Haïti : violence conjugale, particulièrement dans les régions rurales; protection et services offerts aux victimes
1. Violence dirigée contre les femmes en Haïti
1.1 Violence visant les femmes en général
Plusieurs sources affirment que la violence dirigée contre les femmes en Haïti est [traduction] « généralisée » (MADRE et al. 26 avr. 2012, 2; Freedom House 2012; Violence Prevention & Women's Resource Center 28 févr. 2011). Les Country Reports on Human Rights Practices for 2012 publiés par le Département d'État des États-Unis signalent que, d'après les Nations Unies, il y aurait des cas [traduction] « presque quotidiens » de viols ou de violence familiale dans le pays (É.-U. 19 avr. 2013, 25).
Des sources soulignent que la violence contre les femmes était déjà fortement présente même avant le séisme qui a frappé le pays [en janvier 2010] (Violence Prevention & Women's Resource Center 28 févr. 2011; Human Rights Watch 2011, 1). D'après Human Rights Watch, le désastre [traduction] « est venu exacerber la vulnérabilité » des femmes et filles haïtiennes (ibid.).
Des sources signalent que 70 p. 100 des Haïtiennes auraient été touchées par de la violence sexiste (The Haitian Times 20 févr. 2013; USIP 6 janv. 2012, 2). Selon l'Institut américain pour la paix (United States Institute of Peace - USIP), la violence dont ces femmes seraient victimes serait [traduction] « en grande partie » de la violence familiale (ibid., 2).
Selon un rapport rédigé par MADRE en collaboration avec plusieurs autres organismes de défense des droits de la personne, la violence sexiste en Haïti est perpétuée et justifiée par des normes sociales [traduction] « profondément enracinées » (MADRE et al. 26 avr. 2012, 2). MADRE est un organisme international sans but lucratif de défense des droits des femmes dont les bureaux sont situés à New York (MADRE s.d.). Les auteurs du rapport ajoutent que la violence dirigée contre les femmes prendrait plusieurs formes, notamment de la violence physique, sexuelle et psychologique (ibid.).
1.2 Violence conjugale
Dans des communications écrites envoyées à la Direction des recherches, la directrice exécutive de l'Asosyasyon fanm soley dayiti (AFASDA) et la coordinatrice de Fanm deside, des ONG de défense des droits des femmes en Haïti, ont toutes deux affirmé que la violence conjugale est « très répandue » en Haïti (AFASDA 22 mai 2013; Fanm deside 20 mai 2013). Au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, la directrice de l'Observatoire sur le développement régional et l'analyse différenciée selon les sexes (ORÉGAND) de l'Université du Québec en Outaouais, qui est également professeure de travail social et qui a fait des études approfondies sur la situation des femmes en Haïti, a aussi affirmé que la violence conjugale y était « très répandue » (directrice 10 mai 2013). Les Country Reports 2012 signalent que, selon des ONG de défense des droits des femmes et de la personne, la violence conjugale que subissent les femmes du pays serait [traduction] « pratique courante et sous-déclarée » (É.-U. 19 avr. 2013, 26). D'après un rapport parallèle présenté par le Collectif Haïti Égalité, une coalition de groupes et d'individus militant pour les droits des femmes (Collectif Haïti Égalité s.d.), en réaction à un rapport sur la reconstruction d'Haïti publié par le gouvernement haïtien, il y avait déjà, même avant le séisme, un [traduction] « taux élevé » de violence dirigée contre les femmes et les filles au sein des familles (Collectif Haïti Égalité 2010, 20).
Selon The Haitian Times, un magazine Internet basé à New York qui traite de l'actualité haïtienne (The Haitian Times s.d.), un sondage effectué par le ministère de la Santé d'Haïti pendant une période non spécifiée aurait déterminé que, parmi 10 757 femmes âgées de 15 à 49 ans, 10,8 p. 100 d'entre elles auraient déclaré avoir été victimes de violence sexuelle aux mains d'un partenaire intime (ibid. 20 févr. 2013).
Un rapport de Solidarite Fanm Ayisyèn (SOFA), une ONG de défense des droits des femmes qui existe en Haïti depuis 1987 et qui offre des services d'accueil et d'accompagnement aux femmes et filles victimes de violence (SOFA déc. 2011, 1), affirme que parmi les 2 370 femmes victimes de violence accueillies par l'organisme, 2 037 d'entre elles, soit 85,94 p. 100, étaient victimes de violence conjugale (SOFA déc. 2011, 15). SOFA précise que ces femmes subissent habituellement les violences et maux suivants : « [i]njures, menaces de mort, chantage, manipulation, humiliation, harcèlement, isolement, viol, séquestration, assassinat et irresponsabilité paternelle » (ibid.).
Des sources notent que les femmes haïtiennes sont économiquement dépendantes des hommes (MADRE 26 avr. 2012, 20; Collectif Haïti Égalité 2010, 27). Selon le rapport de MADRE, la violence familiale est [traduction] « rarement » signalée en raison de cette dépendance (26 avr. 2012, 20). De plus, d'après un rapport parallèle présenté par le Collectif Haïti une coalition de groupes et d'individus militant pour les droits des femmes (Collectif Haïti Égalité s.d.), l'augmentation des coûts liés à l'habitation à la suite du séisme aurait [traduction] « grandement » réduit le revenu disponible et les économies des femmes, les rendant ainsi dépendantes des hommes et donc plus vulnérables à la violence familiale (2010, 27).
1.3 Situation dans les régions rurales
Des sources affirment que la violence conjugale se retrouve tant dans les régions rurales que dans les régions urbaines (AFASDA 22 mai 2013; Fanm deside 20 mai 2013; MADRE 26 avr. 2012, 2). La directrice d'ORÉGAND a déclaré que la violence conjugale sévit « partout » au pays (directrice 10 mai 2013). La directrice exécutive de l'AFASDA et la coordinatrice de Fanm deside ont toutes deux affirmé que la violence conjugale est particulièrement répandue en régions rurales (AFASDA 22 mai 2013; Fanm deside 20 mai 2013). La coordinatrice a précisé qu'il y avait un « taux très élevé » de violence conjugale dans les régions rurales, en ajoutant que « la majorité des cas ne sont pas dénoncés et les femmes ne veulent pas porter plainte » (ibid.).
La directrice exécutive de l'AFASDA a signalé qu'au cours d'une enquête que l'AFASDA venait de mener, surtout en milieu rural, environ 600 cas de violence conjugale avaient été rapportés parmi plus de 2 500 cas de violence dirigée contre les femmes (22 mai 2013). De son côté, la coordinatrice de Fanm deside a affirmé que son ONG voyait chaque mois environ 40 cas de violence conjugale dans le département du Sud-Est (20 mai 2013). D'après la directrice exécutive, « [l]a communauté a plutôt tendance à accepter ce type de violence faite, car des crimes sont perpétrés au [vu et au su] de la communauté qui ne réagit pas » (AFASDA 22 mai 2013). Selon la coordinatrice, le nombre de cas dans les régions rurales s'explique en raison « d'un manque d'éducation, d'information et de formation et surtout [de] la pauvreté [et d'un] manque de planification familiale » (Fanm deside 20 mai 2013).
La coordinatrice a également déclaré que « [l]es habitudes et les mœurs haïtiennes découlent d'une société patriarcale, donc la société pense que c'est normal pour un homme de frapper sa femme au moment des litiges » (ibid.). Elle a continué en expliquant que « puisqu'il s'agit de son conjoint, il faut que la femme lui soit soumise parce que la société considère les femmes comme inférieures par rapport aux hommes. Et pour eux, le mari a le droit de punir ou de corriger sa femme » (ibid.).
2. Protection et services offerts aux victimes de violence conjugale en général
2.1 Protection et services offerts par les autorités
D'après MADRE, la violence sexiste en Haïti est [traduction] « commise quasiment en toute impunité » et « le gouvernement n'a toujours pas mis en place des mesures efficaces afin d'enrayer cette violence, d'en punir les auteurs et d'accorder réparation aux victimes » (26 avr. 2012, 2). Selon l'USIP, les mécanismes visant à prévenir la violence dirigée contre les femmes et à intervenir pour aider les victimes étaient déjà [traduction] « limités » avant le séisme et ont été affaiblis à la suite de celui-ci (USIP 6 janv. 2012, 2). D'après la coordinatrice de Fanm deside, « [i]l faut souligner que les cas de violences sexuelles sont plus facilement dénoncés que les violences conjugales à cause des tabous de la société, de la religion et de la famille » (Fanm deside 20 mai 2013).
2.1.1 Lois
Le viol conjugal n'est pas criminalisé en Haïti (É.-U. 19 avr. 2013, 25; MADRE 26 avr. 2012, 13). Selon les Country Reports 2012, aux termes de la loi, la violence familiale dirigée contre des personnes adultes n'est pas considérée comme un crime distinct (É.-U. 19 avr. 2013, 26).
2.1.2 Police et système judiciaire
L'USIP note que des postes de police et des tribunaux ont été détruits par le séisme, rendant plus difficile le dépôt de plaintes et favorisant un climat d'impunité chez les auteurs de violence (6 janv. 2012, 2). Selon MADRE, porter plainte à la police en raison de violence sexuelle, tant dans les régions rurales qu'urbaines, est [traduction] « un effort futile » et, en raison de la corruption généralisée dans le système judiciaire et la police, beaucoup de viols ne sont pas déclarés ou ne sont pas punis (26 avr. 2012, 10). The Haitian Times affirme aussi que [traduction] « la plupart des agresseurs ne sont pas poursuivis » (20 févr. 2013). The Haitian Times ajoute que les enquêteurs ne seraient pas familiers avec le prélèvement de preuves médicales et qu'il y aurait une mauvaise coordination entre la police, les responsables des soins de santé et les autorités judiciaires (20 févr. 2013). Freedom House affirme également que [traduction] « la police est peu disposée à réagir à des plaintes d'abus sexuels et de violence familiale et l'appareil judiciaire est réticent à engager des poursuites » (Freedom House 2012). Allant dans le même sens, les Country Reports 2012 affirment que la police n'enquêterait que [traduction] « rarement » dans des affaires de violence familiale, n'arrêterait que « rarement » les auteurs présumés de celle-ci et que des juges libéreraient « souvent » des personnes soupçonnées de violence familiale et de viol (É.-U. 19 avr. 2013, 26).
MADRE affirme que les femmes et filles qui portent plainte sont [traduction] « traitées avec indifférence, ou pire, se font harceler ou maltraiter par les autorités » (MADRE 26 avr. 2012, 10). D'après MADRE, certaines victimes de violence sexuelle auraient déclaré avoir subi un traitement abusif et discriminatoire de la part de policiers lorsqu'elles cherchaient à porter plainte, ce qui a eu un effet re-traumatisant et dissuasif sur celles-ci (ibid.). Allant dans le même sens, SOFA signale que des femmes victimes de violence conjugale « se plaignent d'être la risée des juges de paix [et des] policiers au moment où elles portent plainte » (SOFA déc. 2011, 20). SOFA déclare également qu'une « banalisation » de la violence conjugale persiste et que les victimes de ce type de violence se font « très souvent rebiffer dans leurs plaintes par la Justice, la Police... ou autre instances de secours » (ibid., 15).
Cependant, la directrice exécutive de l'AFASDA affirme qu'il existe « une volonté certaine » de la part des autorités et de la police de lutter contre la violence conjugale en raison de « la pression des organisations de femmes [et] de droit[s] de l'homme » (AFASDA 22 mai 2013). Elle ajoute que les autorités et la police vont diriger les victimes de violence vers les organisations qui s'occupent de la violence contre les femmes (ibid.). Allant dans le même sens, la coordinatrice de Fanm deside a affirmé ce qui suit :
Avant, le cadre judiciaire était désorienté. Les représentants du système eux aussi trouvaient normal qu'une femme soit battue ou maltraitée par son mari, ils ont même l'habitude de culpabiliser les femmes victimes, une question de mentalité. Mais de nos jours, ça s'améliore, à cause de beaucoup de formation, de sensibilisation. Ils s'investissent aussi dans la lutte contre les violences faites aux femmes et les réfèrent aussi à des organisations de femmes œuvrant dans le domaine (Fanm deside 20 mai 2013).
La coordinatrice a toutefois ajouté que « [l]es rares cas qui arrivent à la police ne sont pas toujours pris en compte » et que « [l]a police n'a pas de moyens pour exécuter les mandats d'amener à temps » (ibid.).
Toutefois, des sources voient des signes que les femmes deviennent plus aptes à rejeter la violence conjugale et à demander de l'aide (ibid.; AFASDA 22 mai 2013). L'ONG SOFA affirme qu'en raison de la proportion élevée de cas de violence conjugale (85,94 p. 100) parmi les cas de violence en général qu'on lui signale, ceci « dénote que les femmes sont de plus en plus sensibilisées et rejettent par conséquent cette forme de [...] violence qu'on [les] force à accepter comme faisant partie intégrante de leur "vie intime et privé[e]" » (déc. 2011, 20). Cependant, selon la coordinatrice de Fanm deside, il arrive que les femmes victimes de violence conjugale qui dénoncent cette violence abandonnent le processus en cours de route en raison d'incertitudes économiques et par souci pour leurs enfants (20 mai 2013). La coordinatrice ajoute également que ces femmes se font « souvent » culpabiliser par des membres de la famille ou de la communauté et se font traiter de « méchantes ou de vilaines » (ibid.). De plus, selon les Country Reports 2012, les victimes subiraient parfois encore, après les faits, du harcèlement et des représailles de la part de leur agresseur (É.-U. 19 avr. 2013, 26).
2.1.3 Ministère à la Condition féminine et aux Droits des femmes
Selon l'USIP, le ministère à la Condition féminine et aux Droits des femmes a été détruit lors du séisme, [traduction] « compromettant sa capacité de formuler une réaction aux cas signalés de violence sexuelle et sexiste » (USIP 6 janv. 2012, 2). De son côté, The Haitian Times signale qu'en raison du séisme, le ministère a perdu des personnes chargées de rédiger des lois servant à protéger les droits des femmes, ce qui a retardé de façon indéfinie l'étude de celles-ci par le Parlement haïtien (20 févr. 2013).
Selon Freedom House, le ministère manquerait également de ressources (2012). D'après certaines sources, le gouvernement aurait proposé d'éliminer le ministère (USIP 6 janv. 2012, 2) ou de l'intégrer au ministère des Affaires sociales (Freedom House 2012). Cependant, le gouvernement serait revenu sur sa proposition à cause de l'opposition de groupes de femmes (USIP 6 janv. 2012, 2; Freedom House 2012).
2.1.4 Certificats médicaux
Des sources soulignent l'importance d'avoir un certificat médical dans les cas de violence sexuelle afin de pouvoir porter plainte (MADRE 26 avr. 2012, 11-12; SOFA déc. 2011, 20). SOFA signale que l'accessibilité au certificat médical est un « problème crucial », car les services de santé ne sont pas accessibles dans certaines régions du pays (ibid.). MADRE note également la difficulté d'obtenir un tel certificat médical, surtout dans les régions rurales, en raison de l'accès limité aux soins médicaux, soulignant qu'une femme pourrait avoir besoin de faire un long déplacement afin d'en obtenir un (26 avr. 2012, 12).
De plus, SOFA et MADRE signalent qu'il n'existe pas de format uniforme à l'échelle du pays pour les certificats médicaux (MADRE 26 avr. 2012, 12; SOFA déc. 2011, 20). SOFA ajoute qu'en raison des différences entre les certificats médicaux, certains certificats présentés en tant que preuve peuvent être rejetés par certains juges (ibid.).
2.2 Organisations non gouvernementales
D'après la coordinatrice de Fanm deside, « [l]es organisations féministes ont fait beaucoup de sensibilisation, de formation et d'information sur les différents types de violence faite aux femmes » (20 mai 2013). De plus, selon la directrice exécutive de l'AFASDA, il y aurait « beaucoup » d'ONG qui offrent de l'aide aux victimes de violence conjugale (22 mai 2013). Par contre, la coordinatrice de Fanm deside affirme que les organisations de femmes « qui font de l'accompagnement des femmes victimes ne sont pas nombreuses et quelques-unes d'entre [elles] font un travail restreint comme l'écoute et le référencement » (20 mai 2013).
Selon Freedom House, les services offerts aux femmes ont été réduits par l'effet dévastateur du séisme de janvier 2010 sur les organisations de la société civile qui fournissaient des services en matière de santé de la reproduction, des refuges et un soutien psychosocial aux victimes de viol (2012). D'autres sources notent également que les organisations d'aide aux femmes en Haïti ont été touchées par le séisme (The Haitian Times 21 févr. 2013; USIP 6 janv. 2012). Selon l'USIP, trois des groupes de femmes les plus importants du pays ont été affaiblis en raison du décès de leurs dirigeantes lors du séisme et [traduction] « des milliers » de militantes ont été tuées, blessées ou déplacées à la suite du désastre (6 janv. 2012). The Haitian Times signale également que beaucoup d'ONG de défense des droits des femmes ont perdu des membres clés lors du désastre et tentent de se remettre sur pied (21 févr. 2013).
Selon la directrice exécutive de l'AFASDA, cet organisme a 12 bureaux d'assistance juridique situés dans les communes des départements du Nord et du Nord-Est, un de ces bureaux se trouvant au Cap-Haïtien et deux autres, à Port-au-Prince (AFASDA 22 mai 2013). L'ONG gère également un centre d'hébergement au Cap-Haïtien et offre de l'assistance juridique, psychosociale et médicale, et parfois de l'aide financière (ibid.).
D'après la coordinatrice de Fanm Deside, cette organisation offre aux victimes de violence sexuelle et conjugale « un service d'accompagnement plutôt complet dans tout le département du Sud-Est » qui comprend les services suivants : « accueil, assistance juridique, suivi médical et hébergement si nécessaire » (20 mai 2013).
2.3 Protection et services destinés aux victimes de violence conjugale en milieu rural
Selon le rapport de MADRE, les victimes de viol dans les régions rurales font face aux mêmes difficultés liées à l'accès à la justice et à l'impunité que les victimes dans les régions urbaines (MADRE 26 avr. 2012, 10). Les auteurs du rapport de MADRE ajoutent que les femmes dans les régions rurales, comme dans les régions urbaines, n'auraient pas les moyens de retenir les services d'un avocat et pourraient compromettre leur sécurité en portant plainte (ibid., 11).
La coordinatrice de Fanm Deside affirme qu'il y a peu de présence policière ou judiciaire dans les régions rurales (20 mai 2013). On peut d'ailleurs lire dans les Country Reports 2012 que la présence des forces de l'ordre et des autorités judiciaires est [traduction] « extrêmement limitée ou non existante » en milieu rural (É.-U. 8 avr. 2013, 33). D'après la directrice d'ORÉGAND, en raison de l'isolement, il pourrait être nécessaire de faire une heure de marche pour se rendre à un poste de police (directrice 10 mai 2013). D'après certaines sources, ce serait plutôt les CASEC [Conseils d'administration de sections communales (Haïti Libre 18 août 2011)] qui s'occupent des conflits dans les localités rurales (Fanm deside 20 mai 2013; É.-U. 19 avr. 2013, 13). Les Country Reports 2012 expliquent que, malgré les efforts déployés par le gouvernement afin d'augmenter le nombre de juges assignés aux communes rurales, on doit avoir recours aux CASEC, des administrateurs communaux élus qui remplacent les juges et exercent des pouvoirs d'arrestation, de détention et peuvent rendre des jugements (ibid.). D'après la coordinatrice, cette situation serait contraire aux lois haïtiennes (Fanm deside 20 mai 2013).
2.3.1 L'exemple de la ville rurale de Jérémie
En milieu rural, l'équipe de MADRE a étudié en particulier la situation dans la ville de Jérémie (MADRE 26 avr. 2012, 5, 11). L'information dans les paragraphes qui suivent provient du rapport de MADRE.
Le rapport de MADRE affirme que quoique la violence sexuelle à Jérémie est plus susceptible d'être commise par une connaissance de la victime, et donc qu'il serait plus facile d'identifier l'agresseur, [traduction] « les autorités auraient tendance à traiter ces affaires comme des problèmes familiaux, ce qui veut dire qu'elles n'interviendraient pas » (ibid., 11). De plus, une [traduction] « culture de corruption » obstruerait la justice à Jérémie et les autorités feraient fi de la loi de façon « routinière », ajoutant aux difficultés que doivent surmonter les victimes de violence sexuelle cherchant à obtenir justice (ibid., 11).
Le rapport de MADRE souligne également que la police de Jérémie manque de ressources, signalant qu'une policière de la ville doit payer elle-même pour son téléphone cellulaire et ses frais de transport (ibid., 11).
D'après le rapport de MADRE, un policier et un procureur interrogés par MADRE ont affirmé qu'on ne pouvait engager une poursuite à Jérémie sans un certificat médical (ibid., 12). MADRE signale également qu'il y a confusion chez les professionnels de la santé à Jérémie au sujet de la nécessité d'un certificat médical et des personnes qui peuvent le délivrer (ibid., 12).
Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.
Références
Asosyasyon fanm soley dayiti (AFASDA). 22 mai 2013. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par la directrice exécutive.
_____. S.d. « Home Page ». <http://www.afasda.com/Home_Page.php> [Date de consultation : 31 mai 2013]
Collectif Haïti Égalité. 2010. The Haiti Gender Shadow Report: Ensuring Haitian Women's Participation and Leadership in All Stages of National Relief and Reconstruction. <http://www.genderaction.org/publications/2010/gsr.pdf> [Date de consultation : 21 mai 2013]
_____. S.d. « Collective's Members / Membres du collectif ». <http://www.haitiequalitycollective.org/collective.html> [Date de consultation : 13 juin 2013]
Directrice, Observatoire sur le développement régional et l'analyse différenciée selon les sexes (ORÉGAND), Université du Québec en Outaouais. 10 mai 2013. Entretien téléphonique avec la Direction des recherches.
États-Unis (É.-U.). 19 avril 2013. Department of State. « Haïti ». Country Reports on Human Rights Practices for 2012. <http://www.state.gov/documents/organization/204668.pdf> [Date de consultation : 21 mai 2013]
Fanm deside. 20 mai 2013. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par la coordinatrice.
Freedom House. 2012. « Haiti ». Par Beatrice Lindstrom dans Countries at the Crossroads. <http://www.freedomhouse.org/report/countries-crossroads/2012/haiti> [Date de consultation : 21 mai 2013]
Haïti Libre. 18 août 2011. « Haïti - Élections : La Fédération des CASEC souhaite l'organisation d'élections municipales ». <http://www.haitilibre.com/article-3613-haiti-elections-la-federation-des-casec-souhaite-l-organisation-d-elections-municipales.html> [Date de consultation : 14 juin 2013]
The Haitian Times. 20 février 2013. Garry Pierre-Pierre. « Curbing Violence Against Women in Haiti ». <http://www.haitiantimes.com/curbing-violence-against-women-in-haiti/> [Date de consultation : 21 mai 2013]
_____. S.d. « About ». <http://www.haitiantimes.com/about/ > [Date de consultation : 13 juin 2013]
Human Rights Watch. 2011. Personne ne se souvient de nous : le droit des femmes et des filles à la santé et à la sécurité n'est pas protégé dans l'Haïti de l'après-séisme. <http://www.hrw.org/sites/default/files/reports/haiti0811frwebwcover.pdf> [Date de consultation : 21 mai 2013]
MADRE et al. 26 avril 2012. Supplementary Information on Haiti Regarding Sexual Violence, Sexual Exploitation and Access to Education for Women and Girls. <http://www.ecoi.net/file_upload/1930_1341221588_madre-haiti105-en.pdf> [Date de consultation : 21 mai 2013]
_____. S.d. « Who We Are ». <http://www.madre.org/index/meet-madre-1/who-we-are-49.html> [Date de consultation : 31 mai 2013]
Solidarite Fanm Ayisyèn (SOFA). Décembre 2011. Rapport - Bilan XI des cas de violence accueillis et accompagnés dans les centres d'accueil de la Sofa : annee 2010-2011. <http://alainet.org/images/SOFA%20-Onzieme%20Rapport%20Bilan-%20%20decembre%202011-2.pdf> [Date de consultation : 21 mai 2013]
United States Institute of Peace (USIP). 6 janvier 2012. Robert Maguire. Haitian Women: The Centerposts of Reconstructing Haiti. <http://www.usip.org/files/resources/PB-119.pdf> [Date de consultation : 21 mai 2013]
Violence Prevention & Women's Resource Center. 28 février 2011. « Vagina Monologues Raises Funds for Haiti ». <http://dsa.csupomona.edu/vpwrc/The_Vagina_Monologues.asp?nfid=4594> [Date de consultation : 21 mai 2013]
Autres sources consultées
Sources orales : Une représentante de KOFAVIV n'a pas pu fournir d'information dans les délais voulus pour la présente demande d'information. Les tentatives faites pour joindre les organisations et personnes suivantes ont été infructueuses : Caritas Haïti, chercheuse à l'Université d'État d'Haïti, Centre d'appui familial, Kay Fanm, Enfofanm, Solidarite Fanm Ayisyèn, Fonds des Nations Unies pour la population à Haïti.
Sites Internet, y compris : Amnesty International; Association pour les droits de la femme et le développement; Banque mondiale, Care France; Centre d'appui familial; ecoi.net; États-Unis – Department of State; Factiva; France – Cour nationale du droit d'asile; Haïti – Institut du bien-être social et de recherche, ministère de la Santé publique et de la Population, ministère à la Condition féminine et aux Droits des femmes; Nations Unies – Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, Fonds des Nations Unies pour la population à Haïti, ONU Femmes, Refworld, ReliefWeb, Réseaux d'information régionaux intégrés; Refugees International; Université du Québec en Outaouais – Observatoire sur le développement régional et l'analyse différenciée selon les sexes; Zonta International.