Réponses aux demandes d'information

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6 octobre 2011

ALB103819.EF

Albanie : information sur la violence familiale, y compris les lois, la protection offerte par l’État et les services offerts aux victimes; l’accès des victimes à l’emploi et au logement (2008-août 2011)

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

Plusieurs sources signalent que la violence familiale en Albanie est [traduction] « répandue » (UE 3 juin 2010, 3; Orndorff févr. 2011, i; Nations Unies 14 mars 2011, paragr. 52; AI mars 2010, 2). Le Vatra Psycho-Social Centre, organisation non gouvernementale (ONG) de Vlorë qui vient en aide aux victimes de violence conjugale et de traite de personnes, explique qu'il y a de la violence familiale partout en Albanie et qu’elle touche [traduction] « toutes les couches de la société » (Vatra 2011, 14). Le Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes a exprimé des préoccupations à propos de [version française des Nations Unies] « la fréquence […] élevée » de la violence familiale en Albanie (Nations Unies 16 sept. 2010, paragr. 26).

L’Institut national de statistiques de l’Albanie (National Institute of Statistics of Albania - INSTAT) a mené une enquête nationale sur la violence familiale, qui a été financée par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) (Albanie mars 2009, 89). Dans son rapport, l’INSTAT explique que la violence familiale en Albanie est liée aux [traduction] « traditions patriarcales » comme « le système d’honneur et de honte » ainsi que « la structure hiérarchique et l'emprise intergénérationnelle au sein de la famille » (ibid., 92). L’INSTAT a mené son enquête de novembre à décembre 2007 dans les 12 districts du pays et a questionné 2 590 femmes âgées de 15 à 49 ans (ibid., 102-103). Parmi les répondantes,

  • 50,6 p. 100 avaient été victimes de violence émotive;
  • 39,1 p. 100 avaient été victimes de violence psychologique;
  • 31,2 p. 100 avaient été victimes de violence physique;
  • 12,7 p. 100 avaient été victimes de violence sexuelle (ibid., 107).

De plus, pour 82 à 88 p. 100 des femmes, la violence conjugale aurait commencé au cours des trois premières années du mariage ou de la cohabitation avec le compagnon (ibid., 137). Beaucoup de ces femmes vivaient cette violence depuis 10 à 30 ans (ibid.). Parmi celles qui ont signalé avoir eu des blessures physiques,

  • 48,3 p. 100 ont subi des coupures, des ecchymoses ou de la douleur;
  • 18,1 p. 100 ont subi des blessures aux yeux, des brûlures, des entorses ou des dislocations;
  • 5,4 p. 100 ont perdu connaissance;
  • 1 p. 100 ont eu des plaies profondes, des os brisés, des dents cassées ou des blessures graves (ibid.).

L’enquête a aussi permis à l’INSTAT de découvrir que les maris ou les compagnons qui consommaient de l’alcool étaient plus de deux fois plus susceptibles d'agresser physiquement ou sexuellement leur partenaire que ceux qui ne buvaient pas d’alcool (ibid., 125, 154).

D’après plusieurs sources, les victimes de violence familiale ne dénoncent par toujours ce qu’elles subissent (AI 2011; Orndorff fév. 2011, i; Albanie mars 2009, 129; É.-U. 8 avr. 2011, sect. 6). En fait, selon l’enquête de l’INSTAT, 20 p. 100 des 808 femmes qui ont vécu de la violence physique ont demandé de l’aide, et 27,3 p. 100 des 300 femmes qui ont été agressées sexuellement l’ont fait (Albanie mars 2009, 129). Parmi celles qui ont sollicité de l’aide, la majorité se sont confiées à des membres de leur famille (ibid.). Moins de 6 p. 100 ont demandé l’assistance d’un policier, d’un médecin, d’un avocat, d’un juge, d’un chef religieux ou d’un fournisseur de service social (ibid.).

Selon Useful to Albanian Women, organisation de Tirana qui vient en aide aux victimes de violence familiale, en 2010, 11 femmes ont été tuées en Albanie par suite de violence familiale (SETimes 12 mai 2011). D’après des données officielles fournies aux Nations Unies par le ministère de l’Emploi, des Affaires sociales et de l’Égalité des chances (Ministry of Labour, Social Affairs and Equal Opportunities), en 2008 et en 2009, 15 femmes ont été tuées, victimes de violence familiale (Nations Unies 14 mars 2011, paragr. 52). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une agente de projet du programme conjoint des Nations Unies sur l’égalité des sexes et la violence familiale (Joint Program on Gender Equality and Domestic Violence) a expliqué que plusieurs cas de violence familiale en Albanie n’étaient pas résolus (ibid. 31 août 2011). Elle a aussi affirmé qu’il existe des cas de victimes de violence familiale qui ont disparu et n’ont jamais été trouvées par la police (ibid.).

Le Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (16 sept. 2010, paragr. 26) et Amnesty International (AI) (mars 2010, 14) font état du problème que constitue le suicide chez les victimes de violence familiale en Albanie. Parmi les sources qu’elle a consultées, la Direction des recherches a trouvé peu de statistiques sur les cas de suicide chez les victimes de violence familiale en Albanie. Toutefois, AI signale que, d’après des ONG locales, en janvier 2008, 12 cas de tentative de suicide par des victimes de violence familiale ont été enregistrés dans le district d’Elbasan et, en novembre 2009, 5 suicides et 13 tentatives ont été enregistrés chez les victimes de violence familiale dans le district de Kukes (ibid.).

Lois et mise en application par le gouvernement

Selon des sources, la violence familiale n’est pas précisément considérée comme un acte criminel au regard du code pénal en Albanie (AI 2011; CLCI 6 sept. 2011), même si des accusations générales de voies de fait peuvent être portées contre un agresseur présumé (Advocates for Human Rights janv. 2009). Lorsqu’il y a [traduction] « blessure grave intentionnelle », le code pénal prévoit de 3 à 10 ans d'emprisonnement, alors que dans les cas de [traduction] « blessure légère intentionnelle », le code pénal prévoit une amende ou une peine d’emprisonnement maximale de 2 ans (ibid.). Selon AI, les auteurs de violence familiale ne sont poursuivis que lorsque la victime dépose une plainte, sauf si la violence entraîne des blessures graves ou la mort (2011).

La loi sur les mesures contre la violence dans les relations familiales (Law on Measures Against Violence in Family Relations) de l’Albanie a été adoptée en 2006 et comprend une déclaration visant son entrée en vigueur le 1er juin 2007 (Albanie 2006, art. 26). Elle a pour objet de [traduction] « prévenir et de réduire la violence familiale sous toutes ses formes à l’aide des mesures légales appropriées » et de « garantir la protection des membres de la famille qui sont victimes de violence familiale par l’entremise de mesures légales, en portant une attention particulière aux besoins des enfants, des personnes âgées et des personnes handicapées » (ibid., art. 1). La loi permet aux victimes de violence familiale d’obtenir des ordonnances de protection, prévoit des unités spéciales en matière de violence familiale dans les services de police et souligne les responsabilités précises des ministères de l’Intérieur, de la Santé et de la Justice, ainsi que des autorités locales (ibid., art. 7, 13). Des modifications y ont été apportées le 30 septembre 2010 (AI 2011; CLCI 6 sept. 2011). Elles portent sur la mise sur pied d’un refuge pour victimes de violence familiale et d’un système de coordination des mesures prises par les autorités auxquelles sont déférés les cas (ibid.; AI 2011).

Le ministère de l’Emploi, des Affaires sociales et de l’Égalité des chances est responsable de mettre en œuvre les lois et les programmes liés à la violence familiale et à l’égalité des sexes (Albanie s.d.). Le ministre dirige le Conseil national sur l’égalité des sexes (National Council on Gender Equality), organisme consultatif formé de neuf sous-ministres et de trois représentants de la société civile (ibid.). Le ministère est aussi responsable de la mise en place et du suivi de la Stratégie nationale sur l’égalité des sexes et la violence familiale (National Strategy on Gender Equality and Domestic Violence) (ibid.; AI mars 2010, 8).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une représentante du Center for Legal Civic Initiatives (CLCI) - organisation de Tirana qui offre gratuitement des services juridiques et du soutien psychosocial aux victimes de violence familiale et qui participe à l’élaboration des lois et des politiques du pays sur l’égalité des sexes (CLCI s.d.) - a affirmé que de nombreux services garantis par la loi ont été mis sur pied efficacement et ont permis aux victimes de violence familiale d'obtenir de la protection et un meilleur accès à la justice (ibid. 6 sept. 2011). Toutefois, la représentante du CLCI a souligné que le gouvernement doit encore mettre sur pied des services pour les victimes de violence familiale, y compris de l’assistance juridique gratuite pour les victimes, des services d’assistance téléphonique publics offerts localement 24 heures et des centres de réadaptation locaux gérés par le gouvernement pour les victimes et les agresseurs (ibid.). Elle a aussi dit qu’à son avis, aucun des services sociaux fournis par les gouvernements locaux ni aucun des services de soins de santé offerts par les centres de soins de santé ne sert [traduction] « efficacement » les victimes de violence familiale (ibid.).

L’Union européenne (UE) signale que, même si l’Albanie a fait des progrès en établissant un [traduction] « cadre juridique et institutionnel » dans le but de prévenir la violence familiale, les ressources allouées pour la mise en application des lois et des politiques sont [traduction] « insuffisantes » tant à l’échelle nationale que locale (UE 3 juin 2010, 3). L’UE ajoute que ce manque de ressources gêne l’efficacité de la mise en œuvre (ibid.). Dans un rapport parallèle conjoint sur la mise en œuvre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, trois ONG albanaises, soit le Centre de l’alliance des sexes pour le développement (Gender Alliance for Development Center - GADC), le réseau d’autonomisation des femmes en Albanie (Albanian Women Empowering Network - AWEN) et le réseau contre la violence fondée sur le sexe et la traite de personnes (Network Against Gender-based Violence and Trafficking), expliquent que l’application de la loi sur la violence familiale en est encore aux [traduction] « stades initiaux » à l’échelle locale (GADC et al. juin 2010, paragr. 130). Toutefois, elles soulignent que certaines municipalités ont lancé des projets pilotes en vue de créer un système d’aiguillage qui permettra d’aider les victimes de violence familiale (ibid.).

Des sources expliquent que de nombreuses femmes qui demandent initialement une mesure de protection ne vont pas jusqu’au bout du processus (AI 2011; Orndorff févr. 2011, 4; CLCI nov. 2010, 7). Le CLCI signale qu’entre juin 2009 et juin 2010, 406 demandes de mesure de protection et de mesure de protection immédiate ont été présentées en cour à Tirana (ibid.). Or, sur ces 406 demandes, 116 ont été retirées par la victime et 162 ont été fermées parce que la victime ne s’est pas présentée devant le tribunal (ibid.). En novembre 2010, le tribunal avait rendu une décision dans 128 des 406 cas; 97 demandes avaient été acceptées (ibid.). Fournissant des données semblables, AI signale qu’en 2010, le tribunal de district de Tirana a reçu 538 plaintes et a accordé 129 mesures de protection (2011). D’après AI, de nombreuses femmes ont retiré leur demande de protection du fait des pressions économiques et sociales et de l’absence d’aide juridique gratuite (2011).

Selon le rapport parallèle du GADC, d’AWEN et du réseau contre la violence fondée sur le sexe et la traite de personnes, la loi prévoit des mesures de protection pour tous les membres de la famille, peu importe leur âge ou leur sexe, y compris les anciens membres, comme les anciens époux et compagnons (GADC et al. juin 2010, paragr. 108). Toutefois, les ONG soulignent que les ordonnances de protection ne sont pas accordées dans le cas des autres relations intimes, comme entre un petit ami et une petite amie ou entre des fiancés (ibid., paragr. 109).

Selon des renseignements figurant dans la Base de données du Secrétaire général de l’ONU sur la violence contre les femmes, le gouvernement de l’Albanie a mené des campagnes de sensibilisation à l’échelle nationale de manière à conscientiser la population à la violence familiale en 2007 et en 2008 et a donné de la formation sur la violence faite aux femmes à des enseignants en 2008 et à des policiers en 2006 et en 2008 (Nations Unies s.d.).

Intervention de la police

Des sources signalent que la police a mis sur pied des unités spécialisées dans le traitement des cas de violence familiale dans les plus grandes villes de l’Albanie (AI mars 2010, 3; Nations Unies 14 mars 2011, paragr. 55). Selon une universitaire, des exigences spéciales en matière de dénonciation dans les cas de violence familiale sont en place dans les postes de police et les policiers ont reçu au moins une séance de formation sur la violence familiale entre 2007 et 2010 (Orndorff févr. 2011, 3). Toutefois, des sources signalent aussi que la police manque de financement (membre du corps professoral 24 août 2011) et de ressources pour s’attaquer à la violence familiale (UE 3 juin 2010, 4; É.-U. 8 avr. 2011, sect. 6; AI mars 2010, 7; Nations Unies 14 mars 2010, paragr. 58).

L’UE et AI ont aussi souligné que les policiers nécessitaient davantage de formation et de ressources afin de garantir l’application des ordonnances de protection, en particulier dans les milieux ruraux (UE 3 juin 2010, 4; AI mars 2010, 7). Bien que la police présente souvent des demandes d'ordonnance de protection, elle ne dépose pas toujours des accusations criminelles lorsqu’il s’agit de l’intervention la plus appropriée (ibid.; UE 3 juin 2010, 4). AI souligne qu’en 2008, le tribunal de district de Tirana a entamé 228 requêtes afin d'obtenir des ordonnances de protection, mais que seulement 32 des cas comprenaient des accusations criminelles à l’endroit de l’agresseur (AI mars 2010, 15). D’après AI, la police albanaise n'intente généralement pas de poursuites au criminel contre des agresseurs qui violent une ordonnances de protection, même s’il s’agit d’un acte criminel passible d’une amende ou d’une peine d’emprisonnement maximale de deux ans (ibid., 4, 7).

Corps judiciaire

Les statistiques des tribunaux ne démontrent pas combien de cas liés à de la violence familiale font l’objet de poursuites ni combien entraînent des déclarations de culpabilité (AI mars 2010, 14).

L’UE souligne que le corps judiciaire a besoin de [traduction] « formation systématique et de renforcement de capacités » par rapport à la gestion des cas de violence familiale (UE 3 juin 2010, 4). AI signale que, même si les lois le permettent, certains juges [traduction] « hésitent » à expulser l’agresseur de chez lui (AI mars 2010, 7). En raison de la pénurie de logements et des faibles revenus en Albanie, d’autres juges ordonnent à l’agresseur de vivre dans une partie de la maison et à la victime, dans l’autre (ibid.).

Plusieurs sources signalent que les victimes de violence familiale n’ont pas accès à de l’aide juridique financée par le gouvernement (GADC et al., paragr. 124; Vatra 2011, 13; CLCI 6 sept. 2011), bien que l’offre d’aide juridique gratuite soit prévue par la loi (ibid.; Vatra 2011, 13).

Services de soutien

Selon des sources, le gouvernement de l’Albanie offre un refuge pour victimes de violence familiale (CLCI 6 sept. 2011; Vatra 24 août 2011; Nations Unies 31 août 2011). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une agente de projet du programme conjoint des Nations Unies sur l’égalité des sexes et la violence familiale a expliqué que le refuge, qui a ouvert ses portes à Tirana en avril 2011, peut recevoir environ 30 à 35 femmes et enfants (âgés de 14 ans ou moins) (ibid.). La directrice générale du Vatra Psycho-Social Centre a dit que le refuge national peut accueillir jusqu’à 40 personnes par jour et qu’il n’y avait aucune période maximale de séjour (Vatra 24 août 2011).

Des sources signalent que certaines ONG offrent aussi des refuges pour victimes de violence familiale (ibid.; Nations Unies 31 août 2011; É.-U. 8 avr. 2011, sect. 6). Selon trois sources, il existe des refuges exploités par des ONG à Tirana, à Elbasan et à Vlora (ibid.; Nations Unies 31 août 2011; Vatra 24 août 2011). Même si la directrice générale du Vatra soutient qu’il s’agit des trois seuls refuges pour victimes de violence familiale dirigés par des ONG en Albanie (Vatra 24 août 2011; ibid. 2011, 12), l’agente de projet des Nations Unies signale qu’il en existe aussi à Shkodra et à Pogradec (Nations Unies 31 août 2011). On peut également lire dans les Country Reports 2010 qu’en plus de ceux de Tirana, d'Elbasan et de Vlora, on compte également un refuge à Gjirokaster (É.-U. 8 avr. 2011, sect. 6).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, la directrice générale du Vatra a expliqué que son organisation possède un refuge qui peut accueillir jusqu’à 20 personnes et fournit d’autres services aux victimes de violence familiale à Vlora (Vatra 24 août 2011). Elle a aussi mentionné qu'un refuge à Tirana, soit le Centre pour les femmes et les filles (Centre for Women and Girls), peut héberger jusqu’à 14 personnes (ibid.). Elle a ajouté que, qu’elle ait une ordonnance de protection ou non, toute victime de violence familiale peut obtenir des services et être hébergée à au refuge appartenant au Vatra ou à celui de Tirana (ibid.). Elle a aussi souligné que le refuge « Hena e Re » à Elbasan peut héberger 14 personnes, mais que les femmes qui cherchent à s’y réfugier doivent détenir une ordonnance de protection contre l’agresseur (ibid.). L’agente de projet des Nations Unies a mentionné que les refuges offerts par les ONG peuvent recevoir de 10 à 12 femmes et enfants (Nations Unies 31 août 2011).

Plusieurs sources signalent que le nombre de refuges en Albanie est insuffisant (AI mars 2010, 11; Nations Unies 14 mars 2011, paragr. 57; Vatra 2011, 12; UE 3 juin 2010, 4; Albanie mars 2009, 93). Lors d’un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, une femme membre du corps professoral de l’École de santé publique et de services de santé (School of Public Health and Health Services) de l’Université George Washington, qui s’est rendue en Albanie et a réalisé des travaux sur la violence familiale, a expliqué que certaines organisations aident les victimes qui sont en situation d’urgence à trouver un endroit sûr où rester par réseautage non officiel (membre du corps professoral 24 août 2011). De même, AI signale qu’à Durrës, certains employés d’ONG, avocats ou policiers offrent un logement temporaire aux victimes dans leur propre maison, à défaut d’autres solutions (AI mars 2010, 11).

Des sources signalent que les ONG qui fournissent des services aux victimes de violence familiale comptent sur le financement de donateurs (GADC et al. juin 2010, paragr. 131; Nations Unies 14 mars 2011, paragr. 55, 57). La femme membre du corps professoral de l’Université George Washington a expliqué que ces ONG disposent d’un [traduction] « financement restreint et précaire » et que, lorsqu’une femme sollicite une ordonnance de protection, leur capacité à lui prêter assistance est limitée (24 août 2011). On trouve un exemple dans le rapport d’AI, selon lequel entre juillet 2009 et janvier 2010, du fait d’un manque à gagner, le refuge exploité par une ONG à Tirana n’a pu héberger que quelques victimes qui se trouvaient en situation d’urgence (AI mars 2010, 10-11). Les ONG albanaises expliquent qu’au titre de la loi, le gouvernement devrait offrir du financement aux ONG qui fournissent du soutien juridique et psychosocial aux victimes de violence familiale; toutefois, en juin 2010, ce financement était toujours inexistant (GADC et al. juin 2010, paragr. 131).

Accès des victimes à un logement et à un emploi à long terme

La femme membre du corps professoral de l’Université George Washington a affirmé que, comme l' Albanie est encore dans une phase visant d'abord à assurer la subsistance et que le taux de chômage est élevé, obtenir un logement et un emploi à long terme est [traduction] « presque impossible » pour les victimes de violence familiale, et que les perspectives d’emploi, même pour les femmes instruites, sont [traduction] « lamentables » (membre du corps professoral 24 août 2011). Elle a souligné ceci :

[traduction]

La plupart des emplois offerts sont à Tirana, surtout dans les boutiques, les marchés ou même les agences de voyage. Les emplois les mieux rémunérés, quoique plus difficiles à trouver, sont souvent réservés aux jeunes femmes célibataires, dans les cafés ou les entreprises de télécommunications. Les perspectives d’emploi pour les femmes mariées ou divorcées plus âgées qui ont des enfants sont extrêmement restreintes (ibid.).

Selon le rapport annuel du Vatra, la majorité des clientes qui avaient besoin de services en raison de la violence familiale n’avaient jamais travaillé et dépendaient financièrement de leur époux ou compagnon; nombreuses étaient celles qui restaient dans leur relation de violence par crainte de ne pas pouvoir subvenir aux besoins de leurs enfants (Vatra 2011, 21).

De même, AI souligne que les Albanaises manquent d’indépendance financière et que celles qui sortent d’une relation de violence éprouvent des difficultés à trouver un logement et de l’emploi, ainsi qu’à conserver la garde de leurs enfants (AI mars 2010, 12). Le gouvernement ne donne pas la préférence aux victimes de violence familiale dans l'accès aux logements sociaux ou aux services de soins de santé (ibid.). AI mentionne que,

[traduction]

jusqu’à ce que le gouvernement s'attaque à la discrimination institutionnelle et sociale systémique à l’égard des femmes, y compris l’accès à l’emploi, au logement et aux soins de santé, un grand nombre de femmes et d’enfants seront incapables d’échapper à la violence familiale (ibid.).

Le Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes s’est dit préoccupé, malgré la promulgation de lois relatives à l’égalité des chances en matière d’emploi pour les femmes, par le fait que le taux de chômage des femmes reste [version française des Nations Unies] « nettement plus élevé » que celui des hommes, qu’il y a un « écart très marqué entre les rémunérations des femmes et des hommes » et que les programmes de soutien pour les femmes qui doivent concilier les obligations familiales et le travail sont insatisfaisants (Nations Unies 16 sept. 2010, paragr. 32). Le Comité a aussi souligné qu’alors que 70 p. 100 des femmes qui vivent en milieu rural travaillent dans l’agriculture, 6 p. 100 seulement des exploitations agricoles appartiennent à des femmes ou sont gérées par des femmes (ibid., paragr. 36). Le Comité a ajouté qu’uniquement 8 p. 100 des femmes sont propriétaires (ibid.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

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Membre du corps professoral, Department of Health Policy, School of Public Health and Health Services, George Washington University. 24 août 2011. Entretien téléphonique avec la Direction des recherches.

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Southeast European Times (SETimes). 12 mai 2011. Linda Karadaku. « Group Aids Domestic Violence Victims in Albania ». <http://www.setimes.com/cocoon/setimes/xhtml/en_GB/features/setimes/features/2011/ 05/12/feature-03> [Date de consultation : 16 août 2011]

Union européenne (UE). 3 juin 2010. Delegation of the EU to Albania. Local Strategy for the Implementation of the EU Guidelines on Violence Against Women and Girls and Combating All Forms of Discrimination Against Them. Republic of Albania. <http://eeas.europa.eu/delegations/albania/documents/eu_albania/local_strategy _women_en.pdf> [Date de consultation : 1er sept. 2011]

Vatra Psycho-Social Centre. 24 août 2011. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par la directrice générale.

_____. 2011. Annual Report 2010. Fourni par la directrice générale dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches le 24 août 2011.

Autres sources consultées

Sources orales : Les tentatives faites pour joindre un représentant du Ministry of Labour, Social Affairs and Equal Opportunity de l’Albanie et un représentant de Useful to Albanian Women dans les délais voulus ont été infructueuses.

Sites Internet, y compris : Balkan Insight; European Country of Origin Information Network; Factiva; Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme; Freedom House; Human Rights Watch; International Crisis Group; Nations Unies - Refworld, ReliefWeb; Open Society Foundation; Organisation mondiale contre la torture; Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe; Radio Free Europe/Radio Liberty; Reflexione; Transitions Online; Useful to Albanian Women.



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