme désignant les Vénézuéliens en promettant que les étrangers ne bénéficieraient pas des programmes sociaux » (Reuters 27 janv. 2018). Selon des sources, « venecos » est un terme péjoratif (BBC 27 janv. 2017; CVEF 7 nov. 2018) ou dénigrant (El Nuevo Herald 2 févr. 2017; Reuters 27 janv. 2017). Des sources précisent que « venecos » est un terme qui renvoie aux Vénézuéliens (BBC 27 janv. 2017; El Nuevo Herald 2 févr. 2017) ou aux [traduction] « Colombiens vénézuéliens » qui « sont allés vivre au Venezuela, puis ont décidé de revenir en Colombie » et qui, par conséquent, ne sont pas considérés comme étant des « Colombiens d’origine » (CVEF 7 nov. 2018). Reuters explique que [traduction] « [l]e mot espagnol "veneco" est largement utilisé en Amérique du Sud pour parler des Vénézuéliens de manière désobligeante » (Reuters 27 janv. 2017). D’après des sources, le gouvernement du Venezuela a qualifié le terme « venecos » de [traduction] « "dénigrant et insultant" » (BBC 27 janv. 2017; RT 28 janv. 2017; El Nuevo Herald 2 févr. 2017). Au dire de Kyle Johnson,

[traduction]

[l]a connotation du mot « veneco » dépend des circonstances dans lesquelles il est utilisé - dans certains cas, il est considéré comme une remarque discriminatoire, mais dans d’autres contextes, son sens est ambigu. Certaines personnes le trouvent inapproprié, d’autres non. Par exemple, il peut être utilisé pour insulter une personne parce qu’elle est vénézuélienne. Il peut aussi être utilisé pour désigner un Colombien qui a vécu longtemps au Venezuela, en vue de nier son identité colombienne (International Crisis Group 9 nov. 2018).

Un article paru dans El Nuevo Herald, un journal en espagnol de la Floride, cite la déclaration suivante du vice-président de la Colombie : [traduction] « Le sobriquet "venecos" que j’ai utilisé est courant à Norte de Santander et n’a rien de dénigrant envers les citoyens vénézuéliens » (El Nuevo Herald 2 févr. 2017).

2. Situation des Colombiens ayant la citoyenneté vénézuélienne en Colombie
2.1 Aperçu

Selon des sources, des Colombiens sont allés s’établir au Venezuela lorsque ce pays a connu un boom économique vers les années 1980 (International Crisis Group 9 nov. 2018; CVEF 7 nov. 2018). Le directeur général de la CVEF affirme que ces gens ont été

[traduction]

[a]ccueillis à bras ouverts au Venezuela, ils ont été très bien traités dans la société vénézuélienne et ils se sont très bien intégrés. Au fil des ans, les Colombiens ont aussi exercé une influence sur la culture vénézuélienne. Il y a un nombre important de familles mixtes composées de Colombiens et de Vénézuéliens et il y a maintenant des Colombiens de deuxième génération qui sont nés au Venezuela (CVEF 7 nov. 2018).

D’après des sources, il y a aussi des Colombiens qui ont déménagé au Venezuela dans les années 1990 (International Crisis Group 9 nov. 2018; BBC 27 janv. 2017) pour fuir la violence (International Crisis Group 9 nov. 2018). Selon la BBC, de nombreux Colombiens qui sont partis au Venezuela entre 1970 et les années 1990 reviennent maintenant en Colombie (BBC 27 janv. 2017). La BBC signale que, d’après les Nations Unies, environ 18 000 Colombiens ont quitté volontairement le Venezuela dans les dernières années (BBC 27 janv. 2017). Des sources affirment que le nombre de Colombiens qui ont vécu au Venezuela et qui sont revenus récemment en Colombie s’élève à 160 000 (Miami Herald 14 juin 2018) ou à 250 000 (Reuters 2 août 2018). Des sources signalent que, parmi ceux qui ont quitté le Venezuela pour la Colombie ces dernières années, il y a des Colombiens ayant la citoyenneté vénézuélienne (International Crisis Group 9 nov. 2018) et des Colombiens qui ont résidé au Venezuela (CVEF 7 nov. 2018).

2.2 Traitement réservé en Colombie aux Colombiens ayant la citoyenneté vénézuélienne

Selon Kyle Johnson,

[traduction]

[i]l y a eu deux vagues récentes de Colombiens ayant la citoyenneté vénézuélienne qui sont revenus en Colombie. La première vague a eu lieu d’août ou septembre 2015 à 2016, lorsque le président Maduro a fermé la frontière et expulsé des gens de force. À cette époque, les autorités colombiennes étaient submergées par l’afflux et percevaient les nouveaux arrivants comme des victimes du régime Maduro. Même si les autorités étaient incapables de gérer la situation, les gens qui arrivaient du Venezuela étaient néanmoins bien accueillis et se voyaient accorder tous les services pertinents possibles. Dans la deuxième vague, du deuxième semestre de 2016 jusqu’à aujourd’hui, avec un pic en juillet 2017, l’afflux de gens en Colombie a considérablement augmenté en raison de l’arrivée de Colombiens ayant la citoyenneté vénézuélienne et de Vénézuéliens en provenance du Venezuela. Aux yeux de la société et des autorités, ils sont perçus comme un seul groupe qui entre en Colombie depuis le Venezuela - on ne fait pas nécessairement de distinction selon l’identité nationale. À l’échelle locale, par exemple à Cúcuta, il est fréquent que l’on puisse établir des distinctions parmi les demandeurs d’asile - en raison des mouvements fréquents de personnes et des liens familiaux des deux côtés de la frontière. Toutefois, l’intervention institutionnelle consiste à placer tous ces gens dans la même catégorie, à savoir les Vénézuéliens (International Crisis Group 9 nov. 2018).

D’après la même source,

[traduction]

[l]es Colombiens qui arrivent maintenant du Venezuela se butent à la discrimination des autorités et de la société, qui sont peu enclines à leur venir en aide : « eh bien, vous avez choisi de partir pour le Venezuela, alors pourquoi devrais-je vous aider maintenant que vous êtes de retour en Colombie? » C’est une situation que les Vénézuéliens qui ont fui vers la Colombie ne vivent pas, car il y a un sentiment de sympathie plus fort envers eux de la part des Colombiens (International Crisis Group 9 nov. 2018).

À la question de savoir si les Colombiens ayant la citoyenneté vénézuélienne éprouvent des difficultés à accéder aux soins de santé, à l’emploi, au logement, aux services sociaux ou à l’éducation, le directeur général de la CVEF a répondu que cela

[traduction]

dépend du statut d’immigration - si une personne est en situation régulière en Colombie, l’accès aux services sociaux, par exemple, ne devrait pas poser de problème. Toutefois, si sa situation est irrégulière, il s’agit d’un problème et la personne ne pourra pas bénéficier des soins de santé officiels et devra miser sur le processus [d’octroi] de l’asile (CVEF 7 nov. 2018).

D’après Kyle Johnson, [traduction] « [l]’accès limité aux soins de santé est un problème général auquel se heurte l’ensemble de la population, car les hôpitaux sont massivement endettés » (International Crisis Group 9 nov. 2018).

3. Situation des Colombiens au Venezuela
3.1 Données statistiques

La BBC signale que, selon le président du Venezuela, plus de cinq millions de Colombiens vivent au Venezuela (BBC 27 janv. 2017). La même source ajoute que les autorités colombiennes ont rejeté ce chiffre et ont affirmé qu’il y a moins d’un million de Colombiens au Venezuela (BBC 27 janv. 2017). D’après le directeur général de la CVEF, il y a [traduction] « [a]u moins [d’un] million à [un] million [et demi] de Colombiens [qui] vivent à Petare, en banlieue de Caracas, un [secteur] pauvre de deux millions d’habitants qui vivent dans 800 quartiers » (CVEF 7 nov. 2018).

3.2 Traitement réservé aux Colombiens au Venezuela
3.2.1 Traitement réservé par les autorités

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d’information sur le traitement réservé aux Colombiens par les autorités vénézuéliennes.

Le directeur général de la CVEF a déclaré que les difficultés que subissent les Colombiens au Venezuela [traduction] « au chapitre de l’accès aux soins de santé et à l’éducation sont les mêmes difficultés auxquelles se butent les autres membres de la société, en raison de la crise économique au Venezuela » (CVEF 7 nov. 2018).

D’après Amnesty International, [traduction] « [l]a présence de groupes paramilitaires colombiens dans les régions frontalières entre la Colombie et le Venezuela a servi de prétexte aux autorités vénézuéliennes pour justifier des opérations de sécurité publique au Venezuela qui ont entraîné de graves violations des droits de la personne » (Amnesty International 7 nov. 2018). La même source a expliqué que, dans le cadre de ces opérations de sécurité publique, les autorités vénézuéliennes ont détenu 59 citoyens colombiens en septembre 2016 (Amnesty International 7 nov. 2018). Selon Reuters, le Venezuela a expulsé [traduction] « des centaines de Colombiens accusés d’activités criminelles » en 2016 (Reuters 27 janv. 2017). La BBC a signalé que plus de 1 000 Colombiens avaient été expulsés du Venezuela durant une des fermetures de la frontière en 2017 (BBC 27 janv. 2017). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement additionnel.

3.2.2 Traitement réservé par la société

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d’information sur le traitement réservé aux Colombiens par la société vénézuélienne. Selon le directeur général de la CVEF, [traduction] « [l]es Colombiens ont été très bien traités au Venezuela » (CVEF 7 nov. 2018). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens, ni aucun renseignement additionnel.

3.2.3 « Colombiches »

Selon le directeur général de la CVEF, [traduction] « colombiches est un terme péjoratif utilisé pour désigner les Colombiens au Venezuela, de la même façon que le terme venecos est utilisé » (CVEF 7 nov. 2018). De même, El Nuevo Herald signale que les mots « veneco » et « colombiche » sont employés d’une manière similaire (El Nuevo Herald 2 févr. 2017). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement additionnel.

4. Situation au Venezuela des Vénézuéliens ayant la citoyenneté colombienne

Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucune information sur la situation au Venezuela des Vénézuéliens ayant la citoyenneté colombienne, y compris le traitement qui leur est réservé par les autorités et la société vénézuéliennes.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Notes

[1] La Canadian Venezuelan Engagement Foundation (CVEF) est une ONG de Montréal faisant partie du (Venezuelan Engagement Foundation Group, qui offre des programmes humanitaires et éducatifs (Venezuelan Engagement Foundation Group s.d.).

[2] Le Washington Office on Latin America (WOLA), dont le siège est à Washington, est [traduction] « un organisme de recherche et de défense des droits qui fait la promotion des droits de la personne dans les Amériques » (WOLA s.d.).

Références

Al Jazeera. 2 août 2018. « Colombia: Santos Grants 444,000 Venezuela Refugees Two-Year Help ». [Date de consultation : 26 oct. 2018]

Amnesty International. 7 novembre 2018. International Secretariat for the Americas. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

British Broadcasting Corporation (BBC). 27 janvier 2017. « 'No son para los "venecos"': la polémica frase de Germán Vargas, el vicepresidente de Colombia, que Venezuela considera "denigrante" ». [Date de consultation : 26 oct. 2018]

Canadian Venezuelan Engagement Foundation (CVEF). 7 novembre 2018. Entretien téléphonique avec le directeur général.

Colombie. 26 mai 2018. Ministerio de Relaciones Extoriores. « Migración Colombia rechaza amenazas contra ciudadanos venezolanos que se encuentran en Colombia ». [Date de consultation : 26 oct. 2018]

El Nuevo Herald. 2 février 2017. Johanna A. Alvarez. « Veneco: ¿insulto o gentilicio? ». [Date de consultation : 13 nov. 2018]

The Globe Post. 15 août 2018. Miranda Saunders. « Already Vulnerable Colombia Struggles to Accommodate Venezuelan Refugees ». [Date de consultation : 26 oct. 2018]

International Crisis Group. 9 novembre 2018. Entretien téléphonique avec Kyle Johnson, analyste de la Colombie.

Miami Herald. 14 juin 2018. Jim Wyss. « Almost 1 Million People Moved from Venezuela to Colombia in Just Two Years, Study Shows ». [Date de consultation : 26 oct. 2018]

Ramsey, Geoff et Gimena Sánchez-Garzoli. 29 août 2018. « Venezuelan Refugees Are Miserable. Let's Help Them Out ». The New York Times. [Date de consultation : 26 oct. 2018]

Reuters. 2 août 2018. Julia Symmes Cobb. « Colombia Gives 440,000 Venezuelan Migrants Permission to Stay ». [Date de consultation : 26 oct. 2018]

Reuters. 27 janvier 2017. Andrew Cawthorne et Julia Symmes Cobb. « Venezuela Demands Apology over Colombia VP's 'Xenophobic' Remarks ». [Date de consultation : 26 oct. 2018]

Russia Today (RT). 28 janvier 2017. Nazareth Balbás. « 'No son para venecos': La expresión discriminatoria de Colombia que ofendió a Venezuela ». [Date de consultation : 26 oct. 2018]

Venezuelan Engagement Foundation Group. S.d. « Who We Are: Vision and Mission ». [Date de consultation : 6 nov. 2018]

Washington Office on Latin America (WOLA). S.d. « About Us ». [Date de consultation : 6 nov. 2018]

Autres sources consultées

Sources orales : Asociación Central de Venezolanos en Colombia; Asociación Civil Paz Activa; Asociación Migrantes de Venezuela; Centro de Investigación y Educación Popular; Centro de Justicia y Paz; CERAC; Fundación Ideas Para La Paz; Fundación Paz & Reconciliación; Human Rights Watch; INDEPAZ; journalistes couvrant les enjeux politiques en Colombie et au Venezuela; Latin America Working Group; Observatorio Hannah Arendt; Washington Office on Latin America.

Sites Internet, y compris : Colombia Reports; ecoi.net; International Crisis Group; La Opinión; Lechuguinos; National Public Radio; Portafolio; Nations Unies – Refworld.



​​​