Réponses aux demandes d'information

​​​Les réponses aux demandes d’information (RDI) sont des rapports de recherches sur les conditions dans les pays. Ils font suite à des demandes des décideurs de la CISR.

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Les réponses aux demandes d'information (RDI) citent des renseignements qui sont accessibles au public au moment de leur publication et dans les délais fixés pour leur préparation. Une liste de références et d'autres sources consultées figure dans chaque RDI. Les sources citées sont considérées comme les renseignements les plus récents accessibles à la date de publication de la RDI.    

Les RDI n'apportent pas, ni ne prétendent apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile donnée. Elles visent plutôt à appuyer le processus d'octroi de l'asile. Pour obtenir plus de renseignements sur la méthodologie utilisée par la Direction des recherches, cliquez ici.   

C'est aux commissaires indépendants de la CISR (les décideurs) qu'il incombe d'évaluer les renseignements contenus dans les RDI et de décider du poids qui doit leur être accordé après avoir examiné les éléments de preuve et les arguments présentés par les parties.    

Les renseignements présentés dans les RDI reflètent uniquement les points de vue et les perspectives des sources citées et ne reflètent pas nécessairement la position de la CISR ou du gouvernement du Canada.    

10 décembre 2021

ETH200763.EF

Éthiopie : information sur la capacité du gouvernement de l'Éthiopie de surveiller et de censurer les dissidents éthiopiens vivant au Canada, y compris le type de surveillance, sa portée et la technologie utilisée; le traitement réservé aux dissidents de retour du Canada, y compris si des profils particuliers présentent des risques plus importants au retour (2019-décembre 2021)

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada

1. Aperçu

Selon le rapport de Freedom House intitulé Freedom in the World 2020, le premier ministre Abiy Ahmed, qui a prêté serment pour un nouveau mandat de 5 ans le 4 octobre 2021 (Al Jazeera 4 oct. 2021; Reuters 4 oct. 2021), s'est engagé à [traduction] « réformer l'État autoritaire de l'Éthiopie » qui a été gouverné entre 1991 et 2018 par le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (Ethiopian People's Revolutionary Democratic Front, EPRDF) (Freedom House 4 mars 2020, overview). La même source explique que le gouvernement est en train de modifier les lois [traduction] « répressives » du pays, en ce qui concerne les élections, le terrorisme et les médias, entre autres (Freedom House 4 mars 2020, overview). Human Rights Watch (HRW) souligne qu'après les manifestations de 2015-2018, l'Éthiopie [traduction] « se défait de sa réputation » de pays qui espionne ses citoyens (HRW 22 févr. 2019). Le rapport de Freedom House intitulé Freedom on the Net 2021, précise toutefois que la coalition au pouvoir dirigée par Abiy est [traduction] « en partie revenue à des tactiques autoritaires » (Freedom House 21 sept. 2021, overview). Un rapport du Service danois de l'immigration (Danish Immigration Service – DIS), qui cite Landinfo, le centre norvégien d'information sur les pays d'origine, remarque de même que les réformes positives qui ont commencé avec la transition de 2018 [traduction] « ne se sont pas poursuivies, et les autorités sont revenues à des méthodes répressives pour maintenir l'ordre public » et « museler l'opposition politique » (Danemark mars 2021, 7).

2. Capacité du gouvernement de l'Éthiopie de surveiller et de censurer les dissidents éthiopiens
2.1 Surveillance des dissidents à l'étranger

Le rapport Freedom on the Net 2021 souligne que les dissidents exilés sont [traduction] « fréquemment » pris pour cible par des logiciels malveillants ou des logiciels espions permettant la surveillance (Freedom House 21 sept. 2021, sect. C5). Par contre, un rapport sur l'Éthiopie du ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas [1] cite des sources confidentielles qui auraient affirmé que [traduction] « le pouvoir » du Service national de renseignement et de sécurité (National Intelligence and Security Service – NISS) « a diminué depuis le départ des Tigréens de haut rang, ce qui signifie également que la capacité à surveiller les opposants politiques à l'étranger est moindre » et que « la surveillance des voix dissidentes à l'étranger a été reléguée à l'arrière-plan » en raison des « problèmes internes de l'Éthiopie » (Pays-Bas févr. 2021, 73). Le même rapport cite d'autres sources confidentielles qui auraient dit que [traduction] « plus une personne a une grande visibilité, plus il y a de chances qu'elle soit surveillée. Si une personne peut mobiliser des gens et représenter une menace pour le gouvernement depuis l'étranger, cette personne peut être certaine qu'elle attire l'attention du gouvernement » (Pays-Bas févr. 2021, 73).

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement indiquant si les dissidents éthiopiens vivant au Canada sont surveillés par le gouvernement d'Éthiopie.

2.2 Surveillance électronique

Selon Freedom on the Net 2021, la surveillance des communications téléphoniques mobiles et en ligne par le gouvernement éthiopien a été [traduction] « omniprésente » en Éthiopie, et depuis l'élection du premier ministre Abiy en 2018, il n'y a eu aucune réforme des lois applicables (Freedom House 21 sept. 2021, sect. C5). La même source ajoute que des militants ont signalé que leurs téléphones étaient sous surveillance [traduction] « au cours des années précédentes » (Freedom House 21 sept. 2021, sect. C5).

Dans un article publié le 15 décembre 2020 dans Der Spiegel, une revue d'actualités allemande, un journaliste décrit l'incident suivant lors d'un voyage pour interviewer un membre de l'opposition en Éthiopie :

[traduction]

[U]n message texte apparaît sur mon téléphone. Encore une fois, c'est le chef de [l'Agence de radiodiffusion éthiopienne (Ethiopian Broadcasting Agency – EBA)]. Il écrit : « Venez à Addis-Abeba aujourd'hui. Immédiatement! Présentez-vous à notre bureau. Point! »

Il n'y a qu'une conclusion à tirer : l'EBA sait apparemment qui nous rencontrons en ce moment même (Der Spiegel 15 déc. 2020).

Selon des sources, Ethio Telecom, propriété de l'État, a le monopole des services de téléphonie mobiles (Reuters 11 mai 2021) ou des infrastructures de communication en Éthiopie (Freedom House 21 sept. 2021, sect. A3-A4). Des sources médiatiques signalent qu'en [juin (Reuters 14 juin 2021) ou septembre (The EastAfrican 15 sept. 2021)] 2021, le gouvernement a lancé un processus pour vendre 40 p. 100 de sa participation dans Ethio Telecom (Reuters 14 juin 2021; The EastAfrican 15 sept. 2021) et [traduction] « est également en train d'accorder des licences à des exploitants privés pour concurrencer Ethio Telecom » (Reuters 14 juin 2021). Les mêmes sources ajoutent qu'en mai 2021, les autorités éthiopiennes ont accordé une licence d'exploitation à un consortium privé dirigé par Sararicom, une société de télécommunications kenyane (Reuters 14 juin 2021; The EastAfrican 15 sept. 2021).

Selon Freedom on the Net 2021, les autorités éthiopiennes ont la capacité de suivre et d'identifier les communications des Éthiopiens par le biais des fournisseurs de services Internet et téléphoniques, et le rapport explique ceci :

[traduction]

La communication anonyme est compromise par des exigences strictes en matière d'enregistrement des cartes SIM. Lors de l'achat d'une carte SIM auprès d'Ethio Telecom ou d'un revendeur autorisé, l'acheteur doit fournir son nom complet, son adresse, son numéro d'identification émis par le gouvernement et une photographie de format passeport. La base de données d'Ethio Telecom sur les détenteurs de cartes SIM permet au gouvernement d'annuler une carte SIM et d'empêcher son détenteur de s'inscrire pour en obtenir une nouvelle. Les abonnés à Internet sont également tenus d'enregistrer leurs renseignements personnels, y compris leur adresse personnelle, auprès du gouvernement (Freedom House 21 sept. 2021, sect. C4-C5).

Un article publié sur CyberScoop [2] à propos d'une conférence virtuelle donnée en octobre 2021 par Cooper Quintin, chercheur et programmeur en sécurité à la Fondation frontière électronique (Electronic Frontier Foundation – EFF) [3], déclare que les chercheurs de l'EFF ont découvert des logiciels malveillants parrainés par des États et provenant de [traduction] « "nombreux" » pays, y compris l'Éthiopie, et que « [l]es pays eux-mêmes n'ont pas nécessairement développé de capacités de piratage, mais ils semblent sous-traiter les cyberopérations ou l'achat des outils de piratage commerciaux à de tierces parties pour tenter de masquer la participation du gouvernement » (CyberScoop 23 oct. 2020).

Des sources signalent que les infrastructures de télécommunications [et de surveillance (Freedom House 21 sept. 2021, sect. C5)] de l'Éthiopie ont bénéficié d'investissements d'entreprises chinoises (Freedom House 21 sept. 2021, sect. C5; Gagliardone et Brhane 26 févr. 2021, 199), soutenues par le gouvernement de la Chine, donnant lieu à des [traduction] « soupçons » selon lesquels le gouvernement éthiopien a adopté des pratiques de surveillance « hautement intrusives » inspirées du système en place en Chine (Freedom House 21 sept. 2021, sect. C5).

Selon un chapitre d'un rapport de 2021 sur les droits numériques dans dix pays africains, publié par l'Institut des études sur le développement (Institute of Development Studies) de l'Université du Sussex au Royaume-Uni et rédigé par Iginio Gagliardone, professeur agrégé en médias et en communications à l'Université du Witwatersrand en Afrique du Sud et Atnafu Brhane, militant des droits numériques établi en Éthiopie, le gouvernement éthiopien [traduction] « a été en mesure de combiner les compétences et les outils acquis de différents partenaires (par exemple, la formation en surveillance du gouvernement américain, les logiciels vendus par des entreprises européennes, israéliennes et chinoises) pour développer un appareil de surveillance complexe » (Gagliardone et Brhane 26 févr. 2021, 204). De même, un article de 2019 rédigé par Bulelani Jili, doctorant au Département d'études africaines et afro-américaines de l'Université Harvard (Harvard University s.d.), et publié sur Africa Is a Country, un site Internet [traduction] « d'opinions, d'analyses et d'écrits nouveaux » qui entretient divers partenariats, y compris avec la New School à New York et les Open Society Foundations (Africa Is a Country s.d.), fournit l'information suivante :

[traduction]

L'appareil de surveillance hybride de l'Éthiopie révèle la capacité de l'État à faire une mosaïque avec des technologies de sources diverses. Le gouvernement a fait l'acquisition d'outils de surveillance par le biais de logiciels espions disponibles dans le commerce. Nommément, FinFishers de Gamma International, établi au Royaume-Uni et en Allemagne, Cyberbit, une société de cybersécurité située en Israël, et le Remote-Control System de Hacking Team, basé en Italie. Ces dispositifs étendent les capacités de surveillance de l'Éthiopie et permettent effectivement l'accès aux fichiers des ordinateurs portables ciblés. Ils enregistrent également les frappes et les mots de passe pour activer les caméras Web et les microphones pour les transformer en gadgets d'espionnage. Ces outils fonctionnent avec des systèmes de technologie de l'information et des communications (TIC) financés par la Chine (Jili 2 juill. 2019).

Freedom House souligne que le gouvernement éthiopien a adopté en 2016 la proclamation no 958/2016 sur la criminalité informatique (Computer Crime Proclamation [No.958/2016]), qui a [traduction] « renforcé les pouvoirs de surveillance du gouvernement » et « [permet], lorsqu'elles sont autorisées, la surveillance ou l'interception en temps réel des communications » (Freedom House 21 sept. 2021, sect. C5). Le paragraphe 25(3) de la proclamation no 958/2016 sur la criminalité informatique prévoit ceci :

[traduction]

Nonobstant les dispositions des paragraphes (1) et (2) du présent article, le procureur général peut autoriser l'organe d'enquête à procéder à l'interception ou à la surveillance sans mandat judiciaire lorsqu'il existe des motifs raisonnables et des cas urgents pour croire qu'un crime informatique qui peut endommager des infrastructures critiques est ou sera commis (Éthiopie 2016, paragr. 25(3)).

Le paragraphe 24(1) de la même loi prévoit ce qui suit concernant les fournisseurs de services :

[traduction]

Sous réserve de toute disposition stipulée dans d'autres lois, tout fournisseur de services doit conserver pendant un an les données de trafic informatique diffusées par ses systèmes informatiques ou les données de trafic relatives au traitement des données ou aux services de communications (Éthiopie 2016, paragr. 24(1)).

2.3 Censure

Des sources signalent qu'en 2018, le gouvernement éthiopien a levé les interdictions visant des [ou 264 (RSF 25 juin 2018)] sites Internet (Freedom House 3 mars 2021, sect. D1; RSF 25 juin 2018). Selon le rapport Freedom in the World 2020, les changements positifs qui ont commencé en 2018 ont contribué à une [traduction] « atmosphère plus ouverte pour la liberté d'expression chez les gens ordinaires » (Freedom House 4 mars 2020, sect. D4). Cependant, le rapport Freedom on the Net 2021 explique que le conflit entre le gouvernement éthiopien et le Front de libération du peuple tigréen (Tigrayan People's Liberation Front – TPLF) a donné lieu à une [traduction] « restriction abrupte des droits de la personne en ligne » (Freedom House 21 sept. 2021, overview). La même source ajoute que

[traduction]

l'environnement en ligne a été marqué par une augmentation de la manipulation, de la désinformation, des discours haineux et du harcèlement ciblé. Le gouvernement du premier ministre Abiy Ahmed a continué de restreindre la liberté d'expression et la liberté de presse, y compris par l'arrestation de journalistes en ligne (Freedom House 21 sept. 2021, overview).

Le rapport Freedom on the Net 2021 souligne également ce qui suit :

[traduction]

Malgré les faibles niveaux d'accès à Internet en Éthiopie, l'ancien gouvernement était connu pour employer une armée de trolls en ligne pour déformer le paysage de l'information. Des groupes d'opposition, des journalistes et des dissidents ont utilisé le terme d'amharique familier méprisant « kokas » pour parler des commentateurs progouvernementaux. Les observateurs affirment que les kokas ont régulièrement discuté de la croissance économique de l'Éthiopie en termes favorables et ont publié des commentaires négatifs sur Facebook et Twitter au sujet de journalistes éthiopiens et de groupes d'opposition. En retour, il était connu qu'ils recevaient des avantages comme de l'argent, des terres et des promotions à leur travail. Il est incertain que le gouvernement actuel utilise les mêmes tactiques de manipulation en ligne, mais les partisans de l'ancien gouvernement ont accusé le nouveau gouvernement de le faire. Ils appellent avec mépris « tekas » les partisans du nouveau gouvernement (Freedom House 21 sept. 2021, sect. B5).

Selon la même source, les lois éthiopiennes, y compris la constitution de 1995, [traduction] « garantissent formellement les libertés fondamentales aux utilisateurs éthiopiens d'Internet », mais ces droits ont été « régulièrement bafoués dans la pratique » (Freedom House 21 sept. 2021, sect. C1).

Voici certains incidents de censure :

  • Une fermeture a été imposée à WhatsApp et à Telegram après une [traduction] « tentative de complot pour renverser le gouvernement régional de l'État d'Amhara » (NetBlocks 27 juin 2019).
  • En août 2019, le site d'information panafricain African Arguments, qui publiait des reportages d'enquête, a été bloqué (OONI 14 août 2019).
  • En janvier 2020, il y a eu des signalements de fermetures [traduction] « [l]ocalisées » de réseaux [de télécommunications] et de médias sociaux en Oromia, qui ont été imposées pour nuire à une faction de l'opposition qui aurait combattu les autorités gouvernementales (Freedom House 14 oct. 2020, sect. B8).
  • En novembre 2020, le gouvernement éthiopien a ordonné une [traduction] « interruption des communications » dans la région du Tigré; en juillet 2021, la connectivité « était encore perturbée », bloquant l'accès à l'information, aux communications et à l'aide humanitaire (Freedom House 21 sept. 2021, key developments).

En février 2020, le gouvernement éthiopien a adopté la proclamation no 1185 /2020 sur la prévention et la répression des discours haineux et de la désinformation (Hate Speech and Disinformation Prevention and Suppression Proclamation [No.1185 /2020]) (Freedom House 21 sept. 2021, sect. B2). Les paragraphes 4 et 5 de la nouvelle loi prévoient ceci :

[traduction]

4. Interdiction des discours haineux

Il est interdit de propager un discours haineux par le biais de la radiodiffusion, de médias imprimés ou de médias sociaux à l'aide de textes, d'images ou de segments audio ou vidéo.

5. Interdiction de propager de la désinformation

Il est interdit de propager toute désinformation sur les réunions publiques par le biais de la radiodiffusion, de médias imprimés ou de médias sociaux à l'aide de textes, d'images ou de segments audio ou vidéo (Éthiopie 2020).

Les paragraphes 8(1) et 8(2) de la loi prévoient ce qui suit en ce qui concerne les fournisseurs de services de médias sociaux :

[traduction]

  1. Toute entreprise qui fournit des services de médias sociaux doit s'efforcer d'empêcher la diffusion de la désinformation et des discours haineux par le biais de sa plate-forme et elle doit s'efforcer de supprimer ceux-ci.
  2. Les fournisseurs de services de médias sociaux doivent supprimer ou retirer de la circulation la désinformation ou le discours haineux dans un délai de 24 heures après la réception d'avis concernant une telle communication ou un tel message (Éthiopie 2020).

Selon Freedom House, [traduction] « [e]nfreindre la loi peut entraîner des amendes pouvant aller jusqu'à 100 000 birrs (2 700 dollars [américains]) ou jusqu'à cinq ans d'emprisonnement, avec les peines les plus sévères pour les personnes ayant plus de 5 000 abonnés » (Freedom House 21 sept. 2021, sect. C2). La même source rapporte que la loi a été perçue en Éthiopie comme profondément restrictive par les militants et les acteurs de la société civile ainsi que par le rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d'opinion et d'expression (Freedom House 21 sept. 2021, sect. C2).

3. Traitement réservé aux dissidents qui retournent en Éthiopie

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d'information sur le traitement réservé aux dissidents qui retournent en Éthiopie.

Un rapport de 2020 sur l'Éthiopie produit par le ministère des Affaires étrangères et du Commerce (Department of Foreign Affairs and Trade – DFAT) de l'Australie signale que le premier ministre Abiy a [traduction] « encouragé » les dissidents à revenir et « [b]eaucoup » sont revenus, y compris les « membres de mouvements d'opposition auparavant désignés comme des organisations terroristes » (Australie 12 août 2020, paragr. 5.33). Le rapport néerlandais souligne ceci :

[traduction]

Plusieurs sources confidentielles affirment qu'elles n'ont pas d'exemples de personnes qui ont participé à une manifestation en dehors de l'Éthiopie et qui ont eu des problèmes à leur retour en Éthiopie […] Un employé d'une ONG dit qu'à son avis, le rôle qu'une personne joue dans l'opposition importe davantage. Si cette personne joue un rôle de premier plan et se tient à l'avant d'une manifestation à l'étranger criant des slogans antigouvernementaux, elle pourrait avoir des problèmes lorsqu'elle visite l'Éthiopie. Cependant, aucun cas concret ne lui est connu.

Trois sources, toutes d'origine oromo, disent qu'elles n'osent plus retourner en Éthiopie en raison de leurs activités d'opposition à l'étranger. Une source a dit qu'il n'était pas membre de l'OLF [Front de libération oromo (Oromo Liberation Front)] et qu'il ne participait qu'à des activités d'opposition marginales, comme assister à des manifestations devant des ambassades. Cependant, il ne croit pas qu'il est en sécurité en Éthiopie. Au cours de la deuxième moitié de 2019, il était en Éthiopie pour une visite familiale. Il a déclaré qu'il ne le fera plus pour le moment.

Une de ces sources a déclaré que des forces de sécurité se sont présentées plusieurs fois à la porte de son père en Éthiopie pour l'arrêter. Le père, qui, selon la source, n'est pas un fervent adversaire du gouvernement actuel, a réussi à se soustraire à l'arrestation. Il pensait que ses activités pour la communauté oromo à l'étranger ont attiré des ennuis à son père en Éthiopie, mais il ne pouvait pas le dire avec certitude.

[…]

Après les émeutes qui ont suivi le meurtre de Hachalu [un chanteur populaire], les autorités éthiopiennes ont accusé par contumace quatre personnes d'incitation à la violence ethnique et religieuse, entre autres choses. L'un des accusés, qui vit aux États-Unis, aurait tenu les Amharas responsables de la mort du chanteur sur OMN [Oromo Media Network] et aurait appelé les Oromos à faire tout ce qui était en leur pouvoir pour renverser le système dominant « neftenga » – ou amhara (Pays-Bas févr. 2021, 6, 8, 75-76).

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement sur le traitement réservé aux dissidents qui retournent en Éthiopie depuis le Canada.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Notes

[1] Le rapport du ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas sur l'Éthiopie porte sur la période allant de juillet 2018 à janvier 2021 et s'appuie sur des entretiens en ligne avec des [traduction] « sources pertinentes et expertes » et de renseignements confidentiels provenant de missions diplomatiques néerlandaises (Pays-Bas févr. 2021, 6).

[2] CyberScoop est un média établi aux États-Unis qui met l'accent sur les actualités en matière de technologie et de sécurité (CyberScoop s.d.).

[3] La Fondation frontière électronique (Electronic Frontier Foundation – EFF) est une organisation américaine sans but lucratif qui [traduction] « défend les libertés civiles dans le monde numérique » (EFF s.d.).

Références

Africa Is a Country. S.d. « About ». [Date de consultation : 5 oct. 2021]

Al Jazeera. 4 octobre 2021. « Ethiopia's Abiy Ahmed Sworn in as PM for Second Five-Year Term ». [Date de consultation : 5 oct. 2021]

Australie. 12 août 2020. Department of Foreign Affairs and Trade (DFAT). DFAT Country Information Report : Ethiopia. [Date de consultation : 13 déc. 2021]

CyberScoop. 23 octobre 2020. Shannon Vavra. « Global Cyber Community Can Do more to Stop State-Sponsored Malware, EFF Researcher Says ». [Date de consultation : 5 oct. 2021]

CyberScoop. S.d. « Our Brands ». [Date de consultation : 9 déc. 2021]

Danemark. Mars 2021. Danish Immigration Service (DIS). Ethiopia: Political Opposition Parties – Recent Developments. [Date de consultation : 8 déc. 2021]

Der Spiegel. 15 décembre 2020. Fritz Schaap. « Ethiopia Sinks Deeper into Ethnic Conflict ». [Date de consultation : 5 oct. 2021]

The EastAfrican. 15 septembre 2021. Tesfa-Alem Tekle. « Ethiopia Invites Bids for 40 pc Stake in Giant Ethio Telecom ». [Date de consultation : 6 oct. 2021]

Electronic Frontier Foundation (EFF). S.d. « About EFF ». [Date de consultation : 6 oct. 2021]

Éthiopie. 2020. Hate Speech and Disinformation Prevention and Suppression Proclamation No.1185 /2020. [Date de consultation : 7 oct. 2021]

Éthiopie. 2016. Computer Crime Proclamation No.958/2016. [Date de consultation : 5 oct. 2021]

Freedom House. 21 septembre 2021. « Ethiopia ». Freedom on the Net 2021. [Date de consultation : 8 oct. 2021]

Freedom House. 3 mars 2021. « Ethiopia ». Freedom in the World 2021. [Date de consultation : 9 déc. 2021]

Freedom House. 14 octobre 2020. « Ethiopia ». Freedom on the Net 2020. [Date de consultation : 5 oct. 2021]

Freedom House. 4 mars 2020. « Ethiopia ». Freedom in the World 2020. [Date de consultation : 9 déc. 2021]

Gagliardone, Iginio et Atnafu Brhane. 26 février 2021. « Ethiopia Digital Rights Landscape Report ». Digital Rights in Closing Civic Space: Lessons from Ten African Countries. Sous la direction de Tony Roberts. Brighton: Institute of Development Studies. [Date de consultation : 5 oct. 2021]

Harvard University. S.d. « Bulelani Jili: Biography ». [Date de consultation : 7 oct. 2021]

Human Rights Watch (HRW). 22 février 2019. Amy Braunschweiger et Felix Horne. « Interview: Ethiopia Lets in Human Rights Watch for First Time in 8 Years: Genuine Progress on Rights, Yet Ethnic Tensions Loom in Rural Regions ». [Date de consultation : 5 oct. 2021]

Jili, Bulelani. 2 juillet 2019. « Tuning Surveillance Software with African Faces ». Africa Is a Country. [Date de consultation : 5 oct. 2021]

NetBlocks. 27 juin 2019. « Ethiopia Partially Restores Internet Access Days After Blackout Following Reported Amhara Coup Attempt ». [Date de consultation : 7 oct. 2021]

Open Observatory of Network Interference (OONI). 14 août 2019. Maria Xynou, et al. « Resurgence of Internet Censorship in Ethiopia: Blocking of WhatsApp, Facebook, and African Arguments ». [Date de consultation : 7 oct. 2021]

Pays-Bas. Février 2021. Ministerie van Buitenlandse Zaken. Country of Origin Information Report Ethiopia. [Date de consultation : 5 oct. 2021]

Reporters sans frontières (RSF). 25 juin 2018. « Ethiopian Government Unblocks 264 Websites and Blogs ». [Date de consultation : 7 oct. 2021]

Reuters. 4 octobre 2021. Dawit Endeshaw. « Sworn in for New Term, Ethiopia Leader Promises to Fend Off Foreign Pressure ». [Date de consultation : 5 oct. 2021]

Reuters. 14 juin 2021. Elias Biryabarema. « Ethiopia Launches Tender Process to Sell 40% Stake in Ethio Telecom ». [Date de consultation : 6 oct. 2021]

Reuters. 11 mai 2021. « Ethiopia's State Telecoms Monopoly Launches Mobile Money Service ». [Date de consultation : 6 oct. 2021]

Autres sources consultées

Sources orales : Citizen Lab; Committee to Protect Journalists; professeur dans une université canadienne.

Sites Internet, y compris : The Africa Report; Citizen Lab; Committee to Protect Journalists; East Africa Monitor; The Economic Times; Electronic Frontier Foundation; États-Unis – Department of State; France 24; Mail & Guardian; Middle East Monitor; Minority Rights Group International; MIT Technology Review; The New York Times; TechCrunch; Voice of America; The Washington Post.



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